Note : Je vous souhaite une bonne année 2024 ! Et j'ai le plaisir de vous offrir un nouveau chapitre qui fait en sorte que nous sommes enfin tombés dans la Partie 2 de cette fanfic ! :D (Bon, vous le saviez déjà, mais je ne vous mentirai pas que je commençais à être un peu fatiguée d'être dans la Partie 1, en fait… xD mais tout était nécessaire pour le dénouement et les événements qui vont suivre). Je vous conseille simplement de vous attacher, car vous allez ressentir beaucoup d'émotions fortes pour cette seconde partie du récit qui deviendra peut-être un peu plus sombre...
Bonne lecture !~~
Tamashi no Moribito
Gardien des Âmes
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Partie 2
Chapitre 28
Ces liens qui unissent les âmes
Tanda n'avait jamais autant peaufiné sa magie que son fils Nao, ni même développer ses capacités spirituelles comme Alika, mais il avait quand même quelques habilités médiumniques qui venaient de façon naturelle chez lui. Il pouvait voir l'ombre de la mort sur le visage des patients, ou même des passants quand il allait au Bas Ougi. Il ne s'était jamais trompé sur le sexe des bébés à naître, et pouvait sentir quand une personne lui mentait – quoique ses enfants avaient souvent réussi à contourner ce petit don de lui, en particulier Alika quand elle n'était encore qu'une fillette. Elle avait une capacité phénoménale à cacher le fond de sa pensée et couvrir ses mauvais tours.
Il pouvait sentir quand une personne était dans les énergies sans même qu'elle n'en parle et comme les animaux, Tanda était en mesure, au premier coup d'œil et grâce à ses ressentis, de sentir si la personne en face de lui portait un masque pour dissimuler sa véritable identité, si elle était une bonne âme et si majoritairement, elle avait eu des vies antérieures paisibles ou troublées qui avaient pu forger sa personnalité actuelle dans cette vie-là.
Quand il avait rencontré pour la première fois en personne Shozen, il en avait tiré de son énergie qu'il était un homme bien, plus mature que les hommes de son âge. Il était d'un très grand calme et ne paniquait jamais quand Alika était en mode « crise de nerfs », au contraire, il semblait être un médiateur et apaisait l'énergie en ébullition de sa fille aînée. Tanda avait vu Balsa changer de comportement en sa présence, comme si elle était obnubilée par lui et naturellement attirée par son énergie.
« Balsa… est-ce que tout va bien ? lui avait-il demandé.
- Hein ?! Oui, bien sûr, pourquoi ?
- … Tu as l'air… intriguée par Shozen. »
Sa femme avait détourné la tête.
« Hum… disons que… Shozen répond à des goûts personnels sur la gente masculine.
- Ne me dis pas que—
- Non, ce n'est pas le coup de foudre. Il appartient à Alika, et je t'aime trop pour ça. C'est juste que son physique me rappelle sans cesse Jiguro, mon mentor, mon père. C'est peut-être pour ça que je suis aussi troublée à la fois fascinée. »
Plus il y pensait, et plus Tanda comprenait ce que Balsa voulait dire. Inconsciemment, quand il regardait la gestuelle de Shozen, sa façon de parler et de s'exprimer calmement, il dégageait la même énergie que Jiguro Musa. La seule exception était qu'il avait plus de paroles, riait et souriait souvent. Il s'amusait souvent à taquiner et niaiser Alika.
Shozen n'avait nullement été intimidé par Torogai quand elle l'avait presque menacé s'il ne prenait pas soin de sa petite-fille qu'elle chérissait par-dessus tout. Tanda en avait été impressionné.
« Je prendrai soin d'elle, quitte à mourir pour elle, se défendit leur invité.
- Wow, tu n'as pas peur des menaces de mon maître, s'impressionna Tanda.
- C'est parce qu'elle me fait penser à un ami de longue date. Je me demande ce que ça donnerait si les deux se rencontraient.
- Il habite à Kanbal ? s'enquit Torogai, soudain intéressée.
- Oui. C'est un Berger.
- Il est dans les énergies ?
- Bien plus que vous ne pouvez le croire, Maître Torogai.
- Hum… c'est intéressant. On se croisera sûrement une fois notre réincarnation terminée, dans ce cas ! Pour l'instant, je ne bouge pas d'ici.
- Maître Torogai n'a jamais aimé voyager en dehors du pays et elle déteste la foule, l'informa Tanda.
- Je comprends. »
Tanda avait analysé son futur gendre au cours de son séjour. Il avait surtout observé ses actions, et non écouter ses dires. Shozen avait gagné un premier gain de confiance quand il avait pris soin d'Alika quand elle s'était saoulée et avait bu pendant le solstice d'été. Il en avait gagné un second et monté dans l'estime de Tanda quand ce dernier vit que les jumeaux adoraient leur invité, ne parlant que de lui et l'idolâtrant comme la figure guerrière masculine qu'ils n'avaient jamais eue. Shozen prenait soin des petits frères et sœur d'Alika comme s'ils étaient les siens et dégageait une énergie paternelle, protectrice.
Alika et lui avaient parlé d'un futur mariage dans quelques années, et même si sa fille aînée n'était jamais revenue sur le sujet, ce fut Shozen qui y revint en s'adressant à ses beaux-parents, en privé quand sa douce était de sortie avec Lany et Motoko.
« Je voudrais demander la main de votre fille ainsi que votre accord et bénédiction, dit-il, assit à la table avec eux.
- Tu n'as pas besoin de faire une demande aussi formelle, Shozen, rétorqua Balsa, non-habituée à ce genre de cérémonie.
- Je sais… mais en tant que futur Lancier du Roi, en tant que relève, on m'a élevé ainsi. Je sais qu'Alika, même sous ses airs de brutes, a encore un équilibre précaire et que vous ne laisseriez personnes lui faire plus de mal qu'elle a subi, mais… c'est ma forme de respect pour elle, pour sa famille et pour vous. »
Il leur parla alors de ses démarches, quand il avait commencé à éprouver une attirance hors du commun pour Alika, à la façon dont il s'y était pris pour la courtiser et gagner sa confiance. Le chemin avait été long et ardu, mais il s'était armé d'une patience légendaire et leur dévoila que si leur fille aînée se collait un peu plus à lui et s'ouvrait, ce n'était que tout récemment.
« Ça ne va faire qu'un an que nous sommes officiellement un couple, et deux ans que l'on se courtise – surtout moi - et même si ça peut paraître précipité, je sais que je veux la marier et faire d'elle ma femme, mon égale. Je ne veux pas la voir être cloîtrée à la maison comme une femme au foyer, car ce n'est pas sa place et jamais je ne la forcerai à rester entre quatre pans de mur et faire la décoration dans ma demeure. »
Tanda hocha doucement la tête avec son gentil sourire habituel.
« Même si tu essayais, Alika te filerait entre les doigts comme de l'eau, rit-il. Je connais ma fille assez bien pour savoir que même si on la force, elle trouvera toujours un moyen de contourner les règles à sa propre manière.
- À qui le dis-tu ? s'esclaffa Shozen. Pour avoir renversé les traditions Kanbalese qui reposent sur le fait que seuls les hommes sont considérés comme des guerriers, elle a assez de pouvoir en elle pour en influencer son monde extérieur. Ceci dit…, fit-il en marquant une pause, quand Motoko nous a exposé son plan pour les vacances, elle a parlé de ce fameux festival Hanma.
- Tu comptes la marier à cet événement ? demanda Balsa.
- Non. Mais je sais qu'à Kanbal, il existe une étape qui précède les fiançailles. Elle n'est que facultative, mais je pense que dans notre cas à Alika et moi, ce serait idéal. Il s'agit d'une promesse, qui est scellée par un jonc que l'on offre à celle ou celui que l'on aime : une bague de promesse. Je ne connais pas les bijouteries au Nouvel Empire de Yogo, mais… en dehors de cet objet, j'aimerai déclarer mon amour et mes intentions à votre fille. Devant votre famille, pendant le festival Hanma.
- Alika va être toute gênée et aura sûrement envie de fuir, s'amusa-t-elle. Elle est un peu comme moi à ce niveau. Nous détestons être le centre de l'attention.
- Je sais, mais je veux avoir des témoins.
- Hé bien, je pourrai t'aider à répéter le texte que tu lui auras écris, offrit Tanda. Et pendant notre voyage à Sangal, nous pourrions aller visiter les bijouteries à cet endroit, juste toi et moi… il y a des magasins bons marchés. Les bagues ne sont pas en or cependant, mais en argent ou en fer. Comme la bague de promesse semble être facultative, jusqu'aux fiançailles, je crois que ça respecterait ton budget.
- Connaissez-vous la taille des doigts de votre fille ? »
Balsa se tourna vers Tanda, un regard surprit. Les doigts n'étaient pas ce qu'elle observait le plus chez ses enfants et Alika n'avait jamais porté de bague aux doigts.
« Alika a retenu de mes mains, déclara Tanda. Je l'ai toujours remarqué… »
Il tira sur son jonc de mariage et Balsa l'imita avec le sien. Shozen regarda leurs dimensions d'un œil perçant et attentif.
« Hum, pensa-t-il, je pense que je vais faire une moyenne des deux. Il est toujours préférable que le jonc soit plus grand que le doigt et il est plus simple de le rapetisser.
- Sinon, je ferai appel aux esprits, annonça Tanda comme si ce sujet était le plus normal qui soit. Ou tu pourrais regarder attentivement ses doigts pendant la nuit… »
Une idée de génie passa à l'esprit de Shozen alors qu'il approuvait l'idée de Tanda. La discussion prit fin : il avait l'accord et la bénédiction de ses beaux-parents.
Alors qu'Alika était bien endormie, il sortit une petite ficelle et l'entoura autour de l'annulaire de sa douce pour marquer la circonférence et avoir une mesure des plus précise. Les journées suivantes, quand elle n'était pas dans les parages, Shozen rédigea son texte, le peaufina et le répéta, dans la forêt, devant Tanda qui était assit sur une bûche. Tanda était un romantique dans l'âme, alors forcément, il était de tout cœur avec lui pour ses répétitions.
« Admettons que je suis Alika, s'amusa-t-il. Montre-moi ton côté poète et romantique. »
Son beau-fils s'éclaircit la gorge.
« Avec cette bague de promesse, je promets que peu importe ce que la vie nous réserve… oups. J'ai oublié de citer notre Dieu Yoram…
- On recommence ! s'amusa Tanda.
- Et si Alika m'arrêtait dans mes gestes ?
- Hum… quelles paroles pourrait-elle dire ?
- Quelque chose dans le genre "on avait dit que l'on ne se mariait pas au festival Hanma".
- Alors tu lui donnes raisons, mais tu répliques. Tu pourrais lui dire que tu le sais, mais que ceci est une promesse et que ce festival était l'occasion de rêves pour lui faire. »
Ils pratiquaient le texte cinq, parfois jusqu'à dix fois par jour. Les répétitions étaient toujours amusantes, et de temps en temps, Tanda se surprenait à être ému par la puissance des mots que Shozen employait.
Pendant leur voyage à Sangal, lorsqu'Alika démontrait une certaine fatigue et ne voulait pas sortir sur la plage ou faire des emplettes, Tanda attira Shozen dans l'une des boutiques qu'il avait ciblé pendant leurs nombreuses escapades. Son beau-fils cherchait les bagues en argent qui étaient délicates, par contre, il n'avait pas de formes en particulier en tête. Elles pourraient tout aussi bien être en forme de fleurs, d'ailes ou être torsadées et simples. La recherche fut longue comme ils passaient au peigne fin les boutiques à bon prix, mais en suivant son intuition, Shozen sentit qu'un jonc en particulier l'interpellait. Quand il la montra à Tanda, ce dernier hocha la tête.
« Elle lui ressemble, murmura Tanda. C'est sa couleur et Grand-Mère Torogai a toujours été habituée de l'appeler "petite fleur". »
Shozen ressortit sa ficelle et plaça la bague bien à vue sur le comptoir pour pas que le vendeur croit qu'ils la voleraient, démontrant ainsi son honnêteté. La taille était parfaite… enfin, légèrement plus grande, mais il la prendrait. Il interpella le joaillier qui les observait d'un fin œil, lui demandant s'il parlait un peu Rotan ou Yogoese. Heureusement, il connaissait un peu plus le Yogoese.
« Ce sera celle-ci, annonça fièrement Shozen.
- Elles sont à 50% de rabais, dit-il avec un sourire.
- C'est vrai ?!
- Oui. Joli choix. »
Quand il reçut le prix, Shozen avait l'impression que c'était une blague. Le prix était tellement abordable que ça ne paraîtrait presque pas dans son budget de vacances. Tanda l'aida à trouver une belle petite boîte en bois pour y glisser le jonc de cette promesse.
« Il ne manque plus qu'à te trouver une alliance de promesse, indiqua son beau-père.
- Oui, mais ce sera sûrement au Nouvel Empire de Yogo que je la trouverai. Motoko a l'intention de me faire visiter les forges au Kosenkyo, bien que je connaisse déjà l'endroit pour y avoir été de temps en temps avec mes amis et collègues.
- Aimerais-tu que je t'accompagne pour cette fois-là aussi ?
- Bien sûr, avec plaisir. »
Sur le chemin vers l'auberge, encore une fois, il pratiqua son texte qui lui venait de plus en plus naturellement. Tanda repartit au Nouvel Empire de Yogo avec les jumeaux, mais Balsa avait eu des échos de son mari concernant les avancements de Shozen, sur les bagues de promesse.
« Pas besoin de dénicher l'or ni l'argent, annonça-t-il. Je voudrais mon jonc en fer.
- En fer ? se surprit Balsa.
- Oui. Il sera plus lourd, mais je pourrais aussi le garder pendant mes entraînements, sans avoir peur de le briser.
- Alors pour les bijoux en fer forgés, je connais assez bien les places pour éviter d'être escroqué. Tanda n'a pas développé ce côté, mais moi oui. Si jamais tu ne trouves pas ton pesant d'or, alors le dernier recours que je proposerai serait mon forgeron habituel. Motoko dit souvent qu'il est mon forgeron privé comme nous ne faisons affaire qu'à lui concernant nos lances, mais… je le connais assez bien pour savoir qu'il ne nous demanderait pas un bras ni une jambe pour. »
De retour à la maison, Motoko n'avait jamais oublié son plan de visite et ils allèrent visiter les forges. Lany plaisantait très souvent que Shozen ferait forger des bagues à cet endroit, qui seraient sûrement plus belles qu'à Kanbal, ayant une idée de grandeur et de beauté légèrement démesurée pour tout ce qui avait trait au Nouvel Empire de Yogo. Tanda, Balsa et Shozen durent réprimer un sourire, car… elle n'avait pas tort.
Encore une fois, très responsable au niveau de ses dépenses, Shozen ne fit que regarder au travers les vitrines et ne s'attardait jamais longtemps. Une bague attirait son attention en particulier, mais il préféra revenir seul aux forges afin que personne ne se doute de son plan. Néanmoins, Balsa se renseigna pour savoir s'il fallait qu'elle passe une commande spécifique à Kintaro, le petit-fils du forgeron, pour être sûre d'avoir son jonc avant la fin de son séjour.
« Non, je pense l'avoir trouvée, fit-il avec un sourire. Est-ce que cette boutique est fiable ?
- Oui, je peux garantir que tu ne te feras pas escroquer.
- Parfait. Je reviendrai ici seul.
- Tu en es sûr ?
- J'ai quand même un bon sens d'orientation. Je saurai reprendre le chemin du retour. »
Quelques jours plus tard, Shozen se retrouva à tenir une petite boîte en bois de cerisier dans lequel son jonc, qui avait été ajusté après l'avoir payé, reposait à l'intérieur. Il avait aussi un cadeau pour Balsa et un autre pour Tanda. Quand il les retrouva au refuge, il ne se gêna pas pour leur offrir devant les yeux de leurs enfants.
« Ce n'est pourtant pas notre anniversaire, s'émut Tanda.
- C'est pour vous remerciez de nous avoir si bien hébergés lors de notre séjour, expliqua-t-il. Et pour tous les coups de main que vous m'avez donnés. »
Il fit un clin d'œil. Le couple marié comprit alors que Shozen faisait références aux bagues de promesse, leur bénédiction ainsi que les pratiques de son texte. Balsa découvrit un joli poignard pour la chasse, tandis que Tanda découvrit un merveilleux couteau de cuisine qui pouvait trancher les aliments en de fines tranche, minces comme du papier. Lany arqua un sourcil.
« Ça va, Shozen ? On aurait dit que tu as eu l'idée d'armer Maman Balsa et Papa Tanda en artillerie…
- Je suis du même avis que ma disciple, affirma Alika.
- Mais vous imaginez tous les bons plats que je vais pouvoir cuisiner ?! s'égaya Tanda. Ainsi que toutes les belles proies que Balsa pourra rapporter après la chasse grâce à son poignard ? En plus, mes couteaux commençaient à devenir émoussés et coupaient moins bien malgré les nombreux aiguisages. Merci, Shozen !
- De rien ! »
Alika rampa sur le plancher et alla s'accoter contre son petit-ami.
« Est-ce que tu serais en train de t'attirer les bonnes grâces de ma famille, par hasard ? questionna-t-elle.
- Un petit cadeau de temps en temps ça fait plaisir, non ? Hé puis, je ne me souvenais pas d'avoir offert un cadeau d'hôte pour tes parents quand Lany et moi sommes arrivés en début d'été.
- Oh ! je me sens vraiment impolie de ne pas avoir eu de cadeaux ! bouda Lany.
- Ta présence en elle-même est un cadeau en soi, la réconforta Tanda. Après tout, tu es presque notre fille adoptive maintenant. »
Motoko sourit et prit Lany dans ses bras.
La demande de promesse avait été comme dans un rêve et exactement comme Shozen l'avait planifié. Et quand il s'était mis à douter avant le grand jour, il y avait toujours eu Tanda qui était là pour l'épauler et le réconforter comme quoi il faisait bien ça.
Alors que son futur gendre avait fait sa demande, Tanda leva les yeux et vit une étoile filante. Il pensa alors à une phrase Yakue qu'il avait déjà entendu par ses grands-parents.
Aux étoiles qui perçoivent les vœux et aux rêves qui prennent vies.
« Puisse leur amour briller de mille feux pendant encore longtemps, murmura-t-il à l'oreille de Balsa. »
Balsa leva son regard vers lui et sourit. Elle prit sa main et la serra.
Chagum avait donné à Shuga quelques journées de congé pour qu'il puisse profiter de sa petite famille. Depuis un moment, il parlait très souvent de pêche et sentait le besoin urgent d'apprendre à sa fille Nhiva comment pêcher. Chagum étant un bon Mikado, lui avait donc permis de s'absenter, décrocher du travail et passer du bon temps.
La ligne du temps continuait toujours d'avancer. Il avait marié la princesse Saruna en tant qu'alliance avec le royaume de Sangal, et avait récemment épousé une des héritières des quatre grandes familles nobles, de la famille Tosuku, connut sous le nom de Kaliessa. Cette dernière était douce, amicale et adorait faire du social. Elle n'était en rien capricieuse et ses yeux, d'un bleu éclaté, irradiait d'une joie de vivre déconcertante. Ses cheveux étaient blond d'or, ondulés et longs et elle possédait un teint pâle.
Contrairement à son père défunt qui tenait toutes ses femmes dans des palais séparés, accentuant leur compétition quant à être la première à donner naissance à des héritiers mâles, Chagum avait osé chambouler les traditions Yogoese de son palais, vieilles de deux cents ans. Lors de la reconstruction de son domaine et des cours de la haute noblesse, il avait décidé de fusionner les trois palais des Impératrices en un seul bloc, relié au Palais Impérial. Il dormait alors avec ses deux femmes dans le même lit et il faisait en sorte qu'elles soient des confidentes et des meilleures amies, et non pas des rivales qui se détestaient comme sa mère Nokomi, avec ses deux autres belles-mères, la Première Impératrice Riano, et la Troisième Impératrice Imarune. Ces deux dernières étaient considérées comme retraitées et elles n'avaient pas le droit d'en vouloir aux femmes de leur nouveau Mikado de prendre leurs places qui étaient, en soi, légitimes de droits.
Chagum ne voulait en rien être comme son père, que ce soit par agissements, par décisions et par mentalité. C'est pour ça qu'il avait changé les règles de base dans son royaume et désirait le plus la paix et une ambiance paisible. Tugum, le petit frère de Chagum et le dernier héritier mâle, né d'Imarune, ne succéderait au Trône que si son grand frère décédait. Quant aux demi-sœurs de Chagum, en dehors de sa petite sœur Aozora âgée de dix ans et née de la même mère que lui, elles avaient toutes quitté le Nouvel Empire de Yogo afin d'être fiancées et mariées aux autres princes des pays voisins comme alliance, ou à un duc.
Il soupira et frotta le bout de sa cicatrice sur le côté droit de son visage. Elle s'étendait du milieu de son front jusqu'au coin de son œil droit. Par chance, la lame de l'espion Talsh n'avait pas touché sa vue. C'était survenu pendant la guerre, cinq ans auparavant, quand Chagum avait essayé de trouver des forces et alliés dans ses pays voisins, alliances, tentatives qui à l'époque, avaient toutes échouées. Il avait par pur hasard croiser Balsa qui cherchait Alika, sa petite sœur de cœur, et avec son aide à combattre l'espion et assassin, et ils s'en étaient tirés d'affaire avec Jin.
Des pas résonnèrent dans le couloir et la porte s'ouvrit sur sa première épouse, Saruna, qui tenait par la main, leur première fille aînée, la Princesse Olenya, en compagnie de deux servantes. Chagum sourit en les voyant et se leva de son bureau.
« Que me vaut cette visite imprévue ? s'amusa-t-il alors que sa fille courait vers lui.
- J'étais libre, et je m'ennuyais un peu, répondit Saruna. »
Pour l'instant, aucun bébé de sexe masculin n'avait vu le jour, bien que sa seconde épouse Kaliessa était enceinte et allait accoucher dans deux mois. Mais le Mikado actuel n'était pas certain s'il avait envie d'imposer les titres de Première Impératrice et de Deuxième Impératrice à ses âmes sœurs si un prince voyait le jour. Il trouvait ces termes dénigrants. Seulement les considérer comme ses épouses lui plaisaient bien. Il plongea ses yeux dans ceux de sa fille : de grands yeux bruns étincelants. Les yeux bruns lui faisaient constamment penser à ceux de Balsa, Tanda et Alika. Saruna était une femme intelligente. Elle comprenait bien la politique et avait été une alliée formidable, dans les années précédant la guerre.
Elle avait naturellement une peau dorée (qui avait pâli avec le peu de soleil que le Nouvel Empire de Yogo possédait contrairement à Sangal) et de grands yeux marrons. Ses expressions faciales étaient un peu sévères, mais cela avait pour effet de toujours faire ressortir ses émotions clairement sur son visage. Beaucoup d'hommes dans son pays d'origine avait désiré l'avoir comme épouse, mais ceux qui souhaitaient se marier avec la famille royale de Sangal devaient être soigneusement préparés à une expérience de force. Si les hommes de la famille royale avaient dans leurs bras assez de force pour écraser un royaume, les femmes possédaient une perspicacité capable de toucher le cœur de n'importe quel complot. Leurs pouvoirs de perception étaient formidables. Mais Saruna s'était éprise de Chagum, ayant échangé plusieurs lettres avec des codes secrets bien à eux – à l'intérieur des tubes de bambous qui contenaient les parchemins, elle avait toujours glissé un petit coquillage - et quand elle avait été demandée en mariage par le Mikado lui-même, elle avait accepté en demandant que tous ses droits lui resteraient et qu'elle ne serait pas mise de côté pendant les réunions politiques. Elle participerait et sa voix aurait du poids et de l'influence. Chagum avait accepté, ayant trop besoin d'appuie dans les affaires politiques.
« Nous allions nous promener dans les jardins. La Princesse Olenya désirait se balancer un peu.
- Alors je vous souhaite de bien vous amuser. »
Il les regarda partir, attendrit. Avant de côtoyer Balsa, Chagum n'avait jamais su ce qu'était vraiment une balançoire, pas plus de ce que c'était de monter sur le dos d'une personne. C'était inconcevable pour son père, l'ancien Mikado, d'imaginer ses enfants courir, se rouler et se salir dans la terre et faire une quelconque activité qui se reprochait des habitudes roturières. Mais Alika lui avait enseigné et montré l'innocence que les enfants avaient naturellement en soi, surtout les roturiers, libres de nature et de toutes obligations. Quand Chagum avait habité avec la famille de Balsa, lui et sa petite sœur de cœur s'étaient balancés pendant des heures dans la forêt et même au terrain de jeux au Bas Ougi. Et il s'était promis qu'il apporterait cette activité amusante au palais. Parfois, il surprenait même ses serviteurs – Ruin en particulier – s'amuser ensemble pendant leurs pauses, et même les hunters.
Il retourna s'asseoir à son bureau pour signer des documents et apposer sa signature sur les papiers parchemins à l'aide d'une étampe.
« Votre Majesté, Mikado Chagum, résonna une voix grave et rauque qui fit sursauter Chagum sur son coussin.
- Hiik ! »
Il se retourna vers la silhouette de Jin (Taiga), qui était caché entre le rideau et une porte secrète qui donnait sur l'extérieur, dans le jardin.
« Pardonnez-moi, s'excusa Jin en s'inclinant. Je ne voulais pas vous effrayer.
- Non, tout va bien, Jin. Qu'est-ce qui se passe ?
- Disons que j'apportais les lettres de la famille de Balsa, la lancière, et Tanda l'apothicaire, que Tohya-San a emmagasiné depuis la dernière tournée. »
Le visage du Mikado s'illumina quand il entendit les noms et il reçut les trois lettres. Jin quitta la pièce pour le laisser lire en toute l'intimité. Chagum déchira le sceau pour en avoir l'accès et les lit avec avidité. Tanda lui parlait à propos de son entreprise, ainsi que sa famille tandis que Balsa le faisait voyager à travers ses récits de garde et ses aventures. La troisième lettre, par contre, le surprit et fut sa préférée : elle venait d'Alika elle-même. Il avait reçu quelques-unes de ses nouvelles via Balsa, mais jamais par la principale concernée.
En la dépliant, une petite chèvre en origami ainsi qu'un nahji en tombèrent. Chagum sourit en serrant les petites créations dans ses mains.
« Bonjour Niisan,
Je n'ai pas pour habitude d'écrire des lettres, mais j'ai trouvé que cet été, c'était le moment idéal pour faire un premier pas. Mes parents ont dû te parler de moi parmi les nombreuses lettres qu'ils t'ont envoyées, mais c'est toujours mieux si c'est la personne concernée qui les donne, n'est-ce pas ? Je reprends du mieux, je me sens à ma place à Kanbal et mes amis sont super. J'ai même un nouvel amoureux : Shozen Yonsa. C'est un des apprentis d'un Lancier du Roi. J'ai aussi une disciple à qui j'enseigne mon savoir : Lany Muto. Je suis certaine que vous vous entendriez à merveille, si la vie vous permet de vous rencontrer. De mon côté, je suis officiellement une lancière au service de notre reine et je cherchais à lui offrir un cadeau…
Je sais qu'évoquer l'empire Talsh est un sujet très délicat entre toi et moi, mais j'ai besoin de ton aide pour remplacer un collier Talsh qui lui ait été offert pour un autre ayant la même valeur – si ce n'est plus. Mais n'étant pas de sang royal, ce bijou n'est pas à ma portée… alors après maintes réflexions, j'ai décidé de te demander de l'aide. Je repars à Kanbal à la fin de la saison estivale, donc, il me le faudrait le plus vite possible, et ce, de façon très discrète.
Il pourrait également être le symbole d'une future union entre nos deux royaumes, car oui, j'ai lancé l'idée à notre reine de fiancer la Princesse Aozora et le Prince Loesan ensembles comme ils sont presque du même âge. Comme tu me connais déjà et qu'elle – je l'espère – se souvient de moi, elle sera déjà entre bonnes mains. Je te laisse le temps d'y penser, j'attendrai ta réponse avec impatience.
Je t'embrasse et te serre très fort contre mon cœur.
Alika-Chan xxx »
Seul dans son bureau, Chagum garda la lettre contre lui, regardant dans le vide, perdu dans ses pensées et savourant la dopamine que ces mots lui offraient. Pour son simple plaisir, il la relit plusieurs fois, réfléchissant ainsi à ses propositions, à sa propre réponse et les enjeux qui découlaient de la demande. Pour la famille de Balsa et Tanda, Chagum était prêt à faire n'importe quoi pour leur bonheur. Il aimait aussi sa petite sœur Aozora et désirait sa sécurité en tout premier lieu. Il savait que quand elle saignera pour la première fois, elle sera envoyée dans le pays de son fiancé pour y être mariée. Il voulait la savoir être bien traitée, et ne pas la retrouver en train de dépérir au point qu'elle en développe une rancœur intense contre lui pour l'avoir « abandonnée ».
Le fait qu'Alika redevienne proche d'Aozora et lui serve de point de repère si elle avait le mal du pays lui plaisait énormément. Le soir-même, il demanda à quelques-uns de ses hunters qui étaient à son service de l'accompagner dans une pièce tenue secrète que même les serviteurs ne connaissaient pas. Mon, Hyoku (Suyou), Sune (Akira) et bien sûr Jin, avaient été choisi pour cette tâche. La chambre forte royale était l'endroit où toute la richesse de la famille impériale reposait depuis la fondation du Nouvel Empire de Yogo, et tout ce qui avait pu être sauvé avant l'inondation.
« Alors notre tâche est de surveiller les environs et trouver un beau collier digne d'une reine ? demanda Sune pour être sûr de leur mission.
- Oui, confirma Chagum.
- Je surveillerai l'entrée de la chambre forte, fit Mon.
- A-t-elle demandé une forme en particulier ou une taille ? continua de se renseigner Sune.
- Non. Simplement qu'elle voulait un collier qui remplacerait celui de sa reine, reprit leur Mikado. Mais qu'il soit de la même valeur, sinon, plus que celui Talsh.
- Donc, beaucoup d'or ? hasarda Hyoku, alors qu'il avait encore ses oreilles de chats et sa queue (le sort lancé par Torogai était encore actif).
- Pas nécessairement, le reprit Sune. Parfois, les plus beaux bijoux possèdent de l'or dans leurs matériaux, mais ce sont les détails comme la gravure, l'incrustation de pierres précieuses et la brillance qui augmentent sa qualité. Dans tous les cas, les bijoux ici sont majoritairement gravés du sceau impérial qui prouvent leur légitimité. »
Chagum n'aurait pas dû être aussi impressionné par la composition des bijoux, mais à entendre parler Sune, il savait déjà qu'il faisait affaire avec un expert en la matière. Ils regardèrent alors tous les colliers : fin, massif, simple, complexe, garnis, perlé. Hyoku soupira quand une cinquantaine de colliers avaient été mis de côté, ne correspondant pas à la demande d'Alika.
« Urgh, grogna-t-il. Alika n'aurait-elle pas mieux fait d'être plus précise ?!
- Mademoiselle Alika n'est pas le genre de femme à étaler ses décisions et ce qu'elle pense au grand public, la défendit doucement Jin.
- Nous finirons bien par trouver, déclara Chagum.
- Je pense que l'on devrait penser comme Alika, en fait.
- Que veux-tu dire par là ? s'exclama Hyoku.
- Car elle a toujours dit qu'elle se fiait à son intuition… donc si on se fie à notre intuition, peut-être arriverons-nous à trouver le collier parfait.
- Mais tout est une question de goût également, intervint Sune. Ce qui me plaît pourrait ne pas plaire à une reine, et vice-versa. Il ne faut pas oublier que l'on s'adresse à une personne du même rang que notre Mikado et qu'elle a été élevée entourée d'or et de richesse. Si elle avait été une roturière, n'importe quel collier ici aurait suffi pour sa valeur, mais… ce n'est pas le cas. Continuons nos recherches. »
Ils passèrent encore une cinquantaine de colliers jusqu'à ce que Chagum mette la main sur l'un d'eux. Le bijou était composé de sept breloques en forme d'éventails, séparé par des breloques rondes. Le septième éventail qui faisait office de pendentif était un peu plus gros et sur sa pointe était rattaché un diamant en forme de goutte d'eau. Chaque motif gravé sur chaque éventail évoquait une partie de l'histoire de la fondation de l'ancien palais impérial. Tandis que sur chaque breloque ronde, les animaux les plus emblématique du royaume tels que les nahji, les ours bruns, les loups et les buyos (une sorte de poisson volant qui sortait de l'eau pour se nourrir d'insectes) y avaient été gravés. Chagum regarda au niveau de l'attache pour voir si l'anneau et l'hameçon étaient encore en bon état et surtout fonctionnels et vit effectivement l'étampe gravée qui indiquait son authenticité.
« Nous l'avons trouvé, s'exclama-t-il. »
Il leva le bras pour le montrer aux hunters. Sune acquiesça.
« Savez-vous quelle sorte de bijou vous avez trouvé, Votre Majesté ? questionna Sune.
- Hum, non pas vraiment. Je trouve simplement qu'il représente bien notre royaume, avec les éventails et je pense sincèrement qu'il sera porteur de nos bonnes intentions envers notre pays voisin.
- Donc vous auriez pu fouiller la chambre vous-mêmes et l'aurez trouvé sans aide, sortit Hyoku. »
Jin le foudroya du regard. Avant le règne de Chagum, un tel commentaire téméraire aurait été perçu comme une offense grave envers Sa Majesté et Hyoku aurait sévèrement été puni pour son manque de délicatesse et de tact. Mais avec Chagum, c'était en tout point différent : il riait et plaisantait souvent avec eux. Comme à ce moment-là.
« C'est toujours plus amusant d'avoir des amis avec qui faire la conversation quand on recherche de quoi, dit-il enfin. Et plus il y a d'yeux, mieux on peut trouver quelque chose. Quelle est la sorte de bijou, Sune ? »
Sune prit le collier dans ses mains et l'observa minutieusement.
« Il s'agit d'un bijou de type shakudo, un alliage de cuivre contenant typiquement un petit pourcentage d'or dans sa composition. Parfois, de petites quantités d'autres métaux sont ajoutés. Il est souvent martelé et incrusté d'or ou de cuivre pour obtenir des motifs très contrastés. »
Il retourna l'objet entre ses fins doigts.
« Les particules d'or reflètent la lumière dans toutes les directions et font baisser la luminosité apparente. La lumière passant à travers l'or devient bleue, alors imperméable aux longueurs d'onde autres que le bleu, et celle réfléchie par l'oxyde de cuivre devient rousse, de sorte à former cette couleur caractéristique cuivrée, noire et pourprée. L'artiste adapte la composition de l'alliage et celle du rokushō pour obtenir la couleur souhaitée.
- Alors il est parfait pour la reine de Kanbal ! Désirez-vous rapporter quelque chose pour vos familles quitte à être ici ? »
Tous les trois hochèrent non de la tête. La chambre forte se referma derrière eux et Chagum remercia son équipe avant de retourner à ses occupations. Il trouva une belle boîte en bois et y déposa le collier sur un coussin de velours bleu foncé. Il appela une de ses servantes pour qu'elle polisse et nettoie le collier afin qu'il puisse briller de mille feux.
Tout d'abord, il écrirait une lettre à Alika pour lui répondre et lui dire qu'il accédait à sa demande pour le bijou, mais que concernant la possible union entre Aozora et Loesan, elle n'avait pas à faire plus de démarches; il se chargerait de tout ça et enverrait une lettre – ou à la limite une délégation au roi de Kanbal pour créer ces futures fiançailles. Il allait aussi en parler à Aozora pour avoir son accord, ce qui n'allait pas être facile comme il permettait aux femmes de sa cours d'avoir une voix, ce que son père n'avait jamais daigné faire. Mais maintenant que c'était son règne, son palais et son royaume, Chagum entendait bien entamer une révolution et faire de cette société un monde des plus égalitaire qui ne réduisait pas les femmes à être seulement mère au foyer ou inférieure aux hommes.
Trois jours s'écoulèrent avant qu'il ne trouve la force de rédiger enfin son message. Il prit un papier parchemin et écrivit un premier brouillon, lequel termina froisser et dans la corbeille. Il fit un second essaie qui essuya le même résultat que le premier. Ce n'est qu'à la troisième tentative que l'inspiration commença à couler en lui.
« Alika,
ma super petite imouto de cœur.
Je suis si content de recevoir de tes nouvelles et je te souhaite que le plus merveilleux des bonheurs qui puisse exister, autant avec Lany que Shozen, car c'est ce que tu mérites. De mon côté, j'ai deux merveilleuses épouses : la Reine Saruna de Sangal, et la Reine Kaliessa Tosuku – prononcer avec un long i – une duchesse d'une des quatre grandes familles nobles. De ces unions, j'ai une magnifique petite princesse de deux ans, Olénya, née de la Reine Saruna, et peut-être un futur prince ou une autre princesse dans deux mois, qui vient de la Reine Kaliessa.
Tu sais que tu peux tout me demander, Imouto, et dans la mesure du possible, la réponse sera majoritairement positive. J'ai effectivement trouvé un collier qui a de grandes chances de plaire à votre reine Naiyana; c'est un authentique, avec le sceau de la famille impériale gravé dessus, fait en or et possédant un vrai diamant. J'ignore quelle justification tu arriveras à trouver quand tu l'offriras à ta reine, mais je te fais confiance. Je sais que tu es une femme brillante.
Pour ma petite Aozora, je lui passerai le bonjour de ta part. Quant à l'idée de l'union entre elle et le Prince Loesan, ne t'inquiète pas. Ton devoir s'arrête ici, car je vais me charger de toutes les démarches.
Prends bien soin de toi,
Ton Niisan xxxx »
Le collier afin poli, nettoyé et brillant de mille feux, Chagum l'emballa dans l'un des papiers de riz le plus ordinaire qu'il pouvait trouver et y glissa sa lettre cachetée. Il voulait que l'extérieur soit le plus sobre possible pour dissuader les bandits de s'en prendre à cette fortune. Le colis fût ensuite remis à Jin, qui ne parvint pas à le livrer à sa destinataire avant la troisième semaine. C'est quand il revint au palais les mains vides que Chagum le félicita.
« Wow, c'est une première que tu n'aies plus le colis avec toi, s'amusa-t-il.
- Alika était partie en vacances à Sangal avec sa famille… c'est pour ça que ça a pris autant de temps.
- Au moins, il est en sécurité maintenant. J'espère que c'est ce qu'elle espérait.
- Ses yeux étaient pétillants quand elle l'a vue, effectivement.
- Après tes tâches, tu pourras enfin prendre congé et profiter de ta petite famille. »
Jin s'inclinant, remerciant Sa Majesté pour sa générosité et quitta l'endroit.
Shuga avait à peine ouvert le shogi qu'une petite tornade aux longs cheveux se catapulta vers lui.
« Papa ! résonna la voix d'une Nhiva, toute heureuse.
- Bonjour ma fille adorée ! »
Il la happa au passage avec un seul bras, son autre portant son sac remplit de ses effets personnels ainsi que des commissions et cadeaux pour Tomoe. Cette dernière alla le retrouver pour lui donner un petit coup de main.
« Contente de te revoir, mon amour, le salua-t-elle en l'embrassant sur les lèvres. Ça faisait un petit moment, depuis.
- Je pense que Chagum a senti que la maison m'appelait, car depuis un moment, j'ai une envie intense de vouloir pêcher. »
Tomoe arqua un sourcil.
« C'est étrange. Je ne sais pas si le destin joue avec nous, ou si les esprits se sont mis complices, mais Nhiva n'a pas arrêté de parler de pêche et de poissons depuis quelques jours.
- Tel père, telle fille ! cita-t-il alors qu'il parvint à se libérer de Nhiva.
- On ne se demande pas de qui elle retient pour ses gènes de cheveux longs, non plus. »
Elle regarda sa fille d'un tendre regard. Pour avoir presque quatre ans, Nhiva avait les cheveux qui lui arrivaient en bas des fesses. Elle n'avait jamais voulu les faire couper, ou si oui, elle demandait seulement que ce soit « les pointes fourchues » et pas plus. Alors aux quatre mois, Tomoe se chargeait de couper la pointe pour qu'ils restent beaux et en santé.
« Je ne me souviens plus si je t'ai déjà demandé la question, Tomoe chérie, mais est-ce que tu as déjà eu les cheveux longs ?
- Pas aussi longs que Nhiva, mais oui, je les ai eus pendant de longues années jusqu'à la taille. Puis, ils ont fini par m'agacer et après de nombreuses réflexions, et parce qu'ils me tapaient sur les nerfs, j'ai fini par les couper court au-dessus de ma poitrine. »
Tomoe n'avait pas les cheveux épais, mais les cheveux des Yakue étaient reconnus pour être un peu plus gros que les cheveux Yogoese et Kanbalese, moins fins. Alors elle avait moins de cheveux que ces deux ethnies, mais l'épaisseur compensait et donnait l'illusion qu'elle en avait beaucoup et ils restaient plats, avec du volume. S'il faisait humide, ils ondulaient légèrement. Shuga avait des cheveux épais et très denses, mais la couleur blanche-mauve de ses cheveux démontrait ses origines Yogoese. Les cheveux de Nhiva était un mélange des deux : long et épais, noir et brillant.
« On va pêcher ? questionna l'enfant.
- Pour le moment, Papa est fatigué et veut se reposer, rétorqua Tomoe en caressant ses cheveux. Mais demain, vous allez pouvoir y aller ensemble. »
Ils profitèrent du reste de la journée pour cuisiner ensemble des onigiri, jouer à des jeux de société et écouter les histoires de légendes que Shuga avait lu pendant qu'il travaillait au palais. Si Nhiva avait quelques fois accompagné son père dans le quartier des familles nobles et avait joué avec les nombreux enfants des hunters – se créant un bon cercle d'amis – Tomoe n'avait jamais émis le souhait ni le désir de les accompagner. Alors elle n'avait jamais posé le pied dans la cour impériale. Elle laissait sa fille aller où bon lui semblait et ne la restreignait pas.
Shuga se nettoya en compagnie de sa fille, assit tous les deux sur un banc, se savonnant et se rinçant avec l'eau chauffée. Il arqua un sourcil envoyant Nhiva aller vers le futon de Tomoe, plutôt que vers sa chambre.
« Nhiva a eu une phase où elle désirait dormir seule, mais depuis un moment, elle vient me rejoindre dans le lit pendant la nuit, ou s'endort complètement avec moi, expliqua sa femme.
- Je ne sais pas ce qui est le mieux pour les enfants, mais est-ce une bonne chose ? Ça ne va pas affecter son indépendance ?
- Dormir en communauté est une chose très courante dans la culture Yakue, expliqua-t-elle avec un grand sourire. Je suppose qu'à la cour impériale, les enfants des hunters dorment dans des chambres séparées de leurs parents, n'est-ce pas ?
- Oui, tout à fait. Et ce, dès le berceau.
- Dans la culture Yakue, partager le même plat et manger la nourriture des autres quand ils n'ont plus faim fait aussi partit de nos mœurs. Ça, tu l'as bien remarqué au fils des années.
- Et… tu fais aussi ça avec Dame Maya, Motoko et Tanda ?
- Maya, un peu moins. Elle ne mangera jamais la nourriture que j'ai touché, mais que je prenne ses restants ne la dérangent pas du tout. Les Kanbalese sont plus indépendant et individuels. Ils sont aussi un peu plus dédaigneux. Mais Tanda et Motoko me rejoignent légèrement là-dessus, ne se gênant pas de piger dans la nourriture ou les assiettes des autres.
- Je comprends mieux, maintenant. Mais Tanda a une famille nombreuse.
- Lui et moi se comprenons sur certains points, car nous avons des ancêtres et origines en commun. Balsa a sûrement dû s'adapter à ses habitudes à force de le côtoyer… il faudrait que tu les questionnes plus à ce niveau. Et puis, Nhiva sera tellement contente de pouvoir dormir avec son Papa ! »
Sur ces mots, Shuga prit sa fille dans ses bras et la chatouilla. C'est alors qu'elle demanda sans retenu :
« Quand est-ce que j'aurai un petit frère ou une petite sœur ? »
Cette question le prit totalement au dépourvu. Tomoe éclata de rire.
« Depuis un moment, elle me pose très souvent la question.
- Et qu'est-ce que tu en penses ? demanda Shuga. »
Tomoe haussa les épaules.
« Si la vie me permet d'avoir un autre enfant, pourquoi pas ? Mais si je n'ai que Nhiva, je suis quand même comblée à ce niveau. »
Encore une fois, elle n'avait pas encore le courage de dire à Shuga une partie de son passé… sur sa propre poussière d'ange qu'elle avait renvoyé dans le monde des esprits, vingt-huit ans plus tôt. Peut-être que si elle tombait à nouveau enceinte, iel reviendrait dans ce bébé, l'ayant pardonné et compris son geste. Peut-être même qu'iel était Nhiva. Elle ne le savait pas et ne désirait pas s'y attarder. Avoir un seul enfant était suffisant, pour le moment.
« Alors, Papa, je peux en avoir un ou une ? continua d'insister Nhiva.
- Nous allons y penser, rétorqua-t-il. Il s'agit d'une décision entre ta maman et moi, et non de la tienne, princesse.
- Mais Mayuko a dit que les bébés étaient apportés par les nahji… déposé dans des choux. Les parents ont juste à écrire leur demande sur un papier, et le faire s'envoler dans le vent. Et un beau jour, ils reçoivent le bébé dans le jardin qu'ils ont préparé juste pour lui. »
Tomoe ricana dans un reniflement.
Ah, l'imagination des enfants… si seulement c'était aussi simple.
Shuga, devenant de plus en plus mal à l'aise, jeta un regard suppliant à sa femme.
« Comme Papa l'a dit, c'est une décision de nous deux, termina-t-elle Et ça, il n'y a que la vie qui choisira si, oui ou non, elle nous accordera un autre bébé. Pour l'instant, tu as des amis merveilleux pour te tenir compagnie, et même Tatie Toko'. »
Le surnom de « Tatie Toko' » n'était qu'un titre affectueux que Motoko s'était auto-offert pour sonner plus mignon quand Nhiva parlait d'elle. C'était moins long à prononcer également. Tomoe la considérait aussi comme sa nièce de cœur. Elle était toujours contente de la voir.
Ils finirent par s'endormir, mais n'étant pas habitué de dormir avec Nhiva dans son lit, Shuga passa cette première nuit à ne pas savoir comment se placer sans avoir peur de la frapper par accident. Il se réveilla courbaturé de partout, alors que Tomoe resplendissait malgré ses cheveux entremêlés et ses yeux petits. Il fut surpris de voir que Nhiva dormait encore. Généralement, les enfants se levaient avant les parents, comme Taiga l'avait souvent raconté à Shuga pendant leurs entretiens et visites.
« Nhiva a pris une mauvaise habitude de se réveiller tard ces derniers temps… Je la laisse un peu dormir, puis je la réveille quand je juge qu'elle a assez dormi. »
Elle sortit du futon. Contrairement à Shuga et ses habitudes Yogoese qui disait que le petit-déjeuner était le repas le plus important de la journée, Tomoe n'était pas portée à manger dès le réveil. Nhiva n'en menait pas plus large qu'elle. Si Tomoe se forçait à avaler quoique ce soit, elle était prise de nausée et elle pouvait même se sentir tellement oppressée que le simple fait de penser à avaler quelque chose dans son estomac endormit lui faisait monter les larmes aux yeux.
Quand Nhiva avait passé un petit séjour chez Tatie Maya et Tonton Jin avec leurs enfants lors d'une de ses visites et sortie au palais impérial, elle avait piqué une crise de colère immense avec des larmes et des cris quand, simplement par habitude et bienveillance, une des servantes l'avait presque forcé à prendre le petit-déjeuner.
Maya l'avait alors bercé un long moment dans ses bras pour l'apaiser, lui disant que si elle n'avait pas faim, elle n'était pas obligée d'avaler quoique ce soit. C'est là où ils avaient appris que dans la culture Yakue, les familles – majoritairement - ne mangeaient pas de petit-déjeuner par habitude obligatoire. Ils attendaient que la faim se présente d'elle-même et ils passaient directement à un repas composé de riz, de viande et de légumes.
On cogna à la porte. Tomoe invita la personne à entrer.
« Bon matin, Tomoe-San ! résonna la voix de Tohya.
- Bon matin, Tohya, le salua-t-elle joyeusement. Oh ! tu as emmené avec toi tes filles Rinko et Fuyuko !
- Hé oui. Je leur ai dit que j'allais te rendre visite pour tes commissions et elles ont insisté pour voir Nhiva.
- Nhiva dort encore, l'informa Shuga.
- Je peux aller la réveiller, offrit Tomoe, mais son regard se posa sur les filles de Tohya et Saya, âgées alors de onze ans pour Rinko, et neuf ans pour Fuyuko. Sauf si vous désirez aller la réveiller ? Ça lui ferait une belle surprise.
- Oh oui ! s'enthousiasma Rinko. »
Rinko avait des yeux bleus métalliques foncés, les cheveux noirs jais et un teint pâle, alors que Fuyuko avait un teint plus mat, mais possédait les mêmes yeux et les cheveux que sa sœur.
Elles retirèrent leurs sandales et filèrent dans la chambre de Tomoe. Tohya donna les lettres et les colis qui étaient attribués à Tomoe, de même pour ses commandes.
« Ça tombe bien que tes filles soient-là, dit Shuga, je pensais aller pêcher avec Nhiva aujourd'hui. Elles pourraient nous accompagner pour la journée et je viendrai te les porter lorsque la sortie sera terminée… ou que l'on termine de manger le souper.
- Je n'y vois aucun problème ! Je suis sûr qu'elles aimeront ça. Il faut que je retourne à ma boutique aujourd'hui, donc, ça va les occuper et changer leur routine habituelle. »
La voix joyeuse de Nhiva résonna quand elle dit tout haut le nom de ses deux amies et leur sauta dans les bras. Rinko l'aida à se changer alors que Fuyuko tressait ses longs cheveux dans son dos. Cette dernière l'enviait sur la longueur de sa chevelure. Shuga alla dans la petite remise et trouva ses nombreuses cannes à pêche, avec du fil et des hameçons. Tohya dit au revoir à ses filles et fila à son magasin.
La maison de Tomoe se situait proche d'une rivière – pas une énorme comme celle de l'Aoyumi, ou la principale appelé l'Arc Bleu – et on pouvait y pêcher de petits poissons et même utiliser de petits bateaux pour s'y promener. Ils ne pêcheraient pas en face de la maison, mais un peu plus loin pour y découvrir les paysages. Rinko demanda à Shuga si elle pouvait ramer un peu pour contrôler le bateau, ce qu'il accepta avec plaisir alors qu'il montrait comment préparer les lignes de pêche à Nhiva et Fuyuko. Une grosse libellule virevolta alors proche d'eux, attirant immédiatement l'attention de la plus jeune des filles.
« Oh, Papa ! Regarde, il y a une libel lune.
- Libellule, la reprit-il, amusé.
- Libel lune.
- Non, libellule.
- Libellule, s'y mit aussi Fuyuko avec un rire. »
Comme Nhiva ne comprenait pas son erreur d'élocution, elle continua à s'entêter et à croire que c'était elle qui avait la bonne prononciation. Rinko observait ce manège en riant. Shuga trouva alors un bon endroit et s'enduit les bras, les jambes et le visage avec une huile essentiel qui repoussait les moustiques. Les filles de Tohya connaissaient déjà un peu les bases de la pêche et enseignèrent à Nhiva comment bien tenir sa canne à pêche et lancer son fil de pêche. La partie la plus amusante pour Nhiva fut, bien sûr, la mise en place du vers de terre. Comme elle ne voulait pas lui faire du mal en plantant l'hameçon dans son corps, elle l'avait plutôt enroulé de son mieux autour de l'appât. Tous les enfants avaient, au moins une fois dans leur vie, une phase de jouer avec les vers de terre qui remuaient.
Ils se mirent alors à attendre leurs prises. L'enfant s'agita légèrement, se demandant pourquoi les poissons ne mordaient pas à sa prise quand Shuga arrivait à en prendre trois et les déposer dans le seau d'eau.
« La patience est une vertu, ma petite libellule, cita-t-il.
- Libel lune, répéta-t-elle. »
Nhiva fit encore la moue quand aucun poisson ne mordait à sa prise. Rinko souleva alors sa ligne de pêche et remarqua que le ver n'était plus accroché. Elle échangea un regard avec son amie et éclata de rire, entraînant la petite avec elle. Alors que le bateau flottait à la surface, Fuyuko fit tremper sa main dans l'eau et attrapa des plantes aquatiques entretemps, tirant dessus pour les observer.
Pour clore cette partie de pêche, Shuga conduisit sa petite embarcation vers une des berges pour rejoindre la terre ferme. Il prit un second seau vide (lequel avait servit de banc pour Fuyuko) et trouva deux filets de pêche.
« Quand j'étais petit, avant de devenir un liseur d'étoile pour le palais, moi et mes amis avions l'habitude de faire une activité proche des rivières.
- C'était quoi ? demanda Rinko. »
Il lui tendit un premier filet et remplit le seau de l'eau du lac. Il se pencha plus proche de la surface, où c'était peu profond, et invita la fille aînée de Tohya à s'approcher.
« Regarde, indiqua-t-il, il y a du mouvement. Tu vois ?
- Oui !
- Ce ne sont pas des poissons. Ce sont… des têtards !
- Des têtards ?!
- Oui. Mes amis et moi avions l'habitude de se rassembler et pêcher les têtards pour notre simple plaisir. Nous les relâchions dans la nature après s'être amusés avec eux. »
Shuga plongea son filet et après avoir un peu remué l'eau, le souleva en ayant ramasser quatre têtards qu'il plongea dans son seau. Rinko poussa un petit cri d'amusement et les observa. Nhiva et Fuyuko les rejoignit. Nhiva prit un têtard dans ses mains, riant en le sentant frétiller dans ses petites paumes. Les enfants s'amusèrent à pêcher le plus de têtards qu'ils pouvaient. Pour Shuga, il s'agissait de nostalgie et de souvenirs débloqués.
Quand elles commencèrent à se désintéresser des têtards et que Nhiva commença à montrer des signes de fatigue, la journée de pêche termina et Shuga retourna à la maison. Il demanda si elles avaient faim et Tomoe leur cuisina un ragoût typiquement Yakue. Elle savait que Rinko adorait sa cuisine, comme Saya et Tohya ne cuisinaient pas souvent les mets Yakue. Elle lui offrit même d'en rapporter pour sa famille. Shuga alla par la suite reconduire leurs deux jeunes invitées. C'est avec un grand sourire qu'elles revinrent à la maison et le liseur d'étoile apprit qu'Alika était passée dans la journée même. Il l'avait revue au solstice d'été, mais il était encore un peu déçu de l'avoir manquée cette fois-ci.
En retournant à la maison de sa femme, il retrouva Nhiva endormit dans les bras de Tomoe, qui était couchée au salon et lisait un des livres que son mari avait apporté de la cour impériale.
« Alors ? se renseigna-t-elle. Est-ce que cette pulsion de pêche est passée ?
- Oui. Ça a fait du bien ! Je me sens maintenant d'aplomb pour pouvoir continuer de remplir mes fonctions en tant que Grand-Érudit.
- Tant mieux. Nhiva m'a expliqué de fond en comble ce que vous avez fait. Est-ce qu'on va manger les poissons que tu as pêché ?
- Ils ne sont pas énormes, mais ils peuvent faire de bonnes entrées. D'ailleurs, Tomoe chérie, est-ce que tu sais comment Nhiva appelle les libellules ?
- Non. Ça, elle ne m'a rien dit.
- … Libel lune.
- Libel lune ? s'amusa-t-elle.
- Oui. Comme la lune !
- C'est drôle et mignon. Je pense que ça va rester un inside dans la famille. »
Elle regarda Nhiva et caressa ses cheveux.
« Notre petite libel lune.
- Dommage qu'elle dorme avec nous, fit Shuga. J'aurai bien aimé passer du temps en intimité avec toi…
- Si c'est aussi important pour toi, je peux toujours trouver du temps pour te faire plaisir. »
Tomoe fit un clin d'œil. Shuga sourit et l'embrassa sur le front, se prenant un livre et l'imitant pour se plonger dans l'univers des contes et légendes.
