Féline ne s'était jamais sentit sentie aussi soulagé de toute sa courte vie. Elle avait réussie. Le choixpeau avait su lire en elle, et avait pu la répartir. Par Merlin, elle osait à peine y croire. Ce n'est que lorsque le professeur McGonagall lui serra brièvement l'épaule qu'elle se reconnecta réellement avec la réalité et prit conscience de l'énorme boucan qui régnait dans la salle. La deuxième table en partant de la droite se déchaînait en applaudissements et en cris enthousiasmes. Une élève venant de Beauxbâtons, voilà quelque chose que l'on ne voyait pas tous les jours ici ! Avec un sourire légèrement crispé, Féline retira le choixpeau qu'elle rendit au professeur avant de se diriger vers la table qui l'appelait.

En descendant de l'estrade, elle aperçut les Weasley lui adresser de grands sourires ravis alors qu'Harry levait les pouces en l'air en signe de victoire. Les jambes encore légèrement cotonneuses, elle s'assit sur le banc avec une certaine raideur. La répartition continua et ce fut à la table des Poufsouffles d'applaudir alors qu'un Sarah Ardinson quittait le tabouret. Féline n'osait pas détourner le regard du professeur McGonagall, elle avait l'étrange pressentiment que si elle le faisait, elle risquerait de se faire dévorer toute cru. Ho comme elle aurait aimé rester à Beauxbâtons tout compte fait. Quelle idée stupide de rejoindre une nouvelle école. Elle n'était pas particulièrement douée pour se faire des amis, et elle n'avait pas, mais alors pas du tout envie de finir ses jours seule, recluse dans un coin du château parce que personne ne voulait daigner à lui adresser la parole.

-Psssst ! Hé ho, y a quelqu'un ?

Par automatisme, Féline tourna la tête vers l'endroit d'où provenait la voix, bien que persuadée que cet appel ne lui était pas destiné. Elle ne pu cependant pas s'empêcher de sursauter faiblement en découvrant en face d'elle, deux grands yeux bruns qui la fixaient avec curiosité. Féline regarda à droite puis à gauche, cherchant du regard à qui ce garçon pouvait bien s'adresser. Constatant que personne ne leur prêtait attention, elle reporta son regard vers lui, les joues rouges d'embarras.

-Je ne vais pas te manger, tu peux respirer. Moi aussi je suis en troisième année. Je m'appelle Jack Overland, dit il en lui tendant la main.

Féline la lui serra timidement. Il avait l'air d'avoir déjà quinze ans avec son corps mince et élancé. Ses cheveux bruns ébouriffés lui donnaient l'air décontracté de même que le nœud de sa cravate qui était à moitié défait. Mais son visage mince et pale le rendait légèrement maladif malgré l'éclat rieur de ses yeux qui étaient plissés à cause de son grand sourire alors qu'il lui secouait énergiquement la main.

-Enchanté de te rencontrer, chuchota Féline alors que Arnold Decker était répartit à Serpentard.

Jack lui sourit avant de reporter lui aussi son attention vers la répartition. Il semblait guetter quelqu'un. Lorsque Emma Overland fut envoyé à Gryffondor, il se mit à applaudir avec force, rayonnant de fierté en hurlant un ou deux « Bravo ! ».

-C'est ma sœur, lui précisa t'il.

-Tu n'es pas déçu qu'elle ne soit pas dans la même maison que toi ?

-Ho crois moi, avec son caractère de cochon, elle ne pouvait qu'atterrir là-bas.

Féline se retient de pouffer de rire. Lorsqu'elle reporta de nouveau son attention vers le choixpeau, celui-ci était dans la main du professeur McGonagall, le tabouret dans l'autre et le professeur Dumbledore se levait de son immense fauteuil, réclamant le silence en levant la main. En un instant, la salle se fit silencieuse et tous le regardaient avec la plus grande des attentions. Féline entendit cependant un garçon à sa gauche grommeler un « Je meurs de faim, aller vite qu'on en finisse !».

Le professeur Dumbledore dégageait une telle prestance que Féline se sentit immédiatement devenir toute petite. A deux place d'écart, le professeur Rogue remuait avec indifférence son verre de vin d'un air las et McGonagall qui était revenue entre temps, s'installait silencieusement à sa place d'adjointe, juste à la droite du directeur de Poudlard.

-Bonsoir à tous, dit finalement le professeur Dumbledore. Bienvenue, bienvenue aux nouveaux élèves et bien sur, à tous nos anciens. Je suis ravi de vous accueillir au sein de Poudlard pour une nouvelle année. Je prendrais bien évidement le temps de vous faire un discours sur l'importance de suivre le règlement, mais pour l'instant, je vous souhaite simplement un bon appétit !

A ces mots, le directeur se rassit gracieusement alors qu'apparaissaient sous les yeux ébahis des nouveaux élèves et ceux affamés des anciens, une véritable foule de plats tous plus appétissants les uns que les autres. Féline regarda avec émerveillement se disposer sur le chemin de table des tourtes, des ragoûts, des pâtés, des potages, des purées, des légumes, des sauces onctueuses, des petits pains encore tout chauds, et toutes une ribambelles d'autres plats fumants. Féline n'hésita pas une seconde de plus et suivit le mouvement, entassant la nourriture dans son assiette. Elle se mit silencieusement à déplorer le fait d'avoir si peu d'appétit en voyant toutes ces bonnes choses dispersées de parts et d'autres de la table.

Légèrement plus sereine, Féline enfourna dans sa bouches une énorme bouchée d'écrasé de pomme de terre et du se retenir à grand peine de pousser un soupir de bonheur. Le goût de la patate onctueuse et du beurre fondu finirent de dénouer le nœud d'angoisse qui lui serraient douloureusement l'estomac depuis le début de matinée. En face d'elle, Jack empilait avec avidités cuisse de poulet, patates et pommes au four à une vitesse vertigineuse.

-Alors, c'est pas mal les festins à Poudlard hein ? réussit il difficilement à articuler, la bouche pleine.

Féline elle, ne pu qu' hocher la tète. Produire le moindre son aurait eu pour effet de cracher de la purée partout autour de son assiette et elle ne souhaitait pas vraiment que ça soit la première image qu'il retienne d'elle.

-Jack, feula la fille à sa droite, t'es vraiment dégouttant. Avale avant de parler.

-Ho c'est bon Susan, c'est pas un petit postillon qui va tuer quelqu'un.

-Tu es une cause perdue Overland, grogna t'elle en lui lançant un regard dégoûté.

Féline reconnu avec surprise l'une des deux filles qui l'avaient aidées à se relever après avoir chuté sur une valise dans le train. Ses longs cheveux noirs étaient retenus dans une queue de cheval et ses yeux gris fusillaient son camarade.

-Ne fait pas attention à eux, dit gentiment la fille de l'autre coté de Jack. Ils passent leurs temps à se chamailler, ça les occupes. Je m'appelle Mona.

-Salut. Tu as l'air d'avoir l'habitude, répondit Féline en lançant un regard éloquent vers les deux lascars qui étaient à présent en train de se bombarder de petits pois.

-On est tous en troisièmes années. Susan et Jack ne peuvent pas s'empêcher de se chercher des noises chaque fois qu'ils sont dans la même pièce. Et la fille à coté d'elle, c'est Lucille, ajouta t'elle en désignant une rouquine qui cherchait à se protéger des petits pois perdus avec sa serviette. Je crois que c'est la seule personne sur Terre que Susan peut côtoyer non stop sans avoir envie de lui coller un pain.

-Quelle charmante description de nos amis es-tu en train de nous peindre là, lança le garçon à la droite de Féline. Moi s'est Jasper t'en fais pas, ils sont sympa dans le fond. Mais j'espère que tu es patiente comme fille.

-Euh et bien j'ai survécu à des vacances avec les jumeaux Weasley alors je suppose que ça devrait le faire.

-La vache, dit Mona alors que Jasper sifflait d'admiration. Tu parles de vacances reposantes !

-Jack va devenir fou quand il va savoir que tu fréquentes les jumeaux.

-Il ne les aime pas ? demanda Féline en se resservant un peu de beignet d'oignons frits.

-Tu rigoles ? soupira Mona. Il les admirent, ce sont ses héros. Tous les trois, ils essaies de rivaliser en matières de bêtises. L'année dernière, ils ont tous finit chez Dumbledore pour avoir placé des pétards chez Rusard pour Jack et avoir kidnappés Miss Teigne pour les jumeaux. Je te raconte pas les Beuglantes qu'ils ont reçus de leurs parents le lendemain.

-C'est super animé Poudlard, ricana Féline.

-A qui le dis tu, marmonna Jasper en lançant un regard dépité à Jack et Susan qui en étaient venus aux mains.

-Il faudrait peut être les séparer non ?

-T'en fais pas Féline, ils se calmeront avec l'arrivée du dessert. Alors, pas anxieuse à l'idée de commencer les cours des demain ? demanda Mona en essuyant son assiette avec un morceau de pain.

-J'ai plutôt hâte en faite. Tant qu'on ne commence pas directement avec les potions, tout me va.

-Merlin merci, enfin quelqu'un d'autre qui n'aime pas ça, rit Jasper, les mains jointes vers le ciel.

-Jasper est un pur désastre, pouffa Mona. Combien de fois as-tu fais fondre ton chaudron l'année dernière déjà ?

-Douze, plus la fois où Jack a lancé un pétard dans ma potion mais techniquement ce n'est pas de ma faute.

-Tu as compté celle où tu as trébuché sur tes propres pieds et que tu as renversé ton chaudron dans toute la classe ? ricana la dénommé Lucille qui suivait la conversation l'air de rien.

-Tu es très mal placée pour parler jeune fille, gronda Jasper. Rappelles moi qui a passé une semaine entière à l'infirmerie parce qu'elle n'est pas foutue de mettre un pied devant l'autre sans finir par terre ?

Féline se retient à grande peine de pouffer de rire devant l'air offusqué de Lucille. Mona leva les yeux au ciel avant de lui conseiller d'essuyer son assiette pour le dessert. A sa droite, Jack et Susan avait enfin arrêtés de se battre et s'échangeaient des regards boudeurs. Jasper et Mona s'étaient lancés dans le récit de leur vacances, vite rejoint par Jack -qui s'était lassé de bouder- qui avait passé l'été en Islande chez ses grands-parents maternelle. L'arrivé des desserts leur sauva finalement la mise, coupant ainsi Jack dans son exposé farfelu sur les chevaux sauvages et comment il avait tenté de jouer au cowboy du nord.

Féline, l'estomac pourtant plein et rond comme un tonneau de bièraubeurre, ne peut s'empêcher de craquer et de se servir une généreuse part de tarte aux pommes et de fondant au chocolat. En face d'elle, Jack avait enfin finit par se taire et dévorait avidement une énorme assiette de clafoutis aux framboise tandis que Mona, plus raisonnable, se servit simplement un peu de pain d'épice et de confiture de coing.

-Et toi Mona, tu es partie où cet été ? demanda Jasper en raclant son assiette, profitant du fait que Jack était trop occupé avec son dessert pour monopoliser toute la parole.

-Je suis allée rendre visite à mes grand parents en Cornouailles et toi ? Tu es presque aussi pale que Jack.

-Ho tu sais ce que c'est que le soleil londonien. Il vient un jour, il en repart six. Difficile de prendre des couleurs dans ces conditions.

Ils éclatèrent tous de de rire.

-Me dit pas que tu as encore faim après tout ce que tu as ingurgité, s'étrangla Mona en voyant Jack se resservir du dessert, quelques minutes plus tard.

-Bah honnêtement, je ne sais pas si j'ai faim ou si je m'ennuie juste un peu. Du coup dans le doute…

-Permet moi de te dire dans ce cas, que tu es un goinfre mon cher.

-Mo'iche auschi jtech aichme.

-Avale et on en parlera après, soupira t'elle d'un air navré.

Féline et Jasper rirent de bon cœur, puis le garçon l'interrogea sur ses propres vacances. Un peu gênée et piètre menteuse, elle baragouina simplement qu'elle les avait passé à Londres avec son oncle et les Weasley.

-Dit moi, ton oncle, ça ne serait pas le professeur Lupin par hasard ? demanda finalement Mona d'une voix hésitante.

Aussitôt, Jack et Susan se turent, de même que les autres et tous portèrent leur attention sur la fillette. Aucun d'eux n'avaient l'air hostiles, ce qui la rassura quelque peu.

-Oui, je vis avec lui.

Aucun n'osa demander où étaient ses parents.

-Est-ce que toi aussi tu es une lycanthrope ? dit Jack de but en blanc, la faisant légèrement pâlir.

-Non mais ça ne va pas de demander ce genre de choses aux gens comme ça ? le gronda Jasper alors que Susan lui donnait une claque sur le crane « Ouille ! ». Excuse le, il est parfois un peu bête.

-Ce n'est rien, balbutia Féline, prise au dépourvu. Mais non, je ne suis pas une lycan.

Elle n'osa pas relever la tête, de peur de voir quoi de la déception, du dégoût ou de l'indifférence apparaîtrait sur leur visage. Finalement, ce fut la voix douce de Mona qui lui fit lever les yeux alors que Jasper approuvait avec force tout ce qu'elle disait.

-On l'a eu en première année, il était géniale. A Serdaigle, presque tout le monde l'aimait. Il n'y a que les idiots pour souhaiter la démission d'un aussi bon professeur.

-Pour une fois que Dumbledore trouvait quelqu'un de compétent dans cette matière en plus, ajouta une sixième année, non loin d'eux et qui avait tout entendu.

Féline sourit. Son oncle s'était profondément trompé. Il avait été énormément apprécié par ses élèves et l'était toujours. La très grande majorité se moquait comme d'une guigne qu'il soit ou non un loup-garou. Et au contraire, certains y voyaient justement une opportunité encore plus grande. Qui de mieux que quelqu'un ayant lutté contre le seigneur des Ténèbres lors de la guerre des sorciers et qui était lui même possédé par une malédiction, pour leur apprendre à lutter contre les forces du mal ?

A présent, les desserts avaient quasiment tous été engloutis. Reput, Féline se laissa aller en avant appuyant ses coudes sur la table. Jasper lui, avait carrément enfoui sa tête dans ses bras et s'apprêtait à s'endormit là, entre les assiettes vides et les desserts.

-Je crois que c'est pour ça que j'adore les rentrées des classes, soupira Jack alors que Mona essayait de retirer les miettes de gâteaux qu'il s'était, Merlin seul savait comment, mit dans les cheveux.

-Espèce de goinfre, marmonna Susan.

-Ne recommencez pas tous les deux, dit Lucille, las.

Jasper releva brusquement la tête et lança un regard menaçant à Jack qui s'apprêtait à répliquer, le dissuadant d'ouvrir à nouveau la bouche. Mona et Féline pouffèrent de rire avant de se taire immédiatement en voyant le professeur Dumbledore se lever. Une nouvelle fois, il n'eut aucun mal à gagner le silence. Les élèves, le ventre plein à craquer, commençaient tous à plonger dans une douce somnolence et braquaient leur regard fatigué sur leur directeur. Féline se redressa, attentive. Elle avait tout intérêt à écouter les consignes du règlements si elle ne voulait pas avoir d'ennuis. Ho bien sur, elle savait que la foret interdite, eh bien était interdite -d'où son nom justement-, et que la magie dans les couloirs était proscrite.

Alors que le directeur s'apprêtait à donner les précisons pour les sélections de Quidditch -Féline tendait l'oreille- il s' interrompit brusquement. Ce soudain silence acheva de captiver l'attention des derniers élèves les plus dissipés tous se demandant bien pourquoi il s'était tu. Ce fut lorsque qu'un deuxième hum hum particulièrement désagréable retentit de nouveau dans la salle que les élevés déplacèrent leur attention sur la femme en cardigan rose que le professeur Dumbledore venait de présenter comme étant le professeur Ombrage, la nouvelle enseignante de défense contre les forces du mal. Celle-ci se tenait debout et semblait visiblement sur le point de faire un discours. Si Féline n'était pas vraiment étonné, après tout, peut être que cela était la coutume à Poudlard les autres élèves avaient en revanche pour la plupart, un sourire narquois sur les lèvres ou un air surprit qu'ils ne prirent même pas la peine de dissimuler.

-Quelle idée d'interrompre Dumbledore, on a jamais vu ça, chuchota Jasper, les sourcils froncés.

Mona et Jack acquiescèrent. Derrière eux, Lucille et Susan chuchotait à voix basse.

-Je la connais, murmura Susan. Elle travaille au ministère mon père la croise tous les jours en allant au bureau.

-Et elle est sympa ?

-Mon père ne l'aime pas, dit Susan comme si cela réglait la question.

Sur l'estrade, le professeur Ombrage venait de commencer son discours en le ponctuant de petits hum hum qui eurent le don de vite exaspérer Féline. Mona aussi visiblement, puisqu'elle marmonna que « Les bonbons pour la gorge ne sont pas très cher, elle peut bien s'en acheter un paquet quand même ! ». Sa voix aiguë et haut perchée fit grincer les deux filles des dents.

La moitié des élèves s'étaient à présent remit à bavarder. Quelques uns suivaient le discours d'un air vitreux, n'écoutant que pour l'exemple, comme ce Poufsouffle à l'autre bout de la salle. Seuls de rares élèves semblaient prêter une réelle attention à ces propos. Hermione, à la table des Gryffondor, suivait le discours avec intérêt, de même que Jasper tout deux avaient cependant les sourcils froncés au possible, preuve que le contenu ne les ravissait que très peu.

Féline s'était elle, totalement détachée du discours. Elle résistait fortement à aller voir ce qui pouvait se passer dans la tête de cette bonne femme afin d'y chercher les réponses à ces questions. Si elle travaillait auparavant au ministère comme venait de le dire Susan, pourquoi était elle là alors que le Ministre de la Magie venait littéralement de déclarer la guerre à Dumbledore ? Pourquoi avait elle jugé important de faire un discours, alors que même elle semblait se désintéresser de ce qu'elle racontait ? Et surtout, comment pouvait t'on avoir si peu de goût ? Un cardigan rose et pelucheux ? Vraiment ?

Stressé, elle retira le ruban de ses cheveux et l'enroula autour de son poignet avant de le défaire et de l'entortiller autour de ses doigts puis de recommencer. Elle refit le processus plusieurs fois, jusqu'à se calmer. Son don qui s'était mit à bouillonner furieusement en elle, allant jusqu'à lui donner de léger maux de tête, s'était apaisé, laissant de nouveau sa magie circuler librement en elle. Féline adorait ses rubans, ils l'apaisaient et ce rituel d'entortillement lui permettaient de se maîtriser la plupart du temps. Et honnêtement, elle n'avait vraiment pas envie de voir ce qui pouvait se tramer dans la tête du professeur Ombrage. Si ses pensées étaient du même goûts que ses choix vestimentaires, non merci, elle passait son tour.

Féline sursauta en entendant la salle applaudir. Hébétée, elle les imita maladroitement. Entre temps, Dumbledore s'était relevé et continuait ses recommandations annuelles ayant été interrompu auparavant. Mona s'étira alors que Jack écoutait distraitement ce que disait le directeur à propos des sélections de Quidditch. Un soupire navré les tira tous les trois de leurs pensées. Jasper semblait furieux.

-Bah qu'est que tu as mon vieux ? demanda Jack.

-J'ai simplement un très, très mauvais pressentiment.

-Par rapport à nos futurs cours de potions en commun ? dit Mona, taquine.

-Très drôle O'Kelly. Non mais vous l'avez entendu, grogna t'il en designant d'un air vague la table des professeurs. "Des pratiques dont l'interdiction s'imposent." ou "des erreurs de jugements" !

-Oui eh ? demanda Féline, ravie de pouvoir avoir des informations sans avoir eu à fouiller dans la tête de quelqu'un pour un fois.

-Pour faire simple, dit Susan en échangeant un regard sombre avec Jasper, le professeur Ombrage est là pour surveiller Dumbledore et lui mettre des bâtons dans les roues.

-Ça promet comme année encore, dit Jack en étouffant un bâillement.

-J'espère simplement qu'elle est compétente en tant que professeur, c'est le plus important pour nous, soupira le préfet de Serdaigle en se levant. J'ai mes BUSES à passer cette année moi. Anthony Goldstein, se présenta t'il ensuite à Féline. Viens me voir si tu as besoin de renseignement ou d'une quelconque aide.

-T'en fais pas, le coupa Jasper en époussetant les miettes tombées sur sa robe, on s'occupera bien d'elle.

Anthony Goldstein se contenta de la dévisager en haussant un sourcil réprobateur, peu ravi de s'être fait couper la parole. Sans ajouter quoique ce soit, il tourna les talons avant de s'avancer d'un air conquérant vers les premières années, bombant fièrement le rose où brillait de mille feux son insigne de préfet.

-J'ai jamais pu le supporter, dit Jasper en le regardant s'éloigner. Essaie de l'éviter au maximum si tu ne veux pas te retrouver à l'écouter débiter par cœur tout le règlement intérieur.

Autour d'eux, les élèves avaient commencés à se lever, signe que c'était la fin du repas et se dirigeaient vers leur salle commune respectives. Les préfets appelaient les premières années et Féline croisa le regard d'Harry qui lui adressa un signe de la main. Il avait l'air morose. Les regards terrifiées ou moqueur que les autres élèves lui lançaient en le croisant devaient fortement y être pour beaucoup.

-Viens Féline, dit Mona. Pas besoin que tu suives nos préfets, tu vas venir avec nous.

-Et comme tous les ans, le plus gros défis de l'année c'est de sortir de la grande salle sans se faire écraser, marmonna Jasper.

-Piétiner ou être piétiner, c'est la dure loi de Poudlard, philosopha Jack.

Après plusieurs coups de coudes et de pieds écrasés, le petit groupe finit enfin par s'extirper hors de la foule. La moitié des élèves étaient déjà en train d'emprunter les grands escaliers, l'autre se dirigeait vers le fond du couloir.

-Ce groupe là, dit Jasper en s'arrêtant au niveau de Féline, ce sont les Poufsouffles et les Serpentard leur salles communes se trouve respectivement dans un couloirs prés des cuisines et les autres dans un cachots. Mais où exactement, je n'en ai pas la moindre idée, on n'est pas censés connaître l'emplacement des autres salles communes. Nous on va prendre l'escalier. Notre salle commune se trouve dans une tour comme les Gryffondor, désigna t'il en montrant un groupe d'élèves aux cravates rouges et or les dépasser.

-Mais notre tour se situe dans l'aile ouest du château, pratiquement à l'opposé de la salle commune des Gryffondor, ajouta Mona.

-Aller dépêchez vous, dit Jack qui les attendait au pied des escaliers. On lui fera la visite guidée un autre jour, sans vouloir t'offenser Féline. Je meurs d'envie d'aller me coucher.

-Ça t'apprendra à faire le zouave pendant tout le trajet, ricana Jasper.

Jack leva les yeux aux ciel et s'engagea dans les escaliers, Jasper, Mona et Féline à sa suite. Lucille et Susan étaient parties sans les attendre. Féline tentait de mémoriser le chemin mais elle perdit le compte des escaliers après en avoir monté six. Le château était loin d 'être semblable à celui de Beauxbâtons. Son ancienne école était un palais à la française, où tout était très carré et organisé. Ici, les murs semblaient dotés d'une volonté propres et les escaliers n'arrêtaient pas de se déplacer par eux mêmes. Remus ne lui avait pas parlé de ça ! Bon sang, elle n'allait jamais s'y retrouver. Mona marchait à coté d'elle et babillait tranquillement à propos de sport moldu auquel son père l'avait forcé à assister durant tout l'été. Si Féline faisait l'effort d'écouter et Jasper d'acquiescer de temps à autres, Jack marchait devant, visiblement pressé d'aller se glisser dans son lit.

Finalement, ils arrivèrent avec d'autres élèves devant une belle porte en bois. Le heurtoir de métal, finement ouvragé en forme de tête d'aigle, s'anima soudain, sous le regard ébahit des premières années et de Féline.

-Je peux tenir dans l'immensité du ciel étoilé comme dans le creux de la main, déclara le heurtoir d'une voix métallique. Qui suis-je ?

-On doit répondre à une devinette pour pouvoir entrer ? s'étonna Féline.

-Oui, répondit Jack. Les élèves des autres maisons se contentent de donner un simple mot de passe mais nous, on est obligés de faire travailler nos neurones pour pouvoir simplement aller dormir.

-Et si tu ne trouves pas la réponse, tu restes là jusqu'à ce que quelqu'un est la solution. Une fois, Jack est resté trois heures dehors, pouffa Mona.

-Moralité, si tu as aussi peu de neurones que lui, ne dépasse pas le couvre-feu, ajouta Jasper avant de grimacer quand Jack lui écrasa le pied pour se venger.

Finalement, un cinquième année donna la bonne réponse, « L'avenir, les centaures le lisent dans les étoiles et les voyantes dans les lignes de la main. » et le heurtoir ouvrit le verrou après l'avoir chaudement complimenté pour cette bonne réflexion, permettant ainsi aux élèves d'accéder à leur salle commune. Féline s'arrêta avec les premières année pour découvrir le lieu. La pièce était spacieuse, grande et de forme circulaire, décorée par des belles étoffes de soie bleue. De larges fenêtres laissaient rentrer la lumière pale de la lune, éclairant les montagnes que l'on pouvait apercevoir au loin. Le plafond en forme de dôme était parsemé d'étoiles et le parquet de bois était partiellement recouvert par d'épais tapis bleus. Une dizaine de fauteuils, de canapés et des tables étaient répartis de part et d'autre de la pièce. Au fond trônait une grande bibliothèque, non loin d'une alcôve où se tenait une statue de marbre blanc représentant une belle femme et de l'immense cheminée où ronflait un bon feu de bois.

-C'est magnifique, dit Féline.

-Et c'est super confortable, dit Jack. Là-bas, c'est un peu notre coin à nous, désigna t'il en pointant un petit tas de poufs et de fauteuils près d'une alcôve, dans un coin reculé de la pièce. Sur ce, je vais me coucher, à demain !

-Bonne nuit, ajouta Jasper en lui adressant un signe de la main avant de s'engouffrer à la suite de son ami dans les escaliers menant au dortoir des garçons.

-Féline, l'appela Mona depuis l'opposé de la pièce. Viens, on ne va pas camper là tout de même.

Amusé, elle monta à sa suite une petite ribambelle d'escaliers. Elles passèrent devant le dortoir des premières puis des deuxièmes années avant de finalement s'arrêter devant le leur. Mona poussa la porte et rentra dans la pièce. Elle n'était pas particulièrement grande mais elle était chaleureuse. Quatre immenses lits à baldaquins étaient disposés au quatre coins de la chambre. A coté de chacun d'eux, une table de nuit était posée ainsi qu'une petite pile de couvertures supplementaires. Deux commodes étaient disposées face à face, au deux extrémité de la chambre. Un pichet d'eau et des verres étaient posés sur l'une d'elle. Au pied de chaque lit, se trouvait leur valise. Deux étaient déjà ouvertes, dont une était sans dessus dessous.

-Ces deux lits côte à côte sont ceux de Susan et Lucille. Celui-là c'est le mien, dit elle en sautant dessus. Toi tu as celui le plus éloigné de la porte. Avant il y avait un canapé.

Féline s'approcha du lit que Mona lui avait désigné. En effet, c'était bien sa valise qui était au pied de celui-ci, ainsi que le panier de Cornélius. Féline l'ouvrit immédiatement et le félin s'en échappa sans tarder, dans un concert de miaulements satisfaits. Il sauta immédiatement sur les genoux de sa maîtresse, réclamant des caresses.

-Personne n'a peur des chats ? demanda prudemment Féline.

-Ne t'en fait pas, répondit poliment Lucille en sortant de la salle de bain. Le mien passe sa vie à dormir ici ou devant la cheminée alors elles ont l'habitude. D'ailleurs, où est ce gros mammouth ?

Féline gratta distraitement les oreilles de son chat qui ronronnait affectueusement en regardant avec amusement sa camarade de chambre chercher son chat sous les lits. Lorsque Mona sortit à son tour de la salle de bain, Féline s'activa, se rendant compte qu'elle allait être la dernière couchée si cela continuait. Ni une ni deux, elle attrapa sa trousse de toilette dans sa valise et fila se préparer pour la nuit. Lorsqu'elle en revient, propre comme un sou neuf et les cheveux encore trempés, Lucille et Mona étaient assises par terre en train de regarder Cornélius mordiller gentiment les oreilles d'un gros matou brun. Perplexe, elle s'avança vers eux. Le chat était encore plus imposant que Pattenrond il restait allongé, laissant Cornélius l'escalader et jouer avec ses moustaches sans sourciller.

-Le gros chat que tu vois là, c'est le mien. Il s'appelle Buntàta, présenta fierement Lucille.

-Cela veut dire patate en écossais, pouffa Mona à son oreille.

Feline du se mordre la lèvre pour ne pas éclater de rire.

-Aller viens là, dit elle en récuperant son chat. Arrêtes donc de le martyriser espèce de petit coquin.

-Il est adorable, dit Mona en le regardant. Comment il s'appelle?

-Cornélius.

-Moi aussi je voulais un chat, soupira t'elle en se glissant sous ses couvertures. Mais ma mére est allergique alors j'ai eu une chouette. Tiens d'ailleurs, ton emploie du temps se trouve sur ta table de nuit. Demain on commence par Histoire de la Magie, c'est plutot chouette on pourra continuer notre nuit là-bas ! ria Mona alors que Lucille la fusillait du regard, un exemplaire de l'Histoire de Poudlard dans les bras.

-Les filles, vous étes bien gentilles mais j'aimerais dormir, grinca soudainement Susan. Alors silence !

-Comment refuser quand c'est demandé si poliment, soupira Mona en éteignant la lumière.

En se glissant sous les couvertures, Cornélius confortablement installé au fond du lit, Féline ne pu s'empêcher de sourire. Peut être qu'après tout, son oncle avait il raison ? Peut être que Poudlard n'était pas si mal. Demain, elle écrirait une petite lettre à Remus pour tout lui raconter. Elle eu une petite pensée pour Harry. Elle espérait que malgré les regards moqueurs de bons nombre d'élèves, il avait réussit à passer outre et à profiter de sa soirée. Demain, elle essayera de les croiser elle regrettait un peu de ne pas avoir pu leur parler à lui et aux autres, après sa répartition.

Mais pour l'instant, elle préféra s'abandonner dans les bras de Morphée. Le cœur léger, elle ne tarda pas à sombrer dans le sommeil. Elle dormit bien ce soir là, d'un sommeil lourd et sans rêve. Bercée par les ronronnements de Cornélius et les ronflements légers d'une de ses camarades de chambre. L'angoisse et l'anxiété des dernières nuits avaient disparues pour laisser place à une douce excitation à l'idée de découvrir Poudlard.