En passant : Juste qu'il reste en prison ? Il y en a pour trouver qu'il mérite un peu plus que ça XD

Oznela : Ahaha, faut dire que j'ai beaucoup focalisé sur Drago lors de mes dernières relectures !

A partir de demain, je repasse à un rythme de parution tous les 2 jours : Je suis sur un passage compliqué avec multiples pov, et je galèèèèère à avoir une continuité ^^
Mais je vais en profiter pour poster des Ficlets toutes mignonettes sur l'histoire de Patterond durant le 7eme tome de la saga X,) ! C'est noyel, après tout, un peu de fluff et de légèreté !
(et le temps passant, je me rends compte que ma vision de Drago et de Pattenrond se ressemblent étrangement)
ça s'appelle "en attendant qu'elle revienne"


La rencontre était prévue pour 10 heures.

Les carrosses successifs des Présidents Français et Italiens, du Ministère Britanique et du Magenmagot se rangèrent aux côtés de celui du Maléfistinat, et l'île sembla plus petite et pitoyable que jamais, encombrée par ces véhicules luxueux.

Mullan avait préparé la salle de réunion officielle, et Drago sourit en constatant qu'elle avait choisi la table ronde, indiquant un rang égal entre les participants. C'était peut-être par égard pour Potter et lui, ou plus probablement par mépris pour les humains de façon générale.

Ils s'installèrent tous, se saluèrent et se présentèrent aimablement, puis on frappa à la porte, et Drago sentit un frisson à la fois chaud et glacé lui parcourir la nuque.

Il fit attention à ce que son souffle ne trahisse aucune émotion avant de se lever respectueusement et de se retourner.

Il était là.

Les mains menottées, mais Runcorn lui ôta aussitôt ses entraves.

Lucius Malfoy était aussi beau que dans son souvenir, aussi élégant et fier. Sur lui, la robe grise de prisonnier tombait comme un costume taillé sur mesure. Le dos droit, le visage dressé, et… Oui. Un sourire discret sur ses lèvres fines. Un léger hochement de tête approbateur.

Drago vint immédiatement à sa rencontre, et ferma les yeux de plaisir en l'entendant prononcer son prénom. Le ton aurait pu être celui d'une simple salutation, mais lui pouvait entendre tous les non-dits. Et puis ses larges mains parfaites se refermèrent sur ses épaules, et pour la première fois depuis presque dix ans, l'homme serra son fils contre lui.

Il sentait mauvais : l'odeur du corridor 3. Une odeur d'homme et de saleté, mais Drago leva les mains à son tour pour l'enlacer, et il entendit distinctement les mots chuchotés dans son oreille :

« Je suis fier de toi, fils. »

Son cœur aurait pu éclater de bonheur à ce moment-là.

L'étreinte ne pouvait pas non plus durer plus d'une dizaine de secondes.

Lucius repoussa doucement Drago. Ses mains remontèrent de ses épaules vers son visage, auquel il sourit franchement, puis recoiffèrent les cheveux pour dissimuler les dents sur sa pommette. Drago hocha une fois la tête : le message était limpide. Ses cheveux resteraient en place.

Les deux Malfoy gagnèrent la table, tirèrent leur chaise à l'unisson, puis s'assirent en même temps. Drago lui avait réservé la place voisine de la sienne. Il ne pourrait pas voir ses expressions, mais ça avait peu d'importance. Il ressentait sa présence.

En redressant la tête, il vit toutefois le visage de Potter, et constata que celui-ci avait rarement paru aussi triste. Il en éprouva un pincement au cœur. Potter ne pouvait pas comprendre : Le pauvre était orphelin et n'avait jamais eu de père. Il ignorait la magie fondamentale qu'on pouvait trouver dans ces mots.

Griselda Marchebank, la Présidente du Magenmagot prit alors la parole. Elle se présenta, expliqua que cette réunion se déroulait son contrôle d'un représentant de justice assermenté, et que par conséquent, chaque décision acceptée à l'oral tenait ici lieu d'engagement écrit, sa mémoire faisant foi…

Elle entama ensuite un long discours sur les relations anciennes et fraternelles entre la Grande Bretagne et le vieux continent, cita quelques articles de loi permettant l'extradition d'un ressortissant étranger d'un pays vers l'autre, loua les liens puissants entre les Sorciers et les Nations… Et puis elle sortit d'une mallette un parchemin, signé par la Directrice de la Prison Parisienne de la Bastille, qui s'excusait de ne pas pouvoir être présente, mais qui se sentait honorée de pouvoir servir son Pays, répondre aux attentes de son peuple, accueillir ses vieux compatriotes…

Potter soupirait déjà de fatigue à cette première intervention, et Drago l'observa avec compassion.

Ensuite, le Président Sorcier Français De-Saint-Brasier prit la parole, pour répéter peu ou prou la même chose. C'était un bel homme moustachu peigné avec élégance et habillé avec classe.

La Présidente Italienne Vecchiaforza suivit, en justifiant maladroitement sa présence par la nécessité qu'elle assiste à chaque décision importante prise par le Maléfistinat… La pauvre n'avait officiellement aucune raison d'être là, puisqu'il était prévu que les Malfoy purgent leur peine en France. Personne n'était dupe, mais il fallait préserver les apparences.

Puis le Ministre de la Magie Shacklebolt, qui dressa la liste des crimes et délits reprochés à la famille Malfoy, avant d'annoncer une somme supposée compenser les traumatismes et pertes matérielles… À la fin de sa lecture, il jeta sur la table le parchemin qu'il avait lu en grimaçant, assumant sans un mot ce qu'il pensait de cette mascarade.

Ce fut au tour du Professore Kenaran, qui indiqua l'honneur de pouvoir servir sa nation en accueillant sous son aile le symbole d'entente qu'était Drago Malfoy… Il semblait le seul véritablement heureux de cette réunion. Tous les autres soupirèrent ou haussèrent les sourcils avec éloquence.

Griselda Marchebank donna ensuite la parole à Potter, toujours en suivant l'ordre logique de leurs rangs respectifs.

« Je trouve ce projet ridicule, dangereux, et je m'y oppose personnellement », commença-t-il, et les yeux de Drago s'écarquillèrent de peur : Non, Potter n'oserait pas lui mettre des bâtons dans les roues ! Pas maintenant ?! « Mais je ne pense pas que mon avis sur le sujet ait une valeur quelconque, et je m'en remettrai donc à ce que mon Gouvernement décidera. Je m'interroge toutefois sur l'intérêt de ma présence à cette réunion : Je pense être encore moins nécessaire à cette discussion que ma consœur par ailleurs absente. » Il montra le siège vide de la Directrice de la Bastille, et souffla.

« Monsieur le Directeur, commença Shacklebot, nous ne…

– Oh, il ne s'agissait pas d'une question, Monsieur le Ministre. Inutile de me répondre. Nous pouvons passer directement au prochain intervenant. Monsieur Lucius Malfoy, je suppose ? » demanda-t-il à Marchebank.

La Sorcière soupira en secouant la tête, et Drago devina que ce n'était pas la première fois qu'elle croisait la route de l'impertinent Monsieur Potter. Puis elle accorda son attention sur l'homme à sa gauche.

La voix de Lucius Malfoy avait été réchauffée d'une pointe d'émotion quand il avait murmuré sa fierté à l'oreille de son fils, mais lors de ce discours-là, elle était redevenue celle, détachée et maîtrisée, de l'Orateur efficace : Il remercia le Président De-Saint-Brasier pour le mal que son gouvernement s'était donné pour venir en aide aux siens, précisa que c'était un honneur pour chaque Malfoy de mettre à son service la fortune familiale… Il termina toutefois par une menace à peine voilée :

« Malheureusement, je serais avare de compliments en ce qui concerne le traitement que nous avons subi ici. Mon fils en a particulièrement fait les frais, et garde encore sur sa peau les stigmates de tous les mauvais coups qu'il a reçu. Je ne reproche évidemment rien à Monsieur Potter, dont le jeune âge peut facilement excuser les maladresses et le manque de réactivité… »

L'interpelé haussa haut les sourcils en souriant méchamment.

« Vous êtes bien aimable de me trouver des excuses. J'aurais du mal à vous retourner la faveur.

– Ne vous donnez pas la peine d'y réfléchir, Monsieur Potter. Comme vous l'avez souligné tantôt, il n'est pas utile de perdre notre temps en verbiages inutiles. J'aimerais toutefois que notre souffrance passée serve à l'avenir, et j'aimerais servir d'ambassadeur pour mes frères détenus. »

L'ambiance était passée de lourde et assommante à agressive.

Potter ne répondit pourtant pas à la provocation : Il sourit à Drago, puis regarda ailleurs dans une attitude désinvolte.

« Merci, Monsieur Malfoy. Je ne doute pas que vous serez un avocat efficace », grinça Marchebank en s'adressant au père. Puis tournant le regard vers son fils : « Monsieur Malfoy ? »

Drago respira doucement avant de prendre la parole :

« Je ne répèterai pas les remerciements de mon père, mais j'éprouve bien sûr la même gratitude… Je me dois également de remercier le Professore Kenaran pour la peine qu'il a personnellement pris à organiser cette entrevue. »

L'interpelé hocha poliment la tête, et Drago poursuivit :

« Il m'a donné l'opportunité de discuter de nos conditions de détention en Europe, et j'aimerais que nous nous mettions d'accord sur elles aujourd'hui.

– Est-ce bien nécessaire de parler de cela ici ? grinça Shacklebot. Cette discussion préoccupe certainement l'Union Européenne, mais nous concernant… » et il montra Marchebank et Potter, « notre opinion sur la question n'a que peu d'intérêt.

– Je ne crois pas. C'est la loi Britannique que notre Famille a enfreint, et les Malfoy n'oublient pas ce qu'ils doivent à cette Terre. Nous espérons que nos conditions de détentions ne fassent pas l'objet de mésentente entre notre Pays d'Origine et notre Pays d'adoption. Nous tenons par exemple à conserver les robes grises en signe d'humilité, tant que les peines qui nous ont été attribuées ne seront pas arrivées à leur terme. »

Soupir collectif devant la vacuité de la proposition, mais Drago ne s'en formalisa pas. Potter et Kenaran semblaient amusés. Il ignorait l'expression qu'avait son père, mais il ne distingua aucun mouvement ni aucune crispation, et conclue donc que soit l'idée le laissait indifférent, soit elle lui plaisait. Au bout d'un moment, tout le monde s'accorda cependant sur l'idée.

« Nous n'effectuerons pas nos peines dans la Prison de la Bastille, reprit Drago, car cela irait à l'encontre de la volonté du Professore Kenaran, qui tient à ce nous nous tenions à proximité du Maléfistinat. Une résidence privée, surveillée, dans laquelle il nous serait interdit de recevoir la moindre visite, et une assignation à domicile nous semblent pertinentes. Nous acceptons humblement d'être placés sous la surveillance d'elfes de Maison, afin qu'il soit clair qu'aucune trahison ou corruption ne soit possible.

– Excusez-moi, Monsieur Malfoy, intervint Marchebank. Il s'agit là de dispositions concernant… ?

– L'ensemble de la famille. »

La table resta interloquée un moment, et Drago fit semblant de parcourir ses papiers des yeux. Finalement il y eut quelques raclements de gorge, des « Ces dispositions me semblent raisonnables », ou « Je n'y vois pas d'inconvénient, nous pouvons procéder ainsi… »

Enfin, intervint la voix lente et mesurée à sa gauche : « Je partage le même point de vue que mon fils. »

Drago ferma les yeux de soulagement et de fierté : Son père lui faisait confiance. C'était le plus beau jour de sa vie.

« Me concernant, toutefois, reprit Drago en se saisissant du document adapté, le Professore Kenaran m'a fait la grâce de me proposer un poste de Dottorando à ses côtés, et j'accepte bien évidemment son offre et l'honneur d'avoir l'occasion de servir l'Europe. Afin d'effectuer ma tâche dans les meilleures conditions possibles, j'aurais besoin d'un logement de fonction sur le campus du Maléfistinat, d'un accès permanent à la Biblioteca Nazionale Marciana, d'une autorisation de déplacement sur tout le territoire européen, d'un salaire de douze Gallions mensuels, de la mise à ma disposition d'un… »

Drago égrena patiemment sa liste, terminant sur le nombre de jours de congés nécessaires, puis il reposa le papier et parcouru l'assemblé des yeux. Les expressions allaient de perplexes à amusées.

Ce fut Kenaran qui osa prendre la parole :

« Vous voulez un logement de fonction ?

– Ça me semble plus pratique, oui.

– Mais cette résidence surveillée par des elfes que vous évoquiez ?

– Sera le lieu de détention de la famille Malfoy.

– L'ensemble de la famille Malfoy, à votre exception ?

– C'est ça. »

Lucius Malfoy vivrait dans le luxe et ne manquerait de rien, Drago y prendrait garde. C'était son père, et il l'aimait et le respectait. Mais le laisser libre aurait été une erreur. Le laisser rassembler à nouveau des adeptes autour de lui aurait été dangereux. Lucius Malfoy purgerait sa peine, pas un jour de plus, pas un jour de moins. Il trouverait insultant d'être surveillé par des elfes de Maison, mais Drago n'était pas de cet avis. Les elfes auraient la dignité de le servir et de le surveiller sans adoration ni cruauté.

Il n'avait pas protesté. Il s'était contenté de gronder d'un ton bas et menaçant « Drago… », mais c'était trop tard : Il avait accepté ces conditions de détention. Il mettrait probablement des années avant de pardonner à son fils, mais Drago ne s'en inquiétait pas : Il serait le seul être humain avec lequel il pourrait communiquer, et n'aurait pas d'autre choix que de se faire à l'idée.

La Présidente Italienne et le Président Français avaient eu besoin de discuter avec leurs secrétaires et traducteurs pour s'assurer qu'ils avaient bien compris l'information. Quelques dossiers et documents furent extraits de diverses pochettes pour être partagés, et finalement, tout le monde sembla accepter la proposition.

« Bien ! s'exclama finalement Kenaran. Puisque ceci est réglé, nous pouvons…

– Je n'ai pas terminé, l'interrompit doucement Drago. J'ai une deuxième requête. »

Kenaran et Potter souriaient franchement, ravis du divertissement. Shacklebot et Marchebank semblaient savourer la déception de son père comme s'il s'agissait d'un bonbon. Les présidents Italiens et Français étaient bien moins concernés, mais ils s'amusaient toutefois.

Une belle bande d'hypocrites, tous autant qu'ils étaient. Censés représenter la justice mais heureux de lire la trahison et la déception sur le visage d'un homme.

« Nous vous écoutons, Monsieur Malfoy », reprit Kenaran.

Drago fit un tas propre avec ses documents puis croisa ses doigts par-dessus et fixa son regard sur Kenaran.

« Je doute qu'en partant aujourd'hui, le logement attribué à notre famille ait le temps d'être aménagé. Par conséquent, vous ne verrez pas d'objection à ce que le carrosse fasse un détour qui fera gagner quelques jours à vos équipes. J'aimerais que nous nous arrêtions au Pôle Sud, dans un endroit le plus éloigné possible de toute présence humaine. Là, vous libérerez le Détraqueur. »


Qui pense que Lucius mérite pire ? °u°/