King Cross était immense. De toute sa vie, jamais Féline n'avait vu une gare aussi grande. Toute en briques rouges et de style victorien et où une immense horloge presque aussi grande que celle de Big Ben trônait au fond du bâtiment. Et alors que les trains attendaient patiemment l'heure de leur départ, les voyageurs se pressaient en direction de leur quai, grouillants et s'agitant comme des insectes au sein d'une grande fourmilière.

À l'abri des regards, Féline et Remus venaient de transplaner dans une minuscule ruelle adjacente à l'entrée de la gare et s'étaient dirigés vers elle.

-Viens, dit Remus, on va aller prendre un chariot pour tes affaires. Ton quai est à l'autre bout de la gare et je ne compte pas traîner ta valise sur tout le long.

Elle leva les yeux au ciel en souriant. Remus chargea l'immense valise sur le chariot puis Féline y déposa par-dessus le panier de Cornélius. Remus poussa le chariot, traversant la gare au pas de course, Féline trottinant presque afin de rester à sa hauteur. Ils dépassèrent un kiosque à journaux, le poste des contrôleurs, le guichet et finirent par se retrouver entre les voies 9 et 10. Perplexe, Féline lança un regard sceptique à son oncle qui lui sourit.

-Tu vois cette grande barrière là-bas ? Nous allons foncer dessus.

Un rire nerveux échappa à la fillette. Qu'est-ce que c'était que cette histoire ? Un portail magique était certes parfaitement probable mais l'idée de risquer de s'écraser contre un mur pour avoir la même tête que Pattenrond ne l'enchantait pas plus que ça.

Lorsqu'elle se rendait à Beauxbâtons, c'était une toute autre organisation. L'école se situant dans les Pyrénées, le pays avait été divisé en plusieurs zones, toutes contenants un point de ralliement où devaient se rendre les élèves de la région. Là-bas, ils montaient dans d'immenses carrosses tirés par des Palominos, des chevaux ailés de la taille d'un éléphant. Les carrosses étaient incroyablement raffinés et luxueux, les multiples bagages tenaient sans aucun mal sur le toit et le voyage ne duraient pas plus de quelques heures, même pour ceux qui habitaient le plus loin comme Féline. À l'époque, son oncle la déposait en transplanant depuis l'Angleterre au point de ralliement le plus proche, non loin du Havre.

À présent Féline allait devoir foncer dans un mur. Ça la changeait plutôt radicalement. Déglutissant, elle lança un regard peu convaincu à son oncle. Rieur, celui-ci lui dit de venir devant lui et de tenir fermement le chariot. Puis après vérifiés à gauche et à droite que personne ne les regardait, ils s'élancèrent à pas vif vers la barrière avant de se mettre à courir.

Le mur se rapprochait de plus en plus, et par Merlin, il avait l'air sacrément solide. Féline ferma les yeux, plaçant ses mains devant son visage pour se protéger du choc de la collision. Remus s'arrêta alors de courir.

-Tu peux regarder, trouillarde.

Féline ouvrit les yeux et se trouva nez à nez avec le visage goguenard de Fred à quelque centimètre de sa propre tête. Elle regarda autour d'elle, découvrant une immense locomotive à charbon rouge vif qui crachait des volutes de fumés par dessus la foule de parents d'élèves venus dire au revoir à leur enfants et aux élèves qui s'élançaient dans de joyeuses retrouvailles. Ils étaient arrivés sur le quai 9 3/4.

-T'es toute pâle banane, reprit Fred en riant, t'as eu si peur que ça ?

-Ne me dit pas que tu ne t'es pas méfié la première fois ? répliqua Féline, boudeuse.

-On a foncés dans le tas avec George !

-N'écoute pas ce casse-cou, dit Mrs. Weasley en arrivant par derrière. Une fois il a trouvé l'idée amusante de faire du saut en parachute depuis le haut des escaliers. Son avis n'est pas recevable, crois moi.

Fred leva les yeux au ciel et partit rejoindre son frère qui discutait avec un autre garçon. L'instant d'après, ils avaient tous les trois disparus dans le train. Mrs Weasley se tourna vers son mari qui souhaitait un bon voyage à Ron et Harry, lui demandant si tout le monde avait bien ses bagages.

Ginny et Hermione embrassaient chaleureusement Tonks et Féline distribuait quelques caresses à un Sirius sous sa forme canine. Celui-ci remuait la queue d'un air un peu fou, restant après de la fillette tel un chien de garde, s'attirant de nombreux feulements mécontents de la part de Cornélius toujours dans son panier, qui ne voyait pas pourquoi c'était ce cabot noir qui récupérait toute l'attention de sa maîtresse.

Remus saluait avec chaleur les quelques élèves qui s'approchaient timidement de lui afin de lui dire bonjour. Il avait adoré être professeur. Il espérait pouvoir le redevenir un jour, lorsque toute cette affaire serait tassée. Peut être même pourrait'il enseigner dans une école primaire sorcière. Semblable aux écoles moldues, ces primaires accueillaient les enfants issus de familles sorcières avant leur entrée au collège, leur seule particularité était que cela n'étonnait personne de voir un enfant léviter au dessus de sa chaise en plein cour de mathématiques ou d'apercevoir les cheveux d'un autre prendre toutes les couleurs de l'arc-en-ciel en quelques secondes.

Remus finit par se lever et se dirigea vers sa nièce qui disparaissait à moitié dans l'étreinte de Mrs. Weasley. Celle-ci finit enfin par la lâcher et se précipita vers Harry qui subit le même traitement.

Après quelques secondes de flottements, Féline se jeta finalement dans les bras de son oncle, s'imprégnant de la douce odeur de chocolat que dégageait la veste de Remus. Le cœur de ce dernier se serra légèrement. Il était normal de la voir partir mais cela n'était jamais facile pour autant.

-N'oublie pas de donner des nouvelles, une lettre par mois minimum d'accord ? Sois sage et pas d'imprudence.

-Comme d'habitude, répondit Féline en relevant la tête.

-Et pourtant l'année dernière, ta directrice m'a envoyée deux lettres pour me dire que toi et Arnaud aviez trouvés judicieux de partir à la chasse au feu-follet en pleine nuit et de repeindre les toilettes.

-Je ne recommencerai pas, c'est promit, ria t'elle.

-Petite menteuse va. Allez file, tu ne voudrais pas louper le train n'est-ce pas ?

Il déposa un dernier baiser sur ses cheveux bruns avant qu'elle n'attrape la main de Ron qui l'aida à monter dans le train. Un coup de sifflet retentit et les quelques retardataires rejoignirent à la hâte les wagons. Harry monta en dernier, claquant la porte derrière lui avant d'ouvrir la fenêtre, et s'écarta pour permettre aux autres de le rejoindre. Ils passèrent tous un bras ou une tête par la petite fenêtre, adressant de grands signes aux adultes restés sagement sur le quai.

Sirius aboya, Remus et Mr. Weasley leur sourirent, Tonks leur souhaita un bon voyage en criant pour se faire entendre par dessus la foule et Mrs Weasley leur cita encore quelques recommandations en guise d'au revoir. Le train s'ébranla alors et les silhouettes des adultes se firent de plus en plus petites à mesure que le quai s'éloignait et finirent par disparaître complètement après un virage.

Quelques instants plus tard, ne restait dans l'étroit couloir plus qu'Harry, Ginny et Féline qui était en train de rouspéter après son chat qui remuait comme un beau diable dans son panier. Fred et George étaient partis retrouver leurs amis tandis que Ron et Hermione s'étaient éclipsés à regret vers le compartiment des préfets. Harry suivit des yeux les silhouettes de ses amis s'éloigner sans lui dans le couloir et son sourire joyeux se fana. Ni Ginny ni Féline ne manquèrent de relever cela. Prenant les choses en main, la rouquine attrapa sa valise et s'élança en quête d'un compartiment libre, entraînant les deux autres à sa suite. Féline les suivait difficilement, Cornélius ne cessant de s'agiter dans son panier et sa valise encombrante commençait à lui peser lourd dans la main.

Alors qu'une légère secousse remua le train, la valise lui échappa et tomba dans un petit escalier menant à une porte. Féline soupira, il ne manquait plus que ça. Posant le panier au sol, elle entreprit de relever sa valise. Mais celle-ci semblait coincée et ne voulait visiblement pas bouger d'un poil. Jetant un regard derrière elle, elle constata que Harry et Ginny avaient disparus. Elle allait devoir se débrouiller toute seule. Féline contempla sa valise d'un air blasé, se demandant comment elle allait bien pouvoir la retirer de là.

-Tu as besoin d'aide peut être ?

Un garçon se tenait derrière elle et la dévisageait d'un air moqueur. Ses cheveux d'un blond si pâle qu'ils en paraissaient presque blancs étaient soigneusement coiffés, son visage aux angles pointus mais joliment sculptés abordait une expression dure qui contrastait avec l'éclat de ses yeux gris. Il portait un simple pantalon noir assortis avec sa veste de velours où brillait un insigne de préfet.

Féline reporta son attention vers sa valise lamentablement vautrée quelques marches plus bas.

-Ça ne serait pas de refus, ma valise s'est coincée.

Sans un mot, le garçon s'approcha de la malle et fit signe à Féline de prendre l'autre côté. À force de tirer et de pousser, ils finirent par parvenir à la remonter dans le couloir. Replaçant sa jupe correctement, Féline le remercia tandis que l'autre remettait une mèche de cheveux à sa place.

-Ça fera trois gallions.

-Et si je te paie en chocogrenouille, ça ira ? répondit Féline, amusée.

Le garçon la fixa d'un air impassible avant qu'un léger rictus ne rehausse ses lèvres et qu'il finisse par tourner les talons.

-Garde ton chocolat, les préfets sont obligés d'accomplir de bonnes actions de temps en temps.

Féline le regarda disparaître dans le couloir d'un air perplexe avant d'empoigner sa valise d'une main ferme et de se diriger dans le sens opposé, récupérant le panier de Cornélius sur le passage. Elle jetait des petits coups d'œil dans chaque compartiments, guettant attentivement la tignasse reconnaissable de Ginny. Finalement, ce fut Harry qui sortit sa tête d'un compartiment et qui l'aperçu un peu plus loin qui traînait péniblement sa valise derrière elle.

-Où tu étais passée ? demanda t'il lorsqu'elle arriva à sa hauteur.

-Ma valise était coincée dans les marches. Quelqu'un m'a aidé à la débloquer.

-Donne la moi, je vais la mettre dans le porte bagage.

Féline le remercia d'un signe de tête et referma la porte du compartiment derrière elle avant de s'asseoir enfin sur une des deux banquettes rouges. Dehors, les maisons avaient cédées leur place à la campagne londonienne, ramassis de hameaux isolés et de champs. Harry se laissa finalement tomber à côté d'elle dans un grognement appréciateur.

-Féline, dit Ginny en sortant distraitement un paquet de confiseries de son sac, voici Luna Lovegood et Neville Londubat.

Un jeune fille aux cheveux blonds délavés et des yeux immenses était assise contre la fenêtre et tenait un exemplaire du Chicaneur dans ses mains. Féline connaissait très bien ce journal, elle y était abonnée étant petite car elle raffolait des articles rocambolesques qu'on pouvait y trouver dedans. Quand au garçon assit en face d'elle, il avait le visage rond et sympathique. Tous deux lui adressèrent un sourire que Féline leur rendit timidement.

-Tu rentres en première année ? demanda Neville.

-Non, en troisième.

-Je ne t'avais jamais vu avant, dans quelle maison es-tu ?

-Féline était à Beauxbâtons avant, répondit Harry. Mais avec ce qui se passe en ce moment, Remus a préféré qu'elle change d'école et vienne à Poudlard.

-Remus ? reprit Neville en fronçant les sourcils.

-Remus Lupin est mon oncle, l'éclaira Féline.

-Ho ! s'exclama Luna. C'est le professeur loup-garou n'est-ce pas ?

-Oui, répondit elle en se mettant sur la défensive.

-Il était incroyable, dit Neville. Tu te rappelles du cours avec l'Épouvantard, Harry ? C'était le meilleur professeur de défense contre les forces du mal que nous avons eu !

-C'est sur, renchérit Ginny. Vous vous rappelez de Lockhart ?

-Ou de Quirell, ajouta sombrement Harry.

-Alors tu étais à Beauxbâtons, reprit Neville. C'était comment ?

-Très beau. Tout était magnifiquement entretenus, comme figés dans le temps. C'était vraiment très grand aussi, dit Féline. Il m'a fallut plus d'un an pour seulement mémoriser correctement le chemin jusqu'à la salle à manger.

-En parlant de manger, dit Ginny, j'ai un sacré creux. Féline, passe moi le sac sous tes pieds, il y a mon pique-nique dedans.

Quelques minutes plus tard, Ginny croquait à pleines dents dans son sandwich poulet crudités alors que Luna était retournée à la lecture de son magazine. Féline était occupée à dorloter Cornélius qu'elle avait finit par laisser sortir de son panier et qui s'était enfin calmé. Harry était en train d'écouter Neville lui vanter les caractéristiques de la plante qu'il avait reçu pour son anniversaire, une sorte de petit cactus rabougris recouvert de pustules.

Ginny qui avait terminée son sandwich proposa une partie de carte à Féline.

-D'ailleurs, qui est-ce qui t'a aidé avec ta valise ? demanda Ginny.

-Je ne sais pas comment il s'appelle, il ne me l'a pas dit.

-Curieux, il ne doit pas très bien connaître la politesse celui là. À toi de jouer.

-Il a au moins eu la gentillesse de m'aider alors je ne me plains pas.

-C'est vrai qu'on a pas vérifiés si tu nous suivais, s'excusa Harry avant demander à Neville pourquoi il trouvait sa plante si extraordinaire.

-Et il était mignon ? enchaîna Ginny à voix basse, un air de conspiration sur le visage.

-Je dirais que oui, répondit Féline avec un petit sourire. Mais il avait l'air très peu ravie de m'aider, je crois qu'il ne l'a fait que parce que c'est son devoir de préfet.

Ginny se renfonça dans son siège d'un air déçu. Au même moment, Neville eu l'idée saugrenue de piquer sa plante avec la pointe de sa plume. Aussitôt un liquide verdâtre et à l'odeur nauséabond s'échappa des pustules qui recouvraient le végétal, repeignant le compartiment en éclaboussant les banquettes, la fenêtre et même le plafond. Ginny et Féline eurent la présence d'esprit de se protéger un minimum avec leurs bras et seuls leurs cheveux furent touchés. Harry et Neville en revanche, avaient le visage dégoulinants et les vêtements trempés. Luna s'était camouflée derrière son magazine et continuait sa lecture, imperturbable.

Une odeur de fumier se propagea alors dans le compartiment et Féline regretta amèrement de ne pas être plus douée en apnée. Cornélius miaulait furieusement en secouant son pelage recouvert de l'étrange substance. Essayant de le calmer, Féline batailla avec en récupérant quelques griffures au passage. Au même moment la porte du comportement s'ouvrit sur une jolie jeune fille aux origines asiatique qui salua Harry avant de décamper, gênée par l'odeur et le triste spectacle qu'offraient les quatre adolescents, recouvert d'un liquide peu recommandable.

Avant que Féline ne puisse l'en empêcher, Cornélius se glissa hors du compartiment dans un concert de miaulements outragés. Ginny leur lança un sortilège de Recurvite tandis que Neville se rependait en excuses. Une fois à nouveau propre et après s'être recoiffée correctement, Féline s'élança dans le couloir à la recherche du petit fugueur.

Elle croisa au passage le chariot à friandises conduit par une vieille sorcière où elle acheta quelques bubble gum et une grosse sucette multicolore. Rangeant ses achats dans les poches de sa jupe, elle ne fit pas attention à ce qui se trouvait devant elle et trébucha sur une valise posée en plein milieu du passage, s'écorchant par la même occasion les genoux et la paume des mains. La porte du compartiment s'ouvrit brusquement, laissant apparaître une fille ayant déjà revêtue son uniforme scolaire.

-Par Merlin, s'exclama t'elle en se précipitant vers Féline pour l'aider à se relever, je suis vraiment désolé ! Tu vas bien ?

-Oui oui, grommela Féline en époussetant ses vêtements. Je ne regardais pas où j'allais.

-On n'avait plus de place dans notre compartiment pour ranger cette valise mais on va essayer de la caser ailleurs pour éviter que ça de reproduise, ajouta une autre fille en passant sa tête par l'entrebâillement de la porte.

-Ça va aller, tu n'as rien de cassé au moins ? s'inquiéta de nouveau la fille en uniforme. C'est ma valise en plus, je suis responsable. Tu as besoin d'un pansement ?

-Calme toi Lucille, elle te dit qu'elle n'a rien, reprit sa camarade. Encore désolé, ajouta t'elle en récupérant la valise et son amie et de refermer la porte.

Féline resta la bouche grande ouverte avant de reprendre sa route. Décidément, les élèves étaient bien plus exubérants ici que dans son ancienne école. Et bizarrement elle adorait ça. Même si elle aurait préféré ne pas se faire recouvrir de jus gluant et s'égratigner les genoux des le premier jour.

-Féline !

En se retournant, elle pu voir Hermione arriver vers elle au pas de course, Cornélius entre les bras.

-On l'a vu passer dans le couloir avec Ron. C'est bien lui n'est-ce pas ?

-Oui merci ! Ce sale petit diable s'est enfui quand on a ouvert la porte du compartiment, dit elle en le récupèrant. Mais qu'est-ce que tu fais là ? Je croyais que tu devais aller avec les autres préfets ?

-Seulement pour une heure. La réunion est terminée donc nous sommes libres pour le moment. Ron arrive avec les valises, je suis partie devant pour vous chercher.

-Viens, on est pas très loin. Alors comment sont les autres préfets ?

Hermione lui répondit par une moue désapprobatrice.

-Ceux de Serpentard me donnent envie de me jeter du train.

Féline étouffa un rire en se mordant la lèvre tandis qu'Hermione continuait à cracher sur ses homologues. D'un geste brusque, Hermione ouvrit la porte du compartiment que lui avait indiquée Féline et partie s'affaler sur la banquette, saluant Neville au passage. Ron arriva quelques secondes plus tard, les joues rouges, traînant les deux valises derrières lui en soufflant comme un bœuf.

-Ginny, tient met la cage de Coquecigrue là-bas, dit il en désignant un petit espace vide près de la cage d'Hedwige, la chouette d'Harry. Je meurs de faim.

Avec l'aide de Neville et Harry, il rangea les deux grosses valises avant de s'effondrer à côté de sa sœur et de se déballer une chocogrenouille et de l'engloutir en deux coups de dents. Hermione expliqua d'un air maussade qu'un garçon et une fille de cinquième année avaient été désignés préfets par maison et ceux de Serpentard semblaient ne convenir ni à Harry ni à Ginny quand Ron prononça leur nom.

-Malefoy préfet, soupira Neville, on aura tout vu.

-C'est qui ? demanda Féline en enfermant Cornélius dans son panier pour éviter qu'il ne fugue de nouveau.

-Un troll, répondit sobrement Harry.

Ils éclatèrent tous de rire. Féline finit par déballer son sandwich en sentant son estomac gargouiller d'un air furieux. En n'écoutant la conversation plus que d'une oreille, elle regarda Ginny qui s'amusait à lancer des bonbons en l'air et à les avaler tous ronds. Féline aurait pu craindre qu'elle ne finisse par s'étouffer mais pour ça faudra t'il encore qu'elle arrive à viser correctement sa bouche et non la banquette ou les cheveux d'Hermione assise à côté d'elle.

Au bout d'un moment, alors que Ron, Ginny et Féline s'étaient lancés de nouveau dans une partie de carte et que Harry et Hermione discutait à propos du magazine de Luna, la porte du compartiment s'ouvrit de nouveau. Avec une certaine surprise, Féline découvrit appuyé juste à sa droite, contre la chambranle de la porte, le garçon qui l'avait aidé avec sa valise. Celui-ci fixait Harry d'un air goguenard.

-Alors Potter, dit il d'une voix traînante bien différente de celle qu'il avait employé auparavant avec elle, le voyage se passe bien ?

-Fiche le camp Malefoy, répondit Harry.

Le dénommé Malefoy ricana. Derrière lui, deux garçons plus proches de rochers que d'être humains émirent des grognements qui devaient sans doute être quelque chose comme s'apparentant à un rire.

-Tout doux Potter, tu ne voudrais pas que je te colle une retenue alors que nous ne sommes même pas encore arrivés, pas vrai ?

-Sors d'ici imbécile, siffla Hermione entre ses dents.

-Ho boucle la Granger. Alors Potter, qu'est-ce que ça te fait de n'être que deuxième derrière Weasley ?

Féline tout comme Luna, regardait la dispute d'un air soucieux. Elle n'avait jamais vu Harry en colère et le pli que formait ses sourcils froncés accentuait la preuve de son irritation. Après quelques minutes et piques supplémentaires, Malefoy finit par tourner les talons. Son regard tomba alors sur Féline, qui l'observait en silence. Il fronça les sourcils en la reconnaissant mais ne prononça pas un mot et sortit sans rien ajouter. Hermione claqua la porte derrière eux.

-Quelle bande de crétin, grogna finalement Ron en se déballant une énième friandise.

Harry ne répondit rien et se tourna vers la fenêtre, regardant la pluie et le soleil se succéder l'un après l'autre. Les montagnes écossaises commençaient à se profiler à l'horizon. L'après-midi passa lentement, entre partie de cartes, ragots et lecture silencieuse. Féline finit par s'endormir sur l'épaule d'Harry qui n'eut pas le cœur à la réveiller quand bien même tout son bras fut engourdis. Lorsque les lumières se furent allumées dans le wagon et que la nuit soit totalement tombée plongeant le paysage dans l'obscurité, Hermione finit par la secouer doucement afin de la réveiller.

-On va bientôt arriver, lui dit elle, il va falloir mettre nos uniformes.

Harry, Ron et Neville sortirent du compartiment afin de laisser aux filles le temps de se changer avant d'échanger les rôles. Le train finit alors par ralentir et un immense brouhaha se répandit dans tous les wagons alors que les élèves se dirigeaient vers les sortis. Ron et Hermione s'éloignèrent pour superviser la descentes sur le quai en tant que préfets. Féline, aidée par les jumeaux qui étaient apparus par miracle derrière elle, descendit rapidement et s'éloigna de la sortie afin de ne pas boucher le passage et attendit patiemment qu'Harry et Ginny ne parvienne à s'extirper de la foule à leur tour.

-Alors, demanda George qui se tenait près d'elle, comment s'est passé ton premier voyage dans le Poudlard Express ?

-Mouvementé, répondit Féline en repensant à sa journée.

-Tant mieux, c'est plus amusant. Aller viens, si tu les attends tu risques d'arriver en retard pour ta répartition.

-Mais Harry m'a dit...

-T'en fais pas va, tu les retrouveras plus tard. Donne moi Cornélius, je vais le porter.

Féline lui adressa un sourire et s'élança à sa suite en dehors de la gare. Ils traversèrent une grille de fer forgé, franchirent un petit chemin de terre sous les pins et se stoppèrent finalement devant une route où des centaines de diligences attendaient les élèves.

-Elles sont magiques, dit George, elles avancent toutes seules.

-Ça ressemble un peu aux carrosses de Beauxbâtons.

-Tu n'es pas trop dépaysée alors, ajouta Fred qui venait de les rejoindre. Laisse ta valise et Cornélius ici, les elfes de maison qui s'occupent de Poudlard vont venir les récupérer.

Avec un dernier regard pour son chat, Féline s'engouffra dans la diligence qui se mit en marche des que Fred y fut monté et ai claqué la porte. Coincée entre les jumeaux, ballotté par le roulement de la voiture, Féline jouait d'un air anxieux avec ses doigts.

-Faut pas avoir peur tu sais, lui dit un grand garçon brun avec des dreadlocks. Pour la répartition, ajouta t'il devant le regard perplexe de Féline. George nous a raconté, je m'appelle Lee, ravie de te rencontrer.

-Moi de même, répondit Féline en lui souriant alors que Lee lui serrait la main avec enthousiasme.

-Moi c'est Angelina, ajouta une jolie brune à moitié dissimulée par l'épaule massive de Lee. Bienvenue à Poudlard.

-Angelina est la capitaine de l'équipe de Quidditch de Gryffondor et Lee, le commentateur des matchs.

-Tu joues au Quidditch Féline ? demanda Angelina d'un air intéressé.

-Oui. Dans mon ancienne école, j'étais batteuse.

-Batteuse ? répéta Lee incrédule en fixant les bras minces de Féline. Sans vouloir te vexer, tu as plus le physique pour être attrapeuse.

-La place était déjà prise alors je me suis rabattue sur un autre poste.

-Et crois moi, soupira Fred, elle en a de la poigne cette gamine quand elle s'y met.

Féline gloussa. Puis la diligence émit un long grincement plaintif avant de s'immobiliser. Les passagers sautèrent à terre et se dirigèrent vers la porte d'entrée. Féline respira à plein poumon l'air frais de la nuit, essayant de calmer son angoisse.

Elle devait rester calme. Ne pas paniquer. Ne pas lire dans les pensés des gens. Elle avait dérogé à cette règle beaucoup trop de fois dans la journée en fouinant involontairement dans la tête de son oncle puis de Malefoy, de Ginny et d'Harry tout à l'heure. Elle devait rester maître d'elle même et tout irait bien. Sur cette bonne résolution, Féline se retourna et regarda l'immense château médiéval qui lui faisait face.

-Ça te plaît ? demanda Harry qui l'avait rejoint.

-C'est magnifique. Bien plus que Beauxbâtons à mon goût.

-Si tu aimes les châteaux glauques tu vas être servie, ajouta Ginny.

Féline et Harry rirent de bon cœur avant de grimper à leur tour les marches menant au hall. Celui-ci à l'image du reste, était immense. Le plafond était structuré par de magnifiques arcs boutants et des tableaux recouvraient la quasi totalité des murs. Une sorcière se tenait non loin des marches, bien droite dans sa robe noire aux reflets pourpre. Lorsqu'elle aperçue Harry, elle se dirigea vers lui.

-Qu'est-ce que j'ai encore fais, soupira t'il en la voyant approcher tandis que sa robe tourbillonnait furieusement autour d'elle.

-Mr Potter, s'exclama t'elle d'une voix haut perchée mais égale, rejoignez la grande salle avec vos amis.

-Oui, c'est bien ce que je...

-Quand à vous, reprit la sorcière en le coupant sans plus de cérémonie, veuillez me suivre. Vous êtes bien Miss Lupin ?

-Oui professeur, bégaya légèrement Féline en lançant un regard paniqué à Harry.

-Allons ne faites pas cette tête là, je ne compte pas vous manger. Venez maintenant. Potter, vous n'avez rien d'autre à faire ?

Harry adressa un sourire désolé à Féline avant de s'éloigner vers la grande salle.

-Bien voilà comment votre répartition va se dérouler. Vous allez attendre l'arrivée des premières années avec moi puis après la chanson traditionnelle du Choixpeau, vous passerez la première. Cessez donc de faire cette tête déconfite, il n'y a rien de terrible là-dedans.

Féline hocha doucement la tête mais ne répondit rien. Son cœur battait à mille à l'heure. Sa gorge était nouée et sa langue pâteuse.

-Je sais ce qui vous préoccupe Miss, s'adoucit le professeur. Mais n'ayez crainte, le choixpeau saura tenir compte de votre don.

-Je ne peux que vous croire professeur, murmura Féline.

Le silence finit par se faire dans le hall alors que tous les élèves étaient rentrés dans la salle à manger. Puis un léger brouhaha finit par se faire entendre à mesure que la foule de première année approchait. Ils finirent par se stopper devant le professeur McGonagall qui leur expliqua brièvement le déroulement de la répartition avant de les conduire dans la grande salle. Féline s'y engouffra à sa suite, perdue dans la foule d'élève. Elle était à peine plus grande qu'eux malgré ses deux années de plus.

La grande salle était splendide. Quatre longues table où étaient attablés les élèves occupaient la longueur de la pièce où trônait au fond sur une estrade la table des professeurs. Des centaines de cierges flottaient dans les airs sous le plafond magique représentant la voûte céleste partiellement dégagée ce soir là. Des tableaux s'étalaient sur les murs et deux cheminées où ronflait un bon feu réchauffaient agréablement la salle. À leur arrivés, les bavardages se tarirent progressivement et tous les regards se tournèrent vers eux. Féline croisa celui encourageant des jumeaux et de Ginny, tous assis à la table des Gryffondor. Le professeur McGonagall s'avança alors avec un tabouret en bois et y posa le vieux chapeau rabougrie que Féline avait déjà vu dans le bureau du professeur Dumbledore. Après un instant de silence, le choixpeau s'anima dans un bruit de déchirement sinistre et se mit à entonner une chanson.

Voici un peu plus de mille ans,
Lorsque j'étais jeune et fringant,
Vivaient quatre illustres sorciers
Dont les noms nous sont familiers :

Le hardi Gryffondor habitait dans la plaine,
Poufsouffle le gentil vivait parmi les chênes,
Serdaigle le loyal régnait sur les sommets,
Serpentard le rusé préférait les marais.

Féline cessa d'écouter et préféra porter son attention vers les professeurs attablés non loin d'elle. Elle reconnue bien évidement le professeur Dumbledore, majestueux dans son immense trône de bois sculptés ainsi que le professeur Rogue dont elle croisa furtivement le regard. Assise à sa droite, une sorcière toute de rose vêtue survolait la salle de ses yeux globuleux, un affreux petit sourire au coin des lèvres. Lorsque Féline écouta finalement de nouveau le choixpeau, celui-ci semblait arriver au terme de sa chanson:

Gryffondor eut l'idée parfaite
De me déloger de sa tête,
Les quatre sorciers aussitôt
Me firent le don d'un cerveau

Pour que je puisse sans erreur
Voir tout au fond de votre cœur
Et décider avec raison
Ce que sera votre maison.

La salle applaudit avec vigueur.

Puis le professeur McGonagall s'avança de nouveau, un parchemin à la main, qu'elle déroula avant de s'éclaircir la gorge. Le silence revient finalement dans la salle et le professeur McGonagall prit la parole, sa voie ferme résonnant sans difficulté dans l'immense salle.

-Cette année, Poudlard accueille en plus de ses anciens élèves et des premières années, une élève qui nous vient de Beauxbâtons et qui intégrera la classe des troisièmes années. Je vous prie donc de lui réserver un bon accueil. Féline Lupin avancez vous.

Un léger brouhaha se fit entendre alors que les élèves se demandaient si elle avait un quelconque lien avec leur ancien professeur. Féline s'avança lentement vers le choixpeau. Elle était morte de trouille. Son visage était légèrement tendue en raison de l'intense concentration dont elle faisait preuve pour ne pas se noyer dans les pensés débordantes de cette foule. Les genoux tremblants, elle s'assit sur le tabouret. Le professeur posa alors le choixpeau sur sa tête alors que la salle écoutait attentivement le verdict.

Bonjour jeune fille, siffla la voix du choixpeau dans son oreille. La fille de John Lupin, intéressant. Alors, que vais-je faire de toi ? Pouffsoufle ne te conviendrait pas, pas plus que Gryffondor, tu es bien trop prudente. Voyons voir, Serpentard t'irait très bien, à moins que, non j'ai trouvé, pour toi ça sera...

Féline retient son souffle, fixant Harry avec appréhension. Il hocha la tête.

-SERDAIGLE !

***
Je crois n'avoir jamais écris un chapitre aussi rapidement ! J'espère que je vais continuer sur ma lancée ahah...

Et sinon, que pensez-vous de la maison de Féline ?

Sur ce, portez vous bien et à la prochaine :)