Prof à temps complet
Auteur : Lady Zalia
Type : Post-Poudlard. Humour, Romance. Pairing à venir [Harry/Drago].
Résumé du chapitre précédent : Harry Potter est recruté comme professeur de Défense contre les Forces du Mal à Poudlard après qu'une blessure grave ait mit fin à sa carrière d'Auror. Il y retrouve Neville Londubat qui enseigne la Botanique, mais aussi Drago Malefoy qui est devenu professeur de Potions.
Disclaimers : Merci pour tous les reviews, follows et favs pour le premier chapitre ! 💛 Vous m'avez motivé de fou, et ça fait tellement plaisir de voir que ma nouvelle histoire vous enthousiasme ! #^_^#
Ce chapitre est raconté du point de vue de Harry. Toute ressemblance avec des situations vécues dans ma vie de prof ou des personnages existants serait totalement volontaire. XD
Chapitre 2
Il avait mal.
Il n'était même pas encore levé, mais il la sentait. Sa jambe, sa maudite jambe. La cause de tous ses malheurs.
Le simple poids de la couette était comme une insupportable pression, mais il savait que le moindre mouvement causerait une douleur bien pire encore. Alors il restait ainsi, attendant jusqu'au tout dernier moment avant de devoir se lever.
Au réveil, tous ses muscles étaient engourdis, raides comme un bout de bois. La bouillotte magique sur laquelle reposait son genou lui fournissait une agréable chaleur, mais il savait que ce n'était pas l'idéal pour ses tendons estropiés. Les guérisseurs lui avaient conseillé d'utiliser un sortilège réfrigérant, mais il n'arrivait vraiment pas à dormir avec une poche de glace autour de la jambe, c'était vraiment trop désagréable.
Se résignant finalement à se lever, il attira le pot d'onguent vers lui afin de masser son membre endoloris. Bien que l'efficacité ne soit pas flagrante, c'était moins pire que quand il ne le faisait pas, et à défaut de soulager la douleur, cela redonnait un peu de souplesse à ses muscles.
Sur sa table de nuit, il attrapa ses lunettes puis sa chemise, sa cravate et son gilet, retardant au maximum le moment où il devrait bouger pour mettre son pantalon.
Bien qu'il ne soit plus Auror, il continuait de s'habiller de la même manière, comme un reliquat de sa vie passée qu'il continuerait désespérément à retenir.
Ses petites habitudes étaient bien les seules choses qu'il avait conservées, car tout avait changé. En l'espace de quelques mois, il avait perdu son travail, son foyer, sa famille.
Lui qui avait grandi orphelin s'était construit une famille après la guerre : Ginny Weasley l'avait épousé et lui avait donné un fils : James Sirius Potter, né quatre ans plus tôt. Il pensait avoir tout pour lui, et puis sa vie s'était effondrée.
Les missions s'étaient enchaînées, le stress avait augmenté, les bandits s'étaient faits plus violents, plus cruels et les heures supplémentaires passées au Ministère s'étaient succédées. Déjà, à cette époque, Ginny lui avait reproché de ne pas être assez présent, mais elle était l'épouse d'un héros. L'argent et le prestige compensaient ce qu'il ne lui offrait pas en présence.
Et puis il y avait eu l'accident. Une mission qui avait mal tourné, un maléfice qu'il n'avait pas réussi à éviter. Il était revenu mutilé, diminué, avec cette jambe informe qu'il ne parvenait plus à plier. Les douleurs l'obnubilaient et l'épuisaient, le rendant aigri et amer.
Malgré des semaines d'arrêt, il avait été incapable de reprendre le travail comme avant, et Gawain Robards lui avait suggéré de se recycler. Quant à Ginny, elle n'avait pas supporté et avait demandé le divorce. Pour elle qui avait rêvé d'un fier Élu au bras duquel se pavaner, il lui avait été inconcevable de continuer à vivre au côté d'un sorcier amoindri, et Harry n'avait pas lutté.
Sa nomination en tant que professeur de Défense contre les Forces du Mal à Poudlard avait à la fois été une libération et une fuite en avant.
Une libération parce qu'il allait enfin cesser de tourner en rond, que son nouveau métier allait lui occuper l'esprit et l'empêcher de ressasser ses pensées moroses. Mais une fuite en avant parce qu'il avait abandonné la maison à Ginny avec une pension alimentaire et la garde quasi exclusive de leur fils, sans trop se demander si tout cela lui convenait vraiment.
Il avait passé trop de temps à maudire le bandit qui avait brisé sa vie, désormais il était temps qu'il avance.
Malgré son handicap, il était donc plutôt heureux d'être revenu à Poudlard en tant que professeur. Le château avait été sa première demeure et enseigner lui rappelait les séances avec l'Armée de Dumbledore. Les elfes de maison étaient aux petits soins avec lui et il croisait tous les jours Neville qui, s'il n'était pas aussi proche que Ron, était un véritable ami à ses yeux. Bien sûr, tout n'était pas rose. Il y avait ces escaliers interminables qu'il devait descendre pour accéder à la Grande Salle. Il y avait les élèves, qui pouvaient se montrer sacrément retors. Et puis il y avait Drago Malefoy.
Le Serpentard était professeur de Potions et bien qu'il se soit présenté sous un jour avenant, Harry ne pouvait pas s'empêcher de se méfier.
Ses dix années en tant qu'Auror avaient entaché son optimisme forcené, et il avait vu trop de criminels récidivistes pour croire aveuglément en son repentir. Et puis il y avait cette joie de vivre, cet enthousiasme insupportable qu'il affichait au quotidien. Drago Malefoy aimait visiblement son métier et semblait s'y épanouir. Il était apprécié de tous, élèves comme professeurs, y compris par Neville qu'il avait pourtant harcelé du temps de leur scolarité, sans compter qu'il était en pleine santé. Alors pourquoi lui, qui avait déjà tant donné et tant souffert, ne pouvait-il pas être aussi heureux ? Le monde était injuste, et cette injustice faisait qu'il ne pouvait s'empêcher de jalouser le Serpentard. C'était plus fort que lui.
Une fois entièrement habillé, Harry claudiqua jusqu'à sa salle où son petit déjeuner l'attendait déjà. Au vu de ses difficultés pour se déplacer, il avait convenu avec les elfes qu'il prendrait son petit déjeuner et son déjeuner dans ses appartements, pour ne rejoindre la Grande Salle que pour le dîner. Cela lui permettait de minimiser son utilisation des facétieux escaliers de Poudlard et d'avoir suffisamment de temps pour manger, car il restait désespérément lent à se mouvoir.
Cela faisait une semaine que la rentrée était passée, et il commençait tout juste à se faire au rythme de son nouveau métier. Pour l'instant, il n'avait pas encore récupéré de copies, car il préférait la théorie à la pratique, mais il savait qu'il allait devoir s'y coller à un moment où à un autre. Il consacrait presque toutes ses soirées à élaborer ses cours en fonction du programme instauré par le Ministère, et malgré tout il s'était rapidement rendu compte combien il était difficile de penser à tout. Certains groupes ne prenaient presque jamais la parole, rendant les heures désespérément longues, tandis que d'autres le bombardaient littéralement de questions, parfois hors-sujet, et l'empêchaient de progresser tel qu'il l'avait prévu.
Tout en déjeunant, il refit mentalement son emploi du temps de la journée. Il commençait avec les élèves de 1e année de Serdaigle et Poufsouffle, puis avait les 3e année. Et l'après-midi, il enchaînait avec les 4e, 5e et 7e année.
Suite à sa première semaine en tant qu'enseignant, il avait rapidement développé une préférence pour les classes les plus jeunes que pour les plus âgées. En 5e et 7e année, certains élèves étaient obsédés par leur BUSE ou leur ASPIC tandis que d'autres étaient en pleine "crise d'adolescence" et se comportaient comme de parfaits trolls.
Lorsque l'heure du début des cours résonna dans le château, il épousseta sa tenue et quitta ses appartements pour rejoindre sa salle de classe.
Ce matin, il avait prévu de faire un cours sur l'importance de garder une bonne forme physique dans un duel magique et il utilisa les quelques minutes qui lui restaient avant l'arrivée des élèves pour dessiner des poumons au tableau.
Il avait consacré ses semaines de convalescence à lire des livres et heureusement, car avec les enseignants qu'il avait eus, il ne pouvait guère se baser sur ses souvenirs pour faire cours.
- Bonjour à tous ! Asseyez-vous. Pour l'instant vous n'avez pas besoin de votre baguette. Sortez plume et parchemin pour prendre des notes.
Les petits élèves s'exécutèrent avec plus ou moins d'efficacité, et au bout de 5 minutes, il put enfin commencer son cours. Les élèves de 1e année étaient toujours assez dissipés, et sans grande surprise il fut bientôt interrompu.
- Monsieuuur ! Y a Lottie qui dessine !
Il tenta de faire les gros yeux à la jeune Poufsouffle qui commençait à reproduire son schéma au lieu d'écouter ses propos.
- Miss Turner, écoutez les consignes. Je vous demande pour l'instant d'écouter ce que je dis et non de recopier le schéma.
L'élève reposa immédiatement sa plume et il put reprendre son discours. Il voulait leur faire prendre conscience qu'avoir un corps en bonne santé était primordial dans un duel, car la magie ne faisait pas tout, et pour cela il leur expliqua le fonctionnement des poumons et du souffle. Il avait récupéré un manuel de biologie moldue dans une librairie de Londres et il leur fit recopier un passage.
- Monsieuuur ! J'arrive pas à voir le tableau !
- Et bien approchez-vous monsieur Clopton, tout simplement.
- Oui mais j'veux pas être à côté de Zenobia ! Elle schlingue !
- Débrouillez-vous, ce n'est pas mon problème. Et ne parlez pas comme ça de votre camarade.
Il soupira et jeta un regard gêné à l'élève en question. On aurait dit qu'elle avait renversé de la confiture sur son uniforme la veille et n'avait manifestement pas jugé utile de le changer. Il devait voir si l'infirmière ou une préfète de Serdaigle pouvait lui en toucher un mot…
Un peu plus tard, ce fut un autre élève qui l'interpella :
- Monsieur ! J'ai plus de place sur mon parchemin, je fais quoiiii ?
Le Gryffondor ferma brièvement les yeux, partagé entre lui suggérer d'écrire sur la table ou lui répondre sérieusement. Cet idiot aurait bien été capable de le faire.
- Si vous n'avez plus de place, vous retournez le parchemin, bien évidemment. Et la définition sera à apprendre par cœur pour le contrôle, je vous préviens !
Pour la suite du cours, il avait prévu de leur apprendre le sortilège "Anapneo", qui permettait de sauver quelqu'un en train de s'étouffer, mais aussi de vider brutalement les poumons de l'air qu'il contenait. Le but était de leur montrer concrètement ce que provoquait un essoufflement lors d'un duel.
Le sortilège était indolore mais surprenant, et les élèves s'y exercèrent avec plus ou moins de réussite.
La seconde partie de la matinée était avec les élèves de 3e année, et pour le coup, Harry avait d'excellents souvenirs de sa propre expérience avec Remus. Il avait demandé à Hagrid de lui attraper un Pitiponk pour le faire étudier à ses élèves et le cours se déroula agréablement.
À midi, il déjeuna seul, comme à son habitude. En tant que directeur de la maison Gryffondor, Neville disait qu'il devait être dans la Grande Salle de manière à être disponible pour ses élèves. Cependant, Harry voyait bien qu'il déjeunait presque toujours avec le Serpentard. Ils discutaient comme s'ils étaient des amis de longue date, et le Survivant ne pouvait rien faire contre cela. Le soir, il s'efforçait d'ignorer sa présence, mais il aurait aimé pouvoir simplement profiter de son dîner sans avoir à le supporter.
Au moins, en déjeunant dans son appartement, il avait tout son temps pour se détendre et se remettre des cours de la matinée, ce qui était un véritable luxe. Les après-midis avec les six heures de cours d'affilée lui semblaient souvent interminables, et même si les groupes étaient en faible effectif, il était souvent épuisé une fois passé 20h.
Le premier créneau de l'après-midi était occupé par les élèves de 4e année de Serpentard et Gryffondor. Harry avait continué son cours sur les contre-sorts et boucliers magiques et les élèves étaient restés relativement calmes tout au long de la séance. Mais alors qu'ils n'étaient sortis que depuis quelques minutes, le bruit d'une bagarre dans le couloir l'attira hors de sa salle.
Xander Accrington et Andrew Alixan, un élève de Serpentard et de Gryffondor étaient en train de se battre à mains nues et le Serpentard semblait avoir le dessus. Il avait immobilisé le Gryffondor sur le sol, un bras sous la gorge, et lui appuyait sur le dos de tout son poids.
Le sang de Harry ne fit qu'un tour. Pointant sa baguette sur le Serpentard, il le projeta dans le mur le plus proche avant de l'immobiliser d'un Incarcerem.
- Monsieur Accrington ! Il est interdit de se battre dans les couloirs !
L'adolescent gémit alors que le sortilège comprimait son corps dans une position douloureuse. Son visage était rouge et les élèves autour de lui chuchotèrent en le pointant du doigt.
- Monsieur ! Relâchez-le ! Vous ne voyez pas que vous lui faites mal ?!
Harry tourna son regard vers Tabitha Derrick, une autre élève de Serpentard.
- Votre camarade n'a pas hésité à faire preuve de violence envers cet élève de Gryffondor. Il doit comprendre les conséquences de ses actes.
D'un moulinet de baguette, il souleva sa victime qui se retrouva suspendue à quelques centimètres au-dessus du sol, augmentant la pression des liens sur son corps. Entre-temps, Andrew Alixan s'était relevé et jeta un regard moqueur à son adversaire.
- Merci monsieur ! Vous m'avez sauvé. Ce sale serpent n'a que ce qu'il mérite.
Il épousseta son uniforme et ramassa son sac avant de reprendre sa marche en direction du cours suivant. Harry se planta devant le Serpentard toujours attaché.
- Et bien monsieur Accrington, j'attends des excuses.
- Je… Je suis désolé monsieur. S'il vous plaît, lâchez-moi !
Harry le relâcha d'un seul coup, faisant atterrir l'élève brutalement sur le sol.
- J'espère que vous avez compris la leçon. Je ne veux plus voir de violence dans les couloirs !
- Oui.
Son visage était déformé par un mélange de peur et de rancœur. Harry voyait bien que ses excuses étaient toutes sauf sincères, mais ce n'était pas ce qui l'intéressait. Il avait fait justice, il avait protégé un élève et c'était le principal.
Les Serpentards de 4e année évacuèrent le couloir en lui lançant divers regards haineux mais Harry les ignora. Il avait cours avec les élèves de 5e année et il les fit rentrer dans sa salle avant de leur emboîter le pas.
Tout le monde avait assisté à l'incident, et cela avait manifestement impressionné ses élèves, car personne n'osa l'interrompre de tout le cours. La classe rechigna même à répondre à ses questions, au point que l'heure sembla se dérouler au ralenti.
Heureusement, de 17h à 19h, il avait cours avec les élèves de 7e année, et ces derniers se montrèrent aussi sérieux que d'habitude. Il avait prévu de leur faire terminer la séance du jour par une session de duel, pour le plus grand plaisir de ses étudiants qui n'attendaient que ça. Pour Harry, cela lui donnait l'impression de revivre un entraînement de l'AD, lui procurant un agréable sentiment de nostalgie, et ce fut un franc succès. Ainsi, il était plutôt de bonne humeur lorsque sa journée de cours se termina.
L'incident dans le couloir avec les élèves de 4e année lui était sorti de la tête, et il était en train de ranger sa salle lorsque Drago Malefoy arriva.
- Professeur Potter, j'aimerais vous parler.
Le ton était froid mais poli, et son visage était impassible. Harry fronça les sourcils.
- Malefoy, je t'ai déjà dit que je ne voulais rien à voir avec toi.
Immédiatement, le masque de cordialité se fissura pour laisser apparaître une grimace amère.
- Très bien, puisque tu le prends comme ça. Je te rassure, j'ai bien compris que tu ne voulais surtout rien changer à cette inimitié qui a caractérisés notre scolarité, cependant je suis ici en tant que directeur de la maison Serpentard, et c'est au professeur Potter que je souhaite m'adresser, et non à l'insupportable Gryffondor borné que tu es.
Harry sourit sans pouvoir s'en empêcher. Déjà, son sang s'était réchauffé sous la provocation. Rien d'autre n'existait que Drago Malefoy et cette joute verbale, comme s'ils avaient tous deux remonté le temps pour revenir en tant qu'élèves.
- Je vois, tes petits serpents sont venus se plaindre à toi. J'imagine que tu dois être tout aussi partial que Rogue ne l'était, et ça doit leur sembler insupportable qu'un professeur les remette à leur place. Xander Accrington n'a eu que ce qu'il mérite.
- Contrairement à ce que tu crois, je suis parfaitement impartial envers les élèves, qu'ils soient de Serpentard ou d'ailleurs. Neville ou n'importe quel élève pourra te le confirmer. Toi en revanche, tu sembles haïr les élèves de Serpentard, et c'est un problème, Potter, car tu es professeur, et ce sont des enfants ! Xander Accrington est peut-être un sale gosse, mais il reste un adolescent et il ne méritait certainement pas d'être violenté comme tu l'as fait. Tu n'es plus Auror, et je ne peux pas tolérer que des élèves se retrouvent attachés, suspendus et malmenés au point qu'ils arrivent en larme dans mon cours ! Si un élève ne respecte pas les règles, tu peux lui enlever des points ou le mettre en retenue, mais pas de lui jeter des sorts !
Ses yeux gris brûlaient sous la colère et sa peau habituellement si pâle avait rosit au niveau des joues. Harry n'avait osé l'interrompre, et lorsqu'il se tut, l'ex-Auror baissa les yeux, prenant conscience de ce qu'il avait fait. Il avait réagi par réflexe en voyant un élève violenter un autre, et il avait complètement oublié qui il était… et quel rôle il était censé incarner.
Quand il était devenu professeur, il s'était imaginé devenir une sorte de Remus Lupin, doux et pédagogue, toujours à l'écoute des élèves… Mais malgré sa résolution, quelques semaines avaient suffi à le transformer en un Maugrey Fol'Oeil bourru et aigri.
Il relâcha son souffle, cherchant le courage de verbaliser ses excuses.
- Je… Pardon… Je crois en effet que j'ai réagi… de manière impulsive.
Son collègue ferma brièvement les yeux et soupira à son tour.
- Ouai, c'est le moins qu'on puisse dire. Potter… Tu as fait ça au beau milieu du couloir. Les élèves de 5e année ont 14 ans en moyenne. Ce qu'ils ont vu, c'est un professeur lever sa baguette sur eux et se montrer violent. Je ne dis pas qu'Accrington était innocent. Il méritait sans doute une punition, et j'ai retiré 10 points à Serpentard pour s'être battu avec un autre élève. Par contre, tu vas devoir attendre avant que mes élèves n'aient à nouveau confiance en toi. Je pense que tu es suffisamment intelligent pour comprendre que tous les élèves répartis à Serpentard ne sont pas des mages noirs en puissance. Ce sont des enfants, et tu dois au contraire leur montrer qu'on est à leur écoute, quel que soit leur famille ou leur milieu d'origine.
L'adrénaline retombant, Harry se sentait misérable. Il se souvenait combien il avait haï Rogue pour son attitude envers lui. Il ne voulait pas inspirer une telle haine à ses élèves. Il hocha la tête.
- Merci d'être venu me parler. Je veux vraiment essayer d'être un bon prof. Je vais… Ça ne se reproduira plus.
- J'espère bien, car sinon je me verrais obligé d'en parler à Minerva. Tu as de la chance qu'Accrington soit né-moldu. Si ses parents avaient été sorciers, tu aurais pu t'attendre à recevoir une Beuglante bien sentie. Et pour information, Andrew Alixan est loin d'être un gentil Veaudelune. Il harcèle plusieurs élèves de Serpentard chaque année, mais il est suffisamment malin pour ne laisser aucune preuve de ses méfaits, donc ouvre l'œil.
- Je tâcherai d'être attentif.
- Bien, que dirais-tu d'aller dîner maintenant ? Je ne sais pas toi, mais moi je suis affamé.
Harry hocha la tête et s'empara de sa canne. Au cours de leur discussion, il s'était assis sur un pupitre pour soulager sa jambe, et lorsqu'il s'appuya dessus, la douleur lui arracha une grimace. En même temps, Drago s'était retourné, et Harry baissa les yeux pour ne pas croiser son regard. Il pouvait sans peine deviner la pitié ou le dégoût qu'il devait ressentir à son encontre, et à nouveau la rancœur crût en lui comme un lierre toxique. Il détestait cette sensation.
Le Serpentard avait ralenti son pas pour marcher à sa hauteur, cependant Harry n'avait plus rien à dire et il ne voulait surtout pas que la discussion s'oriente sur sa jambe.
- Tu n'as pas besoin de m'attendre, je connais le chemin.
Le ton avait été bien plus froid qu'il ne l'avait voulu, et Harry entendit clairement Drago soupirer face à son agressivité.
- Très bien, je te laisse alors…
Le Gryffondor s'était arrêté au milieu des escaliers pour le laisser prendre de l'avance, et il se retrouva bientôt seul. Tout le monde devait déjà être dans la Grande Salle à cette heure et seuls les tableaux et les fantômes faisaient encore du bruit.
Harry s'était assis sur la rampe des escaliers, et il contempla le vide en contrebas. Si seulement il avait le pouvoir de voler, les choses seraient tellement plus simples… Voldemort y avait bien réussi, peut-être pourrait-il y parvenir ?
En attendant, il était bien obligé de rejoindre la Grande Salle s'il voulait dîner, et de préférence avant le dessert…
Il mit un temps infini à atteindre le rez-de-chaussée et lorsqu'enfin il arriva, la plupart de ses collègues avaient déjà terminé leurs plats. Pour une fois, Drago s'était assis en bout de table, et il avait les yeux rivés sur la rangée des Serpentards. Harry en ressentit un minuscule soulagement. Au moins il pourrait dîner sans entendre sa voix. Il s'assit aux côtés de Neville et eut tout juste le temps de remplir son assiette de divers mets avant que le salé ne disparaisse au profit du dessert.
- Salut Harry ! Comment s'est passée ta journée ?
Le botaniste était en train d'éplucher une clémentine et Harry avala quelques bouchées de nourriture avant de lui répondre.
- Ça va… j'ai dû intercepter une bagarre entre élèves, mais les cours se sont bien passés, et pour toi ?
- Une journée habituelle à Poudlard. Qui s'est battu ?
- Xander Accrington et Andrew Alixan.
- Je vois. Alixan est vraiment une teigne. Personne n'a jamais voulu témoigner contre lui, mais certaines filles de Gryffondor ont mentionné des comportements indésirables de sa part auprès de Miss Peterson. Il a été élevé comme un héritier, si tu vois ce que je veux dire. Monsieur ne supporte pas quand on lui oppose un refus. Humainement je ne le supporte pas, et je me suis fait un plaisir de lui refuser le rang de préfet. Par contre scolairement il est solide, on ne peut pas le lui retirer, et certains collègues l'adorent pour son sérieux. Enfin, maintenant tu connais l'envers du décor.
Harry sentit une vague de culpabilité monter en lui. Il avait jugé l'incident dans l'immédiat et il revoyait à présent le regard moqueur du Gryffondor lorsqu'il avait puni le Serpentard…
- Je crois que j'ai interprété la situation un peu vite. J'ai puni Accrington qui semblait avoir le dessus et Alixan est reparti sans rien.
Neville lui tapota l'épaule.
- Ça arrive, on ne peut pas tout voir. On fait tous des erreurs au début, c'est juste humain. Je suis persuadé que tu veux devenir un excellent prof.
- Merci Nev'.
Il savoura son repas tranquillement, sans se préoccuper de l'heure. Compte tenu de ses difficultés à se déplacer, Minerva l'avait exempté de rondes de surveillance et heureusement.
Lorsqu'il retourna dans son appartement, ce fut pour trouver un elfe de maison sur le seuil.
- Professeur Potter, le professeur Malefoy a demandé à Bepsy de vous livrer ceci.
La petite créature portait l'uniforme habituel des elfes de Poudlard, une sorte de taie oreiller frappée du blason de Poudlard. Ses longues oreilles pendantes touchaient ses épaules et son visage était étiré en un sourire jovial. Elle portait un gros pot blanc semblable à celui qui contenait l'onguent de Sainte Mangouste et Harry n'eut aucun doute quant à son contenu.
Manifestement, le Serpentard avait pris leur conversation comme une ouverture…
Harry soupira et tendit la main pour accepter l'objet.
- Merci. Transmet au professeur Malefoy que j'accepte son présent.
Il emporta l'onguent dans son appartement et se rendit directement dans sa chambre. Sa journée l'avait épuisé, il avait hâte de pouvoir enfin s'allonger. Il se déshabilla et prit une longue douche chaude pour se détendre. Il aurait aimé profiter d'un grand bassin pour se laisser flotter, mais il n'avait pas le courage d'aller jusqu'à la salle de bain des préfets… Peut-être existait-il une "salle de bain des professeurs" dont il n'avait pas connaissance ? Il faudrait qu'il demande à Neville…
Une fois délassé de sa journée, il s'installa dans son lit et attrapa le pot d'onguent envoyé par Drago avec un air dubitatif. Malgré sa méfiance, il y avait peu de chance que le Serpentard tente de l'empoisonner, néanmoins il restait mal à l'aise à l'idée d'utiliser un remède brassé par son ancien rival.
Après un énième soupir, il ouvrit le pot et l'odeur qui envahit l'atmosphère lui arracha un spasme de dégoût. L'onguent dégageait un parfum si puissant que Harry sentit ses yeux le piquer. Le remède avait une couleur verdâtre prononcée et semblait un peu gras au toucher néanmoins il avait l'air assez compact. Un petit morceau de parchemin était accroché à l'intérieur du couvercle pour indiquer la posologie :
"Prendre une noix de produit et masser longuement pour faire pénétrer. L'application sera plus facile après une douche ou un bain chaud. Conserver à température ambiante ou près d'une source de chaleur."
Harry suivit la consigne, étalant petit à petit le baume autour de son genoux difforme. Après une telle journée, le membre était gonflé et hypersensible, néanmoins il continua l'application en serrant les dents. Maintenant qu'il avait accepté le remède de Malefoy, s'il y avait ne serait-ce qu'une seule chance qu'il le soulage au moins un peu de sa douleur, il était prêt à essayer.
Bientôt, une impression de chaleur associée à des picotements se firent ressentir, arrachant un éclat de voix stupéfait au Survivant. C'était comme si sa peau se trouvait à quelques centimètres d'un feu vif, néanmoins ce n'était pas désagréable… Peu à peu, la douleur reflua, et Harry bougea précautionneusement sa jambe. La sensation était diffuse, et si sa chair n'avait pas miraculeusement régénéré, c'était plus un tiraillement qu'une véritable souffrance.
Fasciné par la magie à l'œuvre, il se leva doucement, traversé d'un nouvel espoir. Toute l'articulation était désespérément rigide, néanmoins il parvint à se tenir debout sans canne pour se soutenir.
Cela faisait désormais plusieurs mois qu'il ne s'était pas appuyé sur sa jambe blessée, et il se laissa retomber dans le lit, épuisé par l'effort. Il essaierait de marcher plus tard. Déjà, si l'onguent lui permettait de dormir paisiblement, ce serait une victoire en soi.
Ragaillardi par cette sensation de paix qu'il pensait avoir oublié, il installa une table sur ses cuisses et sortit un paquet de copies de son sac. Il était suffisamment en forme pour corriger quelques travaux d'élèves avant de dormir…
***/+/***
Lorsque Harry se réveilla, le lendemain matin, l'horrible souffrance était de retour, et il s'empressa de s'emparer du baume pour en étaler sur son genou distordu.
Bientôt, la douleur laissa place au soulagement, et l'ex-Auror eut un rire sans joie. Si le plan de Drago était de le rendre dépendant de lui, c'était déjà réussi.
Il lâcha un soupir désabusé et s'habilla des mêmes gestes précautionneux qu'il avait adoptés par la force des choses. Même si l'intensité de son calvaire avait momentanément diminué, il n'était pas inconscient au point de faire comme s'il était parfaitement rétabli. Une fois vêtu, il fit néanmoins quelques pas maladroits jusqu'à sa salle de bain.
Marcher à nouveau sans canne avait quelque chose d'à la fois angoissant et libérateur. Dans le miroir, son sourire était un peu crispé, néanmoins il était présent pour la première fois depuis trop longtemps !
Il se parfuma d'un peu d'après-rasage et tenta de discipliner ses cheveux en bataille. Cela faisait bien longtemps qu'il ne les avait plus coupés, et il commençait à ressembler à feu son parrain Sirius Black.
Il mit beaucoup moins de temps à se préparer que d'habitude et lorsqu'il arriva dans le salon, son petit-déjeuner n'avait pas encore été servi, le faisant hésiter sur la conduite à tenir. Devait-il économiser ses forces pour la journée à venir ou devait-il au contraire profiter de cette nouvelle énergie pour aller déjeuner dans la Grande Salle ? Il avait envie de voir Neville mais aussi de remercier le potionniste pour son baume.
- Euh… BEPSY ?
L'elfe de la veille apparut bientôt avec ce bruit de pétard caractéristique.
- Le professeur Potter a appelé ?
- Euh oui. Je ne prendrai pas mon petit déjeuner ici aujourd'hui. Je voudrais aller dans la Grande Salle.
Le regard du petit être tomba sur la canne qu'il avait tout de même saisi pour se déplacer, et son visage s'éclaira de compréhension.
- Est-ce que le professeur Potter voudrait que Bepsy l'amène dans la Grande Salle ?
- Oh ! Ce serait génial ! Si ça ne vous dérange pas.
Bepsy poussa un bref couinement face à tant de politesse et tendit la main dans sa direction. L'instant d'après, ils avaient transplanés jusque dans la Grande Salle et Harry sentit son sourire s'accentuer. Il se sentait d'excellente humeur, ce qui ne manqua pas de surprendre Neville lorsque celui-ci le rejoignit.
- Salut Harry ! Tu es très souriant aujourd'hui. Tu as reçu une bonne nouvelle ?
- Salut Nev' ! C'est le baume de Malefoy. Je dois bien reconnaître qu'il est beaucoup plus efficace que celui de Sainte-Mangouste, alors… La douleur a vraiment diminué.
Le visage de son ami se fendit d'un sourire sincère.
- Génial ! Mais je comprends mieux l'odeur. Moi qui croyais que tu avais croisé un Mimbulus Mimbletonia. Il faudrait peut-être lui dire de modifier un peu le parfum avant la commercialisation.
Il regarda autour de lui sans voir la chevelure blonde caractéristique.
- Ah. J'étais tellement heureux de ne plus avoir mal que le reste est un peu passé à la trappe. Mais je voudrais tout de même le remercier. Je m'étonne de ne pas le voir à table.
- Drago ne déjeune pas toujours. Il est sans doute déjà dans sa salle en train de préparer ses cours. Il est du genre assez maniaque, mais je lui transmettrai si je le vois avant le dîner de ce soir. Je suis heureux que tu aies accepté d'utiliser l'onguent qu'il a préparé. Il a vraiment changé tu sais. C'est devenu un ami pour moi.
Harry haussa les épaules.
- Ouai, enfin ne t'attends pas à ce que je fasse pareil. Il reste… trop de passif entre nous. Ce sera déjà bien si on arrive à s'entendre comme collègues.
Il restait dubitatif sur le comportement du Serpentard à long terme, persuadé qu'il ne pouvait pas avoir changé du tout au tout. Son tempérament détestable allait bien finir par réapparaître tôt ou tard, et il comptait bien garder une distance de sécurité pour quand ça arriverait.
Une fois son petit déjeuner terminé, il rappela Bepsy. L'elfe le fit transplaner jusqu'à sa salle pour lui éviter de devoir monter les marches au milieu du flux d'élèves, puis il commença sa journée de cours. Ils n'avaient jamais les mêmes groupes deux jours d'affilée pour permettre aux élèves de faire leurs devoirs, et ce jour-là il avait une majorité de Serdaigles et Poufsouffles. Comme du temps de sa scolarité, les Gryffondors étaient toujours avec les Serpentards en Défense contre les Forces du Mal, et cette rivalité historique rendait les séances de duel assez explosives. Cette concurrence était particulièrement exacerbée entre les élèves qui faisaient partie des équipes de Quidditch de leur maison, alors même que la saison n'avait pas encore débuté, et Harry craignait par avance les semaines précédant les matchs.
Ce matin-là heureusement, il n'eut aucun incident à déplorer et lorsque midi arriva, il était satisfait de son début de journée. Les effets du baume s'étaient dissipés, cependant la douleur ne s'était pas accumulée autant qu'habituellement et il allait pouvoir profiter de la pause midi pour en remettre.
Mais alors qu'il venait de se laisser tomber dans son fauteuil, quelqu'un frappa à sa porte.
- Potter ! C'est moi, Drago. J'ai croisé Neville qui m'a dit que tu voulais que je vienne.
Harry soupira. Son ami avait dû se précipiter sur le potionniste dès qu'il était arrivé dans la Grande Salle. Il se leva péniblement pour ouvrir la porte, tombant nez-à-nez avec le blond, une grosse valise flottant derrière lui.
- Salut. Je ne pensais pas que tu viendrais si vite.
- J'étais trop impatient de t'entendre dire que j'étais génial et que ta vie avait changé grâce à moi.
Le sourire de Drago était espiègle, et Harry secoua la tête.
- Je dois bien avouer que le baume que tu as préparé est dix fois plus efficace que celui de Sainte Mangouste. Mais il fallait bien ça pour que j'en mette malgré l'odeur épouvantable. Il y a quoi dedans, des bouts de cadavres ?
- Je ne crois pas que tu sois à même d'appréhender toute la subtilité de mon art, mais je te rassure, je peux régler le problème de l'odeur sans rien retirer à son efficacité.
- Tu sais que les Aurors ont une formation particulière en potions ? Je ne suis pas si ignorant.
- Humhum…
Le potionniste avait manifestement cessé de l'écouter. Il avait récupéré le gros pot d'onguent sur la table du salon et était en train de sortir plusieurs flacons depuis sa valise, sous l'œil incrédule de Harry.
- Tu vas vraiment avoir besoin de tout ça pour améliorer l'odeur ?
- Viens, approche ton nez. Toutes les essences ne peuvent être mises dans un baume. Il faut non seulement qu'elles ne soient pas irritantes pour la peau mais aussi qu'elles ne rentrent pas en conflit avec d'autres composants.
- Je peux vraiment choisir ?
- Non non, je m'amuse à venir jusqu'ici et à tout sortir pendant ma pause repas juste pour te narguer ! Tu as d'autres questions idiotes ou tu as fini de me faire perdre mon temps ?
Harry soupira et désigna l'un des flacons, qui dégageait un agréable parfum de chèvrefeuille.
- Celui-là.
- Bien, ça devrait être vite fait. Tu vas pouvoir l'utiliser d'ici quelques minutes…
Il avait jeté un sortilège sur le pot qui contenait le baume, puis avait versé plusieurs gouttes du contenu de la fiole avant de mélanger vigoureusement à l'aide d'une spatule. L'odeur que Harry avait choisie envahit l'atmosphère un instant plus tard et Drago le tendit bientôt à Harry avec une sorte de courbette moqueuse.
- Merci. Tu me diras combien je te dois…
- Rien du tout. Les ingrédients viennent de mes réserves de cours, donc payés par Poudlard.
- Et donc, tu fais ça par pure bonté d'âme ?
- Crois-le ou non mais j'ai changé et je n'ai aucune raison de ne pas aider un collègue dans le besoin, surtout si c'est pour t'entendre reconnaître mes mérites. En plus maintenant que je me suis servi de toi comme cobaye, je vais pouvoir vendre ma recette à Sainte-Mangouste. C'est gagnant-gagnant.
Il rangea méticuleusement les différentes fioles dans sa valise tandis que Harry se laissait retomber dans le fauteuil.
- Je vois. Mais merci tout de même d'être revenu. Tu aurais pu me dire que l'odeur était une conséquence sine qua non à l'efficacité de la potion. Je ne me serais jamais hasardé à la modifier moi-même.
Drago s'était arrêté juste devant la porte, main sur la poignée, de sorte que le Survivant ne pouvait voir l'expression de son visage.
- Ce serait à moi de te remercier. Te faciliter un peu la vie n'est qu'une faible compensation après tout ce que tu as fait pour moi.
Il avait parlé à mi-voix, au point qu'Harry avait dû tendre l'oreille pour comprendre, et sans même lui laisser le temps de répondre, il avait quitté l'appartement.
- Quoi ?! Malefoy, mais…
Dépité, il renonça à se relever pour tenter de le rattraper. Il devait encore masser sa jambe et avaler son déjeuner, et il ne restait plus tant de temps que cela avant la reprise des cours. Il retira son pantalon et étala le baume qui avait désormais une odeur bien plus agréable. Il était légèrement tiède et il pénétra sans difficulté sa peau meurtrie.
Sa douleur soulagée, il put déguster le repas chaud qui était apparu sur la table avant de retourner dans sa salle de classe, à la fois ragaillardi par la diminution de sa douleur mais aussi intrigué par les derniers mots du Serpentard.
Le reste de la journée se déroula sans événement particulier et le soir venu, Harry décida de descendre jusqu'aux cachots pour aller discuter avec le potionniste. Il voulait savoir ce qu'il avait entendu par sa dernière phrase. Était-ce parce qu'il lui avait sauvé la vie, lorsque Crabbe avait lancé le Feudeymon dans la salle sur demande ? Il voulait lui dire qu'il ne lui était certainement pas redevable pour cela. Il aurait sauvé quiconque se trouvait dans cette situation… Néanmoins Drago avait parlé de "tout ce que tu as fait pour moi". Y avait-il donc autre chose ?
Tout à sa réflexion, il arriva bientôt devant l'appartement de sa cible, espérant ne pas l'avoir manqué. Malgré la diminution de la douleur, il restait lent et laborieux à se déplacer et était essoufflé chaque fois qu'il devait emprunter un escalier.
Mais alors qu'il s'apprêtait à toquer à la porte, un éclat de voix l'arrêta dans son geste.
- Non, père ! Je n'ai pas oublié qui j'étais. Inutile de me menacer !
Il ne pouvait entendre ce que disait Lucius Malefoy, mais il semblait évident que Drago était furieux. Était-il possible que Lucius veuille le contraindre à faire quelque chose d'illégal ? À la fin de la guerre, le patriarche n'avait purgé qu'une peine de prison de 8 ans, du fait qu'il ait retourné sa veste lors de la bataille finale, cependant Harry était persuadé qu'il avait recommencé à tremper dans des affaires louches. Il n'avait jamais réussi à avoir la moindre preuve, mais peut-être était-il sur le point d'obtenir un élément déterminant…
Il colla doucement son oreille contre la porte. Heureusement que Drago criait, car il ne l'avait manifestement pas entendu arriver malgré sa canne…
- Oui, je vais le faire. Vous avez gagné. Mais je vous préviens, il est hors de question que cela nuise à ma carrière. J'aime mon métier, et je ne compte pas l'abandonner, même si cela vous déplait.
- C'est à Londres. Tu as rendez-vous samedi soir à 19h précises à…
Le bruit provoqué par des élèves non loin l'empêcha d'entendre la fin de la phrase. Harry hésita. Devait-il intercepter son collègue pour lui éviter de faire une bêtise ou bien devait-il le suivre pour récolter des preuves contre Lucius Malefoy ?
De l'autre côté de la porte, la conversation se poursuivit :
- Très bien, j'y serai.
- J'espère que tu sais que je fais cela pour notre famille. Plus tard, tu me remercieras, et un jour, toi aussi tu devras prendre ce genre de décisions.
- J'en doute fort, mais puisque vous ne me laissez pas le choix, inutile d'essayer de me convaincre. Bonsoir, père.
Sentant que Drago était sur le point de quitter ses appartements, Harry se dépêcha de faire demi-tour. Il voulait lui faire croire qu'il venait seulement d'arriver, et il martela sa canne contre le sol de pierre pour simuler sa marche.
C'est ainsi qu'il croisa le Serpentard, la tête baissée et la mine sombre.
- Potter ?! Qu'est-ce que tu fais là ? Encore un souci avec le baume ?
- Malefoy. Euh non, pas du tout. En fait je voulais simplement discuter… Quand tu es parti, tu as dit que tu me devais beaucoup et…
- Ah ça… N'y pense plus.
- Mais…
- Écoute, je n'ai rien contre toi, bien au contraire. Pour moi, tout ça c'est de l'histoire ancienne. Tu es mon collègue et il me semble normal de s'aider entre collègues. Tu ne me dois rien, et si vraiment tu tiens à me rendre la pareille, et bien tu n'auras qu'à surveiller à ma place quelques élèves collés à l'occasion. Allez viens, allons manger.
Harry le suivit en silence, soulagé que son indiscrétion n'ait pas été remarquée. Intérieurement, son cerveau tournait à plein régime. Il n'avait pas la moindre idée de ce que Lucius avait bien pu ordonner à Drago de faire, mais venant de lui, c'était forcément maléfique… Et s'il parvenait à trouver des preuves, peut-être que Gawain verrait qu'il était toujours apte à être Auror… Peut-être qu'il pourrait alors retrouver sa vie d'antan… Sa femme, son fils…
Pris dans ses pensées, il pouffa d'un rire sans joie. S'il restait encore plausible qu'il redevienne Auror, sa relation avec Ginny avait commencé à se dégrader bien avant son accident…
Il reprit soudain conscience de la réalité en entendant la voix de Drago à ses côtés.
- Potter ? On peut savoir ce qui te fait rire ?
- Hum, quoi ? Oh, désolé. J'étais en train de penser à mon ex-femme…
- Ton ex-femme ? Je pensais que tu étais toujours avec. C'était la fille Weasley, c'est ça ?
- Ginny Weasley oui, mais nous avons divorcé il y a quelques mois. Moi qui pensais que tous les sorciers de Grande Bretagne étaient au courant… Ça a fait les choux gras de la Gazette pendant quelques semaines…
Il n'avait pas pu masquer sa lassitude en disant cela, mais son collègue lui avait répondu par un étonnement poli.
- Je n'ai pas pour habitude de lire les news people. Et donc qu'est-ce qui t'a fait penser à elle, si ce n'est pas trop indiscret ?
Harry n'eut pas à réfléchir bien longtemps pour trouver une excuse plausible.
- Je me disais que ton baume était tellement efficace que je me verrais presque reprendre mon ancien métier. Mais que même si je redevenais Auror, je ne pourrais pas retrouver mon ancienne vie.
- Je vois. Elle te manque ?
Le Gryffondor écarquilla brièvement les yeux, étonné par la question. Néanmoins, il prit le temps d'y réfléchir avant de répondre.
- Non. Elle a dit et fait trop de choses contre moi. Je n'ai plus le moindre sentiment pour elle. Mais mon fils me manque.
Drago marchait à pas lents pour rester à son rythme, et Harry put voir la surprise se peindre sur son visage.
- J'ignorais que tu avais un fils. Il a quel âge ?
- 4 ans. Il s'appelle James. Mais je suppose qu'il est mieux avec sa mère.
- Qu'est-ce qu'elle fait comme métier ?
- Joueuse de Quidditch. Elle est chez les Harpies de Holyhead. Et toi, tu as quelqu'un dans ta vie ?
- Non.
La réponse avait été abrupte, tombant comme un couperet mettant fin à cette étrange conversation. Ils n'étaient plus qu'à quelques mètres de la Grande Salle et ils parcoururent la distance restante dans un silence pesant, au point qu'Harry se sentit soulagé d'arriver à table.
Neville était en train de manger, et il les salua tour à tour avec sa jovialité habituelle.
- Salut les gars ! Alors, vous avez passé une bonne journée ?
Drago étant en train de se servir, il en profita pour répondre en premier.
- Salut Nev' ! Plutôt bonne, et toi ?
- Tranquille. Je n'ai encore envoyé personne à l'infirmerie cette semaine, donc c'est une bonne journée.
Le Survivant pouffa de rire.
- Ça t'arrive si souvent que ça ?
- J'ai battu le triste record d'Hagrid, c'est te dire. Au début, Debby Peterson était persuadée que je voulais tuer des élèves. Il a fallu qu'elle assiste à l'un de mes cours pour comprendre que certains étaient de tels idiots que ce n'était pas de ma faute. Tu te souviens de Cormac McLaggen ?
- Et comment ? Le connard qui avait envoyé un Cognard dans ma direction en plein match de Quidditch…
- Lui-même. Il avait aussi passé plusieurs jours à l'infirmerie après avoir mangé des œufs de Doxys pour gagner un pari. Je pensais que personne ne pouvait être aussi stupide… Et bien figure-toi que l'année dernière, un groupe d'élèves tout aussi intelligents ont mangé les baies contenues dans les cosses d'un Champifleur… Je ne m'en suis pas aperçu pendant le cours. Ce n'est qu'une fois les trois élèves à l'infirmerie en train de hurler de douleur qu'un camarade de leur classe m'a dit ce qu'ils avaient fait. Trois élèves de Gryffondor en plus ! Au moins ça leur aura servi de leçon.
- Ils sont toujours à Poudlard ?
- Oui. Anita Jenkins, Robin McClaggan et Ethan Fig. Ils sont en 4e année maintenant. Tiens-les à l'œil si tu amènes quelque chose de dangereux en cours… Merlin seul sait de quoi ils seraient capables. Ils n'ont jamais fait de conneries chez toi, Drago ?
- Non, pas eux. Mais i ans, un élève a décidé de boire sa potion contre la migraine avant de me l'avoir montrée. Malheureusement pour lui, il avait confondu des feuilles d'ail des ours et des feuilles de colchique blanche. Je leur répète pourtant régulièrement de ne pas le faire. Il faut croire que certains ont besoin de se prendre un mur avant de comprendre.
Le potionniste avait l'air franchement maussade, et Neville décida de le taquiner.
- On dirait que tu as passé une sale journée. Fais attention de ne pas devenir trop aigri, sinon on va te comparer à Rogue !
- Non, ce n'est pas ça. C'est juste que mon père m'a appelé… J'avais quelque chose de prévu samedi soir, mais je vais devoir m'arranger autrement à cause de cet empêcheur de tourner en rond.
Harry décida de tenter sa chance.
- Qu'est-ce que tu avais l'intention de faire samedi ?
- Rien qui ne te concerne, Potter. J'avais déjà prévenu que je ne serais pas au château ce soir-là. Mais je serai de retour dimanche.
Il passa le repas plongé dans ses pensées et même Neville le laissa tranquille, accentuant la curiosité de l'ex-Auror. Qu'est-ce que Drago pouvait bien avoir de prévu ce samedi ? Lui qui ne semblait vivre que pour son travail allait quitter le château pour toute la nuit, et cela ne disait rien qui vaille à Harry.
***/+/***
Il restait plusieurs jours avant le weekend et Harry s'appliqua à ne rien dévoiler au potionniste sur ses suspicions. Ce n'était pas bien compliqué en soit, puisqu'ils ne s'adressaient guère la parole, cependant il devait simplement esquiver les questions de Neville sur ses potentielles activités du samedi soir. Le botaniste était très volubile, et manifestement désireux de faire en sorte que ses deux amis s'entendent bien. Il faisait souvent la conversation lorsqu'ils étaient à table en s'efforçant de parler à l'un et à l'autre. Il semblait inépuisable sur les anecdotes à raconter sur les élèves et Harry admirait l'aisance qu'il avait acquis depuis qu'il était devenu professeur. Il était évident qu'il s'épanouissait dans son quotidien, au point que le Survivant se sentait presque coupable de vouloir abandonner son poste pour récupérer son précédent emploi dès qu'il en aurait l'opportunité. Mais lui, il était devenu professeur par défaut, et il lui manquait cette adrénaline qui accompagnait fréquemment ses missions en tant qu'Auror.
Le samedi cependant, l'excitation de l'aventure ne l'avait pas quittée. Il savait que Drago donnait des cours de soutien et surveillait certaines retenues au cours de la matinée, en revanche il ignorait à quelle heure il quittait le château.
Lors du déjeuner de midi, il avait pris sa cape d'invisibilité et jeté un Assurdiato sur ses chaussures et sa canne pour ne pas se faire repérer. Puis il avait suivi le potionniste à travers les couloirs jusqu'à pouvoir lui jeter un sortilège de traçage.
Le Serpentard avait quitté Poudlard à 18h45 en utilisant la cheminée de son bureau, et Harry avait attendu plusieurs minutes avant de le suivre, confiant dans son sortilège.
Puisque Drago avait rendez-vous à Londres, il était probablement ressorti par la cheminée du Chaudron Baveur, qui était la porte d'entrée pour le Chemin de Traverse.
Une fois sur place, il pourrait toujours transplaner ailleurs…
Une dizaine de minutes plus tard, il arrivait dans le pub, où il fut accueilli par Tom, qui était toujours patron du bar malgré les années. Il avait pris la précaution de modifier son apparence pour ne pas être reconnu, néanmoins le propriétaire le salua avec sa jovialité habituelle.
- Bonjour monsieur ! Bienvenue ! Qu'est-ce que je vous sers ?
- Rien du tout. Merci, mais je ne suis que de passage. Je vous souhaite une excellente soirée !
Il rejoignit la rue sorcière à pas lents, aidé par sa canne. Bien que le nouveau baume préparé par Malefoy soulage une partie de la douleur, sa jambe restait mutilée et ses muscles atrophiés par le maléfice qui l'avait touché.
Heureusement, Malefoy ne semblait pas être loin. S'il se fiait à son sortilège de traque, le Serpentard se trouvait dans un restaurant chic de la rue Carkitt Market. Harry n'était jamais allé à cet endroit bien que Ginny le lui ait fréquemment réclamé. Il trouvait les prix excessifs pour un simple repas, mais il n'était pas surpris que quelqu'un comme Drago s'y rende pour dîner, cependant était-ce bien là l'endroit où Lucius avait exigé qu'il se rende ?
S'il s'agissait d'un simple repas au restaurant, pourquoi donc le Serpentard avait-il tant rechigné ?
Il en comprit bientôt la raison en voyant les personnes rassemblées devant la façade : Drago était en compagnie de deux femmes. L'une d'elle portait une longue robe noire au col et manches serrées, avec l'air pincé d'une vieille gouvernante. Elle ressemblait un peu à l'équivalent féminin de Rusard. Quant à l'autre, dont Drago était en train de baiser la main, était une jeune femme au teint diaphane et aux longs cheveux bruns. Elle portait une élégante robe de satin bleu et une parure de saphirs ceignait son cou gracile.
Tout semblait indiquer un rendez-vous arrangé, car le potionniste s'était aussi habillé avec un soin particulier, et l'emblème de la famille Malefoy brillait sur sa cape.
Harry n'avait pas prêté grande attention à ses vêtements, et il sut immédiatement qu'il ne pourrait guère entrer dans le restaurant sans être immédiatement remarqué.
Bien sûr, il aurait pu mettre fin à sa surveillance, puisque le patriarche Malefoy ne semblait finalement rien avoir prévu de néfaste, cependant il savait que Drago avait réservé sa soirée de longue date. Cela attisait bien trop la curiosité de Harry pour qu'il se stoppe maintenant.
Drago Malefoy avait manifestement prévu autre chose après le dîner, et il comptait bien savoir ce qu'il en était…
Fin du chapitre 2
À partir du prochain chapitre, les points de vue entre Harry et Drago vont s'alterner.
J'espère que vous avez apprécié ce chapitre qui explique un peu l'état d'esprit de Harry, pourquoi il est devenu si acariâtre, et pourquoi il est toujours aussi méfiant vis-à-vis de Drago. Il va encore falloir du temps à ces deux là pour se rapprocher. ^^ 😁
J'espère que l'histoire vous plait toujours et que j'ai attisé votre curiosité. Qu'est-ce que Drago a bien pu prévoir pour ce samedi soir ? XD
La réponse dans le chapitre 3 ! Mouwahaha ! 😏
J'essaye de publier un chapitre toutes les 2 semaines. À bientôt donc ! 😘
