Bonjour,

Avant mon blabla introductif habituel, je vous souhaite une très bonne et heureuse année, riche en belles surprises et en projets enthousiasmants. Ensuite, merci à vous d'être toujours là et de revenir aujourd'hui pour découvrir la suite de mon histoire de camping. Et encore désolée pour mes délais de publication des dernières semaines. J'ai inscrit dans mes bonnes résolutions 2023 de reprendre l'écriture de cette fic avec plus d'assiduité. Mais bon, nous savons tous ce que donnent certaines résolutions... Espérons que celle-ci ne tournera pas en eau de boudin ! ;-)

Bonne lecture.


Disclaimer : Les personnages appartiennent à Masami Kurumada, mais les blagues de mauvais goût sont de moi.


Chapitre 9 : Smells Like Team Spirit

Même jour, même lieu, même moment

Camus écoutait les conversations qui fusaient autour de lui, mais les mots glissaient sur sa personne sans parvenir à éveiller son intérêt. L'élimination de la France de la phase finale de l'Euro quatre jours plus tôt était sur toutes les lèvres, ce qui leur avait valu à Misty et à lui une bonne dose de moqueries. Seul Jamian avait fait profil bas, le sort des Anglais n'ayant pas été plus enviable que celui des Français.

L'autre sujet d'attention concernait bien entendu la tenue prochaine de ce tournoi de football inter-établissements touristiques, qui venait semble-t-il d'être baptisé « The Champions League » par un Saga subitement enthousiaste.

Un tournoi.

Franchement.

Encore une idée insensée, jaillie de l'esprit agité de l'autre meilleur ami de son meilleur ami : Kanon des Gémeaux.

De ce que Camus avait compris, cette brillante initiative trouvait son origine dans un match de foot improvisé sur la plage qui avait vu s'affronter quatre de ses camarades à un nombre identique de Généraux des Mers, dont son ancien disciple Isaak.

Camus n'avait pas encore eu l'occasion de rencontrer le jeune homme depuis leur arrivée dans les Landes, mais les nombreuses visites des représentants de Poséidon au Sanctuaire depuis leur résurrection leur avaient permis de retisser un lien proche de celui qui les unissait jadis. Avant l'accident. Avant la preuve flagrante de son échec. Enfin… la première.

Isaak était venu frapper à sa porte dès qu'il avait franchi l'enceinte du Domaine Sacré pour la première fois, et lui avait arraché les mots que le Verseau, rongé par la souffrance et la culpabilité, se savait incapable de prononcer. L'ancien apprenti avait alors pris dans ses bras celui qu'il n'avait jamais eu la force de renier, et l'espace d'un instant, Camus avait accepté d'oublier à quel point il avait fauté.

Alors aujourd'hui, Camus se réjouissait à l'idée de pouvoir bientôt retrouver Isaak. Il s'agissait d'ailleurs de l'un des seuls intérêts que revêtait ce tournoi à ses yeux. Celui-là et le fait de jouer aux côtés de Hyoga, puisque les deux chevaliers des Glaces avaient été désignés par Aphrodite comme milieux de terrain offensifs dans son schéma tactique. Une position dont le Verseau n'avait pas eu à se plaindre, et ce d'autant plus qu'elle lui épargnait de faire équipe avec Milo.

Dès qu'il avait appris le projet de Kanon et d'Aphrodite à son retour de Paris, Camus avait été pris de panique à l'idée de devoir jouer avec son ami. Car même s'il n'avait que peu pratiqué le football dans sa vie, il en connaissait les traditions et avait parfaitement conscience de ce qu'elles impliquaient. Célébrations d'après but avec démonstrations de fraternité virile allant de la simple accolade à la main aux fesses franche et appuyée. Mais surtout… Renforcement de la cohésion des joueurs dans les douches. Collectives. Et la perspective de se retrouver avec Milo, tous les deux entièrement nus dans l'enceinte d'un lieu clos et chaud, avait immédiatement donné des sueurs froides au Verseau.

Car depuis leur séjour parisien, la teneur érotique de ses rêves n'avait fait qu'empirer. Chaque nuit devenait plus intime et plus réelle, et chaque réveil, plus douloureux. Il ouvrait les yeux chaque matin les draps serrés entre les doigts, avec le souvenir des mains de Milo qui imprégnait sa peau et un désir insoutenable qui lui brûlait les reins. Un désir qu'il ne parvenait pas à contenir et contre lequel il ne pouvait plus lutter, jusqu'à devoir se mordre l'intérieur des joues pour ne pas hurler.

Pourtant, il s'était aussi juré de faire des efforts pour être moins distant avec le Scorpion, parce qu'il avait compris que ce dernier en avait besoin pour ne pas continuer à croire qu'il ne représentait rien.

Les mots que Milo lui avaient jetés au visage dans la discothèque hantaient toujours son esprit. Comment son ami avait-il pu imaginer qu'il ne comptait pas ? Qu'il n'avait jamais eu d'importance ? Alors même si Camus avait le sentiment qu'ils avaient réussi à sauver leur amitié cette nuit-là, il voulait s'assurer que Milo ne douterait plus jamais de combien il était essentiel dans sa vie.

Et comme parler restait toujours pour lui une option infiniment compliquée, il n'avait d'autres choix que de le lui montrer par ses actes. Et c'était pour cette raison que depuis huit jours, Camus acceptait tout ce que Milo lui proposait, dans la mesure où cela n'impliquait aucun contact physique ou visuel prolongé.

Dernière « contribution » en date : une séance cinématographique pour assister à la projection d'un film de Science Fiction américain. « Terminator 2 : Le Jugement Dernier ». Un chef-d'œuvre selon le Scorpion, un ennui sans nom selon le Verseau. Une Intelligence Artificielle mettant l'Humanité toute entière à ses pieds. Sérieusement ? Quoique… En y réfléchissant bien, ce n'était peut-être pas si absurde que ça. Enfin, heureusement que la bande son s'était avérée de qualité. Surtout que pour couronner le tout, Kanon s'était invité avec eux ce jour-là. Ce qui au final avait été un mal pour un bien puisque le Gémeaux s'était assis entre Milo et lui, évitant ainsi le moindre contact charnel inopiné.

Camus avait toutefois gardé un œil attentif du côté de l'ex-Dragon des Mers pendant toute la durée de la séance, non pas parce que l'intérêt que portait ce dernier à son meilleur ami lui paraissait beaucoup trop ambigu pour être honnête – et non, il ne s'agissait en aucun cas d'une certaine forme jalousie (nlda : hum… mauvaise foi ?) – mais pour s'assurer qu'il ne laisserait pas jaillir son cosmos, emporté par un élan d'enthousiasme.

Après la fin du film, les deux Grecs avaient convaincu le Français d'aller boire un verre, ce qui avait contraint Camus à assister impuissant à un débat stérile concernant le pourquoi de la défaite du plus vieux contre le plus jeune lors d'un cinquante mètres nage-libre endiablé. Une course d'anthologie selon les dires d'Aphrodite des Poissons, mais dont le Verseau n'avait pas eu la chance d'être le témoin. La comptabilité du Zodiaque restait dans ses priorités malgré tout.

Mais en dépit de toute sa bonne volonté, Camus ne pouvait nier que sa situation devenait chaque jour plus difficile et plus compliquée. Son amour non réciproque pour son meilleur ami le bouffait de l'intérieur, envahissait son quotidien, monopolisait son attention et brouillait ses pensées. Sans parler de son désir qu'il parvenait de moins en moins à contrôler. Ce désir qu'il sentait monter du plus profond de son être dès que Milo paraissait devant lui, et ce même lorsqu'il touchait quelqu'un d'autre. Ce dont le Scorpion ne se privait pas.

Depuis leur retour de Paris, il l'avait vu flirter avec plusieurs clientes toutes plus ravissantes les unes que les autres. Il l'avait vu s'approcher d'elles, leur murmurer des mots à l'oreille, soulever leurs cheveux pour plonger ses lèvres dans leur cou. Camus avait parfaitement conscience qu'à chacun de ces moments, il aurait dû s'en aller ou détourner les yeux. Mais il en avait été incapable. Et le pire dans tout ça, c'est qu'il avait la certitude que si la situation se présentait à nouveau, il n'agirait pas différemment.

Il ne comprenait pas pourquoi il s'infligeait un tel supplice. Il était probablement masochiste. Ou alors, il avait encore besoin de se persuader que ce qu'ils avaient partagé dans ce couloir cette nuit-là ne comptait pas. Que ce baiser, leur baiser ne signifiait rien. Qu'il n'avait jamais existé. Qu'il n'avait été qu'un rêve. Un de plus.

Il savait pourtant que depuis leur résurrection, Milo avait toujours agi ainsi. Il le savait parce qu'il n'était pas aveugle et qu'il n'était pas sourd, les commérages du Sanctuaire lui ayant même apporté un niveau de détails dont il se serait passé volontiers.

Il n'ignorait donc rien du goût de son meilleur ami pour les relations sexuelles fréquentes avec de multiples partenaires. C'était d'ailleurs pour cette raison qu'il avait fini par trouver le courage de lui parler des risques que son comportement pouvait lui faire courir, en insistant sur combien il était important de se protéger.

Sachant que pour voir le bon côté des choses, Camus n'était plus le seul aujourd'hui à veiller sur la santé de ses congénères. Depuis leur arrivée au Zodiaque, Aphrodite s'était senti investi d'une mission, bien avant de se plonger corps et âme dans sa fonction de sélectionneur : celle d'assurer la mise à disposition, à toute heure et sans restriction, de préservatifs, tout parfum et toute taille confondus. Il avait même fini par convaincre Saga d'installer un distributeur juste à la sortie du bar. Alors c'était déjà un souci de moins à gérer.

Considérant qu'il avait assez fait acte de présence à cette réunion stratégique dont il n'attendait de toute façon pas grand-chose – il savait que le jour J, ses coéquipiers seraient tous ingérables, enfin sauf son disciple bien-aimé évidemment – Camus se leva de sa chaise pour regagner l'intimité de sa caravane (ndla : encore un chouchou). Mais c'était sans compter sur son capitaine qui lui tomba dessus aussitôt.

« Hep hep hep ! Tu comptes aller où comme ça ? s'exclama Dohko en faisant pression sur son bras pour le contraindre à se rasseoir.

- Me coucher.

- Hors de question ! Nous devons parler tactique entre nous. Je veux dire entre les joueurs du Zodiaque 2.

- Du Zodiaque 2 ? s'enquit Camus qui n'avait pas été suffisamment attentif lors de la dernière demi-heure pour noter cette petite subtilité.

- Oui… Aphrodite et Kanon ont décidé d'appeler nos deux équipes respectivement Zodiaque 1 et Zodiaque 2, et on doit donc se coltiner le numéro deux, expliqua le Chinois, visiblement déçu.

- Ces numéros reflètent-ils une gradation dans le niveau footballistique ? fit mine de s'intéresser le Verseau.

- Ils ont juré que non, mais il n'empêche que c'est ce que tous nos adversaires vont penser.

- Alors, Dohko, il s'agira de leur montrer que c'est faux !

- Tu as raison, Camus ! Je savais que je pouvais compter sur ton esprit d'équipe et ton mental combatif ! s'enthousiasma le plus vaillant des double-centenaires jamais recensés (ndla : exception faite de Yoda, mais comme il s'agit d'un Jedi, eh ben ça compte pas).

- Bon, je peux aller me coucher, maintenant ?

- Non… Je t'ai dit que nous devions parler tactique.

- Est-ce absolument nécessaire ?

- Oui, ça l'est ! » insista la Balance en convoquant les autres membres de leur équipe par un sifflement si puissant qu'il faillit briser plusieurs verres.

Saga accourut en tirant Shaka et Aiolos par le bras, après avoir ordonné à Jamian de coller une seconde table à celle de Camus et de positionner plusieurs chaises tout autour. Le Corbeau s'exécuta sans broncher, aidé en cela par un Pégase toujours dévoué et un Lézard soucieux de maintenir l'intégrité du mobilier. Hyoga s'empressa de s'asseoir sur la chaise à côté de son maître en bousculant Misty au passage, ce dernier ayant eu l'audace de vouloir lui piquer sa place. Aphrodite les rejoignit en dernier et posa une fesse distinguée mais autoritaire sur le rebord de la table du Verseau.

« Alors les gars, j'espère que vous avez la niaque ! » s'écria Dohko pour tenter de motiver ses troupes.

Le silence qu'il reçut pour toute réponse lui fit comprendre à quel point cela n'était pas le cas.

« C'est pas grave, ça va v'nir ! encouragea le Vieux Maître à la jeunesse éternelle. Aphrodite, poursuivit ce dernier sur un ton toujours profondément enthousiaste, nous t'écoutons : quelles sont tes consignes ?

- Le plus important, c'est que chacun sache parfaitement ce qu'il doit faire. Tiens, par exemple, Camus, pour commencer… Ouh ouh, Camus, t'es avec nous ?! s'exclama le Poissons en claquant des doigts devant le visage du concerné. Non, parce qu'il faudrait tout de même que tu prennes la peine de m'écouter ! Sauf si tu es plus intéressé par ce qu'il se dit à la table d'à côté. Surtout, faut pas te gêner si tu veux changer d'équipe, hein !

- Non non, Aphrodite, je suis très bien ici avec vous ! Alors poursuis, je t'en prie, tu as toute mon attention, s'amenda le Verseau qui se redressa bien droit sur sa chaise pour masquer sa gène d'avoir ainsi été surpris à rêver du côté de la table d'un certain Scorpion.

- Très bien ! Alors je reprends ma petite illustration. Je disais donc : Camus, tu devras absolument marquer Milo à la culotte, car puisque vous occupez pratiquement le même poste et que tu le connais bien, stratégiquement parlant, ça nous sera utile si jamais le tirage au sort fait que nous devons jouer contre eux. Ça te paraît clair ?

- Limpide » répondit simplement le Français qui ne put s'empêcher de jurer intérieurement dans sa chère langue maternelle : « eh bien, me voilà empêtré dans une fort jolie panade ! ».


Camping Le Poséidon, au même moment

Les bras croisés et le dos plaqué contre le mur derrière lui, Albérich de Megrez observait ses coéquipiers – enfin ceux qui lui avaient été désignés comme tels – avec un mélange de curiosité et de mépris. Il les écoutait débattre au sujet des différents dispositifs tactiques qu'ils connaissaient ou prétendaient connaître, et s'amusait de constater à quel point ils avaient tous l'air complètement idiots.

Syd était probablement celui qui lui sortait le plus par les yeux, avec ses « croyez-en mon expérience » et ses « mais enfin, tout le monde sait que tous les grands clubs font comme ça ! » . Un leadership qu'il ne devait néanmoins qu'à l'absence de Siegfried, ce dernier n'ayant pu s'empêcher de rester en Asgard auprès de sa vénérée prêtresse.

Bud brillait par son absence, même si Albérich ne doutait pas un instant qu'il fût quelque part tapis dans l'ombre en train d'écouter les moindres détails de leur discussion. Hagen, Thor et Fenrir le laissaient comme toujours totalement indifférent. Quant à ces maudits porteurs d'écailles qui se croyaient si supérieurs à eux, ils étaient tous totalement sans intérêt, à l'exception peut-être de Sorrento de la Sirène qui semblait bien être le seul pourvu d'un cerveau.

Ah si, un autre de ses camarades trouvait tout de même grâce à ses yeux : Mime de Benetnash. Le guerrier d'Êta avait eu le cran et l'honnêteté de dire tout le bien qu'il pensait du football lorsque Isaak était venu mendier le soutien des Guerriers Divins pour constituer une équipe. Son refus de participer à ce tournoi ridicule avait donc été catégorique, et Albérich appréciait les avis tranchés surtout lorsqu'ils étaient argumentés.

Jugeant qu'il avait été suffisamment silencieux, Albérich coupa la parole à celui qu'il n'écoutait pas, sans même prendre la peine de décroiser les bras :

« Vous êtes tous des imbéciles et vous allez droit dans le mur, déclara-t-il sur un ton péremptoire.

- Comment oses-tu ?! s'exclama le Kraken en se ruant sur l'Asgardien pour le saisir par le col de son maillot.

- Calme-toi, Isaak, intervint aussitôt la Sirène. Laissons donc à Albérich la possibilité d'expliquer les raisons de son jugement.

- Merci, Sorrento, articula le guerrier de Delta tandis qu'il repoussait Isaak d'un mouvement de bras dédaigneux.

- T'as intérêt à avoir de bons arguments, Megrez ! vitupéra le Finlandais en relâchant sa prise.

- Ne t'en fais pas pour ça. Mes arguments sont irréfutables, et surtout, ils sont d'une simplicité déconcertante, ce qui devrait te permettre de les comprendre.

- Espèce de… !

- Suffit, Isaak ! s'exclama l'Autrichien. Écoutons ce qu'Albérich a à nous dire, dans le calme et la sérénité. »

Le gardien du Pilier de l'océan Arctique recula de plusieurs pas en serrant les poings, et le regard qu'il lança à celui qui venait ouvertement de l'insulter fit baisser la température de la pièce de plusieurs degrés. Ce qui au final n'était certainement pas plus mal.

« Vas-y Albérich, tu as toute notre attention, reprit Sorrento.

- Très bien. Vous vous focalisez depuis tout à l'heure sur le choix du meilleur dispositif tactique à appliquer : 4-4-2, 4-3-2-1, et je ne sais quoi encore. Cela n'a aucune espèce d'importance ! Ces discussions sont stériles car opérer de tels choix ne nous sera d'aucune utilité. Pourquoi ? Parce que notre équipe est composée de joueurs qui ne se connaissent pas et qui, surtout, ne s'apprécient pas.

- Je ne suis pas d'accord, objecta Io de Scylla. Il me semble que nous avons commencé à tisser des relations tout à fait cordiales ces dernières semaines.

- Alors c'est que tu es encore plus idiot que tu en as l'air, mon pauvre Io.

- Albérich ! Cesse immédiatement les provocations inutiles ! protesta Sorrento.

- Je vais essayer, mais tes ouailles ne me facilitent pas la tâche, assura l'agitateur. Je reformule donc mon propos : Io, je ne partage pas ton opinion. Notre collaboration dans le cadre de la mission que l'on nous a confiée, à nous autre Guerriers Divins d'Asgard, si elle se déroule d'une manière acceptable du fait de notre évidente bonne volonté, ne permet en aucun cas pas de nous connaître mutuellement ni même d'apprendre à nous apprécier. Nous souffrons donc en ce sens d'un désavantage majeur par rapport aux équipes que nous allons devoir affronter.

- Ça me fait mal de le dire, mais Megrez n'a pas tort, reconnut Caça des Lyumnades avec une pointe de dégoût dans la voix.

- Et qu'aurais-tu donc à proposer pour palier cette difficulté ? interrogea Krishna de Chrysaor sans se départir de la quiétude qui le caractérisait.

- J'envisage une approche en deux temps. Tout d'abord, notre problème provenant d'un manque de cohésion, il me semble évident d'y répondre en altérant la cohésion de nos adversaires. Cela ne devrait pas être bien compliqué, au moins du côté des deux équipes du Sanctuaire.

- Comment sais-tu qu'ils ont constitué deux équipes ? l'interrompit Baian du Cheval des Mers.

- Parce que déjà, étant donné leur effectif largement supérieur au nôtre, cela me semble être une absolue évidence. Et ensuite, parce que j'ai mes sources. Mais je reviendrais sur ce point dans une minute. Je disais donc que nous aurions tout intérêt à faire voler en éclat la bonne entente – probablement assez relative malgré tout – régnant au sein des chevaliers d'Athéna, et pour cela, il me semble que nous avons deux cibles toutes trouvées.

- Lesquelles ? s'enquit Syd sur un ton sec traduisant son agacement à voir Albérich monopoliser ainsi l'attention.

- Kanon et Saga des Gémeaux. Puisque étant donné leurs passés respectifs, nous n'aurons probablement aucun mal à raviver certaines tensions et ressentiments. Surtout que par chance, ils se trouvent chacun dans une équipe différente.

- Et comment comptes-tu t'y prendre, s'il te plaît ? questionna Hagen de Merak.

- Ne t'inquiète pas pour ça, je trouverai un moyen. Et j'arrive là au second point de la stratégie que je vous propose. Nous devons connaître avec précision l'approche tactique que nos adversaires comptent mettre en place, afin d'adapter notre propre jeu en fonction. Et pour vous prouver que nous en avons les moyens, poursuivit-il avant d'être une nouvelle fois interrompu, j'ai déjà quelques informations à vous soumettre. Informations que j'ai obtenues grâce à un espion que j'ai placé depuis plusieurs jours au Zodiaque.

- Un espion ? s'étonna Sorrento en relevant un sourcil.

- Oui, un habitant du coin que j'ai facilement réussi à convaincre de travailler pour moi. La surveillance du Zodiaque n'étant pas très consciencieuse, il n'est pas difficile pour quelqu'un sans cosmos de pénétrer dans l'enceinte du camping et de s'y promener en toute impunité. Ces idiots ne contrôlent même pas les bracelets donnant accès à leur piscine ! ajouta le Guerrier de Delta avec un petit rire sournois.

- Très bien, et quelles sont donc ces informations que tu prétends avoir recueillies, Machiavel ? répliqua Isaak.

- L'équipe de Kanon jouera avec trois attaquants, dont Angelo du Cancer en pointe et Ikki du Phoenix juste derrière lui sur sa droite. Pour le troisième, mon informateur n'a pas su me donner de nom, mais m'a indiqué qu'étant donné le surpoids dont celui-ci semble être la victime, il ne devrait poser aucun problème.

- Alors ça doit être Aiolia ! Je l'ai aperçu l'autre jour à la plage, et le Lion a bien forci depuis notre dernière visite au Sanctuaire, précisa Caça avec un sourire narquois laissant apparaître ses dents pointues.

- Et as-tu pu récolter des renseignements sur la seconde équipe ? questionna Sorrento.

- Oui. Leur milieu de terrain sera composé pour moitié de vieilles connaissances de ton camarade le balafré énervé. Son ancien maître, tellement incompétent qu'il a été incapable de le garder sous sa coupe, et celui sans qui il n'aurait jamais trahi sa Déesse pour rejoindre votre camp de guerriers amphibies. Du coup, Isaak, j'ai le plaisir de t'annoncer que tu seras probablement notre meilleur atout pour affronter cette équipe. Enfin, si tu arrives à assumer une telle charge, bien entendu.

- Va te faire voir, Megrez ! rétorqua simplement le concerné.

- Des questions ? continua le stratège.

- Pas pour l'instant, déclara la Sirène. Nous devons réfléchir à tes propositions.

- Si vous aviez un minimum de bon sens, ce serait déjà tout réfléchi. Mais faites à votre guise. Albérich de Megrez se tient à votre entière disposition, si besoin. »

A ces mots, le guerrier de Delta quitta la pièce sans prêter attention aux insultes qui fusaient dans son dos.


Retour au bar du Zodiaque

Aphrodite regarda sa montre et fit comprendre à ses coéquipiers qu'il était temps de mettre un terme à leur première réunion tactique. Puis il se leva, massa son fessier engourdi, et se dirigea vers Kanon qui s'entretenait toujours avec les membres de son équipe à lui.

« Psit, Kanon, il ne reste plus que quinze minutes avant le début du match. Alors abrège !

- OK, Aphro, t'inquiète, je gère ! rétorqua le second Gémeaux en se mettant debout. Bon les gars, on a terminé de discuter tactique pour aujourd'hui ! Mais que tout le monde reste ici, j'ai encore deux ou trois trucs à vous dire », poursuivit-il en s'adressant cette fois-ci à l'ensemble des chevaliers présents sur la terrasse du bar.

Camus du Verseau souffla de lassitude tandis qu'il se rasseyait sur sa chaise. Il avait cru, à tort, être enfin libéré (délivré).

« Bon, première chose, reprit le suppléant à la Troisième maison du zodiaque, pour ceux qui auraient pas encore compris, on aura donc deux véritables adversaires lors de notre prochaine bataille.

- Tournoi. Kanon, il s'agit d'un tournoi. D'un tournoi de football, rappela Aphrodite.

- Oui, pardon. Lors de notre prochain tournoi, se corrigea l'étourdi. Donc je poursuis. Nous aurons deux types d'adversaires. Une première équipe constituée d'un subtil mélange de Marinas et de Guerriers Divins, ce qui ne devrait pas nous poser énormément de problème. Parce que petit un (ndla : oui, Kanon aussi peut être pointilleux… il n'est pas le jumeau de Saga pour rien non plus), nos p'tits Bronzes les ont déjà pratiqués et ce, sans trop de difficultés…

- On voit bien que c'est pas lui qui s'en est pris plein la tronche, murmura Seiya à l'oreille de Shun qui était assis à sa droite et qui resta silencieux.

- … et petit deux, je vois pas comment ils vont faire pour réussir à courir après un ballon sans s'arracher les yeux.

- C'est clair qu'avec Megrez dans leur équipe, ils sont plutôt mal barrés, les vikingos-calamars ! », agréa Angelo en écrasant le reste de sa cigarette dans le cendrier devant lui. Il sentait les yeux noirs de Shura pointés sur sa personne, alors autant ne pas titillé l'ire du Capricorne en balançant son mégot par terre.

« Par contre, poursuivit Kanon d'une voix soudainement plus grave, il me semble que nous devrons être beaucoup plus vigilants en ce qui concerne l'autre équipe à laquelle nous devrons faire face : celle des Spectres.

- Je pense que nous partageons tous ton opinion, mon ami, déclara Mû en se levant de sa chaise pour asseoir son propos (ndla : paradoxe ?). Ces adversaires seront certainement beaucoup plus difficiles à cerner et plus coriaces dans leur jeu, sans parler de leur bonne cohésion qui sera sans le moindre doute un de leur point fort.

- Ça c'est sûr que quand tu vois les lèche-bottes que sont les sous-fifres de Rhadamanthe, la Wyverne risque pas d'avoir de rébellion dans ses troupes ! remarqua Angelo tandis qu'il portait son verre de whisky à sa bouche.

- Surtout si on prend en compte le caractère du bonhomme ! intervint le Scorpion. Non mais sans déconner, c'est une machine ce type. Un vrai robot, comme dans Terminator ! Hein, Kanon, tu trouves pas ?

- C'est vrai que sous un certain angle, t'as probablement pas tort, Milo.

- Un peu que j'ai raison ! Et attends une seconde… Oh je tiens un truc génial là ! Kanon, je te jure, tu vas adorer ! Va falloir qu'on fasse gaffe, parce qu'on va devoir affronter Le Wyvernator !

- C'est grandiose, vraiment, ironisa le second jumeau. Merci, Milo, pour cet élément stratégique primordial.

- De rien, Kanon.

- C'est bien beau tout ça, les enfants, interrompit Dohko de la Balance qui commençait à trépigner sur sa chaise, mais il faudra aussi se méfier de Minos qui peut être particulièrement vicieux, et d'Éaque qui s'appuiera à coup sûr sur sa vitesse.

- Je vois pas comment le vieux peut être au courant de ces détails, étant donné qu'il les a pas beaucoup côtoyés aux Enfers, non ? constata froidement le Phoenix en s'adressant à son camarade de bonne humeur, le Cancer.

- Qu'est-ce que tu veux, le colibri : c'est toujours les mêmes qui ont le beau rôle ! Foutue injustice ! s'indigna le plus farouche des Calimeros zodiacaux (ndla : et là, vous l'avez, l'image d'Angelo avec une jolie coquille d'œuf sur la tête ? Pardon… vous avez le droit de me détester ! Et moi, je crois que je vais devoir terminer cette histoire depuis le fin fond de Yomotsu).

- Certes, vous avez tous parfaitement raison, coupa le Poissons, mais je vous propose d'aborder ces différents points lors d'une prochaine réunion, parce que là, l'heure tourne ! Kanon, tu poursuis, s'il te plaît ?

- Entendu, Aphrodite. Ensuite, deuxième chose que je voulais vous rappeler : il y aura aussi deux équipes de mecs normaux, hein. Fallait bien les laisser participer pour se la jouer plus naturel.

- Et d'où viennent ces malheureux suicidaires ? interrogea Milo en ingurgitant la dernière poignée de chips qui restait dans le saladier devant lui.

- Ce sont des employés des campings La Belle Bleue et L'Apollon, qui se trouvent juste un peu plus au nord le long du littoral.

- Dis donc, Shiryu, ils sont férus de mythologie dans le coin, on dirait, chuchota Seiya à l'oreille de son ami qui était assis à sa gauche et qui approuva d'un discret mouvement du menton.

- Et pour rebondir sur ton choix de vocabulaire, Milo, continua l'ancien Dragon (des Mers), ces participants ne sont pas suicidaires puisque nous allons jouer nor-ma-le-ment. J'insiste sur ce point : pas de cosmos, pas de vitesse paroxysmique, pas de force surhumaine. Les mots clefs de ce tournoi seront : mesure et modération. Nous sommes des mecs ordinaires, qui jouons au foot comme des mecs ordinaires. OK ?!

- Ben on va s'faire chier ! désapprouva l'Italien.

- Et puis comment ferons-nous si nos adversaires utilisent leur cosmos ? Nous serons bien obligés de répliquer, suggéra Aiolos qui visiblement ne dormait pas encore.

- Bonne question, merci de l'avoir posée ! Alors c'est très simple : la participation à ce tournoi n'a pu être validée qu'à la seule condition d'approuver la non utilisation du cosmos. Chaque capitaine, Sorrento tout comme Rhadamanthe, a d'ailleurs signé un document attestant de leur agrément à ce point fondamental.

- Alors c'est que t'es plus naïf que t'en as l'air, Kanon ! protesta Angelo. On peut pas faire confiance à un type comme Le Wyvernator ! asséna le râleur en gratifiant le Scorpion d'un clin d'œil.

- Blague à part, renchérit le Capricorne, je partage l'avis d'Angelo : il me paraît difficile de faire confiance à nos adversaires sur ce point, comme sur beaucoup d'autres, d'ailleurs.

- Alors là, je vous coupe tout de suite : ils n'auront pas le choix. Et vous savez pourquoi ? Parce que Zeus ne le permettrait pas ! Je vous rappelle que le Very Big Boss a été très clair à ce sujet : plus de batailles, plus de combats. La paix pendant mille ans, qu'il a dit. Sinon, couic ! ajouta Kanon en imitant le tranchant d'une lame contre la peau de son cou. Retour à trois pieds sous terre général. Alors, y'a pas de débat ! C'est clair ?

- Si tu l'dis, maugréa le Cancer.

- Bon, vous avez des questions ? Parce que je vois Aphrodite qui s'agite. »

Aphrodite qui se tenait sur la pointe des pieds pour allumer le poste de télévision fixé au-dessus du comptoir, juste à côté des bouteilles préférées du patron.

« Eh Aphrodite, que je te prenne pas à grimper sur mon bar pour arriver à tes fins ! s'indigna la Balance en accourant vers le Poissons. Tiens, il y a un tabouret juste là, si tu en as besoin.

- Non pas la peine, mais merci quand même, rétorqua le Suédois en reposant ses deux pieds à plat sur le sol avec un sourire satisfait. Par contre, tu peux me dire où tu as caché la télécommande, s'il te plaît ?

- De l'autre côté du comptoir, tiroir à gauche de l'évier. »

Aphrodite tendit le bras d'un mouvement leste et gracieux pour sortir l'objet convoité du tiroir, et changea de chaîne pour afficher le canal de diffusion du match de la soirée.

« Moi, j'ai une question ! s'exclama Angelo – encore lui.

- Oui ? répliqua le second Gémeaux sur un ton laissant poindre une très légère note d'agacement.

- Y'aurait pas moyen qu'on se passe de ces fichus protège-tibias ? Parce que je sais pas vous, mais moi, ces machins, ils me grattent comme pas permis, et comme de base, ben ils nous servent à rien, hein, ben j'me disais qu'on pourrait probablement faire sans !

- Je suis totalement d'accord avec Angelo ! », s'écria Shura sur un ton exagérément enthousiaste. Et comme ça, j'arrêterais peut-être de fantasmer.

« Hors de question ! Vous avez pas compris ce que je vous ai dit ou quoi ? Nous sommes des mecs ordinaires qui jouons au football de manière ordinaire. Alors on garde les protège-tibias !

- Mais Kanon… insista le Cancer.

- SILENCE ! s'écria Aphrodite en montant le son de la télévision. Que tout le monde se taise, c'est l'heure de l'hymne national Suédois ! »

Et le silence se fit.


A suivre…

Merci de m'avoir lue.

Référence pour le titre du chapitre 9 : Smells Like Teen Spirit, Nirvana, 1991. Toutes mes excuses pour ce jeu de mot pourri m'ayant conduit à remplacer Teen par Team. Mais j'ai pas pu résister !

Note :

Pour rappel, le match si cher au cœur d'Aphrodite correspond à la demi-finale de l'Euro 1992 entre l'Allemagne et la Suède.