ENFIN LE RETOUR DE ROSIER \o/
Il m'avait manqué, celui-là é_è Ca a du se sentir un peu, d'ailleurs, que je parlais de lui sans raison, parfois X,)
Oznela : Ah, ça me rassure ce que tu dis ! De mon côté, à la relecture, je suis parfois embarquée et parfois pas du tout... Du coup, sûre de rien...
(et ouais, Lucius a été un sacré salaud)
Guest : Merci éuè Pas sûre que ce soit le terme approprié, pour le coup XD
C'est le bruit dans les cuisines qui le décida finalement.
C'était stupide, bien sûr, mais Drago avait envie de prendre des décisions stupides. S'il ne s'autorisait pas celle-là, il serait capable d'aller se battre avec Kenaran pour libérer le Détraqueur. Ou bien, il déciderait de rester sur l'île. Ou pire encore : Allez savoir, avec lui…
Dans les cuisines, au moins, il n'y avait que sa propre vie qu'il mettait en jeu. Même pas sa propre vie, en fait : Juste son intégrité physique.
Quand il posa sa main sur la barre de fer rougie de la porte, il sentit le courant d'électricité statique le parcourir, et il sourit, parce que la sensation qui l'avait accompagné chaque jour pendant des semaines lui avait manqué.
Il poussa la porte et se retrouva dans l'habituel vacarme odorant cuisines. Au parfum, on pouvait deviner que le menu du soir comporterait du poisson. Potter froncerait ses sourcils et ferait la moue, et il s'abstiendrait de saucer son assiette.
Les cuisines étaient vides d'hommes. C'était déjà l'heure du premier service dans le réfectoire, et Drago songea que l'ensemble du corridor 3 devait se trouver là, de l'autre côté du mur. Son père parmi eux, et son cœur se gonfla à l'idée qu'il le reverrait bientôt, et que cette fois, nulle grimace ne déformerait son beau visage.
Drago trouva un morceau de papier essuie-tout qu'il plia en forme d'oiseau avant de l'envoyer par là-bas, puis attendit à côté de la machine à café.
Rosier ne tarda pas à apparaître. Son regard s'égara aussitôt vers sa joue, et il émit un petit ricanement incrédule :
« Par Morgan, déclara-t-il en levant la main pour poser ses doigts sur la surface rugueuse de sa pommette, ma pauvre petite Souris. On en avait entendu parler. Ce n'est pas aussi laid qu'on le raconte. On dirait simplement que des écailles ont poussé. Est-ce que ça fait mal ? »
Drago ferma les yeux sous le contact et sourit.
« Non, plus maintenant. Quand on leur laisse du temps, elles finissent par tomber toutes seules. Je suis censé éviter d'y toucher. »
Les doigts légers quittèrent sa joue.
Drago ouvrit de nouveau les yeux et considéra l'homme qui lui faisait face.
Rosier pouvait être un homme de 35 ans que la prison aurait vieilli prématurément, ou bien il pouvait être un homme de 55 ans bien préservé, rajeuni par ses cheveux d'un beau brun uniforme et ses tatouages de briscard… Il avait la silhouette énergique d'un homme d'action, mais le front large et intelligent des aristocrates. Ses yeux gris clair pouvaient être aussi froids que ceux de Lucius Malfoy ou aussi chaleureux que ceux de Narcissa Black Malfoy.
Son bras ne comportait pas la marque des Ténèbres. Pourtant, il était un Rosier, un Sang-Pur, un des vingt-huit Sacrés. Il était inenvisageable qu'il soit un Sang-Mêlé : On le savait toujours quand un nom était rayé du Registre des Nobles et Anciennes Familles.
« Je suis désolé de ne pas être venu te voir plus tôt, annonça finalement Drago.
– Je peux comprendre : Ils t'ont salement amoché, la dernière fois.
– Tu n'as pas participé ?
– À ton avis ? » Toujours ce sourire énigmatique.
« Il y avait un Surveillant ? demanda Drago. J'ai été retrouvé dans ma cellule, après.
– Je ne sais pas. Je t'ai mis sur l'un des chariots, et je leur ai dit de t'emmener, mais ensuite, les portes se sont fermées, et je n'ai pas pu les rouvrir. Je pensais qu'ils t'emmèneraient dans les étages. »
Drago plissa les yeux et fronça les sourcils. Est-ce que les chariots ensorcelés auraient eu la magie nécessaire pour changer d'itinéraire et le déposer dans son lit ? C'était possible : Ils avaient déjà désobéi plusieurs fois à leurs instructions pour retarder la fermeture du monte-charge, par exemple…
« Pourquoi es-tu revenu ? Tu sais que c'est dangereux, pour toi, ici. »
Drago haussa les épaules.
« On est amis, prétendit-il. Ça faisait bien trop longtemps qu'on ne s'était pas vus.
– Tu es mignon.
– Et je quitte l'île demain. Je voulais te prévenir. »
Une nouvelle fois, les yeux de Rosier passèrent en une fraction de seconde de la chaleur au froid polaire. Drago frissonna mais ne détourna pas le regard.
« Qu'est-ce que tu comptes faire ? demanda l'homme avec une voix menaçante.
– J'ai reçu une proposition. Je pars en Italie. Ce n'est pas une évasion ou quoi que ce soit de ce…
– Qu'est-ce que tu comptes faire en ce qui concerne notre amitié, Drago ? »
Cette fois, il hésita.
« Rien… supposa-t-il. Je pourrais t'écrire, si tu veux. Peut-être t'envoyer des petits cadeaux, des…
– Je ne veux pas de cadeaux.
– Alors je ne sais pas. Qu'est-ce que tu veux ? »
Rosier se redressa, soupira, et regarda ailleurs.
« Je suis désolé, répéta Drago. Je n'ai jamais compris ce que tu attendais de moi.
– Je te l'ai dit pourtant, et tu me l'avais promis, que l'on serait amis pour la vie et que tu abandonnerais absolument tout pour moi. »
·
Drago avait quitté les cuisines en même temps que les chariots du soir, et avait suivi leur route en empruntant le monte-charge, comme à ses débuts. Par curiosité, il avait ordonné à celui qui s'était arrêté devant sa cellule « Viens, on va avec les autres », et les petites roulettes s'étaient remises à tourner. Il avait rarement eu aussi peu de place dans le monte-charge : Monsieur Temrah, Madame Johnson, Granger et Weasley n'avaient toujours pas quitté l'île, mais prenaient désormais leurs repas dans la salle des gardes.
Sa présence avait surpris tout le monde, mais il avait été bien accepté. Il n'avait pas trop osé prendre la parole, toujours craintif, mais les discussions étaient nombreuses, se chevauchaient, et il lui avait été facile de se contenter d'écouter, de hocher la tête ou de prétendre avoir la bouche pleine pour avoir une excuse pour ne pas répondre.
Et puis le diner avait été terminé, et Drago s'était étonné de l'espèce d'ambiance décontractée qui avait suivi : Certains restaient à table pour bavarder, d'autres s'installaient dans les canapés ou autour du billard mité pour s'amuser, et puis il y en avait d'autres qui quittaient la pièce sur un « bonne nuit les gars, à demain » fatigué… ça ne ressemblait ni à la fin d'un banquet à Poudlard, ni à une fin de repas familial.
Il hésitait sur la façon dont lui-même pouvait déguerpir poliment, et croisa le regard de Potter qui lui adressa son sourire moqueur et amusé avant de lui désigner la porte d'un coup de menton avant de faire gigoter ses sourcils de façon absurde. Drago secoua doucement la tête en soupirant, puis se leva, et ce fut Potter qui prit la parole pour lui : « Je reviens rapidement, on va vérifier les derniers préparatifs avec Drago ! »
Ils sortirent dans le couloir, et Drago soupira de soulagement.
« T'as pu finir tout ton travail ? demanda Potter.
– Oui, je pense.
– Bien. »
Drago avait l'impression qu'entre eux, ce simple échange équivalait à un sous-entendu : Tu as fini ton travail, donc, tu n'as rien à faire, donc tu es libre, donc on pourrait… Mais ça aurait été une erreur : La nuit précédente avait été parfaite, et il aurait été dommage de gâcher l'expérience en tentant de la reproduire. Leur dernier baiser raté, dans le cimetière, était encore trop présent.
« Je suppose que tu vas pas venir me réveiller en pleine nuit, aujourd'hui ?
– Non, je ne pense pas. On a fait le tour de ce qu'il y avait à dire sur nos fantasmes d'adolescents, j'imagine.
– On pourrait discuter de nos fantasmes d'adultes… » suggéra Potter en l'accompagnant à travers les couloirs.
Drago sourit en levant les yeux au plafond. Une ou deux encyclopédies ne seraient probablement pas suffisantes à consigner les fantasmes de Potter.
Ils arrivèrent dans le hall, et Drago hésita un moment à continuer à descendre les marches pour accéder à son sous-sol.
« En fait… marmonna-t-il au bout d'un moment, il y a encore une chose que je voudrais faire… Mais je ne crois pas en être capable seul. »
Potter le suivit jusqu'au petit cimetière de l'île, et ils déambulèrent au milieu des tombes, éclairés par la baguette de houx. Ce fut Potter qui la trouva : Les yeux anxieux de Drago avaient du mal à déchiffrer les lettres gravées sur les pierres tombales.
« Gregory Goyle, 9 Septembre 1979, 2 Aout 1998 »
La tombe existait. Son corps n'avait pas été de ceux que la Selkie avait dévorés, et Drago en fut bêtement soulagé. Il resta silencieux longtemps.
« Il n'a jamais vraiment été mon ami, chuchota-t-il enfin. C'est nos parents qui se connaissaient. Ça me rassurait de les avoir tous les deux à mes côtés, parce que je me sentais à l'abri avec eux, mais on n'a jamais vraiment discuté ensemble, ou plaisanté, ou… Je ne sais même pas s'il y avait des trucs qu'il aimait. Le Quidditch, je crois ? Je ne suis même pas sûr. Quand je lui ai raconté que j'allais pouvoir assister à la coupe du monde, il n'était pas spécialement intéressé. Je crois qu'il aimait juste avoir une batte et taper sur des trucs.
– Hm. C'est l'idée que je fais du personnage, moi aussi », répondit Potter sur le même ton.
Gregory était mort quelques mois à peine après son arrivée. Est-ce que c'était les coups qu'il avait pris ? Les expériences de Ward ? La manque de nourriture, de sommeil, de soins ? Drago était à bout de forces, à l'époque, et s'était convaincu qu'il n'était pas capable de l'aider. Il avait survécu, pourtant, ce qui prouvait bien que s'il l'avait vraiment voulu…
« Je ne sais pas trop pourquoi j'ai essayé de le sauver dans la salle sur demande. C'était stupide : Je savais bien que je n'arriverais pas à le trainer jusqu'à la sortie. Je crois que… Je crois que je ne voulais pas mourir seul ? Ou alors je savais que tu ferais demi-tour ? Je ne sais pas.
– J'aurais fait demi-tour pour n'importe qui. Mais le fait que tu aies essayé de l'aider, je me suis dit que c'était pas seulement la chose à faire, c'était aussi quelque -chose que tu méritais. » Potter garda le silence un moment, puis ajouta : « Et puis ensuite, on t'a recroisé au milieu du combat. Tu disais que tu n'avais pas changé de camp. Ça m'a saoulé.
– Je ne me souviens pas de ça.
– Non, tu ne nous as pas vus. On avait ma cape d'invisibilité.
– Ah.
– D'ailleurs, en sixième année, dans le Poudlard Express… Pourquoi tu ne me l'as pas volée ? J'y ai repensé, ensuite : Elle t'aurait sacrément aidé à approcher Dumbledore, ou à faire rentrer les Mangemorts.
– Je n'en ai pas eu l'idée… »
Drago se frotta les bras. Ils étaient sortis directement, et il n'avait pas pris sa peau de morse, restée dans la cellule. Il faisait froid. Potter non plus n'était pas équipé pour une sortie nocturne. Il commença pourtant à ôter sa fine cape d'intérieur, et Drago soupira, à moitié ému, à moitié affligé par l'attention.
« Mensonge » accusa Potter en posant le tissu encore tiède sur les épaules de Drago qui lui accorda un regard moqueur.
« Il aurait suffi que tu en parles à Dumbledore pour qu'on soit tous fouillés. Elle est unique, elle aurait été retrouvée. J'aurais eu des ennuis.
– Mensonge. Tu connaissais déjà la salle sur demande, tu aurais pu la cacher là-bas.
– Je savais qu'elle t'avait été léguée par ton père, et j'ai peur des fantômes.
– Je pourrais croire à cette réponse-là, mais le fait qu'elle suive deux mensonges me fait dire que ce n'est pas ça non plus. »
Drago chercha une réponse qui pourrait convenir. La vérité, c'est qu'il n'en savait rien. La cape avait effectivement appartenu au père de Potter, et il savait que celui-ci possédait peu de souvenirs de ses parents… Ce n'était cependant pas par bonté d'âme qu'il la lui avait laissée, tout comme ici, à Azkaban, il ne l'avait pas cherchée dans ses affaires. Il y avait pensé, pourtant.
« Parce que c'est la tienne ? supposa-t-il enfin.
– Celle-ci aussi est à moi. Ça n'a pas l'air de te déranger tant que ça de me piquer toutes mes autres affaires.
– Celle-ci, je ne pense pas que tu y tiennes spécialement. » Drago s'y enveloppa confortablement. Ce genre de cliché romantique fonctionnait de mieux en mieux sur lui, et il secoua la tête, honteux de lui-même.
La tombe de Gregory le narguait et semblait le juger. C'était probablement la pire oraison funèbre que ce cimetière pourtant maudit n'avait jamais connue, entre le mépris et le manque de concentration.
Finalement, il s'accroupit sur le sol, sortit sa baguette de son étui et en posa la pointe par terre avant de murmurer : « Semento… »
Il avait douté que le sortilège fonctionne, à cause de la baguette, de son manque de conviction, de la perte d'habitude, et puis du sol froid, stérile et désespérément minéral… Pourtant, au bout de quelques secondes, une petite pousse émergea d'une fissure, chétive, tordue, misérable. Elle sembla chercher son souffle, haleter, et puis elle se redressa, s'étoffa, prit de la vigueur. Elle grandit rapidement, sa tête se cassa une première fois, agressée par un courant d'air violent, mais elle poursuivit sa croissance, et la tige s'épaissit, se solidifia, passa du vert au brun, repartit de plus belle, toujours cabossé et biscornue, dépassa Drago qui se redressa et recula doucement. Le tronc se forma, le haut se brisa une seconde fois dans un craquement sonore, mais le nœud obtenu forma simplement une cicatrice en forme de bourrelet épais, et des branches épaisses et sinueuses en sortirent à leur tour, avant de se multiplier rapidement, de s'épaissir également, de donner naissance à d'autres branches, toujours plus nombreuses, qui bientôt se couvrirent de petites feuilles irrégulières et de minuscules fleurs blanches et fragiles…
Drago ne s'était pas attendu à ce genre de résultat. Le sort avait cherché une graine dans le sol et s'était concentré sur elle. Il pensait obtenir un arbuste ou une broussaille, mais l'arbre ne cessa de grandir que quand son tronc fut plus large que ses épaules et que son sommet culmine à cinq ou six mètres de haut. Quelqu'un avait dû cracher un pépin ou un noyau par ici, ou bien balancer le trognon d'une pomme dévorée.
En tout cas, c'était un arbre fruitier.
« Joli », commenta Potter en levant sa baguette pour mieux éclairer.
Une rafale de vent passa, et la moitié des fleurs furent immédiatement arrachées et s'envolèrent vers la mer.
« J'imagine qu'il refleurira au printemps », ajouta-t-il, pensif.
Une fois de retour dans le château, ils s'arrêtèrent de nouveau au niveau du palier qui menait aux sous-sols.
« Bon… marmonna Drago en replaçant sa baguette dans son étui. Merci de ton aide, Potter… Bonne nuit, et…
– Je sais toujours pas ce que tu reproches aux remerciements et pourquoi tu en prononces si peu. »
Drago ricana. « Rappelle-moi de t'expliquer ça par écrit, ce sera plus simple, je pense. »
« Et tu ne m'as jamais récité le poème que tu étais censé écrire sur mes yeux. »
Drago lui sourit méchamment : « La subtilité n'a jamais été ton fort, Potter.
– C'est juste que demain, ils seront tous là à nous épier… Je me dis que quitte à se dire adieu, autant le faire ce soir, juste tous les deux. »
Le sourire triste.
Drago soupira, puis tendit la main.
« Adieu, Harry Potter. »
Le sourire triste. Il avait probablement espéré plus. La première fois, il avait refusé de lui serrer la main. S'il refusait à nouveau, ça ne serait pas pour les mêmes raisons, cette fois-là. Les doigts de Potter se refermèrent sur les siens.
« Adieu, Drago Malfoy. »
Pourquoi Drago n'a pas volé la cape d'invisibilité après que Harry l'ai espionné dans le Poudlard express et qu'il l'ait pétrifié est et restera pour moi l'un des mystères autour de ce perso... J'ai lu des tas de théories, et aucune ne m'a convaincue plus que "ben c'est une faiblesse d'écriture"
Le mec est supposé être un petit connard qui profite de tout et de tout le monde, et il ne vole pas cette merveille qui 1- lui serait bien utile et 2- mettrait bien son rival dans la panade ? Même la fierté de se débrouiller seul ne tient pas : Il aurait pu voler la cape pour la détruire et faire de la peine à son ennemi, par exemple...
