Fate/stay night : Under The Star Sky

Bien avant - Recueil

« Shirô, c'est l'heure de dormir.

– Hé, Irina-san. Je sais m'occuper de moi.

– Et alors ? Comme tout garçon de ton âge, tu as sûrement ce qu'on appelle « la crise d'adolescence » !

– Dire que t'es au milieu de ta vingtaine …

– Hé ! Que depuis deux ans !

– Tu devrais t'écouter de temps en temps … »

L'adolescent soupira bruyamment et il éteint la télévision du salon. Il était bientôt onze heures et Irina-san continuait simplement de ranger la cuisine. Ayant attachée ses cheveux en une longue couette sur le côté gauche, la jeune femme portait encore un tablier immaculé.

« Qu'est-ce qu'il y a ? Demanda Irina en voyant le petit Emiya, toujours dans le salon, au lieu de dormir.

– J'attends que tu aies fini, murmura Shirô, le ton lent.

– Ah, tu veux peut-être que je te raconte une histoire ?

– Non, c'est pour vérifier que tu fermes bien tout avant de dormir.

– Q-Quoi ? Je sais très bien le faire, merci !

– On ne sait jamais avec toi. »

Irina Kôta rit doucement devant les accusations de ce petit bonhomme insolent. La jeune femme termina les tâches ménagères et se prépara à dormir également.

« Et si on faisait un peu de kendo, demain ? Proposa la belle brune.

– Mais … t'es sûre ?

– Bah oui, pourquoi ?

– Hum … toi et le kendo, vous n'êtes pas compatibles.

– Et alors ?! Je peux bien apprendre !

– Irina-san … »

L'adulte sourit doucement, trouvant la situation amusante. Alors que Shirô dormait dans sa chambre, Irina prenait celle d'invité. Même si elle pouvait considérer cette chambre comme la sienne, vu que personne n'y passait, pas même Taiga.

« Bonne nuit, Shirô, souffla gentiment Irina avec un léger sourire.

– À toi aussi, répondit simplement le concerné. »

Irina ferma lentement la porte de Shirô puis, elle posa son dos contre cette dernière et expira longuement. Dans un murmure lent et à peine audible, la jeune femme déclara :

« … Désolée … »

Fuyuki – Maison des Tohsaka.

« Mais quel fuyard cet Emiya Shirô ! »

Fraîchement revenues de mission, Rin Tohsaka et Sakura Matô rentrèrent dans la résidence de l'aînée. Sakura ferma doucement la porte d'entrée, étant un peu de meilleure humeur que sa grande sœur, la jeune femme acceptait sans mal l'issue de ce premier contact avec Emiya Shirô, le Master de Saber.

« Nous avons au moins la confirmation que ce n'était pas lui le responsable de ces ''meurtres'', rappela la Matô en déposant sa veste en cuire sur le porte-manteau.

– Hum, grommela Rin dans son coin, s'asseyant sur le canapé tout en croisant les bras, peu satisfaite de cette simple information. »

Sakura ne put esquisser qu'un petit sourire gêné, ne partageant guère le même ressenti de défaite que sa grande sœur. Au moins, elles avaient pu évaluer le potentiel d'Emiya Shirô et de Saber, ce duo ne sera certainement pas facile à vaincre. Mais cela restait largement possibles avec Archer et Rider dans leurs camps.

« Qu'est-ce que tu penses d'eux, Rider ? Demanda Sakura, en préparant du thé dans la cuisine. »

Sa Servant apparut en des particules violettes, dans son dos. Médusa ne portait plus réellement de blessures suite à son combat contre Saber, puisque de longues minutes avaient suivi après l'affrontement.

« Je pense que si nous commettons l'erreur de les sous-estimer, cela pourrait nous coûter très cher, déclara simplement Rider, le ton lent et posé.

– Oui, je pense aussi, poursuivit la Matô, finissant de préparer le thé. Ce serait bien de voir tous les autres Masters, pour se faire un avis sur eux.

– Cela peut attendre, inutile de se précipiter, tempéra ensuite la Servant.

– Ah, tu as sûrement raison. Tu veux prendre du thé avec nous ? Ça nous détendra tous, je pense. »

Un temps hésitante, Rider finit par accepter la proposition de sa Master, celle-ci déposa un plateau comportant les tasses pour les trois femmes. Archer ne participant pas à ce débriefing improvisé, il se contenait de surveiller le manoir. Elles se retrouvèrent ainsi, toutes les trois sur le canapé.

« Je doute qu'après le spectacle que nous avons fait, celui qui a enlevé ces vies ne revienne à l'usine, affirma Rin Tohsaka, dégustant le thé chaud.

– Moi aussi, répondit Sakura en hochant la tête. Je pense même qu'à l'heure actuelle, les disparitions pourraient bien se reproduire.

– Pourquoi ?

– Avec trois Servants venant tout juste de combattre, la voie est quasiment libre pour n'importe quel mage, voulant accumuler des réserves d'énergie. »

Les hypothèses de Sakura paraissaient assez perspicaces en réalité. Ne participant que peu à la discussion entre les deux sœurs, Rider préféra conserver le silence tout en buvant également de son côté. Les bras croisés et songeuse, Rin Tohsaka cogitait aussi mais les propos de sa petite sœur étaient assez éloquents pour définir leur prochaine piste.

« Dans ce cas-là, demain nous patrouillerons de nouveau mais à un endroit différent, proposa Rin, une main en-dessous de son menton.

– Oui, j'aimerais voir du côté de la forêt, suggéra Sakura, de son côté. Après tout, pour être discret, vaut mieux choisir un endroit non-fréquentable.

– Ok. Et aussi, Sakura … pour ton bras, ça ira ?

– Ah, ça. Ne t'inquiète pas, je contrôle entièrement mon pouvoir, sourit la petite sœur avec une certaine assurance. »

Rassurée par les propos de sa cadette, Tohsaka hocha simplement la tête. Avec l'aide de Sakura … impossible qu'elles puissent perdre la guerre, elle en était absolument persuadée. D'ailleurs, la Matô prit rapidement congé puisque l'aube ne tarderait probablement pas à se lever et la nuit avait été riche en énergie. Rin ne tarderait aussi pas à aller dormir.

Au-dessus de la maison, Archer surveillait toujours les environs. Son long manteau rouge voleta avec le vent, le regard braqué vers l'horizon nocturne avec une expression très neutre. Il regarda brièvement sa main droite de ses yeux argentés et des images de cette femme, Saber, se gravèrent momentanément dans son esprit. Quel était cet étrange sentiment ? Ce sentiment de nostalgie ?

Cette femme … possédait-elle un lien avec son passé perdu ? Et si c'était le cas … pourquoi n'avait-elle pas réagi à sa présence lors du combat ? Au fond de lui, l'homme aux cheveux blancs ressentait quelque chose, presque comme une pointe dans son cœur. Si durant l'affrontement, Archer ne s'était pas donné à fond … cela concernait très certainement cette femme aux cheveux d'or.

L'Esprit Héroïque EMIYA ferma son regard.

Il le saurait bien tôt ou tard.

« Archer ! »

Sa Master. Il posa brièvement son regard argenté en bas et d'un simple message visuel, il lui demanda ce qui n'allait pas.

« Tu as dit que tu voulais me parler ! Affirma Rin, les deux mains près de sa bouche pour porter sa voix.

– Ah, ça. Va te reposer avant, je pourrais t'en parler plus tard, répondit son Servant, le ton lent.

– Tu en es certain ? »

L'homme aux cheveux blancs ne dit rien, se contentant de plonger son regard dans le sien. Puis, il soupira brièvement. EMIYA descendit du toit et arriva à la hauteur de sa maîtresse.

« Lors du combat contre Saber, j'ai vu … quelque chose d'étrange.

– Comme quoi ? Demanda Rin, interloquée.

– Dur à dire, en réalité. Mais j'ai l'impression que quelqu'un dévore les habitants ici. »

Fuyuki – Ruelle.

À pas lents, Gilgamesh arrivait devant une petite ruelle sombre. Ses yeux rouges se posèrent à droite et à gauche, successivement. Le visage neutre, le Servant aux cheveux blonds continua sa marche, recherchant des indices dans les alentours mais rien ne se présentait à lui. Légèrement derrière, Shinji Matô conservait une petite distance avec son Servant.

« Qu'est-ce qu'on fait ici ? Finit par demander le Matô, jetant divers regards dans les alentours.

– Je suis venu vérifier une chose, commenta Gilgamesh, le ton neutre. »

Les mains dans ses poches, l'homme aux cheveux blonds s'approcha jusqu'au fond de cette ruelle sombre sous le regard peu rassuré de Shinji. Le Roi des Héros finit par s'arrêter dans sa marche et contempla silencieusement un spectacle hors du commun.

« C'est bien ce qui me semblait, affirma le blond.

– I-Il est humain … ? S'interloqua Shinji, le regard élargis.

– À l'origine, en effet. Il n'y a aucun doute là-dessus. »

Parce qu'il ressemblait à un zombie. Tout simplement. Le concerné se trouvait à genoux en train de dévorer un homme, d'une vingtaine d'années comme un animal le ferait sous les yeux neutre de Gilgamesh. Ce spectacle l'ennuyait profondément tandis que le zombie se retourna dans la direction des deux hommes. Néanmoins, avant de réaliser la moindre action, la Gate of Babylone du Roi sectionna la moitié de son corps, dans une effusion de sang continue.

« Voilà un spectacle pour le moins ennuyeux, déplora Gilgamesh.

– C'était pour lui qu'on était venu ?

– Indirectement oui. Son géniteur s'est probablement enfui.

– Pourquoi ça t'intrigue autant ? »

Le Roi des Héros se retourna momentanément vers Shinji, ce dernier eut l'impression que l'ancien Roi d'Uruk le foudroierait à la moindre parole déplacée. Néanmoins, le blond utilisa simplement une chaîne, via sa Gate of Babylone pour attraper la moitié du corps de sa victime. D'un rapide mouvement, Gilgamesh traîna le corps juste devant son supposé Master, confus par ses gestes.

« Regarde-le. »

Le frère de Sakura s'exécuta immédiatement et il fronça les sourcils. Cet homme avait été complètement dépossédé de son âme, ainsi, le voici dans un état que Shinji ne connaissait pas. D'ailleurs, ce dernier ne connaissait pas grand-chose à la magie, pour être très honnête, il savait seulement quelques notions.

« Écoute-moi bien, Shinji. Ceci est l'œuvre d'un Anti-Héros, informa le Roi aux cheveux blonds. Contrairement aux Esprits Héroïques, ils ne sont pas vénérés pour leurs prouesses ou par leur légende. Ils sont connus uniquement parce qu'ils ont incarnés même l'idée du mal dans ce bas-monde.

– Comment ça se fait … ? Comment peut-on vénérer des gens comme ça ?

– Tu es bien naïf d'imaginer une seule seconde que l'Homme n'a pas déjà tenté de s'autodétruire, dans l'histoire. »

Shinji Matô élargit son regard vivement. Un tel être avait été invoqué dans cette édition de la guerre ? Et dire que cette idiote de Sakura participait à un tel rituel. Le jeune homme aux cheveux bleus eut du mal à croire cette histoire, complètement folle et assez effrayante.

« C'est pourquoi, sa présence me répugne. L'humanité doit, certes, disparaître mais de ma main uniquement. »

Le frère de Sakura ne sut quoi répondre. Maintenant qu'il l'affirmait, Shinji ne savait même pas les intentions de son Servant et au vu de ses paroles, mieux valait ne pas lui demander. Il pourrait très bien y laisser sa peau s'il outrageait cet homme dont l'égo s'étendait au-delà des limites imaginables. Gilgamesh ferma son regard écarlate et quitta simplement les lieux, sans être intéressé davantage.

« Partons, Shinji. Viendra le jour où je retrouverai cette chose, décréta le Roi des Héros. Il est inutile de rester ici. »

Shinji Matô ne répondit rien et se contenta simplement d'acquiescer. On dirait que Gilgamesh avait bien l'intention de s'impliquer dans la guerre, du moins, il comptait de traquer la personne causant les disparitions dans la ville de Fuyuki.

Fuyuki – Maison Emiya.

« Tu as été extraordinaire, Saber. »

Retirant son manteau noir pour le déposer sur le porte-manteau, Emiya Shirô s'assit ensuite dans le salon. Saber ferma lentement la porte de la maison derrière elle, et rejoignit son Master en prenant une tasse de thé, préparée par Shirô. Une fois assise et devant Emiya, elle esquissa un doux sourire.

« Je peux en dire autant pour toi, affirma simplement la blonde.

– Maîtriser des Servants et occuper des mages sont deux choses complètement différentes, tu sais.

– Pas autant que tu ne puisses l'imaginer, surtout qu'il y avait Rin Tohsaka parmi nos ennemis. Tu ne devrais pas minimiser une performance aussi honorable. »

Le jeune homme se gratta simplement l'arrière de son crâne, ne sachant plus trop quoi répondre à la belle blonde, un peu gêné par ses compliments. Celle-ci dégusta ensuite son thé, les paupières closes.

« Hé, Saber, débuta Shirô, le ton sérieux.

– Oui ?

– J'aimerais que demain, nous irons voir le temple Ryudoji.

– Tu voudrais sécuriser un lieu susceptible d'accueillir le Graal, n'est-ce pas ? Devina sa Servant.

– Ouais, il y en a trois et deux d'entre eux ne sont pas accessibles pour le moment. »

Artoria hocha positivement la tête. D'après ses anciennes connaissances sur la ville de Fuyuki, la maison Tohsaka et l'église faisaient déjà parties des lieux d'invocation pour le Saint-Graal. La jeune femme aux cheveux blonds regarda ensuite son Master, presque intensément ce qui interloqua légèrement Emiya.

« Dis-moi, Shirô … murmura-t-elle, doucement. Je ne t'ai toujours pas demandé mais que comptes-tu faire avec le Saint-Graal ?

– Ah … c'est vrai qu'on en a pas encore parlé, souffla le mage, les yeux fermés. »

La Pendragon plongea son regard émeraude dans celui de Shirô, un peu perturbé par l'intensité de ses yeux mais il fit abstraction de tout cela en levant la tête. Des images revinrent naturellement dans son esprit. De cet incendie, du visage de Kiritsugu à ce moment-là …

« En réalité, je n'ai aucun vœu pour le Graal, avoua Shirô, les yeux rivés vers le plafond.

– T … Tu participes à cette bataille … sans but ? Répéta Saber, interloquée par une telle phrase.

– Je sais que ça peut paraître bizarre … mais je n'ai rien qui me vient en tête. Je voudrais juste que le Graal ne tombe pas dans de mauvaises mains. Ainsi, je pourrai protéger les habitants de la ville. »

Honnêtement, la jeune femme ne s'y attendait pas. Le Graal, une calice omnipotente, capable de réaliser les souhaits les plus fous … cela ne l'intéressait pas ? Artoria tenta de comprendre le cheminement de sa pensée. Tout mage désirerait le Graal, à n'importe quel prix même.

« Je suis forcée d'admettre ma surprise, souffla simplement le Roi des Chevaliers.

– … Logique. Ça fait un moment que j'y réfléchis dessus … mais rien ne me vient particulièrement. »

Saber hocha la tête, d'un geste plus appuyé. Comme pour balayer la légère hésitation en elle et rassurer son Master.

« J'outre-passe peut-être mes fonctions en tant que Servant, néanmoins, j'aimerai simplement comprendre. Tu bataillerais si ardemment … pour autrui ? Se risqua Artoria, en faisant attention à bien choisir les mots.

– … C'est l'idée, oui. »

La jeune femme sembla songeuse, l'espace de quelques secondes. Ses yeux se plongèrent dans ceux de Shirô.

Pouvait-elle vraiment faire comme si elle ne comprenait pas son vœu ?

Elle ne le comprenait que trop bien.

Pouvait-elle vraiment faire comme si elle n'avait pas déjà aspiré à un tel vœu ?

Elle l'avait déjà fait.

Pouvait-elle vraiment faire comme si elle n'avait pas déjà arpenté un tel chemin ?

Elle avait pris la même route.

Pouvait-elle vraiment faire comme s'ils ne se ressemblaient pas, tous les deux ?

Ils étaient pareils.

Saber finit par fermer doucement son regard émeraude.

« Je vois. Sois sans crainte, Shirô. Je voulais juste m'assurer de tes intentions, déclara Artoria. C'est un vœu plus qu'honorable et … »

La belle Pendragon releva son visage pour croiser celui de son Master et elle esquissa un doux sourire.

« Je pense … qu'il n'existe pas de meilleur vœu que le bonheur d'autrui. »

Emiya fit un fin sourire également. Était-il soulagé que Saber comprenait son souhait ? Probablement que oui. Pourquoi d'ailleurs ? Le jeune homme ne saurait réellement l'expliquer.

« Et toi ? Que souhaites-tu faire avec le Graal ? Demanda Shirô, à son tour.

– J'aimerais sauver mon pays de sa destruction inéluctable. »

Le jeune homme ne fut étrangement pas surpris. Cela concordait avec les mots de sa Servant, Emiya lui hocha la tête. Même s'il s'était auto-persuadé que sa partenaire avait un très bon fond, son vœu lui confortait encore plus dans son idée. Il avait la curieuse impression que lui et Artoria se ressemblaient plus qu'il ne pourrait l'imaginer, dans un premier temps.

Enfin, ils auraient tout le temps d'en apprendre plus sur l'autre.

« Je vois, lâcha simplement Shirô. Dans ce cas-là, nous gagnerons la guerre tous les deux.

– Oui, c'est mon rôle, Master. »

Mais pour le moment, le duo s'autorisa une bonne nuit de repos après un combat plus compliqué qu'ils ne l'auraient imaginés. Après tout, ce n'était pas étonnant que des alliances aient lieu durant la guerre du Saint-Graal, néanmoins, Shirô s'adapterait rapidement à cette guerre …

Ailleurs.

Pendant que les combats s'enchaînaient, une autre personne était presque en décalage avec tout le monde. Sautant joyeusement dans les rues sombres de Fuyuki, Ilyasviel von Einzbern se baladait tranquillement. La petite fille, en apparence, recherchait simplement une chose : Emiya Shirô. C'était le fils adoptif de Kiritsugu, peut-être qu'ils trouveraient un terrain d'entente ?

Enfin, la Einzbern ne devait pas oublier le fait qu'elle se trouvait dans une guerre. Donc, bien qu'elle montrait une certaine insouciance vis-à-vis de la situation, l'Homoncule lançait des regards méfiants autour.

Néanmoins, depuis le début, la jeune fille aux cheveux blancs n'avait pas bien visité la ville, d'autant plus, qu'aujourd'hui, Ilya avait réussi à échapper à la vigilance de Sella, une de ses domestiques.

La Master finit par s'arrêter devant une rue assez dégagée. Du moins, en apparence seulement. Son regard écarlate se posa en hauteur où des fils transparents, à peine visible avec la nuit, se multipliaient sur toute la rue. Cela formait presque une cage afin d'emprisonner sa cible, Ilyasviel.

« Caster, murmura simplement Ilya en reprenant un air sérieux.

– Ce n'est pas un endroit où des fillettes peuvent se balader, sourit malicieusement Caster, derrière sa capuche.

– C'est toi la responsable des disparitions en ville ?

– Oui. Même si j'ai un concurrent là-dessus mais je ne m'en fais pas. Quoi qu'il en soit, tu ne m'intéresses pas, fillette. »

Des cercles pourpres se dessinèrent dans les cieux et le voile de Caster se déploya comme des ailes. Sa main droite pointée vers Ilya, Médéa ne pensait certainement pas l'abattre de cette manière, pour cause : dès lors que les rayons explosèrent vers la Master, une grande ombre apparut devant Ilyasviel. Une violente explosion pourpre provoqua une envolée de poussière dans les alentours.

« Berserker … murmura la jeune femme. Tss, quelle plaie. »

Elle n'avait aucune chance de le vaincre, inutile de rester ici. Héraclès ne possédait aucune égratignure suite aux nombreuses déflagrations, son corps ayant bien servi à protéger sa maîtresse au regard froncé. Caster disparut en des éclats violets, avant de foncer tête baissée contre un opposant de ce calibre, il lui faudrait un plan en béton pour se mesurer à une telle puissance.

Une fois que la sorcière disparut, la fille d'Irsiviel put continuer d'avancer.

« Le flux de mana absorbé se dirige vers le Mont Enzô … souffla Ilya, ses yeux se dirigeant vers la montagne. »

C'était probablement la base de Caster.

Elle ferait peut-être un tour là-bas si l'envie lui prenait. Mais pour le moment, il y avait quelque chose qui tracassait l'Homoncule : quelqu'un d'étrange se trouvait en ville et causait des disparitions. Ce n'était pas Caster puisqu'elle venait clairement d'affirmer "avoir un concurrent" mais qu'était-ce alors ? La Einzbern poussa un large soupir, ennuyée par la situation.

La nuit passée – Près de Ruines.

Non loin de la ville de Fuyuki se trouvait une zone où de petites ruines s'y trouvaient. Un chemin parsemé de sang recolorait le sol de façon dispatchée. Il y avait quelques cadavres, ici et là qui jonchaient les environs. Bien en marge de la ville, personne ne sévissait réellement dans les alentours, mis-à-part une ombre. Assise, elle avait les mains jointes et les coudes, déposés sur ses genoux.

« Un nouveau cycle se répète alors … »

Le nouveau et mystérieux Servant posa ensuite son regard vers la grande lune argentée qui éclairait les environs. L'homme aux cheveux noirs plissa légèrement son regard et esquissa un petit sourire amusé. Le Servant leva ensuite sa main droite où une fumée noire gravita doucement autour.

« Oh ? On dirait que tu es le premier à arriver, hein ? »

Le Servant se leva doucement de sa place. Parce que depuis la lune argentée, un point commença à apparaître distinctement. Une ombre plus précisément. Brutalement, un objet écarlate fonça à toute vitesse dans sa direction et un violent choc causa une puissante explosion de poussière. Une grande lance se planta au sol, légèrement à droite de la cible : celle-ci avait fait apparaître une large faux ébène dans sa main pour repousser une attaque plutôt inattendue.

« Tss, j'en ai un peu marre que Kotomine ait encore raison. »

Se reposant sur le sol, Lancer avait un genou et une main déposés là-dessus, son regard rouge se porta vers son opposant. Ce dernier avait une mine relativement sereine, quand bien même son arrivée. Cu Chulainn ne savait absolument ce que représentait ce type : son Master ne connaissait également pas la nature de ce Servant. Donc, le voici obligé d'enquêter.

Lancer esquissa un léger sourire et leva sa main droite : sa lance réagit immédiatement et revint directement dans sa main devant le regard à moitié intéressé de son futur adversaire.

« Yo, t'as pas l'air d'être un Servant classique, hein ? Demanda le lancier en posant son arme à la verticale, juste à côté de lui.

– Je suppose que tu dois connaître la réponse, répliqua simplement son interlocuteur.

– Ouais. Sauf que j'ai pas plus d'info que ça, admit l'Esprit Héroïque. Alors, si ça te gêne pas, je vais me servir directement à la source. »

Prenant une posture de combat bien plus appropriée, Lancer prit sa lance entre ses deux mains et la pointa vers son ennemi dont le long manteau noir virevolta légèrement avec le vent. Mis-à-part, sa petite corne de démon sur sa tête et sa grande faux, Cu Chulainn ne remarquait rien de très extraordinaire provenant de son adversaire.

Enfin … il allait rapidement être fixé !

Sans plus attendre, Lancer s'élança rapidement à travers le vent pour donner le premier coup. La cible répondit à l'assaut en plaçant sa faux en opposition : le choc puissant ne donna aucun vainqueur pour le moment. Les sourcils froncés, le Servant de Kotomine Kirei décida d'enchaîner les offensives mais il parvint à suivre ses mouvements en bloquant avec son arme.

Même s'il reculait, l'ennemi ne donnait pas l'impression de paniquer ou d'être pris de vitesse. Cu Chulainn tenta une approche plus directe en frappant avec une force supérieure. Néanmoins, son adversaire bondit vers l'arrière et évita le coup qui fracassa complètement le sol en-dessous de leurs pieds. Lancer traversa la fumée et ne distingua pas sa cible : celle-ci se trouvait dans son dos et tint fermement sa faux entre ses mains.

« Tu ne surveilles pas tes arrières, ça peut être fatal, lâcha-t-il en frappant violemment. »

Cependant, l'Esprit Héroïque à la combinaison bleutée suivit parfaitement la trajectoire de l'offensive et se baissa agilement. Il donna un coup de lance puissant pour répondre à son ennemi aux cheveux noirs. Ce dernier recula sous l'impact, au grand bonheur de Lancer qui plaça son arme sur son épaule.

« Tu n'as pas de mauvais réflexes, je l'admets, souffla l'ancien élève de Scathach.

– Ce sont des compliments ou tu cherches à te valoriser ? Répliqua l'homme aux yeux rouges.

– Ha, j'suis pas assez malsain pour me complimenter sur ça. Et si tu me disais quelle classe de Servant tu es ?

– Tu n'as qu'à deviner.

– Pff, t'es vraiment une galère pas possible. »

Quelle plaie. Lancer ferma lentement son regard écarlate et se craqua doucement le cou. Bon, le boulot l'attendait hein ? Il posa plus bruyamment son pied droit au sol et une aura rouge explosa autour de lui sous le regard assez neutre du mystérieux Servant.

« Parce que ça nous aurait épargné pas mal de grabuges … si tu vois ce que je veux dire. »

Le Servant adverse plissa simplement son regard et tint plus fermement sa faux entre ses mains, une aura sombre gravita autour de lui. Lancer ne devait pas se jeter n'importe comment sur son ennemi tant qu'il ne connaissait pas au moins, sa classe.

Parce qu'il pourrait ne pas s'en sortir aussi …

Chapter 5 : After This Strange Servant.