Je le dis pas assez souvent : merci de votre soutien à toustes ! En démarrant cette fic (et en revenant dans ce milieu après 15 ans d'absence) je voulais juste expulser un truc et j'étais sûre que ce serait fini en quelques semaines puisque je pouvais écrire rapidement et facilement un chapitre par jour... Il s'avère que j'ai trèèèèèèès mal calculé mon coup. Merci de continuer à me suivre malgré le changement de rythme. Je pensais pas non plus avoir des lecteurs, parce que j'avais par contre bien prévu le truc du smut dégueu au début et la poursuite avec l'abstinence longue, et que je ne pensais pas qu'il existait un public à qui les 2 tons conviendrait... Encore une fois, j'avais tord. Je suis heureuse de m'être trompée.

Oznela : Ah ben c'est bien le problème : Kieran refuse de croire qu'il ne s'est rien passé avec l'infirmier... Drago ne raconte jamais rien, ce qui n'aide pas beaucoup... Mais pour le coup, il a dit la vérité, alors ca va ptete régler les choses, qui sait ? °u° Je suppose qu'à l'extérieur, les choses seraient différente parce qu'il n'y aurait pas cette ambiance de hui-clos ultra pesante ?
(j'adore quand Drago se goure complètement dans son interprétation des actes de Harry (ou de tout le monde, en fait XD) Parfois, j'ai l'imrpession d'en faire trop, mais c'est des ptits moment drôles, alors je laisse la plupart du temps...

En passant : Tu vas être trés fière de Drago dans ce chapitre :D

77Hildegarde : Aaaah, si seulement Drago savait lui-même ce qu'il voulait... Il finit par le dire mais dans plusieurs chapitres, malheureusement X,) Une idée ?

Eiilys : Ahaha, désolééééééée (ou pas. un peu de torture, ca peut etre sympa, de temps en temps)
Si ça peut te rassurer : Oui, Price va dégager. Un jour. Attendu qu'il est pas prisonnier °u°

Ysa : En effet, t'es pas la seule ! Price a eu le bénéfice du doute le temps de 2 ou 3 chapitres, mais pas plus ! Jaloux de Potter, ca passe, jaloux de Nguyen, c'est trop :D
Les paris sont ouverts : Drago va-t-il ouvrir les yeux ? si oui, seul ou avec l'aide de qui ? harry ? lucile ? un surveillant ? ce brave Rosier qui bronze en italie ?

Melynee : Trop contente que le sort de Lucius soit apprécié :D Tu as raison pour Narcissa : Maintenant qu'il a conscience que son "père" mérite plus que sa "mère" le terme de "géniteur", ca va ptete avancer ?


Cela faisait longtemps que Drago n'avait pas vu quelque chose d'aussi beau de ses propres yeux. Les photos du catalogue mobilier Orpington ne comptaient pas plus que les images qui se formaient dans sa tête quand il lisait une jolie description dans un roman. Les appartements du Directeur avaient eu une splendeur pareille avant que le Détraqueur ne brise tout et que Potter ne répare trop succinctement les choses.

Il avança d'un pas, recherchant du coin de l'œil les légères perturbations qui indiqueraient qu'il ne s'agissait que d'un sort d'illusion, mais le décor lui sembla aussi réel que possible.

Il se retourna vers Kieran Price qui le fixait avec un large sourire satisfait.

Drago laissa échapper un petit rire incrédule.

« Combien de temps ça t'a pris ? demanda-t-il en se détournant à nouveau.

– Entre une et deux heures, je dirais ? Le plus long a été de contourner les anciens courants magiques qui gardaient les pierres en place. Ensuite, le reste est allé tout seul, ce n'est qu'un peu d'assemblages et de charmes de préservation. »

On pouvait entendre à sa voix à quel point la modestie était feinte, mais Drago ne s'en formalisa pas. Il haïssait les chleuasmes bien plus que l'orgueil. Il fit le tour de la pièce en caressant les murs qui dégageaient une tiédeur agréable et en tendant l'oreille vers les grincements doux que produisait le parquet neuf. Quand il en eut fini, il vit que Kieran Price s'était assis sur le lit et le regardait.

L'invitation était évidente.

Et le cadre était parfait.

Kieran Price était quelqu'un de bien.

« Je ne peux pas. »

Les mots lui semblèrent sortis d'une bouche qui n'était pas la sienne. Il n'avait jamais désiré les prononcer.

Drago entendit son souffle s'accélérer, et sentit ses mains se mettre à trembler. Il l'avait voulu. Il se souvenait l'avoir voulu, mais…

Kieran Price fronça les sourcils et afficha un air étonné.

« Tu peux pas quoi ?

– Tout ça. » Drago désigna le lit, la pièce, l'homme devant lui et son propre corps d'un grand geste raide et imprécis. « Je suis désolé, je… Tu avais raison. Ça ne marchera pas, ça ne… »

Kieran Price se releva et Drago recula d'un pas en portant sa main à sa baguette. Les yeux de l'architecte suivirent son mouvement et l'expression surprise s'accentua.

Ils restèrent immobiles un instant, puis Drago précisa :

« Ça va trop vite pour moi.

– D'accord.

– D'accord ?

– Oui, d'accord, s'exclama Kieran Price en éclatant de rire. Qu'est-ce tu veux que je te dise ?! »

Drago resta interloqué au point qu'il en oublia sa panique. Depuis quand était-il aussi simple de rejeter quelqu'un ? Depuis quand les hommes acceptaient-ils ce type d'affront ?!

« J'imagine que t'as pas vécu que des aventures agréables ces dernières années ? » sous-entendit Kieran Price.

Drago émit un ricanement incrédule devant l'ampleur de l'euphémisme.

« Je… Je suis désolé, articula-t-il finalement. Ne va pas t'imaginer que tu ne m'attires pas, ou que…

– Je comprends, le coupa Kieran Price en haussant les épaules. On a tous entendu des histoires sur ce qui se passe en prison. Je préférerais pas avoir à connaître les tiennes.

– Tant mieux. Je n'ai pas du tout envie d'en parler. »

Drago poussa un soupir soulagé, puis laissa tomber ses fesses sur le bord du lit. Il glissa la main sur la soie du drap, et ferma brièvement les yeux pour apprécier à sa juste valeur la douceur du tissu sous ses doigts. L'architecte n'avait pas assez de pouvoir pour invoquer une contrefaçon de cette qualité. Probable qu'il s'agissait d'une literie véritable qu'il s'était procurée à l'avance.

« Je suis désolé, répéta Drago. J'apprécie vraiment l'attention.

– C'est ok, prétendit Kieran Price en venant s'installer à ses côtés. Rien ne presse. C'est juste que cet endroit me faisait débander à chaque fois. »

Drago gloussa :

« Vraiment ? Ce n'est pas le souvenir que j'en garde… »

Ils se regardèrent en silence et en souriant, puis leurs bouches s'unirent et leurs corps retombèrent en arrière sur le lit.

Kieran Price était quelqu'un de bien et Drago l'appréciait de plus en plus.

Aussi s'en voulut-il quand le visage de Potter s'imposa malgré lui dans son esprit. Potter et l'expression anxieuse qu'il arborait quand Drago le rejetait, moqueuse quand Il s'énervait, joyeuse quand il lui accordait un repas ou qu'il répondait à ses sollicitations par autre chose que du mépris… Potter et son mal d'amour qui polluait les vagues…

Le soir venu, il hésita franchement à tout de même aller l'attendre dans ses appartements pour mettre les choses au clair. Il ne repoussa l'idée que par égard pour Kieran Price et la promesse qu'il lui avait faite de se cantonner à une relation professionnelle avec cette encombrante nemesis.

Bien lui en prit puisque le lendemain matin, Lucile lui apprit que Potter n'était pas revenu de son escapade Londonienne.

« Pardon ? »

Elle poussa un soupir fatigué tout en écorchant sa trouvaille de la nuit, un petit phoque gris qui possédait encore sa fourrure de juvénile et auquel Drago avait donc refusé de toucher.

« Quel mot n'as-tu pas compris, Malfoy-Drago-Malfoy ?

– J'ai compris chaque mot, râla-t-il. Mais où est-il s'il n'est pas ici ?

– Je n'en sais rien, mon odorat n'est pas si développé que ça. Il part plusieurs fois par lune, tu ne le savais pas ? En général, il revient le soir.

– Je sais. Il part à Londres. En Angleterre.

– Si tu sais où il est, alors qu'est-ce que tu veux savoir ?

– Je voudrais savoir pourquoi il serait resté là-bas toute la nuit.

– Tu sais comment sont les humains, prétendit-elle en haussant les épaules. Il a peut-être trouvé quelqu'un d'autre à aimer ? »

Aussi rapidement ? Drago n'y croyait pas un seul instant. Possible en revanche s'il ait simplement voulu s'envoyer en l'air avec l'une ou l'un ou l'autre de ses groupies. Le but avait peut-être même été de lui envoyer un message. Si tel était le cas, peu lui chalait ! Potter pouvait bien se farcir la terre entière si ça lui chantait.

Il fit tout de même un détour par le couloir du 3ème étage avant de rejoindre le laboratoire de l'infirmerie. Il n'osait toujours pas s'adresser à Mullan sans une excellente raison, mais avait compris n'avoir absolument rien à craindre de Runcorn tant qu'il « faisait partie de l'équipe. »

Il tapa à sa porte et celle-ci ne garda pas à s'ouvrir, révélant un Major à demi habillé et tenant une tasse de café à la main.

« Malfoy ?

– Major, salua-t-il poliment en grimaçant malgré lui devant ce laisser-aller. Je venais vous prévenir de l'absence de Monsieur Potter sur l'île. Si cela vous va, je me chargerai des comptes-rendus de la nuit ce matin.

– Ah ? Ouais. Ouais, il nous a envoyé des Patronus hier pour nous prévenir. Ouais, on peut faire ça comme ça. Je vais prévenir Mullan. »

Drago serra les dents. Rien n'obligeait Potter à le prévenir lui, mais il se sentait tout de même spolié de passer après cet homme.

« En général, on fait ça à 10h, indiqua Runcorn puisque Drago restait muet. Ça ira pour toi ?

– Puis-je vous demander combien de temps il compte rester loin de l'île ?

– Il n'a pas dit. C'est bizarre qu'il t'aie pas mis au courant, toi. »

Sans s'apercevoir de son impolitesse, Drago haussa les épaules.

« Je vous attendrai dans le bureau vert pour 10h », indiqua-t-il simplement.

Il s'avéra qu'il n'y avait eu aucune raison de s'inquiéter : Avant midi, Potter était de retour.

Drago était installé dans son petit bureau, comme toujours dos à la fenêtre, quand trois petits coups furent portés à celle-ci. Sa première pensée – irrationnelle – fut que le Détraqueur, son Détraqueur, était de retour. En moins d'une seconde, une dizaine d'émotions contradictoires explosèrent en lui : la peur, la joie, le doute, l'espoir, le soulagement, l'angoisse, la stupéfaction…

Une seconde plus tard, il s'est retourné, et avait constaté la présence de Potter, perché en équilibre précaire sur la minuscule rambarde qui bordait son balconnet exigu. L'ouvrage ne pouvait accueillir que deux albatros tout au plus, et Potter, en tenue de moldu, avait les pieds qui glissaient malgré le balai volant sur lequel il s'appuyait.

Drago soupira et hésita franchement à lui ouvrir, déjà fatigué par ses pitreries immatures.

Une rafale de vent écarta cependant ses cheveux de son visage, et Drago put constater que le Survivant n'avait pas du tout l'air amusé. Il ne semblait pas non plus craindre pour sa vie, mais il y avait peut-être une urgence là-derrière.

Il ouvrit la fenêtre, et inspira aussitôt une pleine bouffée d'odeur de mer, d'orage et de Potter.

« Oui ? grinça-t-il.

– Désolé, j'ai fait aussi vite que j'ai pu, marmonna Potter en sautant à travers l'interstice. Runcorn m'a prévenu que tu me cherchais ? Tout va bien ? »

Drago haussa les sourcils en grimaçant.

« Par Morgan, non, je ne te cherchais pas. Je me demandais juste où tu étais encore fourré. »

Le corps de Potter se figea, un bras encore à l'extérieur pour manœuvrer le balai à travers la fenêtre sans briser une vitre. Il tourna d'un coup son visage vers lui et prononça un « Ah ? » abasourdi.

Drago ne répondit pas tout de suite, et ils se considérèrent en silence un moment.

Le Survivant n'avait visiblement pas passé une nuit reposante : Ses cheveux étaient emmêlés comme jamais, ses lunettes constellées de traces de goutes d'eau salée, sa peau était rouge et gonflée, comme s'il revenait d'une séance de sport, et une nouvelle fois, ses paupières étaient lourdes, enflées, et surplombaient des yeux cernés aux vaisseaux sanguins éclatés.

« Ah, répéta Potter. Ouais, c'est le… Enfin, c'est le problème des Patronus, supposa-t-il en parvenant finalement à faufiler son balai à l'intérieur du bureau et en détournant le visage. J'ai mal interprété ce qu'il m'a dit, et je… Enfin, bref. Okay. J'étais juste… J'étais juste parti faire un tour. Besoin de me vider la tête, et…

– Tu dois arrêter ça, Potter, marmonna Drago en refermant le vantail et puisque la voix de son homologue décroissait. Tu ne peux pas t'enfuir sans prévenir personne juste parce que j'ai refusé un repas avec toi.

– J'ai prévenu tout le monde, rappela Potter. Et qu'est-ce qui te fait croire que c'est à cause de toi ?

– Ce n'est pas le cas ? »

Drago s'assit de nouveau derrière son bureau. Il remarqua, du coin du l'œil, que les semelles des chaussures de Potter laissaient des traces boueuses sur le parquet. L'affaire était peu importante – depuis qu'il avait récupéré sa baguette, nettoyer le sol se faisait en quelques secondes à peine – mais c'était une chose de plus à laquelle penser.

« Bien sûr que si, c'est le cas. Je savais que tu finirais par refuser de nouveau, mais je pensais pas que ce serait aussi rapide. Je croyais avoir au moins quelques semaines devant moi. Quand t'es tombé amoureux de moi, ça avait pris des semaines. »

Drago releva vivement les yeux et plissa les paupières, comme chaque fois que Potter évoquait cette période qu'il avait oubliée. C'était plus fort que lui, il ressentait toujours ces mots comme une agression. Potter s'était affalé dans le fauteuil de l'autre côté du bureau et vérifiait d'un œil absent les accrocs dans le manche de son balai.

« Si j'étais pas parti, j'aurais pété un plomb, je te jure. J'étais à deux doigts de le virer, lui et tous les autres…

– C'est une menace ?

– Hein ? Non, je te dis juste comment ça s'est passé. Fallait que je m'éloigne avant de faire une connerie que j'aurais regrettée. »

Potter lui accorda de nouveau toute son attention et Drago baissa les yeux sur un tas de documents quelconque qu'il empoigna et se mit à feuilleter.

« Tu as lu la Gazette ? » demanda Potter.

Le changement de sujet surprit Drago, mais il n'en laissa rien paraître :

« Je reçois l'édition politique tous les vendredis, oui.

– C'était dans l'édition quotidienne. L'un des bâtisseurs a dû parler : Skeeter et les autres recommencent à foutre le bordel dans mon passé et mes anciennes fréquentations. Quand je suis arrivé à Londres, hier, c'était le bordel, ils étaient tous là à m'épier… Ça m'a encore plus énervé. Je me sentais pas de revenir tout de suite ici, je me serais vengé sur quelqu'un, et… Enfin, Price aurait été le choix facile. »

Drago hésita un moment avant de demander à voix basse :

« Que disent-ils ? Skeeter et les autres ?

– Ça y est, c'est officiel, je suis gay. »

Drago avala sa salive. Sa première impulsion était de se renseigner sur le point auquel lui-même était mouillé dans cette affaire, mais la question aurait manqué de tact.

« Bien sûr, ça y va : C'est Dumbledore qui m'a initié à ça, Ginny est un mec et ça explique ses performances au Quidditch, j'ai buté Diggory par jalousie… Hermione s'est rabattue sur Ron faute de mieux… Qu'est-ce qu'ils ont sorti, encore ? Ah oui, j'ai une liaison avec un Gobelin, aussi. Karstruck ? Je le connais même pas. Shacklebolt aussi, forcément. Je l'ai trompé et c'est pour ça qu'il m'a envoyé ici… Savage, aussi : C'était mon instructeur chez les Aurors. Bennet… »

Drago avait remonté le regard tout doucement, à chaque calomnie… Apparemment, il n'y avait pas que le mal d'amour qui salissait la mer quand Potter nageait.

« Ah, t'inquiète pas, reprit Potter en surprenant son attention. Ton nom a pas été évoqué du tout. Je crois qu'ils trouveraient pas l'histoire assez croustillante. Telles que je vois les choses, celui de ton père passera d'abord. Je vois ça d'ici : Il me séduit pour obtenir sa libération. Ah… »

Il conclut sa tirade d'un bref éclat de rire triste.

Drago gribouilla quelques mots sur une feuille de brouillon pour se donner une contenance, puis il assura :

« Nous allons publier un démenti, remettre les choses au clair. Je vais m'occuper de tout ça, Potter, ne t'inquiète pas. Tu n'es pas seul. »

Il poursuivit son griffonnage en dressant mentalement la liste des journalistes à contacter, des tournures de phrases les plus appropriées, de la meilleure des façons de présenter les choses.

« Je suis seul. »

Drago releva franchement la tête.

« Dis pas que je suis pas seul, annonça Potter avec son sourire blagueur. J'ai jamais eu de famille, j'ai plus d'amis, et la personne dont je suis amoureux me déteste. J'ai jamais été aussi seul de ma vie. »

Que répondre à ça ? Qu'il était riche et célèbre ? qu'il avait des centaines de groupies complètement débiles qui n'attendaient qu'un signe de lui pour se jeter à ses pieds ? Qu'il ne pouvait s'en vouloir qu'à lui-même de ne pas savoir entretenir l'amour qu'on lui portait ?

« Je ne te déteste pas… marmonna Drago en étudiant son visage fatigué et en cherchant quelque chose à ajouter.

– Mais tu ne m'aimes pas non plus.

– Non, en effet.

– Alors ça revient au même », soupira Potter en fermant les yeux.

Rien n'obligeait Drago à s'apitoyer sur son cas. Il lui avait donné une chance – plus d'une chance, même – de renouer les liens. Peut-être, peut-être que quelque chose aurait pu fonctionner entre eux. Drago ne voyait pas comment, mais après tout, pourquoi pas ? Tout ça était du passé, et Drago s'en moquait bien.

« Tu n'es pas seul, répéta-t-il. Et je vais t'aider. C'est mon travail. »