Une fois qu'ils eurent terminé d'interroger Ikumi, Conan indiqua au scientifique leur prochaine destination. Ainsi, les deux détectives et l'homme quittèrent le théâtre afin de se rendre au commissariat.
Pendant qu'ils se dirigèrent vers la coccinelle jaune, le faux petit-garçon avait discrètement demandé au professeur Agasa, s'il n'avait pas une pilule contre le rhume pour Hattori. Malheureusement, il n'en avait pas sur lui, mais il promit néanmoins au garçon qu'il passerait chez lui en récupérer, une fois qu'ils auraient terminé ce qu'ils avaient à faire.
Dès qu'ils furent installés dans la voiture, Heiji sortit son téléphone de sa poche pour enfin rappeler son père. Mais au moment où il s'apprêtait à appuyer sur la touche verte, le téléphone de son meilleur ami se mit à sonner.
« C'est Kisaki-sensei. » dit-il après avoir sorti l'objet de sa poche.
« Vas-y tu peux décrocher. » autorisa l'osakien en frottant les yeux pour chasser la fatigue qu'il ressentait. Il savait que l'avocate pouvait appeler par rapport à l'état de sa fille
« Oui Obasan ? » fit-il de sa voix enfantine après avoir décroché et porté son portable à son oreille.
« Conan-kun ? Où es-tu ? » demanda Eri d'une voix inquiète. « Tu as dit qu'Agasa-Hakase, te déposerait à l'agence pour que tu puisses prendre une douche et que vous reviendrez ensuite rapidement, mais là ça fait près de 2h ! Les enfants aussi commencent à s'inquiéter… »
« Merde j'avais oublié cette histoire. » grimaça le faux-enfant. « Gomen Obasan, mais Hakase a dû faire un détour chez lui, pour aller chercher quelque chose et j'ai fini par m'endormir sur le canapé. » mentit-il d'un ton innocent.
« Oh…C'est à moi de m'excuser Conan-kun, j'aurais dû me douter qu'après toutes ces épreuves, tu serais exténué. Désolée si je t'ai réveillé, prends tout ton temps pour revenir. Ne t'inquiète pas. » Le petit détective se sentait coupable de mentir à la femme, qui semblait vraiment s'être inquiété pour lui. Après tout, il était normal qu'elle soit anxieuse et qu'elle est peur pour ses proches étant donné les derniers évènements.
« Ce n'est rien Obasan…Comment va Ran-neechan ? »
« Le médecin est passé tout à l'heure, il dit que son état est stable, mais ils ne savent toujours pas quand ils la sortiront du coma… » répondit-t-elle tristement.
« Je vois…Vous prenez le temps de vous reposer au moins ? »
« Oh tu es gentil de te préoccuper de moi, mais ne t'en fait pas, je suis descendue à la cafétaria tout à l'heure pour y prendre un café. D'ailleurs, j'y ai croisé Sasuke-kun, le fils de Fujiwara-san, le pâtissier qui a récemment perdu sa femme, dans un braquage à Kawagoe. »
« Le fils de Fujiwara-san ? » s'étonna-t-il. « Quelle coïncidence ! Nous l'avons vu hier et… »
« Oui il m'a expliqué le malaise qu'avait fait son père… » dit-elle en l''interrompant. « C'est d'ailleurs pour cela qu'il se trouvait à l'hôpital, il venait récupérer des affaires que Fujiwara-san avait oublié... »
« C'est vrai qu'hier aussi nous étions à l'hôpital…Je n'aurais jamais imaginé qu'on y reviendrait aussi vite et surtout pas dans ces conditions. » réalisa Conan.
« Conan-kun, tu es toujours là ? » demanda la mère de Ran en constatant qu'il ne semblait plus l'écouter.
« Euh oui…Excusez-moi…Que disiez-vous ? »
« Ne t'en fais pas. Je sais que tu es fatigué. » comprit-elle. « Je disais que Sasuke-kun, vous est vraiment reconnaissant d'avoir appelé l'ambulance quand son père a fait sa crise. »
« C'est normal. J'espère qu'il va mieux maintenant. »
« Oui, il a quitté l'hôpital hier en fin de journée et depuis il se repose. »
« C'est super ça. » sourit-il légèrement.
« Oui. Je vais te laisser te reposer maintenant. Tu n'es pas obligé de revenir aujourd'hui, surtout qu'il commence à se faire tard… »
« Mais je… » voulut-il protester.
« Je sais que tu veux rester près de Ran. Mais tu dois aussi prendre soin de toi Conan-kun, à ton âge il est important qu'un enfant se repose surtout après avoir vécu un tel drame. En tout cas, sache une chose, je suis ravie que tu sois là pour elle. » dit-elle chaleureusement. « Pas comme certain de ses amis… » ajouta-t-elle à voix basse. Conan pouvait ressentir dans ces paroles, que la femme ressentait de la déception. Et il savait également ce qu'elle avait voulu dire en disant 'certain de ses amis'…elle faisait bien entendu référence à lui…Kudô Shinichi.
Inconsciemment, le détective rétréci serra les poings, il n'était pas en colère contre Eri, il pouvait parfaitement comprendre ses mots. Il était en colère contre lui-même, il se sentait impuissant d'être coincé dans ce corps d'enfant. Il voulait vraiment être aux côtés de sa petite-amie dans son vrai corps. Il souhaitait parler à la jeune fille dans le coma avec sa vraie voix. Il était à deux doigts d'appeler Haibara pour la supplier afin qu'elle lui donne un antidote temporaire.
« Conan-kun ? » entendit-il soudainement alors qu'il était de nouveau plongé dans ses pensées.
« Gomen Obasan… » s'excusa-t-il une nouvelle fois.
« Ce n'est rien. Je te disais juste, de dire à Hakase que ce n'est pas la peine qu'il revienne chercher les enfants, Sonoko-kun s'est proposée pour les raccompagner. »
« D'accord je lui dirai. Merci obasan ! »
« Je t'en prie ! Et n'oublie pas de te reposer. » fit-elle avant de raccrocher.
« Je suis désolé Obasan, mais le repos, ça ne sera pas pour tout de suite. » se dit-il après avoir retiré son téléphone de son oreille. « Hakase, ce n'est pas la peine d'aller chercher les détectives boys à l'hôpital, Sonoko se charge de les ramener. » dit-il en regardant le scientifique qui conduisait. « Hattori, c'est bon tu peux rappeler ton… » commença-t-il en se retournant vers son meilleur ami qui se trouvait sur la banquette arrière. « Hattori ?! » s'étonna-t-il en voyant que l'osakien dormir.
« Il s'est endormi, peu après que tu es commencé ton appel. » déclara Agasa. « Ça ne m'étonne pas vraiment…J'ai bien vu à quel point il était fatigué, depuis qu'on est venu le chercher à cet arrêt de bus. » soupira-t-il avec un air soucieux.
« Et son rhume n'arrange pas son état… » ajouta l'adolescent rétrécit.
« Il vaut mieux le laisser dormir le temps que nous arrivons. » proposa l'homme âgé.
« Hmm. » approuva l'autre d'un hochement de tête, alors qu'il observait toujours son alter-égo d'Osaka.
Heiji qui était profondément endormi commença du moins recommença, à sombrer dans un nouveau cauchemar. Cette fois-ci, il ne vit rien de précis dans son mauvais rêve. Il entendait surtout la voix ou plutôt les cris de sa chère et tendre.
« HEIJI, OTOSAN, OKAN…RAN-CHAN… » entendit-il. « Où êtes-vous ? J'ai besoin de vous… » sembla-t-elle pleurer.
« Kazuha je suis ici ! » Il se retrouva tout à coup dans un espèce de néant…Tout était noir…Mais ça n'avait pas d'importance, l'importance était de trouver sa petite-amie. « Kazuha ! Où es-tu ? » Il se mit à courir pour chercher. « KAZUHA ! »
« Hattori ! Hattori ! » entendit-il de plus en plus, alors qu'il avait l'impression d'être secoué.
Haletant, l'osakien finit par ouvrir les yeux, il constata qu'il était de retour dans la coccinelle du professeur Agasa. Il sentit également une petite main sur son épaule, il regarda à qui elle appartenait et vit que c'était celle de son meilleur ami qui se trouvait maintenant à ses côtés, ce dernier avait un regard soucieux. Le faux-enfant s'était en effet précipité sur la banquette arrière, dès qu'il avait commencé à entendre l'adolescent s'agiter. Il avait depuis tenter de le réveiller.
« Kudô… » dit-il d'une voix encore endormie. « Je me suis endormi…et j'ai encore fait un cauchemar… » réalisa-t-il. « Cette fois-ci, je n'ai entendu que sa voix…c'est comme si j'entendais ses pensées… »
« Enfin réveillé ! » fit Conan après un soupir de soulagement.
« Tu nous as fait une frayeur. » dit Agasa qui conduisait toujours.
« Tu vas bien ? » demanda le petit-détective inquiet. « Tu n'aurais pas de fièvre par hasard ? » Il commença à lever sa main pour toucher son front.
« Je vais bien. Ne t'inquiète pas pour moi. » tenta-t-il de rassurer en repoussant gentiment sa main. « J'ai juste fait un cauchemar… » minimisa-t-il.
« Encore tes cauchemars ? » fit le faux-enfants en haussant les sourcils. C'était la deuxième fois dans la journée que l'osakien faisait mention de ses rêves. La première fois, il l'avait un peu envoyé sur les roses, n'étant pas vraiment d'humeur à écouter à ce moment-là. Mais à présent, bien qu'il était toujours concentré sur l'affaire, il était en même temps préoccupé par l'état de son partenaire d'enquête. Il avait déjà sa petite-amie dans le coma, il ne voulait pas non plus que son meilleur ami se rende encore plus malade.
« Ouais, mais t'inquiète. C'est rien. » mentit-il en haussant les épaules. « Né Hakase, on arrive bientôt ? » demanda-t-il au scientifique pour éviter que son rival ne lui pose davantage de question.
« Oui, nous ne sommes plus très loin. » répondit l'homme plus âgé. « Mais tu sais…si tu ne te sens pas bien, ça ne me dérange pas de faire un petit détour pour aller chercher un médicament. » ajouta-t-il alors que grâce au rétroviseur intérieur, Heiji pouvait voir qu'il affichait une expression inquiète
« Je vais bien ! Ne vous inquiétez pas pour moi. » refusa-t-il mais tout de suite après il fut pris d'une quinte de toux. « En revanche, je veux bien un masque si vous en avez. » lui dit-il d'une voix un peu rauque. Malgré tout son entêtement, il était quand même conscient qu'en toussant et en éternuant, il pouvait transmettre ses germes à ceux qui l'entouraient.
« J'en ai dans ma boîte à gant. Je t'en donnerai quand on arrivera. »
« Parfait merci ! » dit-il. « Ah c'est vrai il faut que je rappelle Oyaji. » se souvint-il à présent qu'il était plus réveillé. Il sortit son téléphone de sa poche et composa le numéro de son père.
« Imbécile de fils ! C'est maintenant que tu rappelles ! » aboya le surintendant d'Osaka à la minute où il eut décroché.
Bien entendu Heiji s'attendait à ce que son père réagisse ainsi, mais entendre ce dernier crier alors qu'il ressentait toujours son horrible migraine agaça évidemment notre détective de l'Ouest têtu au sang chaud.
« Tu pensais vraiment que j'allais rester à me reposer tranquillement alors que ma petite-amie a disparu ?! » rétorqua-t-il sèchement avant de repartir dans une série d'éternuement.
« Ne me dis pas que tu as attrapé un rhume ? » questionna-t-il de son ton mordant.
« Oyaji ce n'est pas le moment de parler de ma santé. » fit-il après avoir reniflé. « J'imagine que tu m'as appelé, pour me dire que le suspect principal allait être appréhendé et interrogé ? »
« C'est exact ! » confirma le surintendant d'Osaka.
« Kudô et moi sommes actuellement en route. »
« Oui quand je suis arrivé avec Toyama, Megure m'a dit que Kudô-kun t'avait probablement demandé de venir assister à l'interrogatoire de ce Muranishi Takashi. »
« Alors il t'a dit qu'il avait eu Kudô au téléphone ? »
« Oui. Quand je l'ai su, j'ai immédiatement supposé que tu te trouvais avec lui lors de cet appel. D'ailleurs quand je me suis réveillé et que j'ai vu que mon fils impétueux s'était enfuit, j'ai tout de suite deviné que tu avais dû rejoindre ton ami, pour enquêter probablement au théâtre Sora. » déclara l'homme.
« Hmm. » fit simplement l'osakien alors qu'il était exaspéré du fait que son père le connaisse un peu trop à son gout.
« J'imagine que ma déduction était juste ? » devina le chef de la police face à l'absence de réponses de son fils. « Quoi qu'il en soit, peu de temps avant notre arrivée un vigile qui était présent hier soir est venu pour témoigner. Toyama a rejoint Megure pour l'écouter. »
« Tu n'es pas allé avec lui ? »
« Non, je me suis dit que tu allais sûrement me rappeler pour m'annoncer que vous veniez. »
« Ce vigile, il s'appelle Amamiya ? » questionna Heiji, mais soudain, en mentionnant son nom, il eut comme un éclair de génie. Au même moment, Conan fut frappé par la même sensation.
« Oui. Comment le sais-tu ? demanda le surintendant intrigué.
« Je t'expliquerai plus tard ! De toute façon, on ne devrait plus trop tarder. » déclara-t-il avant de raccrocher, ne laissant même pas le temps à son père de protester. « Kudô, je viens de penser à quelque chose… » Il se tourna vers son ami de petite taille qui se trouvait toujours à ces côtés. « Ikumi-san nous a dit que Amamiya-san était alcoolique… »
« Je pensais à la même chose figure-toi… » dit le faux-enfant. « Et si en réalité cette fameuse bouteille qu'il était allé chercher dans sa voiture était une… »
« Bouteille d'alcool ! » dirent-ils en même temps et en écarquillant les yeux.
« P'tain ce salaud serait donc complice dans cette affaire. » jura Hattori en serrant les poings et les dents. « C'est bien lui qui était à l'hôpital et qui se renseignait sur Neechan…En plus, il ose mentir à sa petite-amie en lui faisant croire qu'il a arrêté de boire… »
« Hattori, il n'a peut-être pas arrêté l'alcool, mais pour quelle raison se serait-il rendu à l'hôpital pour tenter de voir Ran ? »
« KUDO TU AS BIEN VU COMME MOI QUE CE GARS N'HESITE PAS A NOUS CACHER DES CHOSES LES YEUX DANS LES YEUX ?! » cria-t-il en faisant sursauter par la même occasion son meilleur ami. « Qu'est-ce qu'il te fait croire qu'il nous a tout dit ? Qu'est-ce qu'il te fait croire que dans ces déclarations, il n'aurait pas ajouté de faux-éléments ? »
« De faux-éléments ? » répéta l'autre détective en fronçant les sourcils.
« Son histoire de voiture blanche qu'il aurait aperçue au loin par exemple ? Je te l'ai dit ce type est capable de mentir même à sa petite-amie. A mon avis quand il est allé chercher sa 'bouteille', il a été témoin de l'agression de Neechan et de l'enlèvement de Kazuha. Il a dû voir que le responsable était l'un de ses collègues, probablement ce vigile à lunettes qui soi-disant ne lui disait rien quand tu lui en as parlé… mais ce sale lâche a préféré le couvrir au lieu d'aller à la police. Et s'il est allé à l'hôpital ce matin déguisé, c'est parce qu'il voulait s'assurer qu'il n'était pas le complice d'un meurtre. D'après ce que j'ai pu constater en parlant avec ce type, c'est qu'un sale peureux. »
« Hattori ton hypothèse peut tenir la route, mais en tant que détective et avant de le déclarer coupable, il faut qu'on voie s'il a un alibi, vérifier si notre déduction est correcte et aussi se concentrer sur les autres suspect et… »
« Il mesure environ 1m75 comme le type qui a tenté d'obtenir des infos sur ta copine ! C'est un alcoolique qui se balade avec sa bouteille dans sa voiture. Et toi tu veux lui laisser encore le bénéfice du doute ?! On devrait surtout se concentrer sur ce type ! Il sait qui a enlevé Kazuha, il peut nous mener à son kidnappeur. Et toi tu veux… » Mais Heiji ne put terminer sa phrase, car il était reparti une nouvelle fois dans une quinte de toux.
« Hattori… » il s'inquiéta de nouveau pour son ami.
« Arrête de me materner ! » lui dit-il sèchement avant de lui tourner le dos pour regarder la fenêtre. Cette fois-ci la promesse qu'il s'était fait pour éviter les querelles était tombé aux oubliettes. Il n'avait vraiment pas supporter que son alter-égo n'aille pas dans son sens.
Durant le reste du trajet, Hakase qui n'avait pas voulu se mêler de la discussion mouvementée des deux détectives, pouvait à présent sentir la tension palpable que cette dispute avait généré. Il était à présent assez mal à l'aise et n'osait pas engager une nouvelle conversation. Conan était également gêné de la situation, il voulait juste faire comprendre à son meilleur-ami que le devoir d'un détective n'était pas de condamner un suspect s'il n'y avait pas assez de preuve. Mais visiblement, Heiji était actuellement aveuglé par la colère et le jeune tokyoïte savait qu'il serait difficile d'expliquer à l'adolescent têtu et borné qu'en ce moment, il devait être rationnel. Il décida également de mettre la réaction de l'osakien sur le compte de son état actuel, entre sa fatigue, son rhume et ses cauchemars qui semblaient le hanter…il savait que son cerveau ne devait pas être à 100% en marche.
En ce qui concerne Hattori, il continuait de fixer la fenêtre, mais en réalité, il était de nouveau plongé dans une profonde réflexion. Il ne pouvait pas s'empêcher de repenser à ses cauchemars.
« J'ai de plus en plus de mal à cerner ces cauchemars… Depuis que Kazuha a disparu…je ne me suis endormi que deux fois…la première fois je la vois terrifier par quelque chose ou quelqu'un…et la seconde fois j'ai simplement entendu sa voix. Mais j'ai vraiment l'impression que dans ces deux cas, ce que j'ai vu et entendu se passaient en direct…ça me rappelle un livre de parapsychologie que j'avais lu, ça parlait de rêves télépathique… » se dit-t-il en posant une main sur son front, à ce moment-là il constata lui-même qu'il était un peu chaud. « Génial, de la fièvre… » Il souffla. « Tout ça est en train de me dépasser… j'ai l'impression de devenir fou…j'ai même crier sur Kudô. En même temps, je suis convaincu que cet Amamiya n'est pas innocent dans cette histoire… » Il se massa le front avec ses doigts pour tenter de chasser ses maux de têtes. « Quoi qu'il en soit, s'il s'avère que tout ce dont j'ai rêvé est vrai…même les cauchemars que j'ai fait avant sa disparition, ça signifie qu'on a intérêt à se dépêché de la trouver… » se dit-il en écarquillant les yeux.
« Euh Heiji-kun ? » entendit-il.
« Hmm ? » fit-il en étant extirpé de ses pensées en reconnaissant la voix d'Agasa.
« On-On est arrivé. » dit-il d'un ton hésitant ne sachant pas si le jeune homme était toujours de mauvaise humeur.
Heiji constata qu'effectivement, ils étaient garés dans le parking du commissariat…Ils étaient enfin arrivé.
Après que le scientifique ait donné un masque chirurgical à Heiji, les trois descendirent du véhicule. Le détective de l'Ouest semblait toujours remonté contre son ami étant donné qu'il ne lui adressait pas la parole. Conan se contenta de soupirer intérieurement, il se disait qu'il valait mieux ignorer pour le moment l'orgueil mal placé de son alter-égo de l'Ouest, l'importance était surtout de se concentrer sur l'essentiel, l'enquête.
Une fois arrivée au niveau de l'accueil, ils virent au loin le surintendant d'Osaka et Megure debout en train de discuter avec un homme. Sans attendre qui que ce soit, l'osakien accéléra le pas pour se diriger vers son père.
« Oyaji ? Keibu ? » dit-il en interrompant par la même occasion la conversation des hommes.
« Oh Heiji-kun, tu es arrivé ! » s'exclama l'inspecteur à chapeau.
« Fils ! Combien de fois je dois te le dire ? On n'interrompt pas les personnes quand elles sont en pleine conversation ! » sermonna Heizô d'un ton sévère. Il fit cependant une légère grimace en voyant le masque que son fils portait.
« Désolé. » grommela-t-il en se tournant vers l'homme qu'il avait interrompu, mais quand il croisa son regard, il se figea avant de plisser les yeux. Il analysa l'individu, il s'agissait en réalité d'un jeune homme qui devait avoir entre 22 et 23 ans, il avait des cheveux en bataille, des yeux bleus, mais semblait cependant vouloir éviter son regard, on aurait dit qu'il était intimidé. Sa brève analyse fit couper par son père qui mit une main sur sa tête pour le forcer à s'incliner.
« Et combien de fois dois-je te dire qu'on ne dévisage pas les gens ? » le gronda-t-il.
« Désolé. » dit-il de nouveau agacer. « Mais cet étrange…Où diable ai-je bien pu voir ce type…J'ai l'impression que je l'ai vu récemment et… » se dit-il intrigué, alors qu'il essayait de chercher dans sa mémoire, où il avait bien pu rencontrer cette personne, mais sa migraine qu'il essayé d'ignorer, s'aggrava… « Bon sang…Ce maudit rhume, ne doit pas m'empêcher de me concentrer sur Kazuha. » se dit-il en grimaçant.
« Hattori-san ? Megure-keibu » dit Conan en s'approchant du surintendant avec Agasa.
« Oh Conan-kun et… » commença Heizô en regardant le scientifique, ne l'ayant jamais rencontré.
« Oh pardonnez-moi Honbuchou-dono. » s'excusa Hakase avant de faire une courbette. « Je suis Hakase Hiroshi, scientifique et c'est moi qui les aie emmenés ici. »
« D'accord, j'ai effectivement entendu parler de vous. » Il salua l'homme plus âgé en s'inclinant à son tour. « Enchanté. » Il se tourna ensuite vers le jeune-homme avec qui il s'entretenait. « Permettez-moi de vous présenter Midoriya Yuri, un des vigiles qui était présent hier soir. »
« En-enchanté. » salua le jeune vigile toujours hésitant dans ses mouvements.
« Alors c'est le fameux Midoriya. » pensa Conan en le regardant d'un air grave.
« Midoriya-kun est arrivé peu de temps avant vous. » déclara Megure. « Nous étions justement en train de lui dire qu'exceptionnellement, il sera interrogé par Shiratori-kun. Vu que nous avons plus urgent. »
« Plus urgent ? » dit le détective rétréci en plissant les yeux.
« Midoriya-kun, pouvez-vous allez, vous asseoir là-bas ? » Il lui indiqua des chaises qui se trouvaient un peu plus loin. Le vigile accepta et se retira rapidement.
« Nous devons à présent interroger Muranishi Takashi le suspect principal, Sato-kun et Takagi-kun l'ont amené ici peu de temps avant qu'on finisse d'interroger Amamiya-san. » poursuivit l'inspecteur de Tokyo une fois qu'il était sûr que le vigile était assez éloigné d'eux, il ne souhaitait pas que n'importe qui soit au courant de l'enquête.
« Amamiya-san est parti après son interrogatoire ? » questionna Heiji en fronçant les sourcils.
« Euh oui. Mais nous lui avons dit de rester à notre disposition. »
« Mais vous ne l'avez pas mis en garde-à-vue ? Il vous a expliqué ce qu'il… » Il commença à se fâcher.
« Oui Heiji ! Il a expliqué à Megure-keibu et Toyama que toi et Conan-kun étaient passé au théâtre Sora et que vous l'aviez convaincu de témoigner, il a également avoué être celui qui avait trouvé Ran-chan. » dit le chef de la police d'Osaka.
« Il vous a parlé aussi de son passé d'alcoolique ? » grogna l'adolescent.
« Vu que nous avons insisté avec Toyama-keibu pour savoir la raison pour laquelle il avait tardé à témoigner, il a fini par nous le révéler. Dans tous les cas, nous aurions finit par le savoir étant donné qu'il a un casier. »
« Mais vous n'avez pas fait le rapprochement avec ce faux-médecin qui posait des questions sur Neechan ?! » fit-il en haussant le ton, avant de repartir à nouveau dans une quinte de toux.
« Hattori-kun ? Ça va ? » s'inquiéta l'homme à chapeau, il avait remarqué que le détective lycéen portait à présent un masque, mais trop focus sur l'enquête, il ne s'était pas posé de question. « Tu étais déjà mal en point tout à l'heure, peut-être que tu devrais… »
« Non ça ira. » refusa-t-il d'une voix rauque en agitant une main.
« Je pense qu'on a assez perdu de temps. » déclara Heizô, en faisant mime d'ignorer l'état de son fils. Au vu de la situation et en connaissant le jeune homme, il était conscient qu'actuellement, tenter de le convaincre d'aller se reposer serait inutile. Quand il s'était réveillé quelques heures auparavant à l'hôtel et qu'il avait constaté qu'Heiji était parti, il n'avait pas vraiment été surpris. Il savait que le garçon était prêt à tout pour sa petite-amie et cela peu importe ce qu'il risquait. Il l'avait bien prouvé quand il s'était fait renverser à la place de Kazuha. Cependant, il nota mentalement qu'il surveillerait quand même de loin l'état de son fils. « On reparlera d'Amamiya-san plus tard Heiji ! Pour le moment, il vaut mieux se concentrer sur Muranishi, qui se trouve déjà en salle d'interrogatoire. »
« Comme si l'interrogatoire de ce Muranishi servira à quelque chose, je vous dis qu'Amamiya est… »
« Toyama-keibu et Kogoro-ojisan ne viennent pas avec nous ? » coupa le faux-enfant, voulant éviter une dispute entre le père et le fils. Heiji était certes assez irritable, mais il ne voulait pas non plus qu'Heizo l'écarte de l'enquête à cause de son manque de sang-froid.
« Toyama-keibu attend déjà devant la salle d'interrogatoire, quant à Mouri-kun, il s'est rendu avec un agent chez ce fameux couple qui était assis auprès de vous hier soir, il a trouvé leur adresse et il a décidé de se rendre directement chez eux pour les interroger. » répondit Megure. « D'ailleurs en parlant d'hier soir, Conan-kun, il faudra aussi que tu m'en dises plus sur ce vigile aux lunettes de soleil. » ajouta-t-il en le regardant.
« D'accord. » dit-il simplement de son ton enfantin. « Il a suivi mon conseil en tant que Shinichi au moins, mais…c'est assez agaçant qu'il ne m'écoute pas en tant que Conan parce que je suis coincé dans un corps d'enfant. » pensa-t-il alors qu'il se sentait frustré.
Après cela, tout le monde, à l'exception d'Hakase qui était resté à l'accueil, se dirigea en direction de la salle d'interrogatoire où se trouvait ce fameux Muranishi. Heiji était convaincu que cet interrogatoire était inutile et il avait bien l'intention d'exposer sa déduction une fois qu'ils en auraient fini, avec celui qui était pour le moment considéré comme le suspect principal.
Arrivés devant la porte, ils virent Ginshiro qui semblait impatient que l'interrogatoire commence.
« Enfin vous voilà ! » s'exclama-t-il dès qu'ils les virent arriver.
« Oui nous allons pouvoir commencer. » annonça l'inspecteur au chapeau avant de se tourner vers les deux jeunes détectives. « Hattori-kun, Conan-kun, vous allez suivre l'interrogatoire derrière ce miroir sans tain. » ajouta-t-il en montrant une vitre où l'on pouvait voir tout ce qui se passait à l'intérieur de la salle.
« D'accord ! » accepta le petit-détective sans broncher.
« Ça va Hattori-kun ? » questionna de nouveau l'inspecteur de Tokyo avec un ton inquiet, envoyant le jeune-homme en train de cligner les yeux et de mettre une main sur sa tête.
« Ouais, ouais… » répondit-il alors qu'il essayait encore de stabiliser sa vision qui était trouble. Dès que sa vue se stabilisa, il put voir que toute l'attention était portée sur lui, que ce soit celle de Toyama ou celle de son meilleur ami. Il se rendit compte ensuite que son père s'était mis derrière lui. Il était sur le point de demander à ce dernier pourquoi diable s'était-il placé là, quand ils entendirent des pas se précipiter vers eux.
« Keibu, keibu. » Ils virent les inspecteurs Takagi et Sato arrivés en toute hâte, ils avaient tous un air paniqué.
« Que se passe-t-il ? » demanda Megure, ne comprenant pas toute cette panique. « Nous étions sur le point d'entrer pour interroger Muranishi. »
« On-On a reçu des photos d'-d'une adresse mail inconnue. » bégaya Takagi alors qu'il tenait un papier dans une main.
« Takagi-kun, il vaut mieux, qu'ils ne voient pas ça. » chuchota Sato Miwako à l'oreille de son partenaire.
« De quoi vous parlez ? Qu'est-ce qu'on n'est pas censé voir sur ces photos ? » fit Ginshiro qui semblait avoir entendu les murmures de la femme.
« C'est…que dans la panique on avait oublié que vous seriez là Toyama-keibu et Hattori-kun. » admit Takagi Wataru la tête baissée.
« Assez perdu de temps ! Donnez-moi ça ! » ordonna l'inspecteur au chapeau avant d'arracher lui-même les feuilles des mains de Takagi. Tous les autres se regroupèrent ensuite à ses côtés pour voir ce qu'il y avait sur ces fameuses photos…
Ce qu'ils virent par la suite figea tout le monde, notamment l'inspecteur Toyama et Heiji…Face à ces images, l'atmosphère devint glaciale…Etant donné que sur ces photographies, on pouvait y voir Kazuha…elle était étendue inerte les yeux ouverts sur un sol en bois et du sang…beaucoup de sang semblait sortir de sa tête…
La première photo montrait la tête de l'osakienne en gros plan, sur la seconde, on pouvait y voir l'ensemble de son corps. Elle avait toujours sur elle, la robe qu'elle portait la veille et son teint paraissait un peu pâle. Sur cette même image, il y avait également une inscription en rouge qui disait : « INUTILE DE LA CHERCHER, ELLE EST DEJA MORTE ! »
« Ma-ma petite-fille… » arriva à sortir finalement Ginshiro alors qu'il pouvait sentir ses larmes montées.
« Ka-Kazuha…C'est pas possible…Tout ça est de ma faute… » pensa Heiji alors que ses yeux étaient écarquillés. Il pouvait sentir chaque membre de son corps tremblé, surtout ses jambes qui étaient sur le point de céder.
Conan qui se tenait sur la pointe des pieds pour pouvoir mieux voir, était également sous le choc…la petite-amie de son ami…l'une des amies proches de Ran était…mais soudainement quelque chose sur la photo l'interpella.
« Attendez, je ne crois pas qu'elle soit… » Mais il fut coupé par la voix du surintendant d'Osaka.
« Heiji ! » dit-il alors qu'il attrapa son fils qui était sur le point de s'effondrer la tête la première. C'était la raison pour laquelle il s'était mis près du garçon, au vu de son état, il savait qu'il aurait pu perdre connaissance, mais il n'aurait jamais pensé que ce serait après avoir vu une de telles photos…
« Oi Hattori-kun ! » réagit Megure en se retournant pour voir l'osakien dans les bras de son père. Il était pâle, haletait et semblait dérivé entre la conscience et l'inconscience.
« Appelez une ambulance ! » ordonna-t-il.
