Dans la pénombre inquiétante de Tartaros, Victor se tenait face à Calypso. Leurs silhouettes se découpaient nettement contre le décor sombre et austère de la planète. Le regard intense de Calypso captivait Victor, le clouant sur place.
"Je sais que tout cela est difficile à comprendre. Mais tu dois te souvenir," dit Calypso, sa voix douce contrastant avec l'ambiance oppressante. Elle s'approcha, effleurant tendrement ses joues, et colla son front au sien. "Laisse-moi te montrer," murmura-t-elle, ses yeux clos en signe de concentration.
Victor, poussé par une curiosité grandissante et une confiance naissante, s'abandonna à cette proximité inattendue. Un flot de souvenirs l'inonda alors, révélant des fragments d'une vie qu'il n'avait pas connue.
Le premier fut leur rencontre, près d'un ruisseau, sous la lumière tamisée de Tartaros. Calypso, dont les cheveux blonds brillaient d'une aura lumineuse, capturait toute son attention. Victor revivait l'électricité de leur premier échange de regards, un moment prémonitoire où il avait perçu l'impact qu'elle allait avoir sur sa vie.
Puis, le décor se métamorphosa, l'emportant dans l'univers confiné d'une grotte où un Titan était enchaîné. Ébahi, Victor parcourut des yeux cet environnement inconnu, avant de s'approcher d'Atlas. Subitement, une douleur aiguë le transperça, comme une lame froide lui déchirant la chair. Un gémissement involontaire lui échappa tandis qu'il ressentait, dans chaque fibre de son être, l'agression brutale de cette blessure fantôme.
Ses mains se précipitèrent vers son abdomen, dans un geste futile mais instinctif. Son souffle se fit court, ses poumons luttant pour aspirer de l'air. La douleur le plia en deux, son corps réagissait avec force à cette menace absente mais intensément ressentie. Une sueur froide perla sur son front et ses jambes vacillèrent.
Après un moment, il se redressa lentement, reprenant le contrôle sur lui-même. Le calme revint et les visages souriants d'Ayden et Kira surgirent dans son esprit, apportant une bouffée de paix. Leur rire se mêlait en une harmonie de souvenirs heureux, évoquant l'amitié inébranlable qui les unissait.
Le souvenir suivant, empreint d'une douceur inattendue, fut celui d'un baiser sous l'eau avec Kira. Un sourire naquit sur les lèvres de Victor, et il les effleura du bout des doigts, cherchant à saisir encore un instant cette douceur.
Puis apparurent Sigurd et Hilda, leurs visages empreints d'amour. Mais cette sérénité fut brutalement brisée. Le visage souriant d'Hilda se figea, se métamorphosant en une image déchirante de son corps inanimé sur le sol d'une cuisine. La réalité frappa Victor de plein fouet. Il sentit ses genoux s'effondrer sur le carrelage glacial, ses mains tremblantes cherchant désespérément un signe de vie. Ses larmes coulaient silencieusement, marquant la profondeur de sa perte.
Alors qu'il luttait pour assimiler cette réalité accablante, sa mémoire fut assaillie de nouveau. La scène se transforma, l'emmenant face à Charon. Son cœur battait à tout rompre, l'adrénaline montait en lui. Son attention fut alors captée par un petit cube doré dans ses mains, émettant une lueur énigmatique. Fasciné, il observa l'objet alors qu'une lumière aveuglante l'englobait. Le cri distant de Jack résonna, "Victor, écoute-moi, repose ce cube !" Mais il était trop tard et les images s'évanouirent.
Victor se retrouva dans le présent de Tartaros, s'effondrant au sol, un cri de douleur et de rage s'échappant de ses lèvres. Les images de sa confrontation avec Charon tournoyaient dans son esprit. Chaque souvenir, chaque émotion, chaque décision prise, prenait soudain un sens nouveau et terrifiant. Il voyait se dérouler la trame complexe des événements, révélant la sombre réalité du complot dans lequel il avait été, à son insu, un pion central.
Le poids de cette révélation l'écrasa. La culpabilité, le regret, la colère se mêlèrent en un tourbillon d'émotions menaçant de l'engloutir. Une lueur de haine ardente naquit en lui. D'un mouvement rapide et précis, il se rua sur Calypso, l'agrippant par la gorge avec une force implacable. Elle tomba sous l'impact, écrasée contre le sol. Victor la surplomba et son emprise ferme la paralysa.
"Pourquoi m'avoir montré tout ça ?!" hurla Victor, ses yeux brillaient d'une lueur furieuse, tandis que ses doigts se resserraient involontairement autour de la gorge de la jeune femme.
Calypso, le souffle court sous la contrainte de l'étreinte de Victor, luttait pour trouver de l'air. Ses yeux, écarquillés par la peur et l'urgence, cherchaient désespérément à capter son regard. "Tu es en danger," articula-t-elle difficilement, sa voix éraillée par la pression sur sa gorge. "Il fallait que tu voies, que tu comprennes les manipulations, tout ce que Charon t'a fait."
"Où est-il maintenant ?!" exigea Victor, son visage se rapprochant du sien, ses yeux scrutant chaque mouvement.
"Toujours sur Ivadoll," elle réussit à dire, la panique perçant sa voix tandis qu'elle tentait vainement de se libérer de son emprise, "il est désormais gouverneur." Sa poitrine se soulevait rapidement, cherchant l'oxygène dont elle était privée.
Le visage de Victor se durcit, ses mâchoires serrées trahissant la rage bouillonnante en lui. "Je vais le tuer," déclara-t-il d'une voix basse et dangereuse, promettant une vengeance impitoyable. Ses yeux ne quittaient pas ceux de Calypso, reflétant une résolution implacable.
Avant que la jeune femme ne puisse prononcer un autre mot, il activa le bracelet d'Hadès d'un geste brusque. Un vortex bleuté surgit, crépitant d'une énergie surnaturelle. Sans un instant d'hésitation, il se jeta dans la lumière éclatante, disparaissant dans le tourbillon lumineux et laissant Calypso seule, ébranlée et abasourdie sur le sol de Tartaros.
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Sur Terre, dans le jardin de la maison de Jack, Stella étendit la main vers James, toujours allongé sur le sol. Ses doigts se refermèrent avec une douceur surprenante, mais empreinte d'une fermeté déterminée, autour de son poignet. Elle le tira vers le haut, révélant une force insoupçonnée. Debout, elle plongea son regard bleu profond dans celui de son frère, le scrutant intensément, comme pour y déchiffrer un code secret, une clé menant aux réponses qu'elle cherchait désespérément.
"Victor est parti sur Tartaros. Il faut le retrouver au plus vite," déclara James, se passant une main dans ses cheveux ébouriffés, comme pour tenter d'ordonner ses pensées.
Stella fronça les sourcils, l'incompréhension se peignant clairement sur son visage. "Pourquoi Victor est-il là-bas ? Cela n'a aucun sens."
James secoua la tête lentement. "Je ne sais pas. Mais quelque chose de grave se passe. Victor ne serait pas allé sur Tartaros sans raison."
À ce moment, Jack et Sam, présents mais silencieux jusqu'alors, prirent une attitude plus imposante. Ils étaient comme deux statues, leurs regards captivés par l'échange entre Stella et James. Sam, légèrement penchée en avant, dévorait du regard l'adolescente. Ses yeux parcouraient chaque trait de son visage, chaque inflexion de son expression, comme si elle tentait d'assembler un puzzle complexe dans son esprit. Ses doigts, révélateurs de son état intérieur, s'entortillaient nerveusement, soulignant l'intensité de son questionnement. Finalement, elle osa demander : "Qui es-tu ? Comment es-tu arrivée ici ?"
Stella, imperturbable, fixa son regard dans celui de Sam avec une assurance et une clarté remarquable. "Je suis une amie," dit-elle simplement. Chaque mot prononcé avec une conviction qui semblait défier toute contestation. Ce simple échange plongea Sam dans un moment de silence pensif, ses yeux reflétant un tourbillon d'émotions contradictoires.
James, incapable de rester en retrait, agita sa main dans ses cheveux dans un geste empreint de frustration. "Il n'est pas nécessaire de masquer la vérité. Ils savent déjà qui nous sommes."
Stella se tourna brusquement vers lui, ses yeux s'écarquillant de surprise. Une lueur d'inquiétude passa rapidement sur son visage, trahissant son hésitation à révéler toute la vérité.
Sam fit un pas en avant, réduisant la distance entre elle et sa fille. Ses mains se détendirent. "Je l'aurais facilement deviné... Tu me ressembles tellement."
James, encore agité par leur conversation précédente, répliqua avec une amertume perceptible, "Ouais, on vous ressemble, mais on n'est pas désirés." Il croisa les bras, un geste défensif qui accentuait visiblement son malaise.
Jack et Sam réagirent immédiatement, leurs voix s'élevant en un unisson de protestation. "James, ne dis pas de bêtise !"
Ce dernier se raidit, ses muscles se tendant sous l'impact de l'émotion. Son visage se ferma, adoptant une expression de défi. "Je sais ce que j'ai entendu. Je ne suis pas sourd !"
Dans un geste théâtral, il porta ses mains à ses oreilles, les tapotant avec force, comme pour renforcer l'évidence de ses paroles. Ce geste exagéré reflétait la détresse d'un jeune homme cherchant désespérément à être compris.
Dans l'instant suspendu où Stella s'apprêtait à articuler une réponse, un crépitement électrique à la porte de la maison interrompit brusquement la conversation. Tous les regards se tournèrent simultanément vers l'entrée, où apparut la silhouette de Victor.
Avec une rapidité saisissante, Victor franchit le seuil, chaque pas imprégné d'une urgence et d'une détermination qui semblaient vibrer dans l'air. Ses sourcils étaient contractés, reflets d'un tumulte de pensées orageuses agitant son esprit. En passant près de James et des autres, il semblait presque fantomatique, son esprit absorbé par des réflexions si profondes qu'il paraissait ne pas percevoir leur présence.
Jack se tenait immobile, les bras croisés sur sa poitrine dans un mélange de détermination et d'agitation interne. Son visage portait l'empreinte d'une inquiétude paternelle teintée d'une irritation à peine contenue. Lorsque Victor le frôla, Jack fit un pas en avant, l'arrêtant brusquement pour le questionner. "Mais où diable étais-tu passé ?!"
Interpellé, Victor s'immobilisa, comme tiré brusquement de ses pensées. Son regard balaya son environnement, une prise de conscience soudaine le frappa de plein fouet. La présence inattendue de Stella le déstabilisa, ajoutant un voile de confusion à son trouble déjà grand.
Se tournant vers elle, une question pressante jaillit de ses lèvres. " Mais que fais-tu ici ?!"
Irritée par l'accusation implicite dans la question de son frère, l'adolescente commença à répondre avec une véhémence qui n'appartenait qu'à elle. Mais à peine eut-elle commencé, qu'une douleur fulgurante transperça le crâne de Victor. Instinctivement, il porta une main à sa tempe, serrant les dents sous l'assaut d'une souffrance aveuglante qui irradia tout son corps.
Chancelant, comme si une force invisible l'avait frappé, Victor perdit l'équilibre. Jack réagit rapidement et bondit à ses côtés. Il s'agenouilla, saisissant fermement son fils pour l'empêcher de s'effondrer.
Sam se précipita vers eux. Elle se pencha sur Victor et ses doigts, guidés par une expérience et une connaissance intuitive, se posèrent doucement sur son front, tandis que sa main libre se posait avec délicatesse sur son torse pour mesurer le rythme de sa respiration.
À côté, Stella et James, manifestement bouleversés par cette tournure soudaine, échangèrent des regards où l'inquiétude et la confusion se mêlaient. Ils s'avancèrent prudemment, leurs yeux rivés sur Victor, prêts à intervenir à la moindre alerte.
Jack ordonna : "Direction le SGC, immédiatement !"
Sam acquiesça d'un hochement de tête imperceptible et se leva avec une efficacité militaire. Elle se précipita à l'intérieur de la maison, où elle trouva le jeune Victor jouant insouciant dans son parc. Avec une douceur maternelle, elle le prit dans ses bras, veillant à ne pas effrayer l'enfant malgré la précipitation de leur départ.
Jack et James, collaborant dans un silence tacite, soulevèrent délicatement mais fermement Victor, le portant avec précaution vers la voiture. Stella, les traits tirés par l'inquiétude, les suivait à la trace, ses yeux scrutant chaque mouvement, prête à intervenir.
Sam réapparut, serrant tendrement le petit Victor contre elle. L'enfant, insouciant et plein de vie, babillait joyeusement, jouant avec son jouet, ignorant la tension ambiante. Sam déposa un baiser affectueux sur le sommet de sa tête avant de l'installer dans son siège auto, veillant méticuleusement à sa sécurité.
Une fois tout le monde installé, Jack démarra la voiture sans un mot, se dirigeant vers le SGC avec une détermination inébranlable. Ses mains serraient le volant, son regard était fixé sur la route, chaque muscle de son corps tendu par l'urgence.
À ses côtés, Sam, les mains jointes tremblant légèrement sur ses genoux, jetait des regards inquiets vers le rétroviseur, observant ses enfants. Son instinct de scientifique et de mère se manifesta lorsqu'elle sortit son téléphone pour avertir la base. Sa voix, lorsqu'elle parla, était empreinte d'une fermeté professionnelle, masquant à peine son anxiété. "Ici le Docteur Carter. Nous arrivons au SGC avec un cas urgent. Préparez l'équipe médicale."
La réponse à l'autre bout du fil fut rapide, reflet de la réactivité légendaire du SGC. Sam raccrocha, son cœur battait la chamade. Elle sentait l'adrénaline et l'appréhension se mêler dans ses veines, consciente que chaque seconde comptait.
Le trajet jusqu'à la base sembla s'étirer indéfiniment. Chacun, perdu dans ses pensées, se préparait mentalement à ce qui les attendait à l'arrivée. Les secondes s'écoulant, l'anticipation montait, tissant un voile de tension palpable dans l'air.
À leur arrivée, l'équipe médicale était déjà en place. Dès l'arrêt du véhicule, les médecins et les infirmières, en parfaite coordination, s'empressèrent d'accueillir Victor.
Cette transition minutieuse, du véhicule à l'infirmerie, se déroula avec une fluidité presque chorégraphiée. Jack, Sam, Stella et James suivirent en silence le brancard. Le Dr. Lam prit immédiatement les choses en main, ses gestes à la fois rapides et précis reflétant son expérience et sa compétence.
Sam, debout à côté du lit d'examen, fixait son fils d'un regard empli de tendresse et d'inquiétude. "Vous avez une idée de ce qu'il a, Docteur ?"
Le Dr. Lam, tout en poursuivant ses examens, répondit sans détourner le regard de son patient. "Pour le moment, je ne peux rien affirmer. Nous devons procéder à des analyses plus approfondies. Restez ici, je vous informerai dès que j'en saurai davantage."
Jack posa une main rassurante sur l'épaule de Sam. "Ça va aller."
L'atmosphère de l'infirmerie du SGC était suspendue dans une sorte d'éternité, où chaque tic-tac de l'horloge se faisait l'écho d'une attente interminable. L'équipe médicale s'activait autour de Victor, plongée dans une quête silencieuse pour élucider l'énigme de son état.
Dans un recoin de l'infirmerie, Stella et James s'étaient mis à l'écart. Leurs murmures discrets se fondaient dans les sons feutrés de la pièce. Stella, les bras croisés, avait le regard lourd de préoccupations. "James, il faut qu'on rentre. Dès que Victor sera rétabli, on doit repartir dans notre époque. Rester ici est beaucoup trop dangereux."
James, se tenant à quelques pas, partageait l'intensité de sa préoccupation. "Je comprends, mais il y a un hic. Mon appareil temporel est hors service. Retourner d'où nous venons semble, pour l'instant, impossible."
À ces mots, Stella sortit un objet de sa poche. "Je crois que le mien fonctionne encore." dit-elle tout en scrutant l'artefact avec un mélange d'espoir et de doute.
Leur conversation fut soudainement interrompue par l'arrivée impromptue de Daniel et Teal'c. D'une agilité presque féline, Stella dissimula l'objet temporel dans sa poche, masquant leur secret aux yeux curieux de l'archéologue et du Jaffa.
Daniel et Teal'c rejoignirent Jack et Sam. L'inquiétude était peinte sur le visage de Jack, se manifestant dans sa posture rigide, les bras croisés sur sa poitrine comme pour contenir un flot d'émotions.
Sam gardait ses mains serrées l'une contre l'autre, un geste quasi méditatif destiné à canaliser son énergie. Sa posture, droite et déterminée, tranchait avec l'agitation qui l'habitait.
Jack et Sam partagèrent à leurs amis les détails de la situation. Leur explication, concise mais teintée de gravité, esquissait l'arrivée de Stella et l'état de Victor. Sam, d'une voix légèrement ébranlée par l'émotion, accompagnait ses mots de gestes expressifs.
Jack, avec une sincérité brute, révéla que Stella et James étaient en fait leurs enfants, venus du futur. Dans sa voix, on discernait un mélange de stupéfaction et d'acceptation, comme si lui-même peinait à se faire à cette réalité vertigineuse.
Cette révélation, aussi incroyable qu'elle puisse paraître, trouva un écho de compréhension chez Daniel et Teal'c, habitués aux phénomènes extraordinaires rencontrés au cours de leurs aventures à travers la Porte des étoiles.
Les sourcils de l'archéologue se froncèrent sporadiquement, signe visible du travail intellectuel intense en cours. "Comment Victor a-t-il pu se rendre sur Tartaros ? Et comment Stella est arrivée ?" questionna-t-il, sa voix basse mais ferme, tandis que sa main se portait machinalement à son menton.
Teal'c, toujours imperturbable mais visiblement concerné, observait la scène avec une attention minutieuse. "Il est possible que Victor possède un appareil lui ayant permis d'accéder à cette destination," déclara-t-il de sa voix profonde et confiante.
Jack s'approcha du lit où Victor gisait inconscient. Il remarqua le collier autour du cou de son fils et détacha le bijou, le scrutant brièvement avant de le poser à côté.
Puis, son attention se porta sur le bracelet d'Hadès que portait Victor. Jack tenta de l'enlever, ses doigts bataillant contre le fermoir récalcitrant. Malgré ses efforts tenaces, le bracelet restait obstinément fixé, comme fusionné avec la peau de l'adolescent.
Teal'c, observant la lutte silencieuse de Jack, s'approcha avec calme. "Souhaitez-vous de l'aide, O'Neill ?"
Acquiesçant d'un signe de tête reconnaissant, Jack regarda Teal'c essayer de déverrouiller le bracelet. Les doigts puissants du Jaffa glissaient sur le métal, mais le fermoir demeurait inébranlable.
Face à cet échec, Jack se tourna vers un soldat près de la porte de l'infirmerie. "Sergent, apportez-moi une tenaille." Le soldat s'exécuta aussitôt, disparaissant pour répondre à la demande.
Daniel, le visage marqué par une expression croissante de doute, s'adressa à Jack. "Que comptez-vous faire ?"
Jack, répondit avec une résolution inébranlable. "Je vais retirer ce maudit bracelet, voilà ce que je vais faire, Daniel."
L'archéologue, fronçant légèrement les sourcils, exprima ses inquiétudes. "Jack, je ne suis pas certain que ce soit judicieux. Et si cela aggravait son état ?"
Cependant, O'Neill resta inflexible. "Je ne supporte plus de le voir avec ce bracelet. Je suis convaincu qu'il est à l'origine de tous ces problèmes."
Le retour du soldat avec la tenaille brisa la conversation. Stella et James, intrigués par l'agitation, quittèrent leur recoin pour observer de plus près.
Jack s'empara de l'outil avec détermination, ses doigts s'enroulant fermement autour du manche. Il appliqua toute sa force sur le fermoir du bracelet, mais malgré ses efforts vigoureux, le bracelet restait intact, imperturbable.
"Tu perds ton temps, papa. Tu n'y arriveras pas," intervint James calmement.
Jack, essoufflé par ses efforts, lança un regard exaspéré à James puis à Stella. "Comment peut-on lui retirer ?" demanda-t-il, désespéré de trouver une solution.
Stella se plaça aux côtés de Jack. "On ne peut pas le retirer de force. Seul le porteur peut décider de l'enlever."
Jack, la frustration clairement visible sur son visage, lâcha la tenaille. L'outil tomba au sol avec un bruit métallique, résonnant dans l'infirmerie comme le symbole de sa résignation. Il se frotta le front d'une main fatiguée, son regard se fixant sur le bracelet indomptable.
Daniel saisit le collier que Jack avait détaché. "C'est le collier que Victor portait lorsqu'il est venu il y a deux ans," observa-t-il, sa curiosité piquée par la possible connexion.
Sam s'approcha et jeta un regard sur le bijou. "Oui, effectivement. Normalement, il devrait être à la maison."
Tenant le collier entre ses doigts, Daniel se perdit dans ses réflexions. "Pensez-vous qu'il puisse avoir une sorte de pouvoir ?" murmura-t-il, plus pour lui-même que pour les autres, son regard examinant minutieusement le bijou.
Stella, observant attentivement l'objet, haussa légèrement les épaules. "Je ne sais pas d'où il vient. Je n'ai jamais vu mon frère le porter."
Soudain, Victor, jusqu'alors immobile, donna signe de vie. Ses muscles se raidirent et dans un élan de conscience soudaine, il se redressa brusquement, son corps se souleva d'un mouvement précipité et saccadé.
La sueur perlait sur son front, ses cheveux humides collés à sa peau, témoignant de la fièvre de son éveil. Ses yeux s'écarquillèrent, fixant un point lointain et invisible, chargés d'une confusion et d'une désorientation flagrante. Il semblait perdu, son regard balaya la pièce dans une tentative frénétique de reconnaître son environnement.
Un cri déchirant brisa le silence de l'infirmerie. "Non !" s'écria Victor, sa voix rauque exprimant une détresse profonde, comme s'il luttait contre une réalité insupportable ou un ennemi invisible.
Jack, Sam, Daniel, Teal'c, Stella et James, jusque-là absorbés dans leur conversation, se figèrent. Leurs regards convergèrent vers Victor, leurs visages reflétant un mélange d'inquiétude et de soulagement de le voir éveillé.
Sam fut la première à atteindre son chevet, elle posa une main réconfortante sur son épaule. "Tout va bien, Victor. Tu es en sécurité," tenta-t-elle de le rassurer.
Les yeux encore voilés de sommeil et de trouble, il chercha à se réorienter. Son regard passa de Sam aux autres visages penchés au-dessus de lui, glissant de la peur à une reconnaissance fatiguée mais soulagée.
Jack, à proximité immédiate, examina son fils avec inquiétude. "Comment te sens-tu ?"
"Ça va," murmura faiblement Victor, son souffle court témoignant du contraire. Ses yeux se posèrent sur Stella. "Qu'est-ce que tu fais ici ?"
Un pas en retrait mais suffisamment proche pour être entendue, elle répondit avec une sérénité contrôlée. "Je suis venue vous chercher. Papa et maman sont inquiets. Ils savent que vous avez pris les bracelets."
À ces mots, James afficha un sourire à la fois amusé et ironique. "On dirait qu'on va avoir droit à une belle réprimande en rentrant," lança-t-il, apportant une touche de légèreté bienvenue dans l'ambiance tendue.
Stella lui rendit son sourire complice, avant de reprendre un air sérieux. "Il est temps de rentrer. Notre présence ici met le futur en danger."
Cependant, Victor, puisant dans ses dernières réserves d'énergie, tenta de se redresser brusquement. "Je ne peux pas rentrer maintenant. Je dois aller sur Ivadoll."
Jack, confronté à cette annonce imprudente, réagit avec autorité, sa main pressa fermement l'épaule de Victor pour le maintenir allongé. "Personne ne va nulle part."
Mais l'adolescent tenta de se dégager. "Je dois y aller ! Il faut que je l'arrête ! Sinon, il va se passer d'autres horreurs. J'ai vu ce qu'il a fait, je sais ce qu'il va faire !" Sa voix était chargée d'une urgence désespérée, comme s'il était le détenteur d'un secret sombre.
Sam s'approcha et posa une main sur son autre épaule cherchant à le calmer. "De qui parles-tu ?"
La voix de Victor, emplie de douleur et de visions troubles, fut tremblante mais résolue. "Charon... Il va tout détruire. Je dois l'arrêter."
Daniel demanda avec intérêt, "Charon ? Le gouverneur d'Ivadoll ?" Sa question, loin d'être anodine, cherchait à comprendre les implications de cette révélation.
Victor, tentant de se relever une fois de plus, fut retenu par la main ferme de Jack. "Oui, je dois aller là-bas."
Stella, avec une inquiétude et une curiosité croissante, posa la question qui lui brûlait les lèvres. "Ivadoll, c'est quoi ? Une planète ?"
Daniel acquiesça. "Oui, protégée par les Asgards," expliqua-t-il, fournissant un contexte à cette histoire.
James s'interrogea, "Pourquoi le gouverneur d'une telle planète voudrait-il nous détruire ? Ça n'a pas de sens." Sa voix était teintée de scepticisme, reflet de son trouble face à l'irrationnel de la situation.
Victor, faisant face à une douleur lancinante, articula avec peine. "Nous sommes une menace pour lui."
Stella se pencha vers Victor. "Comment sais-tu tout ça ?" insista-t-elle, cherchant à comprendre la source de ces informations.
Victor, déchiré entre la réalité de ses visions et la douleur, chercha ses mots. "Je l'ai vu," commença-t-il, mais il s'arrêta, conscient de la gravité de ses révélations et de la complexité de sa rencontre avec Calypso.
Le scepticisme planait parmi les membres de l'équipe SG-1. Leur incrédulité face aux propos de Victor se lisait clairement sur leurs visages.
Sam demanda avec douceur, "Comment l'as-tu vu ?"
Victor hésita. Il savait que la nécessité de se rendre sur Ivadoll était impérative, mais son corps et son esprit restaient emprisonnés dans les réminiscences de ses visions troublantes. Sa main monta instinctivement vers ses tempes et une grimace de souffrance traversa son visage.
"Il faut me croire," murmura Victor dans un élan de désespoir.
"Tu n'es pas en état d'aller où que ce soit. Ivadoll n'est pas un terrain de jeu," répliqua Jack avec une fermeté implacable, rejetant toute idée de laisser partir son fils.
L'atmosphère, déjà tendue, bascula dans le chaos à l'irruption précipitée du Capitaine Miller. La femme, à la silhouette élancée, irradiait une panique palpable. "Mon Général, Docteur Carter ! C'est une catastrophe ! Victor a disparu !" Son annonce résonna dans la pièce comme un coup de tonnerre.
"Quoi ?!" Les voix de Sam et Jack, en parfait unisson, s'élevèrent dans un mélange d'incrédulité et de terreur.
Avec un tremblement palpable dans sa voix et une agitation nerveuse dans ses mains, le Capitaine Miller tenta de relater les événements. "Il était là dans la chambre..." elle balaya l'espace du bras. Son geste était désordonné, révélant son état de panique intérieure. "Et puis... soudainement, il n'était plus là."
Jack, les sourcils froncés, la colère et l'angoisse atteignant leur paroxysme, interrogea, "Capitaine ! Comment avez-vous pu perdre un enfant de quatorze mois ?!"
Elle fit une pause, cherchant ses mots, son regard oscillant entre Jack et Sam. "Je n'ai détourné le regard que quelques secondes..." Elle leva brièvement les yeux au ciel, comme si elle essayait de se rappeler chaque détail, puis les baissa rapidement, submergée par un sentiment d'impuissance et de culpabilité.
Alors que l'atmosphère semblait atteindre son apogée, Victor prononça d'une voix, "Je sais où je suis."
Les regards interrogateurs de l'équipe SG-1 se fixèrent sur lui, cherchant à comprendre le sens de cette déclaration.
"Je suis caché sous la table de la salle de réunion," poursuivit Victor, clarifiant son énigme. En prononçant ces mots, il se rallongea, sa main continuant à masser ses tempes dans un effort pour apaiser la douleur lancinante. Sa révélation semblait lui coûter un effort considérable, chaque mot accompagné d'un signe visible de fatigue et de souffrance.
Sam fronça les sourcils. "Comment peux-tu en être si certain ?" demanda-t-elle, sa voix trahissant son scepticisme face à une affirmation aussi improbable.
Victor, le regard perdu dans le vague, répondit, "Dans mes rêves, je revis toujours cette situation."
Daniel, penché en avant avec l'intensité de son intérêt habituel pour l'inexpliqué, avança l'idée, "Peut-être une vision prémonitoire ?"
Victor secoua doucement la tête, une mèche de cheveux tomba négligemment sur son front. "Non, c'est un souvenir du passé qui ne cesse de me hanter. Je ne sais pas pourquoi."
Alors que Jack se préparait à questionner davantage, Victor se redressa soudainement comme frappé par un éclair de lucidité. "Si je suis bien caché sous la table de la salle de réunion, alors tout ce que j'ai vu en rêve est sur le point de se produire !" Sa voix, empreinte d'urgence, trancha le silence de la pièce, poussant Jack à l'action immédiate.
O'Neill quitta l'infirmerie avec hâte, son cœur se débattant entre l'inquiétude pour son fils et une crainte profonde de ce qu'il allait découvrir.
Dans la salle de réunion du SGC, il fut confronté à la réalité. Là, sous la table, le jeune Victor se cachait effectivement, un sourire malicieux jouant sur ses lèvres d'enfant. Jack s'accroupit, ses bras s'enroulant autour de son fils dans un élan protecteur. En se relevant, il croisa le regard pétillant de malice du garçon. "Que vais-je faire de toi, petit bonhomme ?"murmura-t-il.
Dans l'enceinte de l'infirmerie du SGC, une tranquillité trompeuse régnait, brisée soudainement par l'acte audacieux de Victor. D'un geste rapide et résolu, il activa le bracelet d'Hadès, son corps se fonda dans l'air, devenant invisible aux yeux de tous.
La pièce fut plongée dans une confusion vertigineuse. Stella, saisie par l'urgence de la situation, s'écria, "Victor, non !" Mais ses paroles se perdirent, impuissantes face à la détermination de son frère.
Invisible, Victor entreprit son parcours vers la salle d'embarquement. Chaque pas était mesuré, chaque mouvement calculé pour éviter toute détection. Sa progression était un jeu de l'ombre, une danse silencieuse à travers les couloirs labyrinthiques du SGC, sa présence non vue mais fortement ressentie.
Sam, Daniel et Teal'c, saisissant l'ampleur de la crise, se précipitèrent hors de l'infirmerie, courant à travers les couloirs pour avertir Jack de la situation critique.
Dans la salle d'embarquement, l'activation subite de la Porte des Étoiles provoqua un mouvement de panique immédiat. Les militaires, formés pour des situations d'urgence, se positionnèrent rapidement, armes braquées vers la Porte, le regard fixe, prêts à répondre à toute menace inconnue.
C'est dans cette atmosphère tendue que Victor choisit de réapparaître. Debout, face à la rampe, il fixait le vortex tourbillonnant de la Porte des Étoiles, un éclat de défi dans les yeux. Son apparition, soudaine et spectaculaire, suspendit le temps, les militaires hésitèrent, incertains de la marche à suivre.
À cet instant critique, Jack arriva dans la salle de contrôle, le jeune Victor blotti contre lui. Il se dirigea droit vers le micro. "Ne tirez pas !" Sa voix résonna d'une autorité indiscutable, ordonnant aux soldats de baisser leurs armes.
D'un pas décidé et audacieux, Stella et James surgirent dans la salle d'embarquement, capturant instantanément l'attention de tous. Victor, qui se tenait déjà face à la Porte des Étoiles, se retourna vers eux. "Ne me retenez pas !" s'exclama-t-il en levant la main pour les notifier de ne plus bouger. "Je dois y aller, notre avenir en dépend."
Le regard de Victor, intense et implorant, cherchait à communiquer l'importance cruciale de sa mission. Stella et James, cependant, n'étaient pas dissuadés. Ils échangèrent un regard bref et dans un élan quasi synchronisé, ils avancèrent vers le vortex.
Sans une once d'hésitation dans sa posture ou sa voix, Stella déclara, "Tu ne pensais quand même pas partir seul." Puis, elle et James s'élancèrent en courant vers le vortex. Ils traversèrent le seuil de lumière, disparaissant.
Jack hurla dans le micro, "Revenez ici !" Mais ses appels se perdirent dans le bourdonnement du vortex.
Dans un geste chargé d'urgence, Jack se tourna vers Sam qui venait d'entrer dans la pièce, accompagnée de Daniel et Teal'c. Sans un mot, il tendit le jeune Victor à Sam. Elle accueillit l'enfant contre elle, l'enveloppant de ses bras protecteurs.
Puis, sans perdre une seconde, Jack pivota et se lança dans une course effrénée vers les escaliers menant à la rampe d'embarquement. Chaque pas résonnait sur le métal. La tension dans la salle était palpable, chaque observateur retenait son souffle, suspendu à l'action qui se déroulait sous leurs yeux.
Teal'c, toujours impassible mais avec une lueur d'inquiétude dans le regard, suivit Jack, prêt à apporter son soutien dans cette course contre la montre.
Arrivés dans la salle d'embarquement, l'atmosphère était chargée de tension, palpable chez les soldats alignés, leurs armes pointées vers la Porte. Leurs yeux observaient la scène, dans l'attente d'ordres clairs dans ce chaos.
Jack courut vers la rampe. Son regard était fixé sur Victor, qui, face au vortex, semblait hésiter. "Reste ici, papa," supplia l'adolescent, reculant lentement vers le tourbillon bleuté.
"Victor, arrête !" L'appel de Jack, imprégné de détresse, était un effort désespéré pour rattraper son fils. Mais le temps et l'espace semblaient jouer contre lui, chaque seconde étirant la distance entre eux.
Sam et Daniel retenaient leur souffle, témoins impuissants de cette scène.
Victor, au bord du vortex, se tourna une dernière fois vers Jack. Leur regard se croisa et d'un pas décidé, il franchit le seuil lumineux, disparaissant dans l'abysse du vortex. Jack, étendant sa main dans un geste de désespoir, tenta vainement de le retenir. Trop tard.
Le vortex se referma dans un grondement sourd, laissant O'Neill figé, la main toujours tendue vers l'inconnu. Le silence qui suivit fut oppressant, ponctué uniquement par les respirations saccadées de Jack, se tenant debout, seul, face à l'énormité du moment vécu et des décisions prises.
Reprenant lentement ses esprits, Jack se tourna vers Teal'c. "Nous allons contacter Thor. Nous partons pour Ivadoll."
Le Jaffa hocha la tête en signe d'accord. Son visage, habituellement imperturbable, laissait entrevoir une lueur d'inquiétude.
À travers la baie vitrée séparant la salle de contrôle de la salle d'embarquement, Sam, tenant contre elle le jeune Victor, observait Jack. Ses yeux bleus exprimaient une compréhension et une solidarité profonde, partageant le poids de la décision qu'il venait de prendre.
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Dans l'avenir, chez les O'Neill, l'atmosphère était teintée d'une inquiétude palpable. Jack et Sam, revenus du Pentagone, se trouvèrent face à un silence troublant.
La maison était vide, Stella manquait à l'appel, et le bracelet de Zeus avait disparu. Le puzzle de la disparition de leurs enfants commençait à se compléter dans leurs esprits. Les pièces s'assemblaient, menant à une conclusion inévitable : ce moment qu'ils avaient tant redouté durant toutes ces années venaient de se produire.
Le souvenir, cristallin et indélébile, de leur propre passé éclairait leur esprit. Des années auparavant, trois adolescents, armés de bracelets antiques, étaient apparus de nulle part. Ces jeunes gens étaient leurs propres enfants, venus du futur. La boucle était bouclée.
Sam, dans le bureau de sa maison, tapotait distraitement sur son clavier, ses pensées perdues dans un labyrinthe d'inquiétude. Jack, ressentant le poids de son absence, frappa doucement à la porte. "Je te dérange ?" demanda-t-il en entrant.
"Non, pas du tout," répondit Sam, essayant de masquer son inquiétude par un sourire qui se voulait rassurant.
"Tu sembles préoccupée," observa Jack, son regard scrutant son visage avec attention.
Sam tenta de dissimuler son trouble, "Ça va, je t'assure."
Jack, essayant de détendre l'atmosphère, plaisanta : "Il n'y a pas lieu de s'inquiéter. Nous savons où ils sont, enfin à quelle période ils se trouvent."
Sam acquiesça, sa voix trahissant toujours un léger malaise. Jack, percevant son angoisse, s'approcha et lui tendit la main avec tendresse. "Viens là," lui dit-il doucement. Sam se leva de son bureau et se blottit dans ses bras, cherchant refuge dans leur proximité.
"Ne t'inquiète pas, nous savons qu'ils seront bientôt de retour," murmura Jack, caressant doucement ses cheveux.
"Tu crois ?" demanda-t-elle, cherchant dans ses yeux une confirmation.
Jack répondit avec conviction, "Si les choses s'étaient mal passées, le futur aurait été modifié et nous ne serions pas là en train d'en parler. N'est-ce pas ?"
Sam, hochant la tête en apparence, affichait un sourire contraint. "Tu as raison, je m'inquiète probablement pour rien."
Mais derrière ce voile de calme, une tempête d'angoisse tourbillonnait en elle. Un secret terrible, enfoui profondément depuis des années, allait éclater à la surface.
Ce secret, qu'elle avait si soigneusement gardé de Jack, impliquait un choix fait dans leur passé. Un choix qui avait façonné leur futur et celui de leurs enfants, mais dont la révélation pourrait changer à jamais la perception de Jack sur leur histoire commune.
La crainte de sa réaction pesait lourdement sur son âme. Une question tournait en boucle dans son esprit, ce fardeau qu'elle avait dissimulé durant toutes ces années pour préserver leur avenir allait-il mettre fin à leur relation ?
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À l'instant où le trio d'adolescents franchit la Porte des étoiles d'Ivadoll, ils furent happés par un univers aux teintes surréalistes, un tableau céleste où chaque nuance semblait peinte par une main divine. Mais la splendeur de ce monde onirique céda rapidement la place à une menace tapie dans l'ombre de sa beauté.
Des colonnes Asgard, telles des géants de métal, jaillirent du sol, encerclant les arrivants avec une précision mécanique. Leur couleur gris acier reflétait un éclat froid, tandis que de leurs sommets, des faisceaux lumineux se déployaient, tissant un réseau menaçant de lumière.
Victor analysa les mouvements des faisceaux avec une acuité affûtée et se déplaça avec une agilité presque féline, chaque pas calculé pour éviter le piège lumineux qui se refermait autour d'eux.
"Ne restez pas là !" hurla-t-il.
Stella, légère et gracieuse, dansait entre les rayons, son corps esquivant les faisceaux avec une aisance presque surréelle.
James, quant à lui, éprouvait des difficultés à suivre le rythme effréné de cette course contre la mort. Ses yeux parcouraient frénétiquement l'environnement, cherchant désespérément à anticiper le prochain mouvement des rayons lumineux. Absorbé par la tâche, un faisceau faillit le surprendre.
"James, attention !" cria Stella, son corps réagissant avant même que son esprit ne prenne conscience du danger. Elle le poussa sur le côté avec force, le faisceau frôlant de peu l'espace qu'il occupait quelques fractions de seconde auparavant.
Haletant, James lança à sa sœur un regard empreint de reconnaissance teintée d'embarras. "Merci... je l'avais pas vu venir," admit-il.
Leur progression à travers le champ de faisceaux Asgard était un ballet mortel, où chaque pas, chaque mouvement comptait pour leur survie. Autour d'eux, l'énergie des colonnes bourdonnait, créant une mélodie sinistre qui accompagnait leur course désespérée.
Après un dernier écart audacieux et un sprint final, ils réussirent à se libérer de l'emprise des armes. Essoufflés mais indemnes, ils se retrouvèrent dans un espace de sécurité.
James, le souffle court et le cœur battant, se tourna vers sa sœur et son frère. "Mais c'était quoi ce délire ?" s'écria-t-il, ses yeux encore dilatés par l'étonnement et l'adrénaline.
Stella lança d'un ton teinté d'une ironie mordante, "On dirait bien que les habitants d'Ivadoll n'apprécient pas trop les touristes." Ses mains se posèrent sur ses hanches alors qu'elle tentait de reprendre son souffle.
Puis se tournant vers son aîné, elle demanda, "Et maintenant, quel est le plan ?"
Victor, arraché à ses pensées, se redressa. "Restez ici. Je vais faire un saut sur Tartaros. Ça ne prendra pas longtemps."
À peine ses mots eurent-ils franchi ses lèvres que Victor activa le bracelet d'Hadès. Un halo bleuté enveloppa sa silhouette. Dans un clin d'œil, il disparut, laissant derrière lui Stella et James figés dans une stupéfaction.
Le silence qui s'abattit après le départ de Victor était lourd de signification. Le poids de son absence était tangible, un vide soudain dans l'équilibre de leur trio, et avec lui, un sentiment d'isolement sur une planète inconnue.
James, agité, fit les cent pas, ses mains se crispant en signe de frustration. "Ce n'est pas possible ! Il le fait exprès ! Qu'est-ce qu'il a avec Tartaros ?!"
Stella répondit en dirigeant sa main vers son bracelet. "Je vais le rejoindre et le ramener," Mais dans un geste rapide, James saisit le bras de sa sœur. "Ok, mais amène-moi avec toi," implora-t-il.
Stella le regarda fermement et se détacha doucement de son emprise. "Non, reste ici, je ne serai pas longue."
"Quoi ?! Tu plaisantes ? Tu vas quand même pas me laisser ic.." s'exclama James, mais il fut coupé net par l'activation du bracelet de Stella. Dans un éclair lumineux, elle disparut, le laissant seul.
Avec un mélange de frustration et d'irritation, James leva les bras au ciel, son cri de colère se perdant dans le silence de la planète. "Génial ! La prochaine fois que vous voudrez aller sous l'eau, ne comptez pas sur moi !"
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Au cœur du palais d'Ivadoll, enveloppé dans les ombres d'une histoire oubliée, la tension palpitait comme un cœur battant. Dans l'immense salle du trône, Charon, la prêtresse et Typhon se dressaient, tels des spectres d'un pouvoir ancien et menaçant.
Charon arpentait le sol de marbre, son esprit tourmenté par un flot incessant de doutes. Il tournait en rond comme une bête en cage. Ses pas trahissaient une agitation croissante, un mélange d'impatience et d'inquiétude. Son regard balayait la salle, cherchant inconsciemment des réponses dans les ombres anciennes et les lumières vacillantes. Les échos de ses bottes contre la pierre froide semblaient rythmer son tourment intérieur, un refrain obsédant qui ne trouvait pas de réponse.
L'absence de nouvelles des créatures envoyées sur Terre était un signe inquiétant, une énigme qui défiait son esprit stratégique. "Les humains ne sont qu'une race inférieure, des enfants jouant à la guerre. Comment Victor, un bébé, aurait-il pu les vaincre ?" se demandait-il.
Typhon brisa le silence avec une décision qui fit vibrer les fondations du palais. "Assez attendu," tonna-t-il, sa voix gronda telle un orage lointain, remplie d'une promesse de destruction imminente. "Il est temps d'agir."
Charon se tourna alors vers lui. La lumière vacillante des torches jouait sur son visage, accentuant la gravité de l'instant. "Si tes créatures n'ont pu triompher alors quel est ton plan ?"
Typhon se tenait immuable, ne réagissant pas à la provocation de son interlocuteur. Il fixa Charon, ses yeux brillant d'une détermination sauvage. Il s'avança lentement vers un autel orné de reliques et de glyphes. Ses doigts effleurèrent avec révérence les artefacts sacrés. "Je vais convoquer les Hydres. Ces serpents d'eau, craints par les Dieux, seront nos instruments de vengeance."
La prêtresse s'avança avec une grâce silencieuse, "Typhon," dit-elle avec une voix aussi froide que la nuit sans lune, "sois prudent. Les Hydres sont des créatures imprévisibles, et leur libération pourrait déclencher des forces que nous ne pouvons entièrement contrôler."
Un rire sombre et menaçant échappa de la gorge de Typhon, résonnant comme un présage funeste. "La prudence est le luxe des faibles. Le Terra tremblera devant leur fureur. L'ère de la terreur ne fait que commencer."
Charon dévorait chaque mot. "Assure-toi que cette fois-ci, rien ne faille. La mort d'O'Neill est essentielle !" Sa voix tranchante portait la gravité d'un serment scellé dans le sang et les ombres.
Typhon, levant les bras, convoqua des énergies anciennes et oubliées, les faisant danser autour de l'autel comme un ballet de flammes invisibles. Il saisit délicatement la fiole contenant le sang d'O'Neill et commença à tracer dans l'air des symboles antiques, chaque mouvement exécuté avec une précision rituelle. Sa stature dominait la pièce, tandis que l'énergie s'accumulait autour de lui, palpable et sinistre.
La prêtresse entonna des incantations dans une langue perdue dans les méandres du temps. Sa voix se mêla aux vibrations de l'autel, créant un chant mystique qui résonnait contre les murs. Elle se déplaçait avec une grâce surnaturelle autour de l'autel, son chant s'élevant et s'intensifiant au rythme des gestes de Typhon.
À mesure que le rituel approchait de son apogée, une aura d'énergie noire se répandait dans la salle, comme un brouillard dense et menaçant. Charon, debout dans l'ombre, observait avec un mélange d'appréhension et d'attente. Ses yeux brillaient d'une lueur sombre de détermination, fixant Typhon et la prêtresse, ses pensées entièrement concentrées sur l'objectif final.
Dans les entrailles tumultueuses du palais, une secousse tellurique fit vibrer les pierres ancestrales, annonçant le réveil d'une terreur endormie. Les eaux reculées d'Ivadoll frémissaient, tourmentées par une agitation surnaturelle. Des ombres vastes et menaçantes s'élevaient lentement des profondeurs, émergeant avec une lenteur presque théâtrale.
Les Hydres, légendaires serpents d'eau, se dévoilaient dans toute leur splendeur sinistre. Chacune d'entre elles était un amalgame de muscles ondulants et de têtes voraces, leurs corps se contorsionnant en un ballet macabre. Leurs gueules béantes révélaient des rangées de dents acérées, prêtes à déchiqueter la chair et l'acier.
Leurs écailles luisaient d'un éclat sombre sous la lumière diffuse, se mouvant comme des ombres liquides. Le grondement silencieux de leurs mouvements était un chant de guerre, un hymne à la destruction et au chaos. Leur nombre, grandissant à chaque instant, se transformait en une légion cauchemardesque, un spectacle à glacer le sang des plus courageux.
À mesure que leur armée s'assemblait, les Hydres se tournaient vers le palais, leurs yeux injectés de sang fixés l'horizon. Leur rassemblement, aussi majestueux qu'intimidant, était un spectacle d'horreur et de beauté, une force de la nature imprévisible et inarrêtable.
"Elles sont prêtes, l'heure est venue de marcher sur la Terre." déclara Typhon d'une voix sombre, emplie d'une anticipation macabre.
Avec un pas lourd de conséquence, Typhon, accompagné de Charon et de la prêtresse, se dirigea vers la Porte des étoiles. Leur démarche était celle de ceux qui sont prêts à changer le cours de l'histoire, à lancer une attaque qui résonnerait à travers les galaxies et scellerait le sort de mondes entiers.
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Assis sur un rocher, James regardait la Porte des étoiles d'Ivadoll, une représentation poignante de son isolement dans ce monde extraterrestre. Autour de lui, le paysage captivant, avec ses cieux aux couleurs changeantes, ne parvenait pas à apaiser sa solitude.
Avec un soupir de frustration, il s'empara du bracelet de Poséidon, le tournant et le retournant entre ses doigts. Chaque tentative sans réponse rendait l'objet plus dérisoire. "J'ai hérité du seul bracelet qui ne sert à rien," grommela-t-il amèrement, défiants les dieux de le contredire.
Perdu dans ses pensées, il fut soudainement attiré par un étang mystérieux à proximité. Il s'approcha, captivé, et se pencha pour scruter les profondeurs cristallines. "Quel mystère caches-tu ? Une sirène ?" s'amusa-t-il à voix haute, une pointe d'espièglerie dans son ton.
Au cœur de l'étang tranquille, la surface de l'eau se brisa soudainement, révélant une apparition qui semblait surgir d'un autre monde. La créature qui émergea était un amalgame fascinant de traits aquatiques et humains, une fusion de l'ancien et du mystérieux. Sa partie supérieure ressemblait à celle d'un humain, mais elle était ornée d'écailles irisées qui captaient la lumière et la reflétaient dans des nuances de bleu et de vert. Son visage portait les traits d'une sagesse séculaire, ses yeux, vastes et lumineux, scintillaient d'une intelligence profonde.
Son torse se fondait dans un corps serpentiforme, une extension élégante et puissante qui se terminait par une queue de poisson majestueuse, aux écailles brillantes et vibrantes. Les muscles de son torse se mouvaient avec une fluidité qui défiait la nature humaine, chaque mouvement révélant une force brute et une grâce subaquatique.
James, confronté à cette vision, recula instinctivement. Il trébucha et s'écroula au bord de l'eau, son équilibre rompu par la soudaineté de l'apparition. Son bras se leva machinalement, formant une barrière entre lui et l'entité.
"Ok, on se calme," balbutia James, son cœur battant à tout rompre. "Je viens en paix... Enfin je crois."
La créature l'observa avec une intensité fascinante, ses yeux d'un bleu profond semblait plonger dans l'âme de James. Il y avait dans son regard une sagesse et une curiosité ancienne qui transperçaient le silence. "Euh... Salut, je suis James. Et vous êtes...?"
Dans un moment où le temps semblait suspendu, la créature aquatique étendit sa main vers lui, ses doigts fins se déplaçant avec une grâce presque irréelle. Le contact avec le bracelet de Poséidon était si léger qu'il aurait pu être confondu avec le frôlement d'une plume, mais il fit scintiller l'objet d'un éclat mystique.
Soudainement, un frémissement imperceptible parcourut la terre, l'eau autour d'eux commença à s'agiter, créant de petits tourbillons et des ondes perturbatrices.
La créature, d'abord calme et mesurée, se tendit soudainement, ses yeux s'élargissant d'inquiétude. Elle scrutait les alentours, comme si elle sentait un danger imminent.
James sentit l'anxiété monter en lui, "Qu'est-ce qui se passe ?" Sa confusion était palpable, reflétant l'ambiance anormale qui se dessinait.
La créature, maintenant clairement alarmée, jeta un dernier regard aux eaux de plus en plus tumultueuses. Avec une rapidité étonnante, elle saisit fermement le poignet de James et l'entraîna dans une descente vertigineuse dans les profondeurs de l'étang. L'eau se transforma en un tourbillon de couleurs, l'emportant loin de la surface, vers un inconnu terrifiant. Il jeta un dernier regard désespéré vers le ciel d'Ivadoll, alors qu'il disparaissait dans les abîmes, emporté par l'étrange gardien des eaux.
A suivre…
