Bon Dimanche tout le monde, j'espère que ça va.
Aujourd'hui, voyons ce qu'il se passe du côté de King. C'est un personnage assez méconnu et personnellement, je m'amuse beaucoup, mais alors beaucoup, avec lui.
Vous allez voir.
King émergea peu à peu de son long sommeil.
Il voulut ouvrir les yeux mais le poids de ses paupières et la lumière aveuglante au plafond lui rendirent la tâche pénible. Il se sentait collant et poisseux, affligé d'une atroce migraine et d'une bouche pâteuse, comme s'il avait pris une cuite particulièrement violente. Il essaya de se rappeler de ce qu'il avait fait la veille mais ses souvenirs peinaient à lui revenir. Il avait vaguement l'impression de s'être fait broyer les os par un roi des mers. Cette pensée l'aida à se rappeler ce qui lui était arrivé : il avait affronté le sabreur de l'équipage de Chapeau de Paille et avait sous-estimé sa force. Il se souvenait avoir été tranché en plein vol puis il avait perdu connaissance.
Il se redressa brutalement en pensant à son capitaine. Comment pouvait-il dormir dans un moment pareil ? La situation était critique !
Il tenta de se lever mais la douleur fulgurante qui se répandit dans son corps le dissuada de bouger trop vite. Il grogna et porta la main à sa poitrine pour s'enquérir de son état. Il constata alors qu'on l'avait soigné, il était couvert de bandages. Il était également menotté. Il observa l'allure des entraves autour de ses poignets, deux lourds bracelets, et reconnut ce bon vieux granit marin. Voilà qui expliquait son état nauséeux, il était donc captif et privé de ses pouvoirs de zoan. Il soupira, il aurait dû s'en douter. A la seconde où ce gamin avait déchiré son masque, sa liberté s'était envolée à tout jamais.
Bizarrement, il ne ressentait rien de particulier. Ni peur, ni tristesse, ni colère. Juste une profonde lassitude dénuée de tout espoir en l'humanité.
Enfin, il prit la peine d'étudier son environnement et s'étonna de ne pas être dans un complexe scientifique. Il se surprit même à éprouver de la confusion quant à la couleur du papier peint. Tout autour de lui était rose bonbon et outrageusement culcul la praline. Rien à voir avec... sa situation de prisonnier.
— Qu'est-ce que...?
Il parvint enfin à se mettre debout mais ses blessures lui donnèrent du fil à retordre, chaque mouvement était un supplice. On l'avait apparemment recousu mais on l'avait aussi couché sur le dos. Ses ailes lui faisaient très mal et le moindre choc pouvait rouvrir les plaies de son torse en un rien de temps. Ses muscles tiraient fort sur ses points.
Soudain, il se souvint de l'estafilade qui l'avait fait tomber dans les pommes. "Ce petit con m'a pratiquement coupé en deux." Pensa-t-il, un peu admiratif malgré tout. En revanche, il y avait une blessure qu'il ne s'expliquait pas : celle de son épaule. C'était celle qui le faisait le plus souffrir. Lever le bras lui coûtait cher à cause d'elle et il n'avait aucune idée de comment elle était apparue. Le Chasseur de Pirates lui avait entaillé les chairs mais il sentait bien que pour celle-ci, c'était l'os qui était atteint.
Il se demanda quel genre de monstre avait pu l'amocher à ce point. Il fouilla ses souvenirs mais fut incapable de se rappeler ce qui avait pu lui arriver après sa défaite pour qu'il se retrouve ici. Il arracha les compresses qui protégeaient sa peau et examina les perforations qui formait un grand arc de cercle violacé, de la clavicule à l'épaule. Une morsure ?
"Je me suis vraiment fait bouffer par un monstre marin ?"
Peut-être avait-il chuté dans l'Océan ? Mais alors dans ce cas, qui l'avait repêché ? Où se trouvait-il ?
Dans une chambre, de toute évidence. Mais il y avait de quoi être étonné que celle-ci soit à sa taille. La plafond était très haut au-dessus de sa tête et le mobilier correspondait à son gabarit. Il y avait un lit — dans lequel il avait du mal à croire qu'il avait dormi, les coussins à fanfreluches n'étant pas vraiment son style — une commode immense, un évier en porcelaine et un gigantesque miroir sur une coiffeuse. Il s'en approcha et réalisa seulement maintenant, comme un idiot, qu'il était vraiment démasqué.
Une légère pointe de panique s'empara de lui et lui ordonna de trouver un moyen de cacher son visage avant que quelqu'un le voit mais il était trop tard. Si des gens avaient pris la peine de le recoudre, alors c'était perdu. Il était découvert. D'autant qu'il portait toujours des lambeaux de vêtements et que ceux-ci ne laissaient aucune place à l'imagination. Il jeta un coup d'œil à son reflet et vit à quel point il avait l'air pitoyable : sa peau avait enflé à cause des ecchymoses, il était couvert de pansements et ses cheveux étaient emmêlés, collés par ce qui devait être son propre sang. Il n'aurait pas dit non à une douche mais il n'avait toujours aucune idée de l'endroit où il se trouvait, il n'y avait même pas de fenêtre pour lui donner un aperçu de l'extérieur.
Heureusement, ses geôliers avaient été assez stupides pour se contenter de lui passer des menottes qui lui laissaient une grande liberté de mouvement. Il n'était privé que d'un pouvoir sur deux. Il eut une pensée pour Yamato et se demanda si, comme pour lui, celles-ci étaient piégées. Il devait être prudent. Pour le moment, il était seul. Il ne vit donc aucun danger à utiliser l'évier à sa disposition pour rincer ses cheveux. S'il pouvait se débarrasser de cette ignoble et envahissante sensation de souillure, ce serait un début. Il s'étonna encore de voir que le mobilier était parfaitement à sa taille puis il se pencha pour faire couler l'eau sur sa tête. Le froid lui permit de se réveiller complètement et se remettre les idées en place.
Il ne savait ni où il était, ni depuis combien de temps, ni qui l'avait soigné... Les dernières images dont il se souvenait ne l'aidaient pas à trouver la réponse. Il était tombé, mais où ? Était-il sur un navire ennemi ? Non. Il sentirait les roulis des vagues si c'était le cas. Il n'avait plus qu'une chose à faire : partir en reconnaissance. Il ne ferait preuve d'aucune pitié si quelqu'un tentait de l'en empêcher, il était déjà à visage découvert et n'avait plus rien à perdre. Tout ce qu'il voulait, c'était retourner auprès de son capitaine. Même si il avait lamentablement échoué à protéger Onigashima et ne savait pas s'il était digne de revenir. Mais il n'avait rien d'autre, pas d'endroit où aller. Personne d'autre à retrouver. Il s'accrocha à cette idée puisque c'était tout ce qui l'animait à présent. Sans ça, il n'avait plus qu'à se laisser mourir.
Il coupa l'eau et essora ses longs cheveux. Ils retrouvèrent leur éclat argenté et lui se sentait moins sale, même s'il avait toujours l'air d'un zombie.
— Ouhou ! C'était donc vrai ! Bonjour, bel homme.
Une voix s'échappa du miroir. Sous le coup de la surprise, son dos s'enflamma. Il chercha l'importun qui avait eu l'insolence de se faufiler dans la chambre sans s'annoncer mais ne vit personne. Une deuxième voix haut perchée répondit à la première.
— Comme il est beau ce prisonnier ! On est gâtés !
— Il donne chaud, hi hi hi !
Il lui fallut un moment avant de comprendre d'où venaient ces moqueries. Il n'y avait personne dans la chambre : c'était le miroir lui-même, ainsi que la commode et le tapis, qui lui parlaient. Pendant une seconde, il se demanda s'il avait été blessé à la tête puis il se souvint avoir déjà observé un pouvoir capable de ce genre de prodiges. C'était celui de Big Mom. Son fruit du démon lui permettait de donner vie à toutes sortes d'objets inanimés en volant les âmes. Maintenant il avait une réponse à au moins une de ses questions : il était sur son domaine. Elle avait finalement réussi à lui mettre le grappin dessus, cette sorcière.
— Il faut pas avoir peur monsieur, on va bien s'occuper de toi .
— La ferme, répondit King.
Il n'avait aucune envie de faire la conversation à des objets. Encore moins à des objets contrôlés par la vieille Big Mom. Rien de tout cela ne le rassura ; s'il était chez elle avec des menottes aux poignets, c'était que l'alliance entre leurs deux équipages n'avait plus de raison d'être. Et si Kaido avait été en état de lui faire face, il ne l'aurait pas laissée l'emmener. Du moins, il l'espérait. Il se dirigea vers la porte mais celle-ci s'anima à son tour.
— Oh, non, non, non ! On ne va pas te laisser sortir comme ça.
Il ignora cette nouvelle aberration et poussa sur la poignée. La porte gloussa mais refusa de céder malgré sa force colossale. Évidemment, ça aurait été trop facile.
— Désolée mon joli, tu n'as pas le droit de sortir ! Pas tant que le seigneur Katakuri ne l'aura pas autorisé.
— Mince, me voilà piégé, plaisanta King, grinçant.
Il n'avait aucune intention de rester là bien sagement, dans les miettes de Big Mom. Il fit naître des flammes dans le creux de sa main et mit le feu à cette porte agaçante. Animée ou pas, elle restait en bois. Surprise, elle se mit à hurler et à claquer violemment sur ses gonds.
— Aaaaaaah ! Mais... quel MUFLE !
King profita de la panique pour quitter la chambre. Il se faufila à travers l'ouverture, sans se préoccuper de l'incendie qui gagnait la pièce ou des vagissements de la porte. Il jeta un coup d'œil alentour : il se trouvait dans un long corridor aux couleurs pastels, dans lequel il régnait une odeur de sucre et de bonbon à la fraise. Il leva un sourcil confus. Il connaissait la réputation de Big Mom et pour autant qu'il pouvait en juger, elle y était fidèle. La dame aimait les trucs de gosses, les gâteaux, les friandises et les maisons en pain d'épice. Il était quasiment certain que les murs de ce gigantesque couloir étaient comestibles.
A peine avait-il fait un pas hors de la chambre que des centaines d'objets animés — des armures, des candélabres, d'autres tapis — se regroupèrent autour de lui et chahutèrent dans ses jambes, en proie à la panique.
— Oh non ! Une évasion !
— Vite, il faut prévenir le seigneur Katakuri !
— Foutez le camp, grogna King en s'enflammant de plus belle.
Tous détalèrent en piaillant de peur. Il ne prêta pas attention à leurs gémissements. Qu'ils avertissent quelqu'un ou non lui importait peu, il n'avait qu'à trouver les clés de ses menottes et il prendrait son envol aussitôt libre. Et s'il pouvait dénicher des vêtements au passage, ce n'était pas plus mal. Il s'avança le long du corridor, en essayant de ne pas se soucier des multiples paires d'yeux rivées sur lui ou des murmures que l'on proférait sur son passage.
/
Katakuri n'avait pas repensé à King depuis qu'il l'avait installé dans une des chambres d'amis de son propre palais. Il n'en avait pas eu le temps. Il avait simplement veillé à ce qu'il reçoive des soins et à ce qu'on lui passe les menottes. Après quoi, il avait mis ce problème de côté jusqu'à ce qu'il soit de nouveau sur pieds. Il avait d'autres choses à penser pour le moment, à commencer par les travaux du nouveau réseau de miroirs de l'archipel. Depuis l'accident avec les Germas et les Chapeaux de Paille, tous les ministres de Totto Land travaillaient d'arrache-pied pour renforcer la sécurité et faire en sorte qu'un tel désastre ne se reproduise plus jamais. Katakuri n'était pas aussi sollicité que les autres ministres mais il n'était pas épargné ; en plus de ses responsabilités habituelles, il était forcé de subir des réunions à n'en plus finir avec ses adelphes.
Ces réunions n'auraient pas été aussi pénibles s'il n'y avait pas eu cette nouvelle catastrophe : ils étaient sans nouvelles de leur mère depuis une semaine et le Queen Mama Chanter ne répondait plus aux appels. Il y avait de quoi être préoccupé. Leurs informateurs restaient muets et les journaux faisaient comme si rien ne s'était passé. C'était presque comme si les deux empereurs n'avaient jamais existé. Personne n'avait encore cédé à la panique mais Katakuri était inquiet. Pour le moment, tout le monde était d'accord pour suivre les dernières consignes qu'ils avaient reçu de Mama : rebâtir Whole Cake Island sur des fondations encore plus solides, renforcer la surveillance des côtes, multiplier les contrôles et la production d'homies de défense. Mais sans Mama pour les guider, ils pédalaient dans la semoule. Leurs activités habituelles tournaient au ralenti et les effets commençaient à se ressentir sur le pays.
Heureusement pour Katakuri, l'île dont il était le ministre n'avait pas tant souffert des problèmes récents. L'île du Blé se trouvait loin de tout et il n'avait jamais été un ministre très exigeant en comparaison de ses frères et sœurs où de sa mère, sa productivité était restée dans la moyenne. Il était chargé d'assurer la livraison de farine nécessaire la fabrication de tous les gâteaux et toutes les pâtisseries architecturales du royaume. Un rôle essentiel — notamment dans la reconstruction de Sweet City et du château de sa mère — mais en l'absence de Mama et de son appétit dévorant, la consommation de gâteaux avait grandement diminué. Il n'avait donc pas mis la pression aux habitants quant à leur travail et préférait se concentrer sur le reste.
S'il était parfaitement honnête avec lui-même, il mettait les bouchées doubles sur des tâches qui ne le concernaient pas tant que ça dans le but de se faire pardonner.
Il avait cessé de porter son écharpe fétiche et de cacher sa bouche de carnassier depuis moins d'un mois. Cette décision l'avait libéré d'un énorme poids mais en contrepartie, sa famille avait très mal accueilli son nouveau visage. Il s'y était attendu mais leur réaction avait été pire que ce qu'il avait redouté. A part Brûlée, tous le traitaient maintenant avec défiance, voir avec mépris. Apprendre qu'il leur cachait sa véritable nature depuis des années leur avait fait l'effet d'une trahison monumentale. Sa défaite contre Luffy n'avait pas aidé non plus, on ne chantait plus ses louanges.
Il ne leur en voulait pas, il comprenait. C'est pourquoi il travaillait dur pour regagner cette confiance.
Au fond de lui, il était en colère, mais il préférait penser au bien commun. Il faudrait du temps avant que l'on ne tolère son visage, il le savait, en attendant il se concentrait sur un autre objectif : retrouver Pudding. Personne ne l'avait revue depuis son faux mariage. Elle aurait dû recevoir les honneurs et les félicitations de tous après avoir cuisiné le gâteau le plus succulent que Mama eut jamais mangé mais elle ne s'était jamais présentée à la cérémonie. On savait qu'elle n'avait pas quitté Totto Land mais il était impossible de lui remettre la main dessus. C'est pourquoi Katakuri profitait de la convalescence de King pour enquêter sur sa disparition.
Il faisait le tour de Chocolate Town, là où Pudding avait été observée pour la dernière fois. Il essayait de ne pas prêter attention aux regards terrifiés des passants, qui murmuraient sur son passage et s'écartaient de lui en courant, comme ils l'auraient fait devant une bête sauvage. Quelqu'un avait répandu une rumeur après qu'il se soit débarrassé de son écharpe et tous les habitants de l'archipel — hormis ceux qui se trouvaient sous sa juridiction — y croyaient dur comme fer. On racontait partout qu'il dévorait ceux qui l'approchaient de trop près et aucun civil de l'île Cacao n'avait envie d'en faire l'expérience. Il ne s'en souciait pas, moins on était dans ses pattes et plus il pouvait se concentrer.
Son escargophone personnel sonna dans sa poche. Il soupira, de crainte qu'il ne s'agisse d'une nouvelle convocation à une réunion inutile où il devrait faire acte de présence et perdre son temps plutôt que de rechercher sa petite sœur. Heureusement, il fut rassuré en lisant l'avenir afin de connaître son interlocuteur. C'était Brûlée. Si elle l'appelait, ce n'était pas pour lui aboyer dessus.
— Qu'y a-t-il ?
— Où es-tu ? Dit-elle, la voix lasse.
La pauvre n'avait pas dormi depuis des jours. S'il y avait quelqu'un sur cet archipel qui travaillait trop et qui ne recevait pas assez de reconnaissance pour ce qu'elle faisait, c'était bien elle.
— A Chocolate Town, pourquoi, tu as besoin de moi ?
— Tu devrais rentrer chez toi, j'ai eu des nouvelles de tes servants et après avoir jeté un petit coup d'œil dans ton palais, je crois que ton invité fait des siennes.
— Je vois.
Ca aussi, ça tombait plutôt mal. Il savait qu'il n'y avait aucune chance pour que le meilleur lieutenant de Kaido reste bien gentiment dans sa chambre jusqu'à sa visite mais il avait espéré qu'il retrouverait ses esprits et ne saccagerait pas tout sur son passage. Il soupira à nouveau, déjà fatigué à l'idée de babysitter un guerrier très probablement agressif. Brûlée le tira de ses pensées.
— Tu devrais te dépêcher avant... Que les autres l'apprennent.
Elle savait mieux que personne comme on lui tombait dessus à tout bout de champ depuis sa défaite. Si la nouvelle de "King en liberté dans les couloirs" s'ébruitait, elle risquait de lui attirer encore plus d'ennuis. Elle lui tendit la main pour le faire passer dans le miroir. Il s'y glissa péniblement et laissa Brûlée le guider jusqu'aux miroirs de son palais. Il s'arrêta devant le plus grand d'entre eux, qui donnait dans le hall d'entrée. Par chance, tout semblait en état. King n'avait pas tout réduit en cendre. En revanche, des homies paniqués couraient dans tous les sens en criant son nom.
— Tu vas t'en sortir ? Demanda Brûlée, inquiète. Tes blessures sont encore...
— Ca ira. Il ne peut pas aller bien loin de toute façon. Retourne à ton travail, on ne doit pas remarquer ton absence.
Il ne voulait pas que Brûlée soit encore pénalisée par sa faute. Il entra dans son palais sans demander son reste. Aussitôt, des dizaines et des dizaines d'homies implorants se regroupèrent autour de lui, les yeux pleins de larmes.
— Seigneur Katakuri, au secours !
— Votre prisonnier a mis le feu à sa chambre !
— Il est méchant !
— Il va nous mettre en charpie ! Faites quelque chose.
Il les fit taire d'un geste de la main.
— Du calme. Où est-il ?
— On l'a perdu de vue, il nous empêche de le suivre avec ses flammes ! Mais il n'arrête pas de monter depuis qu'il est sorti de sa chambre.
Ainsi ses flammes n'étaient pas dues à son fruit du démon. Cela devait faire parti de ses caractéristiques de lunaria. Katakuri regretta d'en savoir aussi peu sur la question. Même avec des menottes, King était redoutable. Il allait devoir être prudent. Ses blessures étaient encore fraîches et aussi mal en point que pouvait être King, il n'était pas à prendre à la légère.
— Mais pas de panique monsieur, ajouta un homie. Vos frères et sœurs sont déjà sur le coup !
— Quoi ?
Surpris par cette déclaration — il avait installé King chez lui parce qu'il était plus apte à le gérer mais aussi pour éviter que ses adelphes aient à se soucier de ça, il avait du mal à croire qu'ils se soient déplacés — il jeta un coup d'œil au futur pour connaître la situation le plus vite possible.
"Les décuplés étaient de passage et l'ont pris en filature, ils ont l'avantage du nombre alors peut-être que..."
— Oh les imbéciles, grogna-t-il tout d'un coup en montrant les crocs, faisant trembler ses serviteurs. Contentez-vous de bloquer les issues du palais et attendez mes instructions.
Il se précipita dans les escaliers, gravit les marches quatre à quatre, espérant stopper les décuplés avant qu'il ne soit trop tard. Il était furieux. Qu'on soit fâché contre lui était une chose, qu'on soit aussi irresponsable en était une autre. La jeunesse n'excusait pas tout. King n'était pas n'importe qui, il était le seul à être de taille à l'affronter. C'était bien pour ça qu'on avait fait appel à lui pour le maîtriser le jour de son arrivée. Et pour avoir fait l'expérience de sa violence, il pouvait le confirmer : les décuplés n'avaient aucune chance contre lui.
Il n'arrivait pas à comprendre ce qui avait bien pu les pousser à se lancer après King comme si c'était leur devoir. N'importe qui d'autre à leur place aurait été un meilleur choix, ils risquaient de se faire massacrer. Il fallait vraiment qu'il se dépêche. Il ne savait presque rien du lunaria mais son statut au sein de l'équipage aux cent bêtes était un signe indiscutable de ses compétences. Il avait essayé d'en savoir plus le lendemain de leur confrontation, pour savoir à quel genre d'individu il allait devoir faire face, et tout ce qu'il avait trouvé était son avis de recherche. Ça l'avait conforté dans ses premières impressions ; l'homme arborait toujours un large masque noir à pointes, sans doute pour intimider l'adversaire. Était-il à l'image de son capitaine, cruel, sauvage et bestial ? Si c'était le cas, il devait faire vite avant qu'il n'arrive quelque chose à ses petits frères et petites sœurs.
Son don de clairvoyance fut encore une fois d'un grand secours, il sut aussitôt quel couloir emprunter. Il freina brutalement et entra dans l'aile des administrations. Au loin, il reconnut les silhouettes frêles et les tuniques roses de ses jeunes adelphes. Ils avaient tous l'air indemnes. Il souffla de soulagement. Ils étaient agglutinés devant la porte de la trésorerie et regardaient par l'entrebâillement en gloussant comme des poules. Katakuri leva un sourcil, surpris par ce comportement de plus en plus étrange. Il s'approcha en douceur. Il savait d'avance que sa bouche allait les effrayer mais il voulait quand même tenter de jouer son rôle de grand frère, en soulignant leur imprudence et en les chassant d'ici pour leur éviter tout danger. Leur conversation atteignit enfin ses oreilles :
— Pour une fois que Mama nous en ramène un comme ça, j'espère qu'il sera pour moi.
— Tu rêves ! C'est moi l'aînée alors c'est moi qui l'aurait.
— N'importe quoi c'est moi l'aîné !
— On est nés à une seconde d'intervalle, ils ont très bien pu nous confondre à ce moment-là !
— Il est tellement beau...
"Qu'est-ce que c'est que ce cirque ? Qu'est-ce qu'ils racontent ?" Pensa Katakuri.
— Hum, dit-il dans leur dos pour signaler sa présence.
Ils se retournèrent et comme prévu, tous tombèrent à la renverse en voyant sa bouche. Ils étouffèrent une exclamation choquée avant de s'enfuir en courant. Katakuri, un tantinet fâché de les voir prendre d'aussi gros risques, utilisa son bras de mochi et leur barra la route. Il n'allait sûrement pas les laisser partir sans sermon.
— Je peux savoir ce que vous fabriquez ici ? Grogna-t-il en essayant d'avoir l'air le moins menaçant possible, sans grand succès.
— Noooon, pitié ne nous mange pas grand frère, supplia sa petite sœur et prétendue aînée des décuplés. On voulait juste...
— Je ne vais pas vous manger, et "juste voir le prisonnier" ? Vous avez perdu la tête ? Ce n'est pas n'importe qui.
— Mais...
— Il pourrait vous broyer dans le creux de sa main s'il le voulait. Vous ne faites pas le poids contre lui. Maintenant filez d'ici, et vite ! Que je ne vous y reprenne pas !
Il pointa la sortie du doigt et les regarda filer, terrifiés de l'avoir vu en colère. Il s'en fichait, il préférait provoquer leur répulsion que de les voir carbonisés par King.
A son tour, il jeta un coup d'œil à la porte de la trésorerie et devina encore une fois qui se cachait de l'autre côté. Il serra sa poigne sur son trident et pénétra dans la pièce.
King était là et avait fait pas mal de dégâts. Majoritairement dus à sa taille ; il avait vidé des tiroirs, balancé des papiers dans tous les sens et continuait de chercher dans les débris à même le sol. Il était accroupi, son dos enflammé et ses ailes noires étaient totalement exposées à la vue de Katakuri. Comme lui, son gabarit l'empêchait d'avoir accès à certains documents, il devait donc les réduire en miettes pour être sûr de ne rien rater de leur contenu.
— Tu as besoin d'aide ? Dit-il alors, faussement amical.
Ce n'était pas lui qui s'occupait de toute la paperasse mais il était contrarié de voir tout ce travail réduit en poussière. Ça allait prendre un temps fou pour tout remettre en ordre. King souffla, apparemment agacé d'être interrompu dans son vandalisme, se releva et se tourna lentement pour faire face à Katakuri.
Tous les préjugés qu'il avait pu nourrir à propos de cet ennemi s'envolèrent à l'instant même où il posa les yeux sur son visage.
Boum.
C'est ici que tout commence.
On se retrouve le 02/10 pour le troisième chapitre. Katakuri va se faire chambouler son petit cœur pour toujours.
Comme d'habitude, n'hésitez pas à laisser un petit commentaire si ça vous a plu !
(Ah et juste, pour répondre à une question : cette fic n'est pas une suite de mon précédent OS. C'est une histoire à part entière, donc non, Katakuri n'a pas encore vu le visage de King et il ne le connaît pas. Voilà, voilà !)
