Chapitre 1: Adultes
C'était un jour comme d'autres, où la paix régnait après une longue guerre. Ils avaient grandi, avaient évolué. Plusieurs d'entre eux ont connu la mort, pour d'autres la vie continuait et ils suivaient un flot serein, sans turbulence... Celui d'une vie d'adulte.
Ce soir-là, trois amis s'étaient réunis dans leur restaurant préféré, celui de yakinuku. Mais contrairement à leurs années d'adolescence, lorsque Asmua les y emmenaient, ils se devaient de payer par eux même, les dizaines de verres de jus qui ont été remplacé avec le temps par des verres d'alcool.
Choji était aux anges, ce soir était sa soirée. Il était enfin devenu père.
Karui avait donné naissance a une fille quelques jours plus tôt, complétant le groupe mythique Ino-Shika-Cho. Une nouvelle génération voyait le jour, une génération qui vivait dans une paix sans précédent. Il porta son verre vers ses lèvres jusqu'à boire la dernière gorgée avant de le poser en lâchant un grand râle de satisfaction :
« Chef, une autre bouteille ! »
« Tout de suite ! » cria un vieux monsieur derrière sa cuisine.
« T'abuses un peu avec l'alcool là, tu ne vas pas pouvoir rentrer à pieds à ce rythme » se plaignit Ino
« Vu que tu ne veux pas boire, je bois ta part »
« Je ne peux pas boire parce que j'allaite, imbécile ! »
« Haha, Ino qui agit en maman responsable. Mais n'empêche, ce n'est pas tous les jours qu'on se voit tous les trois ! Ça faisait des années qu'on n'avait pas mangé ensemble ! Faut profiter !»
« Ça me rappelle le bon vieux temps » dit Shikamaru en souriant nostalgiquement.
« Oui, lorsque Asuma nous emmenait ici… il me manque tellement. ! »
Un silence s'installa. Malgré les années qui se sont écroulées, la mort tragique de leur sensei les marquait toujours autant. Leur métamorphose en adultes s'était faite à ce moment-là. Par la suite, Shikamaru et Ino ont connu un plus grand choc lorsque leurs pères respectifs ont péri lors de la guerre. Une atmosphère pesante s'installa soudainement.
Le serveur ramena la bouteille. Choji servit Shikamaru puis se resservit un verre qu'il but cul sec avant de briser le silence :
« Ah mais je ne vous ai jamais demandé ! Dis dis Shikamaru, c'est qui qui a fait le premier pas, Temari ou toi ? »
Shikamaru esquissa un rire :
« Qu'est ce ça y change, de toute façon on est mariés et on a un enfant alors…»
« T'es chiant, tu ne veux rien raconter ! Dis-moi juste, c'était le jour où vous étiez allés ensemble à l'onsen ? Je me rappelle quand on s'est vus ce soir-là, t'avais des bleus partout, tu t'es fait rejeter la première fois ? »
Shikamaru se rappela le quiproquo lorsqu'ils étaient allés choisir le cadeau de mariage de Naruto et Hinata.
« Elle avait juste mal interprété mes intentions. »
« Mais du coup ça ne répond pas à ma question, qui a fait le premier pas ? »
« C'est Shikamaru, il a invité Temari à un rendez-vous à la suite de la mission de son sauvetage » Répondit Ino à la place de Shikamaru
« Toi aussi, tu es sortie avec Sai après cette mission là non ? » lui demanda Shikamaru
« Non, moi c'était le jour du mariage de Naruto. Après la cérémonie Sai m'a déclaré ses sentiments, toi tu sortais déjà avec Temari. »
« Je l'avais seulement invité à sortir pour la remercier de m'avoir aidé lors de la mission, c'est tout »
« Mais vous étiez déjà ensemble le jour du mariage de Naruto! »
« …Lors de notre rendez-vous, elle m'a avoué ses sentiments ».
« Voilà ! Donc vous étiez ensemble avant Sai et moi ! » répondit Ino emportée par la conversation
« Mais de toute façon avant Sai tu n'en avais que pour Sasuke »
« Pourquoi tu ramènes Sasuke d'un coup ? C'était un amour d'enfance, ça fait partie du passé ! Et puis, ça ne change rien au fait que je me sois mise en couple après toi ! »
« Oui, mais tu étais amoureuse de Sasuke, ensuite de Sai ! »
« Et puis, t'es pas le mieux placé pour me parler de ça, tu n'avais de yeux que pour Temari ! »
« Qu'est-ce que t'en sais, tu ne m'as jamais posé la question ! »
« Ben toi non plus ! »
« Mais tu le criais sur tous les toits, que t'étais amoureuse de Sasuke ! »
« Mais puisque je te dis que ça fait partie du passé ! Et puis, je n'étais pas vraiment amoureuse, j'étais juste attirée par lui, comme toutes les filles d'ailleurs »
Ino et Shikamaru s'emportaient devant le regard amusé de Choji qui ne s'attendait pas à ça
« C'est marrant de vous voir vous disputer sur qui s'est mis avec qui avant l'autre. On aurait dit vous à 13 ans lorsque Shikamaru était encore secrètement amoureux de toi ! »
Shikamaru et Ino tournèrent la tête vers Choji, surpris par sa dernière phrase. Celui-ci mangea un morceau de viande puis termina en mâchant :
« Mais de toute façon Ino, Shikamaru ne fait jamais le premier pas ! Tiens, lorsque Naruto est allé en mission pour ramener Sasuke, il l'avait fait pour Sakura mais aussi pour son meilleur ami. Shikamaru en revanche m'a trimbalé avec lui pour toi, dans l'espoir que tu le regardes comme une femme regarde un homme ! »
« …Quoi ? » murmura Ino les yeux écarquillés
Shikamaru se contenta de boire son verre cul sec avant de se resservir un autre silencieusement. Choji termina :
« Quoi, ne me dis pas que tu ne l'as pas remarqué ! Tiens, je te raconte quelques souvenirs. Une fois lors d'une mission, il a commencé à pleuvoir, alors pour que tu ne te réveilles pas, il a fait un parapluie avec son ombre et n'a pas fermé l'œil de la nuit, pour que tu dormes bien. Je m'étais réveillé en plein nuit et en voyant ça, j'ai fait mine de dormir pour ne pas l'embarrasser. Le matin on était tous trempés à part toi. Il t'avait juste dit que tu étais la seule à dormir sous un arbre étanche et tu y as cru ! Et puis tiens, tu te souviens de tous les bentos qu'il te ramenait en disant que sa mère avait préparé de grandes quantités ? En réalité, il les préparait lui-même ! D'ailleurs ils manquaient toujours de sel, parce qu'il a beau être intelligent, il cuisine très mal ! Oh et parfois il cachait de petits mots et compliments dans tes affaires en prétextant que ça venait de gars secrètement amoureux de toi, rien que pour te faire sourire ! Et puis, la façon dont il te regardait, même lorsque tu lui tournais le dos, toutes ses remarques, toutes ses petites attentions, ses éternels « tu es chiante ». Même Asuma sensei m'avait demandé à plusieurs reprises si vous sortiez ensemble ! Il était tellement amoureux de toi que…»
« Ça suffit Choji » interrompu Shikamaru
Choji leva la tête ne comprenant pas d'où venait cette soudaine atmosphère pesante. Ino avait les yeux écarquillés en entendant tout ça. Face à ce silence, Choji murmura avec un peu de culpabilité :
« … J'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas… ? »
Shikamaru le regarda sévèrement, visiblement agacé par ce déballage de souvenirs inappropriés. Choji baissa la tête et servit de nouveau Shikamaru puis se resservit et bût son verre d'un coup. Le silence devenait de plus en plus pesant.
Ino, complètement désorientée, regardait d'un coup Shikamaru, d'un coup Choji avant de demander d'une voix basse :
« Attends… Je ne comprends pas Shikamaru, Est-ce que ce qu'il dit est vrai… ? »
Shikamaru garda le silence. Il se contenta de boire son verre avant de se resservir tout seul un autre sans répondre. Elle insista en regardant Choji :
« Choji, tu es sérieux ? »
Choji resta quelques instants silencieux, bût un coup puis répondit :
« …A vrai dire, moi aussi je pensais que vous alliez finir ensemble. J'ai toujours pensé que vous étiez amoureux l'un de l'autre et que l'un d'entre vous finirait par faire face à ses sentiments… je n'ai jamais compris ce qui s'était passé. » répondit-il en se resservant son énième coup avant de se rendre compte que la bouteille était déjà vide :
« Ah, elle est déjà vide. » murmura-t-il avant de crier « Chef, une autre bouteille ! »
« Tout de suite ! » répondit la voix au fond du restaurant.
Choji mangea quelques morceaux de viandes puis termina en fixant Ino :
« Tu ne vas quand même pas me faire croire que t'étais pas au courant ? » demanda-t-il la langue dénouée par l'alcool.
Ino ne répondit pas, surprise et désorientée. Elle regarda Shikamaru qui lâcha un « Mendokusai » en buvant ce qui restait dans son verre.
Une autre bouteille arriva et Choji resservit son ami avant de terminer :
« Je ne sais pas… je veux dire, c'était tellement clair, je crois même que tout le monde était au courant. Moi franchement, j'ai été déboussolé en voyant comment la relation a évolué entre Shikamaru et Temari, entre Sai et toi… Je n'ai jamais compris ce qui s'était passé. »
Shikamaru bût son verre puis rompu son silence :
« C'était il y a des années de toute façon. Comme l'a dit Ino, c'était un amour d'enfance, ça fait partie du passé »
Ino resta quelques instants silencieuse, puis prit la bouteille de sake et se servit un verre qu'elle bût cul sec devant les yeux surpris de ses deux amis. Shikamaru réagit en éloignant la bouteille :
« Hoy hoy, à quoi tu joues là, je te rappelle que tu allaites toujours Inojin ! »
« C'est bon, de toute façon il serait temps qu'il passe au biberon… ça fait longtemps qu'on n'était pas sortis tous les trois, laisse-moi profiter » dit-elle en lui tendant son verre vide.
Shikamaru la regarda quelques instants, confus et quelque peu agacé. Elle agita de nouveau son verre vide comme pour lui donner un ordre. Il soupira et la resservit malgré lui :
« tss… Toi tu veux me créer des problèmes avec Sai, j'te jure… »
Choji changea de sujet et ils continuèrent à parler de tout et de rien…
Il était minuit passé et Choji était tellement bourré qu'il ne pouvait plus tenir debout. Shikamaru et Ino durent encaisser la lourdeur de l'addition et du poids de leur ami, en le portant à deux sur leurs épaules.
« Il a de la chance que ce diner soit pour fêter la naissance de sa fille, sinon je l'aurais laissé au restaurant, sérieux… »
« C'est déjà bien qu'on tienne debout… »
Ils marchèrent péniblement, eux aussi sous l'effet de l'alcool jusqu'à l'entrée de sa demeure. Karui ouvrit la porte :
« Enfin rentré ! Alala Choji, regarde dans quel état tu es, vraiment désolée que vous ayez à subir ça Ino, Shikamaru »
Elle les aida à le mettre au salon.
« Mais il a bu combien de verres sérieux ! Je rêve, quel père responsable ! » s'exclama-t-elle blasée par l'état lamentable de son mari.
« Ne lui en veux pas Karui, ça faisait longtemps qu'on n'était pas sortis tous les trois. » répondit Shikamaru.
Karui soupira exaspérée puis regarde les deux jonins et demanda :
« Vous deux ça va ? Vous tenez toujours debout ? Vous pouvez dormir ici, y a de la place pour tout le monde »
« Non ça va ne t'inquiète pas, on doit aussi rentrer chez nous. Bonne nuit » répondit Shikamaru.
« Merci encore de l'avoir ramené, bonne nuit ! »
Sur ces mots, Shikamaru et Ino sortirent. C'était un soir d'Août et les rues étaient uniquement illuminées par quelques lampadaires. Le silence régnait et seul le son des crickets se faisait entendre. Shikamaru marchait silencieusement, les mains dans les poches quand Ino s'arrêta brusquement. Il se tourna :
« Qu'est-ce qu'il y a ? »
« Je veux leur rendre visite… »
Shikamaru soupira :
« T'es éméchée et il se fait tard, on leur rendra visite demain »
« Non. Je veux leur rendre visite maintenant ».
Elle avait la tête baissée et avait formulé sa phrase tel un vœu, une volonté.
Il soupira et rebroussa chemin. Décidément elle n'en faisait qu'à sa tête. Elle a toujours été capricieuse, ce n'était rien de nouveau.
La brise d'Août mêlée à la moiteur estivale emportait les longs cheveux dorés d'Ino, faisait s'envoler son parfum mêlé à celui de l'alcool.
Cet endroit, ils y étaient allés tellement de fois…
Ils y retrouvaient ceux qui avaient été témoins de leur évolution, ceux en qui ils plaçaient tout leur amour, toute leur gratitude.
Deux grands amis, deux valeureux ninjas, deux tragiques destins, deux pierres placées l'une à coté de l'autre. Le vent estival soufflait, dans ces lieux ornés de souvenirs. Seul l'astre nocturne illuminait ces terres mornes.
Ino s'accroupit devant les deux pierres :
« Bonsoir papa, bonsoir oncle Shikaku… »
Shikamaru était debout derrière elle, silencieux. Le monde bougeait dans sa tête, il avait l'impression de rêver, et pourtant était trop lucide. Il leva la tête vers le ciel nocturne, dénué de nuages. Ces nuages qu'il aimait tant regarder. Son silence fut interrompu par Ino :
« Pourquoi ne me l'as-tu jamais dit, Shikamaru ? »
« Dit quoi ? »
« Que tu m'aimais. »
Shikamaru resta silencieux. Seul le son des criquets se faisait entendre. Il soupira puis sortit une cigarette de sa poche et l'alluma. Son briquet lui faisait défaut, il dut essayer plusieurs fois avant que la cigarette ne s'allume. Il inhala la fumée dans une grande inspiration puis leva de nouveau la tête vers le ciel avant d'expirer la fumée dans un long souffle. Le silence de ce soir d'été lui rappelait des souvenirs… leurs missions, leurs campements, tous ensemble. Le bon vieux temps.
Mais le temps passe. Et les souvenirs s'envolent telle cette fumée, dans un souffle avant de disparaitre dans l'oubli. Le temps, le temps est plus cruel que la mort. Il te laisse vieillir et contempler ton impuissance face à son absurdité, qui enfouit dans ses entrailles les plus beaux instants sans que tu ne puisses rien y faire.
« Ça n'y aurait rien changé. »
La jeune femme se leva et se tourna, faisant face à Shikamaru, puis l'approcha avant de s'arrêter face à lui. La nuit était sombre, seule la lune éclairait ces terres. La lune et puis… ses yeux. Elle le regardait droit dans les yeux et il était stupéfait. Sa peau était douce, et ses traits jadis de jeune fille reflétaient sa maturité de femme, de jeune mère. Oui, le temps est cruel, et rien ne ramènera ces jours heureux, lorsqu'il la regardait du coin de l'œil, qu'il fuyait son regard, qu'il l'entendait se plaindre, qu'ils se promenaient autour du village avec Asuma… Ces instants là, de rires innocents et de candeur, que le temps aura su ôter. Ces rires que toutes ivresses ne rendront plus… Il faisait face à son regard brillant, celui qu'il connaissait si bien…Ah l'alcool… qui lui faisait voir des étoiles scintiller le long de ses paupières inférieures. Sa respiration était calme, son regard d'adulte désenchanté cherchait à rattraper ces étoiles, dans l'espoir de retrouver un peu de leur lumière. Sa voix de femme rompu le silence, dans une phrase qui eut sur lui l'effet d'un séisme :
« Es-tu heureux… ? »
L'alcool, ce foutu alcool. Il leur faisait avoir tard le soir des conversations philosophiques d'une médiocrité presque émouvante. Elle était face à lui avec toute son assurance, à lui poser ces questions qu'il n'osait jamais se poser. «Es-tu heureux ? » sérieusement ? Et puis, tout d'abord, qu'est-ce que le bonheur ? Qu'est-ce qu'être heureux ? Était-ce d'être un valeureux shinobi, respecté et adulé par le peuple ? Était-ce d'être marié à l'héritière de la famille du kazekage ? Etant ainsi un des piliers de la paix dans le monde ? Était-ce de perpétuer la vie et les traditions en ayant à son tour un fils ? Si c'était ça le bonheur, à quoi était due cette constante amertume ? Ce vide intersidéral qui absorbait toute lumière, le laissant baigner dans la vacuité totale ? Il soupira puis reprit une autre taffe. Il avait fumé sa première cigarette lors d'un combat qui le changea à vie, et avait laissé ce paquet de cigarettes sur le tombeau de son sensei. Mais cette mauvaise habitude était restée, et il commençait à y trouver du plaisir. Ou peut-être pas, se dit-il. Ce n'était pas exactement du « plaisir », mais plus une nonchalance, une éphémère virée ailleurs, un oubli soudain d'un présent trop pesant. Mais qu'est ce qui pesait exactement ? Lui-même n'en savait rien.
« Es-tu heureux ? ». Il ne s'était jamais vraiment posé la question, mais quand il y repensait, les souvenirs partagés auprès d'Asuma, Choji, et puis… elle, lui procuraient une sensation de bien-être, un souvenir de chaleur et de beauté. Du… « bonheur », peut-être, sûrement…
Et maintenant ? les mots se bloquaient dans sa gorge. Il avait l'envie soudaine de pleurer pour une raison qui lui échappait. Elle était là, face à lui… dans toute sa splendeur, toute sa grâce. Il ne le lui avait jamais dit, mais elle était pour lui la définition même de beauté. Loin de la beauté physique, terrain sur lequel elle jouait seule en étant indéniablement reine. Loin de ça, elle était la beauté de l'âme, elle réussissait à l'émouvoir au fin fond de son être, à faire bouger en lui des émotions enfouies dont lui-même ignorait l'existence. Il la contemplait ainsi et fût sorti de ses pensées en voyant une cigarette entre ses lèvres roses, et se rendit compte que celle qu'il fumait avait disparu.
Il soupira :
« Enlève ça Ino, arrête de t'infliger du mal pour rien. »
« …Quel mal ne nous sommes-nous pas déjà infligés… ? »
« … »
« Ça y aurait changé quelque chose. »
Shikamaru était perdu. L'effet de l'alcool se faisait ressentir, car il voyait maintenant des étoiles filantes le long de ses joues, et il se demandait d'où elles venaient… Un moment de lucidité prit forme dans son esprit ivre.
Oui. Ça y aurait changé quelque chose. Ils auraient pu voir des paysages à en couper le souffle ensemble, auraient pu préparer des plats lors de journées à la maison, auraient pu lire des livres et se partager leurs idées, auraient pu rire, rire, et puis rire, comme ils le faisaient si naturellement lorsqu'ils étaient jeunes et innocents. Ils auraient pu partager des moments d'intimité, de passion, d'exaltation. Des moments de jouissance. Ils auraient pu se découvrir, se serrer, de sentir, se vivre l'un l'autre.
Oui, ça y aurait changé quelque chose… à sa vie d'adulte misérable, cette vie pendant laquelle il cherchait quelque chose qui lui échappait, quelque chose dont lui-même ignorait la forme et l'essence même.
Ino prit un grand souffle, inspirant toute la fumée puis passa la cigarette entre son index et son majeur. Il la regardait faire, impuissant.
Elle s'approcha lentement de lui. Son visage faisait face à celui de Shikamaru, le regard à la fois surpris et serein. Il avait la bouche entrouverte et restait là, cloué sur place. Elle s'approcha d'avantage jusqu'au niveau de sa bouche. A peine quelques centimètres séparaient leurs lèvres.
Elle expira doucement de sa bouche la fumée que Shikamaru inspira dans un long souffle, sentant dans ses poumons et tout son corps une tendre présence, faisant naitre des papillons dans son bas ventre.
C'était un soir de Août, la nuit était sombre et silencieuse et seuls les crickets étaient bruyants.
Le vent souffla… son parfum, mêlé à l'odeur de la cigarette et de l'alcool. C'était doux, c'était amère.
Un murmure.
« Nous aurions pu être heureux. »
C'était une déflagration, une explosion de sens, un éclat de vérité.
Oui. Ça y aurait changé quelque chose.
Ça y avait changé quelque chose.
Ça allait changer beaucoup de choses…
Il y avait la moiteur d'Août, le son du vent qui faisait dansait les feuilles des arbres.
Il y avait ses cheveux, ses yeux, ses lèvres, sa langue,
Il y avait cette chaleur, cette moiteur, cette humidité.
Il y avait ses mains autour de son dos, ses ongles contre sa peau.
Il y avait des bouts de tissus mauves, verts et noir éparpillés par terre.
Il avait son souffle contre son cou, sa douceur, sa fragilité…
Il y avait des frissons, des murmures et des caresses.
Il ne se souvient pas exactement de ce qui s'était passé à ce moment-là, ni de comment ils s'étaient retrouvés dans cet endroit isolé au pied du cimetière.
La nuit était sombre, uniquement illuminée par l'astre nocturne, et puis son astre à lui, qui se languissant sous ses caresses. Elle, la déesse aux longs cheveux d'or, à la peau blanche et douce tel de la soie. L'infidèle, la si fidèle Andromaque, les doigts sur son torse, la tête en arrière, le dos courbé, les jambes serrées, telle une guerrière sur lui, en lui.
Elle, noyée en lui, des mouvements brusques, des vas et viens, de la chaleur, de l'exaltation, des gémissements, des cris, des râles de plaisirs.
Et puis. Il y avait l'orgasme, pur et dur.
C'était un soir de Août, et des nuages commencèrent à couvrir la lune, l'été touchait bientôt à sa fin.
Mot de l'auteure: Voilà voilà, le premier chapitre d'une nouvellle fanfic. Celà fait maintenant des années que j'ai ce scénario en tête, et je le laissais gérmer petit un petit sans pour autant reprendre la plume... J'ai commencé l'écriture des fanfics à 10ans, j'en aurai maintenant bientôt 27. A l'époque (de Skyrock), j'écrivais à n'en plus finir des histoires de nos jeunes ninjas en vacances, dans une auberge, à partager le même lit, à se découvrir, à échanger les premiers baisers, la candeur des premiers amours... C'était beau, ces moments d'innoncence qui reflétaient peut nos propres désirs de jeunesse. Les derniers chapitres de ces fanfics là se terminaient toujours par un mariage d'amour, et ça s'arrêtait là. Mais le temps passe, et en devenant adultes, on ouvre les yeux sur quelques aspects de la vie qui ne sont pas toujours roses. L'amour est une belle chose, vraiment. Mais nous sommes des êtres eternellement insatisfaits, parfois, on réalise avec du retard que nous avons fait les mauvais choix, et commeçons alors à nous dire "Et si j'avais fait ceci, si j'avais fait celà". Parfois, on se marie par dépit, parfois par amour, mais l'amour se meurt avec le temps. Mais le temps, le temps est une drôle de chose...
