It's a thief in the night
To come and grab you
It can creep up inside you
And consume you
A disease of the mind
It can control you
It's too close for comfort

En rétrospective, bien sûr que Dumbledore n'irait pas risquer la véritable Pierre Philosophale, pas même pour piéger Lord Voldemort lui-même. Qui oserait risquer pareil artefact, la source de l'Élixir de longue vie ? Certainement pas Dumbledore, et encore moins l'Alchimiste, celui qui subsistait encore aujourd'hui par la seule grâce de son Grand Œuvre.

Mais Voldemort avait cédé à l'impulsion, désespérant de retrouver une forme physique avant que le corps de Quirrell n'expire et le contraigne à redevenir une simple vapeur à peine capable d'aligner deux pensées cohérentes. Après réflexion, cet état d'ombre et ses possessions répétées de petits animaux avaient probablement encouragé son cerveau à la paresse, grippant son intellect et sa capacité de réflexion. Quel besoin une forme de vie inférieure avait-elle de réflexion, en effet ?

Mais maintenant, il avait eu le loisir de près de dix mois à utiliser (quoique ce fut partagé) un cerveau on ne peut plus humain, qui plus est le cerveau d'un ancien Serdaigle donc plus enclin à cogiter que la plupart. Si bien qu'il pouvait apprécier pleinement l'étendue de son échec.

Oh, son plan avait paru couronné de succès, au tout début : il était parvenu à éloigner Dumbledore, il avait navigué avec succès le dédale de pièges menant à son trophée, et même s'il n'avait pas pu déjouer lui-même le secret du miroir du Risèd, la jeune morveuse ayant eu la présomption de croire qu'elle pouvait l'arrêter lui avait rendu l'inestimable service d'effectuer le travail à sa place.

Et puis, tout s'était splendidement gâté, en quelques minutes à peine.

Tout superbe que fusse le grenat repêché dans les profondeurs du Miroir, il ne s'agissait aucunement de la Pierre Philosophale. En vérité, Lord Voldemort pariait qu'il s'agissait d'une gemme synthétique, entièrement réalisée grâce à d'obscurs procédés alchimiques afin de mieux servir dans les expériences de son créateur. Certainement précieux, mais absolument pas ce qu'il recherchait.

Ensuite, ce trois fois maudit Dumbledore avait décidé de revenir plus tôt que prévu, forçant Lord Voldemort à défendre son existence – toute misérable que fusse celle-ci, il y tenait par dessus tout. Aurait-il détenu ses pouvoirs à leur plénitude, il aurait facilement tenu tête à ce vieux gâteux content de laisser rassir ses dons à ne rien faire dans son bureau, mais réduit à l'état de mânes, contrôlant un corps au potentiel magique relativement médiocre, le Seigneur des Ténèbres avait dû se résoudre à fuir. Il fallait savoir quand on était dépassé, quand bien même cela vous en coûtait.

Et pour parachever ce fiasco, la morveuse qu'il était parvenu à emporter en guise d'otage n'était pas du tout la même gamine responsable d'avoir contribué à sa chute. Oh, il s'agissait bien d'une fille Potter, Voldemort s'était familiarisé avec leur signature magique alors qu'il élaguait leur arbre généalogique jusqu'à les rendre pratiquement éteints, mais ce n'était pas LA fille Potter, la gosse que tout le monde proclamait la Survivante.

Après réflexion, ainsi que plusieurs séances brutales de Legilimencie sur cette morveuse (au moins le traumatisme mental d'intrusions répétées l'avait réduite au silence), Lord Voldemort avait conclu qu'il y avait eu un échange. À un moment venant après son ignoble chute, cette gamine avait été remplacée par une cousine bien plus médiocre, et il avait une idée très précise du coupable.

Sirius Black n'avait jamais été de ses Mangemorts, ce qui était bien dommage car l'Héritier Black avait une magie puissante, assortie d'une bonne dose de cruauté et d'une inclinaison indiscutable pour les Ténèbres : regardez donc la tentative de meurtre qu'il avait effectuée sur ce cher Severus alors qu'il n'avait que seize ans. Si le sorcier décidait de cacher quelque chose, ou quelqu'un, et bien pourquoi pas l'engeance de son meilleur ami ?

Tout concordait : Black s'était évanoui dans les airs l'espace de deux semaines, avant de se lancer aux trousses de Queudver et de se retrouver accusé de multiples meurtres et envoyé à Azkaban. À peine trois jours plus tard, les premières rumeurs concernant la Survivante (pouah, quel nom idiot) avaient commencé à se répandre à la manière d'une traînée de poudre.

Une lecture méticuleuse des journaux et livres réunis par Quirrell sous-entendait que la bambine présentée au public comme telle n'était pas celle qu'il avait tenté d'éliminer. Nulle part, il n'était mentionné qu'elle avait le teint noiraud, après tout. Il se rappelait en avoir été brièvement surpris, mais sans plus.

Non, il y avait eu substitution, et le public s'était laissé duper, acceptant la morveuse expédiée à Poudlard cette année-là comme la chiarde présente dans la chambre dix ans auparavant, et maintenant ladite chiarde se trouvait quelque part dans la nature et il ignorait où exactement.

Intolérable. Il lui fallait remédier à cela.


Détestable qu'il la trouvât, Lord Voldemort reconnaissait à contrecœur que la maison de ses bon à rien de grand-parents moldus offrait la parfaite base d'opérations. Du moment qu'il n'y effectuait pas de réparations ou de modifications spectaculaires, personne ne viendrait fouiner et lui causer de soucis. La discrétion était clef.

Il lui avait fallu l'apprendre, ou plutôt s'étrangler avec, lorsque ses premières tentatives de conquérir la Grande-Bretagne Magique avaient attiré l'attention du Sorcier Suprême sur lui. Le Docteur Fate avait refusé d'écouter ses justifications et protestations qu'il désirait simplement restaurer l'ancienne splendeur de la sorcellerie dans son pays natal, le proclamant un Agent de la Corruption et du Chaos avant de faire de son mieux pour l'oblitérer de cette dimension, corps aussi bien qu'âme.

Le Seigneur des Ténèbres n'avait pas péri, mais il avouait franchement que ce n'était pas passé très loin. Ce n'était qu'après d'innombrables machinations et prises de précautions qu'il s'était décidé à quitter les Balkans afin de retourner au Royaume-Uni pour tenter à nouveau sa chance de gagner en pouvoir et en influence. Et même alors, toujours dans la plus grande discrétion.

Il ne tenait pas à se mesurer de nouveau à Fate, pas avant d'avoir perfectionné son immortalité. Affronter le Sorcier Suprême n'exigeait pas moins.

Mais ce n'était pas l'objectif du moment. Pour l'heure, le plus important était qu'il regagne un corps. Un qui soit à lui.

La carcasse de Quirrell ne ferait plus très long feu, irrémédiablement abîmée par dix mois de possession et un duel soutenu contre un mage du calibre de Dumbledore – tout grotesquement sentimental qu'il fût, personne ne pouvait nier la puissance brute du Directeur de Poudlard. Tout de même, c'était suffisamment long pour qu'il prépare un nouveau réceptacle temporaire, et il savait exactement quel matériau utiliser.

Même si elle n'était pas la fille Potter qu'il avait souhaité, la morveuse s'avérerait utile. Elle était jeune et vigoureuse, et sans être aussi puissante qu'il l'aurait voulue, sa magie n'en demeurait pas moins forte. Elle devrait lui durer, oh, environ trois ans une fois convenablement modelée pour accueillir son âme en elle. Peut-être même cinq, s'il était prudent et recourrait à divers procédés afin de retarder l'inévitable dégradation.

Cinq ans, c'était bien assez pour lui permettre de trouver une méthode d'incarnation convenable. Une fois en possession d'un corps bien à lui, Voldemort pourrait consacrer à nouveau son énergie à des poursuites urgentes, et retrouver la véritable fille Potter afin de l'éliminer une bonne fois pour toutes figurait près du haut de sa liste.

Il le fallait. Comment pouvait-il jouir de son pouvoir, du royaume qu'il aura gagné, des conquêtes qu'il aurait accomplies, tant que rôdait dans l'ombre celle qui avait le pouvoir de le renverser ? Celle qui était prophétisée la seule qui le supplanterait, qui déroberait ce qu'il avait de plus précieux ?

La fille Potter devait mourir, et ce avant qu'elle n'obtienne les forces nécessaires pour s'emparer de tout ce qui revenait de droit à Lord Voldemort. Il le fallait.

Your mind is in Disturbia
It's like the darkness is the light
Disturbia
Am I scaring you tonight?
Your mind is in Disturbia
Ain't used to what you like
Disturbia
Disturbia

Pour le chapitre de ce mois, vous avez droit à Disturbia par Rihanna.