La situation dans la salle d'embarquement était restée en suspension, comme si le temps s'était figé dans cet instant où Sam s'était effondrée. Jack la tenait toujours étroitement dans ses bras, une crainte palpable dans son étreinte, alors que l'équipe médicale faisait irruption à travers la porte, ses membres poussant un brancard avec une précipitation contrôlée.
Teal'c, habituellement imperturbable, avançait avec une préoccupation visible. Son expression austère ne pouvait masquer l'ombre d'inquiétude qui voilait ses yeux tandis que l'équipe médicale s'affairait autour de Sam. Un médecin, dont le stéthoscope rebondissait contre son torse à chaque geste précis, s'avança délicatement pour vérifier le pouls. Jack regardait silencieusement tandis qu'elle était soigneusement positionnée sur le brancard.
"Allez, on se dépêche !", cria l'un des infirmiers alors qu'ils s'élançaient à travers les couloirs, les roues du brancard claquant contre les joints des carreaux métalliques du sol.
Jack, les yeux toujours fixés sur Sam, suivit l'équipe médicale, sa démarche automatique mais déterminée. Teal'c restait à ses côtés, une présence rassurante malgré le chaos qui les entourait.
La tension était presque tangible dans l'air de l'infirmerie. Le Dr. Lam, avec une concentration profonde, orchestra une série de tests, d'analyses et de scans, dans un effort pour percer le mystère du malaise de Sam. Les moniteurs bipaient et bourdonnaient avec une urgence qui reflétait celle de l'équipe autour du lit.
Jack restait là, impuissant, à regarder chaque mouvement, chaque action prise pour stabiliser Sam. Il se sentait submergé par un mélange de culpabilité et d'impuissance. Sa responsabilité en tant que leader avait toujours été de protéger son équipe, et voir Sam, si forte, si vitale, dans un état aussi précaire, ébranlait ses fondations.
Teal'c, en reconnaissant le tumulte intérieur de son ami, posa une main ferme sur son épaule, un geste solidaire.
Les minutes semblaient s'étirer en heures et enfin, Dr. Lam, son expression soucieuse, se tourna vers eux. "Les résultats des analyses et des scans sont normaux. Il n'y a aucun signe de toxines, pas d'irrégularités neurologiques apparentes, aucune explication évidente à son état."
Un voile de confusion traversa les yeux de Jack. "Alors, pourquoi...?"
Le Dr. Lam secoua la tête, partageant son désarroi. "Je ne sais pas, mon Général. Nous explorons toutes les possibilités, mais pour l'instant, son état reste un mystère."
Dans l'ambiance glaciale de l'infirmerie, avec les lumières pâles se reflétant sur les surfaces stériles, Jack sentit un sentiment d'urgence s'intensifier. S'il y avait une menace encore présente, s'il y avait un danger qui planait toujours, il devait le trouver et le neutraliser avant qu'il ne puisse faire plus de mal.
Il se déplaça pour être à côté de Sam, passant doucement sa main sur son front pâle. Le poids de l'inconnu l'écrasait, les questions sans réponses tourbillonnant dans son esprit comme une tempête. Tout ce qu'il pouvait faire était d'attendre, d'espérer, et de rester à ses côtés, en veillant sur elle dans ce lieu où la science et la médecine tentaient désespérément de démêler l'inexplicable.
Poussé par une tendresse profonde, Jack prit délicatement la main de Sam. À son contact, son corps commença à s'agiter légèrement, ses signes vitaux augmentant en fréquence sur les moniteurs. L'alarme siffla à nouveau, ses bips s'accélérant avec une cadence effrénée. Le Dr. Lam et son équipe se précipitèrent, s'interposant entre Jack et Sam, essayant de stabiliser la situation.
O'Neill recula, choqué, regardant la main de Sam encore en l'air, oscillant doucement après avoir été libérée de son emprise. Un sentiment terrifiant l'envahit. Et si c'était lui qui était à l'origine de tout cela ? Si d'une manière ou d'une autre, sa présence exacerbait la détresse de Sam ?
Après avoir vérifié que les signes vitaux s'étaient stabilisés, le Dr Lam activa soigneusement l'échographe. Le bien-être du fœtus était primordial. La pièce, jusqu'alors envahie par un mélange d'inquiétude et d'anticipation, fut soudainement enveloppée par le bourdonnement léger de la machine. Les lumières tamisées accentuaient l'atmosphère lourde, chaque personne présente retenant son souffle, les yeux rivés sur l'écran en quête du rythme cardiaque rassurant de l'enfant. Dans cette ambiance électrique, le moindre détail sur l'écran prenait une importance capitale, chaque ombre et chaque mouvement étaient analysés avec espoir et crainte mêlés.
Après quelques instants qui semblèrent une éternité, un sourire se dessina sur le visage du Dr. Lam. "Le bébé va bien," annonça-t-elle, soulagée. "Les signes vitaux sont forts, il est en bonne santé."
Tout en donnant cette nouvelle, elle jeta un regard au Général O'Neill, cherchant à le rassurer. Jack laissa échapper un soupir de soulagement, mais l'inquiétude demeurait dans ses yeux. La réalité que Sam portait leur enfant ne faisait qu'accentuer son besoin de la protéger. Cependant, la crainte qu'il puisse être à l'origine de son état commençait à le hanter.
S'éloignant de Sam, il se posta près de la porte, luttant contre le besoin impérieux de rester près d'elle. Chaque fibre de son être lui hurlait de la prendre dans ses bras, mais à cet instant, l'incompréhensible réalité était qu'il pourrait bien être la menace qu'il cherchait tant à éloigner. La complexité de la situation faisait rage en lui. Ancré dans sa douleur et son conflit intérieur, il savait qu'il devait trouver une manière de protéger Sam et leur enfant à naître, même si cela signifiait se tenir à l'écart.
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Un peu plus d'un mois s'était écoulé depuis le cauchemar qui avait failli arracher Samantha Carter à la vie. Au sein du SGC, le quotidien semblait avoir retrouvé son cours ordinaire, les missions s'enchaînaient avec une régularité qui se voulait apaisante.
Bien que la routine régnait en maîtresse incontestée au sein de la base, un voile d'incertitude recouvrait les jours. Les couloirs, habituellement remplis d'un va-et-vient constant, résonnaient maintenant d'une vigilance accrue et d'une tension sous-jacente. Chaque militaire portait en lui le souvenir vivace de l'incident, comme un écho lointain mais omniprésent. Les conversations étaient teintées d'une préoccupation muette et les regards portaient l'ombre d'une méfiance vigilante.
Sam, en dépit de son apparente stabilisation, ressentait encore le poids écrasant des épreuves traversées. Les visions inquiétantes et les comportements étranges semblaient s'être évaporés, laissant derrière eux une convalescence précaire. Cependant, les images perturbantes de ses expériences hantaient encore chaque recoin de sa conscience, marquant son âme de façon indélébile et provoquant un tourbillon de pensées et d'interrogations incessantes.
Dans une démarche déterminée, elle traversa les couloirs de la base. Les fragments de conversations et le bruit des pas résonnaient, marquant son chemin vers la salle de briefing. En montant les escaliers, sa main glissa le long de la rampe, ses doigts effleurant le métal froid.
À son arrivée, elle aperçut Jack, immobile à son bureau, engagé dans une conversation téléphonique qui, à en juger par les lignes tendues de son visage et la rigidité de sa posture, n'était pas de nature amicale. Sam pouvait voir ses poings se serrer et se desserrer au gré de la conversation, chaque mot semblait être prononcé avec une pointe de fermeté et d'irritation, bien que ses paroles exactes fussent indiscernables.
Elle s'assit avec une détermination contenue sur une des chaises, ses yeux ne quittant pas Jack. Ses doigts se mirent à tapoter le bois de la chaise, un rythme silencieux trahissant l'attente lourde qui s'était emparée d'elle. Ses prunelles brûlantes de questions fixaient intensément O'Neill, traversant l'espace entre eux comme des flèches invisibles.
Sam, impatiente, sentait un mélange de frustration et d'appréhension l'envahir alors qu'elle se préparait à affronter ce qui s'annonçait comme une conversation difficile. Cela faisait des semaines que Jack passait de plus en plus de temps à la base, prétextant des obligations pour éviter de rentrer à la maison. Cette distance avait creusé un fossé entre eux, et Sam était déterminée à le réduire.
Subitement, une sensation douce et insaisissable détourna son attention, un frémissement léger et délicat à l'intérieur de son ventre. Elle posa instinctivement une main sur son abdomen, sentant les prémices d'un mouvement, une petite danse de vie qui bousculait doucement ses entrailles. Son regard, qui était jusque-là comme ancré sur Jack, dévia un instant vers le lieu de cette petite turbulence interne. Les doux battements de pieds du bébé agissaient telle une mélodie apaisante au milieu de la tempête de ses pensées.
Elle était enceinte d'un peu plus de quatre mois, et ce petit être en devenir semblait danser au rythme de la tension ambiante. Dans cet instant de profonde connexion, les sourcils de Sam se décrispèrent et ses yeux s'adoucirent, perdant un instant leur intensité brûlante.
Mais cette douce distraction ne fit qu'intensifier son besoin de résoudre le mystère de la distance de Jack. Pour l'avenir de cet enfant, pour leur avenir à tous les trois, elle se devait de comprendre les raisons de son comportement. Elle était prête à lutter, à questionner, à exiger des réponses. Ainsi, le regard de Sam revint à Jack, redoublé d'une détermination renouvelée.
L'homme, la silhouette légèrement courbée, semblait en proie à une bataille intérieure. Sa main gauche se cramponna au bord de la table, les doigts formant un poing serré. Son visage, normalement imperturbable et résolu, se creusait de rides d'inquiétude et de tension. Les sillons sur son front paraissaient plus accentués, les commissures de ses lèvres tirées vers le bas en une expression sombre.
Finalement, Jack, avec une discipline militaire, termina son appel. Il posa le téléphone avec force et, de sa main, invita Sam à s'avancer. Celle-ci, prenant une grande inspiration, se leva et traversa le seuil du bureau où le silence qui s'installa était lourd et chargé d'une tension palpable.
À peine fut-elle à l'intérieur, qu'un "Bonjour, Jack," franchit ses lèvres, un tremblement dans la voix trahissant son hésitation. Il acquiesça sombrement, sa voix grave ne laissant filtrer qu'un simple, "Sam." Le formalisme glacé de leur échange mettait à nu une tension et une distance manifestement enracinées entre eux.
"Le Docteur Lam m'a donné son accord depuis plus d'une semaine," lança Sam, ses mots empreints d'une impatience et d'une frustration qui palpitait dans chaque syllabe. "Je ne comprends pas pourquoi tu continues à t'opposer à mon retour."
Les yeux de Jack évitaient délibérément de croiser le regard pressant de Sam, comme si une inquiétude silencieuse le dévorait de l'intérieur. "Nous n'avons toujours pas identifié l'origine de tes symptômes," rétorqua-t-il, sa voix révélant une anxiété à peine voilée. "Ils peuvent refaire surface, Sam. Tant que nous n'avons pas de réponses claires, je ne peux pas te laisser reprendre le travail."
"Ça fait des semaines que je vais bien," insista Sam, avec une pointe d'exaspération.
Jack, perdu dans les papiers éparpillés sur son bureau, continuait de maintenir une barrière visuelle. L'air était saturé de non-dits, témoignant de l'équilibre délicat de leurs liens. Animée par un mélange de résolution et de mécontentement, Sam s'avança, "Jack, écoute-moi," sa voix oscilla entre fermeté et vulnérabilité, "J'ai vraiment besoin de retrouver ma place."
Les yeux de Sam, habités par un mélange d'espoir et de détresse, fixaient Jack avec intensité. Sa main, hésitante, se leva, tendue vers lui dans une tentative muette d'établir le contact. Ses doigts frémissaient dans l'air, cherchant physiquement à retrouver une familiarité.
Mais Jack, sentant son approche, se recula brusquement, sa chaise grinça contre le sol alors qu'il s'éloignait. Son corps entier était tendu, comme si la simple perspective d'un contact avec Sam éveillait en lui une peur primaire, un instinct de protection viscéral. Son regard, maintenant empreint d'une lueur d'anxiété, évitait toujours le sien, fixant obstinément le bureau encombré devant lui.
Le mouvement de retrait de Jack fut comme un coup porté à Sam. Son cœur se serra, et la main tendue retomba lentement, chaque fibre de son être ressentant le poids du rejet. Ses yeux se voilèrent, un voile d'eau salée menaçant de déborder, alors qu'elle luttait pour maintenir sa contenance, pour garder un semblant de contrôle.
Malgré son masque d'indifférence, O'Neill semblait également être en proie à un combat intérieur. Son poing, inconsciemment serré, trahissait une lutte contre un mélange de désir de la prendre dans ses bras et la peur de faire du mal. Chaque muscle de son corps était en alerte, sa respiration saccadée témoignant du tumulte de son esprit.
Depuis l'épisode où elle avait failli se tuer, Jack avait instauré une distance méticuleuse, s'enfermant dans un comportement énigmatique et défensif. Chaque mouvement qu'il faisait était réfléchi, chaque regard qu'il lançait était furtif et mesuré, comme s'il vivait dans la crainte constante qu'une interaction plus intime ne déclenche à nouveau les visions tourmentées et le comportement irréfléchi de Sam.
Cette distance devenait un fardeau insoutenable pour Sam, renforçant chaque jour son sentiment d'isolement et de solitude. Leur complicité semblait s'être perdue dans un abîme de non-dits et de tensions non résolues. Le silence s'était transformé en un gouffre, chaque parole, chaque regard étant un champ miné de sentiments retenus.
Le bruit de fond du bureau, autrefois négligeable, résonnait désormais comme un bourdonnement incessant, ajoutant un malaise à l'ambiance déjà stressante et tendue. Chaque instant passé dans ce bureau devenait un défi de plus en plus insurmontable.
"Jack, je t'en prie, arrête de m'éviter. Me tenir éloignée de la base, et de toi, ne résoudra rien," implora Sam, sa voix vibrante d'une détresse à peine contenue.
Les yeux de Jack se fixèrent enfin dans ceux de Sam. Une vague d'émotions contenues traversa la pièce, intensifiant l'atmosphère déjà saturée.
"Je ne peux pas, Sam,", murmura-t-il, ses mots semblaient se frayer un chemin à travers une gorge serrée. "Je ne peux pas risquer ta vie, et celle de Victor."
"Nous ne sommes pas en danger," rétorqua Sam, sa déclaration était ferme, ses yeux reflétaient un mélange de détermination et de désespoir. Son regard scruta chaque trait du visage de Jack, cherchant une lueur de compréhension, une preuve qu'il entendait vraiment ce qu'elle disait, qu'il croyait en sa guérison.
Jack, le dos droit, répliqua d'une voix ferme, "Tant que nous ne connaîtrons pas la cause exacte de ce qui s'est passé, tu ne peux pas rester, je suis désolé." Son devoir protecteur et ses sentiments personnels semblaient être en guerre l'un contre l'autre, créant une tempête émotionnelle perceptible dans son regard.
Les mains de Sam se transformèrent en poings serrés, la frustration et l'incompréhension brillaient dans ses yeux. "C'est absurde, Jack !", s'écria-t-elle, sa voix montant dans une octave d'exaspération. "J'ai survécu à bien pire !"
Jack se leva brusquement, ses yeux brûlant d'une combinaison de colère et de peur. "Bon sang, Sam ! Tu as essayé de mettre fin à tes jours !" La gravité de ses paroles résonna à travers la pièce comme un coup de tonnerre. "Je ne permettrai pas que cela puisse se reproduire !" Chaque syllabe était chargée d'une intensité et d'une résolution douloureuse, révélant les profondeurs de sa détresse.
Sam, submergée par les émotions, fit un pas de plus, "Jack…" Alors qu'elle avançait, une sensation soudaine dans son ventre la fit s'arrêter net. Elle posa instinctivement une main sur son ventre, sentant le petit être à l'intérieur bouger.
Jack, absorbé par son propre combat intérieur, regarda la main de Sam se poser sur son ventre. Il sentit une bouffée de douleur et d'amour, un cocktail d'émotions qui menaçaient de faire céder sa détermination. Son corps tout entier était tendu comme une corde prête à rompre. Sa respiration était profonde et hachée, son regard oscillait entre les yeux implorants de Sam et sa main sur son ventre.
"Jack, j'ai besoin de toi," les mots de Sam étaient ponctués par des sanglots. Les larmes traçaient des sillons humides sur ses joues, et elle semblait sur le point de s'effondrer.
Les yeux fermés, O'Neill se battait pour garder le contrôle, chaque respiration était un combat, chaque seconde était une éternité. Il n'osait pas la regarder, ne pouvant supporter la douleur qui se reflétait dans son regard.
Le mouvement du bébé dans son ventre semblait avoir éveillé une urgence accrue chez Sam, un désir renforcé de rétablir leur connexion, de briser les murs qui s'étaient érigés entre eux. "S'il te plaît…", la supplique de Sam était presque inaudible.
Sentant son cœur prêt à exploser dans sa poitrine, Jack inspira profondément, les yeux toujours fermés, luttant contre la tempête d'émotions qui menaçaient de le submerger. La douleur de la situation était presque insupportable, mais il restait là, les dents serrées, refusant de céder. La peur de voir Sam perdre à nouveau le contrôle le submergeait, la peur que, à cause de lui, elle et le bébé puissent être en danger. Il se sentait rongé par la culpabilité, incapable d'oublier les images de Sam brandissant l'arme contre sa tempe. Chaque fibre de son être voulait la protéger, éviter de la revoir sombrer.
La porte se fracassa subitement contre le mur dans un bruit sourd, révélant la silhouette de Daniel, complètement absorbé par les documents qu'il tenait à la main, ignorant totalement l'atmosphère tendue qui régnait dans la pièce. "Ah, vous voilà !" s'exclama-t-il sans préambule, ses yeux fixés sur ses notes. "J'ai fini l'analyse des textes du temple où nous avons trouvé le convergeur phasique. J'ai retourné les traductions dans tous les sens, il s'agit d'un simple outil pour modifier la matière. Il ne peut pas être à l'origine des problèmes de sommeil de Sam."
Il leva enfin les yeux de ses papiers et balaya la pièce du regard, allant de Jack à Sam, ses sourcils se fronçant lorsqu'il perçut la tension épaisse dans l'air. Une sensation de malaise l'envahit, accentuée par les visages tendus de ses amis. "Oh… Je tombe mal ?" demanda-t-il, un ton d'hésitation teinta ses mots. Ses yeux allaient de l'un à l'autre, essayant de sonder l'atmosphère et de déterminer la nature du silence lourd qui les enveloppait.
Jack, tentant de dissimuler son trouble, se rassit lentement et se pencha sur un document sur son bureau, feignant une concentration extrême, ses yeux parcourant les mots sans vraiment les lire. Il s'efforça de maintenir une façade de calme et de professionnalisme, son cœur battait fort dans sa poitrine.
Sam, quant à elle, se tenait droite, ses épaules légèrement tendues. Elle inspira profondément, tentant de calmer les émotions tourbillonnantes à l'intérieur d'elle. Ses yeux se détournèrent, évitant de croiser le regard de quiconque dans la pièce, fixant un point indéterminé sur le mur, luttant contre les larmes qui menaçaient de déborder.
Daniel se sentait de plus en plus inconfortable. Le manque de réponse le poussa à continuer, dans l'espoir de diluer la tension palpable. "Par contre, j'ai trouvé des informations sur le Dieu Hypnos. Il semblerait que son pouvoir était si puissant que d'autres Dieux sollicitaient son aide pour manipuler le sommeil. Il intervenait apparemment dans divers mondes, y compris celui d'Hadès." reprit-il, sa voix légèrement plus haute dans une tentative de briser le silence glacial.
Les sourcils froncés, Jack plongea son regard acéré dans celui de Daniel, ses mains se posant fermement sur la table. "En quoi cela nous concerne, Daniel ?"
L'archéologue persista en montrant du doigt une illustration sur un des documents. "Il est écrit que les plumes d'Hypnos étaient détenues par plusieurs Dieux. Odin lui-même est représenté avec l'une d'elles."
"Et alors ? C'est probablement juste un symbole, rien de plus," répliqua Jack, croisant les bras avec un air réticent.
Daniel insista, "Devinez le nom de la cité fondée par Odin ?"
"Je ne suis vraiment pas d'humeur pour les énigmes, Daniel," grogna Jack, le regard fixe et les mâchoires serrées.
Daniel, maintenant incliné en avant, tapotait le document, ses yeux brillant d'une intensité singulière."Ivadoll, Jack. Il en est le fondateur. Ne trouvez-vous pas la coïncidence curieuse ?"
Sam, s'avançant légèrement, les yeux emplis d'un mélange d'espoir et d'inquiétude, coupa la conversation. "Daniel, vous pensez que cette plume a un lien avec mes troubles ?"
"Odin est un Asgard. Il est possible que la plume soit restée sur Ivadoll et que quelqu'un l'utilise. Souvenez-vous, Victor a choisi de se sacrifier plutôt que de retourner sur cette planète. Nous devons aller voir ce qui se passe là-bas," expliqua Daniel, son regard balaya Sam et Jack, cherchant une validation dans leurs yeux.
Sam, le visage marqué par une expression de frustration, serra les poings, secouant la tête avec découragement. "Mais comment ? Nous n'avons pas les coordonnées de cette planète."
"Il faut contacter Thor," déclara Daniel avec détermination, laissant tomber ses documents avec une certaine fermeté sur le bureau.
Jack, le regard hésitant, resta silencieux un instant, évaluant toutes les implications possibles de cette expédition. Finalement, il hocha la tête légèrement, un soupir traversant ses lèvres. "Daniel, informez Teal'c et soyez prêts à partir dès que possible," ordonna-t-il d'une voix ferme et résolue, tout en attrapant un stylo et en se replongeant dans sa paperasse.
"Sam, tu peux rentrer à la maison," dit-il d'un ton qui se voulait détaché, sans lever les yeux de ses documents. Ses mots étaient choisis avec précaution, tentant d'instaurer une distance professionnelle.
Sam sentit une vague d'indignation monter en elle. "Je veux faire partie de cette mission, Jack. Cela me concerne plus que quiconque ici."
Daniel intervint, "Sam a raison. Elle doit venir avec nous. On a besoin d'elle pour comprendre ce qui s'est passé."
La tension monta d'un cran, et Jack se leva brusquement, son visage s'empourpra de frustration. "Je suis le général de cette base ! C'est encore moi qui prends les décisions ici !" gronda-t-il, sa main martelant le bureau pour accentuer ses propos.
Sam sentit son sang bouillir à l'écoute de ces paroles. "Tu vas me traiter comme une incapable pendant combien de temps ?! Même si je ne suis plus colonel, je reste toujours un soldat, je suis capable de faire attention à moi, Jack !" Les mots de Sam s'envolèrent comme des flèches.
Le ton montait, chaque parole amplifiait la tension qui vibrait dans la pièce."Tu ne comprends pas, Sam ! Il s'agit de ta sécurité ! Il s'agit de notre fils ! Je ne te laisserai pas partir en mission dans cet état !" cria Jack, son poing frappa le bureau avec une force telle que les papiers s'envolèrent autour d'eux.
Sam tremblait sous l'effet de la colère. "Cet état ? Tu veux dire enceinte ? C'est donc ça ton problème ?! Je vais finir par regretter de porter ton enfant !"
Jack, sentant une douleur lancinante dans sa poitrine, se rendit compte qu'il était à la limite de ses propres émotions, oscillant sur un fil entre la colère et la douleur. Il sentait que s'il restait une seconde de plus, il pourrait dire quelque chose qu'il regretterait éternellement.
Dans un élan de préservation, sans prononcer un mot de plus, il se retourna brusquement et quitta le bureau, claquant la porte derrière lui pour échapper à cette confrontation qui le déchirait de l'intérieur.
Sam, les yeux rivés sur la porte fermée, sentait une vague de tristesse et de frustration submerger sa colère initiale. Daniel, pris au milieu de cet orage émotionnel, chercha des mots apaisants, mais se rendit compte qu'aucun mot ne pourrait effacer la tension qui venait de se créer.
····●·○·●·○·●·○·●·○·●····
Les traits de son visage dessinaient une tension vive, Jack marchait d'un pas rapide et décidé à travers les couloirs du SGC. Ses poings, fermement serrés, trahissaient son agitation, et chaque pas semblait émettre l'écho sonore de sa frustration accumulée. Il avait, d'une voix hachée par l'irritation, ordonné à Walter de contacter Thor immédiatement. Une aura de tension quasi tangible enveloppait sa silhouette, faisant ressentir à chacun croisant son chemin l'orage intérieur qui grondait en lui.
Ses yeux étaient fixés droit devant lui, et son corps tout entier semblait être sur le point de vibrer sous l'effet de la tempête d'émotions et de responsabilités qui le traversait. Son esprit, lui, était un océan déchaîné de pensées et de remises en question.
Daniel, le souffle court et le front marqué par une profonde inquiétude, accéléra le pas pour rejoindre Jack. Chaque mot qu'il prononçait avait la précision d'un hameçon, cherchant à percer les défenses du cœur verrouillé de son ami. "Jack, attendez !" implora-t-il, cherchant désespérément à croiser son regard. "Pourquoi vous opposez-vous si vivement à l'idée que Sam vienne avec nous ?"
Jack, bien que marchant d'un pas déterminé et rapide, paraissait vulnérable face aux paroles de Daniel, comme si chaque mot le frappait de plein fouet. "Le débat est clos, Daniel," rétorqua-t-il d'une voix tranchante.
"Elle est directement concernée, elle doit venir." Les yeux de Daniel se fixèrent intensément dans ceux de Jack, cherchant avec ardeur une lueur de compréhension.
Jack poursuivait sa marche, le pas rapide et décidé. Sa mâchoire se crispait alors qu'il évitait délibérément le regard insistant de Daniel. "N'oubliez-vous pas que Sam est enceinte ! Il en va de sa sécurité, de sa protection !"
"Protection !?" Daniel immobilisa ses pas, les bras écartés en un geste d'indignation. "Croyez-vous réellement que la maintenir à distance va la protéger ? Sam est d'ores et déjà impliquée, Jack, que cela vous plaise ou non !" Ses yeux, tranchants et ardents, tentaient de percer l'armure de Jack, de lui faire entrevoir l'inéluctable réalité de la situation.
O'Neill s'immobilisa brusquement, faisant face à Daniel, "Je le sais !" La fragilité dans sa voix révélait une tempête intérieure, un conflit déchirant entre son sens du devoir et ses sentiments profonds. "Mais je ne peux pas... Je ne peux pas la laisser affronter un tel danger... Je ne pourrais pas supporter de les perdre."
L'archéologue posa une main rassurante sur son épaule, "Jack, nous veillerons sur elle. Ce n'est pas une mission à risque. Ivadoll est sous protection Asgard."
Jack, les épaules voûtées comme portant le fardeau d'un monde invisible, glissa ses doigts sur son front dans un geste empreint de lassitude. Il inspira profondément, luttant visiblement contre la déferlante d'émotions prêtes à le submerger. Ses yeux, brièvement égarés dans une recherche distante de sérénité, se fermèrent un instant, comme s'il souhaitait se retrancher, ne serait-ce qu'un moment, du tumulte environnant.
Au moment où il entrouvrit les lèvres, prêt à répondre à Daniel, la réalité autour d'eux se mit à vaciller. Les murs du SGC devinrent flous, supplantés par un éclat aveuglant qui les enveloppa sans crier gare. Jack, bien qu'accoutumé aux manifestations extraterrestres, étendit instinctivement une main en bouclier, tentant de se préserver de cette luminescence inattendue.
En l'espace d'un battement de cœur, ils furent transportés. Lorsque la lumière s'atténua, ils se retrouvèrent à bord d'un vaisseau Asgard, les lueurs douces et bleutées révélant la silhouette familière de Thor. Le sol métallique, froid sous leurs pieds, les ancrèrent à cette nouvelle réalité.
Daniel, clignant des yeux face à la transition brutale, balaya le vaisseau du regard. Sa main gauche agrippa distraitement le haut de son gilet, un tic qu'il avait lorsqu'il était décontenancé. Ses yeux se fixèrent sur Thor, cherchant un point d'ancrage dans cette situation étrange.
Thor, ses immenses yeux noirs scrutant attentivement les deux hommes face à lui, inclina légèrement sa tête, révélant ainsi son intérêt. Ses doigts délicats se joignaient devant lui, en un geste d'ouverture et d'attente. "O'Neill, Docteur Jackson, pour quelle raison avez-vous demandé ma présence ?"
Jack prit une profonde inspiration et relata en détail les épreuves auxquelles Sam avait été confrontée, ses visions tourmentées et son face-à-face avec la mort. Il exprima ses inquiétudes avec force, soulignant l'urgence d'une intervention pour garantir sa protection.
Daniel, avec ses sourcils marqués par l'inquiétude et ses mains gesticulant pour ponctuer ses propos, prit la parole avec empressement. "Nous devons nous rendre sur Ivadoll." Chacun de ses mots portait l'urgence de la situation, débité avec une ferveur palpable. "Nous croyons que la solution, ou du moins une piste pour aider Sam, pourrait s'y trouver, en lien avec la plume d'Hypnos d'Odin." Il s'inclina subtilement vers l'avant, les yeux rivés sur Thor, véhiculant sa profonde préoccupation et sa résolution inébranlable.
Thor, imperturbable et impassible, les observait en silence, ses yeux brillants examinant leurs visages marqués par la tension. Après un moment qui semblait s'étirer, sa voix sereine rompit le calme ambiant, "Ivadoll est un sanctuaire de paix où la notion de violence est étrangère." Son timbre modéré et équilibré tranchait avec l'urgence qui émanait de ses interlocuteurs. "Les êtres de cette planète sont en harmonie, et le Docteur Carter ne signifie rien pour eux. Il est peu probable, voire impossible, qu'ils lui fassent du mal."
Daniel contracta ses mains, et ses paroles jaillirent avec une vigueur décuplée. "Nous devons en avoir la certitude. La vie de Sam et de son enfant en dépendent."
Après avoir absorbé leurs plaidoyers chargés d'émotion, Thor acquiesça silencieusement, inclinant sa tête en marque d'entente. Puis, sans autre annonce, une lumière éclatante inonda l'espace, et dans cet éclat, Sam et Teal'c se matérialisèrent soudainement à l'intérieur du vaisseau.
Teal'c leva un sourcil, évaluant rapidement les alentours pour cerner la situation. Sam, quant à elle, avec une expression oscillant entre surprise et perplexité, balaya la pièce du regard, ses mains se plaçant instinctivement sur son ventre arrondi.
En apercevant Sam, une tempête d'inquiétude et d'indignation submergea Jack, sa mâchoire se serra malgré lui. "Thor !" s'écria-t-il d'une voix acérée, "Renvoyez Sam sur Terre !"
Thor, sensible à ce déchaînement émotionnel, leva une main dans un geste apaisant. "Je suis perplexe, O'Neill. Si j'ai bien suivi, tout ceci la concerne directement."
Le visage de Jack, rougi par la tension, était un tourbillon d'émotions contraires. "Nous nous chargerons de cela sans son aide ! Elle n'a pas sa place ici !"
Sam, déjà désorientée par le transport abrupt, fut davantage déstabilisée par la colère glaciale dans la voix de Jack. Elle rétorqua, "Tu n'as pas le droit de choisir pour moi !" Ses sourcils étaient froncés et ses yeux brillaient, retenant des larmes.
Daniel se plaça entre Sam et Jack, étendant ses bras dans une tentative de médiation. "Calmez-vous ! N'oublions pas l'enjeu de notre mission."
Soudainement, une douleur aiguë transperça le ventre de Sam, écho brutal de la tension qui bouillonnait en elle. Elle fléchit légèrement les genoux, une main pressée contre son ventre, la couleur quittant son visage.
Jack, mettant aussitôt de côté sa colère, se précipita vers elle. "Sam ! Tout va bien ?" Là où son regard était auparavant tranchant, on pouvait maintenant y déceler une profonde inquiétude.
Daniel et Teal'c convergèrent également vers elle. L'expression de Daniel était celle de la stupeur, et l'impassibilité habituelle de Teal'c était troublée par son évidente préoccupation.
Difficilement, Sam se redressa et repoussa la main de Jack, ses yeux se durcirent en dépit de la douleur qu'ils trahissaient. "Je vais bien", murmura-t-elle, tentant manifestement de regagner sa contenance.
L'atmosphère était électrique. Thor, imperturbable, s'avança vers Sam. "Docteur Carter, autorisez-moi à examiner votre état." Sa voix, douce et égale, contrastait avec la turbulence ambiante. Autour de Sam, les lumières du vaisseau scintillèrent brièvement, balayant son corps, avant que le calme ne revienne.
Après un court instant, Thor inclina légèrement la tête, indiquant discrètement la fin de l'analyse. "L'enfant est en parfaite santé," déclara-t-il, ses paroles apportant un souffle de soulagement palpable à la pièce. "Il semble qu'il s'agisse d'une réaction due au stress. Il serait préférable que vous vous reposiez, Docteur Carter."
Thor se tourna vers le groupe restant, ses yeux brillant d'une lueur énigmatique. "Nous arriverons à Ivadoll dans plusieurs heures. Il serait sage de vous reposer. Les réponses que vous cherchez exigent un esprit clair et concentré."
Jack acquiesça silencieusement, ses pensées tournant autour de Sam et de la situation tendue, mais également reconnaissant de l'opportunité de répit. Les membres de l'équipe se dispersèrent alors dans le vaisseau, cherchant un repos tant nécessaire tandis que Thor manœuvrait le vaisseau à travers l'immensité de l'espace.
Sam, avec une certaine lourdeur dans ses pas, se tourna lentement pour étudier l'intérieur métallique du vaisseau. Chaque détail de son visage révélait un mélange d'irritation et de fragilité.
O'Neill, l'hésitation marquée dans chacun de ses mouvements, s'approcha doucement d'elle. Son visage, autrefois stoïque, laissait transparaître une inquiétude indéniable. "Sam, je veux juste..." commença-t-il, cherchant les mots justes, mais elle le stoppa d'un geste. "Je sais ce que tu veux, Jack. Mais je n'ai pas besoin que tu me surprotèges," répondit-elle, sa voix tremblante mais déterminée. Ses yeux restaient obstinément détournés, comme si affronter son regard était trop douloureux à cet instant.
Chaque seconde semblait s'étirer, les bruits du vaisseau se mêlant aux battements lourds de son propre cœur. Les ombres dansantes, projetées par les lumières de l'appareil, jouaient sur les traits tirés de Sam, accentuant sa vulnérabilité. Jack, malgré son envie de s'approcher, se tenait à distance.
Il se tourna lentement, cherchant un endroit pour lui-même, un coin où il pourrait traiter la tempête d'émotions qui l'envahissait. Alors que la distance physique entre eux s'agrandissait, le poids de leurs non-dits semblait n'avoir jamais été aussi lourd.
Le silence enveloppa Sam dans son coin éloigné, le murmure lointain des machines du vaisseau agissant comme une berceuse pour son esprit fatigué. Elle tenta de laisser son esprit vagabonder loin de la douleur, loin de la tension, trouvant un semblant de paix dans l'isolement momentané.
Absorbé dans un échange intense avec Teal'c et Thor, Daniel parlait avec fougue des enjeux de leur mission et des énigmes d'Ivadoll. Sa vivacité et ses mouvements expressifs formaient un contraste frappant avec la sérénité imperturbable de Teal'c et la neutralité de Thor.
Bien que Jack paraisse engagé dans leur discussion, son attention se déplaçait fréquemment vers Sam. Chaque muscle de son corps trahissait une alerte constante, une préparation à intervenir au moindre signe de malaise venant d'elle.
Après des heures qui semblaient s'étirer en jours, une lumière changeante enveloppa soudainement l'intérieur du vaisseau, signalant leur approche d'Ivadoll. Les mains de Thor manœuvrèrent sur le panneau de contrôle avec précision, puis il se tourna finalement vers eux. "Nous sommes arrivés."
L'annonce fit battre le cœur de Jack plus fort, une cascade de scénarios défilant dans son esprit, chacun teinté de préoccupation pour Sam. Son regard se posa longuement sur elle, la voyant toujours perdue dans ses réflexions.
Les autres membres de l'équipe se levèrent, se préparant mentalement pour la mission à venir, mais les yeux de tous étaient fixés sur Sam, qui semblait encore si loin, perdue dans son propre univers de réflexion.
Sam, tirée de ses méditations silencieuses par l'annonce de Thor, se leva doucement, ses yeux rencontrèrent ceux de Jack pour un moment bref, mais chargé. Elle s'approcha, sa démarche hésitante contrastant avec la détermination peinte sur son visage.
Un frémissement de lumière enveloppa le groupe et en un instant, ils se trouvèrent sur la surface d'Ivadoll. Devant eux se dressait une structure imposante, d'une blancheur éclatante qui semblait presque irréelle. La planète était un paradis de verdure et de flores exotiques, mais parsemée ici et là de bâtiments technologiquement avancés qui semblaient fusionner avec l'environnement naturel, créant une harmonie parfaite entre technologie et nature.
Jack, Teal'c, Daniel, et Sam regardèrent autour, émerveillés par la beauté sereine et la tranquillité de la planète. Malgré les tensions et les inquiétudes qui les hantaient, un moment de paix semblait s'être déposé sur eux, s'insinuant dans leurs esprits agités comme un baume apaisant.
"Suivez-moi," intima Thor, sa voix résonnant dans le calme de la planète. Ses petits pieds se mirent en mouvement, se dirigeant vers l'énorme bâtisse blanche. "Je vais vous présenter Charon, le gouverneur d'Ivadoll. Il a été informé de notre venue et souhaite nous rencontrer."
Le groupe, bien que toujours sous le charme de la beauté d'Ivadoll, suivit Thor, leurs pas résonnant sur le sol immaculé de la planète. Leurs sens étaient en alerte, chacun d'eux scrutant les alentours, prêts à faire face à l'inconnu.
Sam, malgré la douleur récente et l'épuisement évident, avançait avec une détermination renouvelée, ses yeux fixés sur l'horizon devant elle. Le regard de Jack, imprégné de préoccupation et de vigilance, la suivait constamment.
Un homme émergea de la pénombre de la majestueuse construction, sa silhouette se dessinant sur le sol éclatant d'Ivadoll. À mesure qu'il s'avançait, ses traits se clarifiaient, montrant un visage buriné par le temps et la sagesse, ainsi que des yeux intenses et inquisiteurs. Sa stature imposante et sa démarche assurée trahissaient une vie de commandement et de respect.
"Bonjour, je suis Charon, gouverneur de ce monde," sa voix était grave, ses mots résonnaient avec une certaine douceur malgré le timbre solennel. Il accueillit chacun d'eux d'un signe de tête mesuré.
Daniel, les yeux brillants d'intérêt et de curiosité, se présenta avec enthousiasme, "Bonjour, je suis le Docteur Daniel Jackson, c'est un honneur de vous rencontrer, Gouverneur." Ses mots s'échappaient avec la passion et la fougue d'un homme avide de connaissances et d'explorations.
Jack, en revanche, affichait une posture plus réservée, son corps crispé et son regard scruta le gouverneur avec prudence. "Général Jack O'Neill," dit-il succinctement, pesant chaque mot, "Merci de nous accueillir." Les regards du gouverneur et de Jack se rencontrèrent, échangeant un ballet muet d'interrogations.
Teal'c, sa poitrine bombée et sa tête haute, s'inclina légèrement en signe de respect. "Je suis Teal'c," annonça-t-il d'une voix grave et profonde. Sam, quant à elle, afficha une expression professionnelle, bien que son regard trahisse une pointe d'inquiétude. "Docteur Samantha Carter," dit-elle, sa voix assurée malgré la tension palpable de la situation.
Charon, malgré l'apparence énigmatique et l'aura d'autorité, semblait les accueillir avec sincérité, ses yeux parcoururent chaque visage avec une attention détaillée, comme s'il cherchait à lire leurs âmes.
"Soyez les bienvenus sur Ivadoll," dit-il, invitant le groupe à le suivre à l'intérieur de la bâtisse blanche.
Jack, malgré la méfiance qui habitait ses yeux, le suivit, son regard fouillant chaque recoin, chaque ombre, à la recherche d'une menace potentielle.
Thor présenta un communicateur Asgard à Jack. "O'Neill, ceci vous permettra de me joindre. Je resterai en orbite le temps de votre mission." Après un bref hochement de tête, signe silencieux de départ, il disparut dans un éclat bleuâtre, accompagné du murmure distinctif de la téléportation, regagnant le vaisseau qui les avait déposés sur Ivadoll.
Avec le départ de Thor, le groupe entra dans la demeure de Charon, la tension et la curiosité mêlées flottaient dans l'air comme une brume invisible. Les parois blanches de la résidence étaient agrémentées de touches de technologie avancée, mêlant esthétique ancienne et modernité futuriste.
Charon les guida à travers les corridors sereins et les amena dans une pièce où il les invita à s'asseoir. "Parlez-moi de la raison de votre visite." Sa voix, bien qu'aimable, avait une nuance de rigueur.
Daniel prit la parole, "Nous sommes à la recherche d'informations. Le Docteur Carter," il désigna Sam d'un geste de la main, "a été victime d'événements traumatisants et de visions déroutantes. Nous pensons que cela pourrait être lié à la plume d'Hypnos d'Odin, et nous espérons trouver des réponses ici."
Les yeux de Charon glissèrent de ceux de Daniel à ceux de Sam, s'arrêtant un instant sur son ventre arrondi. Un lourd silence s'installa. Chacun était suspendu à la prochaine parole de Charon. Jack, en alerte, balaya la pièce du regard, prêt à intervenir. Teal'c, toujours impassible, dégageait une vigilance inébranlable. Sam, quant à elle, se recroquevilla légèrement sous le poids des regards.
Charon, les mains croisées devant lui, les observa un moment avant de répondre, "La plume d'Hypnos... Oui, une légende que nous avons, en effet, entendue. Un objet mythique, perdu dans les voiles du temps, que personne n'a jamais réellement vu." Son regard, empreint d'une gravité réfléchie, glissa de Daniel à Sam. "Il me semble improbable que les maux du Docteur Carter aient une quelconque relation avec Ivadoll ou avec cette plume légendaire."
Daniel, avec ses sourcils marqués par la concentration et ses mains illustrant l'urgence de ses paroles, pressa, "Gouverneur, il est impératif que vous nous communiquiez tout ce que vous connaissez sur cette plume."
Charon sembla mesurer la gravité des paroles de Daniel, puis après un silence contemplatif, acquiesça lentement. "Très bien. Il se peut que vous trouviez quelques réponses auprès de notre prêtresse. Elle vit en reclus, loin de la ville, au cœur de la forêt. Elle est la détentrice de nombreuses légendes et connaissances anciennes. Si quelqu'un peut vous éclairer sur la plume d'Hypnos, c'est bien elle."
À cette révélation, une lueur d'espoir étincela dans les yeux de Daniel, tandis que Jack, restant sur ses gardes, étudiait le visage de Charon, cherchant un signe de tromperie.
Sam semblait s'accrocher à chaque mot prononcé, un mélange d'espoir et de peur ancré dans son regard.
Teal'c, quant à lui, demeurait impassible, analysant les alentours et les échanges, prêt à agir au moindre signe de menace.
"Comment pouvons-nous la trouver ?" demanda Daniel avec empressement.
Charon se redressa, jetant un regard pensif vers l'équipe. Il se dirigea vers un meuble d'allure avant-gardiste et en sortit un manuscrit qui paraissait détenir des siècles d'histoire, sa présence antique tranchant avec l'environnement contemporain. Se rapprochant, il présenta délicatement le précieux document à Daniel.
"Voici une carte, certes approximative, mais qui devrait vous conduire à elle. Elle a élu domicile dans une grotte dissimulée au cœur de la forêt," expliqua-t-il, ses yeux scrutant les visages devant lui, comme pour jauger leurs intentions.
Daniel, avec un mélange de révérence et d'urgence, prit la carte. Ses yeux s'attardèrent sur les tracés anciens, un mélange de curiosité et d'anticipation illuminant son visage. Jack, d'un air circonspect, jeta un œil rapide à la carte, un soupir lourd s'échappa de ses lèvres. L'idée de s'aventurer dans les profondeurs inconnues de cette planète ne semblait pas le réjouir.
Teal'c, toujours silencieux, posa un regard calculateur sur Charon. Ses muscles tendus et son expression indéchiffrable trahissaient une méfiance innée envers cet homme énigmatique.
"Merci, gouverneur," dit finalement Daniel, pliant délicatement la carte avant de la ranger.
Charon hocha la tête en signe d'acquiescement, un masque d'impassibilité peint sur son visage, ne révélant rien de ses pensées profondes et des secrets qu'il pourrait encore détenir.
Jack se leva brusquement, ses mouvements trahissant son désir de quitter cet endroit au plus vite. Il prit la carte des mains de Daniel, adressant un hochement de tête presque percutant en guise de remerciement à Charon. Il passa ensuite rapidement son regard sur les membres de son équipe avant de s'arrêter sur le Jaffa. "Teal'c, restez ici avec Sam. Daniel et moi, nous allons à la rencontre de cette prêtresse pour en apprendre davantage sur la plume," déclara-t-il d'un ton qui ne tolérait aucune contestation.
Sam esquissa un mouvement pour protester contre la décision de Jack, mais le regard déterminé qu'il posa sur elle l'empêcha de prononcer le moindre mot. Elle se contenta de croiser les bras et de s'asseoir, son expression reflétant un tourbillon d'émotions entre frustration et résignation.
Daniel, percevant l'urgence dans l'attitude de Jack, acquiesça rapidement et le suivit vers la sortie. Leur progression hâtive perturba le calme de la pièce.
Teal'c, observant brièvement les deux hommes qui s'éloignaient, se rapprocha silencieusement de Sam, sa stature imposante reflétant son engagement à la protéger.
Charon les contempla, restant muet, et le silence s'installa dans la pièce, perturbé uniquement par le lointain écho des pas qui s'évanouissaient.
Le gouverneur se redressa, adressant un regard respectueux à Sam et Teal'c. "Veuillez m'excuser, mes responsabilités m'appellent." D'un geste gracieux, il indiqua les alentours. "Je vous invite à vous sentir chez vous. La cuisine se trouve par ici si une collation vous tente, et des chambres d'amis sont à votre disposition pour un moment de repos."
Sam, l'expression toujours crispée, répondit par un léger signe de tête, ses bras enveloppés autour d'elle. Bien qu'elle appréciât la politesse de Charon, l'idée de se détendre ici lui était étrangère. Une part d'elle demeurait sur ses gardes.
Teal'c remercia d'un bref signe de tête, ses yeux suivant Charon jusqu'à sa sortie. Chaque pas du gouverneur écho sur le sol renforçait sa vigilance. Même entouré par l'apparente sérénité de la demeure, il restait en alerte.
Bien que la maison dégageait une atmosphère paisible, un voile de tension et d'incertitude la nappait. Dans cette vaste résidence aux murs lumineux, Sam et Teal'c se retrouvèrent face à face, leurs regards échangés traduisant une myriade de préoccupations.
Charon, après avoir quitté la demeure, rejoignit une silhouette tapie dans l'ombre d'un recoin reculé. Le jeune homme à sa rencontre, habillé de manière simple, se redressa en sursaut. Ses yeux révélaient un respect mêlé d'une déférence craintive. "Maître," murmura-t-il en un souffle, sa tête légèrement inclinée en signe de respect.
"Dois-je agir, Maître ? La femme doit-elle être éliminée ?" Ses paroles étaient prononcées avec une froide détermination, ses yeux cherchant ceux de Charon pour y déceler une approbation.
Le gouverneur secoua lentement la tête. "Non," répliqua-t-il, sa voix traînante. Ses paroles plongèrent le jeune homme dans une confusion visible.
"Mais Maître, sa présence ici… n'est-ce pas une occasion providentielle ?" insista le serviteur, ses mains se serrant, "Une chance inespérée pour en finir."
Charon leva une main, mettant un terme aux paroles du jeune homme. "Elle est sous la protection d'Hadès." Sa voix était presque un murmure. "Tenter quoi que ce soit contre elle nous attirerait des ennuis inutiles."
L'incompréhension peinte sur le visage du serviteur se mêla à une déception non dissimulée. Charon, ses yeux rivés sur la silhouette du jeune homme, continua, un soupçon de sourire effleurant ses lèvres. "J'ai en tête un plan bien plus stratégique." Ses paroles, teintées d'une assurance tranquille, laissèrent le serviteur réfléchir, les machinations de son maître se déroulant en arrière-plan dans son esprit agile.
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L'épaisse forêt d'Ivadoll filtrait la lumière du soleil, créant un patchwork de lumière et d'ombre sur le sol. Jack et Daniel, engloutis dans cette mer de verdure, progressaient avec prudence à travers le terrain inconnu.
Jack, marchant à pas irréguliers, grimaçait, son visage rougi par les piqûres des insectes locaux qui bourdonnaient autour de lui. Ces créatures, semblables à des moustiques terrestres mais d'une taille démesurée, s'abattaient sur lui avec une régularité exaspérante. "Daniel," gronda-t-il, son irritation atteignant un sommet, "Savez-vous où nous allons ? Nous suivons cette carte depuis une heure."
Daniel, d'un enthousiasme imperturbable, tenait la carte entre ses mains, scrutant les symboles avec fascination. "Je pense que nous ne sommes plus très loin." Ses yeux, illuminés par l'anticipation, ne voyaient pas les insectes, n'entendaient pas les plaintes de Jack.
Jack, balayant un autre insecte de son visage avec une grimace de dégoût, répliqua, "Vous m'avez déjà dit ça il y a plus d'une demi-heure !" Il frotta son bras où une autre boursouflure se formait.
Daniel, un sourire malicieux sur ses lèvres, le regarda. "Vous préférez peut-être traduire les directions de la carte vous-même ? Nous irions sûrement plus vite."
Jack leva les yeux au ciel, maudissant intérieurement les insectes, la forêt, et, dans un moment de frustration particulièrement aigu, Daniel et sa fascination pour l'inconnu.
Le murmure de la forêt semblait s'intensifier à mesure qu'ils approchaient de la grotte, les sons de la vie sauvage résonnant dans l'air dense. Enfin, ils arrivèrent à un affleurement rocheux dissimulé par la luxuriante végétation. L'ouverture sombre de la grotte se découpait contre les rochers, une ombre dans la verdure.
Jack, les yeux fixés sur l'obscurité de l'entrée, se tourna vers Daniel, "Vous êtes sûr que c'est là ?"
Daniel, animé par une curiosité insatiable, était à peine conscient de l'appréhension d'O'Neill. Avant même que Jack ne puisse finir sa phrase, l'archéologue était déjà en mouvement, s'approchant de la grotte avec un mélange d'excitation et de détermination.
"Daniel !" cria Jack, mais il était déjà trop tard, il avait disparu dans l'obscurité. Grinçant des dents, il murmura une malédiction sous son souffle et s'avança rapidement vers l'entrée, rappelant à Daniel, "Je suis celui qui donne les ordres ici !"
Les paroles de Jack se répercutèrent sur les parois de la grotte alors qu'il avançait, ses sens en alerte, son esprit occupé par un mélange de frustration et de vigilance. La pénombre enveloppait les deux hommes, les secrets de la grotte attendant d'être dévoilés.
Dans une obscurité quasi complète, le faisceau de leurs lampes torches dansait sur les parois humides et rugueuses, révélant des formations rocheuses grotesques qui semblaient presque vivantes dans l'ombre. Leur progression fut brusquement interrompue par un mur de pierre inattendu.
Jack s'approcha de l'obstacle avec irritation, "Génial… On a traversé toute cette forêt pour aboutir à un cul-de-sac !"
Daniel examina attentivement le mur. Ses yeux se posèrent sur une série de symboles gravés sur la pierre, des représentations mystiques et anciennes.
Jack, percevant le regard intense de Daniel sur le mur, l'interpella, "Alors, vous y comprenez quelque chose ?"
Daniel, totalement absorbé par les inscriptions, murmura, "Il semble qu'il s'agisse d'une sorte de puzzle linguistique, probablement un mécanisme de verrouillage."
Les doigts de Daniel effleurèrent les gravures avec délicatesse, son esprit virevoltant à travers les possibilités linguistiques et historiques. Finalement, une idée lui vint. "Il semble que ces symboles correspondent à un ancien dialecte. Il faut probablement les aligner dans un ordre spécifique pour déverrouiller le passage."
Jack, impatient, leva les yeux au ciel. Il regrettait déjà cette mission.
Les doigts de Daniel dansèrent sur les pierres gravées, déplaçant délicatement les symboles selon un ordre qui prenait forme dans son esprit. Un silence tendu remplit la grotte, seulement rompu par le léger grincement des symboles mobiles et le souffle mesuré de Jack.
Finalement, il y eut un déclic sourd, et le mur commença à se rétracter lentement, révélant un autre passage. Un soupir de soulagement émana de Daniel, alors qu'un murmure approbateur, bien que réticent, s'échappa de Jack.
Le chemin devant eux étant désormais libre, ils avancèrent avec précaution, se demandant ce qui pouvait les attendre de l'autre côté.
La grotte, auparavant silencieuse, semblait s'animer, chaque recoin chuchotant de secrets anciens. À peine Jack et Daniel avaient-ils progressé, que le sol sous leurs pieds se déroba brusquement, les séparant dans un bruit de pierres s'entrechoquant et de terre ébranlée. La chute était abrupte et inattendue, et avant même de pouvoir émettre un cri de surprise, les deux hommes furent engloutis par l'obscurité, isolés l'un de l'autre.
La surprise de la chute laissait place à une inquiétude grandissante alors que Jack et Daniel, chacun dans un couloir distinct, tentaient de maintenir un contact vocal, leurs voix se répercutant faiblement à travers les parois étroites de la roche.
"Daniel !" La voix de Jack résonna, chargée d'un mélange d'irritation et d'inquiétude. "Répondez, bon sang !"
"Jack ! Je suis là !" Les mots de Daniel traversèrent le silence, apportant un semblant de réconfort malgré l'écho déformant.
Ils avançaient à tâtons dans la pénombre, les faisceaux de leurs lampes torches balayant le chemin devant eux, révélant des frises anciennes gravées sur les murs, des symboles obscurs et des passages sombres. Leurs pas, les seuls bruits percevant le silence, semblaient presque assourdis par la densité de l'air.
"Ces maudits couloirs semblent interminables." grogna Jack, "Vous trouvez quelque chose de votre côté ?"
"Rien pour le moment," répondit Daniel, ses doigts glissant sur la roche, la curiosité piquée par les motifs complexes. "Juste des gravures et des symboles… Il doit y avoir un moyen de sortir d'ici, ou au moins de se retrouver."
Bien que séparés, leurs voix croisées créaient un lien fragile mais vital dans l'obscurité, transformant la solitude des passages en une collaboration à distance. Les corridors de pierre, tels des serpents de roche, s'enroulaient et se déroulaient, déroutant les sens et créant un labyrinthe de ténèbres et de mystères.
Cependant, l'écho des pas, l'odeur de la terre fraîche et le sentiment persistant d'être observé rendaient l'atmosphère de plus en plus oppressante. Les dialogues distants entre Jack et Daniel se poursuivaient, échangeant des informations, partageant des découvertes et soutenant mutuellement l'espoir de se retrouver au milieu de ce labyrinthe.
"Jack !" La voix de Daniel résonna avec une tension palpable à travers les murs de pierre. "Je crois que je viens de trouver quelque chose en langage Ancien. Ça parle… Ça parle d'un minotaure qui demeure ici."
Un instant de silence suivit, ponctué par des bruits sourds et distants. "Un quoi ? Un minotaure ? Le truc, mi-homme, mi-taureau ?"
Daniel, son front perlé de sueur à la lecture des gravures, continua, "Exactement, et selon ces écritures, il semble être le gardien de ce lieu."
Un rire sarcastique s'échappa de Jack. "Daniel, il ne s'agit que d'une vieille légende. Que ferait ce minotaure dans une grotte sur une planète à l'autre bout de la galaxie ?"
Le silence pesant fut interrompu par la voix grave de Jack, modifiant brusquement le ton de la conversation. "Oubliez ce que je viens de dire ! Je crois que notre ami mythologique est ici… il est juste devant moi."
"Quoi ! Jack, essayez de ne pas bouger. Peut-être qu'il ne vous attaquera pas si vous ne le menacez pas !" Les mots de Daniel étaient précipités, sa panique évidente dans chaque syllabe.
"Ok je vais essayer de faire ami-ami !" Le sarcasme dans la voix de Jack était presque palpable malgré la situation critique. "Je lui propose de prendre le thé en attendant que vous déchiffrez le mode d'emploi pour sortir d'ici ?"
Daniel fouilla fébrilement les gravures, cherchant désespérément des indices pour aider Jack. "Il doit bien y avoir quelque chose, un indice, n'importe quoi…"
Pendant ce temps, Jack, faisant face à la créature imposante, tenta de garder son calme, analysant chaque mouvement du monstre mythique, sa main serra fermement son arme, prêt à réagir au moindre signe d'agression.
Le minotaure se dressait de toute sa hauteur devant Jack. La créature semblait sortir des entrailles de l'enfer lui-même, avec ses yeux injectés de sang qui brillaient d'une lueur rougeoyante, et ses naseaux qui émettaient de la fumée. Son pelage, sombre et ébouriffé, contrastait de manière frappante avec ses muscles saillants et puissants. Le minotaure se mit à rugir, la gueule ouverte révélant des dents acérées, prêtes à déchirer la chair.
Jack, le cœur palpitant, brandit son arme et ouvrit le feu. Les détonations résonnèrent dans la grotte étroite, mais les balles semblaient à peine perturber la bête infernale. Le minotaure, de plus en plus furieux, chargea contre Jack, qui parvint de justesse à esquiver une attaque brutale de ses cornes tranchantes.
Pendant ce temps, Daniel, paniqué, scrutait frénétiquement les gravures, à la recherche d'une quelconque information qui pourrait les aider à s'échapper de ce cauchemar vivant. Les voix étouffées et les bruits sourds du combat résonnaient dans l'autre allée, ajoutant une pression supplémentaire à ses efforts.
Jack échappa de peu à une autre attaque dévastatrice du minotaure. Chaque mouvement de la créature démontrait une force inhumaine et une férocité sans égale, la tension de la bataille s'intensifiait à chaque seconde qui passait. "Daniel, trouvez quelque chose, et vite !" hurla Jack, tout en esquivant et en tirant sur la bête sans relâche.
L'inquiétude et le désespoir commencèrent à submerger Daniel, ses mains tremblaient alors qu'il suivait les lignes gravées à la recherche d'un indice salvateur. Et puis, soudainement, ses yeux s'écarquillèrent "Jack !" cria-t-il. "Les gravures parlent d'un point faible ! Il faut viser le cœur !"
Jack, évitant de justesse un coup de corne, respira profondément et visa le torse massif du minotaure. Il tira, les balles pénétrant le pelage épais. Un rugissement de douleur retentit, et la créature tituba, mais ne fléchit pas, sa rage fut alors décuplée.
Tout en luttant pour sa vie, Jack, avec des mouvements maladroits, attrapa le communicateur Asgard dans sa poche, tentant de l'activer. "Thor !", gronda-t-il, ses poumons se battant pour chaque bouffée d'air.
L'écrasante oppression des murs de la grotte rendait la communication avec l'extérieur impossible. Jack, toujours engagé dans la lutte titanesque, éprouva de l'agacement en constatant l'absence de réponse de Thor. Les coups du minotaure étaient puissants et Jack sentit l'air quitter ses poumons à chaque impact. Ses membres devinrent lourds, et une douleur lancinante s'empara de son flanc lorsque le monstre le percuta une fois de plus. Jack cria, la douleur était insupportable. Le sang de Jack coula abondamment le long de sa blessure. Le monstre, percevant sa proie faiblissante, le saisit alors par la gorge avec une force implacable, le soulevant du sol comme un fétu de paille.
La situation devint désespérée, chaque expiration était un combat. Dans une ultime tentative de survie, Jack fouilla sa poche, ses doigts trouvèrent la poignée familière de son couteau. Il puisa dans ses dernières réserves de force et planta l'arme profondément dans le cœur du monstre. Un grondement sourd émana du minotaure, puis, ses yeux roulèrent dans ses orbites et il s'effondra, libérant Jack qui tomba lourdement au sol, à bout de souffle.
Pendant ce temps, Daniel, les doigts courant sur les gravures, réussit à résoudre l'énigme complexe inscrite dans la pierre. Un grondement sourd retentit et le mur de roche qui les séparait commença à s'effondrer. Le soulagement et l'inquiétude s'entremêlèrent sur le visage de Daniel lorsqu'il vit Jack, blessé et épuisé, allongé au sol. "Jack !" s'écria-t-il, en se précipitant à ses côtés.
Malgré sa blessure, O'Neill articula d'une voix faible et rauque, "Nous devons… sortir… d'ici." Compréhensif quant à la gravité de la situation, Daniel hocha la tête et prit Jack sous son bras pour le conduire hors de la grotte. Leur marche était lente, chaque pas était un combat pour Jack qui serrait les dents, essayant de rester conscient, pendant que Daniel, les sourcils froncés, concentrait toute son énergie pour les mener à l'extérieur, espérant qu'une aide arriverait bientôt.
La lumière du jour était presque aveuglante après l'obscurité oppressante de la grotte. Daniel, soutenant le poids de Jack, le déposa doucement sur le sol verdoyant. Les vêtements de Jack étaient trempés de sueur et de sang, et sa respiration était sifflante et irrégulière.
"Jack ! Restez avec moi ! On est sortis !" Daniel tenta de garder son calme malgré la panique qui grandissait en lui. Il appuya avec force sur le torse de Jack pour tenter de stopper l'hémorragie.
Soudain, des bruits de pas légers se firent entendre, venant des arbres environnants. Daniel se redressa, son arme à la main, prêt à défendre Jack et lui-même contre toute menace potentielle. Une silhouette s'approcha, émergeant des ombres de la forêt. Il s'agissait d'une femme vêtue de longs drapés noirs, portant des bijoux délicats et une couronne de fleurs sur sa tête.
"Ne craignez rien, étranger. Je suis ici pour aider," déclara-t-elle d'une voix douce mais ferme.
Voyant Jack lutter pour respirer, la douleur évidente sur son visage, Daniel se sentit déchiré entre sa méfiance naturelle et le désir de sauver son ami. "Je ne vous veux aucun mal", insista la femme, étendant ses mains vers Jack. Ses mains dégageaient une douce luminescence, et une sensation de paix envahit les environs.
Daniel hésita encore un moment, les yeux allant de Jack à l'inconnue. Finalement, la nécessité l'emporta sur la méfiance. "D'accord", murmura-t-il, tout en reculant pour la laisser agir.
La femme se pencha délicatement aux côtés de Jack, ses mains émettant une douce lueur lorsqu'elles effleurèrent sa blessure.
Daniel, mêlant scepticisme et admiration, demanda, "Qui êtes-vous ?"
"Je suis la gardienne de ce sanctuaire," répondit-elle d'une voix empreinte de sérénité. "Je veille sur ce lieu depuis des générations. Pour quelle raison êtes-vous ici ?"
"Nous sommes à la recherche de la plume d'Hypnos. Savez-vous où elle se trouve ? " interrogea Daniel.
Une fois Jack stabilisé, la prêtresse posa délicatement ses mains lumineuses sur lui, puis, fixa intensément Daniel, "La plume d'Hypnos ? On me l'a volée. Je l'ai retrouvée détruite à quelques pas de ce lieu, il y a de cela quelques semaines."
"Détruite ?! Par qui donc ?!" s'exclama Daniel, les yeux écarquillés d'étonnement.
"La réponse m'échappe encore," répondit la femme d'une voix énigmatique.
Dans ce moment d'étonnement, Daniel ne remarqua pas le subtil mouvement de la prêtresse pour extraire discrètement une petite fiole cachée dans sa robe, et y recueillir furtivement quelques gouttes du sang de Jack avant de la cacher à nouveau.
Quelques instants plus tard, Jack, bien que toujours blessé, semblait un peu plus stable. Ses yeux rencontrèrent ceux de Daniel. La prêtresse se leva doucement et fit un pas en arrière, son regard était toujours paisible.
La main tremblante, Jack fouilla sa poche pour en sortir le communicateur Asgard. Sa vision se brouillait, mais il parvint à activer le petit appareil. "Thor... c'est O'Neill. Nous avons besoin d'une extraction d'urgence de toute l'équipe SG1" haleta-t-il, la douleur rendant sa voix rauque.
Daniel n'était pas en accord avec cette demande, "Jack, nous ne pouvons pas partir maintenant. Il y a encore tant de choses à découvrir ici."
"Ce n'est pas vraiment le moment, Daniel," gronda Jack, les dents serrées contre la douleur. "J'aimerai éviter de mourir ici !"
Quelques secondes plus tard, une lumière brillante engloutit l'équipe, les téléportant à bord du vaisseau. Le contraste fut saisissant : de la chaleur humide et oppressante de la forêt, ils se retrouvent soudainement dans l'atmosphère froide et stérile du vaisseau Asgard.
L'éclat aveuglant de la téléportation Asgard s'estompa, révélant Sam et Teal'c, qui reprenaient leurs esprits avec une légère confusion.
Sam jeta aussitôt son regard vers Jack allongé au sol. Son visage perdit de sa couleur en voyant la blessure profonde à son flanc, d'où le sang coulait. "Mon Dieu, Jack !" s'écria-t-elle, accourant à ses côtés.
Teal'c, captant l'urgence dans la voix de Sam, s'avança à grands pas vers elle. Daniel, les traits marqués par l'inquiétude, balaya la pièce du regard, cherchant désespérément une trousse de premiers soins ou tout équipement médical.
Sam saisit doucement sa main, murmurant avec une tendresse teintée d'urgence, "Qu'est-ce qui s'est passé ?" tout en luttant pour garder son calme.
Jack, malgré sa faiblesse, esquissa un sourire. "Tu sais, Sam, je commence à en avoir marre de ces petites excursions exotiques."
Sam sourit légèrement, "Thor ! Nous avons besoin d'aide médicale, et vite !"
Le petit extraterrestre gris apparut presque instantanément. Ses grands yeux noirs analysèrent rapidement la situation. "Vous semblez blessé, O'Neill."
"Vous avez un bon sens de l'observation," grogna Jack avec un faible sourire.
Sans perdre une seconde, Thor guida Jack vers une table émettant une douce lumière bleue. Alors qu'il commença à manipuler un panneau de contrôle, Jack sentit une sensation apaisante envahir son corps. Les technologies avancées des Asgard commencèrent leur travail de guérison.
Daniel observa, toujours frustré par leur départ précipité, tandis que Sam et Teal'c furent impressionnés par la rapidité avec laquelle la blessure de Jack guérissait.
Après l'achèvement de la procédure, Jack retrouva sa respiration et, avec une certaine prudence, se redressa. Il souleva son t-shirt pour inspecter la zone autrefois blessée. "Merci, Thor."
Thor inclina la tête, "De rien, O'Neill. Que s'est-il passé sur Ivadoll ?"
Jack ajusta son t-shirt et soupira, "C'est une longue histoire."
Daniel, impatient, s'approcha, "Jack, nous ne pouvons pas simplement rentrer à la maison comme si de rien n'était," commença-t-il, son ton trahissant son irritation. "Nous n'avons presque rien appris sur la plume d'Hypnos. Cette planète semble renfermer de nombreux mystères."
"Et pourquoi, Daniel ? Pour être à nouveau pris pour cible par une autre légende vivante ?!" rétorqua Jack, pivotant vivement pour lui faire face. "La plume est détruite, c'est le principal à mes yeux !"
L'archéologue marqua une pause, cherchant le bon angle pour s'exprimer. "Mais qui a bien pu la dérober et dans quel but ? Nous n'avons même pas la certitude que la plume soit à l'origine des troubles de Sam ! Il nous faut retourner là-bas et poursuivre nos investigations."
Jack se redressa, la mine déterminée, "Hors de question ! Nous rentrons sur la Terre et nous gardons nos distances avec cette maudite planète."
Teal'c fixa Daniel et déclara, "Je partage l'opinion d'O'Neill. Ce monde, tout comme son gouverneur, éveille en moi une certaine méfiance."
Visiblement agacé, Daniel rajusta ses lunettes d'un geste un peu vif puis, sans un mot, il s'éloigna pour s'installer à l'opposé du vaisseau, manifestant ainsi son désaccord.
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Au cœur de la forêt d'Ivadoll, où le dôme épais de feuillages masquait presque entièrement la lumière, seules quelques lueurs parvenaient à éclairer la clairière en se faufilant à travers les mailles serrées des branches supérieures. Charon, vêtu d'une armure d'un noir profond, avançait d'un pas décidé. Les traits de son visage, crispés, trahissaient une colère sourde.
La prêtresse, dont la robe noire se fondait avec l'obscurité environnante, l'attendait patiemment, le visage impassible. Quand Charon arriva à sa hauteur, elle leva la main en signe d'apaisement.
"Ton impatience et ta colère te desservent," dit-elle doucement. "L'échec de la grotte n'était qu'une étape."
Charon grogna, "Il aurait dû mourir là-bas ! Tu m'as assuré que le minotaure serait suffisant."
La prêtresse secoua doucement la tête. "J'ai un plan, un plan infaillible cette fois." Elle marqua une pause, ses yeux noirs brillants d'une lueur malveillante. "Il y a une entité, un ennemi, qui déteste encore plus les Dieux que toi. Assoiffé de sang et de vengeance, il ne reculera devant rien pour accomplir sa mission."
Les yeux de Charon s'allumèrent d'intérêt, "Tu as donc réussi à le convaincre ?"
La prêtresse s'approcha si près de Charon que leurs souffles se mêlaient, leurs visages presque en contact. Elle tendit fièrement la petite fiole renfermant le sang de Jack. "J'ai accompli sa demande. Il va déclencher la guerre, libérant ses créatures les plus terrifiantes. Jack O'Neill, Samantha Carter, et Victor ne seront bientôt plus qu'un souvenir, et les descendants de Poséidon et de Zeus ne viendront jamais au monde."
Charon acquiesça lentement, son visage s'éclairant d'un sourire sinistre et triomphant.
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La lueur douce des lampes tamisées éclairait le salon, plongeant la pièce dans une atmosphère feutrée et apaisante. La table basse en bois devant Sam était parsemée de quelques magazines et d'une tasse de thé qui fumait doucement, dégageant une odeur réconfortante. Les fenêtres laissaient entrevoir une nuit étoilée et paisible, contrastant avec l'agitation et les dangers de la mission sur Ivadoll.
Sam, malgré l'épuisement visible sur son visage, semblait perdue dans ses pensées, fixant le fond de sa tasse.
La porte d'entrée grinça légèrement lorsqu'elle s'ouvrit, annonçant l'arrivée de Jack. Il s'arrêta brièvement, semblant hésiter avant de s'avancer. Chaque pas semblait mesuré, témoignant de la lourdeur de l'atmosphère.
Il entra, fermant doucement la porte derrière lui. Il était en jean et chemise, ayant laissé son uniforme à la base. Il prit une profonde inspiration, ses épaules s'affaissant légèrement sous le poids de la fatigue. Il posa ses clés sur la commode près de la porte, puis s'avança dans le salon.
Ses yeux scrutèrent Sam, cherchant un signe, une ouverture. Il soupira doucement avant de se diriger vers le canapé.
Après s'être assis, il y eut un moment de silence. Seules les respirations, légèrement saccadées, perturbaient le calme apparent. Jack tourna la tête vers Sam, ses yeux cherchant à croiser les siens. Il sembla vouloir dire quelque chose, mais les mots restèrent coincés dans sa gorge.
Après un court moment, Sam brisa le silence tout en posant sa tasse sur la table. "Jack… Cette mission... Elle m'a fait réaliser à quel point tu..."
Mais avant que Sam puisse terminer sa phrase, Jack, avec une douceur empreinte d'urgence, encadra son visage de ses mains. Ses yeux plongèrent dans ceux de Sam, y cherchant une permission silencieuse. La trouvant, il l'attira doucement vers lui, éliminant l'espace entre leurs lèvres.
Le baiser débuta avec une tendresse hésitante, comme si chacun redécouvrait l'autre. Puis, très vite, la retenue initiale s'évapora, remplacée par une passion ardente. Dans ce moment suspendu, Jack essaya de communiquer tout ce qu'il n'avait jamais dit à haute voix, chaque émotion et chaque désir, à travers la chaleur et l'intensité de leur échange.
Ils se détachèrent finalement, reprenant leur souffle. Jack glissa sa main dans sa poche et en extrait un petit paquet soigneusement emballé qu'il présenta à Sam. "Avant de rentrer, je suis passé en ville et j'ai pensé à toi en voyant ceci."
Avec une curiosité palpable, Sam défit lentement l'emballage, découvrant un petit body de bébé orné de l'inscription : 'Maman a toujours raison'. Ses yeux s'écarquillèrent d'abord de surprise, puis brillèrent de joie, et un sourire, d'abord esquissé, s'élargit pleinement sur ses lèvres. Elle releva les yeux vers Jack, une étincelle malicieuse dans le regard. "Tu es sûr de vouloir m'offrir ça ?"
Voyant le sourire de Sam, un poids sembla s'ôter des épaules de Jack. Il lui adressa un sourire en coin, "Je commence à me dire que c'était une idée risquée."
En réponse, elle rit de bon cœur et le tapota légèrement avec le petit body.
Jack s'avança doucement vers Sam et l'enveloppa tendrement de ses bras. Elle inspira profondément, cherchant du réconfort dans cette étreinte familière qui lui avait tant manqué. Leurs regards se connectèrent, et dans cette fraction de seconde, tous les non-dits, toutes les incertitudes et les peurs se dissipèrent.
A suivre…
