Chapitre 6

Voler dans un avion et voler dans un vaisseau spatial aurait pu sembler similaire sur certains points…Toutefois rien n'avait préparé Lilly à cette épreuve.

Les secousses importantes, les bruits incessants des machines, la pression que semblait subir son corps à la vitesse du vaisseau, …tout était nouveau pour elle.

Et elle appréciait, d'une certaine manière, cette nouvelle expérience. Le fait que tout ce qui l'entourait soit chose à découvrir ne lui déplaisait pas…loin de là… Néanmoins, elle regrettait amèrement que ces découvertes se produisent dans ces conditions si tragiques.

La gravité de la situation ne lui avait pas échappé…au contraire. Elle se rendait compte à quel point tout cela était réel. À quel point tout cela était son présent dorénavant. Et en y pensant, la jeune femme ne se sentait que plus triste. Elle se sentait seule. Tellement seule, dans cet univers pourtant si étendu…

Toutefois, la tristesse n'était pas la seule chose qui habitait Lilly.

Elle se sentait en ébullition.

En colère.

Tellement en colère.

Contre ces gens qui l'avaient enlevée, contre Dark Sidious, contre Maul, même contre tous ces stupides robots…mais par-dessus tout elle se sentait en colère contre elle-même.

L'impuissance qu'elle n'avait fait que ressentir durant ces derniers jours était encore là, en elle, grandissante, et pourtant c'était trop tard. Elle était désormais au milieu de nul part, dans le vide de l'univers, en direction d'une planète inquiétante sur laquelle elle allait être retenue prisonnière.

Elle n'avait littéralement aucun échappatoire.

Elle était seule.

La voix du robot assit à côté d'elle la sortie de ses pensées. Elle se retourna, étonnée qu'il prenne la parole de son propre chef. L'homme au visage rouge se trouvait toujours derrière la porte de métal fermée, loin de leur présence.

Tant mieux, songea-t-elle, moins je le vois, mieux je me porte.

« Notre vaisseau ne va pas tarder à arriver sur la planète Korriban ! », s'exclama le droïde d'une voix enjouée

Lilly observa G-6PO. Elle était tout de même surprise par l'aisance naturelle avec laquelle ces droïdes parlaient. Ils semblaient tellement…intelligents…tellement…vivants… C'en était perturbant. Il lui rendit son regard, ses grands disques dorés faisant office d'yeux, et pencha la tête sur le côté. Cette expression presque humaine provoqua à Lilly un frisson et elle détourna le regard.

« La planète Korriban est une planète isolée du système Horuset, située dans la Bordure Extérieure. Elle est connue pour être le berceau de la civilisation Sith, et est également considérée comme une planète sacrée pour l'Ordre des Sith. À la surface, nous pouvons retrouver des paysages désertiques et montagneux ainsi qu'un climat froid et sec.».

Lorsqu'il finit de parler, le silence accueillit de nouveau l'habitacle.

Lilly hésita à lui poser une question. Elle n'avait jusque là, pu prendre la parole que très rarement ces derniers jours. Elle n'arrivait ni à se faire comprendre, ni à comprendre et elle n'avait pas, non plus, eu l'envie de s'adresser à qui que ce soit lors de son séjour sur le vaisseau.

Mais après tout, songea-t-elle, ce droïde à pour ordre de m'assister, de rester avec moi, de m'encadrer…

« Pourquoi…pourquoi est-elle considérée sacrée pour les…Sith ? » demanda-t-elle enfin.

G-6PO se tourna vers elle et lui répondit instantanément.

« Korriban, anciennement appelée Pesegam, est une planète qui regorge d'artefacts, de tombes, de ruines, et de sanctuaires, précieux pour l'Ordre Sith. C'est le lieu de naissance de l'espèce Sith, espèce humanoïde qui fut colonisée par des Jedis renégats. Les Jedis Noirs. Ils se mélèrent et apprirent beaucoup de cette espèce autochtone, naturellement dotée de la Force et capable de contrôler le Côté Obscur. Au cours des millénaires, les distinctions génétiques entre l'espèce Sith et les Jedis renégats s'estompèrent. Les Seigneurs Sith actuels doivent beaucoup à leurs ancêtres. C'est un véritable lieu de pèlerinage pour les adeptes du Côté Obscur. »

Il émit quelques bruits mécaniques avant de pencher sa tête sur le côté.

« Est-ce toutes les informations que vous vouliez savoir ? » demanda le droïde.

« …euh…oui. Merci. » s'entendit-elle répondre.

La jeune femme était perdue dans ses pensées. Il y avait tellement d'informations. Tellement de facteurs à prendre en compte dorénavant. C'était tellement compliqué pour la jeune femme de se dire que tout cela était réel.

Qu'elle allait bel bien vivre sur une nouvelle planète. Sur Korriban, la planète des Sith. Qu'elle allait justement être formée pour en devenir une. Que la vie qu'elle menait jusqu'à présent n'existait plus…

Dark Sidious, Dark Maul, les Sith, les Jedi, tous existaient réellement.

Absolument tout était réel.

Elle aurait dû se réjouir de cette vision tellement vaste de cet Univers. D'avoir autant de possibilités, de connaissances, de nouveautés…mais finalement, elle n'arrivait à penser qu'aux Jedi… elle n'arrivait à penser qu'à l'infime possibilité de se faire sauver….

La jeune femme savait depuis le début, qu'elle n'aurait pas dû être là. Qu'elle ne faisait pas partie de l'histoire. De leur Histoire. Elle savait que tout cela était une erreur. Qu'elle n'aurait jamais dû voir ni encore moins vivre tout ce qu'elle avait vécu jusque-là.

Ce n'était tout simplement pas son monde.

Ce n'était pas normal.

Pourtant, elle se trouvait là.

Bientôt coincée sur une planète aux confins de l'univers, destinée à un avenir qu'elle n'avait pas choisi…

A cet instant, le vaisseau s'ébroua et Lilly plaqua ses mains sur son siège, l'agrippant jusqu'à avoir mal aux articulations.

« Ah ! Il semble bien que nous entrions enfin dans l'atmosphère de la planète ! » commenta G-6PO de sa voix enjouée.

Le ventre de la jeune femme se noua, terrorrisée à l'idée de son approche imminente sur la planète. Le vaisseau allait bientôt atterrir et lorsque les portes se seront ouvertes, il sera trop tard. Elle se mordit la lèvre inférieure, se retenant de pleurer et continua à planter ses ongles dans le siège. Elle était glacée de peur, les yeux rivés sur ses genoux.

Elle inspira profondément et ferma alors les paupières. Là, assise au milieu de ce vaisseau spatial, elle se mit alors à prier. Elle ne s'adressa pas un dieu, non…elle s'adressa au Monde.

À l'Univers.

A toutes les forces qui auraient pu l'entendre, ne serait-ce qu'une seconde.

Elle fit le vide, essaya de parler pour formuler ses pensées, mais aucun son ne sortit de sa bouche tant sa gorge était serrée.

Elle essaya de demander, de supplier ces puissances célestes de l'épargner, de la sauver de cet enfer…

Mais il y a des choses que même les plus grands esprits ne peuvent résoudre.

Et ceci en faisait partie. Personne n'allait venir. Personne n'allait la sauver. Elle était seule et elle le savait au fond d'elle… Elle seule pourrait se sauver.

Les yeux toujours clos et les lèvres tremblantes, elle essaya de se calmer. De faire le vide. D'accepter et de continuer. Elle se coupa un instant du reste du monde et de ce qui l'entourait. Elle voulait être seule avec elle-même. En paix.

Lilly fit le silence en elle. Elle voulait oublier et se souvenir à la fois. Elle voulait vivre et mourir. Sa respiration ralentie et ses yeux fermement clos, elle se laissa dériver dans les méandres de sa conscience.

La jeune femme faillit laisser s'échapper un hoquet de surprise au moment même où quelque chose effleura son esprit. Elle n'avait jamais ressenti ça jusqu'à présent. Comme un souffle chaud dans la brise. Comme une caresse sur son âme…

Est-ce que…est-ce que ce serait…ça…la Force ?, pensa-t-elle.

Elle la sentait en elle, s'étendre jusqu'au bout de ses doigts, liant son corps et son esprit jusqu'à une multitude de…

C'est à ce moment-là que le vaisseau atterrit brusquement sur la surface de Korriban. Lilly rouvrit les yeux et se cramponna de toutes ses forces à son siège. Lorsque le vaisseau se fut stabilisé, la porte s'ouvrit avec fracas, encadrant la silhouette de l'homme au visage rouge.

Maul l'avisa et la jeune femme, enfin sortie de sa torpeur lui rendit son regard, les yeux encore humides.

Lilly remarqua quelque chose de brillant dans ses mains. Dans celle de gauche, elle put voir une paire de menottes, dont les lumières vertes émanant de la parois intérieure n'exprimaient rien de bon. Dans celle de droite, Lilly remarqua à son grand dam le manche de métal brillant d'un sabre laser.

Le silence se fit, les lumières du vaisseau clignotèrent puis s'allumèrent dans cette même lueur rouge que le sabre dans la main de Maul. Il la regarda de ses yeux jaunes, seule couleur dans cet océan écarlate.

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