Coucou à tous !
Très contente de vous retrouver pour un nouveau chapitre !
On part sur du classique Hurt/Comfort comme on les aime, parce que Peter sans blessure ne serait pas Peter :')
Content warning : violence, sang.
Bonne lecture !
— T'es vraiment trop cool, comme IA ! Je peux t'appeler, ahem… Karen ? Ou Georgette ? Non, je crois que je préfère Karen… ou Patricia ? Pat ?
— Tu peux m'appeler Karen si tu le souhaites, Peter.
L'adolescent sourit.
— Alors va pour Karen !
Perché au sommet d'un immeuble du Queens et le masque remonté jusqu'au nez, Peter dévorait avec appétit un bagel au saumon fumé — quelque chose qu'il n'aurait jamais eu les moyens de s'acheter avant de vivre avec M. Stark. Ignorant les morceaux d'aneth qui se coinçaient entre ses dents, il admirait les rues qui zigzaguaient sous ses pieds, débordantes de vie et d'animation. Grâce aux lentilles incorporées dans son masque, il pouvait les inspecter avec une précision remarquable.
Son nouveau costume était fantastique.
Il pouvait désormais bondir, exécuter des roulades et faire des saltos arrière avec une souplesse qu'il ignorait posséder. Son costume n'entravait aucun de ses gestes, au contraire ; il avait l'impression qu'il l'enveloppait comme une seconde peau protectrice, le rendant plus léger que jamais.
C'était la plus belle chose qu'on lui ait jamais offerte, et il regrettait seulement de n'avoir pu en remercier M. Stark de vive voix. Depuis qu'il avait découvert son identité secrète, l'homme semblait s'être volatilisé. Il lui avait laissé des messages, toutefois, afin de s'excuser de son absence, prétextant des rendez-vous professionnels et des missions pour les Avengers qui le forçaient à s'éloigner de la Tour — mais Peter était persuadé d'avoir vu plusieurs fois ses chaussures dans l'entrée et d'avoir humé son parfum de lavande et de café aux alentours de la cuisine.
Cependant, l'adolescent n'avait pas eu l'occasion de s'en morfondre. Découvrir les nouvelles fonctionnalités de son costume était bien plus enthousiasmant que de rester enfermé dans sa chambre, à se ronger les sangs en se demandant si M. Stark ne regrettait pas d'avoir découvert qu'il était Spider-Man.
Et sa fonctionnalité préférée était incontestablement l'IA que M. Stark lui avait confectionnée.
— Dis, Karen, tu aurais de bonnes blagues en réserve ?
— Bien sûr. Que dit une noisette quand elle tombe dans l'eau ?
Peter plissa les yeux et fit semblant de se frotter le menton, imitant ce geste qu'il avait vu M. Stark esquisser lorsqu'il faisait mine de se concentrer.
— Euuuh, je ne sais pas… ?
— Je me noix.
L'adolescent pouffa aussitôt de rire.
— T'es encore plus marrante que Friday, tu le sais, ça ?
— Je te remercie, Peter… Mais sache que par solidarité pour mes collègues IA, je suis chargée de partager avec Friday ce genre de remarque.
— Quoi ? Non, ne lui dis rien, sinon elle va encore me faire des réflexions !
— Trop tard, Peter.
— Pfff, je retire ce que j'ai dit, t'es pire que Fri !
— Mais tu m'apprécies tout de même, n'est-ce pas ?
— Pffff !
Il leva les yeux au ciel, mais ne parvint pas à réprimer un sourire :
— Je ne sais pas comment M. Stark t'a programmée, mais tu me connais trop bien, Karen… Oh, qu'est-ce qu'il y a, là-bas ?
Il reposa son bagel sur ses genoux et porta sa main en visière, cherchant à comprendre ce qu'il se passait à quelques centaines de mètres de là, dans une ruelle quasi déserte, perpendiculaire à l'avenue principale. Il crut voir une haute silhouette fondre sur une seconde silhouette, bien plus frêle, et la repousser contre le mur d'un geste qui n'avait rien de délicat.
Peter se redressa aussitôt, abandonnant son bagel sur le toit.
— Je crois que c'est une nouvelle mission pour Spider-Man ! Allons-y, Karen !
Et il s'élança, goûtant à l'ivresse d'une chute qu'il n'interrompit qu'au dernier moment, jetant une toile sur la façade d'un immeuble.
Il ne lui fallut que quelques bonds adroits pour atterrir dans la ruelle. Il ne s'était pas trompé : il y avait bien un homme, armé d'un couteau qu'il pressait d'un air menaçant contre la gorge d'une femme. Celle-ci gémissait de terreur, les larmes baignaient ses joues pâles.
— La prochaine fois, essayez peut-être la délicatesse ? suggéra Peter en jetant une toile sur le couteau, qu'il n'eut aucune difficulté à faire choir hors de la main de l'homme.
La lame émit un tintement cristallin en rebondissant contre le bitume. L'homme relâcha aussitôt la pression exercée contre la femme. Après quelques instants de flottement, celle-ci repoussa son assaillant et, sans un regard pour Peter, prit ses jambes à son cou pour disparaître dans l'obscurité qui engloutissait l'autre côté de l'allée.
L'homme ne chercha pas à la retenir. Étrangement immobile, il avait tourné son visage vers Peter, les joues creusées par un rictus sardonique. La lumière peinait à se frayer un passage entre les façades des gratte-ciels ; dans l'ombre, une teinte rougeâtre baignait ses prunelles.
Un mauvais pressentiment grignota la nuque de Peter. Il avait la certitude d'avoir déjà vu ces yeux quelque part…
— Je t'attendais, Spidey, susurra l'homme d'une voix doucereuse. Je savais que tu t'empresserais de voler au secours d'une innocente demoiselle en détresse. Il n'en faut pas beaucoup, pour te faire sortir de ta tanière.
— Ah ? Je n'avais pas conscience que vous étiez un habitué, fit Peter en se plantant face à l'homme. Mais vous savez, au lieu d'agresser des femmes qui ne vous ont rien demandé, vous auriez pu simplement me passer un coup de fil !
L'homme le dévisagea sans se départir de son rictus. Son regard s'attarda sur l'araignée que M. Stark avait pris soin de graver sur son torse.
— Très joli costume. Beaucoup plus avantageux que l'ancien. Qui te l'a payé ?
— Un admirateur secret, répondit Peter. Désolé, je ne suis pas autorisé à vous révéler son identité.
Il espérait que sa voix était suffisamment dégagée pour ne pas mettre la puce à l'oreille de son interlocuteur sur l'identité du fameux "admirateur", mais l'homme inclina légèrement la tête, visiblement piqué par la curiosité. Son sourire s'agrandit, ressemblant à s'y méprendre à celui du chat d'Alice au Pays des Merveilles.
Un nouveau frisson parcourut l'échine de Peter.
— Et qu'espère ton fameux admirateur, en échange de ce fabuleux costume ?
Rien, voulut-il répondre, mais le mot ne parvint pas à s'extraire de sa gorge, car la vérité était qu'il n'en savait strictement rien. Il ne s'était même pas posé la question.
— Il doit bien vouloir quelque chose. L'intention libérale est un mythe, mon cher Spidey. Nous voulons tous obtenir une contrepartie à nos bonnes actions. Ou à nos mauvaises, ajouta l'homme et, sans plus de cérémonie, il s'agenouilla pour récupérer son couteau.
Peter voulut le reprendre d'une toile, mais l'homme l'esquiva avec souplesse.
— Peter, j'ai l'impression que la situation pourrait dégénérer d'un instant à l'autre. Devrais-je alerter M. Stark ? s'enquit Karen.
— Non, non, je gère ! s'empressa de rétorquer Peter, rougissant sous son masque.
Il ajouta dans un murmure :
— M. Stark m'a mis en garde contre les armes à feu. Cet homme n'a qu'un petit couteau, je n'aurai aucun mal à l'arrêter.
"Petit" couteau était peut-être une formulation légèrement trop optimiste. Maintenant que l'homme brandissait l'arme dans sa direction, Peter devait admettre que la lame était beaucoup plus longue — et indéniablement plus aiguisée — que ce qu'il avait cru de prime abord. Elle ressemblait curieusement à celle qu'utilisait M. Stacy pour découper le traditionnel poulet rôti du dimanche midi dont Gwen raffolait.
Peu désireux de finir dans le même état qu'une volaille, Peter lança une nouvelle toile en direction de la lame. Toutefois, l'homme anticipa son geste et l'esquiva d'un bond agile sur le côté.
— Peter, je détecte une substance étrange sur cet homme, dit soudainement Karen.
— Une sub… (Peter s'écarta vivement, échappant de peu à un coup de couteau.) Substance étrange ? Tu veux dire… une sorte de drogue ?
— Je ne sais pas. Je n'ai jamais rien vu de pareil. Je pense que nous devrions avertir M. Stark de ce qu'il se passe.
— Non, je t'ai dit que je me débrouille ! Je me suis toujours débrouillé tout seul, je n'ai pas besoin d'une nounou !
— A qui parles-tu, Spidey ? Aurais-tu une petite… araignée au plafond ? s'amusa l'homme, jouant toujours avec son couteau.
Peter ne répondit pas, esquivant de justesse la lame qui siffla à quelques centimètres de son oreille. L'homme était rapide, beaucoup plus rapide qu'il ne s'était imaginé. Ses gestes étaient souples, fluides. Quasiment félins. Et son regard, toujours vissé dans le sien, se parait de nuances écarlates qui lui semblaient familières… il avait la sensation d'avoir déjà vécu cet instant.
Soudainement, il eut une révélation.
La femme, celle qui avait essayé de lui tirer dessus, quelques jours plus tôt… elle avait le même regard.
Une substance étrange, avait dit Karen… Avaient-ils pris un médicament ? Une drogue ? Autre chose ?
Tout à coup, il y eut un violent choc contre son flanc. L'espace d'un battement de cils, il crut que l'homme l'avait frappé — mais alors il vit le manche du couteau, et la lame qui s'enfonçait entre les mailles serrées de son costume.
Il fit quelques pas en arrière, déséquilibré. Devant lui, l'homme eut un sourire triomphant.
— Touché ! Désolé, mon cher Spidey, dit-il en tendant la main vers lui, comme s'il cherchait à caresser son visage. J'aurai peut-être dû te laisser tranquille, mais je n'ai pas pu résultat. Tu m'intrigues, tu sais… Tes exploits commencent à se faire connaître, tu es l'étoile naissante du Queens... Guidé par la gentillesse, n'espérant rien en retour de ses bons et loyaux services… un véritable super-héros, bien moins sulfureux que les Avengers. Toi, au moins, tu n'as pas de sang sur les mains ! Pourrait-il vraiment n'y avoir que de la bonté, en toi ? Ou ton cœur cache-t-il de sombres secrets, que tu ne voudrais révéler pour rien au monde ? J'aimerais tellement le savoir…
Une substance noire, gluante, dégoutta de ses doigts. Ploc ! fit-elle en touchant son costume, mais Peter n'y prit pas garde.
La douleur avait brusquement éclaté, lui coupant le souffle. Une sensation de brûlure se déploya le long de son flanc, mêlant à ses pensées des éclairs d'un blanc aveuglant. Il fit un nouveau pas en arrière, chercha à s'appuyer contre le mur. Le monde vacillait dangereusement autour de lui.
L'homme eut un nouveau sourire.
— On se retrouvera, Spider-Man, murmura-t-il. En attendant… prends soin de toi.
L'instant d'après, il avait disparu.
— Peter, je détecte une blessure inquiétude dans ton flanc droit. J'avertis M. Stark, annonça la voix lointaine de Karen.
— N-non… ne lui dis rien, parvint-il à riposter, les dents serrées. Il va me t-tuer, j'ai déjà r-r-ruiné son costume…
— M. Stark est prévenu, il arrive tout de suite. En attendant, tu ne dois surtout pas toucher au coute…
Mais Peter ne l'écoutait plus. La douleur était trop intense, elle embrouillait ses pensées. Le souffle lui manquait, il avait l'impression que ses poumons étaient en feu. Non… c'était tout son corps était en feu. De ses orteils à la racine des cheveux — même si la douleur fourrageait quelque part au niveau de sa hanche, sourde et palpitante…
Par réflexe, il referma les doigts autour du manche du couteau.
— … -ter, ton IA m'a appelé, qu'est-ce que c'est que cette histoire de couteau ? Ne me dis pas que tu t'es fait poignarder ?
Devenait-il fou ? Il avait l'impression d'entendre la voix de M. Stark.
— Oui, c'est le principe du téléphone, Spider-Kid.
— Oh… j-je ne savais pas qu'il y avait un t-téléphone dans mon costume.
— Et bien maintenant, tu le sais. Ne bouge surtout pas, j'arrive. Et ton IA te l'a certainement dit, mais ne t'avise surtout pas de toucher à ce coute…
Une nouvelle fois, les mots lui échappèrent, éclipsés par le bourdonnement qui vrillait ses tympans et la mélodie laborieuse de sa respiration.
Mal. Il avait beaucoup trop mal. Et malgré toute la fierté qu'il pouvait avoir, il ne parvenait pas à ravaler les gémissements qui roulaient dans sa gorge. Il n'avait qu'une idée en tête : que la douleur s'arrête.
Il avait l'impression d'être dans un état second et, sans plus réfléchir, il retira d'un geste sec la lame qui s'enfonçait dans sa chair.
Oh, cruelle erreur. La douleur se multiplia par deux. Par trois. Par dix. Du rouge se mit à jaillir, gicler entre ses doigts, tracer des arabesques sanglantes sur le bitume. L'odeur métallique lui fit tourner la tête et une image arrachée à son passé se superposa à la réalité.
Du rouge, du rouge partout, l'odeur du sang — il a échoué, il n'a pas réussi à le sauver, et maintenant ses yeux aveugles le fixent et oh mon Dieu, oh mon Dieu, oh mon Dieu, il aurait dû dire quelque chose, s'interposer, ça aurait dû être lui…
— -tain de merde, merde merde merde, réponds-moi, petit !
Il rejeta la tête en arrière. Il n'avait pas réalisé qu'il s'était recroquevillé par terre. Il commençait à avoir froid, la nausée s'épanouissait dans sa gorge. D'une main tremblante, il remonta son masque, ouvrit grand la bouche dans l'espoir d'aspirer des goulées d'air salvatrices. Le monde tournait de plus en plus vite, il était piégé dans une boucle infinie de loopings.
— -ter ? Peter Parker… te jure que si tu ne me réponds pas… puni jusqu'à ta majorité…
La voix devenait de plus en plus lointaine, comme si elle venait d'une autre galaxie. Les mots n'avaient plus aucun sens, plus rien ne comptait hormis le voile écarlate qui avait envahi son champ de vision. La sueur piquetait son front, s'accumulait sur ces cils et pourtant, il avait de plus en plus froid… l'humidité se répandait sur son costume, était-ce de la sueur ou du sang ? Il ne discernait plus les couleurs, seulement des nuances de rouge et de bleu foncé. Karen pourrait peut-être lui dire si tout ce rouge était réel, ou s'il ne s'agissait que du fruit de son imagination…
— K-Karen… ? parvint-il à articuler d'une voix pâteuse.
— Non, moi, c'est Tony. Ne me dis pas qu'en plus du couteau, tu t'es cogné la tête ?
— J-je… je veux dire… Karen, mon IA…
— Tu as appelé ton IA Karen ?
M. Stark avait l'air curieusement excédé. Peter voulut en rire, mais un nouveau gémissement de douleur s'échappa de ses lèvres.
— Okay, petit. Okay. Tout… tout va bien, d'accord ? On parlera de tout ça plus tard. Évidemment, les livres que m'a donné Rhodey n'expliquent pas ce qu'il faut faire quand on a un enfant qui décide de se battre contre un homme armé d'un couteau, mais je suppose que je trouverais bien quelque chose. En attendant… Peter, est-ce que tu m'écoutes ?
— Mh, marmonna-t-il en fermant les yeux.
— Peter... Petit, reste avec moi.
— Comptais pas… partir… pourrais pas… aller bien loin…
Il n'était pas certain d'avoir réussi à prononcer ces derniers mots. Sa langue coopérait difficilement avec son cerveau.
— Peter, ouvre les yeux.
— Mmmhhh…
— Ouvre. Les. Yeux.
Il ne voulait pas désobéir à M. Stark — après tout, c'était son père — mais ses paupières pesaient si lourds…
Son père, se répéta-t-il vaguement. Son père allait arriver, son père allait prendre les choses en main, il allait le retrouver et le soigner, faire cesser la douleur qui harcelait ses nerfs… c'était bien la première fois de sa vie qu'il pouvait s'en remettre entièrement à quelqu'un, ça valait bien la peine de se laisser emporter par l'inconscience, non… ?
— … Parker… réveille-toi… pas ça… services sociaux… -ter ? Peter !
Il captait quelques mots par-ci, par-là, comme si son cerveau avait été remplacé par une radio mal réglée. On tapotait son visage, il voulut repousser cette main inopportune mais il n'en avait plus la force. On devait avoir retiré son masque, car un air glacé se répandait sur son visage.
Tout à coup, il sentit une pression s'exercer violemment contre son flanc. La douleur explosa, alluma de nouveaux éclairs blancs dans son esprit. Un hurlement lui vrilla les tympans, était-ce sa propre voix ? Puis plus rien.
Rien d'autre qu'une inconscience bienvenue.
⁂
L'inconscience ne dura pas. Des rêves de sang, de cris et de lames teintées de pourpre ne tardèrent pas à le harceler. Il voyait les yeux rouges de l'homme scintiller dans l'obscurité comme ceux d'un chat, un liquide noir et poisseux gicler de ses doigts, son sourire onctueux qui révélait une rangée de dents blanches anormalement pointues… Et il entendait sa voix, sa voix de miel qui se répercutait en échos dans sa boîte crânienne, Je veux te connaître, je veux savoir les secrets que tu renfermes au fond de ton cœur… ta peur de l'abandon, ton désir d'être aimé par ton père, ton besoin de sauver des vies pour réparer les erreurs de ton passé… Il nageait — non, il flottait de rêves en rêves et de cauchemars en cauchemars…
⁂
Il se réveilla brusquement, et sa première sensation fut une douleur intense qui irradiait de sa chair.
Son flanc était en feu. Il avait l'impression qu'on s'amusait à retourner un couteau dans sa plaie, encore et encore et encore et encore. Un grognement de détresse lui échappa et il eut conscience, vaguement, d'une main qui se posa avec une certaine maladresse contre son front. Elle était chaude, réconfortante. Déroutante, aussi. D'aussi loin que pouvaient remonter ses souvenirs, personne n'avait jamais esquissé un tel geste de tendresse à son égard.
Une larme chatouilla ses cils, et des voix se mirent à onduler autour de lui.
— … croyais que les anti-douleurs feraient effet…
— … métabolisme… Captain America…
— … quelque chose, bon sang !
— …. alme-toi, Tony… pourquoi… cet enfant ?
La douleur s'accentua, son dos s'arqua, sa tête cogna contre une surface dure. Un sanglot déchira sa gorge et de nouvelles larmes brûlèrent ses joues.
— Donne-lui ces putains de médicaments, maintenant ! ordonna sèchement la voix de M. Stark quelque part au dessus de lui.
La main inconnue tremblait contre les mèches qui s'emmêlaient sur ses tempes.
— Et s'il ne les supporte pas ? Ce ne sont pas n'importe quels médicaments, ils ont été synthétisés pour Steve, pas pour un adolescent de quatorze ans ! répondit une seconde voix qu'il ne reconnut pas.
— Et moi, je te dis que cet adolescent n'est pas comme les autres !
— Vraiment ? Comment peux-tu en être si sûr, et continuer de refuser de me dire d'où il sort ?
— C'est un super-héros, okay ? J'ai vu des vidéos de lui sur YouTube, il se fait appeler Spider-Guy. Il n'est pas comme toi ou moi. Il a des sortes de… pouvoirs, et un métabolisme qui n'a rien à envier à celui de Cap. Ces médicaments ne lui feront aucun mal.
— Spider-Guy, hein… Et tu as décidé de le prendre sous ton aile par pure bonté d'âme ?
— Ouais, on peut dire ça comme ça.
Quelque chose sonnait faux dans ses mots, mais Peter ne parvenait pas à mettre le doigt dessus.
— Très bien, soupira finalement la deuxième voix. Je te fais confiance, Tony. Mais si ses parents décident de nous coller un procès, ce n'est pas moi qui signerai les factures de ton avocat.
Il sentit vaguement qu'on lui saisissait le bras. Une piqûre le fit sursauter, suivie d'une sensation de froid qui se diffusa lentement dans ses veines, engourdissant peu à peu ses nerfs ; la douleur ne devint bientôt plus qu'un lointain écho.
Un soupir de soulagement lui échappa.
— Ça va aller maintenant, Spider-Kid, murmura la voix de M. Stark près de son oreille. Tu peux te rendormir, Bruce va veiller sur toi.
— Mmhhh… parvint-il à articuler. M… M's'r St'k….
— Shhhh. Détends-toi, Peter. On parlera après, quand tu ne seras pas complètement shooté aux médicaments. D'expérience, ça vaudra mieux pour tout le monde.
— M… M's'r… P… pa…
La fin de sa phrase s'évanouit dans un tourbillon de ténèbres, au fond desquels il crut apercevoir un éclat de lumière.
