Coucou, devinez qui c'est ?

Un jour je ralentirai sur les chapitres, mais en attendant, impossible de m'arrêter une fois que j'ai commencé à écrire !

J'espère que ce chapitre vous plaira ! Pour les besoins de la production, il me fallait la date de naissance de Peter donc j'ai repris celle des films, d'où le fait qu'on soit un peu dans le passé !

Je ne dis plus rien pour la suite et vous souhaite une très bonne lecture !


— Tony me déteste, hein ?

Bruce essaya d'adopter un air compatissant, mais Peter fut persuadé que c'était de la pitié qui brillait au fond de ses prunelles.

— Il ne te détestera jamais, Peter. Essaie de ne pas bouger, s'il te plaît.

— Il était vraiment très en colère contre moi. Je ne sais pas s'il me pardonnera. Il disait qu'il avait confiance en moi, et moi, j'ai vraiment tout gâch… outch !

— Désolé, Peter, mais c'est important que tu restes tranquille.

Penché au-dessus de lui, Bruce Banner s'attelait à recoudre la plaie qui pulsait douloureusement sur son front. Ses gestes étaient doux et précautionneux, mais Peter détestait sentir l'aiguille s'enfoncer dans sa peau. Il avait la désagréable impression d'être une poupée vaudou.

— J'ai presque fini. Encore quelques secondes… et voilà, tu es comme neuf ! Tu risques d'avoir un œil au beurre noir demain, mais, ahem, je suppose que tu n'auras qu'à dire que l'autre gars est en encore plus mauvais état que toi.

Peter ne trouva pas la force de lui sourire. Il se sentait vide, tout son corps l'élançait et, pire que tout, la boule invisible qui obstruait sa gorge refusait de s'en aller. A sa grande horreur, il sentit les larmes s'accumuler sur ses cils et tenta de les essuyer discrètement, mais son geste n'échappa pas à l'œil aiguisé du docteur.

— Hey, Peter…

Sa main effleura sa joue, douce et légère, quoi qu'empreinte d'hésitation.

— Ça va aller. Tu as fait très peur à Tony, c'est pour ça qu'il a réagi comme ça, mais ça lui passera. Toi, tu dois surtout te soucier de te reposer pour que tes plaies cicatrisent plus vite, d'accord ?

Peter s'efforça de hocher la tête. Un léger sanglot fit toutefois tressauter sa gorge, ce qui alarma aussitôt Bruce.

— Tu as encore mal quelque part ?

— N-non, murmura-t-il.

— Tu es sûr ? Pas de migraine ? De sensation de vertiges ?

— Non.

C'était un mensonge, mais il ne voulait plus de tests ni d'examens médicaux. Il voulait seulement s'endormir et, en se réveillant, réaliser que tout cela n'avait été qu'un mauvais rêve. Que Gwen n'avait jamais été kidnappée, qu'il n'avait pas manqué de se faire assommer par un extra-terrestre, que son costume ne lui avait pas été retiré.

Qu'il n'avait pas brisé le fragile lien qui l'unissait à son père.

— Est-ce que tu veux passer la nuit ici ? Tu n'es pas obligé, mais tu as peut-être envie d'un peu de tranquillité…

Peter secoua aussitôt la tête. L'idée de rester seul dans une chambre d'hôpital ne faisait qu'attiser son envie de pleurer.

— D'accord, dit doucement Bruce. Dans ce cas, tu pourras y aller dès que tu auras pris ce cachet. Ne t'en fais pas, ce n'est qu'un peu d'aspirine. Je vais dire à ton père que tout est okay.

De retour dans sa chambre, Peter se dépêcha de se glisser sous sa couette et de se blottir contre son oreiller. Sa migraine s'étant transformée en battement lointain, lancinant. Il ferma les yeux et pria pour ne pas faire de rêves.

Son souhait fut exaucé. Lorsqu'il rouvrit les yeux, il ne conservait aucun souvenir des dernières heures. Une lumière grisâtre se frayait un passage à travers les rideaux, dessinant des arabesques argentées sur le plafond et les murs. C'était une journée morne et pluvieuse, parfaitement accordée à l'humeur de Peter.

Devant son placard, la seule vision des t-shirts que lui avait offert Tony lui donnèrent envie de pleurer. Après avoir attrapé un jean et un sweat-shirt qu'il possédait déjà avant d'emménager à la Tour, il prit une douche rapide et se rendit dans la cuisine, le cœur gonflé d'appréhension. Il redoutait sa prochaine confrontation avec son père, tout comme il ne pouvait s'empêcher de la rechercher, espérant confusément que sa colère de la veille se serait tarie, qu'il lui pardonne ses mensonges et que tout redevienne comme avant.

Mais Tony n'était pas là. Il n'y avait que Natasha et Clint, chacun posté derrière une tasse de café qu'ils sirotaient en grignotant de petits gâteaux au beurre de cacahuète. Lorsqu'ils le virent, ils affichèrent une étrange expression, à mi-chemin entre frustration et soulagement.

— Hey, Spider-Kid, dit Natasha en se décalant pour lui faire de la place à côté d'elle. Comment vas-tu ?

— Tu as passé une bonne soirée ? ajouta Clint avec un petit rictus indéchiffrable.

L'adolescent rougit jusqu'aux oreilles.

— Nat, Clint, j-je… euh, je suis vraiment désolé de m'être enfui, hier soi… attends, comment est-ce que tu m'as appelé ?!

— Spider-Kid, répéta Natasha sans parvenir à dissimuler son sourire. C'est ce que tu es, non ? Une petite araignée rusée ?

Les yeux de l'adolescent s'écarquillèrent de stupeur.

— Alors… vous êtes au courant que je suis Spider-Man ?!

— Effectivement, Tony nous a révélé ton petit secret. Pas d'inquiétude : avec nous, il est bien gardé, dit Clint en lui décochant un clin d'œil. Même si je suis très vexé que tu ne nous en aies pas parlé plus tôt. C'est super cool, ce que tu arrives à faire avec ces pouvoirs !

— J-je… euh, je suis désolé, Tony ne voulait pas que…

— Ne l'écoute pas, Pete, l'interrompit Natasha en levant les yeux au ciel. Personne ne t'en veut d'avoir gardé ton secret pour toi, et nous comprenons très bien les raisons qui ont poussé Tony à nous le cacher.

— C'est vrai, admit Clint. Mais tu aurais quand même pu nous prévenir, pour hier soir. Tu aurais évité à Nat de sacrés cheveux blancs. Si tu avais vu sa tête, quand elle a réalisé que tu nous avais filé entre les doigts…

L'héroïne roula exagérément des yeux. Malgré son embarras et la chaleur qui s'attardait sur ses joues, Peter ne put s'empêcher de rire.

Clint eut à son tour un sourire indulgent :

— Pour être transparents avec toi, on avait prévu un petit speech pour te faire la morale, te rappeler que ce n'était pas une idée particulièrement brillante de t'enfuir par la fenêtre sans prévenir le moindre adulte, mais je pense qu'on peut directement passer à la conclusion, c'est à dire : tu as fait une bêtise, on sait que tu le regrettes et on te fait confiance pour ne jamais recommencer.

— Tout à fait, approuva Natasha avec douceur. Je pense que chacun d'entre nous aurait fait bien pire, si nous avions ton âge et tes pouvoirs.

Puis, l'inquiétude ombrant ses prunelles claires :

— Comment te sens-tu ? Tu as une petite mine.

— Ce qui est une façon très polie de dire que tu as une tête horrible, mon pote. Tu ne veux pas rester à la Tour, aujourd'hui ? Tu dois avoir eu suffisamment d'émotions pour les prochaines vingt-quatre heures, pas la peine d'y ajouter des cours barbants avec des profs dix fois plus barbants que Nat et moi.

Peter s'empressa de protester, mais ni l'un ni l'autre ne semblèrent convaincus.

— On devrait demander à ton père, approuva Natasha. Fri, pourrais-tu appeler Tony ?

— Je vous mets en contact, répondit l'IA.

Peter ne put s'empêcher de se crisper lorsque la voix de son père résonna contre les murs carrelés de la cuisine.

— Nat, Clint, qu'y a-t-il ? Peter n'est pas encore sorti de sa chambre ?

Peter crut déceler de l'inquiétude derrière l'ennui qui mâtinait la voix de son père, et en conçut une pointe d'espoir.

— Euh… si, justement, répondit Clint. Et on se disait, Nat et moi, qu'il n'avait pas l'air au meilleur de sa forme. Pourquoi ne resterait-il pas à la Tour, aujourd'hui ?

— Il a un bleu de la taille d'un œuf de poule sur le front, ajouta Natasha.

Il y eut un long moment de silence durant lequel Clint et Natasha adressèrent des sourires rassurants à Peter. Le cœur de l'adolescent s'était remis à battre plus fort, il tambourinait nerveusement la table de la cuisine avec ses ongles, creusant des entailles en forme de demi-lune sur le bois.

— D'après le calendrier, ce n'est ni un jour férié, ni la Saint Peter Parker, alors il ira au lycée, répondit finalement Tony d'une voix froide, irritée, qui donna l'impression à l'adolescent d'avoir avalé un morceau de verre.

— Tony, tu pourrais être un peu indulgent ! Tu n'as jamais raté un jour de cours, toi, quand tu avais son âge ?!

— Non, désolé, toujours pas. Peter a été examiné par Bruce ; s'il se sent mal, rien ne l'empêche de retourner au centre médical. (Peter secoua vivement la tête, horrifié à l'idée d'affronter encore le stéthoscope et les lumières éblouissantes que Bruce semblait prendre un malin plaisir à plonger sans cesse dans ses rétines.) Sinon, il est parfaitement en état d'aller à l'école.

— Enfin, Stark…

— Et à ce que je sache, je ne vous ai pas demandé votre avis sur la question, dit Tony en parlant plus fort pour couvrir la voix de Clint. Si vous n'avez rien d'autre à me dire…

Sans plus de cérémonie, il raccrocha. S'ensuivit un pénible silence que l'on aurait pu couper au couteau.

Au moins, le message était clair : Tony était toujours furieux contre lui. Peter plongea le nez dans son bol de chocolat pour fuir les regards désolés de Natasha et de Clint.

— Désolé, petit, dit finalement celui-ci. On aura essayé, mais ton vieux est vraiment intraitable.

— Il va bien finir par se calmer. Il faudra que Bruce lui rappelle que c'est très mauvais pour la tension, d'être toujours sur les nerfs, ajouta Natasha avec une petite moue agacée.

Tony n'avait jamais autant regretté la sobriété qu'à cet instant, alors qu'il enfonçait son visage entre ses doigts croisés et soupirait bruyamment, accoudé à son bureau de Stark Industries.

Cela faisait cinq bonnes minutes que le téléphone posé près de son écran d'ordinateur sonnait. Irrité, il finit par le débrancher d'un geste sec. De toute façon, plus personne ne se servait de la ligne fixe. Ce devait être un démarcheur. Ou un journaliste. L'un comme l'autre ne lui manqueraient pas.

Il se renfonça dans son siège et inspira profondément pour calmer les battements furieux de son cœur. Il avait oublié à quel point il était épuisant d'être en colère.

La colère n'était pourtant pas le premier sentiment qu'il avait ressenti, lorsqu'il avait découvert la chambre de son fils vide, la veille au soir, et qu'il avait réalisé qu'il s'était débrouillé pour reprogrammer l'IA de son costume. C'était autre chose, un sentiment de vertige glacé qui avait rongé ses entrailles comme de l'acide, lui donnant l'impression qu'il n'avait plus d'organe. Son corps était vide. Un écran blanc et bourdonnant.

Plus tard, il réaliserait que ce qu'il avait ressenti était de la terreur.

Mais sur le coup, il pensait être seulement abasourdi. Son fils lui avait menti. Son fils s'était enfui. Son fils ne lui faisait pas confiance, il avait échoué à lui inculquer l'importance de ce terme, et son fils était désormais en danger — peut-être même était-il déjà blessé, agonisant quelque part dans une ruelle de la capitale, et lui-même n'avait aucun moyen de le retrouver.

Lorsque l'adolescent était retourné dans sa chambre, que Tony avait vu son expression égarée et le sang séché sur son front, l'écran blanc s'était métamorphosé en éclairs rouges.

Lorsqu'il lui avait parlé, il s'était efforcé de mettre le plus de distance possible entre son fils et lui, incapable de faire autrement, de réagir autrement. Il était en colère, déçu, indigné, mais il ne savait pas exactement si ces sentiments étaient principalement dirigés contre Peter ou contre lui-même. De toute façon, le résultat avait été le même : il avait dû punir l'adolescent et maintenant, il y avait un nouveau fossé de la taille d'une montagne entre eux — mais cette fois-ci, ce n'était pas à cause de maladresses ou de traumatismes issus de leur passé respectif. Cette fois-ci, ils s'étaient tous les deux attelés à le creuser.

Pour ce qu'il en savait, Peter devait désormais le détester. A sa place, il savait que c'est ce qu'il aurait éprouvé — ce qui ne faisait qu'exacerber sa frustration.

Son téléphone portable sonna, le ramenant brutalement à la réalité de son bureau. Après avoir juré tout bas, il consentit à décrocher.

— Ah, M. Stark, j'arrive enfin à vous avoir ! Ça fait des heures que j'essaie de vous joindre !

La voix était familière. Tony fronça les sourcils.

— Ravi de savoir qu'au moins l'un de nous deux souhaitait parler à l'autre. Vous êtes… ?

— M. Stacy. George Stacy. L'ancien tuteur de Peter.

Le nom arracha à Tony une grimace :

— C'est drôle. Je me souviens qu'à notre dernier échange, vous m'aviez hurlé que vous ne vouliez plus jamais revoir mon fils.

— Oui, bon…

George Stacy eut le mérite de toussoter d'un air gêné, mais reprit très rapidement :

— C'est de l'histoire ancienne, j'ai probablement surréagi et je m'en excuse. Mais je ne vous appelle pas pour parler de Peter. Je voulais savoir, vous qui connaissiez tous les héros du coin, si par hasard vous ne pourriez pas me mettre en contact avec Spider-Man ?

La grimace de Tony se figea et une alarme s'alluma dans son esprit.

— Spider-Man ? répéta-t-il en se redressant de quelques centimètres sur son siège.

— Ouais, le célèbre homme araignée. Impossible que n'ayez jamais entendu parler de lui, même ma fille le suit sur Instagram.

— Insta… fut tout ce que parvint à articuler Tony, notant immédiatement d'en parler à Peter — avant de se souvenir que son fils et lui étaient en mauvais termes.

— D'ailleurs, c'est à propos de Gwen que je voudrais lui parler. Vous n'êtes probablement pas au courant, mais un fou furieux a enlevé ma fille à la sortie de son lycée, hier. Le temps que j'arrive sur place avec une équipe, Spider-Man l'avait déjà mis hors d'état de nuire et libéré ma Gwen. Saine et sauve, Dieu merci. Je suis immédiatement allé appréhender l'homme, mais lorsque je suis redescendu, Spider-Man avait disparu. Impossible de savoir où il était allé. Et je tenais à le remercier de vive voix. Alors, si vous pouviez m'aider à mettre la main dessus…

— Vous voulez que j'use de mon influence pour retrouver un super-héros, juste pour lui dire merci ? traduisit Tony.

— Il a sauvé ma fille, ma fille unique ! Vous ne feriez pas la même chose que moi, à ma place ?

L'argument lui coupa momentanément la parole, mais il ne réfléchit pas longtemps avant de répondre, probablement plus sèchement qu'il n'aurait dû :

— Navré, M. Stacy, mais je ne pense pas être en mesure de répondre positivement à votre requête. D'après mes dernières informations, Spider-Man est parti en vacances loin de New-York, et personne n'a aucune idée de l'endroit où il est. Ni de quand il reviendra. Pour autant que je sache, il pourrait être en train de se gaver de croissants sous la Tour Eiffel, à l'heure où nous parlons. Ou de siroter des Spritz à Venise.

— Oh… vous êtes sûr, M. Stark ? Je tiens vraiment à lui parler… c'est très, très important pour moi, vous savez…

Rêvait-il, ou décelait-il une intonation menaçante dans la voix du capitaine de la police ?

Tony décida d'écourter la conversation. Après avoir refusé une nouvelle fois d'accéder à sa requête et prononcé machinalement quelques formules de politesse (Pepper aurait été fière de lui), il raccrocha et chercha sur Google comment bloquer un contact avec son nouveau Stark Phone. Il n'avait aucune envie d'entendre à nouveau les jérémiades de l'homme, ni de lui laisser la moindre excuse pour s'approcher de Peter.

Ce soir-là, le dîner fut particulièrement sinistre.

Peter faisait racler la pointe de sa fourchette dans son assiette, fixant sa purée comme si quelqu'un avait craché dedans. Tony, lui, fixait Peter, cherchant la meilleure façon d'amorcer la conversation et regrettant amèrement la présence d'une tierce personne. Si Rhodey ou Natasha avaient été là… ou Clint, ou Steve, n'importe qui, même Wanda et même si cette dernière s'était débrouillée, quelques jours plus tôt, pour réduire sa voiture préférée en bouillie (« un accident », avait-elle affirmé d'un air désolé)… Au moins, la présence d'un Avenger aurait permis de détendre l'atmosphère. Ils aimaient tous beaucoup Peter, et semblaient connaître la formule magique qui permettait de le faire sourire dans n'importe quelle circonstance — mais c'était comme s'ils la gardaient jalousement, refusant de lui communiquer leur secret.

— Ta fourchette ne te sert pas à creuser des trous dans ton assiette, dit-il finalement, faisant sursauter Peter. Mange.

— Je… je n'ai pas très faim, répondit l'adolescent sans lever les yeux de sa purée.

— Je m'en moque. Tu dois manger deux fois plus de calories qu'un humain normal pour fonctionner normalement et je ne veux pas avoir les services sociaux sur le dos, alors mange.

L'adolescent planta avec une certaine raideur sa fourchette dans une boulette de viande. Lorsqu'il la porta à sa bouche, ses yeux étaient curieusement brillants.

— Au fait, j'ai trouvé (totalement par hasard, cela va sans dire) ton petit compte Instagram. Spidey2001. Tu étais obligé, entre tous les pseudos possibles, de mettre ton année de naissance ?

— Spidey était déjà pris, marmonna Peter, refusant toujours de le regarder. Et personne ne sait que c'est à cause de ma date de naissance. Les gens croient que c'est parce que plein de films super cools sont sortis cette année.

— Eh bien tu vas me changer ça tout de suite. Non, mieux : tu vas le mettre sur pause, parce que d'une part, je ne suis pas sûr que ce machin soit autorisé pour les mineurs et d'autre part, tu n'as plus aucune raison de l'alimenter, n'est-ce pas ?

Pour la première fois depuis le début de la soirée, les yeux de Peter se levèrent et affrontèrent les siens. Ils étaient toujours très brillants, mais aucune larme ne coula sur sa joue. Sa voix, toutefois, tremblait légèrement.

— Oui.

— Oui qui ? insista Tony, en se faisant la très désagréable impression de s'être transformé en double de Howard Stark.

— Oui, Tony.

Étrangement, l'utilisation de son prénom insuffla une pointe de culpabilité dans sa poitrine et sa colère s'émoussa.

Le repas se poursuivit dans la mélodie de la purée que l'on mâche et des couverts qui tintent contre la porcelaine des assiettes.

Tony attendit le dessert — de la pastèque qu'il avait refusé de laisser Peter couper, de peur qu'il ne s'entaille le doigt : il tenait son couteau à peu près de la même manière qu'un boucher face à une pièce de viande — avant de demander, l'air de rien :

— Est-ce que George Stacy t'a contacté, aujourd'hui ?

La question prit visiblement Peter de court et, l'espace d'un battement de cils, ses yeux parurent s'assécher.

— Nan… euh, je veux dire, non. I-Il… euh, je crois qu'il me déteste.

Lui aussi, sembla-t-il ajouter silencieusement, mais l'esprit de Tony était focalisé ailleurs :

— S'il te téléphone, ou s'il s'approche de toi d'une façon ou d'une autre, je veux le savoir, okay ? Je n'aime pas beaucoup l'attention qu'il te porte.

— M. Stacy me porte de l'attention ? s'étonna Peter.

— Il s'intéresse à Spider-Man, corrigea Tony. D'ici à ce qu'il fasse le rapprochement avec toi… je ne me trompe pas en affirmant que ta copine est au courant de ta double identité ?

— Oui, mais jamais Gwen ne me trahira !

— Je l'espère pour toi. En tout cas, je ne sais pas ce que Stacy veut réellement à Spider-Man mais on n'est jamais trop prudent, alors s'il cherche à entrer en contact avec toi, dis-le moi. Tu as fini ton assiette ?

Peter hocha la tête.

— Avec des mots, Peter.

L'adolescent leva les yeux au ciel mais répondit tout de même :

— Oui, Tony.

— Dans ce cas, mets-la dans le lave-vaisselle et va te coucher. Il est largement l'heure du couvre-feu.

C'était faux et l'un comme l'autre en avaient parfaitement conscience, mais Peter s'exécuta sans protester. Il semblait profondément soulagé de quitter l'atmosphère étouffante de la cuisine, et Tony ne pouvait pas vraiment le lui reprocher. Sa propre colère s'était apaisée, remplacée par un sentiment poisseux, écœurant, qu'il identifia comme du dégoût — et cette fois-ci, il était sûr qu'il était entièrement dirigé contre lui-même.

Il attendit d'entendre Peter s'enfermer dans sa chambre pour chercher la bouteille de whisky que Pepper lui avait offert à son dernier anniversaire et qui l'attendait dans le buffet, encore intacte.


Et voilà, j'espère que ça vous a plu !

A la base je n'étais pas certaine de switcher sur le point de vue de Tony, mais finalement, j'ai craqué et cet exercice m'a vraiment plu. D'ordinaire, je privilégie Peter car 1) Il reste le personnage autour duquel tourne l'histoire 2) Je trouve Tony bieeeen plus difficile à rendre attachant, mais c'est un personnage que j'adore pourtant écrire, tant il a de failles et de défauts. Pour la suite, on devrait toutefois avoir beaucoup plus de Peter.

J'aurais aimé inclure davantage d'évènements mais le prochain chapitre s'annonce un gros morceau (le "script" sur lequel je me base pour mes chapitres fait 3km mdr), donc il valait mieux séparer.

Sinon, niveau temporalité je sais que je suis restée assez vague (je crois avoir juste placé ça et là qu'on était au printemps) mais sachez qu'on est en juin, et que cela a une importance pour la suite :)

Sur ce petit teaser qui ne tease rien (je sais :D), je vous dis à bientôt !