Lorsque Jack descendit dans la salle commune ce matin-là, les lourdes cernes qui marquaient son visage contrastaient si fort avec sa peau pâle que cela lui donnait presque l'air d'un revenant. Même Jasper ne tenait cette fois-ci pas la comparaison avec son ami. L'angoisse du match de Quidditch entre Serpentard et Serdaigle l'avait maintenu éveillé toute la nuit, rendant impossible le moindre espoir de trouver le sommeil avant l'aube. Résigné, il avait fini par s'extirper sans un bruit hors de sa couette, attrapant sa tenue de Quidditch avant de s'élancer hors de son dortoir à la recherche d'une quelconque distraction qui pourrait apaiser le tracas impatient qui lui remuait les entrailles.
Évidemment, la salle commune était déserte. L'aube venait tout juste de pointer le bout de son nez. Morose, il feuilleta avec lassitude un livre oublié sur l'une des tables, non loin de la cheminée. Se désintéressant rapidement de Théories relatives des 12 lois antiques de Merlin, le jeune sorcier jeta un coup d'œil derrière lui. Le silence apaisant de la pièce, simplement troublé par la pluie qui battait furieusement les carreaux, renforça l'envie qui venait de le saisir. Avec un sourire mutin, Jack respira profondément avant de laisser place dans un tourbillon coloré à un chat de gouttière brun aux poils ébouriffés. Dans un miaulement ravi, il se précipita dans le couloir.
Jack avait toujours aimé les chats, presque autant qu'il adorait son chien Patch, un énorme chien des Pyrénées blanc comme neige. Aussi loin qu'il s'en souvienne, sa maison et son enfance avaient constamment été marquées par la présence de félins aux regards brillants et aux poils aussi doux qu'un nuage. Il les admirait pour leur caractère moqueur, leur démarche souple et agile, pour leur force fine et discrète. Il aimait ce regard plein d'intelligence qu'ils offraient à ceux qui savaient voir plus loin que les apparences. Cet animal, fidèle compagnon du peuple sorcier, avait toujours su offrir à Jack et aux siens l'aide qu'ils demandaient lorsque ceux-ci étaient plus bas que terre.
Et puis, Jack avait rencontré le professeur McGonagall. Il était immédiatement tombé sous le charme de la métamorphose. Pour lui, le garçon au sourire si farceur, si avide de rire et de surprise, cette branche de la magie lui avait paru si pleines de promesses qu'elle s'était infiltrée au plus profond de son cœur, s'enracinant jusque dans son âme. Ce fut lorsqu'il découvrit que la sorcière qu'il admirait le plus après sa propre mère, était une animagus, que les dernières barrières retenant son esprit trop téméraire, s'écroulèrent. Il allait lui aussi devenir un animagus, un chat, quoique qu'il lui en coûte. Il serait le plus grand sorcier en métamorphose que l'histoire n'ait jamais connu. Ce n'était ni pour la gloire ni pour son égo que Jack avait décidé de se lancer sur cette route hasardeuse et dangereuse. Mais il avait ce désir si fort, si intense, de prouver au monde qu'il était à la hauteur de ce qu'il s'était promis à lui-même.
Le processus pour devenir secrètement un animagus fut compliqué et plus d'une fois, Jack crut réellement qu'il était cuit. Combien de fois Mona l'avait-elle regardé avec suspicion alors qu'il déclarait vouloir rester à la bibliothèque jusqu'à la fermeture afin de finir ses « devoirs » ? Combien de fois Jasper avait-il haussé les sourcils lorsqu'il lui avait demandé de multiples renseignements sur les propriétés de plantes toutes plus inhabituelles les unes que les autres ? Mais ses amis n'avaient rien dit. Les Serdaigle possédaient tous une part de mystère, de folie douce, de curiosité dévorante faisant qu'ils s'intéressaient à tout ce qui avait le malheur de leur tomber entre les mains. C'était comme ça, c'était dans leur nature. Alors Jasper et Mona n'avaient posé aucune question, pensant qu'il s'agissait simplement d'un nouveau hobby dont le garçon se lasserait d'ici peu, comme c'était le cas à chaque fois.
Mais il avait réussi. Il avait respecté scrupuleusement chaque étape, son don inné pour la magie le guidant pas à pas, tel le fil d'Ariane à ne jamais lâcher. La première transformation avait été un véritable cauchemar. L'esprit légèrement rebelle du garçon s'était opposé avec celui trop indépendant et solitaire du chat. Ils s'étaient longtemps battus afin de savoir qui aurait le contrôle. Le chat avait gagné et Jack s'était retrouvé coincé et dominé par la sauvagerie de l'animal. Il leur avait fallu de longues heures pour s'apprivoiser, enfermés dans ce grand cagibi, dissimulés aux yeux de tous. Les vacances d'été furent pour le garçon, une véritable aubaine. Il avait passé les deux mois ensoleillés à s'entraîner sans relâche à parfaire sa transformation afin de la rendre la plus fluide et instantanée possible, nouant lentement mais sûrement avec le chat de gouttière, un lien de confiance aussi solide qu'un roc.
Jack avait découvert ce que signifiait réellement être un animagus. Ce n'était pas seulement se transformer en un animal. Bien plus que cela, il s'agissait d'accueillir au creux de son âme, une magie animale et sauvage qui avait sa propre conscience, son instinct et ses sentiments. Il n'était pas rare que Jack ressente la chaleur rassurante du félin lorsque la lassitude le prenait ou de percevoir ses feulements rageurs les nombreuses fois où Jack se retrouvait dans une situation peu agréable. Alors, Jack avait décidé de donner un nom à cette magie à qui il avait ouvert la porte de son esprit. Sasha. Il avait beaucoup hésité avec Salem mais cela sonnait un tantinet trop funèbre.
Le soleil se levait lentement. Déambulant joyeusement dans les couloirs, Jack avait laissé Sasha prendre le contrôle de ses pas. A présent, ils avaient tous les deux fait la paix et Jack ne craignait plus de laisser Sasha le dominer. Il savait que celui-ci ne l'empêcherait jamais de reprendre le contrôle s'il le souhaitait. Peu à peu, il sentait Sasha déteindre sur lui et bientôt, ils se lancèrent dans une course effrénée à la suite de petites souris qui avaient eu le malheur de traîner par là. Un miaulement curieux stoppa net l'animagus qui releva lentement ses pupilles fendues pour croiser un regard vert émeraude émergeant lentement de l'obscurité du couloir. Il ne fallut qu'une seconde à Jack et Sasha pour reconnaître le pelage de jais de Cornélius. Celui-ci s'approcha lentement, sa queue battant négligemment l'air, avant de poser doucement sa truffe contre celle de Sasha qui miaula en signe de salutation.
Ils s'aimaient bien. Si sous sa forme humaine, Jack s'entendait naturellement avec toutes les bestioles qui croisaient sa route, qu'elles soient à poils, plumes ou écailles ; Sasha était en revanche plus farouche et solitaire, n'aimant que peu le contact et trouvant ses congénères plus qu'agaçants. Mais Cornélius faisait figure d'exception. Féline avait toujours dit que son chat était une petite merveille. Jack ne l'avait pas contredite, car le regard futé du chat noir avait même fini par charmer le sauvage Sasha. Quelques instants plus tard, les deux matous reprenaient la chasse aux rongeurs dans un concert de miaulements joyeux.
Ce ne fut que lorsqu'ils arrivèrent devant la grande salle en s'amusant à mordiller les oreilles de l'autre que Jack reprit doucement le contrôle de son animagus, lançant un regard nerveux à l'immense horloge qui trônait au fond de la salle. Adressant un sourire désolé à Sasha qui dut retourner s'endormir au fond de son esprit, Jack se dissimula dans une alcôve afin de reprendre forme humaine. Cornélius feula légèrement avant de sauter souplement dans les bras du sorcier. Jack grimaça, sentant sa nervosité revenir au galop. Le match allait commencer d'ici deux heures. Il y avait donc fort à parier que Féline devait être levée à présent. D'un pas raide, il se dirigea vers la table des Serdaigle. Et comme il l'avait supposé, Féline touillait son bol de porridge d'un air hagard.
-Gente dame, salua-t-il en se laissant lourdement tomber sur le banc en face de son amie.
Il lança un regard nerveux vers le plafond magique. Il pleuvait des cordes.
-Pourquoi est-ce que tu as encore kidnappé mon chat ? grogna Féline en récupérant Cornélius. Mon pauvre trésor, tu es encore plein de poussière. Où êtes-vous allés traîner cette fois ?
-Ho eh bien, si tu voyais le nombre de souris qu'il y a dans les réserves de charbons près des cuisines. On a fait un grand nettoyage, les elfes de maison vont être ravis, tu peux me croire !
-J'avais dis non ! Plus de chasse dans les souterrains, je suis certaine qu'il y a plein de souris ailleurs !
-Peut-être, mais les plus dodues sont dans les cachots et les cuisines.
-Attends, tu manges les souris ? Eurk, c'est dégoûtant.
-Moi non, ricana Jack, mais Sasha est parfois très tenté.
-C'est du pareil au même, dit Féline en haussant un sourcil. Tu m'étonnes que tu n'avales plus rien ces derniers temps si tu t'enfiles la moitié des rongeurs de Poudlard la nuit. Et dire que Mona s'inquiétait pour toi, elle va tirer une drôle de tête quand elle va savoir ça. En tout cas, plus de de promenades dans les souterrains !
-Et dans les catacombes ?
-Surtout pas dans les catacombes ! s'écria Féline d'une voix aiguë. Non mais regarde dans quel état Cornélius est, mon petit ange est encore couvert de saletés ! D'ailleurs, ajouta-t-elle avec un sourire moqueur, tu as une énorme trace de charbon sur la joue. Tu ferais bien de l'enlever avant que Jasper ne voit ça et ne te traite de chat de gouttière.
-Ma chère, je suis un chat de gouttière. C'est comme ça, va falloir s'y faire. C'est juste une preuve de plus de mon esprit d'aventurier. Ne sois pas jalouse si je vis des choses palpitantes pendant que tu rumines sur ton petit déjeuner comme une âme en peine. Tu es au courant que tes céréales sont devenues de la bouillie ?
-Techniquement, le porridge est de la bouillie.
-Oui mais là c'est de la bouillie qui est bouillie !
-Votre discussion a vraiment l'air passionnante.
Jack et Féline s'interrompirent et adressèrent un sourire gêné à Mona et Jasper qui venaient de les rejoindre. Tous deux arboraient déjà leur panoplie du parfait supporter. Mona posa sur la table l'immense banderole qu'elle avait fabriquée la veille avec Susan et Lucille, l'esprit du sport les empêchant de se sauter à la gorge. Elle avait relevé ses cheveux avec un élastique qu'elle avait enchanté pour qu'il prenne la forme de la tête d'un aigle et avait recouvert ses joues de peinture aux effigies de leur maison. Jasper, plus discret, avait simplement dessiné un trait bleu sur son front, dissimulé par ses longues mèches de cheveux gris qui lui balayaient presque les yeux. Jack le trouvait adorable.
-Alors, dit Jasper en se servant un thé à la citrouille, comment est-ce que vous vous sentez ?
-J'ai l'impression que mes boyaux sont en train de jouer au Twister, répondit sombrement Féline.
-Charmant, sourit Mona. Ne te rend pas malade avec cette chose immonde. Tiens, prends plutôt un petit pain, ça passera mieux que ce porridge infâme.
-Je crois que si j'avale quoique ce soit, je vais être malade pour de bon.
-Mais tu adores les petits pains !
-Enlève ce truc de mon visage !
-Mona, dois-je te rappeler comment tu étais lorsque tu faisais partie de l'équipe de Quidditch ? intervint Jasper. Tu étais tellement stressée que tu as vomi sur le capitaine. On va éviter que Féline ne suive le même chemin.
Avec un sourire mi-figue mi-raisin, la sorcière reposa le pain sur la table et s'occupa de sa propre assiette.
-Ah et Jack, ajouta le garçon, voilà ton balais, j'ai pensé à te le descendre, ça t'évitera de remonter le chercher dans le dortoir en catastrophe.
-Oh merci, répondit-il faiblement.
Jasper lança un regard inquiet à ses amis. Jack avait naturellement la peau pâle mais à cet instant, il se rapprochait plus d'un revenant que d'un être vivant. Lorsque Nick-Quasi-Sans-Tete, le fantôme de Gryffondor, passa derrière eux, la ressemblance fut d'autant plus frappante. Quant à Féline, son visage verdâtre trahissait sans mal sa nervosité. Ce n'était pourtant pas leur premier match. Jack avait déjà joué celui de début de saison et cela s'était remarquablement bien passé, faisant du garçon un élément phare de l'équipe et le meilleur joueur de son année. Et Féline avait déjà joué tout une saison à Beauxbâtons l'année passée. Même si aujourd'hui était la première fois qu'elle rentrait sur le terrain de Poudlard, ayant laissé sa place pour le match précédent à Olive Dawson avant qu'elle ne déménage aux États-Unis, Jasper ne comprenait pas pourquoi la jeune sorcière était aussi inquiète. Tout comme Jack, elle était douée sur un balais, Jasper avait eu tout le loisir de s'en rendre compte durant les nombreuses séances d'entraînement auxquelles ils avaient assistées avec Mona.
Quelques minutes plus tard, Jack et Féline furent attrapés par la peau du cou par un Roger Davies légèrement fébrile. Ni une ni deux, l'équipe au complet se retrouva dans le hall du château, regardant leur capitaine faire les cent pas devant eux. Il inspira profondément avant d'ouvrir la grande porte et de lancer un regard défait vers l'extérieur. Cho Chang soupira lourdement. La pluie n'avait pas cessé. Avec un grognement, Davies fit signe aux membres de l'équipe de le suivre, se dirigeant à grandes enjambées vers le terrain de Quidditch sous la pluie battante.
Quelques minutes plus tard, ce fut dégoulinant d'eau et de boue que l'équipe se précipita dans les vestiaires. Féline et Jack se lancèrent dans un concours d'éternuements, grelottant sous leurs habits trempés que la pluie n'avait pas épargnés. Davies et Chang murmuraient furieusement dans un coin tandis que Monica Grant et Jeremy Sretton sautillaient sur place pour se réchauffer sous le regard impassible de Flitch Ducan, le second batteur. Malgré la pluie qui battait furieusement le toit du vestiaire, le brouhaha du public commençait à leur parvenir avec force.
Féline grimaça. Elle avait travaillé de longues heures la veille pour s'assurer que ses barrières mentales étaient en place. Elle ne pouvait et ne devait en aucun cas se laisser déconcentrer par les pensées tumultueuses de la foule. Si elle voulait gagner ce match, et ho que oui qu'elle le voulait, elle allait devoir rester concentrée coûte que coûte. Elle avait été prise dans l'équipe, à elle de prouver maintenant que Davies avait fait le bon choix !
Nerveux, Jack se tordait les mains. Le match précédent lui avait donné une petite réputation de prodige. Cela n'avait échappé à personne, et encore moins à Jasper, que Jack avait commencé à attirer les filles comme des mouches par un pot de miel. Évidemment Jack s'en fichait comme d'une guigne. Mais après avoir si bien joué, après avoir été remarqué par tous, pouvait-il faire aussi bien à nouveau ? Non, il devait faire mieux. Il allait tous les impressionner, il allait leur montrer qu'il était le meilleur. Il allait leur prouver… non, il allait prouver à Jasper qu'il n'était pas un raté. Il allait le rendre dingue de lui. Déterminé, il croisa le regard de Féline qui le dévisageait avec stupéfaction, les joues légèrement rouges. Elle se mordit la lèvre, cherchant à dissimuler un éclat de rire avant de retourner à son balais qu'elle était en train de faire rouler entre ses doigts pour occuper son stress palpable.
Davies monta sur le banc et toussota pour attirer leur attention. Il s'éclaircit la gorge, son regard sérieux les fixant avec détermination.
-Écoutez moi. Serdaigle ne peut se permettre de perdre face à cette maison de tricheurs. Vous vous êtes entraînés dur, vous êtes talentueux et doués. Mais ils le sont aussi. Les Serpentard n'ont aucun honneur et ils n'hésiteront pas à utiliser des méthodes indignes et éhontées pour s'assurer la victoire. Mais nous y sommes préparés, on a passé en revue chaque possibilité, chaque éventualité, alors ayez confiance en vous. Aujourd'hui, la victoire sera pour Serdaigle.
L'équipe hocha gravement la tête. Jouer contre Serpentard était toujours quelque chose de particulier. Les coups bas étaient monnaie fréquente avec eux, et bien que cela agaçait particulièrement Féline de le reconnaître, après avoir vu le match entre Gryffondor et Serpentard où ces derniers n'avaient pas lésiné sur la méchanceté gratuite, la sorcière était bien obligée de reconnaître que le match d'aujourd'hui allait être corsé. Après un dernier sourire d'encouragement aussi crispé qu'inquiet, Davies sauta de son banc, empoigna son balais et se posta devant la porte, droit comme un i. L'instant d'après, l'équipe se tenait sagement derrière lui en rang d'oignon et attendait le signal. Ce dernier ne tarda pas. Une musique typique écossaise se mit à rugir dans les gradins et au troisième coup de cornemuse, Davies s'élança hors des vestiaires, la tête haute et le torse bombé en conquérant.
Dehors la pluie n'avait pas cessé. Le terrain de Quidditch était immense, entouré de gradins qui étaient suffisamment hauts pour que le public puisse voir le match avec aisance. Aux deux extrémités du terrain se trouvaient des poteaux en or d'une quinzaine de mètres chacun, surmontés de larges cercles verticaux. Les buts où les poursuiveurs devaient marquer à l'aide du souaffle, une balle rouge de la taille d'un ballon de basket.
Les Serpentard étaient déjà là. Il fallut tout son self contrôle à Féline pour ne pas piquer un fard en croisant les yeux gris de Drago Malefoy. Celui-ci lui adressa un rictus amusé en la voyant tenir sa lourde batte entre ses bras mais ne fit aucune remarque. Jack et Féline grimacèrent en découvrant l'équipe qui se trouvait devant eux, ayant la désagréable impression de se retrouver face à de véritables ours des montagnes. Ils étaient tous les deux ridiculement petits en comparaison. Seul Malefoy, se tenant légèrement à l'écart, semblait digne d'être un réel joueur de Quidditch, les autres ayant plus l'air de machines de guerre que d'autre chose.
Mrs. Bibine, le professeur de vol et également l'arbitre lors des matchs, s'avança sous les acclamations du public après que celui-ci ait fini de saluer les deux équipes. Ses yeux jaunes semblables à ceux d'un faucons, foudroyaient les deux capitaines du regard avant de leur rappeler sèchement les règles du jeux.
-Et sachez que je me montrerai impitoyable avec les tentatives de tricheries, que ce soit dans une équipe ou dans l'autre, suis-je bien claire ? Maintenant serrez-vous la main et à vos balais.
Le mot fair-play fut définitivement enterré à l'instant même où Graham Montague, le capitaine de Serpentard, écrasa volontairement la main de Davies qui sourcilla à peine en lui rendant son rictus hypocrite. Les gradins étaient pleins à craquer, entièrement recouverts de parapluies noirs et de sorts d'imperméabilité pour permettre à la foule de rester un minimum au sec. Féline esquissa un sourire en entendant Jack renifler bruyamment à sa droite. Le savoir près d'elle la réconfortait quelque peu, au moins n'était-elle pas seule dans cette galère.
-Bon match Féline, lui souffla gentiment Jack, la pluie aplatissant ses cheveux sur son crâne.
-Fais attention aux cognards. Il paraît qu'ils tapent fort.
-C'est gentil de prévenir mon ange.
Mrs. Bibine porta le sifflet à sa bouche et d'un coup brusque, siffla violemment le début du match. D'une même impulsion, les quinze balais s'envolèrent de concert dans une gerbe de boue. La pluie rendait le vol difficile et la vision compliquée à travers les rideaux de pluie qui s'abattaient sans pitié sur leur tête. Féline grimaça. Elle allait devoir redoubler de vigilance pour ne pas viser un membre de sa propre équipe.
-Et c'est Jack Overland de Serdaigle qui débute ce match avec le souaffle. Ce gamin a fait forte sensation au match précédent avec ses remarquables pirouettes toutes plus folles et acrobatiques les unes que les autres.
Féline tourna quelques secondes sur elle-même à la recherche d'un des cognards. Elle ne put s'empêcher de sourire en entendant les commentaires de Lee Jordan, un élève de Gryffondor et meilleur ami des jumeaux Weasley, depuis la loge des professeurs, sa voix magiquement amplifiée résonnant parfaitement dans le stade. Assise à ses côtés, le professeur McGonagall veillait au grain, Jordan ayant la mauvaise tendance à prendre parti dans ses commentaires.
-La balle toujours à Serdaigle, Overland fait la passe à Jeremy Sretton eh... Oui ! Magnifique réception de la part de Davies ! Serdaigle nous offre un magnifique début de match, j'ignore ce que Davies leur a dit mais ils ont l'air gonflé à bloc. La passe à Sretton puis Overland, il va marquer ! Non, malheureusement ce gros balourd de Miles Bletchley a arrêté le but. Pardon professeur McGonagall, mais vous pensez la même chose que moi. Si je vous assure, regardez vous souriez. Non rendez moi le mégaphone, professeur ! Hum donc, balle à Serpentard avec Adrian Pucey, ah belle pirouette de sa part mais il lâche la balle, et ho dommage c'est Cassius Warrington toujours de Serpentard qui récupère le souaffle et file vers le but et -OUTCH- un cognard en pleine tête, voilà qui fera peut-être dégonfler son égo. Quoi encore professeur ?
Féline grimaça en frôlant Drago Malefoy. Elle ne l'avait pas vu arriver et son cœur manqua douloureusement un battement à sa seule vue. Il était si charmant avec ses cheveux blonds en batailles, son nez rougi par le froid et son regard ivre de plaisir alors qu'il était juché dans les airs. Il surveillait le terrain par des rondes régulières à la recherche du vif d'or, distançant aisément Cho Chang. Féline secoua la tête et fit un virage serré vers la droite, fonçant sur un cognard tel un boulet de canon. Sans la moindre hésitation, elle brandit sa batte, envoyant le cognard vers Montague avec une hargne palpable. ARRÊTE. DE. PENSER. A. CE. TYPE ! se morigéna-t-elle avec colère. Ce n'est ni le lieu ni le moment !
-Serdaigle récupère le souaffle avec Overland, il se dirige vers les buts, rien ne semble pouvoir l'arrêter sauf.. mais attendez ? bredouilla Lee Jordan. Où est-il passé ? Ah le revoilà, autant pour moi, faut dire qu'il file comme l'éclaire ce petit. Le souaffle a disparu et ah très bien, il est maintenant dans les mains de Stretton, toujours Serdaigle. Bletchley le gardien adverse se prépare et... non, un cognard a fait sauter le souaffle des mains du poursuiveur. Montague de Serpentard, en possession du souaffle, il fonce vers les buts de Serdaigle, aller Monica arrête le ! La passe à Warrington, de nouveaux Montague -magnifique tonneau de sa part-, il plonge en piqué vers les buts, attention Monica, nouvelle gardienne depuis cette année mais très prometteuse, tu peux le faire et suspense ! NON ! Par tous les caleçons sales de Merlin, Serpentard marque.
-JORDAN ! IMPARTIALITÉ !
-Oui oui professeur.
Les supporters de Serpentard hurlèrent d'enthousiasme tandis que ceux de Serdaigle se renfrognaient sur leurs gradins. Pressés par la foule compacte, Jasper et Mona regardèrent avec inquiétude la mine défaite de Jack. Rageur, le garçon fit demi-tour et se repositionna dans la formation indiquée par Davies. Le match avait pourtant bien commencé, hors de question que Serdaigle perde ses moyens dès maintenant. Soucieuse, Féline s'approcha de son ami et lui chuchota quelques mots. De là où ils étaient, impossible pour Mona et Jasper d'entendre quoique ce soit mais ils n'eurent aucun doute sur le fond du message : ils ne devaient pas se laisser abattre.
Prise d'une vigueur nouvelle, Mona brandit sa banderole, hurlant des encouragements à qui voulait bien les entendre. Elle savait de quoi était capable ses amis et ce que valait sa maison. Ils étaient talentueux et persévérants, il était temps que leur entraînement porte enfin ses fruits. A cet instant, elle croyait plus en eux qu'en quiconque. Silencieux, Jasper la regarda s'agiter avant qu'un immense sourire n'illumine finalement son visage. Mona avait raison. Rien n'était perdu. Il attrapa l'autre côté de la banderole et se mit à crier avec elle.
-VAS Y JACK !
-DÉMONTE LES FÉLINE !
-Ils sont espiègles mais intègres ! commença à chantonner une fille à leur droite.
-Des vrais rats de bibliothèque ! continua un garçon à la voix de centaure.
-Mais eux c'est vrai sont honnêtes ! reprit la fille encore plus fort.
Plusieurs élèves s'entre regardèrent. Cela faisait quelques jours que les amis de Roger Davies bassinaient tout le monde avec cette chanson qu'ils avaient écrit pour encourager leurs camarades. Ils avaient été inspirés par les Serpentard lors du premier match de la saison après qu'ils aient inventés une chanson absolument ridicule pour déstabiliser Ron Weasley. Si les Serdaigle ne s'abaisseraient sûrement pas à faire quelque chose d'aussi peu respectable que de dénigrer publiquement un de leur adversaire, rien ne les retenaient de créer un hymne à la gloire de leur propre maison. Peu à peu, la mélodie avait fini par rester dans la tête de chaque Serdaigle si bien que quelques instants plus tard, ce fut tous les gradins de bleu et d'argent qui se mirent à hurler en chœur :
Ils sont espiègles mais intègres,
Des vrais rats de bibliothèques !
Mais eux c'est vrai sont honnêtes,
Et aller aller Serdaigle !
Ici on joue au prophète,
Serdaigle aura le trophée !
Même si on aime les règles,
On est pas la pour se prendre un iceberg !
Alors aller aller Serdaigle,
ET ALLER ALLER SERDAIGLE !
Féline sentit une agréable chaleur se diffuser dans son cœur. Après avoir adressé un sourire éblouissant à ses amis, elle se tourna à nouveau vers le match. Jack se dirigeait maintenant vers les buts, encouragé par la chanson. Les trois poursuiveurs de Serpentard le filaient comme des chiens de chasse. Ils allaient le rattraper. Féline pesta. Pourquoi les cognards n'étaient-ils jamais là quand elle en avait besoin ? Un rictus découvrit ses dents lorsque l'une des balles noires se mit soudainement à filer droit vers elle. Féline ne pouvait rêver mieux. Elle se positionna légèrement de côté de façon à renvoyer la balle pile vers ses cibles, à savoir les trois enquiquineurs qui pistaient Jack. La violence avec laquelle sa batte rencontra la balle lui arracha une grimace. Bon sang, pesta-t-elle en se secouant le poignet, que ça fait mal !
-BOUM ! Montague est jeté hors de son balais par un cognard envoyé par Lupin, bien joué ! Pucey rattrape in extremis Montague, lui évitant une mort certaine, dommage. Toujours la balle à Serdaigle. Davies qui fait la passe à Overland, à nouveau Davies attention et, oui bravo ! Sublime intervention de Stretton qui récupère le souaffle au nez et à la barbe de Montague ! Bien fait va ! Les poursuiveurs de Serdaigle se dirigent vers les buts de Serpentard -ATTENTION- oui belle esquive du cognard envoyé, si je ne me trompe pas, par Vincent Crabbe de Serpentard ! Stretton toujours en possession du souaffle, maintenant Overland, il est tout proche des buts et OUI IL MARQUE ! 10 POINTS POUR SERDAIGLE !
Jack releva la tête, ravi, un sourire rayonnant accroché aux lèvres. Amusé et porté par la foule en liesse, il se mit debout sur son balais avant de saluer d'une révérence particulièrement risquée, arrachant quelques hurlements de frayeur au public qui se perdirent parmi les rires ébahis.
-Crâneur, chuchota doucement Jasper avec amusement.
-Bouffon, grogna Susan.
Ils sont espiègles mais intègres,
Des vrais rats de bibliothèques !
Mais eux c'est vrai sont honnêtes,
Et aller aller Serdaigle !
Trente minutes plus tard, Serdaigle menait 40 à 10. Les deux équipes se donnaient à fond, la défaite n'était envisageable pour aucun d'eux. Frustré par un but qu'il avait échoué à bloquer, Miles Bletchley, le gardien de Serpentard, hurla de dépit et frappa le poteau le plus proche dans un grand coup de poing rageur.
-Hum, difficile de savoir qui du poteau ou de sa main est le plus abîmé après ça, ricana Jack en adressant une moue taquine à Féline.
Celle-ci allait répondre lorsqu'elle aperçut un cognard se diriger droit vers eux, visant le crâne de Jack. Si le garçon se le prenait à cette vitesse, il n'aurait aucune chance de s'en sortir indemne.
-ATTENTION ! hurla Jasper.
-BAISSE TOI ! cria Féline.
Instinctivement, Jack ne chercha pas à se retourner pour voir ce qui avait valu un tel hoquet d'horreur chez ses amis et obéis directement, effectuant une remarquable roulade autour de son balais. Féline fronça les sourcils et dans un crac terrible, renvoya la balle dans le sens opposé.
-La vache, ce n'est pas passé loin, siffla Jack en se redressant. Est-ce que ça va ?
-Je crois que mon poignet aura besoin d'un tour à l'infirmerie, siffla Féline. Mais ça attendra, va marquer des points, j'assure tes arrières.
Ici on joue au prophète,
Serdaigle aura le trophée !
Même si on aime les règles,
On est pas la pour se prendre un iceberg !
Alors aller aller Serdaigle,
Jack lui adressa une moue contrite avant de rejoindre Davies. L'instant d'après, Malefoy arracha un sursaut effrayé à Féline en la doublant de si près que leur cape se frôlèrent. Son cœur tambourina à nouveau furieusement contre sa poitrine avant que toutes couleurs ne quittent soudainement son visage. Bon sang, il avait repéré le vif d'or.
ET ALLER ALLER SERDAIGLE !
-Si Malfoy attrape le vif maintenant, on perd la partie, hurla Flitch Ducan, le second batteur de Serdaigle en la regardant.
Il avait raison, L'écart n'était pas suffisant pour que Serdaigle remporte le match. L'attrapeur qui s'emparait du vif d'or offrait 150 points à son équipe et Serdaigle ne menait que de 30 points. La marge d'écart ne serait pas suffisante pour combler un éventuel échec. Féline serra les dents, Malefoy ne devait pas attraper cette balle. Ducan dut penser la même chose car il envoya un cognard en direction des attrapeurs.
-Ça ne suffira pas ! cria Davies, sa voix couverte par le tonnerre qui éclatait au-dessus de leur tête sous les cris effrayés des spectateurs.
Mais il était trop tard pour faire quoi que ce soit d'autre, les attrapeurs avaient disparu quelque part dans les nuages. Rageuse, Féline releva ses cheveux trempés d'eau et de sueur. A l'autre bout du terrain, Jack lui fit signe de lever la tête. Descendant en piqué, les deux attrapeurs se bousculaient à coups d'épaules et de coups de pieds, poursuivant avec acharnement la petite balle dorée qui désignerait les vainqueurs du match. Une violente indignation déchira la foule lorsque Montague, dans un élan de désespoir, percuta brutalement et volontairement Cho Chang, déviant cependant Malefoy, son propre attrapeur, sans le vouloir et laissant le vif d'or prendre la fuite.
-FAUTE ! hurlèrent les trois quart du stade, supporters et membres de l'équipe réunis.
Féline ne vit pas le coup franc donné à Serdaigle en réparation de la tricherie orchestrée par Montague mais au grognement déçu de la foule, Serpentard avait dû réussir à le parer.
-Première tricherie au bout de quarante-cinq minutes de jeu, on progresse, ricana Lee Jordan dans son microphone. Si si, je sens que nous sommes sur la bonne voie, bonne continuation à tous.
Le match se déroula sans autre accident notable, si bien qu'à la cinquante et unième minute, Serdaigle menait 60 à 10. Les supporters de Serpentard avaient perdu de leur entrain et semblaient avoir placés tous leurs espoirs en leur attrapeur.
-Et c'est Serpentard en possession du souaffle avec Adrian Pucey- qui double Davies avec une pirouette, eh on est pas au cirque là ! Il évite Overland, et oh tiens un cognard qui file dans sa direction, j'espère qu'il va se le prendre une deuxième fois et... non il l'évite quel dommage. Je rigole professeur McGonagall, pas besoin d'en venir aux menaces enfin ! Aller Grant bloque le, tu peux y arriver il suffit de... Oui elle l'a bloqué ! Bravo ma belle, et la balle revint à Serdaigle, 60 à 10 en sa faveur, le souaffle est, ATTENDEZ EST-CE QUE C'EST LE VIF D'OR ?
Féline releva si brusquement la tête qu'elle entendit son cou craquer dans un bruit funeste. A travers la pluie, elle distingua pourtant sans mal la petite balle dorée qui venait de refaire son apparition. Cassius Warrington, focalisé par ce que racontait Lee Jordan rentra accidentellement dans Davies qui faillit aller s'écraser au sol dans une interprétation peu attirante de la confiture de fraises s'il n'avait pas été rattrapé de justesse par Flitch Ducan quelques mètres plus bas. Cho Chang plongea brusquement en avant, le vent fouettant ses cheveux noirs et la pluie battant son visage tandis que son bras tendu battait furieusement l'air, sa main grande ouverte semblable à des serres d'oiseaux.
-L'AIGLE S'ÉLANCE, ALLEZ CHANG ! s'excita Jordan.
Davies hurla, Féline dévia un dernier cognard, Jack écarquilla les yeux alors que Jasper et Mona retenaient désespérément leur souffle. La victoire était là, toute proche. Il suffisait simplement de quelques centimètres, rien que de minuscules et ridicules petits centimètres et...
-MALEFOY ATTRAPE LE VIF D'OR ! SERPENTARD REMPORTE LE MATCH !
Jasper se frotta les yeux, las. Il avait passé sa soirée de la veille à tenter de réconforter Féline et Jack, abattus par le dénouement du match. Il s'en était fallu de peu pour que la victoire leur revienne mais il était évident que le talent de Malefoy avait été sous-estimé. Le sorcier avait raflé le vif d'or au nez et à la barbe de Cho Chang, offrant la victoire à sa maison. Les Serpentard avaient été intenables après ça, hurlant leur joie si fort qu'ils en avaient fait trembler les fondations du stade. Les supporters de Serdaigle, moroses et défaits, avaient sombrement repris la route du château dans un silence de mort. Avec tous ses points accumulés, Serpentard était dans une excellente position pour rafler la coupe de Quidditch de cette année.
Davies n'avait pas prononcé un mot depuis et était parti s'enfermer dans son dortoir, Jeremy Stretton racontant qu'il essayait actuellement de trouver le moyen d'assassiner Malefoy sans attirer les soupçons. Monica Grant et Flitch Ducan, écœurés, avaient presque vomi leur dîner et ni Jasper ni Mona ne purent arracher le moindre sourire à Féline et Jack de la soirée.
Le lendemain, Jasper avait du supporter seul la moue boudeuse de Jack et le regard noir de Féline durant toute la matinée, Mona ayant attrapé froid et étant tenue de rester à l'infirmerie jusqu'à la fin de la journée. Et Jasper avait beau être doté d'une patience incommensurable, s'il entendait encore une fois Féline pousser le moindre soupir navré, il allait commettre un malheur. Ni une ni deux, il attrapa sa cape et sortit de la salle d'étude d'un pas vif. D'accord, le Quidditch était important, lui aussi adorait ce sport. D'accord, ses amis s'étaient beaucoup entraînés, sacrifiant leur sommeil sans broncher. Mais ce n'était pas la peine de se mettre dans un état pareil à la fin ! Le monde tournait encore rond et Serdaigle avait encore son match contre Gryffondor pour remonter la pente. Surtout que maintenant que Potter était interdit de jeu à cause d'Ombrage, Serdaigle avait toutes ses chances de l'emporter.
Jasper ralentit le pas et regarda sa montre. Il avait encore un peu de temps. S'affalant contre le rebord d'une fenêtre, il tritura d'un air nerveux le papier froissé qu'il venait de sortir de sa poche. Une lettre que lui et Malefoy avaient raturée et recommencée des dizaines de fois. Un message destiné à Potter lui-même et ayant pour but de l'attirer dans une salle de classe désaffectée, à l'abri de toutes oreilles indiscrètes. Là où ils pourraient exposer à Potter le plan qu'ils avaient mûrement réfléchi durant les vacances de Noël. Malefoy avait été plus coopératif que ce à quoi s'attendait Jasper. En privé, face à un sorcier avec qui il n'avait aucun différend, Malefoy pouvait se montrer aussi bien courtois qu'avenant. Presque agréable. Il était intelligent et rusé, déterminé et prêt à tout pour réaliser ses objectifs. Et ce qu'il voulait à présent, c'était Potter.
Cong.
L'horloge sonna onze heures. Comme tous les dimanches, Potter allait sortir seul de la bibliothèque pour remonter à sa salle commune et retrouver ses deux amis. C'était le moment ou jamais, si Potter atteignait le portrait de la Grosse Dame avant que Jasper ait pu lui remettre la missive, cela allait inutilement compliquer les choses. Si Granger et Weasley se retrouvaient à accompagner Potter jusqu'au lieu de rendez-vous, jamais ils n'accepteraient d'écouter ce que Malefoy et Jasper avaient à leur dire. Cela se terminerait inévitablement en duel. Potter devait venir seul.
Jasper brandit sa baguette vers la lettre et murmura une douce incantation. Celle-ci prit alors la forme d'un délicat oiseau de papier et s'envola immédiatement, filant dans les couloirs, rasant discrètement les plafonds avant de s'enfoncer net dans la nuque de Potter. En entendant le « AIE ! » qui retentit dans le couloir suivi d'un puissant juron, Jasper sourit. Bon sang, les leçons d'enchantement avec Féline finissaient enfin par porter leurs fruits ! Jetant discrètement un coup d'œil derrière lui, il accéléra le pas en voyant Potter lui lancer un drôle de regard une fois le message lu.
Quelques minutes plus tard, Jasper s'engouffrait dans une pièce isolée d'un couloir peu éclairé et au sol tapis de poussière, Potter à sa suite. Malefoy n'était pas encore arrivé. Tendu comme un arc, Jasper fit quelques pas dans la salle avant d'épousseter un bureau et de s'y asseoir dans un nuage de saleté. Sa robe d'école allait être bonne pour le panier à linge sale. Lui qui passait son temps à critiquer Jack lorsque celui-ci allait traîner dans des endroits peu recommandables du château, c'était maintenant l'hôpital qui se moquait de la charité. Devant lui, Potter le regardait d'un air perdu.
-Il y avait marqué sur le papier que quelqu'un avait des informations très importantes pour moi à propos de euh, ce que j'ai vu cet été ? Je n'ai pas très bien compris ce que ça voulait dire, marmonna Harry, perplexe. C'est toi qui m'a envoyé ce mot ?
-Oui, répondit Jasper, les mains moites. Mais ce n'est pas moi qui voulait te voir. C'est un peu compliqué Potter.
-Tu peux m'appeler Harry, sourit le garçon. On s'est vu suffisamment de fois lors des réunions de l'AD pour s'appeler par nos prénoms.
Jasper hocha timidement la tête. Cela faisait bientôt trois mois que lui et ses amis avaient rejoint l'Armée de Dumbledore, le club de défense que dirigeait Harry Potter dans la plus complète illégalité, afin de pallier aux cours aberrants du professeur Ombrage. Jasper devait le reconnaître, Harry était un excellent professeur. Bon pédagogue, il se montrait clair et précis dans ses consignes et ne lésinait pas sur les encouragements. Mona avait fait plus de progrès avec son Expelliarmus en une séance de l'AD que durant toute sa scolarité. Jack et Féline étaient devenus redoutables avec le Stupéfix et le sort d'entrave, quant à Jasper, il avait fait de fantastiques progrès en duel. Il ne regrettait pas d'avoir fait confiance à Harry. Le Gryffondor leur avait offert sa protection, il était temps que Jasper lui offre la sienne.
Dans un grincement sinistre, la porte s'ouvrit, laissant apparaître le visage maussade de Drago Malefoy. Les yeux de Harry s'écarquillèrent alors que sa bouche se tordait de colère. Il ne lui fallut que quelques instants avant de pointer sa baguette droit sur le Serpentard dans un sifflement furieux.
-Alors c'est ça l'idée maintenant Malefoy ? Tu te sers des autres pour me tendre une embuscade ? Très malin, vraiment. Mais tellement lâche, même pour toi.
-Baisse ta baguette Potter, dit sèchement Malefoy. Elle ne te sera d'aucune utilité ici.
-C'est ce qu'on va voir, essaie un peu de m'attaquer pour voir.
-Je ne suis pas là pour ça espèce d'attardé !
-Et pour quoi d'autre sinon ? ricana Harry. Tu ne t'aies jamais adressé à moi avec autre chose que du mépris. Tes paroles puent le poison.
-Parce que tu te crois mieux peut-être ? Monsieur Potter, le roi des Gryffondor, le sauveur de la veuve et de l'orphelin ! Tellement parfait, sans aucun défaut, le chouchou de Poudlard !
Harry eut un drôle de rictus. Jasper, assis en retrait, sa baguette fermement tenue dans sa main droite, était prêt à intervenir au moindre dérapage. Malefoy l'avait prévenu que le ton allait rapidement monter. Il ne s'était pas trompé. Les deux sorciers se détestaient cordialement mais cette fois, ils allaient devoir mettre leur rancune de côté. Dans l'intérêt de Harry comme dans celui de Malefoy. Et de tout le monde magique.
-Tu as énormément de culot de me dire ça, cracha Harry. Tu crois que j'apprécie tout ça ? Tu penses que j'ai choisi de me promener avec une putain de cicatrice sur la tronche qui me rappelle chaque jour qu'un monstre a massacré ma famille ? Tu crois que j'ai que ça à foutre dans ma vie pour avoir envie de me battre contre un mage noir complètement cinglé ? Que j'aime tellement me faire traiter de fou que je vais raconter des mensonges partout juste pour avoir de l'attention ? Je n'ai rien choisi ! hurla-t-il.
-T'es qu'un pauvre type Potter, depuis que t'es arrivé à Poudlard, tout doit toujours tourner autour de toi. Y en a que pour ta petite personne ici. Regardez, Potter a réussi à s'habiller tout seul et hop 50 points pour Gryffondor ! On t'a toujours tout cédé depuis que tu es arrivé.
-Pardon ? Tu n'as pas la moindre idée de ce que j'ai dû endurer Malefoy.
-Et toi ? Toi qui a l'air de penser que ton existence de sauveur est si misérable, est-ce que tu sais seulement l'enfer que je vis depuis des années ?
-Oh pitié, toi malheureux ? J'ai vu comment ta mère et tes amis te traitent. Le prince de Serpentard, sa majesté royale Malefoy. Tu ne sais pas ce qu'est la faim Malefoy, tu ne sais pas ce que c'est d'avoir peur ! Je me suis retrouvé face à la mort plus souvent que devant mes bougies d'anniversaire alors putain ne me fais pas croire que tu souffres dans ta petite vie de bourgeois. Tu t'amuses à faire de ma vie un enfer depuis que j'ai eu le malheur de croiser ta route et visiblement ce n'était pas assez puisque ton père a décidé de s'y mettre en faisant revivre Voldemort !
-Ne prononce pas son nom ! s'écria Jasper.
-Et pourquoi pas, feula Harry. Après tout Malefoy, cela doit te faire si plaisir que je prononce correctement le nom du maître de ton père, n'est-ce pas ? Tu dois être ravi que grâce à moi, ce malade soit revenu à la vie ! Tu vas pouvoir t'enrôler et le servir exactement comme le fait ton cinglé de géniteur !
-Ne parle pas comme ça de mon père ! hurla furieusement Malefoy en brandissant sa baguette.
-Comme quoi ? Ça te pose un problème que je dise la vérité ? Ton père est un mangemort ! EXACTEMENT COMME TOI !
-JE NE SERAIS JAMAIS UN MANGEMORT ! JAMAIS POTTER, TU M'ENTENDS ? JAMAIS ! EXPULSO !
-PROTEGO !
-Expelliarmus !
La main tendue, Jasper rattrapa maladroitement les baguettes des deux sorciers en face de lui. Malefoy était blanc de rage et Harry tremblait de tous ses membres. Désarmés, ils lancèrent un coup d'œil surpris à leur cadet.
-Ok temps mort, soupira Jasper. Vous avez crachés tout votre venin, très bien, parfait. Mais maintenant ça suffit. On a quelque chose de grave à te dire Harry alors s'il te plaît, calme toi et écoute nous. Et toi Malefoy, ce n'est pas en insultant Harry qu'il sera prêt à t'écouter alors on respire, et on se comporte de manière civilisée.
La voix calme de Jasper apporta une douce accalmie dans la pièce. Harry se passa lourdement une main sur le visage. Bon sang, il aurait dû remonter dans sa salle commune et ne jamais suivre ce maudit Serdaigle. Il ne comprenait plus grand chose. Sa colère rugissante s'était apaisée et avait laissé place à une méfiance nerveuse. Il jeta discrètement un coup d'œil à Malefoy qui lui tournait résolument le dos. Le Serpentard semblait agité. Bien sûr qu'il devait être énervé. Les mots qu'ils venaient d'échanger avaient été durs et mauvais. Ils n'avaient jamais pu s'adresser la parole sans s'insulter. Pourtant, quelque chose remua l'estomac de Harry. C'était la première fois que Malefoy cherchait à lui parler en privé, loin de leurs amis respectifs ou d'un quelconque spectateur. Quelque chose clochait dans le comportement de Malefoy et Harry était incapable de savoir si cela était encourageant ou non.
-Qu'est-ce que tu sous-entends lorsque tu dis que tu ne seras jamais un mangemort ? murmura finalement Harry.
-Il te faut un dessin Potter ? grinça Malefoy.
-Ne recommence pas, chuchota furieusement Jasper.
Malefoy leva les yeux au ciel.
-Très bien alors ouvre grand tes oreilles Potter parce que je n'ai pas la moindre intention de me répéter. Lorsque Tu-Sais-Qui est arrivé au pouvoir la dernière fois, grand nombre de sorciers étaient terrorisés. Ça été une pagaille terrible pendant plusieurs années, ce qui lui a permis de s'approcher des familles les plus influentes de l'époque et de nouer des pactes avec elles. Le plus courant était d'offrir ses services au mage noir, ce à quoi il promettait en échange de laisser la famille en paix. C'est ce qu'il s'est passé pour mon père. Ses parents l'ont envoyé comme présent, grimaça le garçon avec dégoût.
-T'es en train de me dire que ton père n'a pas eu le choix ? dit Harry en haussant un sourcil. Il avait pourtant l'air très motivé la dernière fois que je l'ai vu pendant qu'il ressuscitait Voldemort.
-Arrête de dire son nom ! souffla Malefoy avec agacement. Tu vois, c'est ça ton putain de problème Potter !
-J'ai beaucoup de problèmes. Sois plus précis.
Surpris, Jasper eut beaucoup de mal à retenir un ricanement amusé.
-Tu ne sais pas écouter, voilà ce que je déteste particulièrement chez toi. Alors coupe moi encore la parole pour dire des inepties et je te laisse tout seul dans ta galère et crois moi, tu t'en mordras les doigts.
Harry leva les mains en signe d'apaisement et se fit silencieux. Jasper, assis sur le bureau, balançait lentement ses pieds dans le vide. Il connaissait cette histoire mais était très curieux de voir comment Harry allait réagir à tout ça.
-Bref, reprit Malefoy. Mon père a été embarqué de force. Un vrai traquenard. Tu-Sais-Qui avait sa famille en otage et au moindre signe de protestation, couic. C'est devenu pire lorsque je suis né, ma mère était folle d'inquiétude à l'idée que mon père finisse par se rebeller et cause notre perte. Il ne l'a pas fait. Il ne le fera probablement jamais. Tu dois savoir Potter que chez les Malefoy, le sang passe avant tout. Retire cet air de mépris de ta face de crétin, ce n'est pas ce que tu penses. J'imagine que tu connais, au moins vaguement, les traditions sorcières ?
Devant la mine déconfite de Harry, Malefoy soupira.
-Évidement que non, j'aurais dû m'en douter. Pourtant en tant qu'héritier d'une vieille famille sorcière, tu devrais non seulement les connaître mais également les maîtriser sur le bout des doigts. Mais l'éducation de tes moldus doit lourdement jouer en ta défaveur.
-Pour faire simple, les anciennes familles sorcières, encore plus celles ayant conservé leur sang pur, ont des liens très puissants avec ce que l'on appelle l'ancienne magie, expliqua posément Jasper.
-Si tu as écouté en cours d'Histoire de la magie, ce dont je doute sérieusement, reprit Malefoy, tu dois savoir qu'avant que les sorciers ne se servent de baguettes afin de canaliser leurs pouvoirs, nos ancêtres utilisaient uniquement la paume de leur main et pratiquaient de longs rituels. Les sorts de cette époque étaient loin d'être aussi précis et spécifiques qu'ils le sont aujourd'hui mais ils étaient incroyablement plus puissants. Ces rituels ont été transmis de génération en génération, le sang pur permettant de sauvegarder cette affinité avec la magie d'autrefois. C'est pour ça que l'on dit que les sangs-purs sont une classe à part de la population sorcière. Le reste, comme quoi les nés-moldus sont des êtres inférieurs par exemple, ce ne sont que des conneries.
-Pourquoi est-ce que tu t'en prends toujours à Hermione ?
-A ton avis ? Parce que j'adore vous faire enrager toi et la belette Weasley. Rha, je déteste l'admettre parce que cette fille me sort par les yeux mais elle ne vaut pas moins que n'importe quel autre sorcier.
-Alors tu n'y as jamais cru à ces conneries sur le sang, bredouilla Harry éberlué. C'était juste pour nous emmerder ?
-Pas seulement, grinça Malefoy. Les Malefoy sont censés être des adorateurs des sangs-purs. Mais ce n'est pas pour les raisons que l'on croit au premier abord. Nous voulons seulement sauvegarder notre lien avec nos ancêtres, rien de plus.
-D'accord, super. Et en quoi ça change quoi que ce soit avec le fait que ton père soit un mangemort ?
-J'y viens. Comme je le disais, il n'a pas eu le choix de s'enrôler. Lorsque Tu-Sais-Qui a disparu, mes parents y ont vu la fin de leur enfer personnel. Pour se faire pardonner leurs pêchés, mon père s'est mis à financer des dizaines d'associations caritatives et ma mère est allée travailler dans un orphelinat. Je n'essaye pas de racheter ma famille auprès de toi Potter mais je veux que tu comprennes que les miens n'ont jamais voulu de ce monstre au pouvoir. Mes parents parlaient de l'époque de Tu-Sais-Qui comme une période de vraie terreur et de honte pour notre famille. Jamais les Malefoy ne s'étaient abaissés au pied de qui que ce soit auparavant. Notre honneur et notre dignité ont été piétinés par cet homme et jamais mon père n'a pu l'oublier. Alors, lorsque tu as disparu pendant la dernière tâche du tournoi des trois sorciers l'année dernière, quand Dumbledore a annoncé que Voldemort était de retour, j'ai compris à quel point les choses étaient graves. Je sais pertinemment qu'aussi stupide es-tu, jamais tu n'irais raconter des choses aussi insensées si elles n'étaient justement pas bien réelles. Il faut d'ailleurs être stupide pour douter de ta bonne parole. Mais c'est là le rôle d'un martyre n'est-ce pas ?
-Continue ton histoire avant que je ne te colle mon poing dans la gueule. Je n'ai pas besoin de ma baguette pour ça.
-Écoute Potter, dit Malefoy en se penchant vers lui. Mon père est quelqu'un de froid et de stoïque, fier comme un lion et jamais au grand jamais je ne l'ai vu rire ou s'amuser. Alors imagine ma surprise lorsque je suis rentré au manoir cet été et qu'il m'a pris dans ses bras en pleurant.
Harry avait en effet, beaucoup de mal à se représenter Lucius Malefoy en train de sangloter.
-Il était terrorisé. Et c'est quand il m'a demandé pardon que j'ai compris. Mon père n'a pas eu la force de résister à Tu-Sais-Qui. Mon père, que je pensais si fort et si respectable, ne pourra pas me protéger de ce cinglé. Je… les dernières couleurs quittèrent alors le visage de Malefoy… cet été, je vais recevoir la marque des ténèbres.
Jasper hoqueta. Il savait que Malefoy allait être entraîné dans l'horrible engrenage mais il ne pensait pas que cela arriverait de sitôt. Le Serpentard semblait à présent sur le point de tourner de l'œil. Parler de ces choses là le rendait malade, cela rendait son funeste destin bien trop réel à ses yeux. Face à lui, Harry était verdâtre. Ses mains tremblaient et son regard émeraude s'était terni.
-Pourquoi est-ce que tu ne veux pas avoir la marque ? demanda-t-il finalement d'une voix qu'il essaya de rendre douce.
-Parce que je ne veux pas être un esclave de ce fou, siffla Malefoy. Je veux finir mes études, devenir avocat et avoir une brillante carrière. Je veux pouvoir être libre de mes choix. Je n'appartiens à personne !
-Pourquoi est-ce que je te croirais ? Qui me dit que tu n'essayes pas juste de te rapprocher de moi pour me trahir après ?
-C'est que tu penserais presque comme un Serpentard Potter. Tu me fais chier. Bon, être l'unique fils Malefoy m'a déjà pourri la vie bien plus que tu ne l'imagines Potter. Mais si en plus je me retrouve sous les ordres de Tu-Sais-Qui… Non, jamais je ne pourrais. Je veux bien être un connard, un salop, un petit arrogant prétentieux ou tout ce que tu veux d'autre mais par Merlin, je ne suis pas un monstre. Jamais je ne pourrais tuer quelqu'un juste pour une stupide histoire de sang impur. Je veux seulement vivre ma putain de vie ! explosa-t-il, sa voix déraillant douloureusement.
-C'est bon je te crois ! s'affola Harry en voyant les yeux de l'autre garçon se brouiller. Je te crois Malefoy, ne te mets pas dans un état pareil, je.. Ok, pas de mangemort, d'accord.
-Respire Drago, chuchota doucement Jasper en lui apportant la bouteille d'eau qui traînait au fond de son sac depuis trois jours.
-Je suis pitoyable, pas vrai, ricana le blond en frottant ses yeux rouges et gonflés. Tu dois être ravi de me voir dans cet état, hein Potter ?
Harry l'observa longuement, impassible.
-Je dirais plutôt que bizarrement, je te trouve presque courageux pour un Serpentard, dit finalement Harry d'un air narquois.
-Ne t'avise pas de raconter quoi que ce soit à tes amis ou je te jure que je te le ferai payer cher !
-Si tu préfères que tous les Gryffondor continuent de te voir comme l'incarnation des sept péchés capitaux, alors compte sur moi, je tiendrais ma langue.
Malefoy le dévisagea un instant avant qu'un léger sourire finisse par dérider son visage aux traits tirés. Un vrai sourire, honnête et sincère. Le seul échangé depuis qu'ils se connaissaient. Harry lui offrit une grimace mi-figue mi-raisin en retour. Ni l'un ni l'autre ne se faisait d'illusion. Ils étaient trop différents pour un jour devenir amis et il y avait entre eux bien trop de non-dits et de colère pour que les choses s'apaisent si facilement. Mais pour la première fois, une faible et tremblante lueur d'accalmie et de paix s'anima dans leurs yeux.
-D'accord, je te retire de la liste de mes ennemis mortels. Autre chose ? demanda Harry.
-T'as vraiment fait une liste ? ricana Malefoy en se redressant.
-Non mais ça ne va pas tarder. Il commence à y avoir la queue pour essayer de me faire la peau et je ne voudrais décevoir personne.
-Que cela est noble de ta part. Saint Potter jusqu'au bout des ongles hein ?
-Ne gâche pas tout Malefoy.
-On peut recentrer le sujet ? intervient Jasper. Bon, maintenant que tu es sûr et certain que Malefoy n'a pas l'intention de te livrer en pâture à Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom, on a quelque chose à te dire. Et ça ne va pas te plaire.
-Comme c'est étonnant, soupira Harry. Je vous écoute, crachez le morceau.
Malefoy et Jasper échangèrent un regard hésitant.
-Désolé Harry, soupira finalement Jasper, mais on a pas le choix. Stupéfix !
