Féline était petite. C'était un fait, tout simplement.
Pour une fille de son âge, elle paraissait plus jeune d'au moins un an, si ce n'est pas deux. Elle avait toujours détestée son corps d'apparence faible et chétif, ses bras et ses jambes dépourvues de muscles, sa poitrine toute plate et sa petite taille. Mais pour une fois, la fillette aurait aimée devenir encore plus petite. Se changer en une minuscule souris et être invisible aux yeux de tous. Cela était impossible malheureusement, car elle n'était ni une métamorphomage ni une animagus. Dommage.
D'un air dégoutté, Féline retira la peinture qui lui obscurait la vue.
Les jumeaux Weasley avaient encore frappés.
Ils avaient apparemment trouvés très amusant de faire léviter un pot de peinture multicolore et de le lâcher sur la jeune Lupin. Celle-ci se retrouvait donc en plein milieu du salon, réduit au rôle d'un arc-en-ciel humanoïde sous les rires des jumeaux et de Sirius.
-Très amusant, maugréa Féline.
-Heureux que tu apprécies notre humour la gnome, dit George.
-Je pense que tu vas lancer une mode, pouffa Sirius.
Féline leur adressa un regard noir avant de se jeter sur les jumeaux avec le reste de peinture. Bientôt, la maison pouvait compter trois arc-en-ciel humanoïdes plus ou moins peinturlurés en plus, Sirius n'avait pas été épargné par sa fureur vengeresse. Inutile de préciser que Mrs. Weasley était dans une colère noire devant le désordre que tout cela avait engendré et qu'elle décida que les faire nettoyer le salon de fond en comble à la main, façon moldue, serait une punition parfaitement adéquate.
Sous le regard moqueur de son oncle et celui très amusé de Hermione et Ginny, Féline passa donc le reste de l'après-midi à nettoyer la pièce, de la peinture séché dissimulant ses habituelles boucles châtains.
Tout en s'acharnant sur une trace de peinture particulièrement bien ancrée dans le parquet, Féline maudissait les jumeaux du mieux qu'elle pouvait. Ces sombres crétins ne perdaient rien pour attendre. Au Diable les recommandations de son oncle et de Dumbledore, si elle avait un don, il fallait bien que celui-ci lui serve à quelque chose nom d'un Hippogriffe mal léché !
Ho que oui, sa vengeance serait terrible. Avec un peu de chance, Hermione pourra l'aider un peu et Ginny serait sûrement très volontaire pour embêter ses frères.
Les trois jeunes sorcières s'entendaient très bien. Hermione et Féline possédait le même amour pour la connaissance et les livres et Ginny avait trouvée une nouvelle amie bien plus volontaire que Hermione pour jouer de mauvais tours à ses frangins. De plus, Ginny était bien contente de ne plus être la plus jeune pour une fois. Elles se retrouvaient quasiment tous les soirs dans la chambre de Féline, le seul endroit à peu prés calme de la maison, pour discuter de choses et d'autres. Féline demandait beaucoup de choses sur Poudlard, comment accéder aux cuisines par exemple.
Avec les autres Weasley, selon le Weasley en question, le courant passait plus ou moins bien. Étant une fillette correcte et bien élevée, Féline parlait toujours poliment, peu importe si elle appréciait ou non la personne. Cependant, elle magnait très bien l'expression et les nuances de la langue et si l'on était bien attentif, il n'était pas rare d'entendre deux ou trois sarcasmes dans les phrases de la fillette.
Elle s'entendait très bien avec Charlie, bien qu'il l'impressionnait un peu. Son travail la fascinait et Charlie était toujours ravi de lui parler de ses dragons, qui lui manquait un peu d'ailleurs. Il les avait laissé en Roumanie pour rejoindre l'Ordre.
Ron était plutôt gentil, bien qu'il s'exprimait comme un manche à balais.
Quand aux jumeaux, mieux valait ne pas en parler. Féline avait beaucoup de mal à les suivre. Un instant ils se comportaient gentiment avec elle, riant et se montrant curieux envers la jeune sorcière et l'instant d'après, ils devenait froids, ne lui adressant plus la parole et la prenaient pour cobaye à leurs farces.
Ce n'était pas méchant en soi, mais leurs changement d'attitudes fréquents envers elle avait tendance à fortement l'agacer.
Ginny disait que tout cela était normale. Fred et George voulaient simplement savoir si elle était suffisamment ouverte d'esprit pour accepter leurs blagues. D'après elle, ils l'aimaient bien au fond mais ils ne pouvaient s'empêcher de l'embêter quand ils la voyaient, cette attitude bipolaire n'étant, soi-disant, pas volontaire.
-Peut être, mais ce n'est pas comme ça que je vais apprendre à les supporter, grommela Féline en s'affalant sur son lit.
Ginny et Hermione se regardèrent amusées. Féline semblait exaspérée mais un sourire restait accroché à son visage lorsqu'elle regardait ses mèches encore peinturlurées. Au fond, elle aussi les aimaient bien.
Cela faisait maintenant vingts jours que Féline était arrivée au 12 Square Grimmaurd.
Vingts jours que Féline occupait ses journées entre le ménage de l'immense battisse, devoirs de vacances et espionnage de l'Ordre du Phénix. Vingts jours que Féline se faisait engraisser par Mme. Weasley qui s'inquiétait de son physique si "frêle" selon elle, que Hermione lui courrait après pour tout savoir de Beauxbâtons, que Ron lui demandait tous les détails de sa vie -ce qui agaçait bizarrement Hermione-.
Vingts jours que les jumeaux Weasley avaient découvert à quel point l'imagination de Féline regorgeait d'excellentes idées pour leurs projet de magasins de Farces et Attrapes, et qu'ils l'avaient désignés comme leur associée, après avoir fait ce que l'on pourrait qualifier de paix.
Le mois de Juillet touchait maintenant à sa fin. Encore un peu plus d'un mois et Féline découvrirait Poudlard. C'était bien la première fois qu'elle attendait la rentrée avec autant d'impatience !
Ce soir-là, lors du dîner, Sirius et Remus parlait dans un coin à voix basse ; Mr. Weasley les écoutaient, visiblement inquiet. Du peu que Féline pouvait entendre de sa place, ils débattaient à propos d'un sorcier de premier cycle qui aurait commit une infraction. Une sombre histoire de Détraqueurs.
Et partout autours d'elle, des regards soucieux étaient échangés. Visiblement, tout le monde étaient au courant et personne ne semblait se soucier d'informer Féline de ce qui se passait.
Vexée et ne voulant pas se rabaisser à leur demander ce qui se tramait, Féline planta sa fourchette dans ses pommes de terres d'un air rageur. Fred reçut un bout de purée sur le nez et jeta un regard surpris à la fillette qui s'acharnait avec mauvaise humeur sur son repas. Il haussa un sourcil et interrogea son jumeau du regard mais George lui fit signe qu'il n'en savait pas plus que lui.
-Arthur peut être devrions-nous attendre Maugrey pour parler de Ha... Enfin, se reprit Mrs. Weasley en jetant un rapide coup d'œil à Féline, de Vous-Avez-Compris-De-Qui-Je-Veux-Parler.
-Ne vous dérangez pas pour moi, dit Féline en se levant dignement, je n'ai plus faim.
Quelques secondes plus tard, Féline avait disparue de la cuisine, mais on pouvait entendre ses pas monter bruyamment les marches du grand escalier. Dans la cuisine, tout le monde fixait la porte d'un air surprit, voir gêné. Remus soupira et se passa la main sur le visage.
-C'est évident, dit Mr. Weasley, qu'elle a compris que nous lui cachions quelque chose. Cela ne m'étonne pas qu'elle soit vexée. Comment auriez-vous réagit à sa place, si vous étiez les seuls à ignorer une chose que tous ceux autours de vous connaissent et vous cachent ?
-Là n'est pas la question Arthur ! dit Mrs. Weasley. Féline ne connaît pas Harry, il ne faut pas que sa première impression envers lui soit de voir un délinquant.
-Harry n'est pas un délinquant, grinça Sirius des dents.
-Du point de vue du Ministère, il l'est, dit Remus.
-Du point de vue qui les arrangent !
-Calme toi Sirius, dit Mr. Weasley d'une voix apaisante. Ce qui vient de se produire ce soir est très grave et Harry va avoir beaucoup d'ennuis à partir de maintenant. Le monde sorciers, grâce au Ministère, le prend pour un fou et un menteur et Harry va avoir besoin de nous tous. Je pense sincèrement que Féline est suffisamment intelligente pour ne pas juger une personne selon des rumeurs.
-Tu as raison, admit . Remus et Sirius, vous devriez allez lui parlez, quand pensez vous ?
-Moi ? demanda Sirius. Je ne pense pas être le mieux placé pour lui parler.
-Allons, tu es le parrain de Harry.
Sirius grommela mais accepta tout de même d'accompagner Remus pour subir la colère de la fillette.
« Fillette ».
Féline était pourtant dans l'année de ses treize ans, mais elle paraissait en avoir tout juste dix, voilà pourquoi tout le monde la traitait comme une petite fille.
Chose qui avait le don d'amuser grandement Remus : Féline était dotée d'une grande intelligence et ouverture d'esprit et pourtant, tout le monde la considérait comme une enfant à cause de son physique. Que le monde était étrange.
Mais il se trouva que Féline n'était ni dans sa chambre, ni dans le salon, ni dans la cuisine, ni dans la salle de bains, ni dans aucune autres pièce de la maison d'ailleurs.
Elle avait fichue le camp. Littéralement.
Cornélius et Hamlet n'étaient plus là, ce qui signifiait qu'elle les avaient emmenés avec elle. Toute ses affaires en revanche, étaient présentes, mise à part sa baguette.
Remus vit Hector, son hiboux s'envoler pour se poser sur son épaule en hululant doucement. Visiblement, il souhaitait qu'il lui ouvre la fenêtre afin qu'il puisse aller chasser. Remus s'exécuta et le hiboux s'envola dans le crépuscule.
Inquiet, Remus dévala l'escalier suivit de Sirius et arriva tel un boulet de canon dans la cuisine !
-Féline est partie, dit-il précipitamment.
-Elle n'a pas pu aller bien loin, dit calmement Mr. Weasley. Je ne pense pas que Féline prendrait le risque d'utiliser la magie si elle n'est pas en danger.
-Peut être, se risqua Ron entre deux cuillères de gâteau, qu'elle est simplement partie se promener. C'est pas vraiment agréable de rester enfermé à longueur de journée.
-Ron a sûrement raison, acquiesça Mrs. Weasley soudainement affolée. Mais dépêchons nous de la retrouver avant qui ne lui arrive malheur !
-Du calme Molly, dit Sirius en attrapant son assiette remplie de dessert. Cela m'étonnerait que Voldemort attende tapis derrière nos poubelles pour nous attaquer dés que l'un de nous poserait le pied dehors.
-Sirius ! s'indigna Molly.
Le concerné se contenta de hausser les épaules, peu intéressé par le discours moralisateur de la matriarche Weasley.
-Je pars la chercher, quelqu'un désire m'accompagner ? demanda Remus en enfilant sa veste.
Les jumeaux esquissèrent un mouvement pour se lever mais se rassirent précipitamment sous le regard noir de leur mère. Sirius eu une moue désolé, ne pouvant pas sortir de la maison à cause de sa réputation de criminel.
M. Weasley attrapa donc sa baguette qui traînait sur la miche à pain et mit rapidement son feutre, couvrant ainsi sa calvitie naissante.
Les deux hommes sortirent de la maison et s'arrêtèrent un instant pour contempler le ciel bleu de cette belle fin de juillet, qui commençait lentement à s'assombrir. La lune se levait paisiblement alors que quelques étoiles légèrement en avances décoraient déjà le ciel d'été.
Silencieusement, ils marchèrent au hasard pendant de longues minutes, déambulant dans les rues encore animées de Londres. Les lampadaires s'allumaient au fur et à mesure de leurs pas alors que les bars se remplissaient peu à peu et que les magasins fermaient leurs portes.
Soudain, Remus releva la tète, un sourire flottant sur son visage mal rasé. Un piéton qui ne l'avait pas vu s'arrêter, lui fonça dedans. Alors que Remus se rependait en excuses, le jeune homme avait terminé d'épousseter ses vêtement et le fixait désormais avec une moue concentrée.
-Mais oui, fini t'il par s'exclamer ! Vous êtes le professeur Lupin, je vous reconnais.
Surpris, Remus se contenta de hausser fortement les sourcils et de dévisager le jeune homme. C'était un garçon âgée d'environs une vingtaine d'années, aux yeux clairs et dont les cheveux bruns balayaient négligemment son front. Il portait un costume de moldus et avait un grand sourire plaqué sur le visage.
-Vous ne devez pas vous rappeler de moi, dit le garçon avec un sourire légèrement déçu. Je m'appelle Edward McClive, j'étais en dernière année d'études à Poudlard à Poufsouffle quand vous étiez professeur.
Cela fit tilt dans la tête de Remus.
-Je me souviens de vous oui. Que devenez-vous ? dit il, content de revoir un de ses anciens élèves et surpris que celui-ci prennent la peine de le saluer alors que grâce au professeur Rogue, tout Poudlard savait sa véritable nature.
-J'ai repris l'entreprise familiale moldus de mes parents dans la couture, je crois que j'ai toujours été fais pour ça. Quand à la magie, elle me permet de rendre mes créations véritablement féerique si l'on puis le dire ainsi ! termina-il en rigolant.
-Et comment va Miss O'Dansy ? Vous étiez toujours fourrés ensemble si mes souvenirs sont exactes, dit Remus avec amusement, se rappelant de l'étrange duo que les deux élèves formaient lors de leurs scolarité : rare étaient les amis entre Serpentard et Poufsouffle.
-Élisabeth ? Ho elle va très bien, ria joyeusement Edward. Elle est actuellement très stressée pour nos préparatifs de mariage, mais elle est toujours aussi ravissante.
-Toutes mes félicitations, dit Remus. Je ne dirais pas que je suis très surpris par la nouvelle mais en tout cas, vous ne pouviez pas souhaiter plus jolie demoiselle à votre bras, conclu t'il avec un sourire.
-Et vous professeur ? demanda le jeune homme, soudainement soucieux. Je veux dire, vous vous en sortez ? Si vous avez besoin de quoi que ce soit .
-Edward, je vous remercie ; votre générosité et votre sollicitude me touche mais tout va très bien.
-Alors tant mieux. Beaucoup d'élèves se sont inquiétés pour vous, ceux qui souhaitaient votre départ étaient bien peu nombreux.
-Merci pour vos gentilles paroles, j'ai été plus que ravi de vous croiser. Tout mes vœux de bonheur et saluez Miss O'Dansy de ma part.
-Au revoir professeur, salua gaiement le jeune homme en s'éloignant.
Mr. Weasley qui était partit admirer une vitrine d'objets ménagers moldus durant la durée de l'échange entre les deux hommes, se redirigea vers Remus, un sourire rêveur sur le visage. La « magie » des objets moldus faisaient une fois de plus effets sur lui.
L'ancien professeur, quand à lui, suivait des yeux le jeune homme, il avait pu constater que le temps qui s'écoulait n'avait en rien entacher la joie de vivre de son ancien élève.
-Alors, finit par demander Mr. Weasley, tu as une idée d'où est Féline ? J'imagine que oui, sinon tu n'aurais pas pris le temps de discuter avec ce jeune homme.
-Féline se trouve là-bas, dit Remus en montrant un parc d'apparence fort agréable derrière lui. Tu peux rentrer au Square Grimmaurd, je me charge de la ramener à la maison.
Mr. Weasley lui adressa un bref signe de tête et transplana après avoir vérifié que personne ne leur prêtait attention. Une fois seul, Remus se dirigea d'un pas tranquille vers le parc.
C'était un joli endroit où le temps et les saisons semblaient s'être figés. La nature resplendissait de vie, malgré les jours chaud ou orageux de cet été 1995. Les fleurs n'avaient pas encore fanées et affichaient leurs plus belle parure avant qu'il ne soit trop tard. Quelques enfants jouaient encore sur les pelouses joliment entretenues sous le regards attentifs de leurs parents ; quelques couples profitaient de l'intimité qu'offraient les bosquets alors que plusieurs grands-mères assises sur un banc parlaient de leurs jeunesses, leurs vieilles mains fripées et usées par le temps, tenant fermement leurs cannes en bois.
Finalement, au détour d'un parterre de tulipes, Remus aperçu une petite fille assise sur une balançoire. Elle portait une salopette en jean et un tee shirt banc qui faisait ressortir ses boucles châtains. Elle regardait les étoiles avec un sourire rêveur, ses pieds se balançant dans le vide, un chat lové dans ses bras. Près d'elle, au sol, se tenait un bocal avec un poisson rouge alors qu'un immense hiboux surveillait la fillette depuis le haut que portique. Finalement Hector l'avait retrouvé avant lui.
Doucement, Remus s'assit sur la deuxième balançoire et se mit à contempler à son tour le ciel joliment décoré.
-Tu es fâché contre moi ? finit par demander Féline d'une petite voix.
-J'aurais préféré que tu ne t'en ailles pas comme ça mais je peux difficilement te faire des reproches. Tu as le droit d'être en colère, je l'aurais été aussi à ta place.
-Alors, hésita Féline, tu vas me dire ce qui ce passe ?
Remus soupira.
-Ça concerne Harry Potter, finit-il par dire en se grattant l'arrière de la tête, visiblement gêné. Je préférais que tu vois ça par toi même car je ne suis pas sur de trouver les bon mots pour te l'expliquer.
Féline fit les yeux ronds, tellement surprise par la proposition de son oncle. Elle le fixa plusieurs secondes, cherchant à comprendre si il rigolait ou non avant de s'apercevoir qu'il était sérieux.
-Mais tu ne veux jamais d'habitude. Tu dis que c'est mal de lire dans les pensées des autres parce que je viole l'intimité d'autrui !
-Ton don ne dois être utilisé qu'à quelques occasions. Je t'autorise à lire en moi mais ne t'égare pas, je ne veux que tu lises uniquement ce qui concerne Harry Potter et les évènements de la soirée, d'accord ?
Féline hocha la tête.
Et elle comprît.
Après quelques secondes qui parurent bien longues à Remus, Féline ouvrit à nouveau les yeux.
La fillette ne souriait plus, elle se contentait de fixer ses pieds d'un air troublé. Remus savait que bien qu'elle avait fait de son mieux, mais hélas, Féline avait vu plus de choses qu'elle ne l'aurait du.
-Tu l'aimais beaucoup n'est-ce pas ? murmura t'elle finalement.
Remus comprit immédiatement de quoi elle parlait. Rare étaient les sujets qui pouvaient peiner sa nièce. Celui-là était sans doute parmi les pires. Il avait souvent pensé à le mettre dans une pensine, afin de laisser son cœur oublier mais il n'avait jamais pu se résoudre à abandonné ses souvenirs si précieux et pourtant si douloureux.
-Elle était tout pour moi oui, finit-il par avouer en croisant ses mains, le regard vagabonnant sur la cime des grands pins environnants. Je ne me remettrai jamais vraiment de sa perte. J'étais complètement perdu mais toi, tu étais là, encore si petite, alors je me suis relevé pour toi. Je me suis battu pour toi comme je le ferais toujours d'ailleurs.
-Tu me parleras d'elle un jour ? demanda Féline, relevant les yeux vers son oncle.
-Un jour peut être, finit par répondre Remus.
Un nouveau silence passa. Cornélius sauta des genoux de sa maîtresse et partit jouer avec le hiboux de Remus, faisant semblant de le chasser, Hector s'envolant des que le félin s'apprêtait à bondir.
-J'aimerais être une personne normale.
Remus attrapa la main de sa nièce. Les yeux vairons de Féline étaient remplies de chagrin. Et Remus sentit son cœur se serrer.
Elle était si jeune et elle portait pourtant un si lourd secret. Il se revoyait à son âge, dans l'angoisse ne n'être jamais accepté, de devoir toujours fuir, hanté par un secret qui vous dévorait de l'intérieur chaque jours un peu plus. Féline n'était pas un loup-garou. Mais son fardeau n'était pas plus léger pour autant.
-Tu es une sorcière Féline, dit Remus en souriant, et de par ce fait tu es déjà spéciale. Mais tu as un don qui te rend unique, sois en fière.
-Comment pourrais-je être fière de quelque chose que je ne contrôle pas ? Que je dois garder secret ?
-Avec le temps, tu parviendras à le maîtriser, tu verras. Tu y arrives déjà de mieux en mieux. Je vois tes progrès et tes efforts. Aucun accident n'est arrivé depuis le début des vacances, n'est-ce pas une preuve ? Quand à le garder secret, c'est une nécessité par les temps qui courent, si jamais cela se savait tu pourrais alors être mise en grand danger.
-Je pense que tu exagères un peu les choses, dit Féline en recommençant à balancer ses jambes dans le vide.
-Je suis sérieux Féline, les forces de Tu-Sais-Qui seraient sans doute plus que ravie d'avoir une personne telle que toi dans leurs rangs.
-Mais regarde moi, je ne suis qu'une gosse ! Je ne le contrôle pas, en quoi pourrais-je bien leur être utile ?
Remus se passa une main sur son visage fatigué. Féline était beaucoup trop insouciante. Le monde avait bien changé en quelques mois, elle risquait beaucoup de choses désormais. Si son secret en venait à être connu par Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom, le pire serait à prévoir ; pour elle comme pour tout le reste de la Grande-Bretagne. Voir du monde.
-Un jour Féline, tu comprendras ce que signifie vraiment être une Legilimens Élémentaire.
