Après son coup de téléphone, Miranda ouvrit son roman du moment. Elle put lire un bon moment avant d'entendre Emma descendre. Du fauteuil où elle était installée, elle pouvait entendre le pas hésitant de la jeune femme.

« Emma ? Voulez-vous que je vous prépare quelque chose à dîner ?»

« Je ne voudrais pas vous déranger, ou vous imposer quoi que ce soit. Mais c'est vrai que je commence un peu à avoir faim. »

« Vous ne me dérangez pas du tout. »

Miranda se leva et se dirigea vers la cuisine, où elle put sortir quelques ingrédients et concocter un sandwich pour caler l'estomac d'Emma en cette fin de soirée.

Emma était attablée au comptoir de la cuisine. Elle grignotait son dîner. Miranda toujours présente dans la pièce, entama une conversation.

« Tout à l'heure, je vous ai parlé d'une de mes amies. Une avocate. J'ai pu lui téléphoner. Elle va vous recevoir demain.»

« Merci encore pour ce que vous faites, Miranda. Mais je ne crois pas que ce soit nécessaire. Que va-t-elle réellement pouvoir faire quant à Killian et sa famille. C'est une grande famille riche de Seattle. Je ne suis rien comparé à eux. »

« Emma… Je ne veux pas entendre ces mots. Vous n'êtes pas rien. Et vous n'êtes pas seule. Vous savez…»

Miranda laissa quelques secondes s'écouler. Sûrement pour reprendre son souffle et réfléchir à ce qu'elle pouvait dire et de la meilleure façon de l'expliquer.

« Emma. J'ai moi aussi été mariée un temps. J'ai moi-même connu des violences conjugales. Je ne m'en suis pas sortie seule. C'est important d'être entourée durant ce genre d'épreuve. Je veux que vous ayez confiance en moi.»

«Je ne le savais pas. Vous paraissez si forte.»

«Et vous aussi, Emma. Vous savez, toutes les femmes peuvent être brutalisées. Force ou non, peu importe l'apparence. Et pour en sortir, il faut une sacrée force. Et c'est ce que vous avez.»

«Mais vous avez de l'argent ! Je n'ai pas moi, les moyens de payer une avocate de renom.»

«Ne vous inquiétez pas pour cela. Peu importe l'argent. Il est question de votre vie. Nous nous en occuperons plus tard. Et ne vous en faites pas, concernant la popularité des Jones. Regina Mills saura y faire face.»

«Regina Mills ? Votre amie ?»

«Oui. Vous allez très vite comprendre le personnage.»

Les femmes partirent se coucher. Emma ne regarda pas son téléphone avant de dormir, elle l'avait éteint. Elle eut beaucoup de difficultés à s'endormir ce soir-là.

Le lendemain, elle fut accompagnée par Miranda dans le haut et grand building vitré des Mills. Dans le quartier de West Edge, non loin de la F5 Tower.

«Bonjour. Nous avons rendez-vous avec Madame Mills.»

«À quel nom ?»

«Kley's»

«Exactement. Derrière moi, ascenseur de gauche. 30ème étage. Bureau de droite.»

Les deux femmes s'éloignèrent et prirent le chemin indiqué plus tôt.

« J'ai préféré prendre le rendez-vous à mon nom. Comme cela, il n'y a pas de trace de votre passage.»

«Merci pour votre bienveillance.»

Quelques minutes après, Miranda toqua à la porte du cabinet. Et la porte s'ouvrit sur une femme absolument époustouflante. Une femme pleine de charisme, dans un tailleur jupe cintré, noir. Faisant ainsi ressortir ses yeux et ses cheveux ébènes.

Miranda fit quelques pas vers cette femme, et l'embrassa. Emma comprit rapidement que c'était Regina Mills. Après quelques embrassades et politesses échangées, Miranda se tourna vers Emma.

« Regina, laisse-moi te présenter Emma Jones. Emma, je te présente Regina Mills. Une avocate exceptionnelle et une amie de longue date.»

L'avocate tendit la main à la jeune femme, dans un signe de cordialité.

«Enchantée.»

Miranda se retourna et marcha en direction des portes.

«Je vais vous laisser discuter toutes les deux. Je ne serai pas loin si besoin.»

Puis elle s'éclipsa.

L'avocate Mills s'installa derrière son bureau et pria la jeune femme de s'installer sur l'un des fauteuils. Voyant que sa cliente n'était pas bavarde, suspectant même qu'elle soit sur la réserve, elle prit la parole.

« Je vous écoute, Mademoiselle.»

«Je suis encore mariée.»

«C'est vrai. Mais je suis là pour vous accompagner à divorcer. Est-ce cela que vous voulez ?»

« Oui.»

« Bien, nous sommes d'accord. Je vais créer un dossier si vous me le permettez.»

« C'est votre métier, faites. Miranda m'a dit d'avoir confiance en vous.»

« En effet, vous pouvez avoir confiance. J'ai été avocate spécialisée pour les femmes victimes de violences conjugales.»

« Vous avez été ?»

« Oui, maintenant je suis spécialisée dans le droit du travail.»

« Pourquoi ce choix ?» demanda Emma, s'intéressant de plus en plus à la femme assise en face d'elle.

« Vous savez que nous sommes là pour parler de vous. Et non de moi.»

« S'il vous plaît, répondez.»

« Bien. Pour mon fils.»

« Comment s'appelle-t-il ?»

«Dites-moi, nous pourrions peut-être chacune répondre à une question ? Cela me permettra aussi d'avoir tes réponses et d'avancer dans la compréhension de la situation.»

Regina Mills n'était pas une femme qu'on pouvait qualifier de patiente. Elle aimait avoir des résultats, elle aimait comprendre et avancer. Elle ne faisait que rarement dans la délicatesse. Mais elle avait le mérite d'avoir de très bons résultats. D'atteindre ses objectifs et d'exceller dans son domaine. Elle faisait donc son maximum pour trouver des solutions face à cette jeune femme troublée. Elle tentait de s'adapter et de rester résiliente.

« Si vous voulez.»

« En effet, je le veux. Comment s'appelle votre mari ?»

« Killian Jones. Et votre fils ?»

« Henry, mon fils s'appelle Henry. Depuis combien de temps, cette situation dure-t-elle ?»

«Henry Mills. C'est joli. Cela a commencé très peu de temps après notre mariage. Cela s'est juste intensifié avec le temps, avec les années. Êtes-vous mariée ?»

L'avocate haussa un sourcil. La femme en face l'intriguait, autant qu'elle l'insupportait. Elle n'aimait pas être questionnée ainsi. Mais elle prenait sur elle pour avancer sur cet entretien. Elle finirait bien par avoir des réponses.

« Êtes-vous toujours si curieuse ?»

« Non. Êtes-vous mariés ?»

« Non, je ne le suis pas. Avez-vous déjà porté plainte ?»

« Non. Non.» répondit-elle sur un ton plus faible, plus triste.

« Pourquoi ne pas avoir essayé ? Avez-vous déjà discuté de cette situation avec vos proches ?»

« Vous ne respectez pas les règles. Pourquoi avez-vous choisi ce métier ?»

« Je suis désolée. C'est une question qui a beaucoup de possibilités de réponse. Mais pour faire court, j'ai grandi dans le milieu du droit. Cela s'est imposé à moi, comme une évidence.»

« La première fois que j'en ai parlé était hier à Miranda.»

« Je souhaiterais vous accompagner en fin de journée ou demain matin au plus tard, au poste de police le plus proche pour que vous puissiez porter plainte. Car il est important pour la constitution du dossier d'avoir le maximum de preuves.»

« Je ne le souhaite pas.»

« Excusez-moi, Madame Jones. Mais..» Elle fut coupée par la jeune femme.

« Mademoiselle Swan.»

« Pardon ?»

« Vous êtes là pour organiser mon divorce ? Il vaut mieux que je me prépare à retrouver mon nom de jeune fille. Je m'appelle Emma Swan.»

« Très bien. Enchantée, Miss Swan. Mais il est important que vous compreniez la situation. Dans un premier temps, nous allons demander à un juge une ordonnance de protection et de mise à l'abri. C'est-à-dire que Monsieur Jones ne pourra pas vous approcher. Et dans un second temps, pour mieux avancer sur cette procédure, nous devrons nous voir très régulièrement car il me faut monter un dossier solide contre cet homme. Relatant ce qu'il vous a fait en lien avec la police de Seattle.»

« Vous ne pourrez pas me protéger, Madame Mills.»

« Si, nous le pourrons et nous le ferons. Souhaitez-vous que je vous oriente sur des associations ou sur une psychologue ?»

« Où est le père de votre enfant ?»

« Vous ne répondez pas à ma question, Miss Swan.»

« Et vous à la mienne.»

« Miss Swan, je suis très flattée que vous vous intéressiez à mon, ou mon enfant. Mais il me faut des réponses. Il faut que je m'assure que vous compreniez ce que je vous dis.»

« Je comprends.»

Regina Mills tenta à plusieurs reprises de recentrer la conversation sur les étapes à venir. Essayant d'éviter au maximum cette dernière question posée par Emma Swan. Se retrouvant face à un mur, elle a dû mettre fin à cet entretien, le reportant à plus tard, espérant laisser assez de temps à Emma pour réfléchir. Elle mit Miranda au courant, lui suggérant, d'elle, l'accompagner au poste de police.

Sur le chemin du retour, Miranda n'aborde pas le sujet, laissant Emma dans le silence. Une fois entrées dans la maison, Miranda proposa de préparer un repas.

« Bien sûr. Laissez-moi vous aider.» se proposa Emma.

Elles préparèrent un délicieux déjeuner.

« Je ne voudrais pas être intrusive. Mais comment s'est passée votre entretien ? »

« Je la trouve arrogante.»

« C'est tout à fait probable. Mais elle a les compétences pour l'être. Je vous avais prévenu. Elle est beaucoup plus humaine qu'elle n'y paraît. Ne vous inquiétez pas.»

« Elle souhaite que j'aille porter plainte.»

« Vous souhaitez que je vous accompagne ? Ou Regina ?»

« Vous. J'ai confiance en vous. Dites-moi, où est le mari de cette femme.»

« Pourquoi cela vous intéresse-t-il, Emma ?»

« Je ne sais pas. J'aime savoir à qui j'ai affaire, je suppose.» répondit la jeune femme.

En réalité, elle-même dû s'arrêter un instant pour y réfléchir. Elle n'avait aucune raison particulière d'être aussi curieuse sur la vie privée de son avocate. Dans un autre contexte, elle se serait trouvée stupide. Mais aujourd'hui, elle s'accrochait à cela. Peut-être un besoin de sécurité, de se retrouver à la même hauteur qu'Regina Mills. Une reprise de contrôle, aux vues de ce qu'il lui est arrivé. Miranda put voir que Emma était absente, perdue dans ses pensées. Regina avait, sans nul doute, une apparence très chic et très ordonnée. Elle s'exprimait calmement et articulait avec finesse. C'était une femme de charisme aux yeux de Emma. Malheureusement, elle avait toujours eu pour habitude de s'effacer face à ce genre de personnalité.

Elle ne savait pourquoi, elle ne savait comment. Mais cette avocate, de prime abord condescendante, avec un physique de déesse, la poussait à s'endurcir, à tenir tête. Était-ce là son nouveau combat ? Son nouveau but ?