Il était très tôt quand Féline ouvrit les yeux ce matin là.

Rien d'anormal, elle ne dormait jamais beaucoup, quelques heures de sommeil lui suffisaient largement. Elle resta plusieurs minutes à somnoler dans ses couvertures, avant de se lever brusquement, un énorme sourire plaqué sur le visage.

C'était aujourd'hui que Remus l'emmenait sur le Chemin de Traverse acheter ses fournitures scolaires et son uniforme. Et son chat. Elle allait avoir un chat, enfin ! Incroyablement excitée, la sorcière enfila le jean et le tee-shirt qu'elle avait soigneusement préparée la veille. Perfectionniste que voulez-vous.

Elle noua ses baskets et attrapa sa trousse de toilette rangée dans son armoire.

Silencieusement, elle se glissa hors de sa chambre et se dirigea vers la salle d'eau. La pièce, comme toute la maison d'ailleurs, sentait le renfermé. Elle était belle en quelque sorte, ou avait dut l'être, mais partait désormais en ruine. Son sol de carrelage sombre était recouvert d'une fine pellicule de poussière, sa baignoire de marbre noir avait, sans surprise, ses robinets d'eau en formes de serpents. Le porte-serviette s'était détaché du mur et gisait au sol et personne n'avait visiblement pris la peine de le réparer.

Tout en espérant que l'eau ne serait pas putride ou que des araignées ne surgiraient pas de levier, la fillette entreprit de se débarbouiller, puis de se coiffer après un intensif brossage de dents. Elle attacha ses cheveux châtains à l'aide d'un ruban bleu marine et vérifia que ses tâches de rousseurs n'étaient pas trop rouges (cela lui arrivait quand elle se lavait la figure avec trop d'entrain). Satisfaite du résultat, la fillette sortit de la pièce en refermant le plus doucement possible la porte. Pourquoi fallait t'il donc que tout grince dans cette maudite maison ? grommela Féline.

Après avoir nourri Hamlet, elle entreprit de descendre -sans réveiller tout le monde par une malencontreuse chute dans l'escalier- jusqu'à la cuisine. Elle pensait à ce qu'elle allait bien pouvoir se préparer lorsque quelle ne fut pas sa surprise de découvrir en parvenant enfin jusqu'à la cuisine, Mme. Weasley qui s'affairait déjà aux fourneaux.

Féline vérifia l'heure à la grande horloge posée dans un coin, mais non, elle n'avait pas rêvée, il n'était bien que six heures du matin. Mais pourtant, Molly Weasley tournicotait joyeusement dans la cuisine en chantonnant, faisant tournoyer les instruments de cuisine entre ses mains expertes. Elle portait un tablier fleurie impeccable. L'estomac de Féline gronda violemment, attirant l'attention de Mrs. Weasley qui parut enchantée de la voir :

-Ah ma petite Féline ! Remus m'avait prévenu que tu avais tendance à te lever tôt, je n'imaginai pas que c'était à ce point là, dit'elle en remuant joyeusement sa spatule entre ses doigts. Eh bien, puisque tu es là, que dirais tu de m'aider un peu ? Faire la cuisine pour plus d'une dizaine de personnes tout les jours est complètement épuisant. Alors ma chérie, vas prendre la grande casserole dans le fond et occupe toi de faire chauffer le lait, l'eau pour le café et le thé. Tout ce dont tu as besoin ce trouve sur le plan de travail à ta gauche.

Et voilà comment Féline, qui n'était venue à la base que se prendre deux ou trois toasts, se retrouvait aux côtés de Mrs. Weasley qui papotait joyeusement en cuisinant, à préparer un petit déjeuner complet pour une dizaine de personnes.

L'avantage, c'est que Féline n'eut pas à beaucoup parler. Mrs. Weasley s'en chargeait pour deux. Elle apprit donc que cette petite dame aussi rondelette qu'adorable -terrifiante, cela dépendait du moment-, avait deux frères : Gideon et Bastien, qu'elle avait rencontrée son marie à Poudlard (Féline avait suppliée Molly de lui épargner leurs romantiques ébats de jeunesse), qu'elle avait été à la maison de Gryffondor, qu'elle adorait les pommes de terres au lards grillés et que son rêve serait d'avoir un elfe de maison, à condition bien sur (mais est-ce vraiment utile de le préciser) que celui-ci ne ressembla pas à Kreattur.

Cela devait bien faire une heure que les deux sorcières discutaient quand une jeune fille rentra dans les pièce, visiblement attirée par l'odeur du bacon grillé. Ses yeux étaient encore alourdis par le sommeil, ses cheveux touffus partaient dans tout les sens alors qu'elle baillait à s'en décrocher la mâchoire. Elle portait un tee-shirt gris et un jogging noir trois fois trop grand pour elle.

La jeune fille salua Mrs. Weasley puis se tourna vers Féline, soudainement bien plus réveillée :

-Bonjours Féline, je m'appelle Hermione Granger. Je suis ravie de te rencontrer, Remus nous a souvent parlé de toi.

-Bonjour Hermione, répondit timidement la fillette, sa louche toujours à la main.

Hermione du sentir son malaise car elle entreprit d'aider les deux sorcières à installer le petit déjeuner sur la table sans lui parler davantage, bien que cela semblait la démanger.

Hermione eu donc tout le loisir d'observer la nièce de Remus : petite, brune avec des boucles qui lui tombaient en cascade sur les épaules, et dont le visage était légèrement parsemé de tâches de rousseurs. Elle était le parfait prototype d'une petite fille de dix ans, bien qu'elle en possédait treize. Mais visiblement un peu étourdie car elle oublia le lait qui chauffait et ne s'en rappela que lorsque celui-ci déborda brusquement de la casserole une fois que Mrs. Weasley lui ai paisiblement fait remarquer. Avec Tonks et sa maladresse légendaire, Molly était parfaitement habituée aux petites catastrophes.

Mais Hermione était fascinée et beaucoup à détacher ses yeux de ceux de Féline. Les yeux de la fillette étaient vairons et c'était la première fois qu'Hermione en voyait. Féline ne la remarqua pas la dévisager, elle semblait profondément perdue dans ses pensées et elle remuait distraitement le chocolat chaud, ses yeux vagabondant rêveusement d'un endroit de la pièce à un autre.

Lorsque tout fut prés, Molly partit réveiller ses enfants ainsi que tous ceux qui logeaient là.

Gentiment, Hermione s'assit à côté de la petite sorcière et l'appela, ce qui eu pour effet de faire émerger Féline de sa propre tête.

-Alors Féline, commença Hermione en empilant plusieurs toasts dans son assiette, tu as bien dormis ? Je t'envie tellement d'avoir ta propre chambre, Ginny n'arrête pas de ronfler c'est tellement épuisant.

-J'imagine que oui, répondit Féline.

-Tu ne parles pas beaucoup hein ?

Féline piqua un fard sous la remarque d'Hermione qui la regardait d'un air amusé.

-Je ne veux pas t'embêter tu sais, mais plus d'un mois sans se parler risque d'être un peu long si nous ne faisons pas un peu d'effort, tu ne penses pas ?

-Si, tu as raison. Alors, dit Féline en relevant la tête avec un sourire forcé mais le regard curieux, tu es une Née-Moldue ? Remus me l'a dit. Tu dois donc savoir te servir d'une grue ? Je me suis toujours demandée comment un objet aussi imposant pouvait bien tourner comme ça.

Hermione explosa joyeusement de rire sous le regard remplie d'incompréhension de Féline.

-Ho Féline, dit Hermione après avoir retrouver son calme, tu sais je ne suis jamais montée dans une grue. C'est un lieu réservé pour certains moldus, tout le monde ne peux pas y aller et encore moins moi qui ne suis même pas une adulte.

-Ah je vois, mais tu dois bien avoir une idée de comment cela marche pas vrai ?

-Je t'avoue que je ne me suis jamais posée la question à vrai dire, dit Hermione en fronçant les sourcils en se promettant intérieurement de faire des recherches là-dessus.

-Posée la question sur quoi ?

Les deux sorcières se tournèrent vers la porte de la cuisine. Sirius et Remus, en tenue décontractée, se tenaient dans l'embrasure de la porte et les regardaient d'un air curieux.

-Alors charmantes demoiselles, de quoi discutiez vous donc de si bon matin ? demanda Sirius en s'affalant sur une chaise et en se servant de généreuses portions de lards grillés.

-Féline voulait connaître le fonctionnement d'une grue, répondit Hermione.

Les deux adultes acquiescèrent d'un air amusé et entamèrent leur petit déjeuner en discutant de choses et d'autres avec elles. Féline commençait tout juste à tartiner ses toasts quand le pot de beurre qu'elle tenait dans ses mains s'échappa brusquement pour atterrir dans celles d'un rouquin qui souriait de toutes ses dents. Féline plissa les yeux pour s'assurer que sa vue ne lui jouait pas des tours mais non, effectivement, il venait de se dédoubler. Féline avait toujours été persuadée que dans une autre dimension, chacun possédait un double maléfique, mais voir sa théorie apparaître brutalement sous ses yeux était un peu violent à digérer, surtout des le matin.

-Fred, George ! Combien de fois devrais-je vous répéter de cesser d'utiliser la magie à tout bout de champs, cria Mrs. Weasley en surgissant derrière eux.

Les concernés gloussèrent en filant s'asseoir alors que le visage de Féline perdait un peu de sa soudaine pâleur. Fred et George, les jumeaux Weasley. Comment avait-elle donc bien put oublier ça ? Féline maudit son imagination débordante pour lui avoir fait un telle frayeur, stupide en plus.

Les deux jumeaux lui sourient et elle se rendit compte que cela faisait bientôt deux minutes qu'ils étaient arrivés et qu'elle n'avait toujours pas détournée son regard. Rouge de honte, la fillette plongea sa tête vers son bol de chocolat chaud et ne dit plus rien pendant de longues minutes. Les jumeaux, amusés par son comportement, décidèrent de lui demander si c'était parce qu'elle était attirée par leurs beaux corps de Dieux qu'elle les fixait ainsi.

Remus et Sirius avait l'air de beaucoup rigoler jusqu'à ce que Féline ne leur jette un regard noir. Remus prit soudainement peur, les yeux de sa nièce brillaient d'un air maléfique lorsqu'elle regardait les jumeaux. Quelques instants plus tard, Fred, aussitôt suivit de George, se leva précipitamment :

-De l'eau ! De l'eau ! hurlèrent les jumeaux, les mains à la gorge, le teint rouge et les yeux larmoyant. Pitié vite de l'eau !

Tout ceux présents explosèrent de rire en regardant les deux rouquins tentés vainement d'apaiser le feu qui leur dévorait la gorge. Féline les regardait d'un air victorieux, visiblement très contente d'elle même. Petite diablesse, pensa Remus amusé.

Ce derniers se pencha vers le bol d'une des victimes et y découvrit de la poudre rouge. Du piment. Quand et comment avait-elle donc réussie à en glisser dans les bols des jumeaux ? Remus se tourna vers sa nièce qui lui adressa un sourire angélique avant de se retourner pour profiter de la vu : il était vrai que voir les deux jumeaux Weasley sauter dans tout les sens en proie à une horrible sensation de brûlure sur leur palais était particulièrement distrayant.

Arthur Weasley du décréter que ses fils avaient suffisamment soufferts car il stoppa leur torture à l'aide d'un sortilège. Plusieurs visages déçus se tournèrent vers lui, avant de retourner à leurs déjeuner, un immense sourire moqueur accroché aux lèvres. Les jumeaux n'étant pas stupides, ils avaient parfaitement compris qui était à l'origine de leurs malheurs. Fred adressa un regard meurtrier à la jeune Lupin alors que Gorge la maudissait en lançant un Recurvite dans son bol.

Féline termina tranquillement son petit déjeuner en papotant d'inventions moldus avec M. Weasley et Hermione. Arthur semblait visiblement ravie de pourvoir discuter de sa passion avec une autre sorcière, ce qui eu pour effet d'effrayer légèrement la jeune Lupin avec toutes ses questions débordantes et son enthousiasme explosive.

-Bien, dit Remus en se levant. Féline, nous allons y aller. Molly, je pense que nous serons de retour pour le dîner.

-Où allez-vous ? demanda Mrs. Weasley en fronçant les sourcils.

-Au Chemin de Traverse. Féline doit aller acheter ses fournitures et je préfère y aller avant que ça ne soit encombré de monde.

-Remus, reprit Mme. Weasley d'une voix visiblement peu encline à discuter. Penses-tu qu'il est réellement intelligent d'emmener ta nièce qui n'est encore qu'une petite fille, dehors alors que nous savons tous ce qui si passe ?

Les jumeaux relevèrent la tête ainsi qu'Hermione pour fixer Molly et Remus qui se regardait en chien de faïence. Sirius observait Molly d'un air désapprobateur alors qu'Arthur continuait à manger, imperturbable à ce qui ce passait autour de lui (visiblement, les explications d'Hermione sur le fonctionnement des tondeuses à gazons occupaient encore toutes ses pensées).

-Molly, dit Remus en souriant poliment. Il me semble que je suis suffisamment qualifié pour protéger ma nièce de ce qu'il se passe dehors.

-Ce n'est qu'une enfant ! Elle ne devrait pas sortir ! Tu es irresponsable de vouloir la faire aller à l'extérieur. Une fillette comme elle n'a pas risquer sa vie à cause des décisions stupides de son tuteur, elle est mineure et ce sont des risques impensables que tu lui fais prendre.

-Navrée de vous déranger, mais je tiens à vous rappelez que je suis toujours là.

Les deux adultes se turent immédiatement. Féline les fusillait du regard, les bras croisés. Sirius eu un sourire en regardant Molly se couper nette dans son élan. Remus semblait sur le point de perdre son calme. Si il y avait bien une chose qui l'énervait au plus haut point, c'était qu'on lui reproche d'être irresponsable vis à vis de sa nièce. Une veine tapait violemment le long de sa tempe alors qu'il faisait tous les efforts possible pour rester calme. Molly ne se rendit pas compte que Remus était sur le point de craquer car elle allait reprendre son discours quand la voix très agacée de Remus reprit la parole en tentant de garder son calme :

-J'emmène Féline au Chemin de Traverse et même si tu ne l'approuves pas Molly. Sache qu'avec tout le respect que j'ai pour toi, ton avis là-dessus ne m'intéresse absolument pas.

-Vous dites vouloir protéger les enfants mais en réalité, à ne les mettre au courant de rien, vous les mettez bien plus en danger qu'autre chose, dit Sirius en fixant Molly. Ce n'est pas uniquement de votre faute, loin de là, mais de celle de tous les membres de l'Ordre.

-Sur ce, ajouta Remus que l'ambiance électrique de la pièce semblait le faire fuir, nous serons là pour le dîner.

Sous le regard choqué de Mrs. Weasley et impressionnés des autres sorciers présents, Remus attrapa le bras de Féline et l'entraîna hors de la cuisine.

Féline fila chercher sa veste et sa baguette magique dans sa chambre avant de redescendre précipitamment les étages jusqu'au salon où son oncle l'attendait avec une liste à la main. C'était celle que le professeur Dumbledore leur avait remis la veille est qui contenait la liste des fournitures dont Féline aurait besoin. Il leur avait donné une copie, sa véritable lettre arrivant sûrement vers le mois d'Août.

Féline le savait très bien, ils allaient emprunter la poudre de cheminette pour se rendre au Chemin de Traverse. Mais l'excitation de découvrir ce lieu mythique de Grande-Bretagne l'emporta sur la réticence de Féline face à ce mode de transport.

Remus ajuste sa veste marron et tendit son bras à sa nièce. Les deux Lupins s'avancèrent dans la cheminée et d'une voix claire, Remus donna leur destination alors que la fillette fermait les yeux pour éviter de se retrouver avec des cendres dans les yeux.

Lorsque Féline sentit son estomac cesser de faire des bonds dans tous les sens, elle se risqua à ouvrir un œil, puis deux. Elle sortit de la cheminée suivit de prés par son oncle et découvrit un pub chaleureux, aux charpentes de bois d'apparences usées mais sûrement fortes bien entretenues. Le lieu n'était pas réellement remplie mais plusieurs sorciers ou créatures magiques étaient reparties un peu partout dans la salle. Remus entraîna la fillette à sa suite jusqu'au comptoir tenu par un barman chauve et endenté mais qui leur adressa un sourire franc.

-Bonjour Tom, dit Remus. Nous nous rendons au Chemin de Traverse, mais avant nous allons te prendre deux boissons à emporter. Pour moi ça sera un double jus d'œillet merci.

-Et toi, que veux-tu boire ma grande ? demanda Tom en tendant le menu à Féline qui se pencha dessus.

Après quelques réflexions, Féline commanda un jus de citrouille. Le barman leur tendit leurs commandes et leur souhaita une bonne journée avant de se tourner vers de nouveaux clients. Leur boisson en main, Remus et Féline se dirigèrent vers une petite porte au fond de la pièce qui donnait accès à une cour encerclée d'un mur de brique.

-Alors Féline, j'imagine que tu t'es documentée. Que sait-tu du Chaudron Baveur et du Chemin de Traverse ?

-Le Chaudron Baveur, répondit la fillette après avoir avalée sa gorgée, est le nom du pub pour le plus célèbre de Grande-Bretagne et qui donne accès au Chemin de Traverse. A sa construction, il était ouvert autant aux sorciers qu'aux Moldus, mais lorsque le fut mis en place le décret du secret magique, le pub dut se camoufler des Moldus. Quand au Chemin de Traverse c'est une rue commerçante pour sorciers avec pleins de boutiques et de restaurants.

Remus sourit, fière de la culture de sa nièce. Il tapota avec sa baguette sur une des briques et devant les yeux émerveillés de sa nièce, ils débouchèrent dans une grande rue colorée et animée. Des gens flânaient paisiblement le long des magasins, d'autres se présentaient leurs achats, des enfants se pressaient aux vitrines des boutiques, les marchants criant et vantaient leurs produits, tout cela dans un joyeux boucan.

Remus regarda sa nièce et lui tendit sa liste de fournitures. La fillette fronça les sourcils devant le nombres d'achats à effectuer et tourna la tête vers son oncle. Il se doutait qu'elle se tracassait pour leur argent. Remus n'était pas aussi pauvre que les Weasley mais il ne roulait pas sur l'or, loin de là.

-Ne t'inquiètes pas pour les dépenses Féline. Sirius a voulut y participer et en tant qu'héritier de la famille Black, cet idiot est plus riche que le Ministre de la Magie en personne. Sirius a tellement d'or qu'il ne sait pas quoi en faire alors si il peut se rendre utile, crois moi bien qu'il le fera.

-Et tu as accepté ? demanda Féline très sceptique.

Son oncle n'acceptait jamais d'argent en temps normal. Il refusait la pitié de quiconque.

-A vrai dire, marmonna Remus, il ne m'a pas réellement laissé le choix.

Féline explosa joyeusement de rire et entraîna son oncle dans la première boutique : Fleury et Bott. Si on avait demandé à Féline à quoi ressemblait cette boutique, elle aurait simplement répondue « à une bibliothèque, une géante bibliothèque ». Et cela semblait être une parfaite description. Les murs étaient invisibles, recouverts par d'immenses étagères, toutes remplies de livres. Des tables occupaient l'espace centrale et croulait de bouquins qui traitaient de tous les sujets possibles et inimaginables allant de Comment faire une beauté à son hiboux empaillé à Les théories de Merlin contestés ou démontrés en passant par Les treize sorts infaillibles pour devenir un mari exemplaire. Mais le préféré de Féline restait incontestablement Le guide des sorts inutiles et oubliés, « Comment avoir des poils de nez frisés ».

Remus avait commencé à lire un livre, La magie noire, est-elle uniquement un fléau ? et avait laissé à Féline le soin de trouver tous les livres dont elle allait avoir besoin. Un peu perdue devant cette immensité de livres, elle se dirigea vers ce qui semblait être l'employé de la boutique. C'était un homme qui avait visiblement passé la cinquantaine et qui était occupé à ranger dans une minuscule étagère, plusieurs bouquins identiques.

-Bonjour, dit Féline en s'avançant.

Le vendeur tourna brusquement la tête vers elle et avant qu'elle ne puisse lui demander les renseignements dont elle avait besoin, il descendit de l'échelle sur laquelle il était perché et lui demanda d'une voix brusque :

-Élève de Poudlard ?

-Euh oui c'est ça, répondit la fillette prise de court.

-Vous rentrez en première année ?

-Troisième, corrigea Féline légèrement vexée.

-Alors suivez moi, je sais très bien ce que vous voulez, les manuels évidemment. J'ai la liste des livres dont chaque année à besoin avant sa rentrée scolaire, le directeur de Poudlard prend soin de me les envoyer tous les ans. Alors, continua t'il en arrivant devant une grande étagère, il vous faut donc le livre de Miranda Fauconnette, Mille herbes et champignons magiques de Phyllida Augirolle, Vie et Habitats des Animeaux Fantastiques de Norbert Dragonneau, le Manuel du cours moyen de métamorphose et Théorie des stratégie de défense magique de Wilbert Eskivdur, un livre épouvantable si vous voulez mon avis, termina t'il en hochant la tête. Quelles options avez vous choisie ?

-Études des Runes et Soins aux Créatures Magiques.

-Bien alors vous aurez besoin de Aide à l'Étude des Runes et du Monstrueux Livres des Monstres, dit le vendeur en soupirant à lisant le dernier livre de la liste.

-J'aurais également besoin d'Histoire de la Magie de Bathilda Tourdesac s'il vous plaît.

-Mais voyons, dit le vendeur en fronçant les sourcils, vous avez dut acquérir ce livre lors de votre première année non ? Ah moins que vous ne l'ayez perdue ? demanda t'il le regard soudainement orageux.

-J'étais scolarisée à Beauxbâtons avant, je n'avais donc pas les mêmes manuels ! s'empressa de se justifier Féline.

-Ho, se radoucit le vendeur, voilà donc que tout s'explique. Mais alors vous avez dut déjà étudier vos options, une de mes petites filles est à Beauxbâtons, Claire Wakdinks, je ne sais pas si vous la connaissez, elle est en sixième année. Elle m'a appris que là-bas, vous commencez vos options des la deuxième année.

-Oui c'est vrai, j'aurais peut être un peu d'avance sur la classe mais j'ignore si nous apprenons les mêmes choses à Beauxbâtons et à Poudlard.

-Vous vous plairez très certainement à là-bas. Bien alors cela vous fera un total de 14 Gallions, dit le vendeur en lui tendant ses paquets.

Féline lui remit la somme nécessaire, et partit rejoindre son oncle, grimaçant sous le poids de ses livres. Remus s'empressa de l'aider et lança un sort de légèreté et de réduction de taille aux paquets qu'il plaça ensuite dans un sac vide.

Alors qu'ils sortaient tous les deux de la boutique, Remus entraîna Féline dans le sens inverse de leur destination initiale.

-Nous allons aller chez Olivander afin de vérifier que ta baguette soit en bon état. Ça ne devrait pas être trop long, dit il en poussant la porte du magasin.

Féline entra et regarda autour d'elle. La boutique était sombre et semblait très ancienne. Derrière le comptoir, des centaines d'étuis de baguettes s'entassaient dans des rangements pleins à craquer.

-Bonjour, c'est pour une baguette ? demanda un vieil homme en surgissant de l'arrière boutique.

-Plutôt pour un contrôle, répondit poliment Remus.

-Ho, Remus Lupin. Quel plaisir de vous revoir. C'était du cyprès n'est-ce pas ? Avec un crin de licorne d'une incroyable qualité, récita le vendeur les yeux légèrement fous.

-C'est cela oui, dit Remus en posant une main sur l'épaule de Féline. Ma nièce va rentrer à Poudlard en troisième année et j'aimerais vérifier que ça baguette fonctionne correctement.

-Bien sur bien sur, répondit il distraitement en fixant la fillette. Un contrôle de baguette coûte deux Gallions, ça ira ?

-Il n'y a aucun problème, acquiesça t'il d'un sourire crispé en sortant la somme de sa bourse qui s'était considérablement allégée.

Remus avait prévu de ne pas utiliser l'argent que lui avait donner Sirius. Mais il n'allait pas avoir le choix finalement. Les livres coûtaient chers et ils leur restaient encore beaucoup d'achats à effectuer.

-Dans ce cas, dit l'homme en s'approchant de Féline, montre moi ta baguette mon enfant.

Elle fouilla dans sa poche avant de la tendre au vendeur non sans une légère réticence. Il s'en saisit avant de la manipuler avec le plus grand soin, un sourire ravi aux lèvres.

-Ho je reconnais la marque de fabrication de l'un de mes confrères, vous l'avez achetée en France n'est-ce pas ? Alors voyons voir ça... bois de cerisier, vingt-six centimètres et demi. Hum et elle contient une plume de Phénix. Je vois.

Le vendeur fit glisser ses longs doigts sur toute la surface de la baguette à la recherche du moindre petite défaut, traquant les éraflures et les fissures d'un œil expert.

-Parfaite pour les sortilèges à ce que je vois, continua t'il sous le regard ébahie de Féline. Très rigide. Oui c'est une baguette avec du caractère, c'est le cas de le dire. Mais si elle vous convient tant mieux. Bien alors voyons voir, hum... Gemino, dit il en pointant de la baguette la chaise posée dans un coin de la pièce.

Celle-ci se dédoubla instantanément. Satisfait, il rendit la baguette à sa propriétaire. Remus paya et entraîna sa nièce vers la sortie après avoir salué le vieil homme.

Le soleil était maintenant à son zénith et les estomacs des deux sorciers se manifestèrent violemment. Remus regarda sa montre et constata qu'il était déjà midi. Ni l'un ni l'autre n'avait vu le temps passer. Il emmena donc sa nièce manger dans un restaurant qui leur servie de délicieux Fish&Chips.

-Bien, dit Remus après avoir réglé l'addition, nous allons aller chez Mme. Guipure pour ton uniforme puis nous irons chez l'apothicaire.

Sa nièce acquiesça et le suivit jusqu'à une jolie boutique dont la devanture en bois clair venait visiblement tout juste d'être refaite. Sur la vitrine on pouvait lire l'inscription en lettres dorées : Madame Guipure, prêt-à-porter pour mages et sorciers.

Ils entrèrent dans la boutique quasiment vide, mise-à-part eux, il n'y avait que deux sorcières qui s'extasiaient sur une robe de couleur prune. A l'annonce de la clochette qui avait joyeusement tintée lors de leur entrée, une jolie femme replète et souriante se dirigea vers eux en trottinant. Elle devina immédiatement le pourquoi de leurs présences ici et entraîna Féline vers une cabine d'essayage. Décidément, les commerçants de cette rue semblait tous avoir un don pour deviner ce dont leurs clients avaient besoin, pensa Féline.

-Ou alors c'est simplement qu'ils ont l'habitude, dit Remus.

Devant l'air éberlué de sa nièce, il précisa avec un clin d'œil :

-Tu pensais trop fort.

Mme. Guipure les rejoignit, une pile de vêtements dans les bras. Elle fit grimper la sorcière sur un tabouret et lui fit enfiler l'uniforme. Au bout de quelques instants, la commerçante ne put s'empêcher de dire aux deux Lupins ses impressions sur le physique de sa cliente :

-Tu es bien petite ma chérie, il faut que tu manges plus. Tu n'es pas maigres à faire peur mais il est de mon avis que ce ne serait pas de mal que tu prennes quelques kilos de plus. Tu as une bouille si craquante, il ne faudrait pas que tu tombes malade parce que ta santé est fragilisée à cause de ton retard de croissance. Et pour combler ce retard, il faut manger ma chérie !

Féline rougit jusqu'aux pointes des oreilles alors que Remus étouffait mal ses éclats de rire derrière le rideau de la cabine. Féline avait l'impression de voir une doublure de Mrs. Weasley, visiblement pour cette dame également, la nourriture semblait résoudre tous les problèmes. Mortifiée, Féline ne décrocha pas un mot de la séance d'essayage ne relevant les yeux que pour fusiller son oncle du regard.

Après avoir payés l'uniforme, dont chaque exemplaire devait être acheté au moins cinq fois (question d'hygiène), ils se dirigèrent vers l'apothicaire où Féline fit rapidement le plein de ses ingrédients de potion. Ils en profitèrent pour lui racheter un chaudron, le sien ayant explosé l'année dernière après un malheureux accident lors d'une potion qui avait mal tournée.

Puis le moment que Féline attendait tant arriva. Ils marchèrent quelque temps dans la rue, en profitèrent pour s'acheter deux crèmes glacés chez Floran Fortarôme. Féline choisie une crème glacée à la vanille alors que son oncle opta pour une au chocolat. Cela n'étonna pas la fillette, tout ce qui était à base de chocolat finissait dévoré par Remus.

Ils arrivèrent devant un magasin dont l'enseigne indiquait : Animalerie Magique, mettez de la joie dans votre quotidien. Féline passa devant son oncle et rentra la première dans la boutique. Le plafond était remplie de chouettes et hiboux, posés sur des perchoirs ou sur les larges poutres qui tapissaient le haut de la pièce. Des mangeoires étaient accrochés au plafond et des roucoulements faisaient office de musique en continue.

Des dizaines de chats étaient paisiblement endormies dans des paniers où somnolaient près des fenêtres, profitant du soleil.

Dans un immense vivarium, des serpents ondulaient en sifflants, fixant les rats qui couraient dans leur cage.

Féline commençait tout juste à examiner les oiseaux d'un air très curieux quand un homme ayant dans la vingtaine apparut au comptoir. Il déposa une boite remplie de nourriture pour les volatiles et s'apprêtait à repartir vers l'arrière-boutique quand Remus l'interpella pour lui acheter le nécessaire pour le futur animal de sa nièce.

Celle-ci s'était arrêtée depuis un moment devant le panier d'un adorable chaton blanc qui ronronnait sous ses caresses. Se décidant à le choisir, elle releva la tête pour interpeller son oncle.

Mais avant d'avoir pu dire quoique ce soit, Féline croisa le regard d'un chat qui la fixait d'un air presque hautain.

Ayant capté son attention, celui-ci sauta souplement au sol et s'approcha d'elle. Sans la quitter des yeux, il s'assit à quelque centimètres d'elle, balayant patiemment l'air de sa queue.

Le félin avait une magnifique fourrure noire comme une nuit sans étoile. Ses muscles fins roulaient sous son pelage lorsqu'il bougeait. Ses iris étaient d'un jolie vert et brillaient d'intelligence.

Féline posa une main à quelques millimètres du museau du chat, lui laissant le choix de partir ou non. À la place, celui-ci inclina la tête vers elle et accepta sa caresse.

-Bah ça alors, s'exclama le vendeur en les regardant. C'est bien la première fois que je le vois se laisser caresser par qui que ce soit.

-Que vous voulez dire ? demanda Remus.

-Voyez vous M'sieur, ça fait des mois que je travaille ici et jamais ce chenapan n'a laissé quelqu'un s'approcher de lui à ce point. Vous le prenez Mam'zelle ?

Féline regarda à nouveau le chat qui semblait guetter sa réponse, immobile. Elle jeta un coup d'œil à son oncle qui acquiesça gentiment. Tout sourire, Féline se tourna vers les deux hommes et déclara :

-Oui, c'est celui-là que je choisie.

-Très bon choix Miss. Voilà un panier et de la nourriture pour deux mois. Alors, c'est un chat de la race des Bombay et âgé de trois ans, cela fera donc 15 Gallions.

Remus paya tandis que Féline plaçait son nouvel ami dans son panier de transport. Celui-ci dut le trouver très confortable car il ronronna de contentement.

-Alors, demanda Remus, comment comptes tu l'appeler ?

-J'hésite entre Cornélius et Minnows, dit la fillette en fixant son chat. Qu'est-ce que tu préfères ?

-J'aime bien Minnows, dit Remus. C'est original.

-Je ne te parlais pas à toi, répliqua sèchement sa nièce. Alors mon beau, tu veux que je t'appelle comment ? Cornélius ?

Le chat poussa joyeux miaulement en réponse ce qui eu pour effet de le baptiser Cornélius. En papotant joyeusement, les deux Lupins retournèrent en direction du Chaudron Baveur, sans se presser. Ils firent un crochet par la boutique de Quidditch et se décidèrent à rentrer lorsque la chaleur commença à baisser.

Ils ne croisèrent personne une fois rentrés au 12 Square Grimmaurd, tout le monde devaient être à la cuisine ou dans les chambres. Féline monta donc ses paquets dans sa chambre et en profita pour les déballer tranquillement.

Cornélius se dirigea vers Hamlet. Les deux animaux se fixèrent un instant avant de se détourner l'un de l'autre, totalement devenus indifférents. Cornélius sauta sur le lit et s'y logea entre les oreillers afin d'y piquer un petit somme.

Féline rangea son uniforme dans son armoire et déposa ses livres sur son bureau et remarqua un bout de parchemin avec quelques mots griffonnés dessus. C'était de la part d'Hermione, elle lui demandait de venir la rejoindre dans sa chambre lorsqu'elle serait rentrée afin de la présenter aux autres. Après avoir lut le petit mot, elle avala de travers, une légère boule d'angoisse se formant dans sa gorge.

Féline s'approcha de son calendrier pour barrer une nouvelle case. La journée était passée tellement vite.

Elle respira un bon coup et ouvrit la porte pour aller rejoindre Hermione dans sa chambre. Il était grand temps qu'elle devienne un peu sociable.