— Allez ! Cette fois c'est la bonne, ne relâchez pas votre attention ! Préparez vous à l'ascension : si vous voyez ne serait-ce qu'une ombre en haut de cette cascade, vous ouvrez le feu, c'est bien compris ?

Charlotte Smoothie avait pris le commandement du navire en l'absence de Mama et de Perospero. Tout le monde était tendu sur le pont. Chuter deux fois de suite s'était avéré particulièrement humiliant pour cet équipage déjà démoralisé par leur récent échec face à Chapeau de Paille. En contrepartie, ils étaient tous prêts à en découdre. Ils étaient furieux d'avoir perdu leur mère dans l'Océan. Personne à bord ne croyait à sa mort, elle s'en était forcément sortie, mais l'affront qui leur avait été fait était trop grand pour qu'ils se contentent de l'attendre sagement en bas de la falaise. Elle avait besoin d'eux, ils le savaient.

Jamais ils ne laisseraient tomber Mama.

Smoothie veillait à ce que les choses se passent au mieux pour leur troisième tentative. Tout le monde était armé et alerte. Cette fois, rien ne pourrait plus les arrêter. Ils étaient sur le point de remonter la cascade qui menait à Wano quand Mont d'Or, chargé de surveiller le ciel, les alerta.

— Attendez ! Il y a quelque chose qui se dirige vers nous !

— Préparez vous à ouvrir le feu, ordonna Smoothie.

— Ca va très vite, ajouta Mont d'Or. Attendez... Mais c'est...

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase. Quelques secondes plus tard, un gigantesque projectile atteignit le pont du navire. Le choc fit voltiger les plus frêles des passagers, en précipita d'autres dans la mer et d'énormes éclats de bois se répandirent aux alentours, blessants certains membres de l'équipage. Les plus puissants furent épargnés et s'empressèrent de rétablirent l'ordre, Smoothie en tête. Heureusement, personne ne céda à la panique. Les blessés furent conduit dans la cabine de Mama pour regagner Totto Land et les malheureux tombés à l'eau furent vite repêchés.

Smoothie était hors d'elle. Qui avait bien pu les viser à cette distance ? Il n'existait aucun canon capable d'une telle prouesse. Et ça ne pouvait pas être un hasard, ils n'étaient pas assez prêt de la falaise pour subir une chute de gravats.

— La prochaine fois, Mont d'Or, quand tu vois que ça vient vers nous : tire sans réfléchir ! Au lieu de palabrer ! S'époumona-t-elle. Sinon je te balance par dessus bord !

— J'ai été surpris, dit-il tout en toussant à cause de la poussière. Regarde !

Il désigna l'énorme masse noire qui avait causé cette explosion et qui gisait maintenant sur le pont, occupant presque tout l'espace disponible malgré la taille de leur galion. Ils ne mirent pas longtemps avant de réaliser qu'il ne s'agissait pas d'un projectile, mais d'un homme inconscient. Un homme gigantesque et gravement blessé, les cheveux collés au visage et mélangés au sang qu'il perdait en abondance. La splendide paire d'ailes dans son dos n'alerta personne mais la commandante reconnut aussitôt les vêtements de celui qui les avait propulsé en bas de la cascade et fait chuter Mama dans l'Océan quelques jours plus tôt.

— C'est... King ?

Il y eut un silence avant que Galette ne se précipite sur lui, un sabre à la main.

— Parfait ! Je vais lui trancher la tête et l'offrir à Mama quand elle sera de retour !

Elle essaya d'empoigner King par les cheveux mais peina à soulever la dite tête, qui pesait probablement le double de son poids. Il leur fallut à tous un petit moment avant de réaliser que celui-ci était à visage découvert et dans un état critique.

— Est-il toujours en vie ? Demanda Smoothie, surprise qu'un tel monstre ait été vaincu.

Galette, abandonna l'idée de soulever sa tête et prit son pouls.

— Oui, dit-elle finalement. Dépêchons nous de l'achever.

Smoothie retint ses adelphes qui voulait lui foncer dessus pour le dépecer vivant et se tourna vers Daifuku, son frère aîné.

— Qu'est-ce qui a pu mettre le meilleur homme de Kaido dans cet état ?

— Pour moi c'est très clair.

Toutes les têtes pivotèrent dans sa direction.

— C'est Mama. Une telle entaille — il désigna la blessure que portait King à la poitrine — ne peut être que l'œuvre de Napoléon.

Des exclamations d'approbations fusèrent. Tous avaient envie d'imaginer Mama en vie et ils étaient encore plus heureux de penser qu'elle avait déjà exercé sa vengeance sur un lieutenant de Kaido. Après quelques secondes de cris de joie, les plus jeunes de la famille Charlotte se disputèrent pour savoir qui serait le premier à mettre fin aux jours de l'ennemi.

— Attendez, poursuivit Daifuku. Si Mama est à l'origine de sa défaite, il est possible qu'elle nous l'ait envoyé pour qu'on le garde.

— Grand frère ! Se scandalisèrent les plus jeunes. On ne peut pas le laisser vivre après ce qu'il nous a fait !

— Regardez le mieux.

Toutes et tous obéirent et prirent la peine d'observer plus attentivement leur proie. La folie vengeresse se transforma rapidement en fascination. Malgré des années à voir défiler des visages et des ethnies différentes, à se vanter d'être la famille la plus diversifiée du Nouveau Monde, jamais aucun d'entre eux n'avait vu quelqu'un avec un tel physique. Flambée s'approcha la première pour dégager les cheveux qui collaient au nez de King et couina de surprise en révélant la beauté de ses traits au reste de l'équipage.

Pour les aînés, très au fait des ambitions de Mama en terme d'utopie multi-culturelle, une telle découverte était extraordinaire : la peau noire de King combinée à ses ailes et la blancheur de ses cheveux ne laissaient pas de place au doute quant à ses origines.

— Ca ne se peut pas... ! S'étonna Smoothie dans un murmure. C'est une légende !

— Apparemment non. C'est pour ça que je ne pense pas que ce soit une bonne idée de le tuer. Mama ne le souhaiterait pas. Sinon elle l'aurait fait elle même.

Tous l'écoutèrent avec attention, sans détacher leur regard du lunaria évanoui sur le sol du bateau.

— Peut-être que c'est elle-même qui nous l'a envoyé ici bas, pour qu'on le récupère. Et même si ce n'est pas le cas, imaginez sa joie quand elle saura que ce nouveau spécimen est entre nos mains. Un lieutenant de Kaido, un lunaria, quel trophée !

Smoothie étudia la question et finit par admettre que son frère avait raison. Il aurait été idiot de ne pas profiter d'une telle occasion.

— Très bien, déclara-t-elle.

Elle héla les homies dépêchés sur le bateau et leur ordonna de transporter King dans la cabine de Mama. Il fallait faire vite, rien ne leur disait qu'il n'allait pas reprendre conscience d'une minute à l'autre et leur donner du fil à retordre. Il était bien amoché mais il était plus prudent de ne pas sous-estimer un membre aussi puissant de l'équipage aux cent bêtes. Les homies eurent toutes les peines du monde à soulever la gigantesque carcasse de King et à la traîner jusqu'au miroir géant qui leur permettrait de ramener leur prise en lieu sûr. Smoothie laissa le commandement du navire à Daifuku, le temps de passer un coup d'escargophone à Whole Cake Island.

— Ici la Générale Smoothie, préparez-vous à recevoir un prisonnier précieux, il s'agit de King l'Incendie. Prudence. Il est inconscient mais extrêmement dangereux. Entreposez-le en lieu sûr dans la bibliothèque en attendant le retour de Mama.

Les homies s'attroupèrent devant le miroir, King sur le dos, parés à franchir le portail vers Totto Land.

/

Il ne savait plus trop s'il rêvait ou non. Il croyait sentir quelque chose, des bribes, des fourmillements, des toutes petites interférences qui chatouillaient la surface de sa conscience. Mais il n'avait pas envie de s'éveiller, pas déjà. Pour le moment, il se sentait apaisé. Tout autour de lui était doux, lumineux et calme. Il y avait longtemps qu'il n'avait pas senti une telle quiétude, un tel relâchement. Pourtant, la légère gêne qui essayait d'attirer son attention se faisait de plus en plus forte. Pas la douleur mais une sensation tout aussi désagréable, qui faisait remonter de mauvaises pensées. Elles étaient floues mais familières. Il les savait anciennes, elle ne demandaient qu'à ressurgir.

Plus il se focalisait dessus, plus le paysage autour de lui s'assombrissait et redevenait bruyant. La nervosité avait chassé l'apaisement. Il essaya de bouger mais n'y parvint pas. Son corps était lourd et ne lui répondait pas. Peu à peu, les images devant ses yeux se précisèrent, il se remit à capter les sons et les odeurs. Rien n'était familier, il ne se souvenait pas encore de ce qu'il s'était passé et les voix qui l'entouraient parlaient trop vite pour que quoi que ce soit d'intelligible lui parvienne. Mais plus les secondes passaient, plus ses sens s'aiguisaient. Il avait mal, très mal, sa peau le brûlait, ses muscles se déchiraient... Il y avait du monde autour de lui, des discussions animées. Depuis quand autant de gens se permettaient de piailler de la sorte autour de lui ?

Il suffit d'un ultime contact — celui de trop — pour le faire réagir. Une main se posa sur lui, froide, glacée, impitoyable. D'autres mains se joignirent à elles, partout sur son corps, elles l'empoignaient, le tenaient fermement pour le maintenir immobile. Il savait de quoi il retournait et il n'en était pas question. Plus jamais on ne lui ferait subir ça, plus jamais. Il se débattit, frappant du poing et des jambes autour de lui. Comme il s'y attendait, la prise de ses ennemis se fit plus ferme. Il fit appel aux forces qui lui restaient encore pour se transformer. Ses mains devinrent griffes, sa bouche devint bec. Il lacéra sans réfléchir et brûla sans pitié tout ce qui passait à sa portée, avec la désagréable impression de frapper dans l'eau. Mais ses efforts finirent pas payer, plus personne ne le retenait à présent et les cris alentours le rassurait sur sa bataille. Il était toujours désorienté et quasi mort, mais il était libre.

/

Katakuri étirait ses muscles blessés devant le miroir. Sa rééducation était plus douloureuse qu'il ne l'avait cru. Son combat contre Luffy au Chapeau de Paille l'avait laissé vraiment amoindri. Il s'était remis sur ses pieds assez vite mais pour ce qui était de bouger correctement, c'était plus compliqué. Paradoxalement, sa blessure la plus grave était celle qu'il s'était infligé lui-même pour réparer l'affront de Flambée. Il fit rouler ses épaules et sentit ses points le tirer. La douleur était largement supportable, c'était sa vulnérabilité qui le mettait mal à l'aise. Il était beaucoup trop lent à guérir. On avait besoin de lui, il ne pouvait pas se permettre de rester alité encore plus longtemps.

— Votre état s'améliore de jour en jour seigneur Katakuri, roucoula la lampe de chevet à sa gauche.

— Pas assez vite à mon goût, dit-il en s'observant dans le miroir.

Après avoir examiné l'état de ses blessures, il releva les yeux et dut faire face à son visage. Il n'y était toujours pas habitué. Il avait si souvent évité de le regarder en face, c'était nouveau pour lui de l'affronter dans sa globalité. Il était toujours mal à l'aise mais il ne voulait plus le cacher. Il avait passé trop de temps à le fuir. Il prit une seconde pour contempler tout ces détails qu'il avait maudits et ignorés ; ses cicatrices roses et gonflées, lisses comme du verre, ses crocs proéminents et son énorme bouche monstrueuse. Il déglutit avec difficulté en constatant que malgré tous ses efforts pour l'accepter, il n'y arrivait pas. Il était incapable de ne pas ressentir de la répulsion pour son propre corps.

Il passa un doigt timide sur son croc et s'imagina l'arracher. Qu'est-ce qui l'en empêchait après tout ? Il n'avait pas besoin de telles canines pour avaler des sucreries et peut-être se sentirait-il mieux sans elles ?

Perdu dans ses pensées, il ne vit pas tout de suite le visage de Brûlée de l'autre côté du miroir. Lorsqu'il la reconnut, il sursauta et retira prestement sa main de son visage, gêné d'avoir été surpris dans un moment aussi intime. Elle avait très certainement remarqué son embarras mais elle était trop attentionnée pour faire le moindre commentaire.

— Brûlée, grogna-t-il. Annonce-toi quand tu viens me voir !

— Je te demande pardon, mais il y a urgence !

Sa voix ne mentait pas : il y avait plus qu'une urgence, il y avait une catastrophe. Il oublia aussitôt sa honte de tantôt.

— Que se passe-t-il ?

— Le Queen Mama Chanter a rapatrié un prisonnier blessé sur Whole Cake Island mais... Ça ne s'est pas passé comme prévu, il est hors de contrôle !

Il prit une seconde pour encaisser l'information et se prit le visage dans la main.

— Mais qu'est-ce qui leur a pris ? L'île est déjà à feu et à sang, on a assez de mal comme ça à lancer les travaux. Quelle idée stupide de nous envoyer un ennemi à gérer.

— Je sais que tu es blessé mais on a besoin de toi... Il va tout détruire !

Il s'abstint de lui demander pourquoi elle faisait appel à lui. Il connaissait déjà la réponse : le prisonnier était extrêmement puissant et il était le seul à être de taille. Si Mama avait souhaité le ramener il devait avoir une sacrée valeur mais c'était proprement irresponsable de mettre leur pays en danger alors qu'ils étaient tous si affaiblis après le fiasco du mariage de Pudding. Toutefois, il ne fit aucun commentaire. Il ferait son devoir. Il n'avait plus le droit à l'échec.

— Transporte moi directement sur place, je vais arranger ça.

Katakuri quitta le monde des miroirs et se retrouva directement sur le quai. La chaleur qui régnait dans l'air le surprit, jamais il n'avait senti des températures aussi extrêmes, même en présence de Prométhée. L'atmosphère empestait le sucre carbonisé. Il analysa rapidement la situation : des flammes gigantesques dévoraient les toits des maisons, les habitants et les homies hurlaient de terreur. Ses frères et sœurs couraient dans tous les sens pour stopper l'incendie, en proie à la panique. Ils se calmèrent en voyant sa haute silhouette sortir du miroir. Il jeta un coup d'œil à l'avenir, pour obtenir l'information qui l'intéressait.

"Grand frère ! Il est là-bas !"

— A l'ouest, murmura-t-il pour lui même, sans prêter attention à Mascarpone et Joscarpone qui couraient vers lui pour lui expliquer la situation.

— Grand frère ! Il est là-bas !

— Je sais, occupez-vous d'éteindre les flammes.

Il se dirigea vers la direction indiquée mais avait des difficultés à voir quoi que ce soit à travers la fumée. Heureusement, son don de clairvoyance lui permit de repérer l'ennemi sans que celui-ci s'en aperçoive. Brûlée ne lui avait pas donné beaucoup d'informations, la situation alarmante avait provoqué la panique dans leurs rangs et empêché la transmission des éléments importants au sujet de ce prisonnier. Katakuri se fit la réflexion que leur organisation laissait à désirer en l'absence de Mama. Leur échec précédent aurait dû les rendre plus attentifs, il ne les avait rendu que plus faibles. Tout ce qu'il savait pour le moment, c'était que le fugitif était un lieutenant de Kaido et qu'il fallait le prendre au sérieux. Pas question d'y aller en douceur, il devait le mettre K.O. immédiatement.

Enfin, il aperçut sa silhouette à travers les flammes. Il n'avait rien d'humain. "Un zoan, comme on pouvait s'y attendre." pensa-t-il en armant son trident. Les utilisateurs de ces fruits du démon étaient réputés pour leur incroyable force physique, dans son état il allait devoir être prudent et le prendre par surprise pour éviter de livrer une bataille qui pouvait lui coûter cher. Il n'était pas en état. Il s'approcha doucement, en contournant son adversaire pour ne pas se retrouver dans son champ de vision. Il ne voyait toujours pas bien de quel monstre il s'agissait. Pour le moment, il était occupé à déchiqueter de pauvres homies mugissant leur détresse.

Katakuri se mit en position pour lancer son arme, ignora la douleur de son flanc et visa ce qu'il pensait être la tête du monstre. Il lut l'avenir et changea d'avis, non seulement il allait esquiver mais aussi : il allait s'envoler. Le temps de réaliser de quelle créature il s'agissait, l'ennemi était déjà dans les airs.

— Un ptéranodon ?! S'exclama-t-il, toujours choqué que Mama ait pu penser que c'était une bonne idée d'envoyer quelqu'un d'aussi puissant dans leur capitale aux effectifs réduits.

Le gigantesque reptile, qui devait bien faire dix mètres d'envergure, monta haut dans le ciel. Katakuri se décida enfin à réagir, il lança son bras collant dans les airs et resserra sa poigne sur la patte arrière du ptéranodon. Il mit toute sa force pour le précipiter au sol, espérant l'assommer au passage. Son atterrissage brutal entraîna une explosion enflammée qui força Katakuri à lâcher. Il ne comprenait pas ce qui s'était passé, il avait pourtant fait attention à ne pas toucher les flammes. Il s'approcha du cratère où se trouvait son adversaire, prêt à lui porter le coup final de son trident. Heureusement, il eut le réflexe de vérifier quelques secondes dans le futur et put se protéger de l'attaque éclair qui suivit. N'importe qui d'autre à sa place se serait fait empaler par le bec acéré du ptérosaure.

Il bloqua l'attaque de ses deux mains et eut toutes les peines du monde à le faire lâcher. Le monstre était gigantesque, il s'en rendait compte à présent. Il était suffisamment gros pour le maintenir au sol et égaler sa force. Il battait furieusement des ailes et lacérait les jambes de Katakuri à coups de griffes. Il essaya de le renverser mais la puissance de ses ailes était telle qu'il ne pouvait plus décoller son dos du sol. Il était coincé : s'il lui lâchait le bec, il se faisait embrocher. Mais il ne pouvait pas subir la violence de ses serres plus longtemps, un peu plus et il finirait par réussir à l'éventrer. Il essaya de capter son regard, pour obtenir la moindre information sur l'état d'esprit du prisonnier mais là encore, il se retrouva dans une impasse. Son adversaire était bloqué sous sa forme animale et semblait absent, en proie à une crise de rage, probablement due à la douleur de son poitrail blessé.

Voyant enfin une opportunité pour se dépêtrer, il fit de son mieux pour analyser la grande blessure qui avait pratiquement ouvert en deux cet énorme ptéranodon. C'était une bonne nouvelle pour lui, aussi puissant qu'il fut, il était grièvement blessé. Il n'allait pas en falloir beaucoup pour l'épuiser. Katakuri leva brusquement le genou et utilisa la pointe décorative de son pantalon pour le frapper droit sur l'entaille encore fraîche. Le monstre gémit de douleur et eut un mouvement de recul, libérant Katakuri. Il profita de l'occasion pour bondir sur l'animal et lui coincer la tête sous son bras. Maintenant qu'il ne pouvait plus l'atteindre avec son bec, il ne pourrait plus se défendre. Il se débattit encore comme un diable et tenta de s'envoler. Katakuri dut faire appel à toute sa force pour l'empêcher de décoller.

"Il fallait vraiment qu'ils ramènent un zoan aussi puissant ces imbéciles, je ne pourrais pas tenir comme ça indéfiniment. Qu'est-ce que ça doit être quand il est en pleine forme..."

Alors que le ptéranodon commençait à faiblir, il prit Katakuri par surprise et s'enflamma comme une torche. Il faillit lâcher à cause de la douleur mais eut la bonne idée d'éveiller son pouvoir et d'utiliser le mochi pour s'en protéger. La substance blanche et collante se dora et craquela aussitôt sous la chaleur. Le monstre parvint à se dégager de son étreinte d'un geste vif et revint à la charge. Il ouvrit grand le bec et engloutit le bras gauche de Katakuri avant de le plaquer de nouveau au sol. Il tira de toutes ses forces et pendant une seconde, Katakuri craignit qu'il ne lui arrache le bras. Il joua le tout pour le tout et lui rendit la pareille. Il ouvrit grand la gueule et mordit l'épaule du reptile. Celui-ci poussa un cri déchirant. Aussi puissant que pouvait être son bec, il ne faisait pas le poids face à sa mâchoire prodigieuse et ses énormes crocs. Le rapport de force s'inversa. Privé de ses battements d'ailes, le ptéranodon ne pouvait plus lutter contre la force de Katakuri ; il tomba à la renverse et fut enfin immobilisé.

Il se débattit encore en remuant les ailes et les pattes mais Katakuri ne lâcha pas prise. Il mordait si fort qu'il pouvait sentir le sang couler dans sa gorge. Le goût lui donna envie de vomir mais il tint bon. Bientôt, le ptéranodon fut à bout de force et cessa de lutter. Il ne le relâcha que lorsqu'il fut certain que celui-ci était évanoui. Quand il se releva, il réalisa dans quel état ce combat l'avait mit : en très peu de temps, le zoan l'avait mit en pièces. Toutes ses blessures étaient rouvertes. Ses points avaient sautés et la plaie béante de son ventre saignait abondamment. Mais il s'estima chanceux que le ptéranodon se soit acharné sur ses jambes plutôt que sur son ventre.

Très vite, ses frères et soeurs, accompagnés par des homies serviables, se regroupèrent autour de lui.

— Grand frère ! Tu l'as eu ! Heureusement qu'on peut toujours compter sur toi.

— Je peux savoir, commença Katakuri, pourquoi ce prisonnier n'a pas reçu de menottes en granit marin dès son arrivée ?!

Il ne pouvait pas cacher sa colère. S'il n'avait pas été là, ce monstre aurait eu le temps de ravager l'île toute entière. Comment auraient-ils fait s'il avait été battu une seconde fois ? Il fallait qu'ils cessent de croire à son invincibilité, de toute urgence !

— Arrêtez de me regarder et enchaînez le tout de suite ! Avant qu'il se réveille. Je ne pourrais pas tenir un deuxième round.

Tous disparurent aussitôt pour obéir. Il culpabilisa de leur avoir parlé de cette façon tout de suite après son sermon. Personne sur cette île n'avait quoi que ce soit à voir avec cette histoire. Brûlée lui avait dit que c'était l'initiative de Smoothie, qui elle-même avait sans doute agi sur un caprice de Mama. Il ne pouvait s'en prendre à personne hormis... sa mère. Et on ne s'en prenait pas à Mama, sa volonté était légion. Il soupira, épuisé. Les homies revinrent avec des menottes et se chargèrent d'enchaîner le prisonnier — qui avait retrouvé sa forme humaine et gisait toujours au sol, face contre terre. Katakuri s'étonna des grandes ailes qu'il avait dans le dos mais ne s'en préoccupa pas plus que ça. Il remarqua surtout l'absence de ses frères et sœurs à ses côtés et eut mal au cœur. Il avait oublié qu'il ne portait plus son écharpe pour cacher sa bouche immonde. Maintenant, s'il se fâchait, ils s'enfuyaient tous en courant et ne revenaient pas. Terrifiés par ce qu'il pourrait vraiment leur faire s'il perdait le contrôle. Ça devait être encore pire maintenant que le sang de leur prisonnier avait coulé sur son menton et sa poitrine.

Cette idée lui causa une peine immense. Il tourna les yeux vers le corps inerte qui gisait à ses pieds et sentit une vague de haine monter en lui. Finalement, il avait quelqu'un à blâmer pour la douleur qu'il ressentait.

— A quoi pensait Mama en t'expédiant ici, tu ne vas causer que des problèmes...

Les homies s'approchèrent timidement pour l'interrompre.

— Seigneur Katakuri ? Que fait-on de lui maintenant ?

— Il est menotté ?

— Avec notre meilleur granit marin, monsieur !

— Bien.

Il réfléchit une minute à la solution qui serait la meilleure pour tout le monde. Mama songeait certainement à enfermer ce drôle de spécimen dans sa bibliothèque, avec ses autres bizarreries, mais il n'était pas à prendre à la légère. Il était trop puissant pour Mont d'Or, ses livres ne tiendraient pas deux secondes face au feu que pouvait produire cet homme et qui ne dépendaient ni d'une arme, ni d'un fruit du démon. Il n'avait pas vraiment le choix.

— Je vais m'en charger, dit-il simplement. Amenez le sur l'île du Blé, je veux l'avoir à l'œil.


Que pensez-vous de cette mise en bouche ?

Je veux qu'on voit comme ce ship à du potentiel. Car croyez moi, IL EN A. Vous êtes pas prêt.e.s ! N'hésitez pas à laisser un petit commentaire si ça vous a plu ❤️!

Rendez-vous le 18/09 pour le chapitre 2 !