En passant : Roh, c'est pas gentil pour mon Drago, d'avoir hâte que Harry pète un plomb, namého...
Guest : Ca, oui, ca lui ferait du bien de quitter l'ile quelques jours... Mais maintenant qu'il a invité tous ses copains, ca ferait malpoli XD
Drago gémit en entrant dans la petite salle d'eau de fortune. Il se prit la tête entre les mains, et respira doucement, se basant sur le souffle tranquille de Carrow, dans son dos.
Il essayait, désespérément, de se souvenir de ce qui avait transformé le brutal Harry Potter fraichement débarqué à Azkaban en homme aimable et amusant à qui il avait fini par s'attacher. Les choses s'étaient faites si lentement… Mais il y avait forcément eu un élément déclencheur : Quelque chose qu'il pourrait reproduire pour ramener les choses à la normale…
Malheureusement, une seule chose lui venait en tête : Potter s'était calmé quand ils avaient cessé leurs relations sexuelles forcées. Drago refusait d'envisager de priver Potter de ces rares occasions où il pouvait relâcher la pression.
Et puis, il y avait une autre raison, égoïste encore une fois : Lui-même en mourrait d'envie. Plus le temps passait, et plus il rêvait de passer de nouveau à l'étape supérieure, de le sentir en lui, de s'abandonner à lui… Il se faisait l'impression d'être un petit dépravé, et se demandait s'il n'était pas en train d'en avoir envie plus que son amant lui-même. Parfois, il se rassurait en songeant qu'il s'agissait certainement d'un nouveau petit fantasme cruel à la Potter : Le faire languir pour amener Drago à le supplier ou à accepter n'importe quoi. Et que Merlin le protège, il n'en était pas loin.
Drago gémit à nouveau et étouffa un juron : Ce n'était franchement pas le moment d'avoir une érection.
Il tourna la tête pour considérer Carrow, avec ses yeux inexpressifs qui le fixaient. Rien de tel pour faire redescendre l'excitation. Il déculotta le détenu, le fit s'asseoir sur la cuvette, lui ordonna de faire ce qu'il avait à faire, et en profita pour vérifier l'état de propreté de ses oreilles, de ses cheveux, de ses dents… Rien de parfait, mais tout ça pouvait attendre. Il s'en voulait parfois de ne pas s'occuper un peu mieux de lui. Il n'avait cependant pas le temps de récurer chaque jour l'homme de la tête aux pieds s'il voulait avoir une chance de se laver lui-même.
Une fois son inspection finie, Il envoya le détenu se tenir face à la porte de la salle d'eau pendant que lui-même se déshabillait pour prendre une douche rapide. Les premières fois, il lui avait même recouvert la tête d'une serviette. Il s'était rapidement senti honteux et avait arrêté.
Il venait juste d'ouvrir le robinet d'eau de la douche quand un bruit sourd le fit sursauter et tourner la tête, anxieux : La porte qu'il était certain d'avoir verrouillée venait de taper dans le corps de Carrow qui n'avait pas réagi. La porte cogna une seconde fois, puis s'ouvrit un peu plus doucement, jusqu'à se retrouver bloquée, et la tête de Potter se faufila par l'ouverture.
Les yeux inquiets.
Drago renifla de soulagement. Potter avait dû s'habiller d'un coup de baguette, et comme toujours, Drago était à complètement nu face à lui, sans défenses. Pourtant, cette simple expression contrite suffisait à le rassurer.
« Je suis désolé… »
Potter fit tant bien que mal glisser son corps à travers l'interstice pour le rejoindre. Drago ricana tristement, épuisé par ces hauts et bas émotionnels.
« Drago… J'ai pas envie de te faire du mal, murmura Potter en lui caressant le visage. J'ai pas envie de te faire peur… T'as raison, je recommence à être… » Il termina sa phrase par un soupir, puis reprit : « Tu dois me le dire quand je vais trop loin. Moi, je m'en aperçois toujours trop tard… »
Drago posa ses mains sur celles de Potter, mais ne répondit pas : Comment pourrait-il faire comprendre au Survivant que lui n'avait pas, n'aurait jamais le courage nécessaire à lui faire remarquer ses égarements quand il était dans cet état ?
« Drago…
– Je suis désolé, Potter… J'aimerais bien, mais je ne suis pas comme toi… Quand… Quand ce genre de choses arrive, je suis bloqué, je n'arrive pas à réagir… »
Drago sentit le front de Potter entrer doucement en contact avec le sien, et il ferma les yeux. Ils restèrent silencieux un moment, tanguant légèrement.
Il était difficile de suivre le rythme de Potter. Probablement au-delà des capacités de Drago… Et pourtant, pour ce genre de moment, il voulait essayer, s'obstiner et réussir…
« Je t'en demande beaucoup, hein ? » supposa Potter.
Drago ouvrit les yeux. Il avait l'impression que leurs visages n'avaient jamais été aussi proches.
« Non, même pas vraiment… répondit-il. En tout cas, tu m'en demandes surement moins que ce que tu n'exiges de toi-même… »
Ils se fixèrent longtemps dans les yeux, silencieux, leurs bouches entrouvertes à quelques centimètres l'une de l'autre, respirant le même air chaud.
« Je vais essayer, abdiqua enfin Drago. Je ne te promets rien, parce que… Je ne suis pas quelqu'un de… fort, mais…
– T'es extraordinairement fort. Crois-moi. Parole de Survivant. »
Drago gloussa. « Non, je suis juste habitué à prendre des coups. Ce n'est pas de la force, c'est de la capitulation.
– Mais t'es capable de rendre coup sur coup. »
·
Drago parcourait en silence les couloirs de la forteresse, les bras chargés de linge propre. Dans son dos, Carrow l'imitait en portant un poids deux fois supérieur au sien.
Capable de rendre les coups ? Drago en doutait. Il était capable de résister quand son misérable instinct de préservation imposait sa loi sur ses capacités de réflexions ou d'analyse, et il était loin de considérer ces réflexes ridicules à lutter comme des victoires. Il avait regretté quasiment chacun des coups qu'il avait donnés, que ce fut à Potter, aux cuisiniers, à ceux qui l'avaient violé… Ou, plus anciennement encore, quand il avait tenté de se rebeller contre les ordres des Mangemorts ou leurs punitions injustes.
Quand Potter était lui-même, alors Drago osait sans sourciller l'insulter, se moquer de lui ou le rabaisser, mais il savait, au fond de lui, que c'était uniquement parce qu'il ne risquait alors aucune représailles.
Quand ils pénétrèrent à nouveau la patinoire, Drago faillit faire tomber sa charge au sol : Elle était là de nouveau, tranquillement accroupie sur la table, entre les bouteilles et les monceaux de victuailles, et reniflait avec curiosité l'intérieur d'un bocal d'anchois. Elle se retourna d'un coup en le sentant arriver, et lui adressa un grand sourire éclatant :
« Tu es là ! »
Elle sauta à terre, et vint à sa rencontre. Il recula d'un pas, et vérifia nerveusement que le front de Carrow était correctement marqué.
« Je… Je ne crois pas que tu aies le droit de rentrer dans le château, marmonna-t-il craintivement.
– J'ai le droit si je ne me fais pas remarquer et que je ne tue personne », récita la Selkie comme s'il s'agissait d'une leçon apprise par cœur. Elle l'observa pensivement un moment, puis déclara : « Tu as changé de visage depuis hier. Celui-là est encore pire que l'ancien… »
Drago haussa les épaules et alla ranger le linge de lit et de toilette sur le présentoir approprié avant de remplir les casiers nominatifs avec les vêtements propres et repassés. Effectivement, la peau de sa joue, là où les dents avaient été arrachées, était grumeleuse et suintante, mais il ne doutait pas de cicatriser rapidement. Bientôt, il aurait de nouveau figure humaine, et même s'il ne figurerait jamais en couverture de Sorcière Hebdo, il saurait s'en contenter.
« Pourquoi as-tu mis ce visage-là ? C'est pour éviter qu'il te reconnaisse ? »
Drago fronça les sourcils avant de tenter une réponse : « Mon visage n'est pas comme celui-ci », expliqua-t-il en désignant la tête de phoque morte qui sautait sur la hanche de la Selkie à chacun de ses pas. « Je ne peux pas décider de l'enlever ou de le remplacer intentionnellement. Les dents sont tombées toutes seules.
– Elles ne sont pas tombées toutes seules, elles sont tombées quand il t'a frappé…
– C'est ça, confirma-t-il en s'emparant du tas de linge que trimbalait Carrow. Ce n'est pas quelque chose que j'ai fait moi-même.
– Tu veux dire qu'il a changé ton visage pour que tu ne puisses pas te reconnaître toi-même ? »
Il fut légèrement rassuré en constatant, à son expression, qu'elle semblait juger l'hypothèse aussi saugrenue qu'il le pensait lui-même.
Il tenta à nouveau de s'expliquer en remplissant ses tâches matinales, mais c'était comme discuter avec un mur : La Selkie semblait considérer son visage comme un vêtement de plus ou de moins qu'il pouvait ôter ou personnaliser à sa guise. Elle suggéra même que celui qu'il portait, il l'avait volé à un autre.
Au bout d'un moment, les résidents du village commencèrent à émerger du sommeil et de leurs logements. Aucun d'entre eux ne semblait les remarquer, et c'était affreusement perturbent d'évoluer parmi ses personnes qui les ignoraient remarquablement.
La Selkie cracha tout de même légèrement quand Potter sortit du logement qu'il s'était attribué, et Drago entendit un fredonnement s'élever de d'elle. Il réalisa que le son avait toujours été présent, à un degré moindre, et qu'elle ne faisait qu'en varier la puissance selon le nombre et l'identité des témoins potentiels.
« Lui, par exemple, déclara-t-elle sans que le son cesse, il porte son propre visage. »
Drago suivit son regard.
Potter saluait aimablement ses camarades, en se grattant le torse et en plaisantant.
Il n'était même pas surpris de cette révélation. Évidemment que le Survivant ne portait pas son visage comme le commun des mortels. Évidemment qu'il était unique.
Potter se servit un mug de café et se mit à discuter avec Ginny et Ron Weasley. Se faisant, il parcourut la table des yeux et fronça les sourcils, comme s'il cherchait quelque chose. Ou quelqu'un.
« Je dois y aller, débita Drago à la Selkie en s'éloignant.
– Avant, tu n'avais pas peur de lui comme ça », répliqua-t-elle avec une nuance d'accusation dans la voix.
·
A croire qu'ils s'étaient tous donné le mot.
Ce fut Fleur Delacour, la première, qui vint lui parler. La veille, elle n'avait pas assisté à la scène de la gifle, mais les commérages s'étaient occupés de la tenir au courant, et probablement même d'exagérer les choses, puisqu'elle passa le petit déjeuner à jeter des regards ulcérés à Potter, comme s'il y avait eu plus d'un coup.
Elle semblait penser que le fait de parler en Français l'autorisait à aborder le sujet à voix haute, alors que Potter n'était qu'à deux pas d'eux. Elle voulait savoir comment il allait, s'il avait besoin de se confier, s'il y avait quoi que ce soit qu'elle puisse faire…
Drago en regretta presque la Selkie, qui avait au moins l'avantage de satisfaire une espèce de curiosité morbide concernant sa race qu'il n'avait jamais éprouvée jusque-là.
Il y eut ensuite Nguyen : Drago était venu le voir pour lui montrer l'état de sa main, de sa joue, et s'enquérir du nombre de prisonniers à risque depuis l'émeute, afin de savoir quand Carrow pourrait de nouveau passer ses nuits dans son brancard…
Au lieu de s'extasier devant la joliesse de son tout nouveau membre, absolument parfait, auquel il n'avait très vite plus eu aucune envie de faire subir le moindre châtiment, l'infirmier se lamenta sur la raideur de ses doigts.
Ce fut encore pire quand il se mit à examiner son visage : Il claqua la langue et secoua la tête, puis posa la question de sa voix désintéressée :
« Monsieur Potter vous frappe-t-il régulièrement ? »
Drago s'autorisa une longue respiration avant de répondre d'une voix menaçante :
« Non. Et je n'apprécie pas beaucoup ces accusations. Monsieur Potter n'est pas quelqu'un de violent.
– Vraiment ? s'étonna l'infirmier en lui appliquant un baume malodorant sur le visage. Pourtant il semble me souvenir qu'il n'était pas totalement innocent à votre présence ici, la dernière fois. Je me souviens de ses menaces, je me souviens de son manque de retenue… »
Drago hésita, puis haussa les épaules en regardant ailleurs.
« Le coup était mérité. Et si ça peut me permettre de retrouver un visage humain, j'en prendrais volontiers plusieurs comme celui-là. »
Nguyen retourna s'asseoir à son bureau, et considéra un moment le détenu avant de répondre :
« Je vous avais indiqué de ne pas y toucher. Vous devez vous douter que le coup, s'il a été assez puissant pour arracher ces dents, n'a pas aidé à votre bon rétablissement. »
Drago ne répondit pas, et l'infirmier se trouva forcé de confirmer :
« Elles repoussent. A première vue, pas plus nombreuses qu'avant. C'est la bonne nouvelle. La mauvaise, c'est que leurs racines sont plus profondes que la première fois. »
Drago adressa un regard de reproche à l'homme qui lui faisait face. Il savait ce dernier non responsable de ses malheurs, mais avait tout de même une furieuse envie de « tuer le messager » comme disait le proverbe.
« D'où ma question, reprit doucement Nguyen. Vous frappe-t-il régulièrement ? Si c'est le cas, je crains qu'à chacun de ses… dérapages, elles ne soient plus résistantes et mieux accrochées que la fois précédente.
– Non, grinça Drago. Il ne me frappe pas régulièrement.
– Voulez-vous dire que les coups sont rares, ou bien irréguliers ?
– Les deux.
– Depuis longtemps ?
– Ça ne vous regarde pas.
– Depuis son arrivée à Azkaban ? Je sais que votre départ du corridor 3 et votre travail pour lui ont commencé dès sa prise de fonction.
– Oui, cracha Drago en regardant ailleurs.
– Votre relation avec lui est-elle consentie ?
– Oui.
– Depuis le début ?
– Oui, répéta-t-il. Il m'a laissé le choix. »
Drago fixa ostensiblement son regard sur la petite fenêtre à côté de l'infirmier, et le silence s'installa. Ils n'étaient pas en train d'effectuer l'une de ces fameuses séances de psychologie moldue, ce qui ne l'obligeait nullement à parler. D'ailleurs, même si ça avait été le cas, il avait toujours été clair entre eux que lui seul choisissait alors le sujet du jour, et qu'il n'en disait ni plus ni moins que ce qu'il désirait.
« Monsieur Malfoy, vous et moi commençons à nous connaître, annonça finalement Nguyen. Vous savez que je m'implique habituellement très peu dans la vie de mes patients. Avec vous, c'est différent. Peut-être parce que vous m'avez sauvé la vie, peut-être parce que nos séances m'ont forcé à m'intéresser à vous. Quoiqu'il en soit, votre bien-être me tient un peu plus à cœur que celui de la plupart des résidents de cette île. »
Drago fronça les sourcils sans le regarder.
« Aussi, je vais me permettre d'être honnête avec vous. Brutalement honnête. Cruellement honnête, peut-être. Votre abnégation envers Monsieur Potter est au moins aussi malsaine que celle qui vous lie à votre père. »
