Bonjour,
Je suis ravie de vous retrouver (pour celles et ceux qui ont le courage d'être toujours là) en ce beau début de juillet. Et du coup, timing idéal : je vous propose de commencer ce que je pourrais appeler la seconde partie de cette fic, qui verra nos héros s'adonner à une nouvelle activité ludo-sportive totalement de circonstance. Encore merci pour vos marques d'intérêt ainsi que pour votre fidélité.
Je vous souhaite une bonne lecture.
Céline : merci beaucoup pour ta lecture et pour ta review sur le précédent chapitre ! Je suis très heureuse que tu aies apprécié le match de football tel que je l'ai décrit, parce qu'en réalité, ce n'était pas un exercice très facile à réaliser. Ravie également que tu aies aimé l'échange verbal (et plus si affinité) entre Kanon et Rhadamanthe. J'espère que la suite que je propose aujourd'hui te plaira.
Disclaimer : Les personnages appartiennent à Masami Kurumada, et pour le reste, je ne dis rien : surprise !
Rappel du rating : M
/!\ Quelques passages explicites au début et à la fin de ce chapitre (ben oui, j'ai fini par craquer ; que voulez-vous ? je suis faible).
Chapitre 15 : Sweet Dreams
Lundi 13 juillet, Camping Le Zodiaque, à l'aube
Il le regarde sans parler, subjugué par la vision de son corps qu'il a l'impression de voir pour la première fois. Pourtant il le connaît, a déjà pu l'observer aussi nu qu'à cet instant dans les allées des termes ou sous les douches des vestiaires, mais aujourd'hui tout lui paraît différent. La couleur de sa peau, légèrement plus pâle que la sienne, la discrète cambrure de ses reins, les muscles élancés de ses épaules. Ses cicatrices.
Il s'approche, plaque sa main contre le bas de son dos et sent la peau abîmée trembler sous sa caresse. Les stigmates de leurs vies passées sont toujours là, marquant leurs chairs pour les empêcher d'oublier, mais cette nuit, il ne veut pas leur accorder d'importance.
Il remonte le long de sa colonne jusqu'à la naissance de sa nuque qu'il étreint sous ses doigts, et Dieux, à quel point la peau lui paraît douce à cet endroit ! Il effleure ensuite une mèche sombre de l'extrémité de son index avant de retirer sa main, comme prenant subitement conscience de vouloir franchir une barrière qui lui reste interdite. Mais le vide qui envahit aussitôt sa poitrine vient confirmer ce qu'il ne peut plus se permettre d'ignorer : il le désire, a besoin de le toucher, de le découvrir tel qu'il est, sans retenue et sans armure. Il veut parcourir chacun de ses muscles avec suffisamment d'application pour être capable de les voir sans même devoir ouvrir les yeux. Il veut lui donner du plaisir, le sentir vibrer sous sa main, frémir sous sa bouche. Il veut qu'ils oublient qui ils sont et ce qu'ils représentent l'un pour l'autre tandis que leurs lèvres se trouveront pour la première fois. Il veut qu'il lui abandonne son corps pendant que lui, lui cédera son âme. Il le veut tout entier, lui qui le connaît probablement mieux qu'il ne se connaît lui-même et qui, il l'a compris à présent, a passé une partie de sa vie à l'attendre.
Il se penche contre lui pour venir goûter sa peau et satisfaire un appétit qu'il pourrait croire insatiable. Il embrasse son épaule, remonte lentement jusqu'à son cou dans le creux duquel il s'attarde un instant. Il l'explore de sa bouche, perçoit les sursauts que ses baisers provoquent et la frustration que sa lenteur fait naître. Il poursuit le long de sa mâchoire, apprécie le contact de la peau mal rasée contre sa joue – tiens, il n'aurait jamais cru – et atteint enfin ses lèvres. Il les effleure, les parcourt, puis n'y tenant plus, il les presse contre les siennes, les mord, les lèche. Il s'écarte, se délecte de la plainte qu'il reçoit en écho à sa soudaine absence, et revient pour l'embrasser encore. Sa langue s'enroule autour de sa jumelle dans un baiser brûlant qui témoigne d'un besoin qu'il sait être bien plus grand.
Il caresse ses lèvres une dernière fois, puis délaisse sa bouche pour se redresser et passer un bras sous sa taille. Il le relève légèrement, le ramène contre ses hanches et se présente à lui. Mais il se freine, se retient, parce qu'il sait que malgré le feu qui déferle déjà dans ses veines, il doit prendre son temps pour ne pas le blesser. Et puis soudain, les questions qu'il refusait de se poser viennent frapper à la porte de sa conscience. Que s'apprête-t-il à faire ? En quoi consistera leur vie après ça ? En a-t-il seulement le droit ? Et Angelo se fige. Il hésite.
Mais Shura se retourne et d'un regard si empreint de désir qu'il pourrait à lui seul le rendre fou, le Capricorne le supplie de continuer. Alors Angelo cède à la tentation de ce qu'il n'a jamais connu mais qu'il crève de découvrir enfin. Il s'approche, il l'effleure, là, juste là. Il regarde sa verge s'enfoncer en lui, centimètre par centimètre. Il la regarde disparaître dans le corps de l'homme qu'il désire plus que tout et ses sens le trahissent. Il ne les contrôle plus. Shura est étroit, si étroit, beaucoup plus que toutes les femmes qu'il a connues. Il le sent bouger autour de lui, pulser, l'étreindre, le libérer et l'étreindre encore. Des sensations qu'il sait n'avoir jamais éprouvées parcourt son corps de la surface de sa peau jusqu'au plus profond de ses chairs. Il recule lentement, il quitte ce corps brûlant un instant, juste assez longtemps pour comprendre qu'il veut le parcourir encore. Alors il revient, le pénètre à nouveau, plus fort, plus loin. Il sent Shura s'abandonner à lui. Il le sent partir tandis qu'il s'apprête à partir lui aussi. Pourtant il voudrait continuer encore et encore, et entendre Shura crier son nom pour l'éternité.
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Le visage baigné par le soleil qui commençait à percer à travers la fine couche de tissu de sa canadienne, Angelo ouvrit les yeux. Il cligna des paupières puis déplaça sa main contre son sexe qu'il sentit tendu et douloureux. Il serra son érection entre ses doigts et ouvrit la bouche pour prononcer le seul mot sensé qui émergea de son esprit embrumé de désir et de frustration mêlés :
« Merda ».
Au même moment, Camping Le Poséidon
En retrouvant le contact du goudron sous ses pieds, Shura ralentit sa course. Cette petite heure de footing matinal lui avait fait du bien et avait réveillé ses muscles encore endoloris par la nuit qu'il venait de passer. Non pas que la caravane de Camus eût été inconfortable, bien au contraire. Mais pour se sentir reposé, il aurait fallu penser à dormir. Et ces derniers temps, dormir n'était plus vraiment dans leurs priorités.
Deux semaines qu'ils avaient couché ensemble pour la première fois, et pas un instant Shura n'avait regretté la décision qu'il avait prise cette nuit-là. Ses sentiments pour le Cancer étaient toujours ancrés en lui, à creuser le même trou béant dans sa poitrine, mais la présence de Camus lui apportait le répit qu'il n'avait presque jamais eu. La satisfaction sexuelle y était pour beaucoup, surtout maintenant qu'ils commençaient à mieux appréhender leurs désirs et les manières de les satisfaire, mais il ne pouvait nier qu'ils partageaient quelque chose qui allait bien au-delà. De l'attention, une certaine forme de tendresse, et bien entendu, un apaisement véritable qu'ils acceptaient de s'accorder tacitement. Car même s'ils ne passaient pas des heures dans de longues discussions, ils se comprenaient et connaissaient parfaitement la détresse à laquelle ils étaient tous les deux confrontés.
Et puis Shura avait d'autres raisons de considérer sa situation actuelle bien plus enviable que celle des dernières semaines. Déjà, ce maudit tournoi de football était enfin terminé, mettant ainsi un terme à son supplice quasi quotidien des douches et des protège-tibias. Ensuite, sa Déesse, dans son infinie bonté, avait pris la décision de l'envoyer au Poséidon avec Shun et Shaina pour apporter un renfort humain dans le cadre des reconstructions engagées après l'incendie. En arrivant sur les lieux huit jours plus tôt, Sorrento lui avait attribué la tâche d'assister Thor et Krishna dans les différents travaux de réparation, ce qui avait parfaitement convenu au Capricorne. Le travail manuel était un très bon exutoire, permettant d'occuper le corps et l'esprit suffisamment pour éviter de penser. Et depuis le début de leur aventure campingo-estivale, éviter de penser était devenu une condition essentielle à son équilibre mental.
Et puis faire équipe avec Shun et Shaina n'était pas déplaisant. S'il ne les avait que rarement fréquentés par le passé, Shura devait reconnaître qu'ils étaient tous les deux assez intéressants. Shaina avait un caractère bien trempé – décidément une constante chez tous les italiens ? – ce qui était plutôt approprié étant donné la fonction qu'on lui avait assignée. L'Ophiuchus s'était en effet vue enrôlée aux côtés d'Albérich pour aider ce dernier dans la répartition des hordes de touristes qui devaient arriver en cette nouvelle semaine de juillet. Une activité rendue plus complexe qu'à l'accoutumée du fait de la fermeture temporaire d'une partie des espaces de l'établissement pendant la durée des travaux. Ce à quoi la personnalité du guerrier de Delta n'arrangeait rien, évidemment.
Et Shun était un jeune homme tout à fait charmant. Ils avaient travaillé ensemble à leur arrivée au Poséidon, avant que Sorrento ne demandât à Andromède de rejoindre Mime à la surveillance de la piscine en remplacement d'Isaak qu'il avait envoyé en renfort pour la réalisation des réparations du bar du camping. Probablement que la Sirène avait jugé la condition physique du Marina plus appropriée à la réalisation de ce genre de tâches. A moins que ce changement d'attribution ne dissimulât un autre dessein ? Car certains regards n'avaient pas échappé à l'attention affutée du Capricorne, même si cela ne le concernait en rien.
Arrivé dans l'allée principale du camping encore endormi, Shura bifurqua légèrement sur sa gauche pour prendre la direction des sanitaires que Kryshna et lui venaient de remettre en état. Il avait besoin de prendre une douche pour se remettre les idées en place avant de rejoindre ses nouveaux camarades sur le dernier chantier qu'ils se devaient d'achever. Le bar du Poséidon se trouvant au cœur de la forêt, celui-ci avait été sévèrement endommagé pendant l'incendie. Alors malgré les extraordinaires capacités de ceux qui œuvraient pour lui redonner l'allure qu'il avait avant d'être ravagé par les flammes, il leur restait encore plusieurs journées de labeur avant que le lieu ne fût à nouveau opérationnel.
Ce qui avait conduit Athéna à faire preuve d'un nouvel élan d'altruisme et de générosité divine en proposant à leurs anciens rivaux d'organiser une soirée conjointe au Zodiaque pour les festivités du Quatorze Juillet. En conséquence, Chevaliers, Marinas et Guerriers Divins avaient tous reçu pour consigne de se rendre au bar du Zodiaque le lendemain pour célébrer… eh bien le Capricorne n'en savait trop rien. En bon Espagnol de son état, à qui on avait un temps enseigné les exactions commises par l'armée Napoléonienne contre son peuple, il n'avait jamais été vraiment enclin à s'intéresser à l'histoire de France. Alors pour combler ses lacunes, il n'aurait qu'à interroger Camus sur l'origine de cette commémoration nationale. Ça leur ferait un sujet tout trouvé pour une prochaine conversation sur l'oreiller. Ou pas.
Après avoir atteint les sanitaires flambant neuf, Shura porta son dévolu sur l'une des nombreuses douches disponibles à cette heure matinale. Il s'installa à l'intérieur, tourna le robinet et se plaça sous le jet sans attendre que l'eau ne se fût réchauffée. A croire que depuis qu'il fréquentait le Verseau, le méditerranéen qu'il était avait appris à apprécier le froid. Il releva son visage pour sentir les gouttes fraîches perler sur son front, puis ferma les yeux.
Demain, il allait devoir retourner au Zodiaque pour autre chose qu'une partie de jambes en l'air, une quasi première depuis l'incendie. Car dès leur premier jour au Poséidon, Sorrento et Julian leur avaient offert le confort de plusieurs de leurs caravanes afin d'éviter les allers-retours inutiles entre les deux campings. Une proposition que le Capricorne s'était empressé d'accepter au même titre que Shaina qui avait été ravie d'abandonner un temps l'austérité de sa canadienne. Shun avait souhaité bénéficier lui aussi de cette généreuse attention, mais Ikki avait émis un véto fraternel catégorique que le cadet n'avait pas eu à cœur de contester.
Mais demain, le Capricorne n'aurait d'autre choix que de retourner là-bas. Et là-bas, il le reverrait lui.
Angelo.
Angelo qu'il n'avait que brièvement aperçu au cours des dix derniers jours, ce dont il aurait dû se réjouir. Sauf qu'il n'en était rien. Parce que malgré toute sa volonté et la conviction qu'il voulait placer dans son désir de l'oublier, il était incapable de ne pas penser à lui. Lui dont la seule absence lui causait bien plus de souffrance que la douleur de ne pas pouvoir l'aimer.
Shura rouvrit les yeux et se retourna pour poser les mains à plat contre le carrelage qu'il avait lui-même restauré deux jours plus tôt. Il inclina la tête pour fixer l'eau qui tombait à ses pieds avant de laisser échapper dans un murmure résigné le seul mot qui lui parut approprié :
« Mierda. »
Un peu plus tard, au bord de l'océan
Frôlant la surface de l'eau du bout des doigts, Milo filait sur les vagues avec un sentiment grisant de liberté. Et dire que Kanon avait dû insister pour le convaincre d'apprendre le surf avec lui ! Ils s'y étaient mis tous les deux à son retour de Paris, juste quelques jours après le match improvisé sur la plage contre les Généraux de l'armée du Dieu des Océans. Kanon avait été impressionné en voyant ses anciens partenaires à écailles se défouler dans les vagues, alors il avait souhaité découvrir ce sport à son tour. Et puis si un type comme Caça y était parvenu, ça ne devait pas être bien compliqué non plus.
Lors de leurs premiers essais, les deux chevaliers avaient sollicité l'expertise de deux professeurs que Kanon avait rencontrés au cours de l'une de ses escapades en solitaire dans un bar des environs. Deux mecs du coin, plutôt beaux gosses et bronzés, avec lesquels Kanon avait rapidement sympathisé et qui possédaient leur propre école de surf sur une plage voisine de celle du Zodiaque. Le premier était un type particulièrement grand pour un autochtone, avec de larges épaules et des cheveux étonnamment roux. Le second, plus petit, présentait une musculature élancée et la même chevelure que Camus au détail près qu'elle était noire comme la nuit. Et les deux portaient des prénoms typiquement français, que le Scorpion prenait beaucoup de plaisir à écorcher lorsqu'il tentait de s'adresser à eux. Sylvain et Félix, aka les Dieux de la Glisse (ndla : Lily, cette réf-là, évidemment, elle est pour toi ! Et pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas, je vous invite à rentrer Felix Hugo Fraldarius et Sylvain Jose Gautier +/- FE3H sur AO3 ou Twitter, pour comprendre de quoi il retourne).
Mais aujourd'hui, le Gémeaux et lui n'avaient plus besoin de leur service, parce qu'ils étaient naturellement devenus des champions. Ils n'avaient pas subi mille supplices ni sacrifié plusieurs de leurs vies pour leur Déesse et pour l'Humanité (ndla : ah non, pardon, boulette ! Kanon et Milo ne sont morts qu'une seule fois, eux) pour se laisser impressionner par des vagues aussi imposantes fussent-elles. Donc si les deux Français étaient encore auprès d'eux ce matin, presque à leur voler l'attention des nombreuses représentantes de la gent féminine qui s'étaient agglutinées sur la portion de plage où ils avaient choisi de surfer (ndla : et là je me permets d'attirer votre attention sur le « presque » que j'ai placé au début de cette phrase, parce que désolée Lily, mais faudrait pas pousser non plus !), ce n'était pas pour eux mais pour les deux gamins qu'ils avaient eu la bonté de traîner avec eux. Hyoga, parce que Milo lui devait bien ça après tout ce qu'il lui avait fait jadis endurer, et parce que Camus le lui avait gentiment demandé. Et Seiya, parce que Kanon s'était pris d'affection pour celui qui avait tout comme lui su faire preuve d'un profond sens du sacrifice en acceptant de recevoir un truc pointu dans la poitrine pour protéger leur Déesse. Sachant que le grand héros de la dernière guerre était aussi un garçon adorable, ce qui ne gâchait rien.
Après avoir réalisé une dernière envolée à faire pâlir d'envie les héros de Point Break, Milo se dirigea vers le rivage pour rejoindre Kanon, Seiya et Hyoga qui étaient déjà sortis de l'eau. Les deux Bronzes discutaient tranquillement, le plus jeune gonflant légèrement les muscles pour impressionner deux baigneuses qui les regardaient béatement. Et Kanon prenait le soleil, permettant ainsi aux gouttes d'eau qui roulaient le long de son dos de s'évaporer avant de venir effleurer sa superbe chute de rein (ndla : bon ben je crois que je vais aller me servir un verre d'eau fraîche, moi, hein).
« Bon alors, les Bronzes, ça bronze ?! (ndla : pardon) s'exclama Milo en plantant sa planche dans le sable fin.
- Affirmatif ! Et toi, ça farte ? rétorqua Pégase en se fendant d'un rire.
- Ça quoi ?! s'enquit le Scorpion tandis qu'il tentait de libérer son opulente chevelure de la queue de cheval qui ne retenait plus grand-chose après toute cette débauche de glisse.
- Ça far-teu. Tu connais pas tes classiques, Milo ! T'auras qu'à demander à Sylvain, il sera ravi de t'expliquer.
- Ouais, ben en attendant cet éclaircissement lexical, ce serait peut-être bien l'heure de rentrer ! Parce que c'est pas tout ça, mais moi, contrairement à vous, je suis pas en congé à pouvoir me prélasser toute la journée pendant que d'autres triment au milieu du chlore et des gamins qui braillent (ndla : ayons ici une petite pensée compatissante pour Geist et Aphrodite, de service à la surveillance de la piscine bondée du Zodiaque). Et moi, j'ai une soirée à préparer !
- Ah oui, la fête pour le Quatorze Juillet ! approuva Hyoga en réfrénant le alors en fait non, moi je suis pas en congé, hein. C'est juste qu'en général, personne n'a envie de s'empiffrer de coupes glacées bourrées de chantilly à neuf heures du matin. D'ailleurs, Milo, poursuivit le chevalier aux cornets, tu sais si notre Déesse a prévu des feux d'artifice ?
- Pas la moindre idée. Faudra lui poser la question.
- Oh je suis sûr que Saori y aura pensé ! affirma avec enthousiasme le chevalier ailé préféré.
- Va savoir ! Alors, on y va, oui ou non ?! Kanon, c'est bon ? T'as fini de rêvasser ?! »
En replaçant sa planche sous son bras, le Scorpion envoya une gerbe de sable sur les cuisses du rêveur, ce qui eut pour effets de le sortir de sa torpeur et de profondément l'agacer (ndla : deuxième effet Kiss Cool ! Tiens encore une publicité des années 90 ça, dites donc !).
« Milo ! T'es chiant ! Tu pourrais faire attention ! vitupéra le Gémeaux.
- Oh pardon ! s'amenda le maladroit volontaire. Et dis, poursuivit-il en posant une main en visière sur le haut de son front, ce serait-y-pas ton copain la Wyverne avec le Garuda et la Harpie, là-bas, qui marchent en traînant ce qui pourrait vaguement ressembler à des planches de surf ? »
Kanon feignit l'indifférence en époussetant le sable qui s'était collé sur ses longues jambes parfaitement galbées (ndla : oui, un verre d'eau fraîche, s'il vous plaît !), ce qui lui permit aussi de ne pas croiser le regard de Milo. Car le Scorpion venait justement de mettre un nom sur l'objet de sa rêverie.
L'ancien Marina avait aperçu Rhadamanthe dès que celui-ci avait posé un orteil sur la plage, et ne l'avait pas quitté des yeux depuis. Mais par la Déesse, qu'est-ce qu'il foutait là ?! A marcher avec son air tellement supérieur, comme si le sable tout entier n'appartenait qu'à lui. Il s'était mis au surf ? Lui ? Sérieusement ?! Il allait vraiment se jeter dans l'océan, pour affronter le ressac et voguer dans les embruns ? Et après, que ferait-il ? Il jaillirait de l'eau, ruisselant de gouttelettes salées luisant sous le soleil, avec ses cheveux blonds plaqués en arrière et l'astre divin se reflétant dans l'or de ses yeux ?
Et merde !
Dire qu'il avait pensé se venger de son rival en l'abandonnant à son sort après lui avoir délivré le baiser le plus torride qu'il n'avait jamais donné à personne. Eh ben il se reprenait l'instrument de sa vengeance en pleine poire, avec les intérêts en plus (ndla : deuxième effet Kiss… ! Non j'arrête avec ça !).
Kanon finit par se redresser, attrapant sa planche au vol pour la placer aussitôt devant lui. Car il avait urgemment besoin de camoufler l'effet exercé par sa foutue rêverie torrido-démoniaque sur son anatomie.
De l'autre côté de la plage, un homme restait impassible, drapé dans un linceul d'indifférence et de flegme britannique, alors qu'intérieurement, il s'adonnait à la plus outrageante des danses de la victoire. Rhadamanthe était éminemment fier de lui. Pas de la fierté ressentie par les Dieux lorsqu'ils savaient avoir joué un mauvais tour aux malheureux humains dont ils voulaient s'amuser. Mais de la fierté éprouvée par un homme amoureux qui savait avoir ébranlé l'objet de ses désirs en le frappant en plein cœur.
Car Rhadamanthe était bel et bien un homme amoureux. Il était fort, courageux, redoutable et redouté, mais il était aussi intraitable et n'admettait pas les opinions mitigées. Il avait analysé avec pragmatisme la situation dans laquelle il se trouvait et les effets que ses dernières entrevues avec le Gémeaux avaient générés sur sa personne, et il en était arrivé à une conclusion qui ne souffrait d'aucune ambiguïté.
Il était amoureux de Kanon des Gémeaux. Celui qui l'avait mené à la mort en sacrifiant sa vie au nom de sa Déesse et dans le seul but d'annihiler son Dieu. Cela remettait-il en cause ce qu'il était au plus profond de lui ? Assurément et sans le moindre doute, et il saurait affronter le courroux de son Souverain le moment venu. Mais pour l'instant, il devait poursuivre l'objectif qu'il s'était fixé. Un objectif dont il avait longuement discuté avec Éaque à qui il avait fait part de ses réflexions. Car il connaissait l'intérêt de son frère pour les sentiments humains, et il savait ce dernier en capacité de lui apporter une aide précieuse et efficace. Et à en juger par la réaction de celui qu'il convoitait à son arrivée sur la plage, il ne s'était visiblement pas trompé.
Maintenant il ne lui restait plus qu'à réussir à se mettre debout sur cette satanée planche de bois, ce qui n'était vraiment pas gagné.
OooOooO
Sur le trajet du retour au Zodiaque, Kanon trouva un exutoire à ses fantasmes humides et salés en taquinant celui qu'il avait définitivement choisi de désigner comme son petit protégé. Seiya était une cible idéale, répondant toujours au quart de tour à la moindre petite provocation. C'était presque trop facile. Mais c'était délectable.
« Kanon, tu dis n'importe quoi !
- Si je te l'dis, gamin ! Tu peux me faire confiance. Je connais les femmes, et je sais interpréter leurs intentions lorsqu'elles ont ce genre de regard. Geist t'a à la bonne, et tu devrais en profiter !
- Kanon, sois sympa avec Seiya ! intervint le Cygne dans un élan de fraternité bronzienne. Je crois que tu le mets mal à l'aise.
- Ah bon ? Moh non ! Hein, Seiya, que je te mets pas mal à l'aise ?
- Ben si, un peu quand même.
- Mais pourquoi ? Elle te plaît pas cette nana ?
- Là n'est pas la question, rétorqua le gêné en faisant passer sa planche sous son autre bras.
- Euh, alors là, tu vois, clairement, si, insista le plus vieux. C'est même précisément LE sujet. Mais si ça peut t'aider, laisse-moi reformuler mon propos en des termes moins directs : si la belle venait à exprimer ses intentions à ton égard de manière plus précise, serais-tu disposé à vouloir en profiter ?
- Profiter de quoi ?! s'exclama une voix légèrement nasillarde qui poursuivit aussitôt : c'était sympa le surf ? Vous auriez pu prévenir, on vous aurait accompagnés, Algol et moi !
- Ah salut, Jamian ! La forme ? s'enquit Seiya principalement pour la forme (justement), parce que même s'il était ravi de pouvoir mettre un terme à l'inquisition de Kanon, il n'avait jamais pu digérer le coup des corbeaux (ndla : ben ouais, il peut être un peu rancunier, Pégasounet).
- On fait aller, répondit prestement l'Écossais avant d'ajouter : en plus, Algol et moi on s'est fait un nouveau pote qui se trouve être un véritable caïd du surf.
- Ah oui ? Et de qui tu parles ? interrogea Hyoga après avoir salué son aîné d'un mouvement de tête bien élevé.
- Du type que Saga a embauché pour nous donner un coup de main au nettoyage des waters. Vous savez, le grand blond qui s'appelle Brice (ndla : toute ressemblance avec un personnage fictif ayant possiblement voué un culte au surf et à Patrick Swayze serait totalement non fortuite).
- Évidemment ! Brice, le roi d'la glisse ! (ndla : pardon, vraiment trop facile ! et un peu répétitif, mais comment faire autrement ?)
- Très fin, Seiya ! Tu fais dans la poésie, toi, maintenant ?
- Ben ouais, Jamian. C'est ça qu'on appelle le talent !
- Bon, c'est pas que j'vous aime pas, les kiddos (ndla : attention, jeu de mots !), mais faut que j'aille me doucher. J'ai besoin de me débarrasser de ce fichu sable dont Milo m'a aspergé.
- Ça marche, Kanon ! A plus ! Bon, Hyoga, c'est bien beau tout ça, mais… t'aurais pas un petit esquimau glacé à filer à ton poteau préféré ? Parce que les vagues, ça creuse !
- Seiya ! T'es vraiment qu'un estomac sur patte ! Il est même pas dix heures du mat' !
- Et alors ? Y'a pas d'heure pour satisfaire un besoin aussi naturel que celui de s'alimenter ! »
Sur ce dernier échange plutôt savoureux – mince, Seiya lui aurait presque donné faim avec son histoire d'esquimau – Kanon s'éloigna de ses jeunes camarades pour filer vers les douches. En chemin, il rencontra Angelo qui, comme souvent à cette heure matinale, tirait une tronche de deux pieds de long en maltraitant une clope.
« Oh toi, t'as pas passé une bonne nuit ! s'aventura l'ancien Marina qui n'avait décidément peur de rien (ndla : à la très légère exception de sombrer dans les affres du désir et de la luxure en compagnie d'une certaine Wyverne infernale).
- La ferme, Kanon !
- Ou alors, c'est que t'as pas encore bu ton café. J'ai vu juste, c'est ça ?
- Bon, il a pas autre chose de mieux à faire, là, Mitch Bu-Kanon ?! (ndla : ouais, j'étais en forme aujourd'hui côté jeux de mots pourris… Et pour celles et ceux qui n'auraient pas la réf : voir plus bas)
- Plaît-il ?
- Cherche-pas, tu peux pas comprendre ! Ou t'auras qu'à demander à Milo, tiens. J'suis sûr qu'il saura de quoi je parle ! » asséna le Cancer en tournant les talons.
Un peu plus tard ce matin-là, et après avoir recouvré une peau parfaitement lisse dépourvue de tout élément irritant, Kanon s'en alla retrouver Milo qui triait ses disques à côté de ses platines.
« Alors, ça farte ?
- Mince, Kanon, tu vas pas t'y mettre toi aussi !
- Désolé. Ça roule ? Tout va comme tu veux ?
- Ouais. Je crois que j'ai fait mon choix pour ma setlist de demain.
- Tant mieux ! Tu vas puiser dans quels registres musicaux cette fois-ci ?
- Si je change pas d'avis d'ici là, principalement funk metal et rock anglais, en plus des classiques du moment.
- Ça paraît plutôt prometteur ! approuva le Gémeaux en réprimant un enfin sauf pour le rock à la sauce rosbif; j'en peux plus des ingérences britanniques ! Et sinon, s'empressa-t-il de poursuivre avant de laisser ses pensées s'égarer, je peux te poser une question qui n'a strictement rien à voir ?
- Essaie toujours.
- Mitch Bu-Kanon, ça t'évoque quelque chose ?
- Yep ! se contenta de répondre le Scorpion en reposant le vinyle qu'il tenait dans sa main.
- Et… tu pourrais être plus précis, s'il te plaît ?
- C'est un perso d'une série télé. Alerte à Malibu. Ça passe tous les jours à dix-sept heures sur la première chaîne.
- Et on y voit quoi, dans cette série ?
- Principalement des mecs et des nanas qui courent au ralenti en maillot de bain sur la plage, avec une grosse bouée rouge à la main. Ah et les maillots de bain aussi, sont rouges. Si tu veux, on pourra mater un épisode ce soir. On demandera à Dohko de le mettre à la télé du bar. C'est pas prise de tête, et la musique du générique est plutôt cool (ndla : Toutoutou-tataah ! Toutoutou-tataah ! Some people stand in that darkness, afraid to step into the light... Pardooon ! Cette fois-ci, je crois que je suis en plein délire !)
- OK. Et comme ça, je me coucherai peut-être moins con. »
OooOooO
Plus ou moins au même moment (enfin probablement quelques minutes avant), aux abords du Kid's club du Zodiaque
Même pas encore dix heures et déjà pas loin de douze cigarettes au compteur depuis son réveil « mouvementé », voilà une journée qui commençait sur des bases un peu compliquées. Alors avant d'entamer sa dure matinée de labeur, Angelo ressortit du local où les enfants commençaient tranquillement à arriver pour assouvir son vice une dernière fois. Il alluma la Camel extirpée du paquet enfoui dans le fond de sa poche avec une grande bouffée qui en consuma près de la moitié d'un seul coup, puis cala son dos contre le mur derrière lui.
Allez, il n'y avait pas de quoi en faire tout un plat. OK, ce rêve était bizarre, vachement réaliste, hyper sensuel – ouais peut-être même carrément érotique – et lui avait filé une trique comme il n'avait probablement jamais eue, mais c'était pas un drame non plus. Et puis sérieusement, on ne pouvait pas virer sa cuti comme ça en dormant ! Certes, la plupart des psy affirmaient que les rêves reflétaient conflits intérieurs, angoisses et désirs refoulés, mais cette assertion n'engageait que leurs auteurs et ceux qui avaient envie de croire à leurs conneries. Et puis quand bien même, tous les rêves ne pouvaient pas être significatifs. Certains n'étaient rien d'autre qu'un amas de non-sens élaboré à partir des délires d'esprits tourmentés. Et le Cancer s'y connaissait en esprits tourmentés.
Finalement, il préférait quand il faisait des cauchemars et se réveillait en hurlant. Voir les visages de ses victimes se décomposer devant ses yeux pendant que leurs doigts décharnés lui lacéraient la peau, ça, au moins, il pouvait gérer. Mais se sentir submergé par un bonheur inouï en prenant son pied avec son meilleur pote, ça, c'était juste pas normal.
« On t'a jamais dit que fumer c'était pas bon pour la santé ?! »
Angelo releva les paupières qu'il ne s'était même pas rendu compte d'avoir fermées, pour voir une gamine de onze ans se dresser devant lui, avec un sourire qu'il aurait presque pu qualifier de démoniaque.
« Si tu continues comme ça, tu vas mourir d'un cancer des poumons dans des souffrances atroces, et ce sera bien fait pour toi !
- Tu sauras que certaines personnes ne craignent pas la mort, petite.
- Ça, c'est des salades ! Tout le monde fait dans son froc devant la Grande Faucheuse, même les mecs costauds dans ton genre ! »
Angelo s'apprêtait à renvoyer gentiment cette charmante petite fille dans ses vingt-deux, lorsque Marine frappa dans ses mains pour lancer le début des activités de la journée. La gamine jeta un dernier regard réprobateur au fumeur, et pénétra dans le local où s'étaient regroupés une quinzaine d'enfants, tous nouveaux pour la plupart. Puis comme il en avait pris l'habitude chaque lundi matin depuis son entrée en fonction au Kid's club du Zodiaque, Angelo se plaça au centre de la salle pour accueillir officiellement les derniers arrivés.
« Bonjour, les enfants !
- Bonjour, Angelo ! répondirent poliment la majorité des bambins.
- Bon, y'a combien de nouveaux aujourd'hui ? »
Marine, qui observait la scène en silence, indiqua le chiffre neuf avec les doigts de ses deux mains.
« OK, alors pour les nouveaux, et pour les autres également, je vais vous faire un topo rapide sur le règlement en vigueur dans cet établissement, histoire qu'on soit bien d'accord sur les fondements de notre collaboration (ndla : oui, Angelo a une façon bien à lui de s'adresser aux enfants). La première règle du Kid's club est…
- Bla-bla-bla ! » interrompit la petite ayatollah de l'anti-tabac.
Marine, sentant la patience de son collègue et ami atteindre dangereusement ses limites, jugea opportun de mettre un terme à cette brève introduction matinale pour lancer la première activité.
« Bon, les enfants, que diriez-vous de commencer cette formidable journée par une partie de Dessiner, C'est gagner ?! »
Le youpi général qui s'éleva depuis l'assistance attentive – bon à une petite exception près – conforta la jeune femme dans la pertinence de son choix, et le jeu débuta dans la bonne humeur et sans le moindre petit Seki Shiki Meikai Ha.
Au bout de vingt minutes de dessins plus ou moins approximatifs, ce fut au tour de la petite perturbatrice de se saisir du marqueur.
« Comment t'appelles-tu ? interrogea Marine en effaçant la dernière réalisation artistique.
- Justine.
- Très bien, Justine. Laisse parler ta créativité. Tu as une minute trente pour que tes camarades devinent le sens de ton dessin.
- D'acc, j'ai pigé », se contenta de répondre l'intéressée.
La gamine commença à dessiner des formes sur le grand tableau blanc. Un visage allongé et plutôt sec pour ne pas dire maigrichon, avec des cheveux hirsutes, un long nez pointu et… une cigarette à la taille démesurée enfoncée dans la bouche.
« Trop facile, ça ! C'est Angelo ! » s'écrièrent les enfants d'une voix unanime.
Marine éclata de rire – franchement, même Shaka n'aurait pas pu se retenir en de pareilles circonstances – bientôt imitée par tous les bambins qui s'esclaffèrent dans un brouhaha joyeux.
Angelo ne sourcilla pas et croisa les bras dans un mouvement de protestation résigné. Décidément, entre son rêve à la con et la petite peste qu'on venait de lui coller dans les pattes, ce n'était vraiment pas son jour.
Camping Le Zodiaque, plus tard dans la nuit
Une plateforme en bois qu'il devine humide sous ses pieds. Un drapeau qu'il entend claquer dans le vent, et le soleil qu'il sent réchauffer son dos. Kanon scrute l'océan une paire de jumelles plaquées contre les yeux, avec la conviction d'avoir une mission importante à accomplir. L'horizon est calme, la surface de l'eau bercée d'une très légère houle, et ce constat semble pleinement le satisfaire.
Il cesse son observation du large pour revenir vers le rivage et discerne une silhouette en mouvement au milieu des embruns. Il ajuste avec précaution ses jumelles et reconnaît Milo qui court sur le sable léché par les vagues. Vêtu d'un short de bain écarlate et serrant dans sa main droite une bouée tout aussi écarlate, le Scorpion se déplace au ralenti en soulevant des gerbes d'eau qui lui fouettent le torse et les abdominaux. Kanon se mord la lèvre inférieure devant ce spectacle qu'il pourrait volontiers qualifier de divin, puis décale promptement ses jumelles afin d'effacer de son esprit des pensées qu'il sait ô combien inappropriées. Son regard s'accroche ensuite sur une autre vue qui retient aussitôt son attention. Un cul superbement moulé dans un tout petit slip de bain aux couleurs de l'Union Jack.
Kanon relève ses jumelles pour découvrir un dos aux muscles parfaitement dessinés, un bras long et puissant maintenant une immense planche de surf plantée dans le sable fin, des épaules larges et athlétiques, et une tignasse blonde dont la vision envoie instantanément une décharge électrique le long de sa colonne. A cet instant, et comme s'il avait pu percevoir la réaction de son observateur secret, l'homme se retourne et lui adresse un clin d'œil en se léchant délicatement les lèvres.
Lorsqu'il reconnaît Rhadamanthe, Kanon retire brusquement ses jumelles qu'il laisse retomber contre sa poitrine. Il constate alors qu'il porte le même short rouge que Milo, qui – étant donné les circonstances – lui paraît beaucoup trop moulant à son goût (ndla : le short, hein, pas Milo). Il tente vainement de le réajuster avant de relever les yeux en direction de l'océan pour découvrir que Rhadamanthe a disparu. Kanon pousse un soupir qu'il voudrait de soulagement mais qu'il sait être d'une nature diamétralement opposée. Pour se changer les idées, il décide de rejoindre le Scorpion qui vient de s'immobiliser au bord de l'eau. Il bondit donc de la plateforme pour atterrir sur la plage, mais au lieu du sable chaud, c'est un carrelage froid qu'il sent glisser sous ses pieds.
Il se trouve dans un vestiaire, entièrement nu avec face à lui, Rhadamanthe, totalement nu lui aussi. Les deux hommes s'observent en silence jusqu'à ce que la Wyverne rompe son insoutenable impassibilité pour marcher dans sa direction avec la noblesse et l'orgueil d'un félin. Une fois parvenu à sa hauteur, et toujours sans prononcer le moindre mot, Rhadamanthe le saisit par les épaules pour l'inciter à se retourner. Il l'entraîne ensuite vers le mur de la pièce désertée contre lequel il le plaque avant de se coller à son dos. De sa main gauche, il écarte sa longue chevelure pour libérer son cou et embrasser la peau qui s'offre ainsi à lui. De sa main droite, il s'empare du sexe du Gémeaux auquel il imprime un mouvement de va-et-vient délicieux. Kanon gémit de plaisir sous l'effet de la caresse, en remerciant les cieux d'avoir placé un mur solide devant lui. Il ressent alors l'irrépressible envie de voir celui dont il peut sentir le souffle frémir contre sa nuque. Une envie qui se mue bientôt en besoin : celui de le toucher, de l'embrasser, de le caresser à son tour. Il veut faire volte-face mais Rhadamanthe l'en empêche en le plaquant plus fermement contre la paroi. Il s'apprête à protester lorsqu'une brèche dimensionnelle s'ouvre à leurs pieds et les engloutit tous les deux.
L'instant d'après, Kanon se retrouve sous un ciel de cendres incandescentes à fouler un sol gris et froid qu'il reconnaît aussitôt. Et malgré sa tunique d'entraînement qui recouvre maintenant sa peau, il se met à trembler. Il sent alors des bras puissants l'enlacer par derrière comme pour l'immobiliser. Il tourne son visage et croise les yeux de Rhadamanthe dans lesquels il ne peut s'empêcher de plonger. Celui-ci le regarde sans parler en resserrant encore son emprise avant de brusquement fondre sur sa bouche. Il l'embrasse avec un empressement tel que Kanon croit sentir ses jambes se dérober sous son poids. Il accepte son baiser, y répond avec la même voracité, et leurs langues se provoquent et s'enchaînent. Mais Rhadamanthe s'écarte subitement, fait exploser son cosmos puis, révélant toute l'ampleur de sa fureur et de sa férocité, déclenche son ultime arcane. Et tandis que les deux combattants commencent à s'envoler vers les cieux, le Troisième Juge s'exclame :
« Il n'y a toujours eu qu'un seul et unique vainqueur lors de notre combat, Kanon, et ce vainqueur, c'était moi ! »
Kanon ouvre la bouche pour contester, mais se voit une nouvelle fois aspiré vers un autre lieu. Il atterrit cette fois-ci dans un fauteuil de couleur bleu qu'il trouve particulièrement moelleux, positionné en face d'une télévision gigantesque. A l'écran, il assiste à la désintégration de son corps et de celui de Rhadamanthe en une magnifique poussière d'étoiles, ce qui le conduit à penser que mourir avec autant de panache n'est certainement pas donné à tout le monde. Puis sur cette dernière réflexion d'autosatisfaction morbide, le générique d'Alerte à Malibu commence à défiler devant ses yeux.
OooOooO
Cette nuit-là, Kanon se réveilla en hurlant et couvert de sueur. Saga sursauta dans son lit, se heurtant le haut du crâne contre le sommier de son jumeau – maudits lits superposés à l'étroitesse démesurée ! – et se leva aussitôt.
« Kanon, tout va bien ?!
- Oui, répondit le rêveur un peu hésitant. Je crois que j'ai fait un cauchemar.
- Tu veux en parler ?
- Non, pas la peine, poursuivit-il d'une voix plus assurée. Tu peux te rendormir, t'inquiète pas.
- Tu en es sûr ? Il ne faut pas garder ses angoisses pour soi, tu sais.
- Oui, vraiment, je t'assure : tout va bien. Et puis, je me souviens déjà plus de rien. Bonne nuit, Saga.
- Entendu. Bonne nuit, Kanon. »
Et cette nuit-là, Kanon se rendormit en se disant qu'il avait probablement un très gros – mais alors vraiment un très très gros – problème de santé mentale.
A suivre…
Merci pour votre lecture.
Référence pour le titre du chapitre 15 : Sweet Dreams, Marylin Manson, 1995. Chanson écrite, composée et interprétée initialement par Eurythmics en 1983. Une chanson qui convient, je trouve, parfaitement à Kanon, en particulier la version plus "sombre" de MM. Mais cette opinion n'engage que moi.
Notes :
(1) Vous aurez probablement remarqué plusieurs références cinématographiques et télévisuelles des années 90 dans ce chapitre. En plus d'Alerte à Malibu (désolée si je vous ai mis la musique du générique dans la tête), j'ai donc scandaleusement fait référence au film Point Break (sorti en 1991), avec Patrick Swayze et Keanu Reaves dans lequel il est, entre autre chose, pas mal question de surf. Film auquel notre Brice de Nice national voue un culte sans borne, bien entendu. A noter au passage que si le premier film sur le plus blond des surfeurs est sorti en 2005, la première apparition du personnage de Brice dans un sketch à la télévision date de 1995 (dans l'émission Graines de star sur M6). Et enfin, vous aurez peut-être reconnu mon clin d'œil à l'excellentissime Fight Club de David Fincher (sorti en 1999), avec qui déjà ?... ah oui : un certain Brad Pitt et un certain Edward Norton (qui sont juste énormes dans ce film !). Puisque la phrase prononcée par Angelo concernant les règles du Kid's club fait bien évidemment écho à la célèbre phrase prononcée par Tyler Durden au début de chaque séance de combats au Fight Club.
(2) Ah et nouveauté : je viens de créer la playlist associée à cette fic, qui reprend les titres que j'ai utilisés pour nommer les chapitres. C'est sur D.e.e.z.e.r , et le nom de la playlist est : 'Le Zodiaque' (ben oui, logique !). Si jamais ça vous dit... Le lien direct est le suivant:
Attention, ffnet éradiquant sauvagement les liens html, il vous faudra copier-coller le lien et supprimer tous les "!" avant utilisation [ avec control F, remplacer, c'est facile :-) ].
h!t!t!p!s!:!/!/!d!e!e!z!e!r!.!p!a!g!e!.!l!i!n!k!/!Y!v!2!P!e!z!d!n!e!r!S!h!v!M!p!V!9
A bientôt, passez un bel été et prenez soin de vous !
