Qu'est-ce qu'on est supposé ressentir, le jour le plus important de toute notre vie ? Je l'ignore encore mais j'ai la certitude selon laquelle, dans la vie, nous avons tous droit à une journée déterminante. Et tout ce que je sais, c'est que ce jour si important pour moi est en train de se produire, et qu'il sera des plus dangereux. Ce que ma valise contient de plus précieux, c'est ce poison que Lexie m'a offert le jour de notre rencontre fortuite. Si c'était sensé tuer Katherine, j'imagine que ça peut tuer n'importe quel vampire. Quand j'ai dit à Lexie que je n'avais pas tué Katherine, elle a répondu que c'était idiot de ma part. La jeune sorcière a certainement raison, mais je ne peux pas m'y résoudre. Le vampire ne m'a rien fait de mal, du moins pas directement, c'est mon ancêtre et je ne suis pas une meurtrière.

Je vous déconseille de passer la nuit dans un aéroport. Jared et moi avons dormis l'un contre l'autre, sur des sièges particulièrement inconfortables, en attendant notre avion. C'est seulement cinq heures de vol plus tard, que nous sommes arrivés à New York, de beau matin. L'aéroport de J.F.K était dans une effervescence des plus folle, entre les touristes qui s'agitent, les hommes d'affaires à la démarche rigide, les hôtesses de l'air qui accourent et les innombrables accents différents qui résonnent ... Plusieurs fois, j'ai manqué de me faire bousculer. Jared a failli se disputer avec un homme pressé dont le café s'est renversé après que mon épaule ait frôlé la sienne, mais face à la carrure du jeune homme, l'inconnu semblait intimidé et les choses n'ont pas dégénéré. Nous avons pris un taxi, d'un jaune vif, conduit par un chauffeur peu bavard, en direction du centre de Manhattan. Tout coûte un bras ici. Main dans la main, nous observons les buildings impressionnants, la foule qui se déplace de manière aussi ordonnée qu'une horloge, central Park dont les arbres sont vêtus de leur robe automnale. Rien à dire, l'automne sied à New York à ravir.

- Quel est le plan déjà ? Je baille longuement, un gobelet contenant du chocolat chaud à la main.

- On va à notre hôtel, tu appelles Lexie pour avoir des infos sur comment trouver une sorcière à New York, on la trouve et elle nous adhéra à dénicher ce vampire dont Katherine nous a parlé. Explique Jared, son bras entourant mes épaules.

- Exact. J'hoche la tête, réalisant à quel point notre plan est dingue.

- Et la sorcière, elle s'appelle Penny ?

- Penelope. Je lui précise avant de sortir mon téléphone pour appeler Lexie. Il faut que je m'y prenne à plusieurs reprises avant qu'elle ne décroche.

- Allô ? C'est Kim. Tu sais, je t'avais appelé pour te dire que j'avais vu Katherine ...

- Salut Kim ! Bien sûr. T'as des ennuis ? Elle me salue, et j'entends un sourire dans sa voix aiguë.

- De gros ennuies. Je dois libérer Katherine au plus vite. Je lui révèle, appréhendant sa réaction.

- Quoi ?! Mais pourquoi ? Je t'ai pourtant donné de quoi te débarrasser d'elle. Je t'avais prévenu, je n'aide pas les vampires.

- Parce que ses problèmes sont aussi les miens. Écoutes, je suis à New York et ...

- À New York ? Attention, c'est plein de vampires et de sorcières peu commodes. J'en ai fait les frais.

- Je sais, je sais, mais je dois justement trouver une sorcière. Où est-ce qu'on les trouve ? Je l'interroge, trouvant moi même ma question absurde.

- Ça dépend du genre de sorcières. Elle réplique, brève, voulant certainement protéger les secrets de sa communauté.

- Penelope, ça te dit quelque chose ? Je lui demande, ayant si peu d'informations au sujet de la personne que je recherche.

Face à ma question, il y a un long silence. J'ai peur qu'elle ait raccroché. Je vérifie que mon téléphone fonctionne et partage un regard inquiet avec Jared.

- Lexie ? J'entends encore son souffle.

- Quand je t'ai dit que j'avais eu des problèmes à New York, c'était avec Penelope. Dès qu'elle te verra, elle saura évidement que t'es le doppelganger de Katherine mais aussi le mien. D'un autre côté, ça peut aussi être à ton avantage. Même si tu ne l'as trouves pas, c'est elle qui viendra vers toi. On peut pas dire que tu passes inaperçue. Sois prudente Kim, Katherine a plein d'ennemis, et New York regorge de créatures surnaturelles. La sorcière me met en garde d'une voix lourde d'inquiétude, elle qui est toujours si guillerette.

- Je le sais, merci. Mais il faut qu'elle nous aide.

- Nous ? Je t'ai dis que je voulais pas m'en mêler.

- Je parlais de Jared et moi. Je lève les yeux au ciel, même si elle ne peut pas le savoir.

- Ton chéri est avec toi ? À New York ?

- Oui, pourquoi ?

- Rien. Elle marmonne, alors que je sens bien qu'il y a quelque chose qu'elle ne me dit pas.

- Tu penses que Penelope acceptera de nous aider ? Je crois qu'elle et Katherine étaient amies.

- Penelope est imprévisible. Parfois, elle t'apprécie et t'apprend tout ce qu'elle sait, et d'autres fois elle te prend en grippe et monte tout le monde contre toi. C'est une puissante sorcière célèbre depuis des siècles.

- Attends, les sorcières sont immortelles ?

- Absolument pas, du moins normalement. Elles peuvent devenir immortelles seulement si elles décident d'arrêter de respecter les règles, à leur risque et péril. Tu peux la trouver au Plaza, c'est un hôtel prestigieux. C'est là qu'elle réside et elle organise souvent des fêtes dans le bar du bâtiment.

- Il suffit d'aller dans un bar pour la trouver ?

- C'est pas n'importe quel bar ! Tu verras, c'est comme si le bar était dans un monde parallèle. Ce n'est pas exactement le bar de l'hôtel plaza. Si t'as de la chance le portier est toujours le même, un grand blond appelé Daniel. Il a toujours eu un faible pour moi. Fais lui du charme et tu pourras entrer. La fête aura lieu au dernier étage de l'hôtel et pour y accéder il faut appuyer sept fois sur le bouton dans l'ascenseur. Tu sauras que tu es au bon endroit quand tu verras une gargouille devant la porte.

- Une gargouille ? Je l'interroge en essayant de retenir les différentes informations. Le vigile, le dernier étage, le bar, la gargouille ...

- T'aimes pas l'architecture gothique ? Ne cherches pas à comprendre, c'est un truc de sorcières. Bon Kim, je dois y aller ! Appelles moi pour me raconter quand tu seras rentrée chez toi. Et n'oublies pas, sois élégante ! Lexie insiste sur cette dernière recommandation avant de raccrocher sans que je n'ai le temps de la remercier.

Et tandis que la foule s'agglutine autour de nous, au beau milieu de la cinquième avenue, je lève les yeux vers Jared. Il termine son café, attendant que je lui révèle les informations que j'ai pu obtenir.

- Changement de programme, on va faire du shopping. Je lui souris pendant qu'il lève les yeux au ciel.

- Sérieusement ? Il rit avant que je ne lui raconte en détails la conversation que je viens d'avoir avec la californienne.


Le crépuscule envahissait le ciel. Le soleil était en train de se coucher sur une des villes les plus célèbres du monde. Nous avions réservé une chambre dans hôtel bon marché du centre ville. Rien d'exceptionnel, des murs blancs, de la moquette émeraude et un lit en bois. Les murs sont si fins qu'on entend tout ce qui se passe dans les autres chambres. Heureusement, nous avons notre propre salle de bain, même si elle est microscopique. Je suis justement à l'intérieur, occupée à enfiler la tenue que j'ai acheté cette après-midi. Une courte robe en dentelle blanche, avec un léger décolleté et des bretelles. Cette teinte si claire crée un contraste avec ma peau mate. Mes cheveux, de la couleur du chocolat, tombent dans le creux de mon dos. J'ai aussi un petit sac à main, d'un violet pâle, dans lequel j'ai rangé le stricte nécessaire. Dans le reflet du miroir, l'inquiétude se lit sur mon visage. Mon rouge à lèvres tombe dans le lavabo et je soupire. La peur me paralyse. Peur de mourir. Peur de ne rien trouver. Peur de n'avoir aucune réponse. Peur d'avoir peur. Il faut être courageuse. Tu as décidé de venir ici Kim, il faut en assumer les conséquences. Sois brave car personne ne le sera à ta place.

- Ca va aller, petite froussarde. L'hôtel, le dix-neuvième étage. la gargouille, Pénélope, le vampire ... On t'a déjà expliqué tout ce que tu devais faire. Tu n'as qu'à suivre les instructions. N'importe quel idiot y arriverait. Je marmonne en finissant de me maquiller, voulant être élégante, comme Lexie m'a conseillé de l'être.

Je quitte la salle de bain pour rejoindre Jared, dans la chambre, de l'autre côté de la porte. Il se tient debout face à la fenêtre, les cheveux légèrement en bataille et humides après s'être douché. Je crois ne l'avoir jamais trouvé aussi beau. Les couleurs chaudes et chatoyantes du crépuscule en tant que paysage face à un jeune homme à la beauté ténébreuse d'un chevalier. Je voudrais vivre à jamais, pour figer ce moment dans l'éternité avec ma propre vie. Cependant, je garde mes distances, à plusieurs mètres de lui. C'est mon petit ami depuis plus d'un mois, nous avons passés une nuit ensemble, son corps contre le mien, dans le mien, c'était comme lui céder mon âme toute entière mais je suis toujours gênée. Toujours timide. C'est amusant et stupide à la fois. Je crois que je ne m'y ferais jamais.

- N'importe quel idiot ne traverserait pas le pays pour protéger la réserve d'un dangereux vampire. Jared prononce sans me regarder, occupé à fermer les boutons de sa chemise, encore à moitié ouverte sur son torse musclé.

- Hum ? Qu'est-ce que tu veux dire ? Je fronce les sourcils.

- Je t'ai entendu parler depuis la salle de bain, tu sais, c'est un truc de loup. Et je veux dire que tu te dévalorises encore. Tu étais en sécurité à la Push pour l'instant, mais tu as choisis de venir ici parce que tu n'as pas supporté de voir Olivia dans un tel état à l'hôpital puisque ... La voix de Jared s'interrompt quand il pose enfin les yeux sur moi.

Son regard, dépourvu de honte, me détaille de la tête aux pieds. Je passe une main dans mes cheveux, un sourire accroché à mon visage, et je joue avec le tissu de ma robe de mon autre main.

- Ça fait trop ? Ou pas assez ? J'aurais du en prendre une autre, peut être la rose ou la noire.

- C'est parfait. Tu es parfaite. Jared répond en avançant rapidement jusqu'à moi, presque brutalement.

Ses mains saisissent ma taille pour me voler un langoureux baiser. Je me cambre doucement contre lui, un bras à sa nuque, le cœur qui bat la chamade quand sa langue passe entre mes lèvres. Ses mains rapprochent ma taille de ses hanches. Je me sens fondre et je sais que lui aussi. Nous brûlons d'un désir futile mais pourtant si intense l'un pour l'autre.

- Dis moi d'arrêter, ou jamais on sortira de cette chambre. Le beau garçon aux cheveux bruns me murmure.

Une de ses mains quittent ma taille pour monter jusqu'à ma poitrine. C'est avec une terrible sensation de frustration que je sépare nos lèvres.

- T'as raison, on doit y aller. La fête ne va pas nous attendre. Je tente d'être raisonnable.

- C'est que partie remise. Je te le promets. Jared jure sur un ton mélodramatique, avec un sourire en coin.

- Oh, merci, t'es si généreux. Je ris de bon cœur, détendue. Le regard de Jared ne me quitte pas, scrutant mon visage, avec une dévotion qui ferait rougir n'importe qui.

- Je suis courageuse, belle et brillante. Répète après moi, je t'en prie. Il faut que tu le comprennes.

- C'est gentil.

- Non, répète, s'il te plaît.

- Je suis ... Courageuse, belle et brillante. Je répète du bout des lèvres, incertaine.

Ce garçon m'aime plus que je ne pourrais jamais m'aimer.


L'hôtel Plaza est une immense structure si impressionnante. Je l'observe en silence, tandis que moi et Jared attendons dans la file devant l'hôtel. Il y a tellement de monde, les gens sont vêtus de vêtements de haute couture des plus excentriques et parlent de la soirée de ce soir. Dans le froid de l'automne, je suis couverte par un épais manteau ouvert sur ma robe. Le Plaza Hôtel est un endroit luxueux où séjournent des célébrités, des politiciens et de riches touristes. Il est composé de dix-huit étages, lumineux, au cœur de la ville. Cependant, pourquoi il semble dégager une telle noirceur ? Quelque chose de sombre émane de cet endroit. Et pourquoi Lexie a dit qu'il fallait rejoindre le dix-neuvième étage alors qu'il n'y en a pas ? Il est encore temps de s'en aller. Nous pourrions encore nous enfuir, mais je veux accomplir ma mission. Il vaut mieux risquer ma vie ici plutôt que d'attendre à la Push que Niklaus vienne pour me tuer.

- Tu crois qu'on nous laissera entrer ? Je demande à mon petit ami, espérant que nous ne ressemblons pas trop à des adolescents, ce que nous sommes en réalité.

Pour lui, ça devrait aller, il a l'air d'avoir vingt ans depuis qu'il a muté et il est d'une beauté à couper le souffle. Personne ne peut lui refuser quoi que ce soit. Espérons juste qu'on ne nous demande pas nos cartes d'identités, Jared fait plus vieux que son âge, mais moi c'est une autre histoire.

- T'inquiètes pas. Souris, fais comme si cette endroit t'appartenait et personne pourra te dire non. C'est comme ça qu'on obtient tout ce qu'on veut dans la vie. Jared souffle au creux de mon oreille avec confiance. Il dépose son bras sur mes épaules, comme il le fait toujours, lorsqu'on se présente en face des portiers et des vigiles qui décident qui est digne d'entrer dans le bar de l'hôtel pour la soirée de ce soir.

L'un d'eux a une expression agressive et les yeux vairons tandis que l'autre a les épaules larges et les cheveux d'un blond doré. Le premier dégage une aura ... Particulière ? Peut être qu'il s'agit d'une créature surnaturelle. Néanmoins, mon attention se concentre sur le second, le jeune homme blond. C'est certainement le dénommé Daniel dont Lexie m'a parlé. Je lui offre un immense sourire.

- Bonsoir. Je le salue en tentant d'imiter la voix aiguë de mon doppelganger.

- Bonsoir ma belle ! C'est qui ce type ? Daniel s'exclame en jetant un regard agacé à Jared.

Ce dernier s'apprête à dire ce qu'il pense avant que je ne lui marche discrètement sur le pied et que je ne retire son bras de mes épaules. Quelle idiote, j'aurais du y penser, si je veux que Daniel me laisse entrer, il faut qu'il pense avoir une chance avec chance avec Lexie, et vu que je suis supposée être Lexie ...

- C'est un ami ! Je suis contente de te voir ce soir. Tu m'as manqué. Je prononce en espérant que je joue bien mon rôle.

- Toi aussi ma belle, ça fait longtemps que je t'avais pas vu dans le coin. T'es copines disaient que tu ne reviendrais jamais. Qu'est-ce que t'as fait à tes cheveux ? T'es toujours aussi canon. Le portier flirte avec moi alors que les personnes qui attendent derrière nous s'impatientent.

- Mes cheveux ? Hum ... J'en avais assez du rose. J'explique maladroitement alors que Jared lève les yeux au ciel face à l'attitude du blond.

- Je vois. Allez, entrez et passez une bonne soirée. Le blond se déplace pour nous laisser passer.

Une fois que nous l'avons dépassé, Jared place sa main au creux de ma taille pour me rapprocher de lui. La première étape est franchie.

- T'étais obligé de faire ça ? Il me reproche lorsqu'on avance dans le hall.

La décoration est sublime, en particulier le gigantesque lustre qui surplombe les lieux, comme un diamant en offrande. Les employés semblent anxieux et les clients se déplacent comme s'ils avaient l'habitude de séjourner dans un lieu pareil, personne ne semble profiter de tant de beauté.

- Désolé, tu ne sais que je ne suis qu'à toi. Je claque un baiser sur sa joue avant qu'on ne s'engouffre dans l'ascenseur.

Les portes se referment et nous regardons les boutons de l'ascenseur. Il n'y a pas de numéro dix-neuf. Je fronce les sourcils et appuie sept fois sur le dernier numéro, le numéro dix-huit. Ainsi, un nouveau bouton apparaît juste à côté. Le numéro dix-neuf. En fin de compte, ce fameux étage existe. J'appuie dessus en lançant un sourire amusé à mon petit copain. C'est un détail mais c'est tout de même de la magie.


Les portes s'ouvrent à nouveau, mais cette fois sur un sombre couloir éclairé par quelques chandelles. Jared avance en premier et je marche timidement derrière lui. Au bout du couloir se trouve une gargouille, et lorsque Jared se trouve face à cette sculpture, une porte jusqu'alors dissimulée s'ouvre enfin pour révéler le lieu de la fête. Une immense salle constituée d'un bar et d'une piste de danse. La pièce est plongée dans un mélange de noirceur et de néons. Je retire mon manteau pour le déposer sur une chaise, à cause de la chaleur persistante. La musique est si forte. Tout le monde danse. Le mélange de ténèbres et de couleurs vives crée une atmosphère irréelle. On pourrait croire qu'il s'agit d'une fête banale mais chaque personne est de manière plus ou moins évidente un être surnaturel. Je repère quelques vampires, en ayant déjà vu plusieurs. Je remarque aussi des sorciers, ils ont la même aura que Lexie et ils sont particulièrement à l'aise, probablement car la dénommée Penelope, qui est à l'origine de la fête, est l'une des leurs.

- Reste près de moi. Prononce sérieusement Jared en me prenant la main, pendant qu'on se déplace difficilement parmi la foule.

Sa peau est si brûlante et son souffle est court, ça doit être un défi pour lui de ne pas se transformer en présence de tant de créatures ennemies comme les vampires. Je me demande pourquoi des créatures vampiriques et des sorcières s'amusent ensemble ... Lexie m'avait pourtant dit qu'ils ne se fréquentaient pas. Un groupe de trois personnes constitué de deux hommes, l'un qui semble être un vampire et l'autre qui a des cornes qui lui sortent du crâne, et d'une femme à la peau bleue s'embrassent et se caressent les uns les autres sur un canapé. Un homme minuscule à la peau verdâtre crache du feu. Une jeune femme danse en obligeant l'homme qui lui fait face à danser avec elle, par la simple force du bout de son doigt. Un garçon qui doit avoir notre âge à une peau qui ressemble à des écailles, comme un alligator ou un dragon. Et une sublime femme avec des ailes composées de plumes se déhanche de manière lascive sur une table, avant de s'envoler de plusieurs mètres. Cette ambiance me galvanise.

- Tu sais rien d'autre sur cette Penelope ?! Jared s'écrie d'une voix forte à cause de la musique. Il semble être moins vulnérable que je peux l'être dans cette atmosphère, certainement parce qu'il est réellement un être surnaturel et donc moins vulnérable à la magie. C'est un loup, pendant que moi, je suis simplement un doppelganger, ce n'est pas comparable.

- Honnêtement non ! Je m'exclame, avant qu'une rousse à la silhouette gracile ne vienne déposer sa main sur mon épaule. Je sursaute et Jared la retire directement.

- Du calme ! Lexie, tu dis pas bonjour à ta bonne copine ? La rousse me claque un baiser sur chaque joue, avant de me fixer, en l'absence de réponse.

- Tu n'es pas Lexie. T'es une version, plus fade, plus banale ... Je me disais bien que même cette dingue aux cheveux roses n'avait pas assez de culot pour revenir ici après ce qu'elle a fait. La rouquine explique avec un sourire inquiétant. Je suis sur le point de lui demander ce que Lexie a bien pu faire, quand Jared s'impose entre nous.

- Ne parle pas à ma copine. À partir de maintenant, tu t'adresses à moi. Seulement à moi. Si tu lui poses encore la main dessus, je te l'arrache sans pitié. On cherche une certaine Penelope. Le grand brun lui ordonne, menaçant.

- Très bien, suivez moi. Elle sera très intéressée par ta petite copine. La jeune femme nous fait signe de la suivre, avec une expression qui inspire tout sauf la confiance.


La jeune femme qui, j'imagine, est une sorcière nous mène dans une pièce exiguë dont la porte était dissimulée derrière un épais rideau de velours d'un bleu sombre. Elle ne reste pas et referme la porte derrière nous. La pièce est calme, cela semble être un bureau décoré avec soin. Le lieu est illuminé par des bougies, les meubles sont taillés dans le marbre et un tapis oriental couvre le sol. Lorsque je relève les yeux, je remarque enfin la personne qui nous observe depuis son fauteuil. Une femme. Ses jambes sont si longues, sa chevelure brune est bouclée et ses yeux sont gris, comme un orage. Elle est vêtue d'une robe en satin argenté et elle doit être dans sa vingtaine. Peut être aussi jeune que quand elle a connu Katherine. Lexie m'a prévenu, les sorcières qui ne vieillissent pas sont celles qui ne respectent pas les règles. Celle ci semble incroyablement puissante. La main de Jared serre fortement la mienne.

- Vous êtes la sorcière Pénélope ? Interroge Jared, avec son manque de subtilité légendaire.

- Effectivement. Toi tu es un loup garou, je connais votre espèce. Et la fille derrière toi, c'est un doppelganger. Le doppelganger de Katherine Pierce mais aussi le double de cette idiote de Lexie.

- Nous sommes venus à la demande de Katherine, elle a besoin de votre aide. Je prononce doucement, face à celle qui est l'amie de mon ancêtre vampire.

En un clin d'œil, elle lance un sort pour nous obliger moi et Jared à nous asseoir sur les sièges. Nous partageons un regard inquiet quand Penelope nous invite à boire les deux verres de vin qu'elle a fait apparaître devant nous. Je me sens comme dépourvue de toute volonté, quand je bois la boisson du bout des lèvres, tout comme Jared.

- Dis m'en plus. Penelope insiste en fronçant les sourcils et son expression s'assombrit.

- Vous vous souvenez du sortilège que vous avez lancé il y a longtemps pour enfermer un homme dans une grotte près de Forks ?

- Évidement que je m'en souviens, tu insinues peut être que j'ai mauvaise mémoire ? Penelope réplique, susceptible.

- Jamais je n'oserais. Jamais. Je veux juste vous expliquer que ce sortilège s'est retourné contre Katherine ... Ce vampire a réussi à s'enfuir, selon elle c'était probablement grâce à une autre sorcière et maintenant c'est elle qui est enfermée dans la grotte depuis des mois. Elle nous a demandé de venir vous voir. Selon elle, vous pourriez tuer ce vampire et donc elle serait libérée de ce sortilège.

- Elle a raison. Je pourrais l'aider. Pauvre Katherine. Murmure Pénélope avec une expression soudainement misérable, avant de se mettre à rire, faiblement. Son rire résonne tandis que, petit à petit, mes paupières se referment.


Du satin rouge. Comme la robe de Penelope. C'est la première matière que je perçois en ouvrant les yeux. Je suis si épuisée. Ce vin devait être empoisonné pour provoquer un tel effet après une simple gorget. Mes doigts glissent sur le satin tandis que je tente de me redresser. Ainsi, je réalise que je me trouve dans un immense lit à baldaquin, dont le tissu de la couverture est glacial. Le lit se situe au centre d'une suite impressionnante. La décoration est digne d'un palais, une immense vitre offre une vue imprenable sur toute la ville, les murs sont couverts d'œuvres d'arts et un feu crépite dans la cheminée.

- Jared ... Je dis à voix haute le prénom de mon petit ami, une main contre mon crâne, ressentant une douleur entêtante.

Jared est avec moi, il se tient debout à l'autre bout de la suite. Qu'est-ce que Pénélope a bien pu nous faire ? D'un geste brusque, il se retrouve assit à mes côtés, sur le lit, en moins d'une seconde. Jared n'est pas aussi rapide d'habitude. J'ai du mal à le regarder, encore à moitié endormie, mais quelque chose me dérange. De nombreux détails. Il n'est plus vêtu d'une chemise noire mais d'un costume trois pièces. Son expression est noble. Il se tient de manière si rigide. Sa peau est dénuée de tout défaut. Il ne dégage aucune chaleur et ses épaules ne bougent pas, comme s'il ne respirait pas. Ses prunelles ont la couleur d'un rubis. Il ressemble exactement à Jared, mais ce n'est pas le garçon que j'aime. C'est un vampire.

- Bonsoir ma chère, je me prénomme Alexander Montgomery. La créature se présente en glissant ses doigts glacées contre ma joue, alors que je n'ai qu'une envie, hurler.

Je tremble et m'éloigne autant que possible de lui. Je me redresse du lit avec maladresse et tente une action ridicule : attraper un chandelier pour me défendre. Il n'y a pas grand chose de dangereux dans cette pièce. Un sourire amusé traverse le visage absolument parfait mais aussi inhumain d'Alexander.

- Qui êtes vous ?! Je lui hurle dessus, lui jetant le lourd chandelier au visage.

- Je crois que je me suis déjà présenté, mademoiselle. Mon nom est Alexander Montgomery. Il répète son prénom en attrapant le chandelier sans aucun effort, jouant avec en le faisant tourner entre ses doigts.

Le vampire se lève à son tour du lit pour avancer dans ma direction à une vitesse folle. Il est maintenant si près. Son visage se penche vers le mien et il renifle l'odeur de la peau de mon cou. Chacun de mes membres tremblent. Ce n'est pas Jared. Ce n'est pas Jared.

- Maintenant, nous avons assez rigolé jeune demoiselle. Vous allez être une gentille fille bien éduquée et vous asseoir sur le sofa, si vous ne ne voulez pas que je vous y oblige.


PDV JARED

J'ignore après combien de temps je me suis réveillé. Tout ce que je sais, c'est que mes yeux se sont ouverts sur les barreaux argentés d'une cage. On m'a enfermé ? Je me redresse péniblement, avec un terrible mal à la tête. La dernière chose dont je me souviens, c'est d'avoir goûté à ce vin sans en avoir envie. Comme si mon corps ne m'obéissait plus. Cette sorcière nous a obligé, moi et Kim, à boire sa boisson ... Kim. Kim. Kim. Où est-ce qu'elle est ? Paniqué, je n'avais pas remarqué la femme qui était de l'autre côté des barreaux. Sa voix me fait me retourner dans sa direction. Penelope.

- Tu as apprécié le vin ? Elle prononce d'un ton impérieux, se délectant de la situation.

- Où est Kim ? Qu'est-ce vous lui avait fait ?! Je m'insurge.

- C'est ma propre fabrication. Il est spécialement conçu pour tuer les loups-garous et il a pour effet sur les humains de les endormir. Étrange que tu te sois réveillé ... Mais heureusement, tu ne pourras pas quitter cette cage en argent, comme toutes les sales bêtes de ton espèce.

Elle croit sincèrement qu'elle a le pouvoir de me garder enfermé ici et de ne pas retrouver Kim ? Je ne peux m'empêcher de ricaner. Je savais que les humains croyaient à de stéréotypes sur les loups, mais je ne pensais pas que les sorcières étaient aussi naïves.


PDV KIM

Le tissu du sofa sur lequel j'étais assise était d'une noirceur sans égale, couvert de motifs de fils d'or. J'ai déposé mon sac à main sur la table. Alexander dit vouloir procéder de manière civilisée. Les lumières sont éteintes et les seules sources de luminosité sont le feu qui crépite dans la cheminée et les couleurs de la ville qui ne dort jamais qu'on aperçoit par la fenêtre. C'est une prison dorée mais toujours une prison. Les prunelles rougeâtres d'Alexander, qui est assit à mes côtés, passent sur mon corps. Il n'a pas cligné des yeux une seule fois. Cet homme est si élégant, avec son costume, son air supérieur, sa ravissante bague portée à un de ses doigts, comme s'il était tout droit sorti d'une autre époque. Nous sommes certainement toujours à l'hôtel. Où est Jared ? Où est Penelope ? J'ai tant de questions sans réponses, mais l'être qui me fait face pourrait me vider de mon sang si mon attitude lui déplaît.

- C'est vous, le vampire qui ... Je commence, tremblotante.

- Le vampire que Katherine voulait que vous trouviez. Il m'interrompt, d'une voix claire.

- Pourquoi ressemblez vous autant à Jared ? J'interroge le double de mon petit ami. Il lui ressemble autant que je ressemble à Katherine, seuls quelques détails causés par le vampirisme sont différents.

- Le garçon qui t'accompagnait s'appelle Jared ? Katherine n'est pas la seule à avoir des descendants. J'ai moi aussi mes propres doppelgangers. Ne t'inquiètes pas, ce garçon est en sécurité. Annonce le vampire.

Cette nouvelle provoque en moi le même effet que la foudre qui déchire le ciel. À l'extérieur, il pleut. Jared est le descendant d'Alexander. Comme je suis la descendante de Katherine ... Ça ne peut pas être une coïncidence. Face à mon expression estomaquée, Alexander s'esclaffe, d'un rire qui n'a rien d'humain. Sa beauté est merveilleuse et cruelle.

- Je sais, ça semble fou. Penelope m'a raconté ce qu'elle sait sur vous. Vous êtes un adorable petit couple composé d'un loup et d'une humaine, vous êtes venus depuis Forks pour sauver Katherine et pour me trouver ... Moi. Pour que vous compreniez, il faut que je commence mon histoire en 1872. Alexander prononce cette date avec une lueur nostalgique dans le regard.

Je fais immédiatement le lien avec la photo de Katherine « Miss Forks 1872 ».

- J'ai moi aussi grandi à Forks. La famille de mon père, les Montgomery, venait d'Angleterre et celle de ma mère venait d'Italie. Nous étions des colons, nous possédions de vastes terres et nous vivions dans une sublime demeure. J'avais un frère aîné nommé Wilfred. Le quotidien était si différent. Même si je ne me considère pas comme un père, une domestique est tombée enceinte de ma progéniture après avoir passé une nuit en ma compagnie. Nous l'avons renvoyé sur le champ et votre petit ami est probablement le descendant de son bâtard. J'ai entendu dire qu'elle était partie vivre près du territoire Quileute. Nous donnions des ordres aux domestiques, nous ne cessions de nous enrichir suite à la guerre de sécession et nous prenions toujours plus de terres aux indiens.

Je ne peux m'empêcher de froncer les sourcils. Ce mot prononcé par ce colonisateur m'agace terriblement.

- Vous voulez dire natifs américains. Je murmure, regrettant tout de suite amèrement d'avoir ouvert la bouche. Je mords ma lèvre inférieure.

- En effet, excusez moi, jolie indienne. Alexander s'excuse avec ironie avant de reprendre la parole.

- L'année 1872, alors que je n'avais que dix-sept ans, une jeune fille accompagnée d'une ribambelle de domestiques est arrivée en ville. Elle s'est présentée à mon père comme une orpheline dont la famille était décédée dans un terrible incendie dans le sud du pays. Elle semblait ne même pas avoir seize ans, elle avait une peau mate sublime, des boucles sombres et un regard de sirène. Alexander prononce, comme plongé dans les souvenirs d'un amour naissant.

- C'était Katherine. Je pense à voix haute alors qu'il hoche la tête.

- En effet. La ravissante et insaisissable Katherine Pierce. Elle a vécu chez nous pendant une année. Mes parents l'adoraient. Vous lui ressemblez trait pour trait. Si belle, si exotique ... Même si vous dissimulez votre noirceur. Alexander se penche dangereusement sur moi, ses lèvres glaciales embrasant mon cou.

Je ferme les paupières et laisse malgré moi échapper un soupir de plaisir. J'ai honte de la lueur de désir qu'il crée en mon corps. Comment fait-il pour avoir autant d'effets sur moi ? J'ouvre de nouveaux les yeux et me crispe quand Alexander passe une main sur ma taille. Je dépose une main sur son torse, dur et dépourvu d'un cœur qui bat, comme un signe pour le repousser. Le vampire s'éloigne avec une expression machiavélique.

- Vous avez raison, nous avons le temps, ma chère ... Quel est votre nom ? Questionne l'homme ténébreux.

- Kim. Je m'appelle Kim. Je bredouille.

- Ravie de faire votre connaissance Kim. Excusez moi pour mon attitude, je suis un gentleman mais voir une version humaine de Katherine, si douce et si vulnérable, est une irrésistible tentation. Dès que je l'ai vu pour la première fois, j'ai su qu'elle marquerait ma vie à jamais. Elle a créé en moi un désir que je n'avais jamais éprouvé auparavant, malgré mon expérience avec les femmes. C'était comme si nous devions nous rencontrer.

J'hoche la tête, compréhensive, comme si son histoire faisait écho à la mienne. C'est aussi ce que j'ai ressenti quand je suis tombée amoureuse de Jared, il y a des années. Je devais le connaître. C'était presque une obsession. Une obsession insensée.

- Malheureusement, je n'étais pas le seul à m'intéresser à votre ancêtre. Wilfred, mon frère, était un de mes rivaux dans la lutte pour obtenir le cœur de Katherine. Je le comprenais, lui et tous les autres gentlemans de la ville. Nous la considérions comme une vulnérable petite orpheline, même si elle était en vérité le prédateur et nous les proies. Elle était pleine de vie, attrayante créative, séductrice ... Mais elle pouvait aussi se montrer impulsive et narcissique. Cette petite obstinée refusait de choisir entre mon frère et moi. Au début, je pense qu'elle nous a voulu tous les deux.

- Vous ne saviez pas que c'était un vampire ? Je lui demande car un vampire ne peut pas passer inaperçu, leur peau brille au soleil, leurs yeux sont rouges, et ils s'alimentent de sang.

- Non. Le soleil est rarement lumineux à Forks. Katherine était discrète et elle aimait jouer à se comporter comme un être humain. Elle dansait, elle riait, elle mangeait chaque soir avec nous à table comme si de rien n'était pour maintenir l'illusion et préserver son secret. Mais surtout, elle avait ceci. Alexander répond en me montrant une bague sertie d'une pierre bleue qu'il porte à son plus petit doigt.

- Cette bague ? Je fronce les sourcils, peu convaincue par l'importance de cet accessoire.

- Une bague créée par Penelope. La sorcière la confectionné pour elle et uniquement pour elle, car elles étaient amies. Cette bague dissimule le vampirisme aux yeux de tous. Grâce à ce bijoux, Katherine pouvait avoir les yeux bruns même si elle buvait du sang humain et sa peau ne brillait pas au soleil.

- Ca ne fonctionne pas pour vous ?

- Non, elle a été fabriquée spécifiquement pour elle. Penelope a promis de bientôt m'en créer une. Alexander sourit en coin en faisant tourner la bague entre ses doigts.

- Qui est-ce que Katherine a finir par choisir entre vous et votre frère ? Je l'interrogeais, curieuse de la suite de l'histoire.

- Bonne question. Elle n'a jamais réellement choisie. Elle nous a manipulé pendant des mois et a réussi à nous convaincre que la situation était parfaitement ordinaire. Il lui arrivait de se montrer odieuse et de nous rejeter tous les deux. Derrière son rire charmeur, elle avait tant de secrets. J'irais même jusqu'à dire qu'elle était paranoïaque. Certains soirs, elle repoussait mon frère pour aller dans ma chambre, et d'autres fois la situation était inversée. J'aime penser qu'elle et moi avions un lien privilégié, car nous sommes tous les deux des doppelgangers. Nos ancêtres devaient s'être aimées dans une vie antérieure.

- Tu penses que les doppelgängers sont attirés l'un par l'autre de manière innée ? Je lui demande, m'interrogeant aussi à ce sujet.

- Évidement. Je ne savais pas que j'étais un doppelganger avant que Katherine ne me l'explique. C'est certainement pour cette raison que vous et votre loup êtes amoureux, parce que vous êtes des doppelgangers. Des doubles de vos ancêtres.

Sa réponse me serre le coeur. Ce que nous partageons, Jared et moi, est plus sincère qu'une histoire d'ancêtres et de destiné.

- Pourquoi avez vous cru Katherine ? Elle aurait pu vous mentir.

- Il est aisé de le comprendre, je l'aimais plus que ma propre vie. Et elle nous avait révélé être un vampire donc je buvais ses paroles, en un sens. Nous mourrions d'envie d'être des vampires aussi. D'être éternellement beaux et puissants, encore plus privilégiés que nous ne l'étions déjà. À l'époque, j'étais persuadé d'être le premier qu'elle avait embrassé, le premier à avoir partager sa couche, le premier à qui elle avait révélé son secret. Maintenant, je ne suis plus sûr de rien. C'était peut être Wilfred. Katherine nous avait monté l'un contre l'autre, nous étions tous les deux fous amoureux de cette femme et ne supportions plus la situation inextricable dans laquelle elle nous avait mise. Nous nous sommes battus en duel et j'ai tué mon propre frère pour Katherine. Au sommet d'une colline, je lui ai tiré dessus et il est mort sur le coup. Alexander achève sa phrase avec une aura sanguinaire dans ses prunelles similaires à des rubis.

Je déglutis. Alexander était déjà un être monstrueux en tant qu'humain, prêt à faire couler le sang de son propre frère pour l'amour d'une jeune fille. Cette dernière alimentait sa monstruosité.

- C'est seulement suite à cela que Katherine m'a finalement transformé en vampire. Après la transformation, j'ai réalisé à quel point elle m'avait manipulé, un être de plus de deux cent ans nous dominait et, il est difficile de l'admettre, mais elle a presque abusé de moi. C'est le point de vue que les gens de votre époque ont sur ce genre de relation. Néanmoins, Katherine était impressionnée par mon geste et évoquait notre avenir ensemble, sans savoir que mon amour pour elle se détériorait de jour en jour. C'est à cette période qu'elle m'a révélé le fait qu'elle était poursuivie par un hybride nommé Niklaus ... Le saviez vous ? S'exclame Alexander, avec une forme de mépris, comme s'il se vantait de me révéler le vrai visage de Katherine.

- Elle m'en a un petit peu parlé. Il est dangereux. Je réponds de manière évasive, détournant le regard.

- Suite à cette révélation, j'ai compris pourquoi elle était si paranoïaque et je me suis dis que je devais saisir cette opportunité. Il fallait que je la dénonce à ce Niklaus, pour être libre.

- Pourquoi vous ne vous êtes pas enfui ? Ou vous auriez pu tuer Katherine ?

- Je ne me suis pas enfui car je voulais qu'elle paye le prix de ses méfaits. Et effectivement, j'aurais pu l'attaquer avec la force inégalée qui est le propre d'un nouveau née vampire car du sang humain circule encore dans nos veines au début et nous renforce. Cependant, l'emprise qu'elle avait sur moi était encore trop puissante et Katherine avait de nombreux alliés. Des vampires qu'elle avait elle même transformée et des sorcières.

- Elle était toute puissante. Je chuchote, imaginant une Katherine libre, à l'extérieur de la grotte, et aussi féroce qu'Alexander me la décrit.

- Exact, donc j'ai simulé mon amour pour elle dans l'unique but de survivre. Je ne sais pas comment mais Katherine a appris mon néfaste projet. Elle ne s'est pas attaquée physiquement à moi car, étant un jeune vampire, j'aurais pu la terrasser. Je pensais que j'étais en sécurité ... Mais j'étais naïf. Katherine m'a fait enfermé dans une grotte grâce à un sortilège de Penelope. Je suis resté enfermé pendant plus d'un siècle. Cent trente trois ans pour être exact. Alexander poursuit son récit, plein d'amertume.

- Comment avez vous survécu si longtemps ? Et comment avez vous fait pour sortir ? Je lui pose mes questions, hardie, me sentant aussi proche de la vérité que je le suis physiquement de lui.

- J'étais comme momifié. Les vampires ne peuvent pas sombrer dans le sommeil, mais j'étais si faible que j'étais dans un constant état entre la conscience et l'inconscience. Ça a été un véritable enfer. Je croyais que c'était mon éternelle destinée, mais Penelope a fini par venir l'été dernier et elle m'a libéré de ce qui a été mon cachot pendant plus d'un siècle. Alexander me révèle, avec ce fameux sourire en coin qui me rappelle celui de Jared.

- Mais pourquoi ? Selon Katherine, elles sont amies, elle pensait même que Penelope allait l'aider à s'échapper de la grotte.

- C'est ce qu'elle croit. Il s'avère que Penelope m'aimait depuis notre rencontre et, grâce à un sortilège, elle a échangé ma place et celle de Katherine. Les siècles passent et Katherine a tendance à surestimer son emprise sur ceux qui l'entourent.

Dit celui qui n'a pas osé la tuer alors qu'il le pouvait, tant il était amoureux et effrayée par elle. En prononçant le prénom de la sorcière, la voix du vampire est imprégnée d'un cruel sarcasme. Il ne l'aime pas en retour, c'est évident.

- C'est pour ça que vous possédez sa bague ? Je demande au sujet du bijou.

- Précisément. J'ai eu le temps de la voir un instant avant d'être enfin libéré de la grotte, quand nos places ont été échangé, je lui ai donc volé son bijou. L'échange de nos corps a été fait sans que la sorcière ne soit physiquement présente, c'est pourquoi Katherine ignorait son implication. Et depuis, je vis ici avec Penelope. Je découvre votre époque, vos mœurs, votre musique, vos véhicules et vos innovations technologiques ... Vos us et coutumes sont d'une différence notable. Murmure Alexander, en jetant un coup d'œil à la vue imprenable par la fenêtre.

Il ne semble pas être à son aise dans ce nouveau monde, car il appartient à une autre époque et n'a pas pu observer l'évolution puisqu'il était enfermé. Cet être me semble condamné au malheur, mais pourquoi je me préoccupe de sa personne alors que je suis celle en position de faiblesse ?

- Voilà mon histoire avec Katherine Pierce. Une romance ravagée par la domination, le mensonge et les intrigues. N'osez pas croire que vous et votre cher Jared n'allez pas connaître le même avenir. Vous êtes destinés à la souffrance, comme tous les doppelgangers qui se rencontrent et tombent amoureux. Alexander achève son récit en reposant son regard ensanglanté dans le mien, apeuré.

- Pourquoi m'avez vous raconté votre histoire ?

- Il fallait bien que vous compreniez ma décision d'enfermer Katherine. Ne croyez vous pas qu'elle mérite de rester des mois dans cette grotte alors que j'y suis resté plus d'un siècle ? Il répond à ma question par une autre question.

- Je ne prétends pas connaître Katherine autant que vous, j'ignore donc ce qu'elle mérite mais en venant à Forks, Niklaus pourrait apprendre mon existence et je ne veux pas connaître le même destin que les autres doubles qu'il a sacrifié par le passé. Ou le destin de Katherine qui vit une éternité solitaire. Je ne suis pas aussi forte. Je tente de lui expliquer mon tourment, car il est possible qu'il voit en moi et Jared une possibilité de rédemption par rapport à ce qu'il a vécu avec Katherine. Dès que j'ai cette idée, je me rends compte que c'est si naïf.

- Katherine n'est pas si forte. C'est juste une salope égoïste et sans cœur. Alexander crache ces mots en contractant la mâchoire.

Il a conscience de l'effroi qu'il fait naître en moi, la peur doit se lire sur mon visage, donc il arbore une expression plus douce en rapprochant encore nos corps. C'est encore pire.

- J'ignore pourquoi, mais Niklaus n'est pas intéressé par les doppelgangers masculins, sinon Katherine n'aurait pas hésité à le prévenir de mon existence pour sauver sa peau. Niklaus ne sacrifie que des femmes. Il doit y avoir quelque chose qui l'excite là dedans ... C'est compréhensible, ne croyez vous pas ? Alexander me susurre à l'oreille.

Il me renverse sur le sofa et se situe au dessus de moi, à califourchon. Son corps est lourd sur le mien. Avec violence, il m'embrasse et essaye de glisser sa langue entre mes lèvres. Ses mains gelées me tripotent en passant sous le tissu de ma robe en dentelle blanche. Je refuse qu'il me touche. Il me dégoûte malgré l'attraction étrange qui existe entre nous et je ne pourrais jamais faire ça à Jared. Les motivations de ce monstre n'ont rien à voir avec l'amour.

- Ne me touchez pas, je refuse, lâchez moi. Je parviens à prononcer contre ses lèvres, tentant de le repousser péniblement.

Il est ridicule de m'imaginer le vaincre physiquement, il est trop puissant et pourrait me briser les os d'un geste de la main. Entre deux baisers désagréables, une de ses dents entre en contact avec ma lèvre inférieure et une goute de sang s'en échappe. Le regard d'Alexander passe du rouge au noir lorsqu'il lèche la goute de sang sur ma bouche. J'ai l'impression de regarder un animal fou. C'est une bête. Il va me tuer. Ces histoires de destinée, d'amour éternel, de trahison, d'ancêtres et de doppelgangers me poussent à me demander si j'ai vraiment vécu un seul jour ? Pourquoi suis-je venue ici ? Je suis venue pour sauver un ancêtre qui ne mérite probablement pas d'être sauvée. J'ai risqué la vie de celui que j'aime. Je ne sais même pas si Jared est en sécurité. Je ne sais même pas s'il est encore en vie. Tout ça c'est la faute de ma curiosité maladive et de mes décisions stupides. Mon cœur bat si fort qu'il pourrait jaillir de ma poitrine.

Ainsi, c'est dans la mort que je vivrais à jamais.


PDV JARED

La pièce dans laquelle Penelope nous a enfermé est d'une blancheur immaculée. Il n'y a rien d'autre à part cette cage et une armoire contenant des ouvrages et un équipement chimique.

- Je vais sûrement te garder en observation ici pour mes précieuses expériences, les loups-garous sont de plus en plus rare. Kim se trouve avec le vampire que vous êtes venus chercher. Alexander ... Le traitre de Katherine mais aussi mon amant. Ne t'inquiètes pas, il m'a promis d'être doux quand il boira le sang de ton adorable amie. Si ce n'est pas déjà fait.

Chacun de mes membres tremblent face au fait Kim est en danger. La simple idée qu'un vampire la touche me donne envie de vomir. Je le tuerais de mes propres mains s'il lui fait du mal. S'il ose lui adresser la parole. Et cette saleté de Penelope. Il y a une immense différence entre les loups-garous et les modificateurs que nous sommes, moi et la meute. La lune a un impact sur les loups-garous et ils sont sensibles à l'argent selon les rumeurs, mais nous sommes des modificateurs. Nous sommes des êtres qui nous transformons en ce dont notre territoire, la réserve, a besoin pour protéger la population. Jusqu'à ce jour, nos ennemies ont toujours été les vampires, donc nous nous sommes toujours transformés en loups. C'est logique, la légende du loup garou vient d'Europe, et notre légende vient d'Amérique. Nous ne pouvons pas être les mêmes créatures. Malheureusement pour cette pauvre Penelope, elle est ignorante et orgueilleuse. Elle fait volte face et s'approche d'une porte sur lequel elle s'apprête à taper un code pour sortir.

- Je reviendrais bientôt, petit loup. Elle prononce avec un mépris manifeste.

Pendant ce temps, j'avance contre les barreaux de la cage et parce que je suis déjà en train de me transformer, je parviens à séparer les barreaux par la force de mes bras. Je mute et Penelope a seulement le temps de me regarder avec une expression horrifiée avant que je ne lui arrache la tête avec ma mâchoire. Son corps démembré tombe sur le sol et sa peau semble vieillir à vue d'oeil... Sa mort a mis fin à son sortilège de jeunesse éternel. Elle redevient ce qu'elle est, un simple être pathétique et misérable, mais je n'en ai que faire, il faut avant tout que je retrouve mon imprégnée et que je la sauve.


PDV KIM

Un jour, je devrais mourir, c'est une fatalité que nous devons tous accepter en tant qu'être humain, notre mortalité, mais ça ne peut pas être aujourd'hui. Je le refuse. Je dois vivre. Je ne peux pas mourir et laisser Jared. Je ne peux pas abandonner maintenant. Je ne peux pas lui faire ça, pas à lui, pas à ma mère et à nos amis. Je dois accomplir cette mission et rentrer chez moi vivante. Cette pensée me traverse alors que je regarde les flammes dans la cheminée qui se consument. Alexander se lève du sofa et s'éloigne. Selon lui, je serais sa mariée pour la nuit, c'est pourquoi il a glissé à mon doigt la bague de Katherine. Il est certain que ça lui demande un effort exceptionnel de retenir sa soif.

- Vous allez vous détendre, ma délicate Kim. J'ai encore du vin que Penelope vous a donné. Ça va vous calmer. Alexander s'exclame d'une voix faussement douce en faisant référence à ce que Penelope a utilisé pour nous droguer. Il fouille dans une immense armoire et semble hésiter entre différentes bouteilles de vin.

C'est ma chance. Je saisis mon petit sac à main pour en sortir le produit offert par Lexie le jour de notre rencontre et je l'avale. Je veux dire, pas exactement, je le conserve dans ma bouche. J'étais terrifiée à l'idée qu'il me brûle de l'intérieur, mais il n'a pas d'effet sur moi. Le produit ne me tue pas mais je compte dessus pour tuer Alexander. Lorsque le vampire se retourne, je suis sagement assise sur le sofa, et lorsqu'il revient s'asseoir à mes côtés, je prends l'initiative de monter sur ses genoux, à califourchon. Alexander semble séduit par mon attitude.

- Gentille fille, décidément le vin sera superflu. Le dessert sera pour plus tard. Il prononce avant de me voler un baiser agressif.

Ses doigts effleurent mon cou, il a pour projet de me vider de mon sang après avoir abusé de moi. Ses lèvres caressent les miennes et sa langue s'enfonce dans ma bouche. Il fronce les sourcils et j'intensifie le baiser pour être sûr que le produit entre en contact avec sa bouche autant que possible. Alexander me repousse fortement et je me retrouve projetée à l'autre bout de la pièce. Mon dos entre violemment en contact avec le verre qui protégeait un tableau et je m'écrase au sol. Les débris translucides couvrent le tapis luxueux de la chambre, comme des larmes. Alexander hurle.

- Ma gorge me brûle ! Qu'avez vous fait ?! Il s'écrie, mais c'est trop tard. Son corps brûle et se consume aussitôt dans les flammes.

Soudain, la porte de la chambre se brise aussi. C'est Jared ! Sous sa forme de loup, il rugit et s'avance droit vers le vampire enflammé pour le jeter par la fenêtre. Le corps d'Alexander traverse la vitre et tombe du dix-neuvième étage de l'hôtel. Jared rugit à nouveau, et lorsqu'il me trouve, je suis assise sur le sol, les mains ensanglantées à cause des débris de verre. Son regard exprime une inquiétude folle et je sens les larmes me monter aux yeux. Je suis soulagée, il est en vie. Mes bras entourent son cou et mon visage se dissimule dans sa fourrure.

- Tout va bien. Nous sommes ensemble maintenant.


L'orage est passé. Quelques heures plus tard, nous déambulons dans les rues de New-York, entre les vendeurs de hot-dog, les taxis, les musiciens, les lumières de Times Square et la profondeur de la nuit. Nous étions trop excités pour rentrer dormir à l'hôtel. J'ai fait le récit de l'histoire d'Alexander à Jared. Il refuse presque de croire qu'il lui ressemblait tant et qu'il s'agissait de son ancêtre. Si seulement il l'avait vu de ses propres yeux. J'atténue volontairement la manière dont Alexander a tenté d'abuser de moi, même si je n'ai rien à me reprocher, pour éviter de faire de la peine à Jared. Il avait déjà l'air écoeuré quand je lui ai expliqué que j'avais empoissonné Alexander en l'embrassant. Et lui, il m'a raconté comment Penelope la enfermé dans une cage en argent et comment il a mis fin à son sortilège d'immortalité. Cette aventure me rappelle les sept péchés capitaux. J'ai retourné contre Alexander sa luxure et Jared a retourné son orgueil contre Pénélope. C'est de cette manière que nous avons vaincus des êtres qui étaient pourtant bien plus puissants que nous le sommes. Jared ralentit doucement et attrape mes mains dans les siennes. J'ai toujours la bague de Katherine à mon doigt. C'est avec consternation qu'il observe les marques laissées par le verre sur mes mains.

- Je vais bien, ça va aller. Je lui souffle avec un sourire qui se veut rassurant.

- Si tu le dis. Il répond calmement, vêtu d'un sweat gris et d'un pantalon noir.

J'ai trouvé des vêtements à Jared en demandant à Daniel, le serviable portier, de m'en fournir avant qu'on ne s'enfuit tous les deux de l'hôtel. Daniel croyait encore que j'étais Lexie et il semble faire tout ce qu'elle lui demande. L'hôtel était dans le plus grand chaos car un homme enflammé est tombé du haut de l'hôtel et le corps d'une femme âgée a été retrouvé. Si les gens savaient la vérité derrière ces événements insensés... Il est préférable pour nous tous qu'ils vivent dans l'ignorance.

- Nous avons réussi. Katherine doit être libre à l'heure qu'il est.

- Super, on a libéré une sangsue. Ironise Jared.

- Il le fallait.

- Mais pendant un moment, j'ai cru que je t'avais perdu, que tu étais morte. L'idée de t'imaginer seule avec ce monstre... Ça m'a rendu fou.

- Tu ne te souviens pas ? Je suis courageuse, belle et brillante. J'utilise les mots qu'il m'a demandé de répéter cet après-midi en riant, le coeur encore battant à tout rompre après cette aventure.

L'adolescent me sourit en retour et embrasse mon front.

- Tu t'es sauvée seule. J'avais tellement peur mais je suis aussi si fière de toi. Tu as vaincu un vampire avant moi et le reste de la meute. Bon travail.

- Peut-être que je ne suis pas la demoiselle en détresse que tu penses. Et tu as tué une sorcière puissante et maléfique âgée de je ne sais combien de siècles. Je suppose que nous formons une bonne équipe. Je le complimente aussi, sincèrement.

- Tu restes ma demoiselle en détresse. Et ouais, je nous ai facilement débarrassé de cette sorcière. Sam et Paul vont crever de jalousie. Jared répond, l'air suffisant.

Mon rire moqueur est interrompu par ses lèvres et un fougueux baiser. Mission accomplie.


NOTES : Ca fait si longtemps. J'espère que la vie vous traite bien. Ces derniers mois, je me suis concentrée sur la traduction et sur d'autres projets, mais cette fanfiction sera terminée à la fois du mois de Mai. Je me le suis promis. L'histoire de Kim est loin d'être terminée et j'ai hâte de vous la raconter. Il nous reste 23 chapitres. Quelqu'un lit encore cette fanfiction ? Si oui, fais moi signe avec un commentaire et je continuerais à poster en français, car je poste en parallèle en anglais. Que penses tu d'Alexander et de la possible libération de Katherine ? Avez vous des questions ? J'ai tentée de montrer la reprise de pouvoir et la prise de confiance en elle et en sa sensualité, en permettant à Kim de vaincre un être malfaisant par un baiser.