Ce matin là, alors que Féline avalait son petit déjeuner avant de filer en classe de sortilèges, Mona qui lisait le journal, s'était étouffée avec son café. Rouge d'indignation, elle leur avait collé la Gazette du Sorcier sous le nez. Jasper n'avait pas tardé à balbutier d'incompréhension tandis que Jack relisait plusieurs fois le gros titre pour vérifier si il n'avait pas loupé quelque chose. Mais non, ils avaient tous bien lu. A coté d'une photo du professeur Ombrage -où Féline ne pu s'empêcher de la comparer une fois de plus à un gros iguane- s'étalait en grosses lettres majuscules noires :

LE MINISTÈRE VEUT REFORMER L'ÉDUCATION,

DOLORÈS OMBRAGE NOMMÉE GRANDE INQUISITRICE

-Attendez, ils veulent bien dire « Grande Inquisitrice » comme dans grande inquisitrice ? demanda Jack perplexe.

-Plutôt comme dans Je-Vais-Prendre-Le-Contrôle-De-Poudlard, répondit amèrement Mona.

-Et personne ne va rien y redire, parce que si c'est comme je le pense un ordre direct du ministère de la Magie, même Dumbledore va devoir se plier aux volontés de cette bonne femme, ajouta Féline.

-Des le début, je me doutais qu'on ne rigolerait pas avec Ombrage mais je pensais pas que ce serait à ce point là.

-Je vous avais prévenu, soupira Jasper en remuant rageusement sa cuillère dans son bol de chocolat éclaboussant au passage sa chemise et la table. Je vous l'avais bien dis lors du discours de début d'année, qu'Ombrage n'était pas simplement là pour jouer au professeur de défense contre les forces du mal mais avant tout pour fouiner dans les affaires de Poudlard et tout rapporter à Fudge. Eh bien nous y voilà, mais pour tout vous avouer, je ne pensais pas que cela allait arriver aussi vite. Le ministère n'a pas perdu son temps.

Les trois Serdaigles acquiescèrent sombrement aux propos de leur ami. Féline réprima un violent frisson. Bientôt si cela continuait, Dumbledore serrait pieds et poings liés par le ministère et Vous-Savez-Qui se retrouverait alors libre de toutes entraves. Et personne ne serait prêt.

-Passe moi ça, grogna Féline en tendant la main vers le journal.

-Ils y racontent quoi précisément ? demanda Jack qui se resservait en porridge.

Avec un sourire amer, Féline lu l'article à haute voix. Jasper ne l'écoutait plus que d'une oreille, la gorge nouée. Son père travaillait au ministère, dans le département de la justice magique et avait toujours était très droit dans ses principes. Il était l'un des rares hauts gradés à ne pas avoir sombré dans la corruption et les pots de vin. C'est ce pourquoi plus de la moitié du conseil du Magenmagot avait finit par le prendre en grippe c'est qu'il leur faisait peur cet homme au regard dur, avec sa démarche déterminée et sa façon à tous les regarder avec colère lorsqu'ils échangeait des paris sur les issus des procès à venir.

Jasper était très fière de son père. Certes il le voyait peu, car il passait le plus clair de son temps à son travail, mais lorsqu'il voyait le nom de Laurent Cooper sous les gros titres de la Gazette, disant qu'il avait encore une fois évité une scandaleuse erreur judiciaire, Jasper se pavanait alors tel un coq, tellement fière d'avoir un père aussi droit et juste. Mais en plus de cela, son père ne cachait pas ses opinions et encore moins le fait qu'il suivrait Dumbledore aussi longtemps que la cause lui semblerait juste.

Voilà ce qui inquiétait Jasper. Si son père continuait à soutenir le directeur de Poudlard avec si peu de discrétion, il craignait fort que le ministère ne se retourne contre lui et ne le suspende. Une carrière ruinée, une réputation entachée, tout ça pour quoi ? Un garçon qui racontait visiblement des salades et un directeur trop gentil pour ne pas le remettre en question ?

Jasper soupira. Il avait beaucoup de mal à croire à cette histoire de soi-disant retour de Vous-Savez-Qui. Jack était tout comme lui, assez dubitatif Mona ne leur avait jamais donné son avis sur la question, visiblement, elle aussi ne savait quoi en penser. Mais il avait bien comprit que Féline y croyait dur comme fer. Il la connaissait depuis peu mais il avait déjà pu voir à quel point elle était intelligente. Il l'avait remarqué des le premier jour, cette soif de savoir, de connaissance, cette étincelle brûlante qui dansait dans ses yeux pales et atypiques; il en avait été touché. Féline était comme toutes les filles de son age, mais il y avait chez elle quelque chose qui attirait Jasper comme un aimant. Elle avait le même regard doux et sage que ces grands hommes qui ont déjà tout vus de la vie, et pourtant elle respirait la vivacité et la curiosité. C'était ce curieux mélange qui intriguait tellement le garçon. Peut être était ce parce qu'il se retrouvait un peu en elle.

Jasper était enfant unique et n'avait jamais eu d'amis avant d'entrer à Poudlard. Il n'était selon lui, pas très doué pour ça. Il préférait la compagnie de ses livres, de ses plantes en pots et de sa tortue Simone. Les enfants de son école ne jouait pas avec lui, il était trop calme, trop bizarre avec ses cheveux déjà parsemés de mèches grises. Ils finirent par tous le fuir comme la dragoncelle Jasper était trop intelligent, et parfois un trop de quelque chose la rendait effrayante, il leur faisait peur ce gamin à parler comme si il venait d'un autre siècle, à lire des livres sur les plantes au lieu de jouer aux chasseurs de dragon avec eux et à les dévisager de ses grands yeux verts.

Alors, lorsqu'il était arrivé à Poudlard, il était persuadé que rien n'allait changer. Il atterrit à Serdaigle comme tout le monde l'avait prévu. Il avait voulut s'isoler rapidement, qu'on l'oublie et qu'on lui fiche un peu la paix non pas qu'il ne désirait pas avoir d'amis mais simplement qu'il ignorait comment faire. Le premier soir, il avait grimpé en silence sur son lit et s'était plongé dans un livre de botanique. Jusqu'à ce qu'il ne relève les yeux, guidé par la désagréable sensation d'être observé. Et ce fut là qu'il croisa le regard de Jack, souriant de toutes ses dents. A partir de ce jour, Jack ne l'avait plus lâché. Jasper s'était détendu et la sociabilité presque agaçante de Jack finit par déteindre peu à peu sur lui.

Ce fut d'ailleurs lui qui remarqua cette fille de leur année, assise seule à chaque cours et qui mangeait les yeux dans ses prises de notes. Jasper en parla à Jack lors d'un repas qui, ni une ni deux, avait attrapé leurs assiettes et couverts, et s'était assit en face de la fille qui lui lança alors un regard reconnaissant. Elle s'appelait Mona. Bien vite, ils formèrent un joyeux petit trio, semblable à celui si célèbre de Gryffondor. Mais eux, personne ne les connaissaient. Ils étaient juste trois Serdaigles, heureux dans leur coin et ça leur convenait parfaitement.

Il se sentait si bien avec eux. La vivacité d'esprit de Jasper, la langue bien pendue de Jack et la présence douce et agréable de Mona avaient finit par presque devenir indissociables. Et puis Féline était arrivée. Ils avaient tous les trois vu son air terrorisé au moment de monter sur l'estrade, son regard perdu en s'asseyant à leur table. Jack n'avait même pas eu à les concerter, il l'avait abordé et l'avait mêlé à la discussion. Mona avait été ravie de voir Féline se joindre à eux, car si elle aimait les deux garçons, être la seule fille lui pesait. Jack avait immédiatement apprécié le rire discret de Féline et son sens de l'humour si semblable au sien quant à Jasper, que dire, il avait trouvé quelqu'un d'aussi, si ce n'est plus, intelligent que lui. Car ce n'était un secret pour personne. Jasper Cooper était un génie, un peu à l'écart parfois car plongé dans son propre monde. Et il avait la certitude, bien que ne sachant pas le pourquoi du comment, que Féline y avait accès.

Alors voilà où il sentait que cela clochait. Si Féline et Dumbledore croyaient Harry Potter, c'est qu'il devait y avoir une bonne raison non ? Féline avait l'air de bien connaître le garçon de même que les Weasley et Granger. Que savait 'elle exactement ? Jusqu'à quel point le récit de la terrible nuit où l'un des champion de Poudlard trouva la mort lui avait été conté ? Jasper était dévoré par la curiosité. Il brûlait d'envie d'en savoir plus. Et puis après tout, son père croyait Dumbledore non ? Et il n'avait jamais rien fait sans raison et cru sans preuve alors… « eh bien peut être que Potter n'est pas aussi fou qu'on voudrait bien nous le faire croire » murmura Jasper bien plus pour lui même que pour ses trois amis qui débattaient à propos de l'inutilité d'Ombrage en tant que professeur.

Son cœur s'arrêta un instant en croisant le regard de Féline. Elle le dévisageait avec surprise, presque avec fierté. Est-ce qu'elle avait entendue ce qu'il avait dit ? Non, impossible avec le raffut de Jack et Mona. Mais alors, pourquoi le fixait elle ainsi ?

Féline ne répondit pas au regard interrogateur que lui adressa Jasper. Elle se contenta de baisser la tête, s'intéressant de nouveau au contenu de son assiette. Elle avait suivit depuis le début le raisonnement du garçon sans chercher à intervenir. Elle aurait pu lui souffler intiment dans son esprit la voie qu'elle souhaitait le voir prendre mais Féline avait toujours eu en horreur cette possibilité que lui offrait son don. Quand bien d'autres y auraient vu une opportunité fabuleuse, Féline considérait plutôt cela comme une forme dérivée de l'Imperium, le sujet n'étant pas soumis à sa volonté mais étant tout de même aiguillé s'en rendre compte.

Ho, cela ne voulait pas dire qu'elle ne l'avait jamais utilisé, elle s'en servait enfant sans même le savoir, et puis quand son oncle était pris d'angoisses, elle le guidait vers le calme. Mais rien de plus rien de moins. Enfin, mise à part la fois où avec Arnaud, elle avait légèrement soufflé à Édith Deslaunay, la petite brute de sa classe, que courir dans les couloirs déguisée en sapin de Noël en hurlant des comptines et ce en pleine nuit, serait une excellente façon de commencer la nouvelle année.

-Eh ho, vous nous écoutez ou quoi ? gronda Jack en secouant l'épaule de Jasper et en lançant un regard agacé à Féline.

-Pardon, dit elle alors que Jasper levait les yeux au ciel parce que « non Jack, je ne passe pas ma vie à écouter toutes les bêtises qui sortent de ta ô combien divine bouche. », « Tu trouves que ma bouche est divine ? », « La ferme. ».

-Allons allons, pas de vulgarité des le matin, rit Mona. Et Jack, laisse ce pauvre Jasper tranquille, il est encore trop tôt pour draguer qui que ce soit aujourd'hui.

Pour toute réponse, Jasper lui balança son pancakes en plein sur le nez.

Digne, Mona le laissa se décoller lentement de son visage et tomber dans son assiette dans un bruit moite. La table était plongé dans un silence religieux.

Jasper, mortifié, regardait Mona s'essuyer le visage avec le peu de panache qu'il lui restait. Féline se mordait les joues jusqu'au sang pour ne pas éclater de rire de même que Jack qui pleurait silencieusement, ses épaules secouées par un fou rire silencieux. La tête haute, Mona ramassa ses affaires, mit son sac sur son épaule, attrapa son assiette où résidait un fond de porridge et la renversa sur le crane de Jasper. N'y tenant visiblement plus, Jack s'écroula en hurlant de rire sur la table, vite rejoint par Féline qui avait également fini par craquer.

-Mais elle m'énerve aussi avec ses remarques là. Elle le sait que je ne suis pas du matin alors pourquoi elle me cherche comme ça hein ? marmonna Jasper en ramassant son sac à la hâte et de s'élancer à la suite de son amie pour s'excuser.

-Eh bien eh bien, soupira Féline en essuyant ses larmes, tu parles d'un petit déjeuner reposant.

-Quelle superbe façon de démarrer une journée, s'enthousiasma Jack. Par Merlin, non mais tu l'as vu ? Ce lancé de pancakes était tout bonnement incroyable, il devrait tenter sa chance au Quidditch, il serait excellent !

-Oui, enfin si il n'avait pas le vertige, rit Féline. Aller Mr. Overland, on va être en retard en sortilèges alors faites moi le plaisir de finir cette énorme part de porridge.

Jack acquiesça, peut désireux de finir encore en retenue pour ses trop nombreux retards. Pas que la compagnie de Rusard lui déplaisait mais même la sociabilité de Jack avait ses limites. Et puis, il n'aimait pas trop les chats de toute façon. Alors Miss Teigne, n'en parlons pas. Il engloutit dans une monstrueuse cuillerée son reste de petit déjeuner, arrachant une moue mi-dégouttée mi-admirative à Féline, impressionnée qu'un être humain puisse mettre autant de nourriture dans sa bouche d'un seul coup.

Une fois l'assiette soigneusement raclée, ils attrapèrent capes et sacs et s'élancèrent vers la salle de classe du professeur Flitwick. Le cours se déroula sans problème, si l'on omet le fait que Jack hérita d'une retenue pour avoir bassiné la classe durant tout le cours sur une sombre histoire de pancakes -à vrai dire, le professeur n'avait écouté que d'une oreille mais si il se fiait aux têtes las de Mr. Cooper et Mlle O'Kelly, cela de devait pas être très intéressant, quant bien même Mlle Lupin semblait sur le point de s'étouffer de rire, au moins elle ne faisait pas de bruit-.

-Ce n'est pas juste ! soupira finalement Jack alors qu'ils sortaient de cours, Jasper et Mona ricanants derrière lui comme des phoques, toutes querelles oubliées. Si il avait assisté à la scène en direct, il se serait rangé de mon côté. Collé vendredi soir de dix-huit heure à vingt heure, tu parles d'une vie.

-Estime toi heureux, si ça avait été McGonagall, tu ne serais pas sortie avant minuit.

-Merci Féline tu me consoles beaucoup. Et pourquoi tu n'es pas punie toi d'ailleurs ? Tu as passé l'heure à rire comme un démon ! C'est du favoritisme !

-Parce que elle, intervient Susan en le dépassant avec un sourire narquois, elle a réalisé sans aucun problème l'exercice demandé et qu'elle rigolait en silence Jack. Mais je doute que ce mot fasse partit de ton vocabulaire.

Jack lui adressa un signe grossier de la main. Susan leva les yeux au ciel et s'éloigna, Lucille derrière elle prenant au moins la peine de saluer ses camarades, chose que Susan ne faisait absolument jamais.

-Je ne comprend pas comment elles peuvent être amies, soupira Mona en les regardant s'éloigner. Je veux dire, elles sont tellement différentes !

-Susan est terre à terre, sèche, désagréable, odieuse, acariâtre…

-Ho je n'irais pas jusque là !

-Insipide, antipathique, irritante...

-Je pense que tu peux t'arrêter là, rit Jasper.

-J'en ai encore plein d'autre si vous voulez.

-On en doute pas Jack, on n'en doute pas.

-Alors que Lucille, eh bien elle est polie, agréable, souriante, reprit Mona. Non décidément, quelque chose m'échappe.

-Eh bien disons que les contraires s'attirent, dit Féline en leur faisant signe d'avancer. Ho Jack arrêtes de tirer cette tête, tu l'as bien chercher cette retenue.

-Vous êtes sans cœur Mlle Lupin, grommela t'il en fourrant sa convocation dans sa poche.


Féline était désespérée. Non vraiment cela n'avait absolument aucun sens. Ho elle avait déjà été confrontée à des situations compliqués dans sa vie, comme la fois où elle avait du expliquer à sa directrice et à son oncle furieux le pourquoi du comment elle s'était retrouvée dans les montagnes en pleine nuit avec Arnaud pour chercher des feu-follets. Ou quand elle avait trouvé judicieux d'apprendre d'elle même à transplaner et qu'elle s'était désartibulée. Ou encore lorsqu'elle avait effrontément menti à son oncle en lui jurant que non, elle n'avait pas pris le billet de dix livres qui traînait sur la table.

Mais là s'était différent. Elle était juste venue tranquillement chercher quelques livres à la bibliothèque accompagnée d'un Jack d'humeur particulièrement bavarde, d'une Mona aux portes de Morphée et d'un Jasper encore plus blasé que d'ordinaire. Après avoir perdu Jasper dans la section botanique et abandonné Jack et Mona au rayon des créatures magiques -car s'étant vite lassée des « Wha tu as vu la taille de ses ailes ? » « Et de sa corne ! » « Et regarde ses griffes ! » « Dingue ! » «Fantastique! »- elle s'était dirigée vers le fond de la bibliothèque, dédié à l'Histoire de la magie. Évidemment, c'était l'endroit le moins bien éclairé, comme par hasard. Féline marmonna un Lumos afin de pouvoir ne serait-ce que lire les titres sur la tranche des livres.

Les livres étaient vieux mais propres, parfaitement entretenus et classé, si bien qu'elle ne mit pas moins de quelque minutes pour trouver ce qu'elle cherchait. Comme tout bon amoureux des livres, Féline ne prit pas la peine d'aller s'asseoir ou même de se décaler. Elle resta plantée là, en plein milieu du passage, à savourer la sensation du vieux papier sous ses doigts, l'odeur presque religieuse qui s'en dégageait et les mots soigneusement écrits à la plume.

-Je ne sais pas si tu as remarqué, mais tu me gênes là, grogna un garçon en se postant devant elle.

-Navrée, répondit distraitement Féline en se décalant sans relever les yeux de son livre.

Le garçon ne répondit rien, s'accroupit et commença à farfouiller dans l'étagère. Féline releva finalement la tête, sa nuque la lançant désagréablement à force d'être restée courber pendant aussi longtemps. En reculant, elle écrasa quelque chose sous sa semelle, quelque chose qui devait être relié à un quelqu'un puisqu'un sifflement de douleur retentit au même moment. Féline se retourna, prête à se rependre en excuses. De son coté le garçon se redressa, massant sa main, les sourcils froncés de mécontentement. Féline, mortifiée, n'arrivait plus à dire quoique ce soit. Elle avait reconnue les mèches blondes, les yeux gris, la silhouette fine et altière.

Par tous les sages, elle venait d'écraser la main de Drago Malefoy.

Il lui lança un drôle de regard. Il avait été vexé qu'elle ne relève pas la tête quand il était arrivé, c 'est vrai, il était un Malefoy tout de même, c'était la moindre des choses. Et voilà que maintenant cette fillette se permettait de lui marcher dessus ? Il s'était relevé d'un bond, prêt à l'incendier. Pourtant, il n'en fit rien. Peut être était-ce parce que face à ces deux yeux vairons qui le dévoraient avec une curiosité avide, il n'avait pas sur réagir. Bon sang, les gens le craignaient, cherchaient son respect, son approbation, mais jamais au grand jamais, on ne l'avait regardé de cette façon. Comme si il représentait le plus grand mystère de l'univers. Le cœur pourtant si sec du garçon rata un battement. Alors il se retourna et disparut, laissant une Féline désappointée derrière lui.

« Mais quelle mouche l'a donc piqué ? Il aurait du me mettre en pièce selon ce que l'on m'en a dit, alors pourquoi ? » se demanda Féline.

« Qu'est-ce qui vient de se passer ? Pourquoi j'ai laissé passer ça ? Et pourquoi j'ai aussi chaud ? » pensa Malefoy.

-Ah Féline tu es là ! Je te cherche partout depuis des heures.

-Bonjour Hermione, répondit elle en fixant d'un air songeur l'endroit où Malefoy venait tout juste de disparaître.

La jeune fille lui sourit en réponse. Elle avait l'air surexcité. Ses yeux brillaient enthousiasme contenu et le ton de sa voix trahissait sans mal son impatience. Ni une ni deux, elle attrapa la main de son amie et la traîna jusqu'au fond du rayon, sur et certaine que là-bas, elles seraient à l'abri des oreilles indiscrètes.

-Ho toi, vu ta tête, tu dois avoir quelque chose d'incroyable à me raconter, dit Féline.

-Et encore, tu n'imagines pas jusqu'à quel point ! Écoute je suis sur que ça va te plaire. Mais d'abord dis moi, que penses tu des cours d'Ombrage ?

-La même chose que tout le monde je suppose ? Qu'ils sont ennuyants au possible et totalement abrutissants.

-Exactement, sourit Hermione. Alors je me suis dis que peut être devrait on trouver un autre professeur de défense contre les forces du mal. Quelqu'un qui sache de quoi il parle, qui ne nous cache rien et qui nous apprenne tout ce que l'on doit savoir.

-Elle parle de Potter.

-C'est totalement Potter.

-Je sais même pas pourquoi on précise quelque chose d'aussi évident.

Avec un froncement de sourcil, Hermione s'avança baguette levée vers la source des chuchotements retira trois livres de l'étagère et tomba nez à nez avec les visages étonnés de Jack, Mona et Jasper, visiblement surpris de s'être fait découvert si vite. Féline adressa une moue d'excuse à la préfète. Hermione leva les yeux au ciel et Féline leur fit signe de les rejoindre. Après tout, ils détestaient Ombrage autant qu'elles, et même si ils ne croyaient pas Harry sur le retour de Vous-Savez-Qui, ils ne le considéraient pas non plus comme un fou à lier. Dans le pire des cas, ils pourraient toujours refuser de participer à ce que Hermione était prête à leur proposer.

Après quelques rapides explications, Hermione leur donna l'heure de rendez vous et s'éclipsa après leur avoir fait promettre de garder le rendez vous secret. Mieux valait éviter qu'Ombrage ne découvre ce qui était en train de se tramer sous son gros nez.


-Non mais vous vous rendez compte ? demanda Mona surexcitée en relevant la tête de son devoir d'astronomie. On va assister à une réunion secrète et créer une société encore plus secrète sans que personne ne doit au courant !

-Eh oui ma chère, c'est le but d'un organisation secrète. Personne ne sait qu'elle existe. D'où le secret justement.

-Ho la ferme Féline.

Elle pouffa de rire et se replongea dans son devoir. Le week-end à Pré-au-Lard approchait à grand pas et tous les troisièmes années étaient de plus en plus impatients. Mais pour eux quatre, cette sortie prenait des airs de grandes aventures. Si Jack et Féline se prenaient presque pour des agents tout droit sortis d'un James Bond (ils s'étaient tout les deux découvert une passion commune pour le cinéma moldu et pouvaient passer des heures à parler de leurs films favoris), Mona était simplement ravie de faire quelque chose qui risquerait de mettre Ombrage sur les nerfs (elle avait développé une véritable aversion pour la bonne femme depuis le jour où celle ci s'était permit de lui faire une remarque sur sa coiffure « Non mais elle ressemble à un crapaud gluant et elle ose me faire la leçon ? »). Quand à Jasper, il observait tout ce remue ménage du coin de l'œil, un sourire tranquille aux lèvres même si il était lui aussi plutôt intrigué de savoir ce que Potter comptait leur dire lors de cette fameuse réunion.

-N'empêche, soupira Jack avec un ton sérieux qui ne lui ressemblait pas. Faudra être prudent. On risque gros avec tout ça.

-Tu ne veux plus y aller ? demanda Féline, un plis soucieux déformant son visage.

-Bien sur que si, la rassura t'il. Je dis juste que ce n'est pas une promenade de santé. Ombrage pourrait nous faire vivre un enfer si elle découvre ce qu'on trafique et je n'ose imaginer ce que cela pourrait être pour Potter.

-Aussi dur que cela me soit de le reconnaître, Jack a raison, ajouta Jasper en évitant habilement le stylo qui vola dans sa direction. Si on se fait prendre, Potter se fera croquer par Ombrage et nous en guise d'amuse-gueules.

-Mêlons nous de nos affaires, laissons les autres s'occuper des leurs et chacun pour sa pomme, du moins pour le moment. Je vais vous donner un bon conseil : « Qui ne se mêle de rien a paix, qui se mêle de tout a guerre. » !

-Ça Mona, ce n'était clairement pas un conseil mais un genre de proverbe nul qu'on brode sur un coussins.

-Oui, rit Féline. Du genre « L'amour est comme l'horizon, une étendue dont on ne voit ni le début, ni la fin. »

-Il est super celui là, je vais le ressortir quand j'irais voir une fille. Où tu l'as trouvé ?

-Affiché dans mes toilettes Jack, dans mes toilettes.


Cela faisait bientôt plus de vingt minutes que Mona avait retenu Féline avant que celle-ci ne parte prendre son petit déjeuner. Aujourd'hui, c'était le jour tant attendu de la sortie à Pré-au-Lard, et Mona comptait bien en profiter pour se mettre à son avantage et attirer l'attention d'Edmund Wilson pour une fois qu'elle avait l'occasion de porter autre chose que son uniforme, elle avait bien l'intention de trouver LA tenue parfaite. Féline s'était prêtée au jeu de bonne grâce malgré les protestations bruyantes de son estomac.

-Et qu'est-ce que tu penses de ça ? demanda Mona en mettant devant elle un ensemble noir.

-Un peu trop sombre, répondit Féline d'un œil critique. Essaie le pantalon avec le haut bleu de tout à l'heure.

Assise sur le lit de son amie, elle examinait d'un air concentré les vêtements étalés sans aucune considération sur le sol. Elle aussi s'était faite jolie, du moins avait elle essayé. Il faisait déjà un froid de canard en se début du mois d'octobre alors elle avait vite abandonné l'idée de sortir dehors avec une jupe ou une robe, surtout avec le vent qui soufflaient dehors par d'immenses rafales, faisant rugir les murs du château, claquer les portes, grincer les fenêtres et éternuer les pauvres élèves pas assez couverts. Ainsi s'était elle contentée d'un épais col roulé à marinière sous une salopette noire et d'une veste marron ayant appartenu à son oncle durant son adolescence.

Finalement, Mona opta pour un pantalon côtelé et un ravissant chandail de laine vert qui s'accordait parfaitement à celui de ses yeux. Fière comme un paon en parade nuptiale, elle descendit la première. Ni Jasper ni Jack ne cachèrent leur moue appréciatrice en la voyant arriver.

-Eh bah si Wilson n'a pas le coup de foudre, soit il préfère les garçons, ce qui ne serait pas pour me déplaire, soit c'est un imbécile finit.

Jasper acquiesça en riant au propos de Jack pendant que Mona rougissait de plaisir sous les compliments dit à demi-mots. Féline arriva l'instant d'après, ayant décidé au dernier moment de prendre son un de ses ruban pour s'attacher les cheveux par mesure de précaution. Jasper ne pu retenir un sourire en la voyant débarquer, presque noyée dans la veste légèrement trop grande pour elle. Elle salua les garçons qui eux avaient penchés pour un simple jean et un sweat à capuche, celui de Jack étant bleu et celui de Jasper noir.

-On y va ? proposa t'elle. Je ne suis pas prête à sacrifier mon petit déjeuner, surtout avant la journée qui nous attend.

-Féline Lupin, votre appétit de moineau et vous pourrez bien vous contentez d'un morceau de toast à avaler sur le chemin, soupira Jack.

-Moi oui, mais toi ?

-Plutôt mourir, dit il en se dirigeant d'un pas décidé vers la sortie sous les ricanements de ses amis.

Quinze minutes plus tard et un petit déjeuner pris d'une façon on ne peut plus expéditive, ils rejoignirent la masse agglutinante d'élèves qui se pressait auprès du concierge pour faire valider leur autorisation de sortie. Un par un, les élèves défilaient devant lui avant de pouvoir rejoindre le grand escalier de pierre. Jack reçu de la part du concierge un regard particulièrement soupçonneux -et pour cause, il avait vu le Serdaigle faire dégringoler une armure dans un colimaçon après s'être prit les pieds dedans, et Rusard était intimement convaincu qu'il s'agissait là d'un mutinerie contre lui- et enfin ils furent dehors. Féline ferma les yeux et savoura un instant les timides rayons de soleil qui bravaient le vent pour leur apporter un peu de chaleur.

Ils suivaient les autres élèves en discutant tranquillement. Mona regrettait de ne pas s'être attachée les cheveux que le vent lui rabattait sans pitié sur le visage et regardait avec envie Féline nouer les sien à l'aide d'un ruban noir. Grand seigneur, Jack lui en conjura un, ravi de pouvoir montrer ses talents en métamorphose. Alors qu'ils traversèrent les grilles du château, une impression d'immense liberté leur réchauffa le cœur. Bientôt, ils atteignirent les abords du village sorciers. Nombre de troisièmes années s'arrêtaient comme eux pour regarder les habitations en contre bas. Jack, surexcité et bien décidé à ne pas perdre plus de temps, attrapa les mains de Jasper et Féline et entraîna Mona dans le mouvement. Ce n'était pas le moment de végéter par Merlin, ils avaient tout un village à visiter !

-Alors, on commences par où ? demanda Jasper en récupérant sa main et en fusillant Jack du regard qui lui adressa une moue moqueuse, pas perturbée pour un sou.

-J'ai fais une liste, répondit Mona en sortant le papier en question de sa poche. Par là, c'est la cabane hurlante, dit elle en pointant du doigt un petit sentier qui s'enfonçait dans les bois sur leur gauche, mais il paraît que c'est plus impressionnant de la voir au crépuscule alors on pourrait la garder pour la fin ? Là on a les Trois Balais dit t'elle en indiquant le grand pub joliment illuminé.

-Il a déjà l'air bondé, soupira Jasper.

-Alors on peut commencer par Zonko ou Derviche et Bang, ils sont un peu plus loin mais de toute façon on a tout notre temps.

-Bah pique nique douille c'est toi l'andouille, fit Féline en se dirigeant d'un air enjoué vers la direction indiquée par Mona. En route mauvaise troupe, tous chez Zonko !

Ils y passèrent presque une heure. Jack et Féline voulant tout acheter et Jasper tentant au mieux de les raisonner. Mona elle, n'avait pas perdu son objectif de vu qui portait le nom de code -imaginé gracieusement par Jack- OSBGS à traduire par « Opération Séduire le Beau Gosse de Serpentard » qui avait simplement été raccourcit à OSS (« Opération Séduction de Serpentard ») ce qui avait eu pour résultat de faire bouder Jack, vexé que son idée n'est pas été retenue au casting. Finalement, Jack n'acheta qu'une tasse à thé mordeuse et Féline reposa à regret un frisbee à dents de sabre.

La boutique suivante était Honeydukes. C'était sans conteste l'endroit que Féline attendait avec le plus d'impatience. Elle avait toujours été particulièrement friande de sucreries, ce qui lui avait valut plusieurs problèmes de caries étant petite. Son oncle avait beau changer tous les jours de cachette le bocal de friandises, Féline finissait toujours par mettre la main dessus. C'est donc avec empressement qu'elle poussa la porte du magasin bondé d'élèves.

La boutique fit briller d'émerveillement les yeux des deux filles alors que Jack se léchait déjà les lèvres de gourmandises et que Jasper hochait la tête d'un air appréciateur. Des étagères remplis de confiseries tapissaient tous les murs sans exceptions. Au centre de l'immense pièce, de gigantesques barriques était remplis à ras bord de bonbons aux emballages colorés qui illuminaient l'espace. Ni un ni deux, Mona et Féline s'élancèrent pour commencer à faire le tour de la boutique. Elles s'attardèrent longuement les bonbons explosifs avant de décider d'en prendre un échantillon proposé une petite assiette flottante au niveau de l'étagère. Féline sursauta en sentant le bonbon imiter un feu d'artifice dans sa bouche et préféra ne pas en prendre au contraire de Mona qui avait adoré.

Elle acheta en revanche un paquet de dragées surprises de Bertie Crochue, un autre de chocogrenouille et se laissa tenter par quelques souris glacées. Jasper la rejoignit l'instant d 'après, rayonnant et les bras chargés de caramels et de nougats accompagné par Jack qui avait porté son attention sur des choix plus originaux : suçacides, sucettes pour vampire et des nids de cafard.

-Tu peux me dire qui tu comptes empoisonner avec tout ça ? demanda Féline d'un ton soupçonneux.

-Ne t'en fais pas, ce n'est pas pour vous. Mes neveux et nièces m'ont suppliés de leur ramener des confiseries alors ils vont être servis !

-Tu es diabolique Overland. Un vrai monstre.

-Ou un génie, tout dépend du point de vu.

-Ho, je vois. C'est donc toi Moriarty ?

Jasper pouffa de rire alors que Jack effectuait une petite révérence, donnant ainsi sans le vouloir un coup de coude à un Poufsouffle qui lui lança un regard peu amène.

Une fois leurs achats réglés, ils enchaînèrent avec Scribenpenne, le magasin de plume où Féline et Mona refirent leurs stock de plumes en sucre tandis que Jasper craqua pour une magnifique plume noire et Jack pour une correctrice d'orthographe automatique. Ils firent ensuite un tour chez Gaichiffon et où Féline et Jack passèrent près d'une demi-heure à chercher les chaussettes les plus extravagantes finalement Jasper et Mona se laissèrent prendre au jeux et chacun acheta une paire : des pingouins sur des transats pour Féline, des donuts pour Jasper, le personnage de Snoopy pour Mona et avocats avec des sombrero pour Jack.

-J'ai hâte que Rogue remarque notre nouveau style, ricana Mona.

-Sans parler d'Ombrage, ajouta Jack. Ça va valoir son pesant de petit Lu tout ça !

-Hum hum, votre ridicule accoutrement entache la noble réputation de Poudlard, imita si bien Féline que Jasper se retourna pour voir si Ombrage n'était pas derrière eux.

Soudain, Jack se stoppa violemment avant d'adresser un regard affolé à Jasper. Féline comprit dans l'instant et sa moue rieuse se transforma en une panique royale.

-Ho Mona regarde, c'est la poste, et si on allait y faire un tour ? dit Féline en improvisant.

-Waouh une poste, ajouta Jack en rentrant immédiatement dans son manège. Ça doit être incroyable, vite je meurs d'envie de voir à quoi ça ressemble.

-Mais Jack, ton père travaille dans une poste magique, rit Mona en dégageant son bras que le garçon avait embarqué. Pourquoi est ce que tu... HO PAR MERLIN !

Jack grinça des dents, Féline plissa les yeux et Jasper fit une grimace. En face d'eux, juste devant l'entrée des Trois Balais, Edmund Wilson embrassait à pleine bouche une jeune fille aux cheveux blonds. Comme un seul homme, ils détournèrent leur regard du couple qui s'échangeaient à présent des petits d'amour selon leurs sourires attendris, et regardèrent d'un air navré le visage de Mona se décomposer.

-Viens, ne restons pas là, finit par lui dire doucement Féline en lui prenant gentiment la main.

L'instant d'après, ils étaient attablés autour de quatre bièraubeurres dans un charmant petit café particulièrement calme car peu fréquenté par les élèves en raison de sa localisation, loin des grandes rus animées du village. Mona fixait d'un œil morne sa chope, les yeux encore rougies par les larmes. Ils avaient fais de leur mieux pour la consoler, Jasper préférant s'éclipser en allant payer la tournée car peu à l'aise pour réconforter les gens, pendant que Jack et Féline lui disaient des paroles apaisantes et la prenaient dans leurs bras. A présent, ils la dévisageaient d'un air soucieux sans savoir quoi dire pour briser le silence de glace qui s'était établi autour d'eux.

-Ho et puis merde, s'écria Mona en les faisant sursauter. Il aime une autre fille, très bien, tant pis, je n'avais qu'à me bouger les fesses au lieu de baver sur lui seule dans mon coin.

-Et puis tu sais, renchérit immédiatement Jack, il paraît qu'être seul renforce sa créativité, alors à ton xylophone trésor et deviens le nouveau Mozart !

-Je joue du violon imbécile.

Jasper pouffa de rire dans sa chope, s'étouffant à moitié avec la boisson. Jack le regarda suffoquer sans aucune pitié.

-Ah le plaisir du karma, chantonna t'il.

-Ce que Jack veut dire, intervient Féline, c'est que peut être que ce n'était pas celui qu'il te fallait.

-De tout évidence, ajouta Jasper en inspirant de grandes goulées d'air.

-Et puis on est là nous, continua Jack. C'est vrai, pourquoi s'encombrer d'un Edmund Wilson alors qu'on a déjà des amis géniaux hein ?

Mona renifla bruyamment avant de leur adresser un sourire contrit. Qu'est-ce qu'elle ferait sans eux ? Ils étaient bêtes mais elle les adorait.

-Et sinon, lança Jasper pour changer de sujet et permettre à Mona de reprendre doucement constance, vous savez qui est à l'origine de la fondation de Pré-au-Lard ? J'ai voulu me renseigner avant de venir mais avec tous les devoirs qu'on a eu récemment, j'ai complémentent oublié.

-Hengist de Woodcroft, marmonna Jack derrière sa chope.

-Comment tu sais ça toi ? dit il en ouvrant deux grands yeux ronds.

-Je sais qu'à toujours faire l'idiot on pourrait en douter, mais si je suis à Serdaigle c'est pour une bonne raison tu sais ?

Les joues de Jasper rosirent légèrement sous la petite pique. Il l'avait bien cherché après tout. Jack cachait bien son jeux mais derrière ses pitreries se cachait un esprit aiguisé et perspicace comme pas deux bien tout le monde avait tendance à oublier cette partie d'être du garçon. Jack n'ajouta rien, un peu fâché de voir que son meilleur ami semblait réellement le prendre pour un idiot.

Finalement, ce fut Mona qui les secoua en leur rappelant l'heure et qu'ils allaient être en retard pour la RTSAO (à comprendre comme « Réunion Top Secrète Anti-Ombrage ») sur le chemin, Jack donna un coup d'épaule à son ami, signe que tout était oublié. Jasper lui adressa un sourire d'excuse en retour. Peu à peu, ils cessèrent de discuter et s'avancèrent en silence dans les petites ruelles, à présent bien loin de la grande rue. Féline et Mona semblaient de plus en plus réticentes et ralentirent le pas pour attendre les garçons qui traînaient un peu en arrière. Ils débouchèrent finalement dans une sorte d'impasse où le soleil peinait à percer. Une enseigne ballottée par le vent indiquait dans un grincement effrayant le nom de l'auberge.

Après un instant d'hésitation, c'est dans un silence royal et légèrement appréhensif que les quatre Serdaigles poussèrent la porte de La Tête de Sanglier.