Hello !
La semaine fut si longue t_t heureusement que j'avais pris un peu d'avance pour ce chapitre, sinon il aurait fallu attendre encore un peu avant qu'il ne soit posté ! La suite risque de tarder un peu plus par contre !
18e chapitre, c'est officiellement mon histoire la plus longue en termes de chapitres ! (Pas encore en termes de mots en revanche !)
Et on s'apprête à prendre un certain tournant ;)
Bonne lecture !
Peter cligna lentement des yeux, essayant désespérément de s'arracher aux miettes de sommeil qui engluaient son esprit.
Il avait froid. Non… chaud. Ce qui ne l'empêchait pas de trembler sous les couvertures qui l'emmaillotaient tel un cocon doux et épais.
— Friday, tu veux bien dire à Tony que son fils est réveillé ?
— Tout de suite, Mademoiselle.
Il fronça les sourcils. Qui pouvait bien…
— Hey, Peter, lui dit Natasha Romanoff en se penchant vers lui, effleurant délicatement son front du dos de la main. Rebienvenue parmi nous ! Comment te sens-tu ? Tu m'as l'air encore un peu chaud…
— Que… qui… où est Tony ? balbutia l'adolescent.
— Il arrivera bientôt. Il se repose un peu.
— T-Tony… je voudrais voir Tony, murmura-t-il, haïssant aussitôt les trémolos qui agitaient sa voix.
Natasha lui adressa un sourire compréhensif.
— Ne t'en fais pas, Peter. Il ne va pas tarder. En attendant, on est là, okay ?
Et elle lui adressa un clin d'œil qui lui fit l'effet d'avoir avalé un avion en papier. Avec des réacteurs en guimauve.
Maintenant qu'elle était proche de lui, il pouvait admirer à loisir la teinte envoûtante de ses iris, la beauté de ses traits, l'harmonie mâtinée de puissance qui émanait d'elle. Il ne put s'empêcher d'en rougir légèrement, mais elle ne l'interpréta pas ainsi :
— Mmhh… tu es définitivement encore fiévreux. Est-ce que tu veux reprendre un de ces cachets que t'a apporté Tony ?
— N-non… ils… ils m'embrouillent un peu les pensées, prétendit-il en détournant le regard.
— Tu sais, je ne pense pas que Tony s'attende à ce que tu écrives une thèse. Pas dans ton état, plaisanta Natasha. Ce n'est pas grave si tes pensées sont un peu emmêlées, personne ne t'en voudra.
— Non, je vous assure…
— Prends le médicament, petit, dit une autre voix, et Peter s'aperçut alors que Clint Barton était également dans la pièce, l'épaule appuyée contre le mur qui faisait face au lit de Tony et les bras croisés.
L'adolescent rougit de plus belle — sauf que cette fois-ci, le magnétisme de Black Widow n'y était pour rien.
— Tu ne veux pas le laisser un peu tranquille ? plaida Natasha, mais Clint secoua la tête :
— Désolé, mais ces yeux de chaton perdu ne marchent pas sur moi. Donne-lui son médicament ou je m'en charge.
— Je n'ai pas des yeux de chaton perdu ! protesta Peter.
Il fut persuadé d'entendre Natasha étouffer un rire alors qu'elle l'aidait à se redresser et à s'appuyer contre les oreillers moelleux de Tony.
— J'ai presque quinze ans, se sentit-il obligé de se justifier en attrapant le cachet et le verre de jus de fruits que lui tendait Natasha.
Il ajouta d'un air buté :
— Je ne suis pas un chaton.
— Okay, Peter. Tu n'es pas un chaton. Prends ton médicament, maintenant.
Le cachet glissa difficilement dans sa gorge ; il fut obligé d'ingurgiter l'intégralité de son verre pour se débarrasser de la sensation d'un poids dans son œsophage. Lorsqu'il eut terminé, Natasha reprit le verre et lui adressa un doux sourire qui lui donna très chaud.
Bien décidé à ne pas finir écarlate, Peter décida de concentrer son regard sur Clint Barton, qui braquait sur lui ses yeux bleu perçant. Sans son arc et son carquois, il semblait curieusement petit.
— Vous n'avez plus vos flèches ? ne put s'empêcher de lui demander Peter.
L'homme esquissa un sourire en coin.
— Non. Tony n'était pas très à l'aise à l'idée que des personnes armées jusqu'aux dents se trouvent dans la même pièce que son fils. Ça peut se comprendre.
— Oh… c'est dommage, elles étaient vraiment impressionnantes.
Le sourire de Clint s'élargit.
— Vraiment ?
Peter hocha vigoureusement de la tête :
— J'aimerais trop savoir me servir d'un arc, moi aussi. Dans les films, ce sont toujours les personnages les plus badass qui savent tirer des flèches. Katniss… Daryl… Legolas ! J'adoooore Legolas !
— Ça ne m'étonne pas, pouffa Clint. Tu voudrais que je t'apprenne ?
Les yeux de Peter s'écarquillèrent comme des soucoupes. L'espace d'un clignement d'œil, il n'aurait su dire si les battements effrénés de son cœur étaient dus à la fièvre ou à la joie que lui inspirait la proposition du héros.
— V-vous… voudriez bien ? Woaaw, ce serait génial ! Quand je saurai tirer à l'arc, je m'habillerai en vert et j'enverrai des flèches sur les méchants et ensuite, je prendrai tout leur argent et je le donnerai aux gens qui en ont besoin !
— Voilà un joli programme, Robin des Bois. Tu devrais en toucher deux mots à ton père. Tony trouverait sûrement ça très intéressant.
— Vous croyez ?!
— Absolument, dirent Natasha et Clint à l'unisson.
Peter sourit rêveusement. Il fixa brièvement la fermeture éclair de la combinaison de Natasha, puis fut soudainement frappé par une pensée :
— Tony… je veux dire mon p-père… (Le mot avait une texture étrange sur sa langue.) Il vous a vraiment dit que j'étais son fils ?
— Tu étais là, Peter, dit Natasha avec une gentillesse qui ne dissimula pas son inquiétude. Tu ne t'en souviens pas ?
— Je… euh… non. P-pourquoi est-ce que je ne m'en souviens pas ?
Il s'agita, perturbé.
— Comment est-ce que je peux avoir oublié une chose pareille ?!
— Ne t'en fais pas, le coupa Natasha d'une voix douce. Ce n'est pas grave. Moi non plus, je ne me souviens pas de la moitié de ce que Tony peut raconter.
— Mais…
— Hey, tout va bien, Peter. Pourquoi ne te reposerais-tu pas encore un peu ? Histoire de laisser au médicament le temps de faire baisser ta fièvre ?
— Nous, on ne bouge pas d'ici, lui assura Clint.
Peter voulut protester, mais ses paupières étaient de plus en plus lourdes. Ce devait être la faute au cachet… Mmh, il n'aimait pas la façon dont ses propres pensées lui échappaient, comme si une bourrasque avait soufflé dans son esprit, déliant les connexions qui se faisaient entre ses neurones…
— Ferme les yeux, dit Natasha en cueillant très délicatement sa joue. Ne pense à rien, trésor.
— Ou pense à toutes les filles que tu impressionneras, quand je t'aurais appris à te servir d'un arc les yeux bandés, proposa Clint.
— Mmhh… pas sûr que ça impressionne… MJ…
— Qui ça ? demanda aussitôt Natasha, mais il n'avait déjà plus la force d'articuler.
— M… fut tout ce qu'il parvint à émettre avant de sombrer dans le sommeil.
⁂
Il eut l'impression de n'avoir dormi qu'une minute.
Il avait chaud. Très chaud. Trop chaud. Il se sentait étrange, un peu fébrile. Des perles de sueur roulaient sur ses tempes.
— … d'aller se faire voir, disait quelqu'un non loin de lui. Il n'a qu'à trouver quelqu'un d'autre pour ses foutues missions.
— Si tu l'envoies promener, il risque de mettre son nez dans tes affaires et je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée qu'il découvre l'existence de Peter.
— Je sais, soupira la première voix, qu'il identifia comme étant celle de Tony. A ton avis, pourquoi est-ce que je ne crie pas sur tous les toits que mon enfant vit ici ?
Une désagréable sensation de malaise fourrageait sournoisement dans son estomac. Avant d'avoir pu s'en empêcher, Peter laissa échapper un bref gémissement de détresse.
Les voix se turent aussitôt et il crut sentir une main frôler son visage.
— Pete ? Tu nous entends ?
Il n'osa pas répondre. Il ferma les paupières plus fort, inspirant profondément dans l'espoir de faire disparaître la nausée qui s'épanouissait dans sa gorge et lui donnait l'impression d'être prisonnier de la cale d'un navire en pleine tempête.
— Hey, hey, non, ouvre les yeux, demanda Tony avant un certain empressement.
Il s'exécuta difficilement, avalant désespérément de grandes gorgées d'air — mais c'était inutile ; la salive commençait à s'accumuler au fond de sa bouche, il y avait un goût acide qui chatouillait sa langue.
Oh non, non, non. Tout, mais pas ça.
— T-toilettes, parvint-il à baragouiner entre deux inspirations saccadées.
— Je ne crois pas que… commença Tony, mais Peter ne l'écouta pas et repoussa ses draps.
Malheureusement, il n'eut pas le temps de se rendre dans la salle de bain — ni même de se relever. Il vomit soudainement, régurgitant violemment quelque chose qui ressemblait à du jus d'ananas agrémenté de grumeaux poisseux sur les genoux de Tony qui exécuta un bon en arrière, le visage livide.
C'était horrible. Son œsophage le brûlait, l'acidité incendiait sa bouche et, à son grand désarroi, des larmes ne tardèrent pas à dévaler ses joues.
— Shhh, tout va bien, fiston, dit une autre voix, et Peter vit Steve Rogers contourner Tony pour se mettre à sa hauteur et poser une main ferme, rassurante, contre son dos.
Peter voulut s'excuser, mais un nouveau haut-le-cœur l'interrompit et de la bile coula sur son menton. Un sanglot de désespoir fit tressauter sa poitrine.
— Tout va bien, répéta M. Rogers en jetant un regard en coin à Tony. N'est-ce pas, Tony ?… Tony !
Tony sursauta à nouveau et parut reprendre ses esprits.
— O-oui… oui, bien sûr, balbutia-t-il précipitamment. Tout va bien, Pete, ne pleure pas.
Sa main rejoignit celle de Steve, exécutant de légères pressions contre son dos.
— J-je suis désolé, parvint à articuler Peter, s'essuyant la bouche d'une main tremblante. Je ne voulais pas… je vais nettoyer…
— Ne t'en fais pas, petit. J'ai déjà vu pire. Je déjà fait pire, lui assura Tony.
— Je vais chercher Bruce, il trouvera sûrement quelque chose pour l'aider, dit Steve.
— Je suis désolé, répéta piteusement Peter après son départ. Je ne voulais pas vous vomir dessus…
— Je sais, dit Tony d'une voix douce. Mais crois-moi, ce n'est rien. Allons nettoyer tout ça, okay ?
Il l'aida à se relever et l'emmena jusqu'à la salle de bain, où il le força à s'asseoir au bord de la baignoire. Là, il l'aida à se débarrasser de son pyjama constellé d'éclaboussures de vomi, puis à se débarbouiller à l'aide d'un gant trempé dans de l'eau chaude et du savon. Il lui brossa également les cheveux à l'aide d'un peigne sur lequel il avait déposé une touche de shampoing, démêlant chacune de ses boucles châtain avec patience et virtuosité.
C'était la première fois que quelqu'un prenait soin de lui alors qu'il était malade et Peter fut surpris de n'en éprouver aucune honte. En réalité, il était trop faible, trop fatigué pour se soucier du regard que son père posait sur lui et il se laissa manipuler comme une poupée de chiffon, accordant toute sa confiance aux gestes habiles qu'exécutait Tony.
— Merci, souffla-t-il après qu'il l'eût aidé à enfiler un t-shirt propre aux couleurs d'Iron Man.
— Tu n'as aucune raison de me remercier, répliqua son père en inspectant ses cheveux. Mmh, tu me sembles propre. Attends-moi ici pendant que j'enfile d'autres vêtement et que je change les draps, okay ?
— Okay, pa… euh, Tony, se rattrapa de justesse Peter.
Une étrange expression traversa le visage de Tony mais il garda la bouche close, se contentant de hocher la tête.
Lorsqu'il revint le chercher, Peter n'aurait su dire combien de temps s'était écoulé. Son esprit avait dérivé, il pensait au lycée, à Flash et à Spider-Man, sans avoir véritablement conscience des liens qu'il tissait entre ces trois sujets. Tony passa le bras autour de ses épaules et le guida jusqu'à la chambre où les attendait Bruce Banner, installé dans le fauteuil près du lit.
— Alors comme ça, tu as un fils, To… commença-t-il, mais il s'interrompit net en voyant Peter.
— Hey, M. Banner, dit Peter en essayant d'adresser un sourire au docteur. J-je, euh, je suis super content de vous revoir ! Vous allez bien ?
Les yeux de l'homme s'écarquillèrent.
— T-tu… tu…
Il jeta un regard autour de lui, comme s'il vérifiait qu'ils étaient bien seuls. Peter l'imita et constata que Steve, Natasha, Clint, Wanda et Vision avaient disparus.
— Tu es Spider-Man, dit-il finalement.
— Euh… oui ?
Mais ce n'était pas lui que Bruce fixait d'un air mi-incrédule, mi-indigné.
— Tony, ton fils est Spider-Man !
— Je sais, Brucie. Mon fils est Spider-Man et, surtout, mon fils est malade depuis deux jours, sa fièvre refuse de baisser et j'aimerais savoir si tu voudrais bien l'examiner… s'il te plaît.
— Spider-Man, répéta Bruce. Bon Dieu, Tony. Est-ce qu'il faut comprendre que tu laisses ton FILS se battre dans les rues de New-York dans un costume qui ne résiste pas aux coups de couteau ?
— Nuance : j'ai amélioré son costume, on ne devrait plus être capable de le découper aussi facilement. Et pour ma défense, je lui avais interdit de prendre le moindre risque. Assieds-toi, Peter, le docteur va t'examiner.
L'adolescent obéit, ne sachant pas vraiment s'il devait intervenir dans l'échange qui s'était amorcé entre son père et M. Banner.
— C'est pour ça que tu voulais que je m'occupe de son dossier médical, énonça lentement ce dernier.
— Bien vu, répondit Tony en levant les yeux au ciel. Tu as d'autres évidences à m'annoncer, ou tu peux t'occuper de lui ?
— Tu aurais dû me dire que Spider-Man était ton fils. Est-ce que les autres sont au courant ?
— Non, grimaça Tony, et je préférerais que les choses restent ainsi.
— Pourquoi ?
— Tu as déjà entendu parler d'identité secrète, Brucie ?
— Ça ne me dérangerait pas, s'ils l'apprenaient, intervint timidement Peter. Je ne pense pas qu'ils le répéteraient à qui que ce soit.
— Non, répéta fermement Tony. Je ne veux pas qu'ils le sachent, et ce n'est pas négociable.
— Très bien, soupira Bruce.
Le docteur se pencha vers Peter et vrilla une petite lumière sur son visage. Peter plissa aussitôt les paupières, incommodé.
— Je sais que ce n'est pas agréable mais essaie de me regarder, Peter, ordonna-t-il gentiment.
Il inspecta scrupuleusement ses pupilles, puis dirigea sa petite lumière au fond de ses oreilles et dans sa gorge, avant d'écouter les battements de son cœur et de reprendre sa température. Lorsqu'il eut terminé, il lui sourit d'un air rassurant et pressa gentiment son épaule.
— Okay, Peter. Il n'y a rien d'alarmant, on dirait que tu as attrapé une sorte de grippe un peu agressive et que tes défenses immunitaires ne sont pas au top de leur forme. Est-ce que tu aurais vécu quelque chose d'un peu… intense, ces derniers temps ? Un super méchant qui t'aurait attaqué ? Un mauvais coup que tu aurais reçu ? Quelqu'un qui se serait montré particulièrement virulent contre toi ?
Peter songea d'abord à Flash mais, très rapidement, le visage de son camarade fut remplacé par l'image de la baie de New-York et de la femme que Captain America avait sauvé de justesse de la noyade. Si ses souvenirs étaient exacts, lui-même avait manqué de peu d'ingurgiter de l'eau et il se souvenait à la perfection des frissons qui avaient dévoré son épiderme après avoir été tiré des flots glacés, tout comme du froid qui s'était immiscé jusqu'à ses os.
Ses yeux se tournèrent instinctivement vers Tony qui le contemplait avec inquiétude, les sourcils froncés.
— Non, se força-t-il à dire d'une voix détachée. Il ne s'est rien passé du tout.
— Tu es sûr ? insista Bruce.
— Sûr et certain, lui assura l'adolescent.
— Il dit la vérité. S'il s'était passé quelque chose, Karen me l'aurait rapporté, intervint Tony.
Il semblait toutefois soulagé de sa réponse. Une pointe de culpabilité remua dans la poitrine de l'adolescent.
— D'accord, concéda Bruce. Le mieux, Peter, serait que tu continues de te reposer ; pendant ce temps, Tony et moi allons finir de synthétiser des médicaments qui seront parfaitement adaptés à ton métabolisme et permettront de faire baisser ta température. Toi, tu dois seulement te détendre. Pas de lycée, pas de stress, pas de Spider-Man pendant quelques jours, et la fièvre devrait se résorber d'elle-même. D'accord ?
— Mais… commença Peter.
— C'est noté, coupa Tony. Tu as entendu le docteur, bambino. Repose-toi, les adultes prennent les choses en main.
Peter n'eut pas la force de protester. Il ferma les paupières et se blottit contre ses oreillers, ramenant ses genoux contre sa poitrine et les enlaçant pour apaiser les frissons glacés qui l'agitaient.
— Je reviens vite, souffla Tony en bordant son lit.
— Mmhh… Natasha sera là, elle aussi ? demanda rêveusement Peter sans ouvrir les yeux.
— Quoi ? Ça fait une heure que tu les connais, et tu préfères déjà mes collègues ?
Peter rit discrètement dans son oreiller.
— … Je suppose que je ne peux pas lutter contre Black Widow, admit finalement Tony, mais Peter fut persuadé de l'entendre rire aussi. Dors bien, adolescent ingrat.
⁂
Après cela, Peter tâcha d'obéir aux préconisations de M. Banner et de se reposer. Il n'était jamais totalement seul ; il y avait toujours un Avenger à son chevet, les lèvres souvent bordées de blagues qui le faisait rire aux éclats dans son verre de jus d'orange. D'autres semblaient plus embarrassés, n'ayant visiblement aucune idée de la façon dont s'occuper de lui, mais leur présence avait toujours quelque chose de rassurant et bientôt, Peter les appela tous par leur prénom.
Clint lui montra ses flèches, lui faisant promettre de ne pas répéter à Tony qu'il les avait apportées dans sa chambre. Peter fut fasciné par leur légèreté, leur robustesse, la finesse de leur pointe. Wanda et lui regardèrent des dessins animés en grignotant des céréales, bataillant l'un contre l'autre pour décider du programme (Wanda adorait les Totally Spies). Natasha lui raconta d'incroyables histoires d'espionnage, Steve obtint de Tony d'installer une Switch dans sa chambre pour jouer à Mario avec lui et même Sam Wilson vint lui tenir compagnie, lui montrant son costume et lui promettant de l'emmener faire un tour dans les airs dès qu'il irait mieux.
Il fut encore malade, vomit plusieurs fois sur la combinaison de Natasha ou les chaussures de Clint, mais personne ne sembla lui en tenir rigueur. Avec une patience infinie, ils passaient une serviette imbibée d'eau tiède sur son visage, l'aidaient à se rincer la bouche, le forçaient à avaler un bol de soupe et vérifiaient qu'il prenait scrupuleusement ses cachets, sans jamais se moquer de lui ou le juger.
Une nuit, il eut un nouveau pic de fièvre si intense qu'il ne reconnut plus son environnement et fut saisi d'un brusque accès de panique.
— Je n'aime pas ici… je veux retourner à la maison… me laisse pas… bredouilla-t-il à une Natasha qui, les yeux étrangement humides, le serra maladroitement contre elle en lui promettant que personne ne comptait l'abandonner.
— Tu n'iras nul part, lui murmura-t-elle avec un mince sourire. Pas question qu'on laisse partir notre Stark préféré !
Son seul regret, depuis que les Avengers connaissaient son existence, était qu'il voyait beaucoup moins Tony. Il essayait de se convaincre qu'il devait être très occupé, mais il commençait à prendre peur qu'il ne décide de le laisser définitivement à l'un de ses amis. Peter adorait les Avengers, mais ce n'était pas la même chose. Ils étaient davantage comme des frères et sœurs, comme avait pu l'être Gwen.
Tony était son père.
Et puis Tony était la raison pour laquelle il étaient si gentils avec lui. Sans le sang qui coulait dans ses veines, ils ne lui auraient même pas accordé un regard.
Tony non plus, tu en as conscience ? susurrait une voix pernicieuse au fond de son esprit, mais il s'efforçait de l'ignorer.
⁂
Il finit par être totalement rétabli et Bruce donna son feu vert pour qu'il recommence à patrouiller. Tony était réticent à l'idée de le laisser récupérer son costume, mais Peter lui assura qu'il ne risquait rien.
— De toute façon, au moindre pépin, Karen te le dira, non ? prétendit Peter d'un ton léger. Je sais que tu as mis plein de programmes d'espionnage dans mon costume.
— Des programmes de sécurité, corrigea Tony.
— Je ne vois pas la différence.
— Oh, je suis sûr que tu n'auras aucun problème à la découvrir si un jour, toi aussi, tu as un enfant.
Retourner au lycée fut une autre épreuve.
Son absence n'avait pas échappé à ses camarades ; malheureusement, si Ned et MJ parurent sincèrement heureux et soulagés de le retrouver, ce ne fut pas le cas de tout le monde.
— Alors, déjà rentré de chez les fous ? Ils ont bien voulu te laisser partir ? Ça n'a pas dû être facile… oublie surtout pas tes petits cachets, on voudrait pas que tu te mettes à nous baver dessus !
— Ne les écoute pas, murmura MJ en fusillant Flash du regard. Tu connais l'adage : l'indifférence est le plus grand des mépris.
Peter aurait aimé être capable de faire preuve d'une telle force d'esprit, mais il était difficile d'ignorer les moqueries qui se répandaient sur son passage. Durant son absence, Flash avait fait courir la rumeur selon laquelle il avait été interné dans un hôpital psychiatrique, et cette perspective avait beaucoup amusé les autres élèves.
— Même si ça avait été le cas, des tonnes de gens biens se retrouvent dans ce genre d'endroit, insista MJ. Ne fais pas attention à lui, il cherche seulement à te faire sortir de tes gonds.
Malgré le soutien de ses amis, Peter éprouvait toujours un profond soulagement en quittant le lycée pour patrouiller ou retourner à la Tour des Avengers.
⁂
— Est-ce que je peux te parler, Pete ?
Ce soir-là, Peter avait décidé de mettre momentanément son costume au placard pour se pencher sur ses exercices de maths. Il s'était toutefois aperçu qu'il était beaucoup plus simple de dessiner des carrés et des ronds dans la marge, les pensées envahies par les moqueries de Flash, plutôt que de résoudre ses équations.
— Planète Pete ?
La mine de son crayon se cassa et il releva le nez vers l'entrée de sa chambre, où se tenait un Tony Stark qui semblait curieusement embarrassé.
— Hey. Je t'ai ramené des Doritos au fromage. Attrape, dit-il en lui balançant le paquet.
Celui-ci atterrit sur le front de Peter qui sursauta. Tony esquissa un léger rictus.
— Où sont passés tes réflexes, Spider-Kid ?
— Ils ne sont pas programmés pour les chips, grommela Peter en passant la main sur son front.
Il ramassa tout de même le paquet et l'ouvrit de bon cœur. Les Doritos étaient ses chips préférées et il était touché que Tony s'en soit souvenu.
L'homme attendit qu'il en mette une pleine poignée dans sa bouche pour continuer, le visage étrangement impassible :
— J'ai quelque chose à te dire. J'aurais préféré éviter, mais, euh... Enfin voilà, j'ai un rendez-vous professionnel, bientôt. Horriblement ennuyeux. De quoi se taper la tête contre un mur. Ou vouloir s'étrangler avec sa propre cravate. C'est au Canada, il y aura tous les gros bonnets du coin. J'ai tout fait pour y échapper, tu peux me croire. Me faire porter pâle, prétendre une allergie pour les avions, une soudaine aversion pour les tables rondes et les chaises à roulettes, etc etc, mais rien n'a marché. Et bien sûr, Pepper ne peut pas me remplacer, elle a ce vieil oncle qui est en train de passer l'arme à gauche et, enfin, bref, son excuse est beaucoup plus valable que toutes celles que je pourrais inventer. Donc… ahem… est-ce que ça te dérangerait d'être seul pendant une semaine, pendant que je serai là-bas ?
Il fallut plusieurs secondes à Peter pour comprendre ce que venait de lui dire Tony.
— Seul ? répéta-t-il finalement, la bouche pleine de Doritos pâteux et salés. (Il déglutit difficilement.) Seul ici ?
— Pas exactement seul, se reprit aussitôt Tony. Nat et Steve devraient traîner dans le coin. Bruce aussi. Tu serais sous leur surveillance étroite et responsable. Je ne serai juste plus là pour vous forcer à éteindre la lumière quand vous jouez avec cet espèce de plombier moustachu à deux heures du matin.
— Tu devrais vraiment essayer Mario, protesta Peter. D'après Steve, c'est la meilleure invention du vingt et unième siècle !
La bouche de Tony fut parcourut d'un frémissement, dessinant une sorte de ligne à mi-chemin entre sourire et grimace sur le bas de son visage.
— Mmh mmh. Et tout ce que dit Rogers est parole d'évangile, j'en suis sûr. Pas comme ce que je peux bien raconter. Enfin bref, ça ne te dérange pas ?
Peter hésita. La perspective d'une semaine complète sous la surveillance des Avengers avait quelque chose d'à la fois tentant et légèrement angoissant. Il avait l'impression d'avoir tout juste retrouvé une famille… Et si tout s'envolait en éclats, en l'absence de Tony ?
Et si Tony ne revenait pas ? S'il en profitait pour le laisser définitivement entre les mains de ses amis ?
— Pete ? Tu es toujours avec moi ?
— J-je… il n'y a aucun problème, se força à dire l'adolescent en souriant. Je serai sage comme une image ! L'enfant idéal !
— Je n'en doute pas, répondit Tony avec quelque chose, semblait-il, qui s'apparentait à de la tendresse. Nat et les autres n'auront pas à se plaindre. Mais…
Ses traits redevinrent lisses, son visage recouvra sa sévérité initiale. Peter sut ce qu'il allait dire avant même qu'il n'ouvre la bouche :
— … ils ne savent pas pour Spider-Man et je veux que les choses restent comme ça. Alors pendant cette semaine, comme je ne serai plus là pour te surveiller, je ne veux pas que tu patrouilles. Tu rentres directement du lycée et tu ne ressors plus de la Tour, sauf si c'est pour voir tes amis sous la supervision avisée d'un adulte et en ayant au préalable prévenu Happy. Compris ?
— Mais M. Stark, c'est injuste !
Les commissures de ses lèvres eurent un nouveau frémissement qui ressemblait furieusement à un tic nerveux.
— Oh, je ne suis plus Tony ?
— Il ne risque pas de m'arriver quoi que ce soit ! Karen ne t'a rien signalé, dernièrement, non ? C'est parce que je gère ! Il ne se passera rien !
— Et tout le monde sait que les accidents préviennent toujours de leur arrivée en envoyant une carte postale.
— Mais…
Tony leva la main pour l'interrompre.
— Non, Pete. Tu sors déjà d'une mauvaise maladie, c'est à peine si tu as repris du poids et des couleurs, il est hors de question que je rentre pour te retrouver cloué dans un lit d'hôpital. Alors pas de Spider-Man. New-York n'en mourra pas. Et toi, tu n'aurais qu'à en profiter pour sortir un peu avec tes petits copains. Nat m'a parlé de cette fille… MJ, c'est ça ? Tu n'auras qu'à l'inviter au cinéma. Tu verras, les soirées passent beaucoup plus vite quand on est bien accompagnés.
— Mais…
Les mots s'évanouirent dans sa gorge, chassés par une vague d'indignation .
Une semaine sans Spider-Man. Une semaine à supporter les ricanements de Flash sans pouvoir se réfugier sur les toits de New-York, une semaine à n'être que Peter Parker le loser, à devoir se regarder dans une glace pour ne voir, dans son reflet, que l'adolescent faible et inutile qu'il était et dont personne ne voulait...
Depuis que sa fièvre s'était envolée, il avait à peine eu le temps de re-goûter aux joies de son alter-ego héroïque — et voilà que, déjà, son propre père voulait le lui arracher…
Il voulut protester, dire à Tony qu'il n'en avait pas le droit, qu'il était Spider-Man, qu'il ne pouvait pas le lui retirer, mais l'homme semblait totalement hermétique à son désespoir.
— Cette conversation est close. Finis tes Doritos avant qu'ils ramollissent.
Peter était toujours révolté, mais il savait que Tony ne changerait pas d'avis. Il fit éclater une chips sous sa dent avec une certaine colère qui n'échappa pas à son père.
— Tu peux continuer de me jeter ce regard noir, ça ne changera rien. Si tu me désobéis, je le saurai, petit, dit-il, avant de repartir en prenant soin de laisser la porte entrouverte derrière lui.
Ça, ce n'est pas sûr, songea Peter en se relevant pour la faire claquer.
