Résumé: Depuis leur mise au point à leur retour de Colibita et malgré les réticences (de plus en plus faibles) de son vampire, Harry et Severus se rapprochent inexorablement...

Quelques mots en préambule: Les dysfonctionnements du site, depuis plus d'un mois maintenant, deviennent vraiment pénibles à gérer. Outre l'application inaccessible plusieurs jours durant, la panne qui affecte les envois de mails de notification pour les nouveaux chapitres, les MP, les reviews, etc..., le site, même en version web, est parfois complètement planté. Downloader un chapitre ou pouvoir le corriger devient un vrai parcours du combattant. Ceci, ajouté à l'écart qui se réduit entre vous et moi compte tenu de ma vitesse d'écriture, va m'amener à espacer les publications à une tous les quinze jours, en espérant que d'ici là le site fonctionne un peu mieux pour tout le monde.

Quoi qu'il en soit, même si le site venait à planter plus sérieusement, je poursuivrai cette histoire ici ou sur AO3, et je compte bien aller jusqu'au bout de l'écriture. Et malgré tous ces aléas, j'espère que vous resterez fidèles à nos trois personnages favoris... Un grand merci d'ailleurs à tous ceux qui continuent à donner signe de vie malgré ces problèmes! :*

Bonne lecture!

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La semaine s'acheva sur un dernier entraînement le jeudi, puis les fameux matchs caritatifs débutèrent le vendredi soir. Au final, trois équipes avaient été constituées, qui s'affrontaient à tour de rôle avec une victoire finale attribuée si une équipe battait les deux autres, ou en cas d'égalité, au nombre de points des trois matchs.

Bien entendu, Draco et Harry étant tous deux attrapeurs, ils ne jouaient pas dans la même équipe. Draco remporta son match du vendredi soir en attrapant le vif d'or au terme d'une vrille qui donna des sueurs froides à Daphnée pendant une bonne partie de la soirée. Harry remporta le sien le samedi soir en attrapant le vif à son tour mais bien plus sagement, et sans utiliser la magie bien que Draco l'ait abondamment taquiné à ce sujet. Et enfin, le dernier match les voyait s'affronter ce dimanche soir, avec des allures de petite finale et des spectateurs ravis.

Bien sûr, personne n'avait oublié qu'il s'agissait d'un événement purement caritatif, qui ne rapportait rien aux joueurs ni aux officiels. Les places pour le match, suivant l'emplacement dans le stade coûtaient entre cinq et dix gallions, vingt-cinq gallions pour celles de la tribune principale, mais malgré leur prix, toutes avaient été vendues comme des petits pains. La communication sur les frais d'organisation de ce mini-tournoi avait été faite bien en amont, les comptes prévisionnels avaient été publiés dans la Gazette du Sorcier, et le fait que quatre-vingt pour cent du prix des places soit reversé à des œuvres avait convaincu bien des spectateurs de faire un effort sur le porte-monnaie…

Le reste des sommes obtenues servait à défrayer les organisateurs, quoique beaucoup avaient donné de leur personne sans contrepartie, et surtout le personnel de sécurité. Les joueurs jouaient gratuitement, les paris avaient été autorisés à condition de faire don de la moitié des gains aux œuvres, ainsi que de la majeure partie des ventes des produits dérivés, et il était même prévu une vente aux enchères de photos dédicacées par les joueurs et de leurs équipements pendant les matchs. En tête du classement provisoire de ces enchères se plaçaient le vif d'or du dernier match, la casquette de William Borrought, qui avait remporté plusieurs fois le championnat de quidditch en tant que gardien une dizaine d'années plus tôt, et le maillot de Harry Potter, floqué et signé à son nom.

Lucius, lui, avait contribué en prenant à sa charge personnelle la location du stade pour les trois jours, en échange d'une quinzaine de places chaque soir pour leur famille élargie. Des places de choix – bien entendu – dans une loge privée qui les mettaient à l'abri des regards et de la curiosité. Se tenaient là, à ses côtés, Daphnée et les enfants, Blaise, Charlie et Matthieu, Mark et Håkon, qui découvrait ce sport moins populaire en Norvège, et suivant les soirs Luna et Padma qui étaient venues avec Aria pour le premier match, ou bien Alicia, présente ce soir parce que son équipe avait perdu ses deux matchs consécutifs.

Et puis bien sûr, Severus était là, à la fois sombre et plus pâle que jamais, renfrogné, taciturne, et presque désagréable. Il avait fini la semaine passablement sur les nerfs mais depuis que les matchs avaient commencé, son humeur était infernale. Il avait obligé Harry à vérifier au moins dix fois que son portoloin de secours fonctionnait, il avait passé en revue toutes les entrées du stade, tous les points de contrôle et de filtration, il avait testé tous les sortilèges de sécurité, y compris en altitude au-dessus du terrain, y compris sous sa forme de vampire, il avait épluché toutes les procédures d'intervention ou d'évacuation, alors qu'il avait déjà passé des heures et des heures à les superviser avec le staff de sécurité du stade et les aurors spécialisés… Il faisait les cents pas et il ne tenait plus en place, et Lucius ne tentait même plus de le raisonner.

Comme il le lui avait dit un peu plus tôt, Severus ne serait tranquille et rassuré que lorsque le match serait fini et qu'il aurait récupéré son calice… ou plutôt, si Harry partait danser en fin de soirée ou si la vente aux enchères traînait en longueur, dès qu'il l'aurait ramené en sécurité au Manoir.

Lucius ne comprenait pas pourquoi son mari faisait une telle fixation sur ces matchs. Harry sortait pourtant régulièrement du Manoir; si Poudlard ou Sainte-Mangouste semblaient des lieux relativement sûrs, il lui arrivait aussi d'aller faire des achats sur le Chemin de Traverse ou dans le Londres moldu, d'aller danser avec Alicia, d'emmener Aria au parc ou prendre l'air… Sans compter qu'il sortait aussi avec eux le soir, au théâtre, à l'opéra, il avait été présent dans des réceptions, des dîners, aux inaugurations du musée ou à des soirées mondaines… Mais ces matchs restaient la bête noire de Severus.

Est-ce qu'il avait eu accès à des informations inquiétantes dont il ne lui avait pas fait part ? Était-ce le fait que ce soit en plein air, ou bien la quantité de public, ou bien le fait que Harry devait voler sur un balai… Lucius n'en savait rien, mais Severus ne démordait pas de ses inquiétudes irraisonnées.

Il n'en avait rien dit à son mari pour ne pas le conforter dans ce sens, mais Lucius avait malgré tout emporté avec lui, en plus de sa baguette habituelle, sa baguette de magie noire rescapée de la guerre.

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– Oh ! Regardez…, fit brusquement Alicia.

Tous se tendirent, en alerte, fouillant le terrain des yeux pour chercher ce qu'il y avait à voir. Et hormis les courbes gracieuses des trajectoires des balais et celles plus saccadées des passes du souaffle ou des cognards, ils ne virent rien. Mais le commentateur s'excitait lui aussi à son micro, la foule bruissait de rumeurs et les écrans géants montraient le ralenti de l'action qui avait bien failli terminer le match.

Là-haut, au-dessus de l'anneau de but le plus élevé, Draco et Harry étaient au coude à coude et le vif d'or venait d'échapper de quelques centimètres de la main de Harry. Draco, lui, était légèrement en retrait et sur la gauche, et il n'avait clairement pas été en mesure de l'attraper. Mais le plus étrange était ce sourire de pure connivence qu'ils échangeaient, en plein vol et à une vingtaine de mètres au-dessus du sol, le sourire complice de deux hommes qui s'amusent, qui se connaissent bien et qui prennent du plaisir à jouer l'un contre l'autre.

– Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda Lucius sans comprendre.

Car il pressentait, sans bien savoir pourquoi, que Alicia ne réagissait pas simplement au fait que Harry venait de manquer le vif.

– Pendant une demi-seconde, les tatouages de ses mains se sont colorés de vert. Il vient de se servir de la magie pour relancer le vif plus loin.

– Mais pourquoi ? fit-il tandis que Severus se renfrognait à l'idée qu'il aurait pu déjà récupérer son calice s'il avait attrapé le vif.

Alicia se renfonça contre le dossier de son siège et sourit pour elle-même.

– Parce qu'ils avaient envie de continuer à jouer ?… Harry était parti pour l'attraper, ils se sont regardés et il l'a repoussé plus loin… Ils ont envie que ça dure.

Amusé, Lucius secoua doucement la tête et il sourit un peu plus en apercevant l'air sombre de son mari. Severus rongeait son frein en silence mais la pilule semblait amère à avaler. D'autant plus qu'il devait avoir faim…

La veille au soir, après le premier match de Harry, Severus avait catégoriquement refusé de le mordre, arguant qu'il était hors de question qu'il lui prélève du sang, qu'il l'affaiblisse et qu'il le fatigue avant la fin des matchs et la certitude que tout se soit bien passé. Harry avait protesté plus que vivement, argumentant qu'il était ridicule, qu'il savait très bien que son sang se serait renouvelé avant le match suivant, qu'il suffisait qu'il mange correctement, et qu'au contraire il serait déconcentré s'il sentait que Severus avait faim.

Lucius avait vu les deux hommes partir et s'enfermer dans la Bibliothèque pour poursuivre leur dispute, l'aura de Harry aussi agitée et agacée que celle de son vampire. Ils en étaient ressortis une bonne demi-heure plus tard, plus calmes, avec Harry qui portait les marques de la morsure bien visibles sur le côté gauche de son cou… Que Severus avait effacées juste avant que son calice ne parte pour l'échauffement d'aujourd'hui.

Un compromis, sans doute… Une manière de marquer Harry, d'affirmer leur lien, même si le vampire n'avait dû boire que quelques gorgées… Et Lucius avait souri devant leur comportement très fusionnel ce matin et toute la soirée de la veille, au point que Severus était venu se coucher avec eux, chastement vêtu d'un pantalon de pyjama, mais cramponné à son calice comme à un trésor, comme si cette nuit était la dernière qu'ils passaient ensemble. Harry, lui, avait eu un sourire jusqu'aux oreilles, même dans son sommeil.

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Le match durait, traînait un peu en longueur, et même si le niveau de jeu restait exceptionnel et les figures en vol de toute beauté, Lucius avait du mal à rester concentré. Les enfants s'étaient éparpillés à jouer ou à lire par terre, Daphnée et Blaise discutaient dans un coin, Charlie savourait sa bière, et Mark et Matthieu complotaient à voix basse en se racontant sûrement des choses un peu osées… Seuls Alicia et Severus restaient pleinement focalisés sur le match en cours, mais pour des raisons différentes.

Lucius fit venir le menu à lui d'un geste négligent de baguette et commanda des mini-sandwichs, des scones et des pâtisseries en abondance. Et du thé… Le thé calmait toujours un peu Severus. Tout le monde, les enfants les premiers, se mit à picorer sur les plateaux de service, et il fallut commander d'autres boissons, une ou deux bières pour les amateurs et des jus de fruits pour les enfants. Sur le tableau des scores, les deux équipes avaient dépassé les deux cents points, le commentateur commençait à manquer de voix, et Harry et Draco volaient tous les deux ensemble, au-dessus de la mêlée des autres joueurs et par moments, ils semblaient même discuter et rire, comme s'ils prenaient le thé en plein vol.

Et puis brusquement, Lucius entendit Alicia retenir son souffle, le commentateur eut un regain d'énergie et il eut juste le temps de tourner son regard au bon endroit que Harry et Draco avaient déjà disparu, filant comme des flèches vers l'autre extrémité du terrain. Sur l'écran géant qui zoomait maintenant sur eux, les chances paraissaient équilibrées. Ils étaient à distance égale du vif d'or et leurs balais étaient aussi rapides; quand l'un anticipait un léger changement de trajectoire et prenait un tout petit peu d'avance, l'autre le rattrapait quelques mètres plus loin à la faveur d'une courbe ou d'un piqué; la victoire semblait incertaine… Le visage de Draco était concentré, le regard rivé sur sa cible. Les cheveux de Harry volaient au vent et il paraissait fou, innocent, insouciant et heureux. Severus s'était levé, empressé de la fin de ce match qui le mettait sur des charbons ardents…

Mais soudain, le vif changea de trajectoire. Il repartit presque en arrière et sur la gauche comme s'il rebondissait sur un obstacle, Draco tendit la main sur le côté et le match s'acheva sur un tonnerre d'applaudissements.

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Cela faisait un petit moment déjà que les joueurs, les perdants, puis les gagnants, saluaient individuellement, leurs noms égrenés par le commentateur suivis d'une salve d'applaudissements, puis par équipes; ils se saluèrent mutuellement, défilèrent à pied puis en vol, ils posèrent pour quelques photos, envoyèrent des baisers au public puis l'applaudirent pour sa participation, et enfin, ils purent rentrer au vestiaire, remplacés sur le terrain par les deux mascottes géantes des équipes et par des groupes de danseuses.

Déjà de nombreux spectateurs s'étaient levés, pressés de gagner parmi les premiers la buvette, les boutiques de souvenirs ou les aires de transplanage. La foule se mouvait doucement, bruyante, bruissante de rires et de commentaires enthousiastes sur le match. À chaque extrémité du terrain, un écran géant affichait le score final et surtout la somme astronomique qui serait reversée aux associations de bienfaisance, augmentée à chaque seconde des ventes de produits dérivés. Juste à côté, un autre écran montrait les vestiaires des équipes, les joueurs assis un banc, vidant une bouteille d'eau comme des assoiffés, plaisantant, se déshabillant à moitié pour aller prendre leur douche, interviewés par un journaliste ou se congratulant mutuellement…

Et Severus, collé contre la vitre de la loge, ne voyait son calice ni sur le terrain, ni sur les images de l'écran géant qui, bien évidemment, montraient davantage le vestiaire des vainqueurs que celui des perdants.

Lucius le sentait sur le point de râler, de pester, de disparaître à sa recherche quand brusquement Harry apparut dans un coin de la pièce. Et aucun d'entre eux n'eut le temps de pleinement réaliser sa présence que Severus avait déjà franchi les quelques mètres qui les séparaient pour le happer dans ses bras, le dos de son calice fermement collé contre son torse.

Surpris, Harry haleta une seconde, le souffle coupé, avant d'éclater de rire devant la fougue de son vampire.

– Eh ! Doucement ! Tu vas me briser une côte…

– Eh bien, tu boiras un peu de mon sang et ça devrait la réparer, murmura Severus à son oreille.

Le vampire desserra légèrement son étreinte mais il le sentit frissonner malgré tout à l'idée de boire son sang.

– Et je suis dégoûtant, Sev… Je suis trempé de sueur !

– Ça ne me dérange pas…

Leurs murmures empressés n'avaient duré qu'une seconde ou deux, juste assez pour que tout le monde se lève et s'approche d'eux pour le féliciter malgré sa défaite. Lucius fut le premier, pointant sa baguette pour lui jeter un sortilège de propreté et de fraîcheur avant de l'embrasser voluptueusement – assez voluptueusement pour faire gronder Severus.

– Toi, en revanche, ça te dérange ! gloussa Harry. Tu préfères quand je suis plus propre !

– Je préfère quand c'est moi qui te fais transpirer…

Et Lucius avait dit cela d'une voix tellement basse mais tellement langoureuse que Daphnée se sentit obligée de protester :

– Hum ! Il y a des enfants, ici.

Lucius haussa les épaules avant de répliquer d'un air narquois :

– Draco n'est pas là… Il ne pourra pas se sentir gêné !

À nouveau, Harry éclata de rire, rapidement suivi par Daphnée, Mark et Blaise. En effet, si Draco supportait les marques de tendresse entre eux, même venant de son père, il avait en revanche toujours beaucoup de mal dès qu'il s'agissait d'insinuations un peu osées ou trop suggestives. Le seul qui se montrait solidaire avec lui – même s'il était un peu plus tolérant – était Matthieu, qui détournait toujours le regard dès que Severus dépassait certaines limites.

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Après les marques d'affection de son mari et de son vampire, chacun put enfin l'approcher, le féliciter, poser ses questions et s'enthousiasmer de la beauté du match. Harry discuta avec les uns et les autres, puis il finit par se pencher pour prendre sur sa hanche Scorpius, qui réclamait à monter en tirant sur son pantalon. Cela obligea Severus à desserrer quelques secondes l'étreinte de ses bras mais il les referma aussitôt autour de sa taille.

– L'est fini le match, 'Ry ?

– Oui, il est fini, bonhomme. Et c'est Papa qui a gagné !

Scorpius se rengorgea, fier comme un paon, et pointa son propre torse du doigt.

– C'est mon papa !

Harry gloussa, embrassa Scorpius sur la joue et se colla un peu plus contre le torse de son vampire. Il était brusquement un peu fatigué, il avait faim et il regrettait que sa fille ne soit pas là. Mais l'étreinte des bras de Severus était un répit et un repos salutaires. Pour un peu, il aurait eu envie de rentrer tout de suite au Manoir pour aller se coucher avec eux deux, comme la veille au soir… Malheureusement, il avait encore une conférence de presse à assurer, ainsi qu'une réception d'après-match, une ou deux interviews, quelques photos et une vente aux enchères où il devait au moins faire acte de présence…

Et quand tout ça serait fini, il transplanerait avec eux, il mangerait tout son soûl et ils se colleraient enfin tous les trois sous une couette en savourant le plaisir de pouvoir rester allongés au chaud jusqu'à ce que mort s'ensuive ! Enfin… si Severus acceptait de le mordre au fond d'un lit.

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Comme toutes les réceptions de ce genre, celle-ci traînait en longueur de façon insupportable. Il avait serré d'innombrables mains, sourit à d'innombrables visages dont les noms étaient aussi vite oubliés, remercié pour d'innombrables compliments sur sa manière de jouer, sur son aisance en vol, sur cette action magnifique où il avait failli attraper le vif, sur un tas de moments dont il ne se souvenait déjà plus… Et brusquement, Harry fut soulagé que son équipe n'ait pas gagné le match. Ce n'était sans doute pas très charitable pour ses coéquipiers mais il n'aurait pas supporté la déferlante de sollicitations que subissait Draco depuis le début de la soirée.

Merlin merci, lui il arrivait encore à échapper de temps à autres aux curieux et aux journalistes. Il avait dû supporter les photos, en tenue avec son équipe, puis avec Draco pour rappeler leur match d'attrapeur, il avait dû signer quelques dédicaces sur des photos de lui sur papier glacé, et répondre à quelques brèves interviews, mais il avait aussi pu prendre une douche dans les vestiaires sans être dérangé, il avait réussi à s'approcher du buffet pour glaner quelques petits fours, et il avait toujours Lucius ou Severus qui le surveillaient du coin de l'œil et qui venaient l'extraire dès qu'il était accaparé trop longtemps. Et il aurait même pu parier que son vampire usait discrètement de son influence pour maintenir un relatif périmètre de tranquillité autour de lui.

Harry en profita d'ailleurs pour se rapprocher un peu de Severus comme s'il se glissait sous son aile. Il en avait plus qu'assez de cette soirée et il n'allait pas tarder à battre le rappel de ses conjoints pour pouvoir enfin rentrer au Manoir. La vente aux enchères avait lieu en ce moment-même dans la salle adjacente, il y avait fait une petite apparition à point nommé et il estimait avoir fait sa part. Et il savait déjà qu'il n'irait pas faire la fête et danser jusqu'au bout de la nuit avec les autres joueurs parce qu'il avait bien trop faim pour ça.

Sa petite manœuvre d'approche n'avait pas dû passer inaperçue car Severus lui adressa un regard brillant avant de glisser un bras autour de sa taille pour le garder à ses côtés. Il ne manquait plus que Lucius qui se trouvait plus loin vers le fond de la salle et qui semblait pris dans une conversation un peu vive avec deux journalistes. Ou du moins, la conversation était très policée, mais pour eux qui le connaissaient bien, l'agacement de l'aristocrate était nettement perceptible. Le menton un peu trop relevé, le regard encore plus hautain que pour toiser des Ministres ou des sous-fifres, cette façon de jouer nerveusement de ses doigts repliés avec le rebord de la manche de sa veste de costume… Lucius était profondément agacé.

Harry et Severus échangèrent un bref regard et d'un accord tacite, ils s'approchèrent tranquillement de leur mari.

– Tu as fini ? lui demanda Harry sans préambule et sans égard pour les deux journalistes. Je suis fatigué et j'avais envie de rentrer…

– Bien sûr, répondit Lucius avec ce qui ressemblait à une lueur de soulagement dans le regard. Ces messieurs s'en allaient…

Du coin de l'œil, Harry aperçut l'infime froncement de sourcils de son vampire face à l'attitude de leur mari. De toute évidence, ils le tiraient d'un mauvais pas.

– Encore un mot, Lord Malfoy ! Quelle est votre réaction à l'article paru ce matin dans Sorciers et People ? On y raconte que votre mère a été…

Estomaqué devant le culot de l'homme, Harry s'avança d'un pas et glissa sa main au bras de Lucius qui s'était raidi sous la question. S'il y avait bien un sujet tabou à ne jamais aborder en public avec l'aristocrate, c'était les deux femmes de sa vie : sa mère et Narcissa. Il pouvait éventuellement supporter que l'on fasse référence à son rôle pendant la guerre et à Voldemort, pour se défendre de toute accusation bien sûr, ou à ses activités sur la scène nationale et internationale, mais certains éléments devaient être passés sous silence.

Mais Lucius était un aristocrate, un noble, et un ancien homme politique rompu aux plus hautes sphères du pouvoir, et sa maîtrise de lui-même restait exemplaire quelles que soient les circonstances. Il se contenta d'un rire léger, comme si ces paroles regrettables n'avaient été qu'une plaisanterie et il posa sa main sur celle de Harry pour l'entraîner dans une autre direction.

– Les journalistes ont beaucoup d'imagination ! lâcha-t-il en guise de réponse. Certains pourraient même envisager une carrière de romancier…

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oooooo

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À la ligne dure de ses mâchoires, à la raideur de ses gestes pour retirer son manteau et ses chaussures, Harry pouvait dire que Lucius était furieux. Il retira son propre manteau sans mot dire, bien conscient que la moindre parole risquait de déclencher une tempête à laquelle il n'avait pas très envie de faire face. Il était fatigué, il avait faim, et égoïstement, il ne se sentait pas le courage d'éponger les humeurs de son mari, aussi justifiées soient-elles.

Ce fut Severus qui s'y dévoua, après avoir retiré le capuchon qui couvrait sa tête et déposé sa cape sur une patère du vestibule.

– Calme-toi, fit-il un peu sèchement devant les gestes agacés de leur mari. Ce n'est ni la première ni la dernière fois qu'on est confrontés à de pareilles insinuations; elles finiront par s'éteindre avec le temps. Ça ne sert à rien de réagir comme ça.

Lucius se redressa brusquement, piqué au vif et le regard flamboyant.

– Ne me dis pas ce que j'ai à faire !

Harry frémit soudain en le voyant sortir sa baguette mais ce n'était que pour nouer ses lacets d'un sortilège, et aussitôt fait, Lucius s'éloigna d'un pas vif.

– J'ai un message à envoyer. Je vous rejoins plus tard.

Harry tourna la tête vers son vampire et grimaça un sourire désolé. Il avait rêvé mieux pour finir cette soirée, mais ils n'y pouvaient rien ni l'un ni l'autre. Heureusement, Severus ne semblait pas particulièrement affecté par l'humeur de son mari et il le prit par le bras pour l'emmener vers les cuisines.

– Allez, viens. Allons nourrir cet estomac, que tu puisses me nourrir après !

Et la perspective de cette morsure suffit à le réconforter en partie.

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Harry s'était installé sur le banc de la grande table en bois au milieu des cuisines et malgré sa faim, il picorait plus qu'il ne mangeait. Les deux elfes encore présents à cette heure-ci lui avaient pourtant proposé tous les restes du déjeuner, les plats déjà prêts pour le lendemain ou même de lui préparer quelque chose vite fait, mais rien ne lui faisait particulièrement envie. Il était sans doute trop contrarié par cette fin de soirée morose et par l'agacement de Lucius pour avoir de l'appétit. Peu importe, il se rattraperait demain.

Severus, lui, s'était préparé une grande tasse de thé qu'il buvait à petites gorgées, assis en face de lui. Son regard perdu, lointain, semblait hypnotisé par les gestes de ses mains et par les dents de sa fourchette qui jouaient distraitement avec la nourriture dans son assiette. Il devait être un peu attentif, cependant, car il finit par grogner au bout de plusieurs minutes de silence :

– Mange !

Harry gloussa devant cette impression qu'il s'adressait à Iris quand elle traînait les pieds pour finir son assiette.

– Tu as peur que je ne puisse pas te nourrir ?

– Oh non, ricana aussitôt Severus en relevant un regard chaud vers lui. Même si tu sautais plusieurs repas, ton sang serait toujours capable de me nourrir; on l'a bien vu dans le pavillon chinois… Mais si tu ne manges pas correctement, je ne te mordrais pas.

Harry écarquilla les yeux, estomaqué de cette menace proférée par son propre vampire.

– C'est moche ! protesta-t-il avec une moue dépitée avant de secouer la tête. C'est très très moche !

Severus se contenta d'un sourire narquois en le dévisageant de son regard brûlant. C'était moche et en même temps, c'était très très beau parce que ce petit rappel du pavillon chinois leur prouvait à tous les deux à quel point tout avait changé, à quel point les morsures étaient devenues importantes pour eux, fondamentales de leur lien, et à quel point elles n'étaient plus subies mais souhaitées, voulues, désirées… Et à quel point priver Harry de sa morsure était le priver de son petit plaisir quotidien qu'il attendait avec impatience depuis le matin.

– Tu ne vas pas me faire ce coup-là, Sev ! prévint-il en toisant son vampire de sa fourchette. Déjà que tu as à peine bu hier soir à cause du match d'aujourd'hui !

Severus pinçait les lèvres et semblait se retenir d'éclater de rire devant sa menace d'opérette mais il dut sentir aussi qu'il était un peu sérieux derrière la plaisanterie car il se radoucit brusquement et son sourire se fit plus tendre.

– Mange un peu plus que ça sinon tu vas te réveiller au milieu de la nuit avec la faim au ventre, dit-il en attirant vers eux la corbeille de fruits. Lucius va se calmer tout seul et il va venir nous rejoindre…

Harry considéra un moment les kiwis et les clémentines disposés dans la corbeille, puis il repoussa son assiette et attrapa un fruit qui le tentait bien davantage.

– C'est déjà arrivé je suppose, ce genre de rumeurs, fit-il le regard baissé sur la clémentine qu'il épluchait consciencieusement. Depuis le temps que vous êtes ensemble…

– Bien sûr, répondit immédiatement Severus. On ne peut pas porter un nom pareil et être à l'abri des racontars et des jalousies. Ça enfle un moment et puis ça disparaît comme c'est venu. Après, ça le touche plus ou moins suivant les rumeurs qui circulent… Et il va faire ce qu'il fait d'habitude : il va contacter MacNair qui va parler de lui sur un tout autre sujet, pour détourner l'attention. Un truc plutôt élogieux, ses donations à Sainte-Mangouste, son rôle en politique… Enfin, pas trop de ce côté-là, parce qu'il ne faudrait pas qu'on l'accuse de vouloir à nouveau le pouvoir, mais son rôle sur la scène européenne par exemple… qu'il conseille encore la Commission bénévolement, quelque chose qui ne menace pas le Ministère anglais…

Severus éluda ses réflexions à voix haute d'un geste de la main et Harry lui sourit un peu tristement. Il n'aspirait qu'à vivre une vie tranquille avec ses conjoints et ils avaient tous déjà bien assez donné comme ça. Lucius avait perdu son poste de Ministre, Severus son humanité, et lui il avait été violé et il avait failli mourir… Ils méritaient de vivre en paix. Mais il se souvenait aussi d'une vieille conversation un soir avec Draco, où Blaise avait tenu à le prévenir de ces rumeurs qui pouvaient à nouveau circuler à l'avenir. Pour qu'il soit au courant… s'il était un jour amené à défendre l'honneur de celui qui était devenu son mari.

Mais honnêtement, Harry était un peu fatigué de tout ça. Toute l'année qui venait de s'écouler – et même depuis sa captivité si on remontait jusque là – avait été trop lourde, trop riche en événements et en émotions, et il avait envie de calme et de douceur. Les matchs de quidditch étaient également terminés, et bien qu'il ait adoré jouer à nouveau et participer à ces entraînements, il était content que tout ça soit fini. Il n'aspirait qu'à retrouver une vie tranquille avec ses conjoints, à fêter Noël en douceur et en famille, à passer des soirées au coin du feu et à des morsures paisibles dans la Bibliothèque ou au fond d'un lit.

– Ne t'inquiète pas pour tout ça, ajouta Severus avec un sourire confiant. Luce a l'habitude de gérer son image publique…

Harry lui rendit son sourire et il s'apprêtait à lui répondre que Lucius avait sans doute envie d'en finir avec ça aussi quand le craquement intempestif d'un transplanage résonna dans la cuisine. Ils tournèrent la tête de concert pour découvrir Clay qui se tenait là, devant le vaste évier, le regard trouble et un peu perdu. L'elfe hésitait, ses sourcils broussailleux se froncèrent, comme s'il cherchait à se souvenir de ce qu'il s'apprêtait à faire.

– Clay ? appela doucement Harry.

L'elfe sortit de sa torpeur pour soupirer et se passa une main lasse sur son visage et sur toute la longueur de ses oreilles.

– Je… Je ne me souviens plus… Excusez-moi. Je me fais vieux et je crois que je perds un peu la tête.

– Tu es fatigué. Tu travailles trop…

Clay était celui qu'il voyait dans les cuisines quelle que soit l'heure, à préparer les trop nombreux plats qu'il avait besoin de manger chaque jour, celui qui montait le plus souvent la garde devant la cheminée du bureau de Lucius, celui qui régissait la vie du Manoir, celui qui gérait les autres elfes… Et il avait élevé l'aristocrate durant son enfance… Combien de temps pouvait vivre un elfe avant d'être rattrapé par la vieillesse et la mort ? Harry grimaça en imaginant la peine de Lucius ce jour-là… Et la sienne aussi, parce qu'il aimait beaucoup ce vieil elfe malicieux à la langue trop bien pendue.

– Va te reposer, ajouta Severus. Nous n'avons plus besoin de toi pour ce soir…

Clay hocha la tête, un peu gêné de leur sollicitude. Puis il se raidit instinctivement en entendant les pas de Lucius qui descendait l'escalier en colimaçon.

– Ah, Clay ! Tu tombes bien, fit l'aristocrate en pénétrant dans les cuisines. Je viens de confier toute une série de missives à l'elfe de mon bureau; va t'assurer qu'il expédie tout ça correctement.

Harry esquissa un sourire désolé mais Clay avait déjà disparu dans un craquement fatigué pour obéir aux ordres de son maître. Lucius, inconscient de ce que son comportement pouvait avoir d'arbitraire et d'injuste, s'approcha d'eux avec un regard tout aussi las que celui de son elfe. Il se posta debout, juste derrière Severus, et posa une main caressante sur son épaule. Un geste de tendresse et de pardon pour s'excuser de sa réplique agacée dans le vestibule, pour ne pas terminer la journée sur cet accroc qui n'était pas de leur fait. Et à voir son petit mouvement de la tête pour accueillir cette main, Severus n'en voulait pas à son mari.

– Tu n'as pas encore fini de manger ?

– Si, soupira Harry en faisant disparaître d'un Evanesco ses épluchures de fruits. Je suis plus fatigué que je n'ai faim…

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Il ne fallut que quelques instants pour qu'ils grimpent l'escalier en colimaçon et se retrouvent dans le couloir de l'étage. Lucius avait déjà retiré sa veste trop cintrée et légèrement remonté les manches de sa chemise pour se mettre plus à l'aise, signe de sa fatigue s'il en était.

– Tu es sûr d'avoir assez mangé malgré tout ? fit-il en glissant son bras autour de sa taille.

– Oui, ça ira bien jusqu'à demain, répondit Harry. Là, j'ai juste envie de m'allonger dans un lit et de m'enrouler sous une couette.

Il sentait brusquement la fatigue du match qui le rattrapait, les courbatures qui commençaient à pointer le bout de leur nez et il n'aspirait qu'à dormir jusqu'à plus soif. Et en parlant de soif, il percevait douloureusement celle de son vampire, lancinante et insidieuse, et qu'il n'aspirait qu'à combler d'une morsure suave et douce. Dans un lit. Sous une couette…

Aussi, quand il sentit Severus hésiter et ralentir le pas devant la porte de sa chambre, il l'attrapa par le bras pour l'entraîner avec eux. N'importe quel autre soir, il voulait bien écouter les scrupules et les inquiétudes de son vampire, mais pas ce soir.

– Amène-toi ! Et ne songe même pas à protester.

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Severus ne protesta pas et les suivit docilement jusque dans leur chambre où il s'installa dans un fauteuil, incertain de la suite. Une fois quittées ses chaussures, Harry se dirigea aussitôt vers la salle de bains et se brossa rapidement les dents tandis que Lucius se déshabillait pour prendre une douche. Une façon supplémentaire de chasser l'amertume de cette fin de soirée, sans doute…

Dès qu'il le put, Harry regagna la chambre et son vampire, le désir de cette morsure fourmillant au fond de son ventre. Il avait envie de calme et de volupté, de tendresse et de contact. Doucement, il s'approcha de Severus dans son dos et glissa ses bras par-dessus le dossier de son fauteuil pour aller enlacer son torse. Dans son cou, il embrassa sa peau fraîche et soupira sa fatigue tandis que ses mains commençaient à déboutonner la chemise de son vampire.

– Harry…

– Tais-toi. Je veux que tu viennes te coucher avec nous et il n'est pas question que tu sois dans le lit tout habillé…

Les mains de Severus avaient immobilisé ses propres mains et ne semblaient pas prêtes à les lâcher.

– … S'il-te-plaît.

Sans que Harry ne sache pourquoi, Severus renonça brusquement et ses mains glissèrent en caresses sur ses poignets et ses bras. La même envie de cette morsure ? le soulagement que rien ne se soit passé et que ses angoisses aient été vaines, le besoin de se retrouver physiquement et de partager un moment un peu intime après ces derniers jours biaisés par l'inquiétude… Une main remonta lentement le long de son bras jusqu'à venir fourrager dans ses cheveux et Harry sourit en embrassant à nouveau la gorge de son vampire.

Il se redressa et fit le tour du fauteuil pour se tenir face à Severus et le déshabiller en douceur. Un effeuillage minutieux et tout en lenteur pour prendre le temps de savourer ces gestes qui n'avaient plus existé entre eux depuis si longtemps. Déboutonner la chemise et la sortir du pantalon et, tandis que Severus achevait de l'enlever, retirer son propre pull; défaire la ceinture de son vampire et, tandis que Severus se soulevait juste assez pour faire passer son pantalon sous ses fesses, faire tomber le sien sur ses chevilles et s'en débarrasser d'un mouvement du pied… Et puis se regarder…

Contempler la peau dévoilée dans la lumière ténue de la chambre, si pâle ou si dorée. Admirer la ligne des clavicules et les épaules musclées, détailler ce torse contre lequel il s'était serré si souvent, deviner le ventre plat et ferme, sculpté par des heures de nage dans la piscine, et entrevoir, plus bas, le relief encore caché de cet entrejambe qui ne paraissait déjà pas indifférent à leur proximité et leur presque nudité.

Severus n'était pas en reste pour le détailler du regard, et quand Harry le tira doucement par le poignet, il se leva sans aucune résistance. Il se tenait là, debout juste devant lui, nu hormis son boxer, et Harry se pressa contre son torse en glissant ses bras autour de sa taille. Ils gardaient juste assez de distance pour pouvoir se regarder dans les yeux, plongés dans un univers d'obscurité et de chaleur qui rougeoyait doucement sur les bords.

Lentement, pour éviter tout refus devant un geste trop brusque, Harry leva un peu plus la tête et décolla ses talons du sol pour gagner encore quelques centimètres. Il ferma les yeux juste avant que ses lèvres n'entrent en contact avec celles de Severus. Un frôlement. Un appui, tout en douceur. La souplesse moelleuse de ces lèvres qui s'entrouvraient pour mieux s'épouser. Pencher instinctivement la tête et s'embrasser voluptueusement. Severus lui rendait son baiser, doux et plein d'émotions à la fois…

Harry souriait quand ils s'éloignèrent de quelques centimètres pour se regarder à nouveau dans les yeux l'un de l'autre.

– Je sais que nous y viendrons un jour, murmura Severus d'une voix rauque et basse. Mais je ne te referai pas l'amour pour la première fois devant Lucius.

Harry sourit un peu plus devant ces paroles qui sonnaient pour lui davantage comme une promesse que comme un refus. Ce ne serait pas ce soir, il le savait bien, et ce ne serait pas pour tout de suite, mais ils y viendraient, doucement, sereinement, pas après pas et morsure après morsure.

– Je sais… Je veux juste que tu viennes avec nous. J'ai besoin de t'avoir avec moi, ce soir j'ai besoin de passer du temps avec toi…

Il avait besoin d'une morsure aussi, mais cela, Severus le savait sans doute.

Harry approcha à nouveau son visage de celui de son vampire et l'embrassa un instant avant de le libérer de l'étreinte de ses bras et de l'entraîner vers le lit. Lucius n'en avait sans doute plus pour très longtemps avant de les rejoindre et il ne voulait laisser à Severus aucune possibilité de s'esquiver.

Les draps étaient frais quand il se glissa dans le lit et ce n'était pas son vampire qui allait les réchauffer, mais Harry se colla tout de même contre lui, le dos contre son torse, comme ils le faisaient souvent pour les accouplements. Une position dans laquelle Severus se sentait peut-être un peu moins menacé par ses gestes et ses envies de rapprochement que s'ils étaient face à face… Et de fait, il ne rechigna pas à le prendre dans ses bras, à le serrer contre sa peau tiède, son visage déjà niché sous ses cheveux, furetant dans sa nuque et dans les creux de son cou comme un petit animal qui chercherait une odeur. Cette attitude le faisait toujours sourire et Harry sourit à nouveau, un sourire tendre et heureux, dont Severus n'avait même pas conscience. Le sourire de celui qui sait qu'il est aimé, qu'il va être mordu et qui se sent là mieux que nulle part au monde.

Severus était sur le point de le mordre quand Lucius sortit brusquement de la salle de bains, les stoppant dans leur geste. Ils en sourirent l'un et l'autre, de frustration un peu, mais surtout d'amusement devant cette interruption inopinée qui suspendait le plaisir au fil de l'attente. Severus en profita pour fureter à nouveau de son visage dans sa nuque, sous ses cheveux, et mordiller légèrement sa peau en lui tirant un infime gémissement.

Surpris par la quasi-obscurité de la chambre, Lucius s'était figé sur le seuil. Puis, passé l'étonnement, il se dirigea vers le lit, posa sa baguette sur sa table de nuit et se glissa sous les draps avant d'éteindre la dernière lueur dans la pièce.

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Enveloppé de ténèbres chaudes et envoûtantes, Harry souriait aux anges. Il avait son mari allongé et tourné sur le côté, face à lui, et dans son dos, son vampire qui le tenait serré contre lui, comme un trésor précieux, comme la prunelle de ses yeux; son vampire qui allait le mordre… Ils étaient tous les trois… dans un lit… sous une couette… Nus, hormis un pauvre morceau de tissu qui contenait difficilement le désir proéminent de Severus. Harry savait qu'il ne se passerait rien ce soir, du moins rien de sexuel, mais pour autant, sentir le désir que son vampire avait toujours pour lui était grisant.

Lucius approcha un peu son visage et l'embrassa doucement sur les lèvres, tandis que sa main glissait sur sa hanche, sur sa taille, rencontrant le bras de Severus qui l'étreignait, et le caressant à son tour. Des effleurements de l'un à l'autre, de la douceur en partage… Harry aspirait à encore plus de fusion, à un vrai mélange de leurs corps, mais déjà, cette proximité et cette tendresse entre eux était du bonheur à l'état pur. Ils étaient ensemble; même Severus en étant un vampire, même lui en étant un calice…

L'impression de fusion fut encore plus délicieuse, plus flamboyante, quand Severus parcourut de son visage frais le côté de sa gorge. Ses canines égratignèrent sa peau, puis ses lèvres sucèrent les éraflures, et enfin sa langue vint jouer dans son cou. Harry gémit, un gémissement fébrile et nécessiteux qui fit glousser Lucius et qui étira les lèvres sur sa peau en un sourire fier. Il avait l'impression de se retrouver des mois en arrière, quand l'un et l'autre de ses deux conjoints s'occupaient de lui au fond d'un lit, jusqu'à le faire supplier pour une pénétration, pour un orgasme, pour du plaisir…

Et le plaisir le fit gémir à nouveau quand son vampire plongea ses canines dans son cou avec une douceur sans pareille et qu'il se mit à boire avec dévotion. La main de Lucius caressait son torse, son épaule, glissait dans les cheveux de Severus qui grondait de contentement. Harry avait fermé les yeux depuis longtemps, effaçant derrière ses paupières la lueur verte des arabesques sur sa peau et le rougeoiement des yeux de son vampire. De vagues reflets qui dansaient sous la couette, en même temps que les mains de Lucius les enveloppaient de douceur. Un gémissement soupiré, un grand corps frais pressé contre le sien, et devant lui, les lèvres de son mari qui embrassaient les siennes, qui descendaient sur son torse, qui glissaient vers son bas-ventre…

Et quand il n'y eut plus que les crocs de son vampire dans son cou et la bouche de Lucius autour de son sexe, le monde cessa d'exister et ce fut le paradis.

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Merci de votre lecture et de votre fidélité! Et n'hésitez pas à me laisser vos impressions!

On se revoit donc dans quinze jours, avec un long moment de tendresse entre Lucius et Harry et quelques confidences délicates ;)

Au plaisir

La vieille aux chats