Bonjour,
Merci à vous de revenir par Le Zodiaque aujourd'hui, et merci encore pour vos lectures et reviews. Bon ben je crois que niveau rythme de publication, je vais rester sur une allure de gastéropode avec un chapitre par mois. Comme ça, vous saurez à quoi vous attendre aux alentours du 25 ;-).
Voici la suite. Bonne lecture.
Céline : merci beaucoup pour ta review ! Oui, pauvre Milo... Je l'ai effectivement mis au supplice. De rien pour le petit mot ; c'est important pour moi de remercier mes lecteurs. Et merci aussi pour ton explication concernant ce qui t'a conduit ici. Encore une raison supplémentaire pour moi de remercier Cali Tani d'avoir dessiné ce si beau dessin :D. J'espère que ce nouveau chapitre te plaira.
/! Rappel !\ Cette histoire est classée M pour les raisons suivantes : un langage assez peu châtié et la possible mention ou l'éventuelle description d'actes sexuels explicites (principalement yaoi) dans certains chapitres (sans parler du fait que les protagonistes font plein de choses mauvaises pour la santé comme fumer, picoler et manger trop gras, trop salé, trop sucré).
Disclaimer : Les personnages appartiennent à Masami Kurumada, mais pour le reste : j'aimerais bien savoir qui me met toutes ces idées à la noix dans la tête !
Chapitre 13 : Lovefool
Quatre jours plus tard, aux abords du même terrain de football, toujours quelque part dans les Landes
Albérich de Megrez était furieux. Il ne s'était pas senti envahi par une telle rage depuis que l'autre hippie au tatouage de dragon avait fait voler en éclats ses projets de gloire et de domination juste en se foutant à poil (ndla : je décline toute responsabilité quant à la validité de cette analyse concernant la conclusion de l'affrontement entre le guerrier de Delta et le chevalier du Dragon ; cela dit, les combats de Shiryu n'ont-ils pas tous terminé ainsi ? Eh ben si). Il balança son maillot qu'il ne pouvait de toute façon plus voir en peinture à la figure de Baian qui le regarda avec des yeux de merlan frit, et sortit du vestiaire en claquant la porte derrière lui.
Deux - zéro ! Ils avaient perdu leur demi-finale sur un score sans appel et sans être parvenus à inquiéter leurs adversaires à aucun moment de la partie. Pourtant Albérich croyait avoir tout prévu. Il connaissait la stratégie de ses opposants sur le bout des doigts, maîtrisait leur positionnement à la perfection. Mais cela n'avait servi à rien. Pourquoi ? Parce que le traître repenti et ses fichus acolytes zodiacaux avaient joué de manière complètement improvisée sans obéir au moindre schéma tactique. Ajoutés à cela un manque cruel de combativité de la part de ses coéquipiers et une absence totale de rigueur en défense, et la catastrophe devenait quasiment inéluctable.
Le Lion, pourtant loin d'être dans un état de forme optimal, avait profité d'une erreur de marquage pour ouvrir le score à la demi-heure de jeu, et le but du Capricorne dans les dernières minutes du temps réglementaire était venu anéantir leurs tous derniers espoirs d'égalisation.
Donc même si le reconnaître lui donnait envie de transformer chacun de ses prétendus camarades en statues d'améthyste contre lesquelles il aurait été ravi de déchaîner sa rage, Albérich ne pouvait le nier : les chevaliers du Sanctuaire leur avaient donné une leçon de football et leur avaient infligé une défaite nette et sans bavures. Enfin s'il faisait abstraction des nombreux tacles, coups de coude et autres cisaillages éhontés dont il avait été la victime. Sans parler des regards meurtriers que certains lui avaient jetés depuis les gradins. S'il n'avait pas été certain d'avoir fait preuve de la plus grande discrétion pour introduire son espion dans les rangs du Zodiaque, Albérich aurait pu croire que les protecteurs d'Athéna soupçonnaient quelque chose. A moins qu'il eût été trahi par son propre infiltré ? Une question à laquelle l'héritier de la grande famille de Megrez ne manquerait pas de trouver une réponse, car un esprit aussi vif et affûté que le sien ne pouvait accepter ne serait-ce que l'idée d'avoir été l'objet d'une vulgaire entourloupe.
En atteignant le coin du bâtiment délabré dans lequel les imbéciles qui lui avaient servi de coéquipiers s'interrogeaient toujours sur les raisons de leur défaite, Albérich tomba nez à nez avec le guerrier d'Êta. Les bras croisés sur la poitrine et le dos appuyé contre le mur derrière lui, celui qui n'avait pas souhaité prendre part à leur petite joute footballistique le considérait en silence avec un sourire narquois.
« Garde tes sarcasmes pour toi, Benetnash ! », lança l'énervé à l'encontre de son compatriote avant même que ce dernier n'eût ouvert la bouche.
Le concerné ne répondit pas et se contenta de regarder Albérich s'éloigner sans se départir de son sourire. Et il souriait encore lorsque Sorrento fit irruption devant lui.
« Ne t'inquiète pas, mon ami, déclara l'Asgardien d'une voix tranquille. Albérich est peut-être en colère et profondément vexé, mais il est bien trop intelligent pour vouloir provoquer les chevaliers d'Athéna encore davantage. Il va déferler sa rage contre une douzaine de pauvres branches, et après, il se sentira mieux.
- Si tu le dis. Après tout, tu le connais mieux que moi, reconnut la Sirène.
- Et puis, je crois qu'il a compris que titiller l'ire de nos anciens ennemis n'était pas dans son intérêt s'il souhaitait profiter de quelques années de vie supplémentaires.
- Il est vrai que les tacles du Cancer et du Phoenix n'ont laissé la place qu'à bien peu d'ambiguïté.
- Certes, approuva le guerrier Divin. Toutefois, ces actes de représailles vengeresses demeuraient dans le cours du jeu, si je puis m'exprimer ainsi. Mais personnellement, je ne pense pas que ce soit cela qui incite le plus Albérich à la pondération.
- A quoi songes-tu, Mime ?
- Comme je n'étais pas sur le terrain avec vous, j'ai pu étudier en détail les comportements des uns et des autres, et il m'a paru évident que certains parmi la garde rapprochée d'Athéna ne portaient pas mon cher concitoyen dans leur cœur.
- Comme qui ? s'enquit l'Autrichien.
- Saga des Gémeaux, pour ne citer que lui. Je pense qu'il pourrait l'étrangler de ses mains.
- A ce point ? ajouta le Marina en étouffant un rire.
- Oui, Sorrento, à ce point. Mais Saga est lui aussi un homme intelligent, donc Albérich devrait pouvoir survivre.
- Espérons-le. Car je ne peux nier que même si ton ami - pardon, ton compatriote, se corrigea aussitôt la Sirène - est un peu caractériel, il est devenu un maillon essentiel au bon fonctionnement du Poséidon, et j'aimerais autant ne pas avoir à me passer de ses services.
- Alors souhaitons que l'aîné des Gémeaux parvienne à contenir ses élans destructeurs. Cela dit, je ne suis pas inquiet. Saga donne l'impression d'avoir définitivement abandonné son côté le plus obscur (ndla : Dark Vador, sors de ce corps !).
- Il semblerait en effet que le passage par le Royaume d'Hadès ait eu un impact plutôt bénéfique sur les protecteurs de la Déesse les plus impulsifs, poursuivit le Général. Pour preuve, Kanon a su rester de marbre face aux provocations d'Isaak qui ne l'a pourtant pas épargné tout au long de la partie, ce dont je me réjouis.
- Aurais-tu pardonné à celui qui a trahi ton Dieu ? s'étonna le guerrier d'Êta.
- Certainement pas. Kanon a cessé d'exister pour moi depuis longtemps, et le fait de le côtoyer à nouveau aujourd'hui n'y change rien. Non, c'est le sort d'Isaak qui me préoccupe. J'aimerais qu'il parvienne à tourner la page et à alléger son cœur de la colère qui le ronge. Voilà tout.
- Je comprends, approuva l'Asgardien. Mais sinon, et afin de s'éloigner de ce sujet qui, je le sens, imprègne un parfum de tristesse dans ton aura bienveillante, as-tu pu apprécier la partie que vous avez disputée malgré la défaite ?
- Disons que cela m'a dégourdi les jambes. Et toi, la prestation que nous avons délivrée a-t-elle été à ton goût ?
- Tu sais que le football n'éveille en moi qu'une profonde indifférence. Néanmoins, certains détails m'ont tout de même paru intéressants à relever.
- Puis-je me permettre de te demander lesquels ? interrogea la Sirène.
- Bien entendu. Tu sais que je n'ai presque plus aucun secret pour toi, précisa Mime en décroisant les bras.
- Certes, mais poursuis, je t'en prie.
- Aurais-je suscité ton intérêt ?
- Toujours, Mime. Alors ?
- Eh bien, en observant attentivement le comportement des chevaliers d'Athéna sur le terrain et en sondant leurs cosmos endormis, j'ai pu déceler une certaine forme de tension chez plusieurs d'entre eux.
- Vraiment ? Pourtant j'ai trouvé nos adversaires particulièrement soudés.
- Sorrento, je ne fais pas référence à ce genre de tension, précisa le blond vénitien en s'écartant du mur derrière lui.
- Mime, sous-entendrais-tu que certains seraient… amants ?
- Non. Ce que je sous-entends c'est que certains aimeraient bien le devenir ou prolonger leur affrontement avec certains de leurs adversaires.
- Vraiment ? Alors tu te doutes probablement de la nature de ma prochaine question.
- Qui sont les chevaliers concernés ?
- Évidemment.
- Shura du Capricorne, Angelo du Cancer et Milo du Scorpion. Ah et ton ami le Dragon des Mers, aussi.
- Mime, s'il te plaît ! Ne te montre pas désagréable, le coupa le protecteur de l'Atlantique Sud.
- Pardon. Et Kanon des Gémeaux, se reprit le fautif.
- Intéressant, en effet. Et sur qui ceux que tu viens de nommer auraient-ils jeté leur dévolu ?
- Cela, vois-tu, c'est une information que je préfère garder pour moi.
- En es-tu sûr ? Tu sais pourtant que si je le souhaite, je pourrai trouver le moyen de te faire parler, murmura l'Autrichien en s'approchant du guerrier Divin.
- Et c'est précisément pour cette raison que je préfère ne pas dévoiler toutes mes cartes aujourd'hui, rétorqua Mime en stoppant le rapprochement de son vis-à-vis d'une main autoritaire plaquée contre sa poitrine.
- Dois-je comprendre qu'il faudra que je patiente un peu avant de pouvoir assouvir ma curiosité ?
- Exactement.
- Mais pas trop longtemps non plus, j'espère ? Car il ne serait pas impossible que je reporte mon attention sur un autre sujet.
- Tiens donc ! Et puis-je savoir lequel ? s'étonna le défenseur d'Odin sur un ton plus sec que ce qu'il aurait voulu.
- Oh mais y-aurait-il une très légère pointe de jalousie dissimulée dans ta question, Mime ?
- Absolument pas. De la curiosité tout au plus. A chacun son tour de jouer les inquisiteurs, Sorrento.
- Je vois. Dans ce cas, et pour satisfaire en partie à ta requête, sache que j'ai été ravi de revoir aujourd'hui celui que nous avons tous les deux jadis combattu.
- Shun d'Andromède, le coupa le guerrier d'Êta.
- Oui, Shun d'Andromède, approuva le Marina.
- Et alors, quelle impression notre ancien adversaire t'a-t-il laissée ?
- Cela, vois-tu, c'est une information que je préfère garder pour moi » déclara la Sirène avec un sourire amusé sur les lèvres.
Une heure plus tard, dans les gradins du même terrain de football
Après un passage rapide par les douches où il avait célébré la victoire avec ses coéquipiers en feignant enthousiasme et allégresse, Milo avait pris place dans les tribunes pour assister à la seconde demi-finale de la Champions League. Les coudes posés sur les cuisses et le menton calé dans le creux de ses mains, il observait ses camarades sans vraiment les voir, toute son attention n'étant dirigée que sur l'un d'entre eux. Camus du Verseau, qui offrait une prestation tout à fait satisfaisante au milieu du terrain, même si Milo n'en avait en réalité strictement rien à faire.
Car depuis l'autre nuit, le Scorpion n'avait qu'une seule image en tête lorsqu'il observait son ami, et à vrai dire, à chaque fois qu'il fermait les yeux. Shura et Camus en train de s'embrasser. Shura et Camus en train de retirer leurs vêtements. Shura et Camus en train de faire l'amour. Il s'infligeait même la torture de s'imaginer la scène avec précision. La bouche du Capricorne parcourant la peau du Verseau, leurs doigts se caressant tour à tour pour finir entrelacés, leurs deux corps n'en faisant plus qu'un. Et Camus mordant l'épaule de Shura pour ne pas crier son nom.
Milo passa une main sur son visage pour tenter d'effacer la vision qui incrustait ses rétines. Peine perdue. Pourquoi son cerveau s'acharnait-il à vouloir lui imposer tout ça ? Pourquoi ne pouvait-il pas simplement accepter la réalité sans avoir à s'en représenter les moindres détails ?
Pourquoi Camus était-il tombé amoureux d'un autre que lui ?
Parce que Camus était forcément tombé amoureux. Il ne pouvait en être autrement. Parce que le Verseau n'était pas comme lui. A vouloir s'envoyer en l'air avec n'importe qui juste pour se perdre dans l'oubli et prendre son pied. Car c'était bien aussi de cela qu'il était question. Malgré tous ses défauts, Milo ne pouvait pas avoir le culot de le nier. Il aimait coucher avec toutes ces femmes – et ces hommes quelques fois – parce qu'il aimait le sexe. Étreindre, toucher, caresser, trembler, prendre du plaisir et en donner. Ces instants d'abandon qui lui donnaient l'illusion d'avoir envie d'exister. Mais Camus était différent. Alors Camus était forcément amoureux.
Milo aurait voulu se contenter d'être heureux pour son ami. Il aurait voulu ne pas avoir la faiblesse de se montrer jaloux. Sauf qu'il n'en était pas capable. Pourquoi Camus avait-il choisi le Capricorne à sa place ? Qu'est-ce que l'Espagnol avait de plus que lui ? Une culture générale plus développée ? Davantage de conversation ? Un meilleur sens de l'humour ?(ndla : un plus gros... non, pardon, j'ai rien dit ! mais avouez que vous y aviez pensé vous aussi ! non ?) Ils n'étaient même pas amis, ne se fréquentaient pas, n'avaient jamais rien partagé tous les deux. Enfin, à l'exception de cette nuit-là.
D'ailleurs, c'était peut-être là que tout avait commencé ? Mais oui. A présent, cela lui paraissait même tellement évident. Camus et Shura étaient amants depuis longtemps. Une quasi certitude qui permettait d'expliquer tant de choses. La distance que Camus avait placée entre eux depuis leur retour à la vie. Leur incapacité à retrouver ce qu'ils avaient pourtant partagé pendant des années. Pendant toute leur existence. L'indifférence de Camus lorsqu'il l'avait embrassé à Paris et la rapidité avec laquelle il semblait l'avoir oublié.
Comment avait-il pu être aveugle à ce point ? Parce qu'il était trop amoureux lui-même pour ne pas voir ? Ou parce qu'il n'était tout simplement qu'un idiot ?
Milo se frotta une nouvelle fois le visage pour essayer de se calmer. Il se connaissait suffisamment pour savoir qu'il en avait besoin. Car s'il ne faisait rien, cette colère sourde qu'il sentait monter en lui donnerait bientôt à ses yeux une teinte qui ne pourrait que lui apporter des ennuis. Alors il devait trouver une distraction pour se changer les idées. Trouver quelqu'un avec qui parler et qui serait capable de supporter voire d'apprécier ses babillages sans importance. Bref, il avait besoin de Kanon.
Un rapide coup d'œil sur sa gauche l'incita à se lever brusquement. Trop plongé dans ses pensées, il n'avait pas remarqué qu'Angelo et Shura s'étaient installés à ses côtés. Shura qui fixait le terrain sans parler, les yeux rivés sur Camus, évidemment. Probablement à songer à ce qu'ils avaient fait l'autre nuit, et à ce qu'ils referaient encore et encore.
Milo resta un instant debout sans bouger, les poings serrés pour ne pas être tenté de titiller son index. Une immobilité qui provoqua un flot de protestations de la part d'Aiolia et de Marine qui se trouvaient assis juste derrière lui. Parce qu'un mètre quatre-vingt cinq et un peu plus de quatre-vingt-dix kilos (ndla : ben oui, la muscu, le nutella, tout ça…), ça ne passaient pas vraiment inaperçus non plus. Il s'excusa d'un vague mouvement de main tout en cherchant Kanon du regard. Et heureusement pour lui, il le repéra juste trois rangées plus bas.
Il entreprit de le rejoindre aussitôt, en demandant pardon à tous ceux que son déplacement impromptu obligea à se lever. Une fois à destination, il s'incrusta entre le Gémeaux et le gars qu'il n'avait jamais vu et qui était assis à côté de lui. Enfin, à bien le regarder, le Scorpion se fit la réflexion que ce visage assez disgracieux lui disait peut-être vaguement quelque chose. Et c'est lorsque l'inconnu ouvrit la bouche pour protester contre l'intrusion qui le forçait à bouger, que Milo le reconnut. Des dents aussi pointues, il n'en avait vues qu'une seule fois, en la personne de Caça des Lyumnades, défenseur du Pilier de l'Océan Arctique et grand manipulateur mental de son état.
Une fois confortablement assis, Milo s'étonna du manque de réaction de Kanon à son arrivée. Celui-ci semblait totalement absorbé par le match de football qui se jouait quelques mètres plus bas. Le Scorpion ne s'en offusqua pas. Après tout, son ami et capitaine s'était particulièrement investi dans l'organisation de ce tournoi. Il n'était donc pas surprenant qu'il se prît de passion pour la partie dont l'issue désignerait le nom de leur futur adversaire en finale. Mais bon, que Kanon regardât les joueurs évoluer avec un tel degré de concentration avait tout de même de quoi déconcerter. Et puis la bouche ouverte et ce regard niais, c'était pour quoi ? Non, quelque chose ne tournait pas rond.
OoOooOoO
Ce ballon qui roulait sur la pelouse exerçait sur lui un pouvoir hypnotique. Cette balle aux motifs pentagonaux qui passait de pieds en pieds, effleurant parfois une tête ou une poitrine, c'était tout de même vachement… Non en réalité, Kanon n'en avait strictement rien à faire de ce maudit ballon noir et blanc. Parce que depuis le coup de sifflet arbitral ayant lancé le début de la partie, une seule chose présentait un intérêt à ses yeux : Rhadamanthe de la Wyverne et la manière dont son short moulait son fessier.
Merde.
Il était vraiment dans la merde.
Et tout ça pour un pauvre petit baiser de rien du tout. A peine de quoi remuer un cœur de midinette.
Bon, OK, peut-être plus une bonne grosse pelle du genre de celle à vous faire rouler les yeux dans les orbites. Au point où il en était, autant accepter de voir la vérité en face. Si l'on pouvait à la rigueur encore débattre concernant l'identité de celui qui avait remporté leur premier affrontement, enfin à condition d'avoir une tendance certaine à la mauvaise foi, il n'y avait aucune raison de tergiverser aujourd'hui. Round two : Wyverne wins. Une victoire tellement écrasante que Kanon se surprenait déjà à imaginer le scénario de leur prochaine confrontation. Un scénario qui impliquait le mur d'un vestiaire, son corps plaqué contre ce dernier, et une paire de mains se faufilant entre ses …
« Par la Déesse, Kanon, t'es sourd ou quoi ?! »
Ledit Kanon sursauta comme si son jumeau venait de le réveiller au matin d'une soirée trop arrosée à l'aide d'un grand seau d'eau, et tourna des yeux furibonds vers son ami le Scorpion.
« Non mais ça va pas d'hurler comme ça, Milo !
- Ben ça fait trois fois que je t'appelle et que tu lèves même pas un sourcil. A force, j'ai cru que t'étais en train de nous faire une attaque d'apoplexie. Et là, je parle pas d'un nouvel arcane de ton invention.
- Très fin. Je vois que t'es en grande forme !
- Ce qui ne semble visiblement pas être ton cas ! C'est notre victoire qui t'a mis dans un état pareil ? Sérieux, t'avais la bouche ouverte et un regard que si j'étais pas ton pote, je qualifierais volontiers de complètement idiot.
- Merci pour ta sollicitude. Vraiment.
- Ben écoute, de rien. Mais alors, qu'est-ce que t'as ?
- Je suis peut-être un peu fatigué, c'est tout, mentit le Gémeaux. Même si pour une fois, il aurait préféré que cette excuse insensée – lui, fatigué, vraiment ?! – ne fût que la stricte vérité.
- C'est vrai que le gamin n'y est pas allé de mains mortes avec toi.
- Isaak s'est contenté d'occuper son poste comme il avait tout intérêt à le faire.
- Si tu l'dis. Alors dans ce cas, je vois plus qu'une seule explication ; c'est que comme je m'acharne à te le faire comprendre depuis notre arrivée ici : mec, tu te fais vieux ! » conclut le plus jeune des deux Grecs en maltraitant l'épaule de son aîné d'un coup de poing affectueux.
Kanon répondit en plantant un coude amical dans les côtes de son cadet, qu'il remercia intérieurement pour l'avoir si efficacement détourné de l'objet de son supplice.
OooOOooO
A quelques mètres de là, un autre chevalier feignait un profond intérêt pour le football en maudissant sa destinée. Shura du Capricorne, qui pestait contre lui-même pour avoir marqué un but somptueux lui ayant valu de recevoir une énorme main au cul en guise de célébration de celui qui figurait au cœur de ses fantasmes les plus fous. Par tous les Dieux, pourquoi Angelo devenait-il démonstratif à ce point dès qu'il enfilait des crampons ?!
Mais malgré son infortune, l'Espagnol avait parfaitement conscience de ne pas se trouver dans la pire des situations. Finalement, coucher avec Camus était probablement la meilleure décision qu'il avait prise au cours des trois derniers mois. Car sans cela, il serait certainement au bord de l'implosion.
Et puis, ils avaient passé un bon moment tous les deux. La gêne et la maladresse des premières caresses avaient rapidement laissé la place à des étreintes plus appuyées et à des baisers plus voraces. Camus était un bon amant, et Shura ne se considérait pas trop mal non plus. Enfin, s'il se fondait sur les retours qu'il avait pu recevoir de ses précédents partenaires. Oui, Shura avait apprécié faire l'amour avec le Français, sentir sa peau frémir sous ses doigts, son sexe pulser contre le sien. Il avait aimé lorsque Camus lui avait abandonné son corps, et que lui-même lui avait cédé le sien. Ils n'avaient presque pas parlé, à peine échangé des murmures, mais ces quelques instants avaient suffi à faire illusion. A lui faire croire qu'il pouvait oublier. Un peu.
Enfin jusqu'à ce satané but et cette fichue main au cul.
Maudit soit le destin. Et maudit soit le Cancer, qui se trouvait assis juste à côté de lui, une cigarette coincée entre les lèvres, à regarder ce match de football dont lui-même se foutait éperdument. Ce maudit Cancer qu'il ne pouvait pourtant s'empêcher d'aimer comme un fou.
OooOooO
Mal installé sur l'un des sièges hautement inconfortables où ils avaient pris place en sortant des vestiaires, Angelo bâillait à s'en décrocher la mâchoire. Pourtant, l'affiche de cette seconde demi-finale semblait assez prometteuse, au moins sur le papier. A gauche, une équipe zodiacale motivée pour rejoindre ses camarades en finale. A droite, une équipe spectrale désireuse de prendre sa revanche contre les chevaliers d'Athéna, encore une fois.
Sauf que pour l'instant, il ne se passait pas grand-chose. Le score n'avait pas bougé d'un iota depuis le coup d'envoi, restant aussi virginal que la Déesse Athéna (ndla : pardon, c'est lourd, mais… non, c'est juste lourd ; désolée !), et les occasions de but n'étaient pas nombreuses. Saga et Aiolos bétonnaient la défense sans que les représentants des Enfers ne parvinssent à en trouver la faille, et ni Seiya ni Aphrodite n'avaient réussi à faire trembler les filets. Résultats : aucun tir cadré, et un paquet de Camel sans filtre (ndla : ben ouais, il est hard-core Angelo) pour moitié vidé de son contenu.
D'ailleurs, pour lutter contre l'endormissement auquel il était sur le point de succomber, Angelo cala une nouvelle cigarette entre ses lèvres et l'alluma aussitôt. Il tira une longue bouffée qu'il trouva infiniment salvatrice, puis expira la fumée en se pinçant l'arête du nez.
Non, vraiment, y avait pas photo : c'était vachement plus intéressant quand c'était eux qui chaussaient les crampons. Pour preuve, la raclée qu'ils avaient infligée deux jours plus tôt aux joueurs de l'Apollon. Six - zéro, et encore, parce que le Cancer avait su faire preuve d'une étonnante mansuétude pour ne pas inscrire douze buts à lui tout seul. Oui, en toute objectivité et sans vouloir fanfaronner (ndla : non, pas du tout le genre de la maison !), le jeu de l'équipe Une du Zodiaque – tout n'était-il du reste pas simplement dit dans le nom ? – était d'une qualité footballistique largement supérieure.
D'ailleurs, même contre une équipe capable d'offrir une prestation plus à la hauteur de leurs capacités, ses coéquipiers et lui avaient délivré un spectacle de toute beauté. Les joueurs du Poséidon n'avaient rien pu faire contre la solidité de leur défense et la puissance de leur attaque. Bon certes, lui-même n'avait pas marqué, la faute à ce foutu Megrez qui ne l'avait pas lâché de toute la partie, mais contre lequel il s'était copieusement défoulé. En voilà un qui aurait la marque de ses crampons incrustée sur les mollets pendant un bon bout de temps. Mais Aiolia avait fini par trouver le chemin des filets. Et puis surtout, Shura avait inscrit un but libérateur qui avait achevé leurs adversaires avec presque autant d'efficacité que ne l'aurait fait le tranchant de sa lame. Une frappe de loin, imparable et somptueuse, qu'ils avaient célébrée avec fierté et virilité.
Bon, il lui avait mis une main au cul, et alors ? C'était un grand classique dans le football ! Un but, une accolade, un bisou, une main au cul. Point barre. Pas de quoi épiloguer.
Alors pourquoi Angelo ne pouvait-il plus penser à autre chose qu'aux fourmillements délicieux qui avaient électrisé sa colonne lorsqu'il avait senti les muscles de Shura se contracter sous ses doigts ? Pourquoi ne parvenait-il pas à oublier la sensation exquise du tissu de son short tendu contre sa peau lorsqu'il avait libéré le Capricorne de l'emprise de ses bras ? Sans déconner. Il avait chopé la trique. Une bonne grosse érection. Pourquoi ? Comment ? Bordel, c'était juste un but ! D'accord, un but magnifique, mais un but magnifique marqué par son meilleur pote ! Merde. Qu'est-ce que ça voulait dire ? Rien du tout. Ça ne voulait rien dire du tout ! Sauf qu'il avait besoin de baiser.
Voilà.
Évidemment.
Angelo se racla la gorge en se redressant sur son siège – mince il commençait vraiment à avoir mal au cul sur ce fauteuil en béton – et entreprit de scanner les gradins de son regard affûté. Il repéra rapidement une supportrice du Zodiaque qui lui parut à son goût et lui délivra un sourire ravageur.
Oui, il avait juste besoin d'assouvir ses pulsions.
Tout cela ne voulait rien dire d'autre.
Absolument rien.
Et tout cela n'avait surtout strictement rien à voir avec cette sorte de papillonnement étrange qui commençait à tourmenter sa poitrine.
OooOOooO
Bon et le match dans tout ça, me direz-vous ? (ndla : oui, là, c'est moi qui reprends le fil de cette histoire, parce que si on devait compter sur Angelo pour commenter la partie, et ben on resterait marron). Alors pour celles et ceux d'entre vous que cela pourrait intéresser, l'équipe de Dohko, Camus et Aphrodite a perdu. La défense sans faille mise en place par Saga et Aiolos a finalement été vaincue par une attaque fulgurante du Garuda juste avant le coup de sifflet final. Ben ouais. Ballot. C'est Kanon qui va être content de retrouver la Wyverne en finale !
Et sur ce :
To be continued…
Merci pour votre lecture.
Référence pour le titre du chapitre 13 : Lovefool, The Cardigans, 1996.
Et je tiens ici à remercier une nouvelle fois Cali Tani pour la très belle illustration qu'elle a publiée aujourd'hui sur Twitter reprenant le baiser de Camus et Milo à Paris. Oui, vraiment merci ! J'en suis encore toute émue.
