Et bien après 3jours à galérer, j'ai enfin accouché le 15 décembre ! Je ne vous cache pas que j'ai très peu de temps à moi, et par conséquent, pas je n'ai pas modifié ce qui ne me plaisait pas dans ce chapitre... En espérant que ça passe tout de même !
Merci encore à tous pour vos petits mots et vos encouragements ! Je n'ai pas eu un parcours facile, et écrire m'a fait beaucoup de bien, mais ça n'aurait clairement pas eu le même intérêt sans vous... Coeur coeur coeur.
Au cas où ce n'est pas clair, on commence par un mini retour en arrière, juste après la moitié du chapitre 144 (qui était raconté du pov de Harry)
cattleyahana : Drago aime les bisous, et Vif-Eclair n'était pas là X)
En passant : J'avoue, c'est pas ragoutant X,D
77Hildegard : Merci ! oui, c'est pour ça que j'avais plein de temps pour écrire : j'étais clouée dans le canapé XD !
Il y croyait à moitié... En tout cas, assez pour invoquer un patronus...
Guest : La première nuit a été affreuse, mais ça commence à aller mieux !
Pour le chapitre suivant : Pareil que celui-ci ! Il est écrit, mais pas relu et vérifié ! Si je trouve le temps, je le poste dans 3-4 jours... Sinon, dans pas trop longtemps dans tous les cas :D
Drago savait qu'il ne trouverait plus de quoi préparer un chocolat chaud à Madame Johnson sur la table de la Patinoire : Depuis qu'ils n'étaient plus que cinq à dormir sur place, la table de banquet avait été abandonnée et les habitants des lieux mangeaient désormais avec les gardiens.
Aussi avait-il amené Monsieur Temrah du côté des cuisines.
Entendre sa vieille voix radoter avait quelque chose de réconfortant.
Elle l'empêchait de trop penser à ce qu'avait affirmé le Professore après le combat : « J'ignore s'il s'agissait d'un souvenir, d'un espoir ou d'une certitude, mais vous le lui avez enlevé. »
Drago ne se rappelait pas non plus. Ça avait un rapport avec son père, en tout cas : Un sourire ? Une promesse ? Un encouragement ? Un remerciement ? Une félicitation ? Il n'en avait plus aucune foutue idée à cause de ce bâtard répugnant de traitre à son Sang qui ne pouvait s'empêcher de profiter de chaque occasion pour venir le tripoter. Durant un combat, il avait osé l'enlacer, comme s'ils étaient un couple ! Comme s'il était une demoiselle en détresse et lui un stupide chevalier ! Il lui avait pourtant dit, redit et encore répété qu'il ne l'aimait pas ! Il lui avait dit sur tous les tons, et ça, il s'en souvenait !
Le pire là-dedans, c'est qu'il avait obéi : Potter lui avait demandé de convoquer un Patronus, et par Merlin, il l'avait fait ! Il ne s'en savait pas capable, mais il avait fait cet effort-là, il avait donné tout ce qu'il avait, mis en jeu la chose – Il ignorait de quoi il s'agissait – qui lui tenait le plus à cœur, et Potter, après avoir profité de lui, la lui avait arrachée, puis lui avait lancé ce satané sourire arrogant et méprisant qui donnait envie à Drago de lui briser toutes les dents. Le simple fait de voir son visage rayonnant était une torture.
Il ferma les yeux et prit une grande inspiration.
« Évidemment, soliloquait Monsieur Temrah, le cacao est plus amer, mais avec une larme de miel, il est plus rapidement assimilé, et ses effets bénéfiques durent bien plus longtemps. J'ai remarqué que la cannelle également donnait un coup de fouet. Personne ne m'a jamais écouté, mais je gage que les Dottorandi Romains accorderont davantage de crédit à mes thèses, désormais…
– Bien sûr, Monsieur Temrah », marmonna Drago sans trop s'impliquer.
Ils arrivèrent devant les portes métalliques des cuisines, et Drago hésita un instant sur la marche à suivre. Il doutait que le statut de l'ancien Directeur suffise à le protéger des détenus. Ils avaient forcément entendu le raffut du combat, ils allaient être sur les nerfs. Finalement, il indiqua au vieillard de l'attendre quelques minutes dans ce couloir, sortit sa baguette de son étui, et posa sa main sur la barre de fer rouge en se sentant prêt à affronter à peu près n'importe quoi.
Les portes s'ouvrirent sur l'habituel déluge de sensations : Le bruit des fourneaux allumés, l'odeur entêtante et douceâtre de la purée, la chaleur et la vapeur… Il pénétra les lieux et jaugea qui était présent d'un coup d'œil. Une vieille scène qu'il avait déjà vécue se rappela à lui : Ils étaient tous attablés autour d'un amas de pommes de terre gigantesque qu'ils étaient occupés à éplucher. Comme s'il ne s'était absolument rien passé. Comme si la destruction de l'infirmerie importait peu par rapport à l'heure du service. Il s'arrêta à une demi-dizaine de mètres d'eux.
Son arrivée leur fit lever les yeux, puis tous les regards se baissèrent d'un coup vers la baguette qu'il tenait négligemment. Les expressions se firent immédiatement avides.
« Ma petite Souris, le salua Rosier, qui fixait comme tous les autres le bout de bois entre ses doigts. Tu es venu nous dire au revoir ? Ou bien nous narguer ?
– Tu la veux ? » proposa Drago en tendant la main.
Ils restèrent tous immobiles. Ils devaient penser que Drago leur tendait un piège, qu'il était venu se venger. C'est ce que lui aurait pensé.
« J'ai besoin de cacao, de l'ait d'amande, de miel de châtaigner et de cannelle », énonça-t-il sans bouger davantage.
Au bout d'un moment, Rosier se leva et partit chercher les ingrédients demandés.
Ackerley en profita pour l'insulter : « Il parait qu'à force de sucer des bites, t'as réussi à trouver celle qui te ferait sortir d'ici. Félicitations, Malfoy. Perso, je reste peut-être enfermé, mais au moins, je suis pas une pute. J'arrive encore à me regarder dans une glace. »
Drago tourna la tête vers le mur et tenta de l'ignorer. La remarque sur le miroir était probablement un hasard. Il n'y en avait pas dans les corridors des détenus, alors l'information ne pouvait venir de l'un d'eux. Et peu probable qu'un Surveillant ait pu remarquer son regard fuyant devant ceux des toilettes du grand-hall et se soit amusé à propager l'anecdote.
« T'es vraiment une merde, Malfoy. Une petite pute sans aucune fierté. Même armé, t'oses pas m'attaquer, hein ? De quoi t'as peur ? Que je te lance une patate ? » Il se saisit d'un des légumes devant lui et fit mine de le soupeser.
Drago regardait ailleurs. Bientôt tout ceci serait terminé.
Rosier revint vers lui avec un petit plateau en inox. Il ignora la main ouverte, la baguette offerte, et tendit le plateau par-dessus elle. Au milieu des ingrédients demandés, il y avait un couteau moldu, à la lame légèrement courbée, fendue de deux longues ouvertures.
Soudain, Drago comprit pourquoi Rosier lui en avait offert un, à Noël.
« Tu sais, Rosier, notre amitié va avoir du mal à survivre, si je quitte le pays.
– Je sais, oui.
– Tu voudrais venir avec moi, en Italie ? Ça te plairait ?
– Oui.
– Tu serais prêt à tout sacrifier pour ça ?
– Oui. » Le sourire doucereux revint.
« Les amis que tu as ici ? Ta liberté ?
– Oui. »
Derrière l'homme, il entendit Ackerley poursuivre ses moqueries.
« Rosier… C'est un nom Français, n'est-ce pas ?
– Oui.
– Tu feras tout ce que je dis ?
– Oui. »
Il hésita un moment, toujours sans bouger.
Il lui fallait un point de contact avec le Détraqueur : Une émotion, une sensation… Peu importait. Quelque chose, en tout cas, sur quoi ils puissent se retrouver.
Rosier… Rosier l'avait aidé. Il n'avait pas fait grand-chose, mais il avait fait ce qu'il avait pu. Si les choses devaient mal tourner, s'éterniser…Drago pouvait en prendre la responsabilité.
Quant à Ackerley, c'était un connard : Le fait d'avoir été agressé alors qu'il n'était qu'n gosse ne justifiait pas tout. Avec lui, Drago avait tout tenté : La discussion apaisée, l'argent, la prostitution, la soumission, la révolte. Ackerley avait eu sa vengeance. Pour quelle raison, d'ailleurs ? Drago n'était en rien responsable du fait que sa main ait été brûlée : C'était lui qui avait fait l'erreur de tenter de le poursuivre hors des cuisines. Il n'aurait pas dû s'enfuir ? Et pourquoi pas, puisque le reste n'avait rien donné !
Une pomme-de-terre vola. Elle heurta le pot de miel qui vacilla et tomba sans s'abimer sur le plateau, et le rire gras d'Ackerley s'éleva. C'était tellement ridicule, Bon Sang : Pourquoi ce type persévérait ? Qui exactement pensait-il tourmenter en agissant ainsi ?
Drago en avait assez de se laisser toujours faire : On lui avait enlevé sa liberté, soit ! Il avait été jugé et avait accepté la peine ! On lui avait volé sa dignité et sa fierté ? Il pouvait vivre sans, et il les avait de toute façon retrouvés ailleurs : dans un travail simple qu'il avait effectué à la perfection ! On lui avait arraché l'espoir, le bonheur, la mémoire ?! Il avait tout juste commencé à hausser le ton.
Maintenant, ce crétin pensait-il sincèrement qu'il allait se briser parce qu'on lui extorquait un vulgaire pot de miel ?!
Et bien peut-être.
Drago redressa doucement le bocal, mais sa décision était prise. Il rangea sa baguette et s'empara du plateau à une main avant d'y prendre le couteau et de le rendre à Rosier :
« Est-ce que tu t'y connais un peu en legilimancie ? Je…
– Oui, le coupa Rosier, immédiatement. Ça y est, tu sais qui je suis ? »
Drago fronça les sourcils, perdu. Il lui fallut plusieurs secondes pour remettre de l'ordre dans ses idées.
« Non, avoua-t-il. Mais peu importe : Si on est amis, alors je me moque du reste. Voilà ce qui compte : Avec la legilimancie, je peux voir tes souvenirs, je peux les montrer au monde entier. Mais je peux aussi mettre les miens dans ta tête à toi, comme dans une pensine. Je peux voir ce que tu voies. Ce que n'importe qui voit. Mais tu dois me faire confiance. Comme à un ami. Et l'accepter. »
·
Quand il ressortit des cuisines, quelques minutes plus tard, Monsieur Temrah semblait absent, mais il entendit soudain sa voix en provenance de sa cellule :
« Êtes-vous là ? M'entendez-vous vous ? Ah, fit-il après un bruit de choc étouffé, je vois que vous avez déplacé la table basse ?
– Monsieur Temrah, l'interpela aussitôt Drago. Je suis là, j'arrive. »
La grille était restée ouverte, et Drago rejoignit immédiatement le vieillard avant de lui tendre son bras libre.
« Ah… murmura le vieux en s'y agrippant doucement. Je suppose que le Monsieur qui était enfermé ici est parti ? Savez-vous s'il est mort ou bien s'il a finalement été renvoyé chez lui ? J'ai oublié de venir m'en enquérir, je le crains… »
Drago haussa les sourcils.
« Non, il n'est plus là, mais je ne sais pas ce qu'il est advenu de lui.
– Oh, quel dommage, soupira Monsieur Temrah. Toujours, j'oublie que le temps passe. »
Drago mena le vieillard à son lit et le fit s'asseoir avant de vérifier qu'il ne s'était pas fait trop mal en se cognant le mollet contre la souche : Il tâta doucement la jambe à travers le tissu de sa robe, guettant une grimace qui ne vint pas sur le visage du vieux.
« Vous vous rappelez de lui ? Pouvez-vous me dire qui il était ?
– Ah, je ne me souviens pas son prénom. Je crois bien qu'il ait été le seul à le porter et qu'il restera le seul à le porter jamais. Un original.
– Ce n'est pas grave, soupira Drago. Sa cellule m'a été attribuée, et je me suis souvent demandé… Mais ce n'est pas important.
– Il voyait des choses invisibles aux autres. Et il aimait passionnément. Nous n'aurions pas pu être plus différents. Il comptait les jours, il avait extraordinairement conscience du temps qui passait.
– Vous souvenez-vous si c'était il y a longtemps ? » demanda Drago en anticipant la réponse négative ou son manque de précision. « Vous souvenez-vous de son visage, ou bien aviez-vous déjà perdu la vue ? Est-ce que Momo-Sorbet était déjà né ?
– Oh, c'était récent ! C'est Monsieur Potter, déjà, qui avait exigé qu'il soit séparé du reste des détenus. C'était à la fin de la dernière guerre : L'homme avait vendu le Survivant contre l'espoir d'obtenir des nouvelles de sa fille unique. C'est elle qu'il aimait. Dans son camp à elle qu'il se trouvait. Le monde pouvait bien disparaître dans un brasier de Magie Noire tant qu'on lui permettait de la revoir. Ni un bon, ni un mauvais homme, en somme. Et pourtant, son cas m'a intrigué. Monsieur Potter voulait le protéger et le faire libérer, bien que cet homme ait failli le faire assassiner. J'ai pensé qu'il méritait que je quitte mes appartements pour venir lui parler. Mais je ne suis venu qu'une fois, je crois. »
Drago fronça les sourcils. Il trouvait étonnant que Potter ait pu donner un ordre alors que Monsieur Temrah était encore en fonction, et il avait donc du mal à lier les éléments entre eux.
« Oui, un original, reprit Monsieur Temrah en se levant et en déambulant dans la cellule comme s'il était chez lui. Il voyait des créatures dont je n'avais jamais entendu parler. Des Joncheruines et des Ronflacs Cornus. Il me les décrivait, et je croyais rêver, et… Ah, oui, vous voyez : Il s'était mis en tête de combler les fissures des murs avec du papier mâché. Je lui avais demandé pourquoi, et il m'avait répondu que le jour où cette cellule servirait à nouveau, il espérait que son successeur saurait apprécier les aménagements effectués. Que nettoyer les lieux faisait de cet endroit un peu moins une cage, et un peu plus un logement. Qu'un homme vivant dans un logement et non dans une cage se sent un peu plus humain et un peu moins animal. L'idée était loufoque à mes yeux, mais enfin, qui étais-je pour juger… »
Ses vieilles mains parcheminées caressaient les murs, suivaient les fissures que Drago avait continué de combler.
« Et vous lui avez donc succédé. Ses travaux vous ont-ils parus aussi aberrants qu'à moi-même ?
– Non, je… En effet, j'ai beaucoup apprécié de récupérer cette cellule. J'ai continué de l'améliorer, je… J'ai installé une étagère. Et une table basse. J'ai nettoyé les anneaux et… »
Cet homme, cet inconnu avait fait ça pour lui, sans le connaître, et Drago avait poursuivi son œuvre, sans trop y penser. Ici, il s'était senti chez lui, à l'abri, et bien qu'on lui ait prouvé le contraire.
« Ah, je me souviens, reprit Monsieur Temrah. Je me souviens son prénom. Xenophilius. Xenophilius Lovegood. Vous admettrez que ce n'est pas un nom facile à se rappeler. »
Et le vieux gloussa.
« Xenophilius Lovegood », répéta Drago au bout d'un moment de silence.
« Oui, oui. Xenophilius Lovegood. Un nom pareil ne s'invente pas.
– Et sa fille s'appelait Luna Lovegood.
– Vraiment ? Vous me l'apprenez.
– Elle attend un enfant.
– Vous la connaissez ? Est-ce l'une de vos amies ? »
C'était bizarre de repenser à elle un jour comme celui-ci. Il était heureux de pouvoir se souvenir de leur unique échange et des nouvelles d'elle que Longdubat lui avait apportées.
« Monsieur Temrah, vous… Vous disiez que vous n'aviez jamais connu l'amour ?
– Non. Non, je n'ai jamais eu cette chance, non.
– Mais vous parliez uniquement d'amour romantique, je suppose ? Vous devez avoir eu des amis, de la famille ?
– Non, non, rien de tout cela. Ça ne m'a jamais manqué. J'aimais le thé, le bruit de la mer, la solitude et la poésie. Je n'avais besoin de rien d'autre. »
Il tourna son regard blanc vers lui, et Drago frissonna en se sentant dévisagé jusqu'aux tréfonds de son âme.
« L'amour, la liberté… Ce sont de jolis concepts, mais les gens comme vous et moi n'en ont pas besoin. Nous pouvons trouver tout cela dans les vies qui sont à l'intérieur de nous. L'espoir et les souvenirs que l'on vous a arrachés, par exemple : Pensez-vous qu'ils avaient plus de valeur que ceux qui vous ont été offerts par le Détraqueur ? »
