L'aube se levait, déversant sa lumière douce et dorée à travers les interstices des volets en bois. Dans la chambre, l'air était frais, caressé par un léger parfum floral teinté de notes subtiles de lavande. La lumière matinale s'infiltrait, jetant des ombres douces sur le parquet ancien, révélant un espace à la fois élégant et paisible. Des meubles aux lignes raffinées se mariaient harmonieusement avec les murs. Au centre de cette pièce délicatement décorée, un lit dominait, ses draps en lin blanc légèrement froissés, témoins silencieux de la nuit écoulée.
Dans ce lit, Jack O'Neill ressentit d'abord la caresse douce et fraîche des draps contre sa peau. Un frisson le parcourut tandis qu'il prenait peu à peu conscience de la situation inattendue dans laquelle il se trouvait. Les yeux encore remplis de sommeil, il espérait trouver la tranquillité familière de sa propre chambre. Pourtant, au lieu de cela, son regard se posa sur un plafond étranger, surplombé d'une lampe suspendue en cristal, dispersant des prismes de lumière dans la pièce.
Une sensation de chaleur contre son corps le fit se raidir. Lentement, presque craintivement, il tourna la tête vers la source de cette chaleur. À ses côtés, Samantha Carter était allongée, nue, ses cheveux blonds épars formant un halo doré sur l'oreiller. Ses lèvres étaient légèrement entrouvertes, et elle respirait calmement, perdue dans un sommeil profond et paisible.
Une expression de panique se peignit sur le visage de Jack. Il se redressa brusquement, ses muscles tendus par l'urgence de la situation. Son esprit, encore embué par les vestiges du sommeil, s'emballa. Comment ? Pourquoi ? Son regard balaya frénétiquement la chambre, cherchant des indices, une explication logique à leur intimité inattendue.
Le drap glissa de ses épaules, lui faisant prendre conscience de sa propre nudité. Il se couvrit rapidement, une pointe de gêne se mêla à sa confusion. Ses yeux se posèrent à nouveau sur Sam, si paisible. Il sentit son cœur se serrer. Que s'était-il passé pour qu'ils franchissent cette ligne invisible qui avait toujours défini leur relation ?
Jack essayait désespérément de se rappeler les événements de la veille, mais seuls des fragments lui revenaient : des rires, des verres qui s'entrechoquaient, des conversations qui devenaient de plus en plus personnelles, et finalement, un flou enveloppant tout.
Alors qu'il s'efforçait de rassembler ses pensées, un mouvement à côté de lui attira son attention. Sam remua doucement, ses lèvres murmurant un mot inaudible. Jack retint son souffle, observant chaque détail de son visage endormi. Il y avait une telle douceur, une telle vulnérabilité qu'il ne lui avait jamais vue. C'était comme s'il voyait une autre facette d'elle, une Sam qu'il ne connaissait pas, ou peut-être qu'il n'avait-il jamais osé connaître.
La main de Jack, suspendue dans l'air, trembla légèrement, révélant son conflit intérieur. Il voulait la toucher, peut-être pour s'assurer qu'elle était réelle, ou peut-être pour chercher un quelconque réconfort dans ce chaos d'émotions et de souvenirs flous. Mais la raison reprit le dessus, il retira sa main avec une prudence méticuleuse, comme s'il craignait de briser quelque chose de fragile et précieux. Cette retenue silencieuse pesait lourd dans la pièce, teintant l'air d'un mélange d'incertitude et de regret.
À côté de lui, Sam commençait à s'éveiller, ses yeux bleus s'ouvrant lentement. D'abord, son regard semblait perdu, fixant un point vague au plafond, comme si elle tentait de retrouver ses repères dans ce monde éveillé. Puis, ses yeux se posèrent sur O'Neill. La surprise et la confusion qui se peignaient sur son visage étaient le miroir des émotions tumultueuses de Jack. Elle paraissait si vulnérable en cet instant, une facette d'elle que peu avaient le privilège de voir.
Dans un mouvement presque réflexe, elle tira le drap vers elle, l'enroulant autour de son corps dans un geste protecteur. Sa voix, lorsqu'elle s'adressa à lui, était un murmure incertain, chargé d'une vulnérabilité inhabituelle. "Colonel ?!"
Jack, se sentant soudainement exposé, agrippa son côté du drap, cherchant à couvrir son entrejambe. "Carter," dit-il d'une voix rauque, trahissant le tumulte émotionnel qui le consumait. "Si vous prenez tout le drap, ça va devenir compliqué pour moi !" Sa tentative de détendre l'atmosphère semblait presque dérisoire face à la gravité de la situation.
Un silence lourd s'installa entre eux, pendant lequel leurs regards se croisèrent brièvement. Dans cet échange muet, une myriade de sentiments non exprimés semblait danser, la surprise, la confusion, peut-être même un soupçon de crainte pour ce qui avait été ou aurait pu être.
Sam, visiblement troublée par cet échange de regards, détourna les yeux en premier. Ses doigts serrèrent le drap contre elle, comme si elle cherchait à se protéger non seulement de la nudité, mais aussi des émotions qui menaçaient de submerger sa façade habituellement imperturbable. Elle avait toujours été maîtresse en l'art de contrôler ses sentiments, mais en cet instant, face à Jack et à cette situation incompréhensible, toutes ses barrières semblaient vaciller.
Dans le tourbillon de la confusion matinale, Jack et Sam se mirent à la tâche embarrassante mais nécessaire de rassembler leurs vêtements.
"Vous avez une idée de comment... ?" commença Sam d'une voix hésitante. Elle s'interrompit soudain, son regard capturé par un objet flottant au-dessus de Jack. Il tourna la tête pour découvrir, à sa stupeur, son boxer suspendu au lustre. "Pas la moindre. Mais quoi qu'il se soit passé, ça devait être une sacrée soirée." plaisanta-t-il maladroitement, essayant de détendre l'atmosphère.
Jack, tout en couvrant précairement sa nudité avec un coussin, se retrouva maladroitement positionné sur le lit, sous le lustre où pendait son boxer dans une mise en scène presque surréaliste. Tendant un bras, il tentait d'élaborer un plan pour récupérer son vêtement sans provoquer un incident, chaque mouvement sur le matelas se révélant un exercice d'équilibre délicat.
Avançant avec une prudence extrême, comme s'il naviguait dans un champ de mines, il levait les yeux vers le sous-vêtement, calculant mentalement la meilleure manière de l'atteindre sans provoquer de catastrophe.
Chaque pas était calculé, cherchant à éviter tout mouvement brusque qui pourrait aggraver leur situation déjà embarrassante. Il lançait des regards occasionnels vers Sam, cherchant un semblant de solidarité ou peut-être une approbation muette face à l'absurdité de leur situation.
Sam, de son côté, semblait lutter contre sa propre gêne, tentant vainement de focaliser son attention sur la recherche de ses vêtements éparpillés, tout en évitant soigneusement de croiser le regard de Jack ou de trop fixer la scène.
La tension entre eux, palpable, était un mélange curieux de malaise et d'humour tacite, un non-dit qui pendait dans l'air, aussi visiblement que le boxer de Jack suspendu au lustre.
Ils étaient tous deux conscients de l'absurdité et de l'improbabilité de leur situation, un souvenir de la nuit d'Halloween qui s'était apparemment transformée en une aventure bien plus étrange et déroutante qu'ils n'auraient pu l'imaginer.
Tandis que Jack s'étirait, un peu maladroitement, pour attraper son boxer, le matelas se déforma sous son poids, déséquilibrant légèrement sa posture. Il se figea, luttant pour garder le coussin en place, tout en essayant désespérément de libérer une main pour l'opération de sauvetage. Ses tentatives de récupérer le sous-vêtement le mettaient dans des positions de plus en plus absurdes.
Soudain, dans un geste mal calculé, Jack perdit l'équilibre, s'agrippant au bord du lit dans un effort désespéré pour ne pas chuter. Dans ce mouvement chaotique, le coussin glissa, s'échappant de son emprise. Dans un réflexe, il tenta de le rattraper, mais il était déjà trop tard. Le coussin flotta hors de portée, laissant Jack complètement exposé.
Sam, témoin involontaire de cette révélation impromptue, détourna rapidement son regard, une main se pressant sur ses yeux dans une vaine tentative de censure. Mais l'image était déjà gravée dans sa mémoire. Malgré son embarras initial, elle ne put s'empêcher de ressentir une certaine attirance. Ce qu'elle avait involontairement aperçu dépassait en effet tout ce qu'elle avait imaginé de lui. Cet incident, si embarrassant qu'il soit, révélait une facette de Jack que même dans ses pensées les plus secrètes, elle n'avait jamais vraiment envisagé.
Puis, avec une certaine réserve, O'Neill se redressa et descendit avec précaution du lit. Il glissa avec empressement dans son boxer, puis s'empara de son pantalon, abandonné négligemment sur un meuble à proximité. Enfilant rapidement ce dernier, il se heurta toutefois à une difficulté inattendue : une fermeture éclair particulièrement récalcitrante. "Satané costume..." grommela-t-il, pour lui-même. Sa voix, chargée d'une pointe de frustration, se dilua dans l'air, tandis que les souvenirs de la veille restaient obstinément brumeux et insaisissables.
De son côté, Sam, enveloppée dans le drap, se dirigea avec prudence vers la commode, à la recherche de sa jupe. Elle la trouva finalement enroulée autour de la lampe de chevet. En se redressant brusquement, elle heurta la table de nuit, laissant échapper un cri étouffé suivi d'un rire nerveux. "Apparemment, j'ai aussi des talents pour la décoration d'intérieur en fin de soirée," dit-elle avec un sourire ironique, en détachant sa jupe de la lampe.
Toujours à la recherche des éléments manquants de son costume d'Halloween, Jack se pencha pour fouiller sous le lit. Il en sortit sa chemise blanche, mais à sa surprise, il découvrit que le soutien-gorge de Sam y était accroché. Avec un mouvement gauchement hésitant et les joues légèrement rosies par l'embarras, il le tendit à Sam. Ses yeux évitaient les siens, tandis qu'il luttait pour conserver une expression neutre. "Je... euh... crois que ceci vous appartient," balbutia-t-il, un sourire gêné aux lèvres.
Sam, les joues teintées d'une rougeur vive, saisit promptement le soutien-gorge. "Merci, Colonel," murmura-t-elle, sa voix teintée d'un mélange de gêne et de reconnaissance. Leurs regards se croisèrent, chargés d'un embarras mutuel. Un sourire compréhensif et quelque peu embarrassé naquit sur leurs lèvres, apaisant légèrement la tension de cet instant matinal inconfortable.
Alors qu'ils terminaient de s'habiller, évitant soigneusement de se croiser du regard, les fragments de la soirée passée continuaient de refaire surface, comme des bulles éclatant au soleil. Un appel téléphonique, un son de voix inquiet. Ces souvenirs revenaient, rendant la réalité de plus en plus claire, tout en laissant un résidu d'énigmes et de sentiments non résolus.
La soirée d'Halloween avait été interrompue par un appel de Sam à Jack. Elle avait semblé particulièrement troublée, sa voix tremblante trahissant une inquiétude rare chez elle. "Mon Colonel, il y a... il y a des bruits étranges chez moi. Je... je ne sais pas ce que c'est. Ça me rappelle..." Sa voix s'était éteinte, mais l'allusion était claire pour Jack. Cela faisait écho à la fois où un Ancien, Orlin, avait suivi Sam jusque chez elle après une mission, un événement qui les avait tous deux profondément marqués.
Préoccupé, Jack avait immédiatement quitté la fête au SGC pour se rendre chez elle. Les rues étaient tranquilles, décorées pour Halloween, mais sous la lumière de la lune, chaque ombre semblait cacher un mystère ou une menace. En arrivant chez Sam, il avait trouvé la porte d'entrée entrebâillée, une inquiétude grandissante dans son esprit.
À l'intérieur, la maison de Sam était plongée dans une semi-obscurité, seule la lumière de la lune éclairant le salon à travers les rideaux entre-ouverts. Jack avait avancé prudemment, appelant doucement, "Carter ? Vous êtes là ?"
Pas de réponse. Seul un silence pesant lui répondait, rompu occasionnellement par des craquements et des murmures indistincts. Ses pas l'avaient mené à travers le salon, vers la cuisine, puis à l'étage, où il avait finalement trouvé Sam, assise sur le sol de sa chambre, les yeux grands ouverts fixant un coin de la pièce.
"Mon Colonel... je ne comprends pas ce qui m'arrive," avait-elle murmuré, une terreur palpable dans sa voix.
Jack s'était précipité vers elle, s'accroupissant à ses côtés pour l'assurer de sa présence. "Je suis là. Vous êtes en sécurité. Dites-moi ce qui s'est passé."
Entre des souffles hachés, Sam avait expliqué qu'après son appel, les bruits s'étaient intensifiés, semblant émaner des murs eux-mêmes, accompagnés de sensations étranges, comme si une présence invisible se déplaçait autour d'elle. Jack avait écouté attentivement, tout en gardant un œil vigilant sur les environs.
Cependant, aucun signe d'intrusion extraterrestre n'était apparent. Tout semblait normal, à l'exception de l'état de panique de Sam. Jack avait décidé de rester avec elle, pour la rassurer et veiller sur la maison.
Alors que les souvenirs de la veille affluaient lentement, Jack et Sam se lançaient dans une enquête improvisée, balayant la pièce du regard pour tout indice qui pourrait éclairer leur situation actuelle. La chambre possédait une atmosphère presque familière, mais aucun signe ne leur indiquait comment ils y étaient arrivés.
Jack, maintenant complètement vêtu, commença à inspecter la pièce plus attentivement. Ses mouvements étaient méthodiques, touchant chaque objet avec précaution, comme s'il craignait qu'une manipulation maladroite puisse effacer des indices vitaux. De son côté, Sam se concentrait sur les détails plus subtils : un verre à moitié plein sur une table de nuit, un livre ouvert face contre terre, indiquant qu'il avait été posé précipitamment. Ces détails semblaient dérisoires mais pourraient se révéler cruciaux.
Ils examinèrent la fenêtre, cherchant des signes d'effraction, mais tout était sécurisé. Les murs ne révélaient aucune caméra cachée, aucun dispositif de surveillance. Aucun signe non plus de lutte ou de violence. C'était comme si une main invisible les avait placés là, délicatement, sans laisser de trace.
Tandis qu'ils s'affairaient, un sentiment de gêne s'était installé entre eux, exacerbé par leur état de proximité forcée. Des années de collaboration professionnelle et un respect mutuel les avaient toujours liés, mais cette situation inédite éveillait des sentiments et des tensions qu'ils s'étaient toujours efforcés d'ignorer.
Chaque regard échangé était empreint d'une intensité nouvelle, chaque mouvement semblait chargé d'un sous-texte non verbal. Malgré la gravité de la situation, ils luttaient pour maintenir une certaine distance, un semblant de normalité, même si l'atmosphère était imprégnée d'une électricité qui menaçait de basculer à tout moment.
"Vous pensez qu'on a été drogués ?" demanda soudain Sam, brisant un silence pesant.
Jack haussa les épaules, son regard scrutant les alentours. "Peut-être... ou quelque chose de plus étrange. Vous savez aussi bien que moi que dans notre boulot, l'étrange est souvent la norme."
Ils poursuivaient leur recherche, tâchant de rassembler les pièces d'un puzzle dont ils ignoraient encore la forme et la taille. Chaque objet, chaque détail de la pièce semblait taquiner leur esprit, suggérant des réponses tout en se dérobant au dernier moment. C'était comme un jeu de cache-cache avec la réalité, un jeu où les règles leur étaient inconnues.
Finalement, après une exploration minutieuse, ils conclurent qu'ils ne trouveraient pas de réponse immédiate dans cette chambre. Le mystère restait entier. Ils devaient élargir leur recherche, découvrir où ils étaient et comment ils y étaient arrivés. Mais au fond d'eux, une question demeurait : et s'ils avaient juste cédé à leurs pulsions ?
Ils étendirent leurs recherches à travers la maison. La demeure, avec ses couloirs longs et ses pièces multiples, semblait dissimuler plus de secrets qu'elle n'en révélait. Tout en explorant, les deux partageaient des hypothèses possibles sur leur situation actuelle. L'idée d'une influence psychique externe, peut-être une conséquence d'une récente exposition à une technologie extraterrestre au cours d'une mission, fut avancée. Jack, avec son scepticisme habituel, ne manqua pas de mentionner la possibilité d'une blague de mauvais goût ou d'une expérience de contrôle mental.
Les théories se bousculèrent, mais aucune ne semblait vraiment coller. L'incertitude amplifia la tension entre eux, une tension déjà alimentée par la gêne de leur réveil commun. Ils se sentirent comme des pièces d'un puzzle complexe, assemblées sans leur consentement.
Confrontés à plus de questions que de réponses, Jack et Sam se résolurent à continuer leur investigation, espérant que les pièces du puzzle finiront par s'assembler.
Il y avait encore tant d'inconnues à clarifier, tant de zones d'ombre à éclaircir. Ensemble, ils commencèrent à fouiller la maison de Sam, à la recherche de tout indice qui pourrait les aider à reconstituer les événements de la nuit passée.
Alors qu'ils continuaient leur fouille minutieuse, leur quête de vérité les rapprochait physiquement d'une manière à laquelle aucun d'eux ne s'attendait. Chaque fois qu'ils se penchaient ensemble pour examiner un objet, chaque fois qu'ils se frôlaient en passant dans l'étroit couloir, une étincelle de complicité longtemps réprimée semblait se rallumer entre eux. Cette proximité, autrefois si familière dans l'exercice de leurs fonctions, prenait maintenant une dimension nouvelle, chargée d'une tension et d'une intimité inexplorées.
La proximité physique, habituellement ignorée ou gérée professionnellement, devenait soudainement lourde de signification. Il y avait dans l'air une sorte d'électricité, un mélange déconcertant de familiarité et de nouveauté. Jack, souvent stoïque et réservé, semblait par moments étonnamment attentif aux mouvements de Sam, ses yeux s'attardant un peu plus longtemps que nécessaire. Sam, de son côté, se surprenait à être consciente de chaque geste de Jack, de la façon dont ses mains se déplaçaient, de la chaleur de ses sourires.
Cette tension entre eux n'était pas seulement physique. Elle s'infiltrait dans leurs conversations, rendant leurs échanges ponctués de pauses chargées et de regards qui semblaient fouiller plus profond que d'habitude. Chaque dialogue, chaque moment de silence, apportait avec lui un questionnement sur ce qui se passait réellement entre eux. Était-ce le résultat de la nuit passée, une sorte de réaction à une situation inconnue, ou y avait-il quelque chose de plus profond, quelque chose qu'ils avaient peut-être toujours su, mais jamais pleinement exploré ?
Dans la cuisine, en se passant mutuellement des outils pour ouvrir un placard coincé, leurs mains se touchèrent brièvement. Le contact, bien que fugace, sembla déclencher un frisson qui parcourut leurs épaules. Ils se regardèrent, les yeux élargis, comme s'ils découvraient quelque chose de nouveau. Un moment suspendu, puis ils se remirent au travail, un peu trop rapidement, comme pour échapper à une réalité trop complexe à affronter.
À mesure qu'ils progressaient pièce par pièce, examinant chaque recoin, ils trouvaient des traces de leur soirée. Un verre renversé ici, un vêtement égaré là, chaque objet semblait raconter une partie de leur histoire. Par moments, leur enquête était interrompue par des flashes de mémoire : des échos de rire résonnant dans le salon, des confidences murmurées dans la pénombre, des regards qui en disaient long.
Ces fragments de souvenirs étaient à la fois doux et troublants. Ils peignaient une image de complicité et de confort mutuel, un contraste frappant avec la tension et la retenue qu'ils avaient éprouvées auparavant. Il était clair qu'ils s'étaient laissés aller à une intimité rare, franchissant peut-être des limites qu'ils avaient eux-mêmes fixées. Mais jusqu'où étaient-ils allés ? Aucun des deux ne semblait en avoir une mémoire claire.
Durant leur recherche, ils tombèrent sur des objets qui évoquaient des souvenirs plus profonds et personnels : un livre qu'ils avaient discuté lors d'une mission, une photo de l'équipe du SGC, rappelant le chemin parcouru ensemble. Chaque découverte apportait son lot de nostalgie, mais aussi de confusion. Comment avaient-ils pu passer de collègues respectueux à... quoi exactement ?
Alors que la journée s'avançait, ils se retrouvèrent dans le salon, le dernier endroit à inspecter. C'était là que beaucoup de leurs souvenirs flous semblaient converger. Jack se tenait près de la cheminée, scrutant l'endroit comme s'il espérait y trouver les clés manquantes de cette énigme. Sam, de son côté, observait Jack, pensant à tout ce qu'ils avaient partagé et à ce qui pourrait encore être révélé.
Ils convinrent de regarder les enregistrements des caméras de sécurité de la maison, espérant trouver des indices sur leur soirée oubliée.
Jack manipula la télécommande, faisant défiler les images sur l'écran. Les premières scènes montraient une soirée d'Halloween typique : des enfants sonnant à la porte, Sam distribuant des bonbons avec un sourire. Rien d'inhabituel.
Puis, l'heure avança, et l'ambiance de la vidéo changea. On voyait Jack arriver, l'air préoccupé, faisant suite à l'appel inquiet de Sam à propos de bruits étranges chez elle. Les images montraient leur rencontre à la porte, l'inquiétude sur le visage de Sam et la prudence sur celui de Jack.
Au fil des images, il devenait évident qu'aucune menace ne se cachait à l'extérieur de la maison. Puis O'Neill se dirigea vers l'écran de contrôle de la sécurité, sur lequel était reliée la seule caméra à l'intérieur de la maison, celle du salon.
"Regardons celle-ci," dit-il en activant l'enregistrement de la veille. Ils s'assirent sur le canapé, se tenant côte à côte, l'air tendu, prêts à affronter tout indice qui leur expliquerait les événements étranges de la nuit.
À l'écran, la caméra balayait le salon, révélant un décor d'Halloween minutieusement agencé. Des guirlandes noires et oranges se balançaient doucement au plafond, créant une ambiance festive mais légèrement macabre. Dans les coins, des toiles d'araignée artificielles étendues avec soin donnaient l'illusion d'une pièce abandonnée depuis des lustres. Des citrouilles sculptées aux visages grimaçants trônaient sur la table basse, émettant une lumière vacillante et surnaturelle grâce aux bougies placées à l'intérieur.
Sur les murs, des silhouettes découpées de sorcières, fantômes et chauves-souris s'entremêlaient, donnant l'impression d'une danse éternelle dans la pénombre. Des bols remplis de bonbons aux couleurs vives contrastaient avec la teinte sombre dominante de la pièce, tandis qu'une musique thématique, à peine audible, ajoutait un fond sonore inquiétant mais captivant.
Dans un coin, un mannequin de squelette grandeur nature était adossé nonchalamment à une chaise, vêtu d'un costume démodé, comme s'il était un invité de marque attendant silencieusement de se joindre à la fête. Sur le buffet, une série de petites lumières LED clignotait doucement, jetant des ombres mouvantes sur la collection de petits crânes décoratifs et de figurines effrayantes qui peuplaient l'espace.
Cette mise en scène, conçue pour divertir et effrayer, reflétait à présent une tout autre histoire dans l'esprit de Jack et Sam, alors qu'ils cherchaient des réponses aux événements de leur soirée oubliée.
Ils observèrent finalement leurs doubles de la veille débarquer dans le salon sur l'écran. Sur la vidéo, Sam semblait faire un commentaire espiègle à Jack, désignant du doigt quelque chose en dehors du cadre. Leurs éclats de rire spontanés et chaleureux emplirent la pièce. La scène était à la fois banale et réconfortante, une tranche de vie sans aucun signe d'angoisse ou de danger.
"Cela n'aide pas beaucoup," murmura Jack, scrutant l'écran pour le moindre indice supplémentaire.
Au fur et à mesure qu'ils regardaient les images, quelque chose d'inhabituel commença à se dessiner. Juste avant chaque choix ou action inhabituelle, un regard un peu trop long, un geste inattendu, un léger frémissement semblait troubler l'air autour d'eux, telles des ondulations à la surface d'un étang tranquille. Cette anomalie, bien que presque imperceptible, était néanmoins constante.
"Vous voyez ça ?" demanda Jack, en pointant une scène où ils s'étaient rapprochés l'un de l'autre, apparemment poussés par une force invisible. À ce moment précis, une sorte d'ombre ou d'onde passagère avait brièvement enveloppé la pièce, comme une vague d'énergie distordant l'espace autour d'eux.
Sam acquiesça, intriguée. "On dirait une sorte de perturbation... mais je n'ai jamais rien vu de tel." Son esprit, formé à la rigueur scientifique, luttait pour trouver une explication plausible. "Une interférence d'énergie ? Un phénomène atmosphérique inconnu ?"
Jack, habituellement plus enclin à accepter des explications pragmatiques, semblait pour une fois ouvert à des interprétations plus étranges. "C'est comme si... quelque chose ou quelqu'un influençait la situation."
La réflexion de Jack était audacieuse, mais pas entièrement hors de portée. Après tout, dans leur univers de portes des étoiles et de civilisations extraterrestres, ils avaient été témoins de phénomènes défiant toute logique humaine.
Cette découverte ne leur fournissait cependant pas de réponse concrète, seulement une multitude de nouvelles questions. Était-ce un phénomène naturel non identifié, une technologie avancée agissant à leur insu, ou quelque chose de complètement différent ? Le mystère s'épaississait.
Sam, perdue dans ses pensées et les yeux rivés sur les données affichées à l'écran, sondait les abîmes de son esprit analytique, habitué à dénouer les énigmes les plus complexes. "Et si... c'était autre chose encore ?" suggéra-t-elle, une légère inquiétude perçant dans sa voix.
Jack se tourna vers elle, un air de scepticisme mêlé de curiosité peint sur son visage. "À quoi pensez-vous ?"
Sam prit un instant pour rassembler ses idées. "Et si rien, ni personne, n'exerçait une quelconque influence sur nous ?"
Jack se frotta la tempe, réfléchissant profondément à ses propos. "Vous voulez dire... que nous aurions franchi une certaine limite, volontairement ? Si c'était le cas, Carter, je pense que je m'en souviendrais."
"Ah, ça, vous pouvez en être sûr !" rétorqua Sam avec un ton de conviction indubitable, tout en levant les yeux au ciel, comme si la vérité lui paraissait flagrante.
Surpris par son assurance, Jack la dévisagea, un mélange d'étonnement et d'un intérêt piquant transparaissant dans son regard. Elle capta son attention soutenue. "Pour le moment, mon Colonel, tout ce que nous pouvons faire, c'est spéculer," admit-elle, légèrement frustrée par l'absence de conclusions définitives. "Ce que je peux vous garantir, cependant, c'est que rien de... fâcheux ne s'est produit cette nuit. "
Jack semblait plongé dans ses pensées. "Comment pouvez-vous en être si certaine ?" demanda-t-il presque dans un murmure.
L'air un peu embarrassé, Sam chercha ses mots, sachant qu'elle devait partager ce petit indice personnel. "Eh bien, disons que j'ai une... une habitude. Après une nuit, euh, particulièrement mouvementée, je me surprends à fredonner ma chanson favorite le matin suivant."
O'Neill afficha un sourire espiègle. "Ah, vraiment ?"
Pour détourner l'attention d'un sujet peut-être trop intime et alléger l'atmosphère, Sam enchaîna rapidement, "Et vous, mon Colonel ? Avez-vous des petites manies de ce genre après... une soirée spéciale ?"
"Non, Major. Mais si vous n'avez pas fredonné, alors tout va bien !" répondit-il, l'ironie perçant légèrement dans sa voix.
Sam toussota un peu, un sourire contraint aux lèvres, et ils se replongèrent dans l'analyse des enregistrements d'eux-mêmes.
Les images continuaient de défiler. Ils s'étaient assis sur le canapé, une bouteille de vin maintenant visible, les verres à moitié pleins. Leurs corps s'étaient rapprochés inconsciemment, leurs échanges semblaient plus détendus, mais chargés d'une intimité non caractéristique de leurs interactions habituelles.
L'enregistrement avançait, les montrant en train de rire, leurs têtes se rapprochant, jusqu'à ce que l'écran devienne soudainement noir. Jack fronça les sourcils. "C'est quoi ça ? Une panne de courant ?"
"Non, la caméra a été débranchée," dit Sam, analysant l'image.
Le silence tomba dans la pièce alors qu'ils digéraient cette information. Qui avait débranché la caméra ? Et que s'était-il passé ensuite ?
Chacun perdu dans ses pensées, ils ne pouvaient nier l'évidence : quelque chose d'inexplicable s'était produit, quelque chose qui les avait poussés hors de leurs limites habituelles. Leurs regards se croisèrent, un mélange d'interrogation et de crainte dans leurs yeux.
La sonnerie du téléphone trancha comme un éclair le silence tendu du salon, faisant sursauter Sam et Jack. Carter se précipita vers la table, son cœur battant la chamade, et saisit le téléphone. Son visage se figea légèrement en voyant le nom de Pete s'afficher sur l'écran. Elle l'avait presque oublié dans le tourbillon des événements récents. Jack, jetant un coup d'œil discret, reconnut le nom. Un sentiment de malaise s'installa instantanément, rendant l'atmosphère encore plus tendue. Il se racla la gorge de manière un peu trop forcée, émettant l'idée de prendre congé, bien qu'une part de lui restait inévitablement accrochée à la réaction de Sam.
Soudainement, sans aucune intervention de sa part, le téléphone cessa de sonner, absorbé dans un silence qui semblait presque surréel. Sam resta figée, interloquée, consciente qu'elle n'avait entrepris aucune action pour éteindre l'appareil. Puis, de manière tout aussi abrupte et inattendue, les lumières de la pièce s'éteignirent d'un seul coup, les enveloppant dans une obscurité dense et impénétrable.
"Qu'est-ce que... ?" commença Sam, sa voix trahissant une pointe d'anxiété.
Ils se levèrent simultanément, leurs sens aiguisés par la situation inattendue. Alors que leurs yeux luttaient pour s'adapter à l'obscurité soudaine, ils se rapprochèrent instinctivement, leurs épaules se frôlant dans l'étroitesse de l'espace. L'obscurité les enveloppait, les obligeant à dépendre plus de leurs autres sens et de leur proximité pour naviguer.
Dans l'obscurité soudaine, Jack étira ses bras devant lui, cherchant son chemin à tâtons. Ses mains, cherchant repère dans l'obscurité, heurtèrent malencontreusement l'épaule de Sam. Le contact imprévu fit tressaillir Sam, un frisson inattendu lui parcourant l'échine. Percevant son sursaut, Jack s'empressa de s'excuser, sa voix légèrement teintée d'embarras, "Désolé, Carter. Je tente juste de trouver quelque chose pour nous éclairer."
Son cœur battait un peu plus fort, non pas de peur, mais d'une montée d'adrénaline mêlée à la conscience aiguë de la proximité de Sam.
"Je... je vais voir de ce côté," dit Sam d'une voix légèrement tremblante, se déplaçant prudemment pour éviter un autre contact accidentel. Mais l'espace confiné et leur manque de vision rendait leurs mouvements maladroits et hésitants.
Dans la pénombre oppressante, ils avançaient prudemment, à tâtons, leurs mouvements hésitants les rapprochant dangereusement. Soudain, Sam trébucha sur un objet non identifié au sol. Son corps chancelant se dirigea droit vers Jack qui, par réflexe, l'attrapa fermement pour l'empêcher de tomber.
Dans cet instant précipité, leurs corps se pressèrent l'un contre l'autre, un contact à la fois surprenant et familier. Sam, déséquilibrée, agrippa instinctivement la nuque de Jack pour se stabiliser, tandis que ses mains, trouvant une prise ferme, la saisirent par les hanches. Leur proximité soudaine fit battre leur cœur plus fort, un mélange de surprise, de tension et d'une émotion indéfinissable. Juste alors, comme pour ajouter à l'intensité du moment, la lumière de la pièce se ralluma brusquement.
Ils restèrent ainsi, figés dans une étreinte inattendue, le souffle court et les yeux s'adaptant à la proximité. Le temps semblait suspendu, le monde extérieur momentanément oublié.
Leurs visages étaient si proches que chaque souffle se mêlait. Jack, submergé par la proximité, laissa son regard dériver vers les lèvres de Sam, si proches, si tentantes. Elles étaient légèrement entrouvertes, comme capturées dans un murmure inachevé, éveillant en lui un désir à peine voilé.
Pendant une fraction de seconde, un silence électrique enveloppa la pièce. Leurs yeux se retrouvèrent, emplis d'une intensité brûlante. La tension semblait presque tangible, comme si un simple mouvement, un simple souffle pouvait les faire basculer.
Dans ce regard intense, un message non verbal, mais puissamment clair se transmettait. Ils étaient sur le bord d'un précipice émotionnel, suspendus à un moment où tout semblait possible. Leurs corps se rapprochèrent imperceptiblement, la distance entre leurs lèvres se réduisit, les cœurs battant à l'unisson dans une attente fébrile.
Mais avant que les barrières ne cèdent, avant que leurs lèvres ne se rencontrent, la réalité, avec son poids implacable, se fraya un chemin à travers le brouillard de leurs sentiments. Avec une retenue palpable et un souffle hésitant, ils se séparèrent légèrement, leurs yeux toujours verrouillés, reconnaissant tacitement le moment chargé d'émotion qu'ils venaient de partager.
Chaque seconde qui suivit semblait un retour pénible à la normale, les laissant à la fois déconcertés et étrangement éveillés à la complexité de leurs émotions.
Jack, reprenant peu à peu le contrôle de lui-même après l'échange intense, détacha totalement son étreinte. "Carter," dit-il avec une voix plus ferme qu'il ne se sentait, "il se passe beaucoup trop de choses étranges ici."
Il recula de quelques pas, ses mains ouvertes devant lui, marquant une barrière invisible tant physique qu'émotionnelle. "Je pense qu'il serait préférable de retourner à la base," proposa-t-il, son regard balayant la pièce, empreint d'une réflexion profonde. "Nous pourrions déployer une équipe technique pour examiner tout cela de plus près. Ils pourraient peut-être dénicher une explication rationnelle à ces phénomènes."
Sam, encore submergée par leur rapprochement, acquiesça silencieusement, ses yeux suivant Jack tandis qu'il se préparait à partir. "Oui, vous avez raison," dit-elle, sa voix trahissant une légère déception.
Jack hocha la tête, une expression grave et résolue se peignant sur son visage. Il sortit en premier, la tension de leur confrontation récente encore palpable dans l'air. "Je vais à la voiture," dit-il, le ton de sa voix indiquant qu'il essayait de revenir à leur relation professionnelle habituelle.
"Je vous rejoins, laissez-moi juste le temps de rassembler quelques affaires," répondit Sam, cherchant à retrouver un semblant de normalité après la tourmente émotionnelle.
Une fois seule, Sam prit un moment pour respirer profondément, tentant de calmer le tourbillon de pensées et de sentiments qui la submergeait. Elle rassembla rapidement ses affaires, son esprit encore partagé entre le professionnel et le personnel, entre la raison et ce qui aurait pu se passer s'ils n'avaient pas relâché leur étreinte.
En traversant le salon pour rejoindre Jack à l'extérieur, Sam aperçut du coin de l'œil quelque chose d'inhabituel posé sur le canapé. Un froncement de sourcils barra son front alors qu'elle se rapprochait. Un livre, étrangement familier, reposait là, comme un intrus dans le chaos des dernières heures. Elle ne se souvenait pas l'avoir sorti ni même vu auparavant dans la journée. Les événements récents avaient-ils troublé sa mémoire à ce point ?
S'approchant, elle reconnut le livre, un cadeau de son amie Janet, offert juste quelques semaines avant sa mort tragique. Un pincement douloureux serra son cœur à l'évocation de ce souvenir. Avec une main légèrement tremblante, elle le saisit, caressant la couverture d'un geste presque révérencieux.
Ouvrant le livre à la première page, Sam découvrit une phrase entourée d'un cercle de stylo, les lettres se détachant nettement sur le papier. Elle lut à voix basse, sentant les mots imprégner chaque fibre de son être : "Certaines âmes sont juste destinées à se rencontrer, où que ce soit dans le monde, il y a quelque chose qui les attire l'une vers l'autre."
À peine eut-elle fini de lire que Sam releva les yeux, son regard balayant lentement la pièce autour d'elle. Une vague inquiétude s'insinua en elle. Elle scrutait les moindres recoins, presque comme si elle s'attendait à ce que quelqu'un, peut-être Janet elle-même, émerge des ombres pour apporter une explication.
Sam se sentit envahie par un frisson, une sensation qui la parcourut de la tête aux pieds. Comme si, même dans l'absence, Janet continuait à jouer son rôle de confidente et de conseillère.
Elle resta un moment immobile, tenant le livre contre sa poitrine. La présence de Janet semblait flotter dans la pièce, une douce affirmation qu'en dépit de la confusion et des incertitudes, l'amitié véritable et les sentiments sincères trouvaient toujours un chemin pour s'exprimer, même au-delà des mots.
Elle replaça délicatement le livre sur l'étagère, un sourire teinté de mélancolie ornant ses lèvres. Dans son esprit germa l'idée que, peut-être, au-delà de toutes leurs tentatives pour rationaliser ou oublier, cette nuit d'Halloween n'était pas qu'une simple succession d'événements insolites.
Sam glissa silencieusement dans la voiture de Jack, les pensées encore enchevêtrées par les événements et les révélations de la matinée. O'Neill, la mine grave, mit le contact et la voiture avança, s'engageant sur la route dans un silence épais. Pendant quelques instants, la seule chose audible était le ronronnement du moteur, chacun perdu dans ses réflexions.
Après un moment, Jack brisa le silence, suggérant d'un ton neutre qu'il était préférable de garder pour eux le fait de s'être retrouvés ensemble dans le lit. Elle acquiesça sans un mot, consciente que révéler cet épisode pourrait compliquer inutilement les choses. Après tout, comme elle l'avait dit, rien ne s'était passé.
Le trajet se poursuivait, enveloppé dans une quiétude forcée. Sam, l'esprit visiblement ailleurs, posa son coude sur l'accoudoir de la portière, soutenant sa tête du bout des doigts. Elle regardait au loin, les yeux perdus dans le vague, tandis que la voiture s'arrêtait à un feu rouge.
Soudain, presque imperceptiblement, un murmure mélodieux s'éleva dans l'habitacle. Sam avait commencé à fredonner, une mélodie douce et rythmée qui perça le silence avec une acuité surprenante. Jack, dont les sens étaient déjà en alerte maximale, ressentit un frisson le parcourir. Sa main se crispa légèrement sur le volant. Était-ce un message caché ? Un signe involontaire de ses sentiments ?
Les notes, bien que faibles, semblaient charger l'atmosphère d'une tension électrique. Jack luttait pour garder son attention sur la route, son esprit se débattant avec les implications de ce simple fredonnement. Les questions tourbillonnaient en lui. Pourquoi fredonnait-elle ? Était-il possible qu'ils aient franchi cette limite ? L'idée commençait sérieusement à l'obséder. L'hypothèse de passer la nuit ensemble sans qu'aucun souvenir ne perdure lui paraissait impensable.
Sam, sentant le regard pesant de Jack, se tourna vers lui, intriguée par l'intensité qui émanait de son visage. "Quoi ?" interrogea-t-elle, une légère inquiétude perçant dans sa voix.
Jack détourna le regard et fixa le feu rouge devant eux. Il se sentit comme piégé. Son cœur tambourinait contre sa poitrine, chaque battement résonnant comme un avertissement. Que devait-il dire ? Que devait-il faire ? Il voulait parler, mais les mots se perdaient dans le tumulte de ses pensées.
Le feu passa au vert, mais Jack resta immobile, le monde extérieur semblait disparaître dans le brouillard de ses émotions. Un klaxon impatient retentit derrière eux, tranchant la tension comme un couteau. Jack cligna des yeux, forcé de retourner à la réalité. Il inspira profondément, essayant de masquer son trouble, et lâcha un "Rien" à peine audible avant de remettre la voiture en mouvement.
Le reste du trajet se déroula en silence, mais l'air était désormais chargé d'un suspense palpable, comme si chaque mouvement, chaque souffle pouvait briser un équilibre précaire.
La voiture roulait toujours, à l'arrière de la voiture, invisible aux yeux des deux occupants, se tenait une présence familière. Janet, vêtue d'une lumière douce, regardait avec exaspération et tendresse Jack et Sam à l'avant. Son sourire, empreint d'une malice affectueuse, suggérait qu'elle était bien plus qu'une simple observatrice dans l'enchaînement des événements récents.
"Vous êtes tellement têtus tous les deux," murmura-t-elle, un sourire espiègle illuminant ses traits fantomatiques. "Il va vraiment falloir que je redouble d'efforts."
Autour d'elle, l'air vibrait d'une énergie surnaturelle, confirmant son rôle dans les phénomènes étranges de cette nuit d'Halloween. Chaque coup du sort, chaque moment inattendu semblait maintenant s'imbriquer dans un tableau plus vaste, tissé par les mains invisibles de Janet. Sa détermination à rapprocher Jack et Sam, même au-delà de la barrière de la mort, était aussi touchante qu'étonnante.
À l'avant, ni Jack ni Sam ne pouvaient percevoir sa présence. Ils restaient absorbés dans leurs propres tourments, inconscients du guide spectral qui œuvrait en coulisse pour les unir. Janet les regarda une dernière fois, une lueur déterminée dans son regard immatériel. "Je ne laisserai pas tomber," se promit-elle silencieusement. "Même si je dois pousser un peu plus l'univers pour que vous ouvriez enfin les yeux."
Avec cette promesse suspendue dans l'air, la voiture s'engagea dans l'allée menant à la base, laissant derrière elle la nuit et ses secrets. Le fantôme de Janet, flottant dans le sillage du véhicule, disparut lentement, laissant présager d'autres interventions mystérieuses dans le futur de Jack et Sam.
