Bonjour,
Comme toujours, je vous remercie pour votre intérêt dans mon histoire et pour avoir le courage d'en poursuivre la lecture.
Et donc, voici la suite de cette petite aventure estivale zodiacale qui, je l'espère, égaiera un peu votre saison hivernale (enfin, c'est l'idée en tout cas).
Bonne lecture.
Disclaimer : Les personnages appartiennent à Masami Kurumada, mais je suis la seule à blâmer pour le ballon rond et les jeux de mots abscons.
Chapitre 10 : La Fièvre
Lundi 29 juin, un terrain de foot, quelque part dans les Landes
Saori Kido, réincarnation moderne et attentive de la Déesse Athéna, observait ses chevaliers donner le meilleur d'eux-mêmes. Un profond sentiment de fierté gonfla ses poumons à la vision de ces valeureux combattants qui défendaient une nouvelle fois les couleurs de l'amour et de la justice. Même si aujourd'hui, ils le faisaient en courant après une grosse balle.
Son projet semblait être une totale réussite. Ses troupes étaient soudées comme elles ne l'avaient plus été depuis longtemps, et ambroisie sur le nectar, ses chevaliers semblaient heureux. Enfin à quelques petites exceptions près. Mais le moment n'était pas à la morosité. Elle songerait à cela plus tard. Saori ne doutait pas de parvenir à apporter le bonheur à tous les membres de sa chevalerie, quitte à user de certaines ficelles divines dont seuls les olympiens avaient le secret.
En regardant Aphrodite s'emparer du ballon, elle remercia intérieurement le Poissons d'avoir adhéré au projet de Kanon avec autant d'enthousiasme. Pourtant, elle-même n'avait pas été spontanément emballée lorsque le Gémeaux était venu lui soumettre son idée. Mais elle s'était facilement laissée convaincre par les arguments et la verve de celui qui lui avait sauvé la vie face au Dieu des Océans. Elle lui avait alors donné carte blanche pour l'organisation de ce tournoi, en prenant à sa charge les conséquences que cela aurait sur le fonctionnement du Zodiaque. Trouver des solutions et s'adapter à toutes sortes de circonstances étaient devenus l'une de ses spécialités. En tout cas, il s'agissait de qualités que lui attribuaient la plupart de ses professeurs à Tokyo.
Et le jeu en valait visiblement la chandelle. Cohésion, esprit d'équipe, émulation étaient devenus les maîtres-mots du camping ces deux dernières semaines. Alors cela méritait probablement quelques ajustements de postes et d'emplois du temps. Surtout que pour faciliter les choses, un nombre important de vacanciers s'était pris de passion pour suivre l'évolution des deux équipes de leur camping dans ce tournoi qui avait recueilli en quelques jours une notoriété inattendue dans tous les environs. Engouement que Saga des Gémeaux avait rapidement trouvé exploitable d'un point de vue commercial, en proposant fanions, banderoles et T-shirts aux couleurs du Zodiaque et de la « Champions League ». Tout bénéfice, quel qu'il fût, était toujours bon à prendre.
Et puis Athéna devait reconnaître que la partie la plus humaine de sa divine personne appréciait aussi de voir évoluer des joueurs de talent. La jeune femme avait développé un goût particulier pour le football depuis son enfance et l'époque où elle espionnait Seiya et ses camarades lorsqu'ils jouaient au ballon dans le parc de l'orphelinat. Surtout qu'aujourd'hui, certains des joueurs impliqués dans cette compétition s'avéraient extrêmement doués.
Pour preuve, le match auquel elle était en train d'assister, opposant le Zodiaque 2 au Poséidon, était tout à fait palpitant. Les actions étaient nombreuses, le jeu travaillé et efficace, et les buts, absolument somptueux. Entre le retourné acrobatique de Seiya et le superbe coup-franc d'Isaak, il y avait de quoi marquer les esprits. Et le suspense était aussi au rendez-vous, puisque à cinq minutes de la fin de cette première confrontation, les deux équipes n'étaient toujours pas parvenues à se départager.
Une dernière action fit lever la Déesse de son siège. Le ballon des adversaires venait de terminer sa course dans les filets du Zodiaque. Malgré la confusion qui régnait dans la surface, Saori n'eut aucun mal à identifier l'auteur du but qui donnait la victoire aux joueurs du Poséidon : Albérich de Megrez qui, surgi de nulle part, avait déjoué la défense de ses chevaliers pour tromper Cassios d'un fort joli coup de pied.
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Dohko de la Balance releva la tête juste à temps pour voir le ballon s'enfoncer dans le fond des filets. Mais d'où était donc sorti Albérich pour marquer un but pareil ? Il l'avait pourtant gardé à l'œil pendant toute la durée de la partie, mais là, il devait avouer que le petit Megrez l'avait bien eu.
Fidèle à lui-même, le guerrier de Delta célébra son but avec toute la modestie qui le caractérisait, ce qui ne manqua pas d'irriter les plus impulsifs joueurs du Zodiaque, Seiya de Pégase en tête bien entendu.
L'ex-Vieux Maître, dans un élan de sagesse et de calme digne de ses plus belles années cascadiennes, intervint juste à temps pour séparer les deux belligérants, évitant ainsi le début d'une bagarre qui aurait pu faire voler en éclats leur si fragile couverture de joueurs-normaux-jouant-comme-des-mecs-normaux. Et sur ces entrefaites, l'arbitre siffla la fin de la partie.
Aphrodite trépigna de mécontentement, puis respira un grand coup afin de retrouver son self-control. Un chevalier de son rang se devait de rester digne en toutes circonstances. Il avait su accepter avec honneur la défaite de sa chère équipe de Suède en demi-finale de l'Euro, alors la contreperformance du jour ne pouvait pas être plus difficile pour lui à digérer. Il s'approcha donc de ses coéquipiers et s'adressa à eux sur un ton réconfortant et qu'il voulut malgré tout enthousiaste.
« Bien joué, les gars ! On s'est bien battu, mais on a bêtement craqué sur la fin.
- Peut-être, mais n'empêche qu'on aurait mérité de gagner ! s'exclama Hyoga en remontant ses chaussettes sur le haut de ses protège-tibias.
- C'est clair ! Le but d'Albérich est venu de nulle part, et franchement, on ne pouvait rien faire, reconnut Aiolos que l'implication footballistique des derniers jours semblait avoir un peu ragaillardi.
- Tu as parfaitement raison, consentit Saga en tapant sur l'épaule de son ancien rival à la position popale. Nous n'avons rien à regretter : notre défense a été irréprochable, malgré un peu de laisser-aller sur la droite, précisa le Gémeaux en fusillant du regard un certain Corbeau qui sembla s'enfoncer dans le sol de plusieurs centimètres.
- Saga, je te trouve bien sévère avec Jamian, contesta Dohko qui, en bon capitaine, ne souhaitait stigmatiser personne. Nous avons tous très bien joué, et ne devons notre défaite qu'à un malheureux petit instant d'égarement. Les aléas du sport.
- Je ne suis pas tout à fait d'accord avec ton raisonnement, déclara Camus en resserrant le lien de la queue de cheval qui avait contenu sa superbe chevelure pendant les quatre-vingt dix dernières minutes. Je suis même personnellement convaincu que la victoire de nos adversaires ne doit strictement rien au hasard.
- Évidemment ! Albérich a fait preuve d'antijeu tout au long du match ! vitupéra Seiya dont la rancune à l'égard du guerrier de Delta n'avait jamais faibli depuis la Bataille d'Asgard.
- Certes, concéda le Verseau, mais le comportement d'Albérich n'explique pas tout.
- Que veux-tu dire par-là ? interrogea Saga qui ne doutait pas un instant des capacités d'analyse du plus perspicace de ses cadets.
- Je trouve simplement assez étonnante la faculté qu'ont eue nos adversaires à anticiper les moindres de nos mouvements.
- C'est vrai qu'on aurait dit qu'ils s'attendaient à chacune des combinaisons que nous avions préparées, remarqua Dohko en se grattant le menton.
- Ouais, ben mon retourné, ils l'ont pas vu venir, celui-là ! s'écria Seiya en brandissant un poing rageur devant lui.
- Exactement, approuva Camus. Et pourquoi ? Parce que cette action était totalement improvisée.
- Sous-entendrais-tu que nos opposants connaissaient tous les détails de notre tactique de jeu ? s'enquit Aphrodite qui commençait à comprendre.
- Oui, c'est ce que je crois, en effet.
- Mais enfin, mon Maître, comment auraient-ils fait ? s'étonna Hyoga que la clairvoyance du Verseau rendait toujours profondément admiratif.
- Je ne sais pas, mais je compte bien trouver une explication, répondit le chevalier des Glaces avec un regard qui en disait long sur le degré de sa détermination (ndla : attention, jeu de mots !).
- Oui, nous devons absolument éclaircir ce mystère, et ce avant que nos camarades du Zodiaque 1 ne rencontrent ces fieffés tricheurs ! s'emporta Saga, qui depuis son second retour à la vie (ndla : ou plutôt troisième, si on compte sa rapide réapparition devant le Mur des Lamentations ? Voire quatrième, si sa résurrection du troisième film doit être prise en considération, ou peut-être même cinquième avec Soul of Gold ? Enfin bref… depuis son retour à la vie quoi) ne supportait plus la duperie.
- Fieffé quoi ?! Hyoga, ça veut dire quoi, ce charabia ? questionna le jeune Pégase, peu familier du vocabulaire désuet utilisé par l'ancien Pope.
- Il me semble que Saga veut ici préciser qu'il considère nos adversaires comme des bons gros tricheurs.
- Ah ben il pouvait pas juste dire ça comme ça ! Honnêtement… maugréa de mauvaise grâce le Japonais.
- Camus, poursuivit le premier Gémeaux, je te confie la mission d'élucider cette épineuse question.
- Entendu, Saga. J'essaierai de m'y employer, consentit le Verseau.
- Et toi, Shaka, tu ne dis rien ? Que penses-tu de tout cela ? » interrogea Dohko que les silences de son riverain zodiacal laissaient toujours fortement dubitatif.
La Vierge, qui dès la fin du match s'était assis en tailleur sur le terrain après avoir retiré chaussettes, protège-tibias et crampons, ouvrit les yeux et s'exprima d'une voix claire et douce :
« Où le miel est répandu, les mouches se rassemblent. »
Aucun de ses coéquipiers ne trouva de mots pour répondre à cette divine répartie, et un silence pieux s'empara de la portion de pelouse occupée par les footballeurs d'Athéna. Enfin jusqu'à ce qu'Aphrodite se mît subitement à hurler.
« Misty ! Non, garde ton maillot pour les prochains matchs ! Mince, tu sais combien il coûte ?! »
Le Poissons partit en courant dans la direction du Lézard qui était en train de se déshabiller pour céder son T-shirt à Io de Scylla, ce dernier semblant plus que ravi de profiter d'un gros plan sur l'anatomie abdominale de son généreux adversaire.
Ce départ impromptu clôtura la réunion de fin de match qui avait été improvisée sur le terrain, et les différents joueurs se dispersèrent. Camus et Hyoga rejoignirent Isaak pour le féliciter de sa victoire. Saga se rapprocha d'Aiolos pour le rassurer une nouvelle fois sur la qualité de son jeu défensif. Et Jamian s'éloigna autant qu'il put de Saga afin d'être certain de ne subir aucun châtiment de la part de celui qui lui flanquait toujours une peur bleue.
Et à quelques mètres de là, un homme transpirait à grosses gouttes assis dans les gradins. Il ne s'était pas levé depuis le coup de sifflet final et regardait droit devant lui, les doigts crispés sur le tissu de son short. Un homme qui était simplement venu assister au match de ses futurs adversaires dans le cadre de ce tournoi de football inter-établissements touristiques dans lequel il s'était engagé avec sa bande de copains, et qui avait finalement assisté à… il ne savait trop quoi. Un homme dont une seule et unique pensée tournait en boucle dans son esprit depuis près de dix minutes :
« Ces mecs-là ne sont pas humains ! ».
Trois heures plus tard, même complexe sportif, autres joueurs
Ikki observait ses coéquipiers le dos calé contre le mur du vestiaire en se demandant ce qu'il faisait là. Pourquoi avait-il accepté de se laisser embarquer dans cette histoire insensée de tournoi ? Ah oui : parce que malgré tout le mal qu'il pouvait dire de l'ancien Dragon des Mers, il l'aimait bien, cet idiot. Et il devait reconnaître que Kanon se donnait du mal pour réussir à galvaniser l'ensemble de ses troupes. Mêmes si certains n'avaient nullement besoin d'adjuvants extérieurs pour exacerber leur enthousiasme.
Milo et Aiolia étaient remontés comme des pendules grecques que l'on aurait dopées au coucou suisse. Angelo avait activé le mode Masque de Mort - le retour, avec un regard qui sous-entendait un second volet encore plus sanglant que le premier. Et même les plus sages parmi eux semblaient entièrement absorbés par les discussions d'avant match. Shiryu, Algol, Shun et Mû palabraient stratégie, à grands renforts de « toi tu fais ci - toi tu fais ça - ah bon, mais on n'avait pas dit que je devais plutôt faire comme si ? - ah non non pas du tout ! ». Et Aldébaran essayait toujours d'accrocher ses protège-tibias taille XXXXL autour de ses mollets, en approuvant d'un mouvement de menton chaque parole prononcée par son ami le Bélier.
Finalement, tous exhalaient une énergie et une rage de vaincre à faire pâlir d'envie les coachs des plus grandes équipes européennes. Une ferveur qui paraissait d'ailleurs beaucoup trop exagérée pour ce qui ne devait être qu'un simple match de football. Oui, tous ses coéquipiers semblaient prêts à en découdre dans le cadre d'une rencontre supposément pacifique, mais qui ressemblait plutôt à un deuxième round d'une bataille ayant jadis impliqué arcanes destructrices, armures ancestrales et cosmos paroxysmiques. Tous sauf un.
Shura du Capricorne, qui ne partageait pas l'exaltation collective d'avant-match à la hauteur de ce qu'il aurait dû, et ce parce qu'il était concentré sur un tout autre sujet. Le fessier d'Angelo du Cancer qui venait de se mettre debout, et qui sautait sur place tel un crabe que l'on aurait jeté dans une marmite d'amphétamines.
Sur cette dernière réflexion qui le rendit profondément perplexe, Ikki reporta toute son attention vers son capitaine dont la voix se mit à résonner avec autorité dans la petite salle chargée de sueur et de testostérone.
« Allez les gars, c'est LE moment ! On va leur montrer à ces Spectres de seconde zone qui sont les patrons du ballon rond ! Vous êtes avec moi ?!
- Oui ! s'écrièrent Milo et Aiolia en se frappant la poitrine dans un élan d'agressivité guerrière.
- J'ai pas bien entendu… Vous êtes avec moi ?! » répéta Kanon en tapant dans ses mains.
En réponse à cette ultime injonction, un cri bestial dans une langue qui avait un jour dû être de l'italien fit trembler les murs du vestiaire, répandant une onde de choc depuis le cœur des Landes jusqu'aux tréfonds de la plaine de Yomotsu.
Tous les joueurs se dirigèrent alors en courant vers le terrain pour rejoindre leurs adversaires qui se trouvaient déjà sur la pelouse. Chacun se positionna à sa place, à l'exception de Kanon qui s'avança vers le rond central pour saluer l'arbitre et le capitaine de l'équipe de l'Elysion. Rhadamanthe de la Wyverne qui l'attendait avec un visage impassible, les bras croisés sur la poitrine. Les deux hommes se toisèrent du regard sans échanger un mot, puis se serrèrent la main à s'en briser les phalanges. Mais juste avant de libérer les doigts de son rival, le Troisième Juge se figea et délivra un superbe clin d'œil au Gémeaux.
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Dire que le match était tendu allait bien au-delà de l'euphémisme. L'air au-dessus de la pelouse était devenu si électrique que le moindre contact pouvait déclencher un incendie. Et au milieu de tout cela, un homme se décomposait petit à petit. L'arbitre, qui en vingt-cinq années de carrière n'avait jamais assisté à un match comme celui-ci. Chaque tacle faisait craquer des os, chaque bousculade démettait des articulations, et pourtant, les joueurs continuaient à courir comme si de rien n'était.
Mais le pire ne se trouvait pas là. Non, le pire résidait dans le regard que lui jetait l'un des joueurs de l'équipe toute de noir vêtue. Un joueur aux longs cheveux gris retenus en chignon, mais arborant une frange qui rappelait étrangement celle d'un certain chien anglais à poil long dans une vieille série d'animation (ndla : vous avez reconnu ? non ? alors c'est que je suis trop vieille… je vous laisse donc taper 'pollux manège enchanté' dans votre moteur de recherche préféré, vous devriez comprendre de quoi je parle – et pardon Minos pour cette comparaison si peu flatteuse, mais bon… sérieux, c'est quoi cette frange ?!). Un joueur dont le regard doré transperçait l'arbitre dès que celui-ci faisait mine de porter la main à sa poche pour dégainer un carton. Bref, un joueur qui foutait profondément la trouille.
Et dans les gradins, certains spectateurs commençaient à trépigner d'agacement face à la tournure que prenait la partie.
« Non mais c'est pas vrai ! C'est quand que l'arbitre va enfin se décider à siffler ?!
- Seiya, calme-toi ! T'emporter n'aidera en rien nos amis.
- Facile à dire pour toi, Hyoga. Mais reconnais tout de même que l'arbitre se moque de nous ! T'as vu le tacle de Valentine ? Il a failli découper Shun en deux !
- Tu exagères un peu, mais il est vrai que cette action aurait mérité une sanction », approuva le Cygne en léchant la vanille de son cornet.
Pégase considéra son camarade avec étonnement. Il ne l'avait même pas vu se lever de son siège pour aller chercher une crème glacée.
« Mince, Hyoga, comment tu fais pour manger dans un moment pareil ? Moi, je pourrais rien avaler ! Et puis, tu l'as trouvé où, ton esquimau ?
- Ce n'est pas un esquimau mais un cône glacé. J'en ai mis quelques uns dans mon sac pour le goûter.
- Ah oui, pratique le coup du congélo portatif ! reconnut le plus jeune des deux Bronzes. J'aurais dû demander l'option réfrigération au vieux Kido, tiens.
- Tu n'aurais pas pu résister plus d'une demi-journée au froid glacial de Sibérie.
- Pas faux. Et sinon, t'as quels parfums dans ta glacière-à-dos ?
- Chocolat, vanille, et pistache.
- Pistache ! s'exclama le chevalier ailé dans un accès incontrôlé de gourmandise. Tu peux m'en filer un, steuplé ?
- Je croyais que tu ne pouvais rien avaler ? s'étonna Hyoga en léchant à nouveau son cornet.
- Ouais ben finalement, un peu de fraîcheur pourra probablement pas me faire de mal !
- Alors tiens, concéda le chevalier des Glaces en offrant l'un de ses précieux desserts à son ami.
- Merci Hyoga ! » se réjouit Seiya en arrachant sans la moindre délicatesse le papier qui protégeait son goûter réfrigéré.
Le Japonais plongea aussitôt ses lèvres dans la crème qui commençait à fondre doucement, avant de se mettre à crier, affublé d'une jolie moustache verte qui venait d'apparaître juste au-dessous de son nez :
« Non mais M'sieur l'arbitre, va vraiment falloir faire quelque chose, là ! »
A quelques sièges sur la droite, Shaka observait attentivement le match en fermant les yeux (ndla : oui, les Vierges sont des êtres paradoxaux), assis à côté de Saga qui commentait calmement les actions en ponctuant son propos de violents soubresauts (ndla : oui, les Gémeaux sont des êtres ambivalents). Soubresauts qui provoquaient systématiquement des sursauts terrifiés de la part de Jamian du Corbeau. Aiolos s'était installé sur le gradin juste en dessous de celui de Saga, et jouait avec son bandana rouge qu'il faisait claquer entre ses doigts. Et Camus tendait l'oreille pour tenter d'intercepter les détails provenant des conversations d'un groupe de Marinas-Guerriers Divins adjacent. Une activité qui lui demandait un peu de concentration, ce qui présentement l'arrangeait plutôt bien, puisque cela lui permettait de détourner son esprit de ce qui occupait chaque rouage de ses pensées.
Milo en short, chaussettes et protège-tibias, courant sur le terrain. Milo remontant son T-shirt sur ses abdominaux et sur son torse pour essuyer la sueur qui coulait de son front. Milo se penchant en avant pour resserrer les lacets de ses crampons.
Un cri en provenance de la surface de réparation spectrale vint toutefois interrompre la profonde concentration du Français. Un cri accompagné d'une superbe roulade dont seuls les italiens avaient le secret (ndla : désolée pour cette digression empreinte de rancune personnelle teintée d'une très légère dose de mauvaise foi). Mais un cri qui fut bientôt suivi d'un puissant coup de sifflet.
« Ah ben quand même ! s'écria Dohko de la Balance tandis qu'il se levait de son siège, l'agacement du plus âgé des chevaliers n'ayant rien à envier à celui du plus jeune.
- Qui a fait la faute ? s'enquit Aphrodite en posant une main en visière au-dessus de ses yeux. J'ai oublié de prendre mes lunettes de soleil, et avec la luminosité de fin de journée, je ne vois rien du tout.
- Gordon. Il me semble qu'il a taclé Angelo dans la surface, précisa Aiolos en remettant son bandana autour de sa tête.
- Ah ah ! Alors ça veut dire pénalty ! Enfin un semblant de justice ! », approuva avec enthousiasme le mini-Sagittaire qui venait d'engloutir la pointe chocolatée de son délicieux cornet.
Sur le terrain, Milo s'approcha de l'arbitre pour s'emparer du ballon, et se dirigea d'autorité vers le point de pénalty. Angelo protesta en affirmant qu'on ne trouvait jamais de meilleur bourreau que la victime ayant subi le préjudice. Ce à quoi Ikki répliqua une phrase assez peu châtiée qui commençait par le mot « foutage » et se terminait par le mot « gueule ». Kanon approuva le choix du tireur, et le Cancer partit râler dans son coin.
Le Huitième gardien déposa le ballon sur la marque blanche à ses pieds et recula de trois pas. Puis il prit son élan pour frapper.
Dans les gradins, Camus observait la scène avec attention. Un pénalty marqué dans ces conditions, à dix minutes de la fin du match alors que le score était resté vierge depuis la mise en jeu, serait probablement synonyme de victoire. A moins que cela ne relançât la partie, car avec le football, on n'était jamais sûr de rien (ndla : et non, là, je ne suis pas en train de pleurer en repensant à un certain match de finale de Coupe du Monde que je n'avais pas encore vu en écrivant ces lignes pour la première fois; non non, absolument pas – bruit de mouchoir qu'on froisse et qu'on lance rageusement dans une poubelle). Le Verseau plissa des yeux pour tenter de masquer le sentiment de stress qu'il n'était nullement censé ressentir, et se retint juste à temps pour ne pas bondir de son siège lorsque le ballon s'incrusta dans la lucarne adverse.
Devant les cages de l'équipe de l'Elysion, Milo du Scorpion célébra son but en sautant dans les bras de Kanon des Gémeaux et d'Aiolia du Lion. Puis il s'écarta de ses amis pour pointer un index vainqueur dans la direction de Rhadamanthe de la Wyverne avant de s'adresser à lui d'une voix froide et détachée :
« Hasta La Vista, Baby ! ».
Une ambiance survoltée et festive régnait dans le vestiaire de la première équipe du Zodiaque. Les joueurs étaient joyeux et célébraient leur victoire en se congratulant et en chantant les airs que Dohko leur avait enseignés.
Parmi eux, un chevalier se sentait particulièrement satisfait : Milo, qui avait offert le but libérateur à ses coéquipiers et à sa Déesse, et qui avait de surcroît réussi à capter l'attention de son meilleur ami. Le milieu de terrain victorieux n'avait eu aucun mal à remarquer que Camus l'avait observé pendant toute la durée de la partie, et l'intérêt du Français pour son jeu de jambes et son adresse footballistique le rendait d'autant plus heureux. Alors il profitait de cet état d'allégresse bien mérité en prenant tout son temps pour se déshabiller tranquillement.
Une fois débarrassé de tous ses vêtements et de ses protège-tibias (ndla : oui, je sais, je fais une légère fixette sur les protège-tibias ! Mea culpa), le Scorpion se dirigea vers les douches pour retrouver ses compagnons. Aphrodite les y avait rejoints et se tenait appuyé contre le mur à l'entrée, la paume de sa main droite reposant nonchalamment contre le haut de sa hanche. Le Poissons, qui se considérait investi d'une mission de coaching universel du fait de sa position de sélectionneur officiel du Zodiaque, félicitait ses homologues pour la prestation qu'ils avaient fournie tout en profitant du spectacle. Autant de chevaliers dénudés au mètre carré était une opportunité que le Douzième gardien, en esthète accompli, ne pouvait nullement ignorer.
Milo se plaça sous le jet de la douche que venait de libérer Angelo, à quelques centimètres de Kanon qui terminait de rincer sa longue chevelure bleue encore imprégnée de shampoing. Le Cancer saisit la serviette que lui tendit aussitôt le Capricorne et s'en servit pour se sécher vigoureusement les cheveux. Au grand dam de l'Espagnol qui aurait préféré qu'il s'empressât de la nouer autour de sa taille.
Aphrodite balaya l'air devant lui pour dissiper la buée qui commençait à lui masquer la vue, et prit la parole sur un ton enjoué et convaincu :
« Bon, au risque de me répéter : bravo les gars, vous avez vraiment bien joué !
- Merci, Aphro ! Je crois qu'on peut effectivement être assez fiers de nous ! approuva le second Gémeaux en s'écartant du filet d'eau qui finissait de couler depuis le pommeau au-dessus de sa tête.
- Un peu qu'on peut être fiers ! renchérit Angelo en enroulant enfin sa serviette autour de ses hanches. N'en déplaise à ces maudits spectres !
- Que veux-tu dire par-là ? questionna Milo tandis qu'il s'enduisait le corps de savon.
- J'ai entendu le grand Blond discuter avec ses deux frangins démoniaques lorsqu'on retournait au vestiaire, et selon eux, l'attentat de Gordon contre votre humble serviteur ne méritait pas le pénalty qu'on nous a octroyé.
- Et alors ? Ce point de vue n'engage qu'eux. La décision de l'arbitre reste la seule qui fasse foi, et celle-ci m'a paru sans la moindre équivoque, répliqua Aphrodite.
- Ben c'est justement ce que remettent en cause les trois autres affreux infernaux. Ils sont persuadés que Kanon a soudoyé l'arbitre pour nous avantager, étant donné que – et là je cite la grande saucisse Britannique mot pour mot – « son passé de scélérat rend quasiment certain l'usage d'un comportement aussi fourbe ».
- Quoi ?! Non mais quelle espèce de connard ! s'époumona l'incriminé qui quitta les lieux en hurlant (ndla : pardon pour la vulgarité, mais bon… Kanon vient d'être profondément blessé dans son orgueil).
- Kanon, attends ! tenta vainement le Scorpion, en manquant de glisser sur le carrelage recouvert de savon.
- Euh… On lui dit qu'il est parti à poil là, ou pas ? fit remarquer le Poissons.
- Clairement, Aphro, je crois pas que ce soit la plus grande de ses priorités, là, tout de suite, maintenant ! reconnut fort justement le Cancer avec un petit rire vicieux.
- Mince, il courait où comme ça, Kanon ? Il avait l'air furax ! s'enquit Aiolia qui revenait tout juste des toilettes.
- Et surtout, il était à poil, insista Aphrodite.
- Il est parti dans le vestiaire de nos adversaires pour défendre son honneur qu'il a jugé bafoué, à juste titre d'ailleurs, expliqua Shura avec tout le bon sens qui le caractérisait.
- Et Kanon a bien raison de vouloir rétablir la vérité ! Ce pénalty était amplement mérité. L'autre maniaque m'a carrément cisaillé dans la surface ! Bon après, je dois reconnaître que je maîtrise assez bien l'art de la roulade, ce qui peut toujours s'avérer utile pour influencer certaines décisions, avoua l'Italien dans un élan assez inhabituel de bonne foi.
- Comment ça son honneur a été bafoué ? quémanda le Lion qui ne comprenait toujours pas.
- On t'expliquera plus tard, Aio ! Bon les gars, filez-moi une serviette, je vais essayer de le rattraper. Je sais pas vous, mais moi je le sens assez mal sur ce coup ! s'exclama l'Arachnide soucieux pour son ami dont il sentait le cosmos subir des prémices de sursauts.
- Ne t'inquiète pas, Milo, le rassura le Capricorne. Kanon est loin d'être un idiot. Il sait qu'il n'a pas le droit de s'emporter et il sera capable de se contrôler. Laissons-le s'expliquer avec son ancien adversaire. De toute façon, ils ont probablement certaines choses à régler.
- T'as sûrement raison, mais je préfère quand même rester sur mes gardes, ajouta le Scorpion en se dirigeant vers le vestiaire après avoir saisi la serviette tendue par Aiolia.
- Bon tout ça est bien joli, mais… vous n'avez vraiment rien remarqué ? poursuivit Aphrodite en s'écartant du mur contre lequel il était toujours appuyé.
- Oh toi, t'as encore une idée tordue derrière la tête ! constata Angelo en ramassant le flacon de shampoing abandonné par le Gémeaux. Mouvement qui déclencha un signal d'autocongratulation dans le cerveau du Capricorne, ravi d'avoir eu le réflexe de tendre une serviette à l'Italien.
- Absolument pas, Angie. Juste une petite parenthèse d'ordre purement anatomique pour détendre un peu l'atmosphère.
- C'est bien ce que je disais : une idée tordue derrière la tête ! Mais vas-y, Aphro, approfondis donc le fond de ta pensée, puisque tu viens de titiller notre curiosité.
- Alors si tu insistes… Il est sacrément bien équipé Kanon, vous trouvez pas ?
- Affirmatif, approuva le Cancer sur un ton purement factuel.
- Et du coup… Est-ce que vous pensez que Saga a des mensurations identiques ?
- Aphrodite, ils sont jumeaux. Homozygotes. Donc oui, ils sont strictement identiques. Sur tous les plans », précisa Shura qui avait toujours exprimé un intérêt prononcé pour les sciences, de l'arithmétique à la génétique.
Cette assertion eut l'air de satisfaire le Poissons qui se réfugia un instant dans un silence contemplatif et songeur.
« Aphro, enlève tout de suite ce sourire malsain de ta bouche !
- Oh ça va, Angelo ! Si on ne peut même plus fantasmer tranquille ! » (ndla : pardon… Oui, c'est mal, je sais !).
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Kanon pénétra dans le vestiaire de l'Elysion telle une furie s'abattant sur sa malheureuse victime. Il ne prêta pas la moindre attention au groupe de Spectres qui se rhabillaient en silence, et se dirigea directement vers le cosmos de celui qu'il voulait étriper de ses mains.
Valentine, Queen et Sylphide le considérèrent d'un regard stupéfait et se levèrent aussitôt du banc sur lequel ils étaient assis. Ils se devaient de protéger leur vénéré maître contre l'agressivité de l'homme qui lui avait déjà par une fois ôté la vie, même si celui-ci se trouvait aujourd'hui dans une tenue des plus singulières.
« Où comptes-tu aller comme ça, Gémeaux ?! » s'écria la Harpie.
Le concerné ne répondit pas et poursuivit sans se retourner pour pénétrer dans les douches où Minos et Éaque manquèrent de se décrocher la mâchoire en le voyant arriver.
« Que fais-tu ici, chevalier des Gémeaux ? souffla le Garuda après avoir refermé la bouche. Et surtout, pourquoi une telle animosité à notre égard ?
- Je n'ai absolument rien contre toi, c'est ton connard de frangin que je suis venu voir !
- Comment oses-tu t'adresser à l'un des Trois Juges des Enfers de la sorte ?! s'exclama le Griffon en s'interposant entre le chevalier et son cadet.
- Minos, Éaque, et vous tous : laissez-nous ! ordonna Rhadamanthe en nouant une serviette autour de ses hanches.
- Maître, je ne crois pas qu'il soit judicieux de vous laisser seul avec cet…
- Silence, Valentine ! Je vous ai demandé de sortir, alors sortez !
- Puisque telle semble être ta décision… Venez, vous-autres ! Vous avez entendu votre Juge : il souhaite rester seul, alors vous n'avez plus rien à faire ici ! » proclama Minos en se dirigeant vers le vestiaire avec Éaque et tous les Spectres derrière lui.
Valentine hésita encore un instant avant de finalement quitter les lieux en proférant une volée d'insultes à l'encontre de celui qui avait osé traiter son maître bien-aimé de… Il ne voulait même plus y penser !
« Kanon, maintenant que nous sommes seuls tous les deux, de quel sujet souhaites-tu t'entretenir avec moi ? s'enquit Rhadamanthe sur un ton calme et froid.
- Oh… arrête avec ta putain de politesse ! Et pour commencer, retire tout de suite cet air supérieur de ta bouche !
- Pourquoi tant d'agressivité, chevalier ?
- Tu sais très bien pourquoi ! Comment as-tu osé ? Tu n'as donc aucun respect ?
- Je n'ai de respect que pour mes frères et mon vénéré Souverain. Ainsi que pour les hommes que je juge dignes de le recevoir.
- Ce qui n'est pas mon cas ?
- Kanon, tu as trompé et trahi un Dieu, et ceci demeure un comportement intolérable à mes yeux.
- Et vouloir soumettre l'Humanité à votre tyrannie, ça t'évoque quoi ? Un modèle de dignité et de bienveillance, peut-être ?
- Je n'ai pas à porter de jugement sur les décisions de mon Maître.
- Ah c'est facile ça, de se planquer derrière son supérieur ! Rhadamanthe, tu n'es donc pas capable de décider par toi-même ? Tu n'as donc aucun libre-arbitre ? Sans vouloir faire de mauvais jeu de mot (ndla : il est un peu tiré par les lacets de crampons celui-là, désolée…).
- Non. On ne m'a pas octroyé les mêmes faiblesses qu'à vous autres les hommes.
- Parce que le libre-arbitre est une faiblesse, maintenant ?! Laisse-moi rigoler ! Mais j'ai pas envie de philosopher avec toi ! Je suis venu te dire une chose et une seule : je n'ai soudoyé personne ! Notre victoire, nous ne la devons qu'à la qualité de notre jeu et à notre combativité.
- Je n'en ai jamais douté, Kanon, déclara Rhadamanthe en se rapprochant de son vis-à-vis.
- J'ai changé, Wyverne ! Je ne suis plus l'homme que j'étais jadis, et… Quoi ? Non mais qu'est-ce que tu viens de dire ?
- J'ai dit : je n'ai jamais douté de ton intégrité dans le cadre de la partie de football que nous venons de disputer.
- Alors pourquoi avoir balancé que j'avais payé l'arbitre pour nous faire gagner ? Angelo t'a entendu parler avec Minos et Éaque tout à l'heure.
- Simple supputation infondée pour apaiser une déception passagère.
- Tu te fous de ma gueule ?!
- Non. Je me contente d'exposer des faits. Même les êtres supposément parfaits peuvent éprouver des moments d'égarement.
- Attends, t'es en train de me faire des excuses ?
- Absolument pas. Je reconnais simplement une erreur de jugement.
- Évidemment ! Le Grand Rhadamanthe de la Wyverne ne peut pas se rabaisser à faire amende honorable ! s'emporta l'ancien Dragon des Mers en plantant un doigt rageur dans le torse de son rival.
- Ne me touche pas, Kanon !
- Pourquoi ? T'as peur que je te fasse exploser comme la dernière fois ?
- Non, pas du tout.
- Alors vas-y, défends-toi ! On n'a pas le droit de se combattre avec nos cosmos, mais rien ne m'empêche de te foutre mon poing dans la gueule ! Alors réagis ! »
Kanon approcha une nouvelle fois sa main de la poitrine du Troisième Juge, mais celui-ci lui saisit le bras pour le bloquer dans son geste. Le Gémeaux releva alors les yeux pour les plonger dans ceux de Rhadamanthe et le regard de la Wyverne le transperça. Son ennemi le fixait sans la moindre expression sur son visage, mais ses yeux dégageaient quelque chose d'indescriptible. Une force, une confiance, une détermination qu'il n'avait connues chez aucun adversaire, et contre lesquelles Kanon se sentit subitement incapable de lutter. Et tandis qu'il ne pouvait libérer ses yeux de l'emprise de celui qu'il était venu affronter, ce dernier fondit sur sa bouche pour l'embrasser.
Kanon accepta son baiser sans comprendre. Il y répondit comme s'il l'avait toujours attendu, comme s'il en avait toujours eu envie. Mais comment pouvait-il permettre une telle chose ? Rhadamanthe de la Wyverne, le demi-Dieu qu'il avait jadis anéanti en se donnant la mort, l'homme qui venait de l'insulter par le biais d'une simple erreur de jugement, était en train de l'embrasser, et lui, se laissait faire sans émettre la moindre petite protestation ?
Kanon se dégagea enfin, considéra celui qui se tenait devant lui avec toujours le même regard impassible qu'il ne put s'empêcher de trouver magnifique, et lui délivra une gifle monumentale. Puis il se retourna et quitta les douches de l'Elysion sans prononcer un mot.
Les lèvres du Troisième Juge se courbèrent alors très légèrement, témoignant d'un sentiment humain qu'il n'était nullement censé éprouver. Mais comment rester de marbre face à cet homme qu'il voyait s'éloigner après l'avoir défié lui, Rhadamanthe de la Wyverne, Spectre de l'étoile céleste de la férocité ? Cet homme qui était venu l'affronter entièrement nu et dont il ne se priva pas d'admirer le superbe fessier. Enfin jusqu'à ce que ce dernier le masquât derrière la serviette qu'il avait saisie au vol juste avant de déserter les lieux.
OoOOoO
Kanon poussa la porte du vestiaire de son équipe d'un coup sec, et se retrouva nez à nez avec Milo qui tentait de glisser ses orteils dans l'une de ses claquettes en sautant à cloche-pied.
« Ah, t'es déjà revenu ?! J'étais sur le point de te rejoindre pour vérifier que tout allait bien. »
Le Gémeaux ne répondit pas et se rua dans les douches.
« Kanon, ça va ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
- Il ne s'est RIEN passé ! » s'époumona celui qui se sentait à présent profondément vexé. Merde, il avait laissé Rhadamanthe l'embrasser. L'embrasser, bordel !
« Et foutez-moi la paix, j'ai besoin d'être seul ! » ajouta le Gémeaux en se débarrassant de la serviette derrière laquelle il avait eu la chance de pouvoir dissimuler l'état insensé dans lequel ce fichu baiser l'avait plongé.
Personne n'osa poser la moindre question additionnelle, et le chevalier blessé dans son orgueil ouvrit le robinet de la première douche qu'il trouva pour se placer sous un jet d'eau froide.
Kanon avait besoin d'une douche glaciale pour se calmer et pour apaiser sa colère. Sa colère contre Rhadamanthe, mais aussi sa colère contre lui-même pour s'être ainsi laissé emporter par un sentiment qu'il était incapable de définir et qu'il ne parvenait pas à accepter. Mais surtout, il avait besoin de cette eau glacée pour faire baisser la fièvre. La fièvre que le Troisième Juge venait d'inoculer au plus profond de son âme et qui se répandait maintenant dangereusement dans ses veines.
A suivre…
Merci de m'avoir lue.
Référence pour le titre du chapitre 10 : La Fièvre, Suprême NTM, 1995.
Notes :
(1) Comme vous l'aurez remarqué, je suis dans cette histoire la version du manga concernant l'identité du sauveur de la Déesse lors du dénouement de l'Arc Poséidon. Désolée Seiya-nounet, mais rendons à Kanon ce qui est à Kanon.
(2) Le "Hasta la vista, Baby" prononcé par Milo à l'intention du Wyvernator est une référence à la célèbre réplique d'Arnold Schwarzenegger dans Terminator 2.
(3) Je tiens à préciser que dans ma tête, les trois Juges des Enfers sont frères, et Rhadamanthe est le plus jeune. J'ai conscience qu'il s'agit probablement d'une déformation fanfictionnelle, puisque dans la mythologie, seules Rhadamanthe et Minos sont frères (enfin il me semble).
