- 16ans plus tard -
Tout paraissait plus vaste, plus éclatant. Les lumières du plafond resplendissaient plus que d'habitude, et les étagères semblaient s'étendre très haut. Des gens en uniforme se déplaçaient rapidement, leurs mouvements étaient un peu étranges. Au milieu de tout ça, le visage de mes parents restait le même, un point stable dans ce chaos.
Papa, avec son insigne de général qui scintillait d'une manière presque hypnotique, lançait des regards vers maman. Elle semblait à la fois absorbée par son travail et étonnamment sereine.
"Sois sage. Reste bien aux côtés du Capitaine Miller, tu m'entends ?", murmura-t-elle d'une voix qui semblait venir d'ailleurs, avant de déposer un baiser léger et rassurant sur mon front. Je levai instinctivement les yeux et fus confronté au regard intense du Capitaine Miller.
Cette femme, à la silhouette élancée, démontrait chaque once de discipline qu'un entraînement militaire peut inculquer. Ses cheveux noirs étaient coupés court, encadrant un visage aux traits délicats, marqué par des yeux d'un marron profond qui contrastaient avec sa peau claire. Elle portait son uniforme avec une élégance et une perfection qui ne laissaient place à aucune critique. Elle dégageait une assurance qui était apaisante. Elle me souriait, ses yeux étaient pleins de douceur.
Lorsque mes parents se détournèrent, tout sembla ralentir. La tentation était trop grande. Les couloirs, aux perspectives déformées, m'appelaient. Les portes avaient des proportions étranges, certaines minuscules, d'autres gigantesques.
Une vague irrépressible d'adrénaline m'envahit, faisant galoper mon cœur à un rythme effréné. Sans vraiment réfléchir, je me propulsai en avant, attiré inexorablement par la promesse de liberté. Les sons de mes pieds sur le sol résonnaient.
Soudain, une ombre apparut devant moi. À première vue, c'était un soldat. Mais en y regardant de plus près, son visage avait des traits que je ne reconnaissais pas. Son salut, gracieux, avait la lenteur d'une danse aquatique, donnant une impression irréelle à la scène.
La voix du Capitaine Miller, à la fois douce et lointaine, m'appelait à travers les couloirs, me suppliant presque. Serait-ce le moment de retourner à la réalité ou de m'enfoncer encore plus profondément dans cette aventure ?
Mes mains étaient avides de toucher chaque surface, chaque texture. Les couloirs semblaient s'étendre indéfiniment, avec des lumières chatoyantes et des bruits émanant de tous les côtés. Tout était si nouveau, si fascinant.
Un couloir s'ouvrit sur une petite pièce, illuminée par d'étranges pierres bleutées qui pulsaient doucement. Elles émettaient une douce mélodie qui me rappelait les berceuses que maman chantait parfois. Je tendis une main pour en toucher une, mais avant que je puisse la saisir, la pierre s'envola, laissant derrière elle une traînée lumineuse.
Riant, je poursuivis mon chemin, croisant des personnes dont les visages étaient familiers, mais légèrement flous. Certains s'accroupissaient pour m'adresser un sourire ou essayer de me prendre dans leurs bras, mais je me glissais toujours hors de leur portée, mes pieds me portant aussi vite que possible.
Au bout d'un couloir, une porte à moitié ouverte révéla une salle immense avec une table qui paraissait interminable. Curieux, j'y entrai, mes pieds s'enfonçant avec délice dans cet espace. Mais alors que j'étais sur le point de m'élancer pour jouer, j'entendis une voix familière résonner.
"Que fais-tu ici ?"
C'était la voix de papa. Il y avait une pointe d'inquiétude mêlée à son ton autoritaire habituel. Dans un réflexe, je me glissai sous la table, priant pour que l'ombre me dissimule mais le son de ses pas se rapprochait rapidement.
Je jetai un coup d'œil rapide entre les pieds des chaises, j'aperçus papa qui scrutait attentivement chaque recoin de la pièce. En tentant de me replier davantage, je trébuchai maladroitement sur un objet au sol.
Ses yeux se fixèrent alors sur moi, un mélange de soulagement et d'amusement éclairant son visage. "Te voilà, mon petit explorateur," murmura-t-il en s'approchant.
Il s'accroupit et tendit les bras vers moi. Sans hésitation, je courus vers lui, me réfugiant dans l'étreinte sécurisante de papa. Son rire vibra contre ma joue alors qu'il me soulevait dans les airs.
"14 mois demain, et déjà un petit aventurier ! Que va-t-on faire de toi, Victor ? " dit-il doucement tout en me berçant. Dans le doux réconfort de ses bras, tout semblait soudainement plus paisible, plus calme. Je sentais mes paupières s'alourdir, les sons et les lumières de la base s'estompèrent progressivement.
Le monde autour de moi changea brusquement. L'ambiance rassurante et familière de mon père laissa place à un paysage sombre, presque apocalyptique. Le sol était recouvert de débris et de cendres, les structures environnantes détruites, comme si une immense force avait tout balayé sur son passage.
Les cris lointains et les pleurs perçaient le silence oppressant, ajoutant une note de désespoir à ce tableau dévasté. Je ressentis une sensation étrange, comme si j'étais à la fois témoin et acteur de cette scène.
Mon père était étendu au sol, apparemment inconscient. Il me tenait toujours fermement, comme s'il essayait de me protéger, même dans cet état. Ses mains semblaient si froides, si immobiles. La peur s'insinua en moi, une peur viscérale et profonde.
Je me penchai vers lui, cherchant à voir son visage, à comprendre ce qui se passait. À nos côtés, maman était là, agenouillée, les cheveux en désordre, ses yeux bleus remplis de larmes, fixant quelqu'un au loin.
Je me tournai dans la direction de son regard et je vis un homme que je ne connaissais pas. Il pleurait, sa douleur était palpable, contagieuse même. Chaque cellule de mon corps voulait crier, s'échapper, fuir cette réalité. Mais je ne pouvais pas bouger, comme si j'en étais prisonnier.
Non loin de lui, ajoutant à l'étrangeté de la scène, un immense anneau bleuté brillait d'une lumière intense. Le mouvement tourbillonnant du vortex semblait aspirer tout ce qui était à proximité, créant une atmosphère électrique. L'air vibrait autour, les sons étaient étouffés, comme absorbés par cette énergie mystique. L'homme et cet anneau énigmatique étaient inextricablement liés, ajoutant la confusion à mes sentiments.
Le corps de mon père, les larmes de ma mère, les sanglots de cet homme inconnu, tout semblait si réel, si poignant.
C'est alors que, subtilement, une sensation d'éloignement commença à se faire sentir. Comme si je flottais, non plus au cœur de cet environnement, mais au-dessus de lui, m'en écartant progressivement.
Les contours de ma réalité devinrent moins nets, le son de ma propre respiration devint le seul lien qui me rattachait encore à ce cauchemar.
Soudain, une sensation oppressante s'empara de moi. Le monde commença à tournoyer, les couleurs se mélangèrent et le son devint assourdissant.
Et puis… Tout devint noir.
Victor s'éveilla brusquement, son souffle haletant troublant le silence de sa chambre. La réalité de ses seize ans lui revint rapidement. Il était assis à son bureau, dans sa chambre. Des feuilles éparpillées, un stylo à la main, il réalisa qu'il était en train de travailler sur un devoir. Des gouttes de sueur perlaient sur son front, ses yeux reflétaient un mélange de terreur et de confusion. Ses mains tremblaient légèrement alors qu'il reprenait ses esprits, tentant de chasser les images perturbantes de ce rêve.
Ce n'était pas la première fois. Depuis plusieurs mois, ce rêve revenait, implacable. Toujours le même scénario, les mêmes émotions, les mêmes images. Encore et encore, comme un film en boucle dont il ne pouvait se détacher, une obsession qui le hantait, perturbant sa vie quotidienne. Chaque fois, il espérait que ce serait le dernier, mais le rêve revenait, inlassablement.
Le téléphone de Victor, posé à côté de ses cahiers éparpillés, se mit soudainement à vibrer, interrompant ses pensées. Ses doigts, encore tremblants de l'émotion du rêve, hésitèrent un instant avant de saisir l'appareil et lire le message qui s'affichait à l'écran : "Hé mec ! T''es où ? T'as encore loupé l'entraînement !"
C'était Max, son coéquipier de hockey et l'un de ses amis les plus proches. Victor fronça les sourcils, puis leva les yeux vers la petite horloge vintage posée sur sa commode. Les aiguilles indiquaient qu'il avait dormi bien plus longtemps qu'il ne l'avait anticipé. Une bouffée de culpabilité le saisit en pensant à l'entraînement manqué, à son équipe et aux efforts collectifs.
Il déposa le téléphone avec un soupir, passant une main lasse sur son front moite. Ces derniers temps, son sommeil était chaotique, perturbé par ce rêve récurrent. La fatigue accumulée commençait sérieusement à peser sur ses épaules.
Avec un soupir lourd, il s'étira, ressentant chaque vertèbre de son dos craquer légèrement. Ses muscles endoloris protestaient contre cette inactivité prolongée. Poussant ses cahiers du bout des doigts, il se leva, sa démarche un peu chancelante. Chaque pas hors de sa chambre était une tentative de s'éloigner de l'emprise de ces images qui le harcelaient sans cesse.
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Dans une grande salle de conférence du Pentagone, des écrans diffusaient des graphiques complexes et des images satellite. Au premier rang, Jack, vêtu de son uniforme de Général impeccablement taillé, jetait des regards distraits autour de lui, ses doigts tapotant impatiemment sur le bras de son fauteuil. À côté de lui, Sam, absorbée par les données présentées, prenait des notes.
"Je parie que même une discussion avec Teal'c sur les subtilités de la méditation Jaffa serait plus captivante que ça," murmura Jack.
Sam poussa un soupir, ses yeux rivés à l'écran. "Jack, s'il te plaît, concentre-toi. J'essaie de suivre."
"Mais je suis bien concentré... sur toutes les choses que je préférerais faire plutôt que d'être ici." riposta Jack, ses yeux balayant la pièce à la recherche d'une échappatoire. "Tu penses qu'ils s'en rendraient compte si on s'évadait discrètement ?"
Un sourire en coin se dessina sur les lèvres de Sam, "Ne me dis pas que tu envisages sérieusement de rater l'exposé sur les flux temporels alternatifs ?"
Jack poussa un grognement amusé, "Ah, évidemment, j'attends que ça !"
Sam ne put réprimer un sourire plus large, ses yeux pétillant d'amusement. Malgré les années passées ensemble, elle se surprenait encore à être charmée par cette insouciance et cet humour qu'il parvenait à injecter, même dans les situations les plus solennelles.
Lorsque les derniers mots du conférencier résonnèrent dans la pièce, une salve d'applaudissements clairs et nets se fit entendre, suivie d'un brouhaha de conversations et de commentaires échangés entre les participants. Les murmures d'appréciation se mêlèrent aux éclats de rire et aux notes sérieuses des débats post-conférence.
Les invités se rejoignirent ensuite dans une salle adjacente pour un cocktail. La pièce, éclairée par des lumières tamisées, dévoilait une ambiance plus détendue et conviviale. De longues tables étaient soigneusement dressées, recouvertes de nappes blanches et parsemées de délicieux petits fours et de verrines colorées. Des serveurs impeccablement vêtus se faufilaient parmi la foule, portant sur des plateaux argentés des coupes de punch pétillantes. Les éclats de voix, animés par les discussions enflammées ou les anecdotes partagées, rythmaient l'atmosphère.
Jack prit délicatement deux verres et navigua à travers la foule, cherchant Sam qui était profondément engagée dans un échange avec quelques officiers et Daniel Jackson. Lorsqu'il atteignit le petit groupe, il offrit à Sam l'un des verres, que celle-ci prit avec un sourire reconnaissant.
"Fascinante cette conférence, n'est-ce pas ?" lança Jack, son ton teinté d'ironie, tout en donnant une tape amicale sur l'épaule de Daniel.
Avec un sourire en coin, Daniel rétorqua, "Ce qui est réellement fascinant, Jack, c'est que vous ne soyez pas parti avant la fin."
Sam esquissa un rire discret. Après un bref instant, elle consulta l'heure sur sa montre, réalisant qu'il était déjà tard. Son attention se porta alors sur son sac à main, un modèle élégant en cuir noir, agrémenté de détails discrets mais sophistiqués. Elle l'ouvrit avec précaution pour en extraire un smartphone, dont l'écran spacieux brillait à la lueur ambiante.
"Je vais envoyer un message aux enfants, pour leur dire de ne pas nous attendre pour dîner", murmura-t-elle tout en faisant glisser habilement ses doigts sur l'écran, tapotant rapidement un message. "Je vais leur suggérer de commander des pizzas."
Au même moment, Jack laissa son regard parcourir la foule. Après s'être assuré que Daniel était plongé dans une autre conversation, il s'approcha discrètement de Sam qui achevait d'envoyer son message.
Il se rapprocha suffisamment pour que leurs corps se frôlent à peine, la chaleur de son souffle caressa l'oreille de Sam lorsqu'il murmura, "Que dirais-tu si nous nous échappions de tout ça ? Une soirée rien que pour nous deux... Nous pourrions trouver un petit restaurant, loin de cette agitation, et peut-être même passer la nuit dans un hôtel." Sa voix se teinta d'une légère malice, invitant Sam à partager ce moment d'évasion.
Tandis que les mots s'échappaient de ses lèvres, la main de Jack esquissa un parcours tendre et délibéré sur Sam, glissant avec une douceur calculée depuis la finesse de sa taille pour s'attarder sur le galbe délicat de son dos. Chaque effleurement de ses doigts semblait susurrer des promesses silencieuses.
Les yeux pétillants, mais avec une pointe d'hésitation, Sam répliqua, "Et les enfants, que leur dit-on ?" Elle était clairement séduite par l'idée, mais préoccupée par les détails pratiques.
Jack afficha un sourire en coin, "Dis-leur simplement que Daniel nous a enlevés et que c'est une excellente opportunité pour eux de profiter de la tranquillité de la maison." Il se rapprocha encore, ses lèvres effleurant presque son oreille. "Et si tu crains qu'ils protestent, promets-leur un bonus : une journée entière à la pêche. On sait tous les deux qu'ils ne pourront pas résister."
Sam rit doucement, se mordant la lèvre, comme si elle pesait les options. "Oh, Jack," commença-t-elle, sa voix emplie d'amusement, "tu sais combien j'aimerais ça, rien que nous deux, loin de tout. Mais ces derniers temps, j'ai remarqué que Victor avait l'air vraiment épuisé. Il n'en parle pas, mais je le sens. Quelque chose le préoccupe, je le vois dans ses yeux. Je veux être à la maison ce soir, j'aimerais en discuter avec lui."
Elle posa sa main sur la joue de Jack, caressant doucement sa peau. "Mais promis," ajouta-t-elle avec un clin d'œil, "on prendra une soirée pour nous très bientôt."
Jack soupira faussement, mais il ne pouvait masquer le sourire du père compréhensif qui se formait sur son visage. "D'accord," dit-il en se rendant à l'évidence, "Mais cette promesse, je vais m'assurer que tu la tiennes."
Le visage de Sam s'illumina d'un sourire espiègle. "Tu sais bien que je tiens toujours mes promesses," répondit-elle tout en jouant avec sa cravate, la tirant légèrement pour le rapprocher d'elle.
Leurs fronts se touchèrent, et pendant un moment, ils oublièrent le tumulte du cocktail autour d'eux.
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À quelques rues de là, une grande maison se dressait fièrement, entourée d'un jardin magnifiquement entretenu. Ses murs blancs reflétaient les chaudes couleurs du crépuscule, conférant à l'endroit une atmosphère à la fois paisible et festive. La lumière dorée du soleil finissant se glissait à travers les grandes fenêtres, créant des ombres douces et dansantes à l'intérieur de la demeure.
Dans le jardin, une série de guirlandes lumineuses s'étendait d'un arbre à l'autre, créant un ciel étoilé artificiel au-dessus d'un espace où des adolescents s'affairaient autour de tables garnies de friandises et de boissons. Des rires joyeux et des cris d'excitation fusaient, tandis que de la musique résonnait depuis des haut-parleurs, posant une ambiance dynamique.
À l'intérieur, la maison dégageait une chaleur conviviale. Les meubles de bois raffiné, les tapis épais et moelleux, et les œuvres d'art délicatement choisies témoignaient du goût impeccable de ses propriétaires. Dans le vaste salon, un groupe d'adolescents s'était rassemblé autour du canapé, plongés dans une conversation animée.
Au centre de cette agitation, une jeune fille se distinguait nettement. Du haut de ses quatorze ans, elle dégageait une présence remarquable. Sa stature élancée était mise en valeur par une robe d'été légère. Sa chevelure blonde encadrait un visage où la sérénité se mêlait à une vivacité pétillante. Ses grands yeux bleus, intensément lumineux, scrutait la salle avec assurance, reflétant une intelligence et une curiosité naturelles.
Mais ce n'était pas seulement son assurance qui la rendait magnétique. Son visage, au-delà de sa beauté, avait cette lueur énigmatique qui poussait quiconque la croisait à vouloir en savoir plus sur elle. Son sourire, lumineux et contagieux, révélait de légères fossettes qui lui donnaient un charme juvénile, contrastant avec la maturité qui se lisait dans ses yeux.
Tout en discutant avec un groupe d'amis, elle sirotait son soda, le verre légèrement frais contre sa peau. Chaque geste, chaque parole, trahissait une confiance en elle, mélangée à cette légère énigme qui faisait de Stella une figure fascinante aux yeux de tous.
"Stella ! Viens, on va faire une partie de 'Vérité ou Conséquence' !" lança une de ses amies, interrompant ses pensées.
À peine avait-elle fait quelques pas pour rejoindre son amie que la sensation familière d'une vibration dans sa poche la stoppa net. Elle sortit son téléphone, et l'écran s'illumina, révélant un nouveau message. En parcourant les quelques lignes, un léger sourire éclaira son visage. La perspective d'une soirée sans la présence rassurante mais parfois encombrante des parents la réjouit, et le bonus des pizzas en prime ne fit qu'ajouter à son enthousiasme.
Tout en envoyant un bref "ok, maman" en guise de réponse, Stella glissa son téléphone dans sa poche et se dirigea d'un pas décidé vers la porte-fenêtre. La lumière déclinante de l'après-midi inondait le jardin, où les rires et les cris se mêlaient aux parfums des fleurs et de l'herbe fraîchement coupée. L'air était tiède, une douce caresse qui contrastait avec l'effervescence de la fête à l'intérieur.
Stella parcourut le jardin d'un regard assuré, cherchant une personne en particulier parmi les groupes d'adolescents éparpillés ça et là. Elle passa à côté de la table garnie de gâteaux, de boissons et de friandises et attrapa un bonbon au passage pour satisfaire brièvement sa gourmandise. Puis, elle longea la piscine dont l'eau reflétait les lumières de fin de journée. Ses yeux bleus étaient déterminés, cherchant à trouver cette personne le plus rapidement possible.
En s'approchant de la piscine, Stella entendit des éclats de rire et des exclamations enjouées. Un petit groupe d'amis était rassemblé, tenant des verres de soda et criant des encouragements vers l'eau scintillante. Curieuse, elle chercha du regard ce qui attirait tant d'attention. Des éclaboussures jaillissaient régulièrement, comme si quelqu'un faisait des figures aquatiques.
Elle se fraya un chemin à travers le cercle d'amis, et tenta de distinguer la silhouette du nageur. Les ondulations de la lumière sur l'eau troublèrent sa vision, l'empêchant de discerner clairement. Elle posa sa main sur l'épaule d'un jeune homme pour qu'il la remarque.
"Lucas," l'interpella-t-elle, une pointe d'impatience dans la voix, "tu n'aurais pas vu James par hasard ?"
Lucas, ses mèches brunes en désordre, se retourna vers elle, un éclat malicieux dans le regard. "Ah, Stella ! Tu tombes bien !" s'exclama-t-il, un large sourire étirant ses lèvres.
Elle plissa les yeux, curieuse. "Pourquoi ?"
Sans pouvoir retenir son hilarité, Lucas pointa du doigt la piscine. "James a parié qu'il pourrait faire dix fois le tour de la piscine en apnée. On prend des paris pour savoir à quel tour il va craquer et remonter à la surface."
L'exaspération était visible sur le visage de Stella. Son frère jumeau, James, avait toujours eu ce besoin incessant de pousser les limites, et une fois de plus, il l'avait fait devant tous leurs amis. Elle n'avait pas la patience d'attendre qu'il termine son défi aquatique.
Alors que James nageait à proximité, elle en profita pour le saisir fermement par le bras et le hisser hors de l'eau avec une détermination surprenante pour sa stature. Les éclaboussures et les protestations de l'adolescent se mêlèrent au rire de quelques-uns de leurs amis.
"He ! Qu'est-ce que tu fais ?" protesta James, dégoulinant et surpris. "J'étais à deux doigts de battre mon record !"
"Tu n'as rien de mieux à faire ?!" rétorqua Stella, les bras croisés.
James se laissa tomber lourdement sur la margelle de la piscine, soupirant bruyamment en roulant ses yeux marron clair. En se redressant, on pouvait observer sa silhouette athlétique, étonnante pour un adolescent de seulement quatorze ans. Sa taille dépassait déjà celle de bon nombre de ses amis. Ses cheveux, d'un blond foncé mouillé, collaient à son front et ses tempes. Chaque fois qu'il esquissait un sourire, même contrarié, de discrètes fossettes venaient adoucir ses traits, le rendant encore plus charmant.
Écartant James du groupe avec une énergie déterminée, Stella le conduisit à l'écart, près d'un vieil arbre dont les feuilles offraient un abri discret. Ses yeux furent immédiatement attirés par l'éclat du bracelet qui ornait le poignet de son frère. C'était une pièce unique, faite de petites pierres bleues qui scintillaient d'une lumière propre, rappelant les profondeurs mystérieuses de l'océan.
"Tu voulais battre ton record en trichant ?" demanda-t-elle, l'indignation évidente dans sa voix, en pointant le bracelet.
James afficha une mine faussement innocente, son sourire trahissant une pointe de malice. "Je voulais juste tester, voir s'il pouvait vraiment m'aider à rester sous l'eau plus longtemps. Une simple expérience."
"Si papa te voit avec, il va te tuer", répondit Stella, l'air furieux. "Ce bracelet n'est pas un jouet. Tu devrais le savoir. Dois-je te rappeler ce qui s'est passé la dernière fois que tu l'as utilisé ?! Et comment as-tu pu mettre la main dessus ? Il est supposé être en sécurité dans le coffre-fort."
James arqua un sourcil, la provocation évidente dans son regard. "Le coffre des parents ? Tu parles d'une cachette sécurisée ! Le code est la date de leur mariage, un enfant de deux ans aurait pu le trouver."
Stella serra les dents, contenant à peine une réplique acerbe. Elle prit une profonde inspiration, cherchant à maîtriser son irritation. "Il est temps de rentrer, James. Ce bracelet doit être remis à sa place."
L'adolescent laissa échapper un soupir lourd, ses traits tirés par la frustration. "J'en ai marre que tu joues toujours les gardiennes. Tu ne sais vraiment pas t'amuser." Ses épaules s'affaissèrent légèrement, démontrant une lassitude rare chez lui.
Les deux adolescents quittèrent la fête, laissant derrière eux les rires et la musique. La lumière du crépuscule teintait le ciel d'une douce couleur orangée tandis qu'ils marchaient en direction de leur maison. La brise d'été caressait leur visage, emportant avec elle l'odeur des grillades et le parfum des fleurs nocturnes. Le silence entre eux était lourd, seulement rompu par le bruit de leurs pas sur le bitume.
Ils atteignirent finalement leur maison. Le calme qui régnait à l'intérieur contrastait nettement avec l'effervescence de la fête qu'ils venaient de quitter. Un arôme délicat de vanille, vestige d'une bougie récemment soufflée, embaumait la pièce. Stella se dirigea d'un pas décidé vers la cuisine et fouilla le tiroir dédié aux menus de livraison. Ses doigts se posèrent sur le dépliant de la pizzeria, et elle chercha rapidement le numéro pour commander.
James, quant à lui, monta prudemment l'escalier en direction de la chambre de son frère. Il se souvenait encore de l'incident gênant où il avait surpris Victor et Chloé, sa petite amie, en train de s'embrasser. Il s'était promis de toujours vérifier à l'avenir. Arrivé devant la porte, il écouta attentivement. Rien. Alors, il toqua doucement pour signaler sa présence.
"Victor ? Es-tu là ? Et surtout, es-tu seul ?" plaisanta-t-il, souhaitant éviter une autre situation inconfortable.
Le silence qui lui répondit ne présageait rien de bon. Lentement, avec une certaine appréhension, James entrouvrit la porte. La chambre était vide, sans le moindre signe d'occupation récente.
Un sentiment d'inquiétude s'empara brièvement de James avant qu'il ne repousse cette pensée. Après tout, la maison était grande et Victor pouvait être n'importe où. Il poursuivit ses recherches, passant par le salon, la cuisine et même la chambre parentale mais Victor semblait s'être volatilisé.
Il était sur le point d'aller voir dans le jardin quand une faible lumière provenant du bureau de sa mère attira son attention. La porte était entrouverte, laissant filtrer une faible lueur. James s'approcha lentement, conscient de l'interdiction stricte de leurs parents concernant cette pièce. Le bureau était le sanctuaire de Sam, où elle conservait ses affaires professionnelles les plus sensibles.
Jetant un œil prudent à l'intérieur, il découvrit Victor, assis devant le bureau, les yeux rivés sur un étrange objet ressemblant à une sphère de cristal. À côté de lui, l'écran d'un ordinateur portable affichait une série d'équations complexes. Les documents éparpillés sur le bureau étaient remplis de notes manuscrites, de schémas et de formules.
"Victor ! Qu'est-ce que tu fais ici ? Tu sais très bien qu'on n'a pas le droit d'entrer là !" s'exclama James, la surprise se mêlant à l'inquiétude.
Victor, toujours absorbé par l'objet, murmura d'une voix rauque, "Je sais… Je sais. Mais je dois absolument régler cette histoire ou je vais devenir fou !"
James, de plus en plus préoccupé, s'avança doucement, "De quoi parles-tu ?"
Levant finalement les yeux, Victor les plongea dans ceux de son frère, révélant une profonde détermination. "C'est compliqué. Tu ne comprendrais pas."
James croisa les bras, intransigeant, "Essaie quand même."
Face à la persévérance de son cadet, Victor prit une grande inspiration, comme pour rassembler ses idées, "Cela fait des mois que je fais un cauchemar, toujours le même. Comme si j'étais prisonnier de ce moment précis de ma vie."
James tenta une pointe d'humour, en espérant détendre l'atmosphère, "Ne me dis pas que tu as encore des visions ? Grand-père te contacte encore depuis l'au-delà ?"
Victor secoua la tête, les traits marqués par une fatigue profonde. "Non, James. Ce n'est pas grand-père cette fois. C'est quelque chose de mon propre passé que je n'arrive pas à chasser."
Curieux, James nota du coin de l'œil l'étrange objet que Victor manipulait. "Et cet artefact ? D'où vient-il ?"
Victor soupira, déposant l'objet avec une extrême précaution sur le bureau. "C'est l'une des trouvailles du SGC que maman a ramenée. Je l'examine discrètement depuis quelques semaines. D'après mes recherches, et les notes que j'ai déchiffrées, cet objet possède une puissance inédite : il permet de voyager à travers le temps."
L'inquiétude gagna James, le faisant frissonner. "Attends une minute. Tu n'envisages quand même pas de... l'utiliser ?"
Le regard de Victor était déterminé, presque obstiné. "Il le faut. Ce cauchemar me hante toutes les nuits. Je sens qu'il y a quelque chose que je dois comprendre."
James rit nerveusement, "Alors, quel est le plan ? Revoir le sacre des Cubs et rapporter le trophée à papa ?"
Victor sourit brièvement, avant de reprendre son sérieux. "Je compte remonter le temps jusqu'à la veille de mes 14 mois."
James écarquilla les yeux. "C'est une date très précise. Qu'y a-t-il de si important à ce moment-là ?" Sa voix trembla lorsqu'il réalisa la période à laquelle Victor faisait allusion. "Attends une minute ! C'est juste avant la grande catastrophe qui a failli détruire la Terre ! Tu mesures les dangers d'une telle décision ?"
"Je suis conscient des risques, James. Je compte juste observer, comprendre ce qui s'est passé ce jour-là. Je ne toucherai à rien, je ne changerai rien." Victor posa son regard sur l'artefact, caressant doucement sa surface.
Mais James ne semblait pas convaincu. "Et si, même malgré toi, tu perturbais le cours des choses ? Même la plus petite intervention pourrait avoir des conséquences désastreuses. Sans parler de Stella et moi, à cette époque, nous n'étions pas encore nés. Chaque action pourrait mettre notre existence en danger."
Victor fixa intensément James, une gravité inhabituelle dans son regard. "Je comprends tes inquiétudes, vraiment. Mais quelque chose en moi me dit que je dois le faire. Que c'est vital. Je te promets d'être prudent."
Victor tendit son bras droit, dévoilant un bracelet qui scintillait malgré l'obscurité du bureau. "Je ne serai pas sans défense. " Les perles rouges, profondément incrustées, semblaient absorber toute la lumière environnante.
À la vue de l'objet, les yeux de James s'écarquillèrent de surprise, "Le bracelet d'Hadès... Tu l'as récupéré..."
Victor fit une moue amusée. "Certaines choses sont mieux cachées que d'autres."
James afficha alors un large sourire tout en levant le bras. Il remonta la manche de son t-shirt, révélant à son tour un bracelet d'un bleu éclatant. Les pierres semblaient faites d'eau, d'un bleu profond rappelant l'océan. "Il semblerait que tu ne sois pas le seul à fouiller dans les coffres."
Victor afficha un grand sourire et il éclata d'un rire chaleureux et complice.
Les yeux marron clair de James traduisaient une profonde inquiétude alors qu'il tentait vainement de la masquer par une façade de calme. Il soupira lourdement, passant nerveusement une main dans ses mèches rebelles en essayant de rassembler ses pensées. "Je n'aurais jamais cru dire ça... mais si tu es vraiment déterminé à le faire, je viens avec toi."
Les traits de Victor se crispèrent légèrement, le trahissant. Ses yeux, d'un bleu profond, semblaient tourmentés, hésitant entre le pour et le contre. "Ce n'était pas prévu comme ça. Je ne sais pas si c'est une bonne idée."
James leva son menton, son regard chargé d'une détermination farouche, "Ce n'est pas négociable. Je viens !"
La conversation animée entre les deux frères fut soudainement mise en suspens par le bruit caractéristique de pas se faisant progressivement plus proches. Les grincements du vieux parquet et l'écho des marches en bois indiquaient que quelqu'un montait l'escalier. Bientôt, la voix un peu lointaine mais clairement reconnaissable de Stella se fit entendre. Ses intonations, bien que diffuses, transmettaient un mélange d'impatience et d'amusement. "Vous êtes où ? J'ai besoin de savoir ce que vous voulez sur vos pizzas !" Sa voix se rapprochait, signe qu'elle était presque à leur porte.
La voix familière de Stella résonna à leurs oreilles, faisant battre leurs cœurs un peu plus vite. Dans un réflexe presque mécanique, Victor s'empara de l'artefact temporel qui reposait à côté de lui. D'un même mouvement fluide, il agrippa le bras de James et pressa une partie spécifique du bracelet d'Hadès qu'il portait.
Une sensation froide et irritante enveloppa leur peau tandis qu'une fine pellicule les entourait, les rendant progressivement translucides. En quelques secondes, les deux frères étaient devenus quasiment imperceptibles, se confondant avec les ombres naturelles de la pièce et les reflets des objets qui les entouraient. Dans ce camouflage, ils attendaient, retenant leur souffle, espérant que Stella ne remarquerait rien d'inhabituel dans le bureau.
L'adolescente pénétra dans la pièce, la lumière illuminant son visage intrigué. Ses yeux scannèrent rapidement les lieux, cherchant des signes de présence. Elle tenait fermement la carte de la pizzeria, l'agitant légèrement comme si elle voulait attirer leur attention.
"James ? Victor ?" appela-t-elle, son ton traduisant son incompréhension. "J'aurais juré vous avoir entendus..."
Elle progressa avec prudence, chaque pas pesé, vers le bureau. L'écho léger de la chaise qu'ils avaient bousculée et le souffle furtif de l'air par la fenêtre ouverte témoignaient de leur présence récente. Elle s'accroupit légèrement, comme si elle s'attendait à les trouver cachés sous le bureau. Mais tout était silencieux. La confusion dans son regard se mua en une inquiétude contenue.
Résignée, elle se dirigea vers la sortie, éteignant la lumière et refermant soigneusement la porte derrière elle. Le bruit de ses pas se dispersa lentement dans le couloir, tandis qu'elle continuait de les chercher, appelant doucement leurs prénoms, se demandant où ils avaient bien pu disparaître.
Avec une prise ferme sur le bras de James, Victor le conduisit rapidement à travers les couloirs de la maison. La finesse du bracelet d'Hadès, à peine visible sous la manche de Victor, leur octroyait une invisibilité sans faille. Bien que protégés par cette magie, le risque de trahir leur présence par un mouvement maladroit ou un bruit inopportun était toujours présent.
Le parquet ancien grinçait légèrement sous leurs pas pressés. Ils avançaient avec précaution, tentant de minimiser chaque son, chaque vibration qui pourrait trahir leur présence. Victor jetait des regards brefs et calculés autour de lui, cherchant des signes de Stella ou d'autres membres de la famille qui pourraient être à proximité.
La tension était palpable. Chaque porte fermée, chaque rideau qui bougeait à cause d'une brise légère, semblait être une menace potentielle. Ils se rapprochaient de la sortie arrière, l'objectif était clair : quitter la maison discrètement, éviter d'être vus ou entendus, et surtout, ne pas éveiller les soupçons.
Une fois à l'extérieur, sous le couvert d'un ciel étoilé, les deux frères prirent une profonde inspiration, goûtant à la fraîcheur de la nuit. James, jetant des regards furtifs autour d'eux, murmura avec une inquiétude perceptible, "Que fait-on maintenant ?"
Victor, dont les yeux avaient pris une lueur déterminée, répondit d'une voix basse et assurée, "On reste invisible, on se rend à la Porte des Étoiles. On retournera dans le passé de là-bas."
La mention de la base du SGC fit frissonner James. C'était un lieu qu'ils connaissaient bien, une base militaire autrefois secrète, désormais connue de tous, mais extrêmement bien protégée. Il souffla profondément, conscient des difficultés à venir. "Ok, mais je te préviens, au moindre signe de danger, on fait demi-tour."
Victor adressa un signe de tête reconnaissant à son frère, touché par cette marque de solidarité. Ensemble, ils tracèrent leur chemin en direction de l'aéroport le plus proche. La perspective de monter à bord d'un avion tout en étant enveloppés de cette invisibilité les remplissait d'une anticipation mêlée d'une appréhension palpable. C'était une aventure qui promettait d'être aussi exaltante que risquée.
Une fois arrivée à l'aéroport, la première difficulté fut la foule. Malgré leur invisibilité, ils ne voulaient pas provoquer de panique en bousculant quelqu'un.
"On évitera les heures de pointe la prochaine fois", murmura James en esquivant un chariot à bagages qui manqua de lui rouler sur les pieds.
Passer les contrôles de sécurité représentait une véritable épreuve. Le bruit des bips des détecteurs, le bourdonnement des scanners corporels et la voix monocorde des agents annonçant les directives, tout cela formait une cacophonie stressante. James fixa les lignes serpentant vers les portiques de sécurité et chuchota anxieusement, "Comment diable allons-nous passer les scanners corporels sans être vus ?"
Victor afficha un sourire malicieux tout en scrutant les alentours. "Regarde par-là", chuchota-t-il, désignant un groupe de touristes particulièrement bruyants. Ils se démarquaient nettement de la foule : t-shirts aux couleurs criardes, chapeaux de paille un peu trop grands, et caméras imposantes pendues à leurs cous. Leurs rires retentissants, leurs poses exagérées devant leurs smartphones, et leur discussion animée sur les merveilles qu'ils avaient découvertes les rendaient presque comiques.
"C'est notre couverture parfaite," confia Victor avec un clin d'œil complice.
Ils profitèrent de l'effervescence créée par ces touristes pour s'insérer discrètement dans leur sillage, calquant leurs mouvements sur ceux du groupe, mais en restant toujours à une distance suffisante pour éviter une collision malencontreuse. Chaque geste était calculé, chaque pas pesé, tels des artistes de cirque équilibristes, mesurant chaque mouvement avec précision.
Alors que le groupe se rapprochait des scanners, l'un des touristes, une femme au chapeau flamboyant, cria soudainement en levant sa bouteille d'eau, se plaignant qu'elle avait oublié de la vider. L'agitation qui en résulta, avec les agents de sécurité s'approchant pour gérer la situation, offrit l'opportunité parfaite. Les deux frères, surfant sur cette vague de chaos, réussirent à passer les scanners sans être détectés.
Une fois de l'autre côté, ils échangèrent des regards triomphants, le soulagement et la fierté évidents dans leurs yeux.
Trouver un moyen de monter à bord de l'avion sans billet s'avéra moins compliqué qu'ils ne le pensaient. Ils attendirent que le dernier groupe de passagers monte, puis se faufilèrent derrière un membre du personnel de la compagnie aérienne.
À l'intérieur de l'avion, une douce lumière émanait des lumières sous les compartiments à bagages. L'air était parfumé d'une combinaison d'arômes de café, de parfums divers et d'un parfum d'air frais spécifique aux avions. Victor et James, toujours sous le manteau de l'invisibilité, naviguaient prudemment entre les rangées de sièges, essayant d'éviter les passagers qui se déplaçaient avec leurs bagages à main.
Trouvant une ouverture discrète à l'arrière de la cabine, ils se positionnèrent près des toilettes. L'endroit était loin d'être idéal. À peine l'avion avait-il quitté la piste que se formait déjà une queue d'attente. Les passagers, debout, s'efforçaient de patienter en toute sérénité : quelques-uns se perdaient dans la contemplation de leurs écrans de téléphone, tandis que d'autres, l'air absent, laissaient leurs yeux errer sur la surface texturée du plafond. L'agitation continue des passagers à cet endroit ajoutait un niveau supplémentaire de complexité à leur camouflage improvisé.
Tandis qu'ils se tenaient en retrait, tentant de se fondre dans l'ombre, une femme vêtue d'une robe à pois et perchée sur des talons vertigineux semblait trépigner d'impatience. Son pied tapotait nerveusement le sol, ses yeux écarquillés trahissaient son urgence. James et Victor échangèrent un regard d'alerte, réalisant la situation délicate. Ils devaient bouger pour éviter un accident, mais l'espace était restreint.
La femme, emportée par son impatience, ouvrit brusquement la porte de la toilette la plus proche. La porte heurta Victor avec force. Il sentit la morsure aiguë de la douleur s'abattre sur lui. Par réflexe, il porta sa main à sa bouche, essayant de contenir un cri involontaire. En retirant sa main, il constata une trace de sang ; il s'était mordu la lèvre avec une telle force qu'elle saignait. Le goût métallique du sang envahit sa bouche tandis qu'il cherchait à retrouver son calme.
James, témoin de la scène, étouffa un rire en couvrant sa bouche avec sa main, ses yeux rieurs plongés dans ceux exaspérés de Victor. Les deux frères se glissèrent rapidement à l'écart, tentant de se reprendre.
Puis vint le moment où un homme d'affaires, impeccablement habillé, s'approcha des toilettes. Sentant l'urgence dans sa démarche, les deux frères s'écartèrent précipitamment du chemin. Mais dans la hâte, James trébucha sur un chariot de service à proximité, faisant chuter une canette de soda qui roula directement vers l'inconnu. La canette s'immobilisa juste devant les chaussures brillamment cirées de l'homme.
L'individu s'arrêta net, jetant un regard perplexe autour de lui. "Qu'est-ce que...?" murmura-t-il en ramassant la canette. Après un moment de réflexion, il haussa les épaules avec une expression amusée et continua son chemin. Victor, soulagé, lança un regard à la fois réprobateur et amusé à James.
La situation prit une tournure comique lorsque, parmi les passagers, un jeune couple éperdument amoureux se leva de leurs sièges. Avec des sourires espiègles et des yeux pétillants, ils se frayèrent un chemin à travers la file d'attente, se dirigeant discrètement vers le petit espace derrière les toilettes. Leurs chuchotements complices et leurs rires étouffés révélaient clairement leurs intentions.
Victor et James, bien que dissimulés, se sentirent soudainement mal à l'aise. Dans une tentative désespérée de s'éloigner, ils se levèrent précipitamment, enchevêtrant leurs pieds et trébuchant l'un sur l'autre. Ils finirent par se retrouver dos à un siège.
Malgré leur situation délicate, un rire silencieux les secoua. Une chose était sûre : ce voyage resterait gravé dans leur mémoire comme l'un de leurs moments les plus mémorables.
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Après une journée de conférence particulièrement épuisante, Jack et Sam se retrouvèrent à marcher côte à côte dans la douce lumière du crépuscule. Les derniers rayons de soleil de la journée caressaient leurs visages, et la brise fraîche jouait dans les cheveux de Sam, leur apportant une bouffée d'air frais bien méritée.
La maison, une charmante bâtisse à deux étages aux murs crème et à la toiture d'ardoise, se dessinait doucement à l'horizon. Entourée d'un jardin verdoyant et de quelques arbres, elle dégageait une ambiance chaleureuse et accueillante. Jack jeta un coup d'œil vers Sam et lui prit doucement la main, entrelaçant leurs doigts. Elle répondit à son geste par un sourire doux, un de ces sourires qui disent plus que mille mots.
Arrivés devant la porte, Sam chercha ses clés dans son sac, mais avant qu'elle puisse insérer la clé dans la serrure, Jack posa sa main sur la sienne, l'arrêtant dans son geste. Elle leva les yeux vers lui, intriguée, et il en profita pour la tirer doucement vers lui. Leurs lèvres se rencontrèrent dans un baiser tendre et plein d'affection.
S'écartant de Sam avec un sourire espiègle, Jack chuchota, "On devrait envoyer les enfants chez leurs amis pour la fin de soirée, tu ne penses pas ?"
Sam le regarda, une lueur malicieuse dans le regard, et rétorqua, "Certainement pas, mon Général." Elle fit glisser la clé dans la serrure et poussa doucement la porte, révélant l'intimité de leur maison.
Jack la suivit, feignant l'indignation, et lança, "Mais c'était presque un ordre officiel, Colonel !"
Sam tourna les yeux vers lui, un sourire en coin, "Quel ordre ? Je ne suis plus Colonel depuis longtemps."
Dès qu'ils franchirent la porte d'entrée, l'atmosphère leur sembla immédiatement chargée d'une tension palpable. L'éclairage tamisé du salon révélait la silhouette de Stella, éclairant ses cheveux blonds et ses joues rougies par l'inquiétude. Elle se tenait debout près de la table basse, ses mains serrées l'une contre l'autre. Ses yeux bleu clair étaient agrandis, et quelques mèches rebelles tombaient sur son front.
Sam l'interrogea, son ton passant instantanément de l'amusement à l'inquiétude. "Stella ? Qu'est-ce qu'il y a ?"
Les yeux de l'adolescente se levèrent pour rencontrer ceux de Sam. Sa voix trembla, "J'ai… J'ai retourné la maison dans tous les sens, je ne sais pas où sont Victor et James. Ils ont disparu."
Jack venait tout juste de franchir le seuil de la porte, jouant avec le nœud serré de sa cravate qu'il avait hâte de retirer. La journée avait été longue et fatigante, et il aspirait à se détendre en famille. Mais les paroles de sa fille l'arrêtèrent dans son élan. Ses yeux qui luisaient habituellement d'un éclat taquin, se dilatèrent brusquement, trahissant une profonde inquiétude. Il se redressa, la mâchoire serrée, "Comment ça, disparus ?!"
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Victor et James étaient bien loin de la sécurité de leur domicile. Après leur mésaventure dans l'avion, ils s'étaient retrouvés dans un endroit bien plus dangereux : la base du SGC. Malgré leur invisibilité, la base militaire souterraine présentait de multiples défis.
Dès leur entrée dans le complexe, ils durent se faufiler avec précaution à travers les couloirs éclairés de néons bleutés. Des groupes de militaires en uniforme se déplaçaient en formation, discutant de missions ou vérifiant leurs équipements. Les deux frères évitaient tout contact physique, sous peine de trahir leur présence.
À plusieurs reprises, ils durent défier les caméras de sécurité qui balayaient les zones de passage. Bien qu'invisibles, ils ne savaient pas si la technologie avancée du SGC pouvait les détecter. Les longs couloirs de la base semblaient s'étendre à l'infini, chaque virage dévoilant une nouvelle porte, un nouvel obstacle. Ils croisèrent plusieurs laboratoires où les scientifiques analysaient des artefacts extraterrestres ou discutaient en groupes.
La salle de contrôle était une autre épreuve. Des techniciens y travaillaient, regardant des écrans d'ordinateur, manipulant des boutons et des leviers. Victor et James durent patienter plusieurs minutes avant de trouver une opportunité de traverser la pièce sans se faire remarquer.
Mais leur plus grand défi fut sans doute la chambre d'écluse qui menait directement à la salle d'embarquement. Le sas était conçu pour prévenir toute intrusion, et les mécanismes de sécurité étaient très avancés. Les deux frères durent user de toute leur ingéniosité, attendant qu'un groupe de militaires entre ou sorte pour se glisser furtivement derrière eux.
Enfin, après ce qui leur sembla des heures, ils débouchèrent dans la salle d'embarquement, dominée par la majestueuse Porte des Étoiles. L'anneau de pierre imposant, gravé de symboles mystérieux, trônait au centre de la pièce, flanqué d'une rampe d'accès en métal. Ils pouvaient entendre le murmure d'une équipe se préparant à partir en mission, mais, pour le moment, la Porte était inactive.
Les adolescents, à bout de souffle mais soulagés, se rapprochèrent de la rampe d'embarquement, jetant des regards fascinés et anxieux sur l'icône technologique devant eux, se demandant quel serait leur prochain mouvement.
Le silence fut palpable lorsque James posa sa question, "Et maintenant ?", ses yeux étaient fixés sur le dispositif que tenait Victor entre ses mains.
Victor observa l'artefact temporel, ses doigts effleurant les commandes gravées à sa surface. "On remonte le temps, on règle ça et on rentre chez nous," dit-il d'une voix ferme, tentant de masquer son inquiétude.
James hésita, serrant le bras de son frère. "Es-tu sûr que le bracelet d'Hadès fonctionnera toujours après le voyage temporel ?"
Victor leva les yeux pour rencontrer le regard anxieux de son frère. "Je ne suis sûr de rien," admit-il. "Nous verrons bien."
Sans un mot de plus, Victor serra fermement le bras de James, et activa le dispositif temporel. Un halo jaune vif entoura les deux frères, et la réalité autour d'eux commença à se distordre. Les sons devinrent lointains, les couleurs s'estompèrent et le monde sembla s'étirer, puis se replier sur lui-même.
Quand tout se stabilisa, ils étaient toujours dans la salle d'embarquement, mais celle-ci avait une apparence légèrement différente. L'équipement était moins avancé, et les uniformes des militaires présents avaient un style démodé. Cependant, le plus important était qu'ils étaient toujours invisibles. Ils échangèrent un regard soulagé, comprenant qu'ils avaient réussi à remonter le temps sans perdre leur camouflage.
Soudain, la cacophonie des sirènes résonna avec force, plongeant la salle dans un éclairage rougeoyant, créant une ambiance d'urgence et de désordre. Des pas lourds retentirent et bientôt, des soldats firent irruption, se plaçant derrière les barricades hâtivement dressées, les armes pointées vers l'inconnu.
Victor, dont le regard était rivé sur les soldats, chercha des réponses. "Je crois qu'ils nous ont repérés," chuchota-t-il à James, pensant que ces derniers avaient provoqué cette alarme.
Toutefois, le véritable spectacle se déroulait au centre de la salle. La Porte des Étoiles, monumentale et imposante, rayonnait d'un bleu étincelant. De cette énergie tumultueuse émergèrent deux êtres d'apparence inhumaine. Tels des amas vivants de tentacules, ces créatures évoquaient des pieuvres géantes, d'un violet profond et chatoyant. Leur consistance rappelait une substance gélatineuse, et de leur masse centrale ressortaient des yeux globuleux, scintillant d'une lueur malicieuse. Des vibrations basses émanaient d'eux, provoquant des interférences sur les appareils électroniques avoisinants.
Alors que Victor essayait de cerner la situation, une secousse brutale l'interrompit. Une des créatures, dans un mouvement désordonné, heurta James de plein fouet, le projetant à plusieurs mètres. Tandis qu'il glissait sur le sol dur et froid de la salle, l'absence de contact avec Victor dissipa son camouflage invisible. James était désormais exposé, visible aux yeux des créatures et des soldats, et vulnérable à toute menace qui pourrait survenir.
Les militaires, sous tension et désorientés par l'apparition soudaine de James, braquèrent instinctivement leurs fusils vers l'adolescent, qui, encore sonné par le choc, tentait de reprendre ses esprits. Dans ce chaos, il était difficile de distinguer l'ami de l'ennemi, et la réaction des soldats démontrait leur état d'alerte maximale.
La créature, percevant probablement le mouvement ou la vulnérabilité de James, tourna son imposante masse vers lui. Ses yeux, tels des phares brillants dans les profondeurs abyssales, se fixèrent intensément sur le jeune homme. L'un de ses tentacules, semblable à une liane visqueuse, s'allongea dangereusement, se frayant un chemin avec une précision déconcertante en direction de James.
La salle était électrique de tension. À l'instant même où le tentacule menaçait de capturer James, un éclair de détermination traversa les yeux de l'adolescent. Puisant dans des réserves d'adrénaline, James fit preuve d'une agilité étonnante. En une fraction de seconde, il réalisa une roulade sur le côté, échappant de justesse à la prise glissante de la créature.
Sans perdre une seconde, il se releva avec vivacité, sa peur initiale transformée en une détermination féroce. Avec une énergie presque frénétique, il se lança à l'attaque, déchaînant une pluie de coups contre la créature. Ses poings et pieds s'abattaient avec précision, visant les points les plus sensibles de l'entité, en particulier cette zone où les yeux globuleux convergeaient, qui semblait être son centre de commandement.
Le chaos était total. Les militaires, désorientés, pointaient leurs armes dans tous les sens. Les ordres fusèrent, mais la confusion ambiante rendait toute coordination difficile. Et pour aggraver la situation, la seconde créature, profitant de la diversion, s'élança avec une vitesse déconcertante vers la porte de sécurité. Avec une force brute, elle la pulvérisa, créant une brèche par laquelle elle s'évada dans le couloir.
La situation était critique. Le personnel de la base se trouvait maintenant face à une menace non seulement dans la salle d'embarquement mais aussi à l'extérieur. Des renforts furent rapidement appelés pour contenir la créature échappée, tandis que d'autres tentaient de reprendre le contrôle de la salle principale.
Victor balaya du regard la salle chaotique, cherchant un moyen d'agir qui aurait le plus d'impact. Son attention fut attirée par la grande vitre donnant sur la salle de réunion. À l'intérieur, ses parents se mouvaient avec une urgence palpable. Il aperçut Jack serrant un petit garçon contre lui, le passant rapidement à Sam. Ses yeux suivirent sa mère tandis qu'elle s'éclipsait de la pièce, emportant l'enfant à l'abri de la menace.
Tout à coup, des cris, plus perçants que les alarmes, résonnèrent dans les couloirs avoisinants. Réagissant presque instinctivement, Victor, toujours invisible, se rua en direction des cris. Une fois dans le corridor, il fut confronté à un spectacle de chaos : des néons tremblants, des alertes stridentes, et le bruit sourd des armes à feu tirées par des soldats visiblement dépassés. À chacun de ses pas, il s'efforçait de suivre les traces de dévastation, les indices visuels et sonores du passage de l'entité extraterrestre. La tension était palpable, et chaque seconde comptait.
La salle d'embarquement était toujours en ébullition. La lumière bleutée du vortex de la Porte des Étoiles éclairait la pièce, révélant les traces du combat qui s'y déroulait. James, le front en sueur, le visage grimé par l'effort, se débattait avec la créature. Chaque coup échangé faisait résonner un bruit sourd qui se perdait parmi les cris et le tumulte ambiant.
O'Neill, accompagné de Daniel et de Teal'c, dévalèrent les escaliers menant à la salle d'embarquement, armes au poing. Leurs yeux analysèrent rapidement la scène : un jeune homme combattant une créature inconnue. Le cœur de Jack s'accéléra ; il connaissait le danger de la situation.
Saisissant une opportunité lorsque la créature fut distraite, James canalisa toute son énergie et décocha un coup de pied monumental dans son torse. Sous la force de l'impact, la créature fut projetée en arrière, traversant le vortex tourbillonnant de la Porte qui était encore ouvert. Le soulagement fut de courte durée car, en un instant, un tentacule écailleux et musclé émergea du vortex, tentant désespérément de revenir.
James réagit rapidement, attrapant fermement le tentacule visqueux pour empêcher le retour de la créature. Les muscles de son avant-bras étaient tendus, et ses pieds glissaient légèrement sur le sol métallique, témoignant de la force herculéenne qu'il déployait.
"FERMEZ CETTE FOUTUE PORTE !" hurla-t-il, le visage crispé par l'effort.
La salle d'embarquement vibrait d'une tension électrique. "Walter ! Fermez l'iris !" ordonna Jack, les traits tendus par l'urgence. Au-dessus d'eux, la voix tremblante de Walter se fit entendre, brouillée par les interférences, "Mon Général, nous y travaillons, mais quelque chose entrave le mécanisme !"
La situation s'aggrava lorsqu'un deuxième tentacule écailleux, surgissant du vortex de la Porte, enserra étroitement le cou d'James. Le jeune homme se débâta, l'air commença à lui manquer.
Jack, dans un réflexe de protection, pointa son arme sur le tentacule menaçant et pressa la détente, mais les balles ricochèrent sans effet. Teal'c dégaina sa lance Jaffa et lâcha une salve d'énergie, qui s'avéra également inutile.
O'Neill, réagissant avec rapidité, tenta de s'approcher du vortex pour aider l'adolescent, esquivant adroitement les tentacules qui s'agitaient dans tous les sens. James, malgré la situation périlleuse dans laquelle il se trouvait, marmonna un commentaire, "Il faut toujours tout faire soi-même !" Il parvint à étendre sa main vers la massive Porte des Étoiles. Le contact du métal froid contre sa peau sembla lui donner la force dont il avait besoin. Concentrant toute sa volonté, il s'écria d'une voix chargée de détermination : "Tace !"
À ce mot, son bracelet s'illumina, les pierres bleues émettant une lumière vive. Daniel, à quelques pas de là, nota ce phénomène avec une attention particulière.
La Porte des Étoiles réagit instantanément à son appel. Le puissant vortex, qui grondait et tourbillonnait avec une énergie brute, disparut comme aspiré, laissant derrière lui une créature tranchée en deux. Pris de court par cette interruption abrupte, James fut propulsé vers l'arrière, un morceau du tentacule encore serré autour de sa nuque. Se battant contre l'étouffement, il rassembla ses dernières forces pour arracher cette emprise visqueuse, la jetant avec dégoût sur le sol métallique.
En reprenant sa respiration, James se releva pour affronter les regards accusateurs des militaires qui l'encerclaient, leurs armes braquées sur lui. Parmi les visages familiers, il croisa ceux de Daniel et Teal'c, dont l'étonnement et la surprise étaient manifestes. Jack, son expression mélangeant incrédulité et méfiance, fit un pas en avant. "Mais qui es-tu ?", demanda-t-il d'une voix grave.
James baissa légèrement les yeux, cherchant ses mots. "Je...".
Un bruit métallique, celui d'une armure grattant le sol, interrompit soudainement leur confrontation. Chaque regard fut attiré par ce son étrange. La deuxième créature, visiblement hors de combat, semblait être tirée par une force invisible, laissant derrière elle une traînée gluante. L'ensemble des personnes présentes, paralysées par l'étrangeté de la situation, braqua instinctivement leurs armes vers cette ombre mouvante.
Après ce qui semblait une éternité, un léger sifflement retentit dans la salle. Et, comme si un voile se levait, la forme de Victor se dessina progressivement. De ses pieds à sa tête, son corps se matérialisa lentement, donnant l'impression d'une esquisse prenant vie sous les yeux captivés de l'audience. D'un geste décidé, il lâcha le tentacule qu'il tenait fermement, mettant fin au mouvement de la créature qui s'écroula sur le sol.
Face à cette apparition presque surnaturelle, les militaires, déconcertés, abaissèrent lentement leurs armes. Jack, les sourcils froncés et la mine perplexe, dévisagea Victor.
Une fois complètement visible, Victor se tenait debout, le bracelet à présent inactif scintillant à son poignet, une légère coupure saignante visible sur sa joue droite. Ses vêtements étaient légèrement déchirés, témoignant des péripéties qu'il venait de traverser. Il abaissa son regard sur la créature vaincue à ses pieds, puis leva les yeux, parcourant rapidement la pièce.
Ses yeux analysèrent chaque recoin, chaque visage, évaluant silencieusement les menaces potentielles. Lorsque son regard croisa celui de son frère, une onde de soulagement le traversa, confirmant que James était sain et sauf, bien que visiblement éprouvé.
Un échange muet, dense en émotions et en sous-entendus, se produisit entre eux. Ils semblaient communiquer sans prononcer un mot, comprenant chacun les non-dits de l'autre.
Victor, retrouvant un semblant de contenance, prit une profonde inspiration, se préparant mentalement à l'interrogatoire qui s'annonçait. Ses yeux s'arrêtèrent finalement sur ceux de Jack, dans lesquels dansaient un tourbillon d'émotions : soulagement, perplexité, reconnaissance. O'Neill avala difficilement sa salive avant de murmurer, le souffle coupé, "Victor... ?"
Pris de court, Victor se figea sur place. Il pouvait sentir son cœur battre à tout rompre dans sa poitrine, la chaleur montant à ses joues. Son corps, déjà fatigué par la lutte précédente, fut parcouru d'un frisson d'adrénaline. Les muscles de ses bras et de ses épaules se tendirent, trahissant son état d'alerte. Ses sourcils se froncèrent doucement, l'ombre d'une inquiétude passant dans ses yeux.
Il avait envisagé de nombreux scénarios en venant dans le passé, chaque détail, chaque potentialité, chaque confrontation, mais jamais il n'aurait pensé que son père puisse le reconnaître à ce stade. Le contexte était déjà assez complexe, mais cette nouvelle variable ajoutait une couche d'incertitude à la situation. Ses pensées tournoyaient, tissant et démêlant des théories à une vitesse vertigineuse, cherchant désespérément une explication.
····●·○·●·○·●·○·●·○·●····
À l'infirmerie, l'atmosphère stérile contrastait avec le chaos précédent. Les néons au plafond diffusaient une lumière froide, rendant chaque détail plus net. Les étagères bordant les murs étaient remplies de fournitures médicales soigneusement rangées : compresses stériles, bandages, flacons et autres instruments. Au milieu de la pièce, James et Victor se tenaient côte à côte sur un des lits.
Victor, le teint un peu plus pâle que d'habitude, jetait de petits coups d'œil furtifs à son frère tout en sentant la douce caresse du coton sur sa joue blessée. L'infirmière qui s'affairait autour de lui venait d'appliquer une pommade antiseptique avec une douceur professionnelle.
Une autre infirmière, vêtue d'une blouse impeccable et de gants latex, venait d'enrouler un garrot autour du bras de James et se concentrait sur sa tâche, prête à insérer une aiguille pour un prélèvement sanguin. L'adolescent grimaça avant même que la pointe de l'aiguille ne touche sa peau. Ses doigts se crispèrent sur le drap du lit, trahissant une aversion presque enfantine pour cette procédure.
Une fois la piqûre terminée, et alors que l'infirmière étiquetait la petite fiole de sang, James se pencha vers elle en prenant un air faussement horrifié, "Vous savez, je suis presque sûr que j'ai eu moins mal en me faisant projeter par cette créature extraterrestre tout à l'heure." Il accentua son propos en montrant ostensiblement son hématome naissant sur le bras opposé. La remarque provoqua un sourire amusé de la part de l'infirmière.
Victor leva les yeux au ciel, un sourire en coin, bien habitué au sarcasme de son frère.
Les deux infirmières, après avoir jeté un dernier coup d'œil à leurs patients pour s'assurer qu'ils étaient hors de danger, échangèrent un regard silencieux. L'une d'elles, avec de longs cheveux châtains attachés en une queue de cheval soignée, ajusta les bandages sur la table à proximité, pendant que l'autre, une femme aux lunettes fines et aux cheveux courts et blonds, nota quelques détails dans un dossier médical. Elles quittèrent ensuite la pièce, leurs semelles caoutchoutées rendant leur démarche presque silencieuse. La porte se referma lentement derrière elles, isolant les deux frères du monde extérieur.
Les yeux de James, chargés d'une combinaison de frustration et d'incompréhension, se fixèrent intensément sur Victor. "Il va falloir m'expliquer. Comment papa a pu te reconnaître ? Y a-t-il eu une erreur avec ce maudit dispositif temporel ? Ne me dis pas qu'on n'est pas arrivés à la bonne époque ?!"
Victor secoua la tête et laissa échapper un soupir lourd. "Non, je ne pense pas m'être trompé. Quand on est arrivés, je me suis vu à l'âge de mon rêve dans les bras de papa."
À peine James avait-il ouvert la bouche pour rétorquer, que le visage de Victor se figea soudainement, tendant le bras pour l'arrêter net. Les yeux de Victor, élargis par l'alerte, étaient fixés sur l'entrée de l'infirmerie. Suivant son regard, James sentit son estomac se nouer. Jack et Sam venaient d'entrer dans l'infirmerie, et rien que leurs démarches résolues éveillèrent chez lui une nervosité soudaine.
Les pas de Daniel résonnèrent dans la salle, son regard perçant analysant chaque détail, chaque expression sur les visages des deux frères. Ses lunettes s'ajustèrent instinctivement, un geste qui trahissait son intense préoccupation.
À côté de Daniel, Teal'c avançait avec son air imperturbable, sa stature imposante contrastant avec l'agitation intérieure croissante des deux adolescents.
Comprenant la gravité de la situation, James fixa brièvement le sol et murmura d'une voix étouffée, "Dis-moi que tu as un plan B."
A suivre…
