Chapitre 8

Il courrait à toute allure, bon sang Walker courrait beaucoup trop vite pour un humain normal. Sam survolait la zone en dessous de lui, suivant le nouveau super-soldat tueur à travers les rues. De là haut il voyait très bien ses deux amis tenter de prendre le blond en embuscade, dommages pour eux ils n'étaient d'accord sur rien en matière de plan aujourd'hui.

— Je ne comprends pas tout tes signes Ved'ma ! Parle dans ton oreillette bon Dieu !

— Excuse-moi d'avoir oublié que j'en avais une ! Et depuis quand tu ne comprends plus mes signes ?

— Depuis que l'autre abru…

— Oh les amoureux on se calme là ! Walker est notre priorité vous vous disputerez sur la technologie plus tard.

Très vite, à quelques secondes de ses collègues, Sam mit pied à terre en avisant l'entrepôt désinfecté devant leurs yeux. Bon. Il espérait seulement que Walker ne fasse pas de chichi,… C'était mal partie. Ce type avait tué quelqu'un, non pas un méchant, non pas un tueur, mais un jeune gars qui se battait pour un idéal. Merde. Comment cela avait-il pu arriver ?

Prêts à l'attaque les supers-soldats se tenaient côtes à côtes, Hermione analysait une partie du terrain tandis que Buck assurait ses arrières. Leur duo fonctionnait bien décréta Sam. Ils pénétrèrent dans le bâtiment, où l'homme à la bannière étoilé leur tournait le dos.

— Walker ! appela-t-il.

— Vous avez pas l'air en forme vous devriez consulter.

— Tu devrais voir l'autre en face, maugréa Hermione en essuyant un filet de sang sur sa joue.

— Ça suffit Walker.

L'homme s'énervait à vu d'œil, cela allait dégénérer, Hermione en était certaine. Glissant sa main au niveau de sa cuisse, elle sortit de sa cachette son joli couteau en vibranium. Elle ne tuerait pas Walker, pas si elle pouvait s'en empêcher, mais il était désormais un super-soldat et ne tomberait pas sans se battre, les armes étaient nécessaires. Un coup d'œil en direction des garçons et elle sût : ils pensaient à la même chose. Walker était dangereux. Il fallait l'arrêter. Quitte à le tuer.

— Vous étiez là, vous savez que j'avais pas le choix, il a tué Lemar !

— Non il l'a pas tué, t'engage pas sur cette voie crois-moi, intervient Bucky.

— Ce type ne t'avait rien fait et tu l'as assassiné de sang froid. Il n'était pas un meurtrier, pas encore, mais tu lui as retiré toute chance de rédemption et pour ça tu dois arrêter avant qu'il ne soit trop tard pour toi.

— La Dame a raison John… Il y a déjà eu assez dégât, il faut que tu me donnes le bouclier, continua Sam.

— Alors c'était ça ? Vous avez failli ma voir, ricana l'homme.

Décidément Bucky ne s'était pas trompé en disant qu'il lui manquait une case ! Ce gars là leur riait aux nez, sans se soucier de rien, il ne songeait à rien d'autre que la mort de son ami et sa mission. Une mission dont il s'était investi tout seul.

— Tu es allé trop loin, apaisa Sam.

— Je serais vous j'éviterai, affirma Walker.

— T'es pas nous.

Il termina sa phrase et dans la seconde suivante ils se battaient à nouveau. Tous les sens en alerte, Bucky essayait de le mettre à terre pendant que Sam ou Ved'ma tirait le bouclier, sans succès. Hermione sauta soudainement en arrière le nez en sang et un rictus mauvais sur le visage, une mèche frisée retombait sur son visage, elle effraierait sans doute Sam s'il n'était pas occupé avec Walker.

— Une jolie fille comme toi devrait retourner dans sa cuisine plutôt qu'essayer de se battre comme une gamine ! cracha Walker.

Sam blanchit, Buck sourit, Hermione se frisa de colère. Putain. Cet abruti avait réussi à la mettre en rogne. Falcon pria sérieusement tous les dieux qu'il connaissait, même Loki, pour que la sorcière ne fasse pas de bêtise. Pris d'une impulsion soudaine, alors que la brune allait se jeter à nouveau dans la bataille, il eut alors l'idée d'utiliser ses ailes. Elles n'égaliseraient jamais la force du super-soldat mais elles parviendraient sans mal à le déstabiliser pendant le combat.

Captain Pigeon avait eu une bonne idée en ce servant de ses ailes, malheureusement Walker l'envoya valdinguer à l'autre bout de la pièce, laissant les supers-soldats se battre entre eux. Un coup, puis un autre, puis encore un autre. Hermione et James se battaient ensemble, usant du corps de l'un et de l'autre pour parvenir à leur fin. Tantôt l'homme l'attrapa et la projeta dans les airs, permettant de briser la mâchoire de Walker. Tantôt la femme lui volait l'un de ses trop nombreux couteaux pour repartir à la charge. La chorégraphie envoutante dura un moment.

Enfin Sam se releva, il le fit pour voir Bucky voler à plusieurs quinzaines de mètre, projeté avec le bouclier américain à force surhumaine.

— Pourquoi vous m'y obligez ? Pourquoi vous m'y obligez ?!

Mais Mr grincheux ne serait pas lui-même s'il ne persévérait pas dans sa connerie. Il les rejoignit aussitôt dans la bataille pour se faire éjecté, encore, contre une borne électrique cette fois. Sam entendit vaguement Mione crier, le bras métallique de Buck se trémoussant dans tout les sens comme un type que l'on électrocuterait.

— James !

Il ne se relevait pas. James ne se relevait pas. La peur s'insinua lentement sous sa peau, contaminant chacune de ses cellules, Hermione se sentait perdre le contrôle de sa magie et ceux sans que personne ne le voit. Ses cheveux éclatèrent leur pauvre élastique et gonflèrent, sa peau se parsema de poil noir alors qu'elle luttait fort. Elle devait contrôler ses émotions. Elle le devait… Elle le de… Elle de…

— Tu n'es plus toi-même, décréta Sam à Walker.

— On aurait fais une belle équipe.

— J'ai déjà une belle équipe.

Dérapant sur le sol en toupie, usant de son grappin pour attraper le bouclier, Sam retomba mollement sur le sol lorsqu'il se prit sa propre arme dans la figure. Walker l'étranglait. Il manquait d'air. Walker lui arrachait les ailes. Il se sentait impuissant. Jusqu'à ce qu'un hurlement à en réveiller les morts ne retentisse dans tout l'entrepôt et qu'un animal ne se jette sur Captain America tout croc dehors.

Bucky se préparait à sauter sur Walker lorsqu'il entendit ce cri, comme les deux autres hommes il se tourna vers la source et en perdit sa mâchoire.

— Ved'ma ?

Mais la louve au pelage d'ébène ne l'entendait pas. D'un bon souple l'animal sauta sur Walker, laissant Sam respirer. L'homme hurla fort, se débattant comme il le pouvait, et si Falcon eu un petit sourire triomphant il comprit bien vite que quelque chose clochait à la mine de Bucky.

Il se ruait sur la louve, tentant de l'arracher de Walker. La gueule pleine de sang, la louve ne se laissait pas faire ! Le bouclier avait volé un peu plus loin, mais Bucky s'en moquait totalement, il devait arrêter Ved'ma avant qu'elle ne tue l'américain. L'attrapant par l'encolure il l'éjecta un peu plus loin. Sam s'occuperait très bien de Walker sans son aide.

— Ça va Louve, je vais bien, il ne m'a pas fais de mal, mentit-il.

Les yeux noirs le fusillèrent, aucune lueur dorée ni brillait, Ved'ma tournait comme un lion en cage essayant d'apercevoir la source de sa colère en claquant furieusement des dents. Un morceau de chaire pendait de sa gueule, Bucky préférait ne pas penser à quelle partie du corps de Walker elle avait avalé. Il n'aurait jamais du faire cette blague sur le buffet à volonté.

À chaque fois que Ved'ma tentait de le contourner pour rejoindre Walker et sa jambe déchiquetée, Bucky s'interposait, ne la laissant pas approcher d'un centimètre.

— Il est à moi, grogna Walker derrière eux parlant sans doute du bouclier.

— C'est fini John.

En entendant John parler, la louve bondit à nouveau en avant, très vite intercepter par cet inconnu au bras étrange. Il la maintenait contre lui de force, n'ayant cure de ses mâchoires aux crocs aiguisés à quelques centimètres de sa belle gueule. Furieuse, la louve noire se débattit encore et encore, dans sa tête elle était si loin d'ici. Si loin de tout.

— Tu t'appelles Hermione Jane Granger, nous sommes le 30 septembre 2023 et tu as trente-quatre ans. La guerre est finie Hermione. Tu es en sécurité.

Walker déglutit péniblement devant la scène, le sergent répétait sans cesse les simples petites phrases, ramenant peu à peu la sorcière à elle. Que serait-il devenu si Wilson et Barnes n'avait pas été là pour la contrôler ? De la pâtée pour chien, assurément.

Bientôt la louve cessa de se débattre et son corps changea d'animal à être humain. Hermione reprenait peu à peu ses esprits, complètement à l'ouest, elle avait échoué. Elle n'avait pas réussi à garder sa magie sous clef. Merde. Elle était couverte de sang. Qui avait-elle tué cette fois ?

— Ce qu'il s'est passé, demanda Sam derrière eux en attachant bien solidement Walker avec des menottes magiques créés tout spécialement pour Captain America de Wish.

— J'en ai aucune putain d'idée, grogna Bucky avant de se re-concentrer sur Hermione.

— T'ai-je fais du mal ? demanda-t-elle.

— Non.

— Sam ?

— Je suis indemne miss assassine !

— Et…

— Walker est vivant aussi, la rassura Bucky.

Il l'aida doucement à se relever, les yeux agars Ved'ma essayait de se rappeler ce qu'il venait de se passer : en vain. Jamais il n'assista à une telle chose, mais ce n'était clairement pas son premier épisode. Concentrée sur sa respiration, Ved'ma cracha le morceau de chair entre ses dents, elle ne fit pas attention à sa nudité apparente, ni au fait que Bucky la souleva dans les airs comme si elle pesait l'équivalent d'une plume. Elle s'accrocha simplement à son cou, luttant contre la nausée et les souvenirs des dernières années.

« Encore une longue journée à courir au ministère, sa petite ombre de compagnie sur les talons. Encore une longue journée à courir au ministère, et à éviter les cadeaux empoisonnés que lui offrait ses opposants. Chaque jour laissait sa place à une nouvelle tentative de meurtre, chaque jour naissant laissait Hermione se demander comment les derniers sang-pur récalcitrant essaieraient de la tuer. Aujourd'hui ne faisait pas exception à la règle. Severus endormi dans les bras, Hermione marchait au pas de course vers le grand hall. Contrairement à d'habitude elle ne quittait pas tard ce soir, beaucoup de sorcier la saluèrent sur son passage, d'autre juraient tout bas.

C'est ce qui lui sauva la vie. Ou du moins… Leur sauva la vie.

Dans l'ascenseur, la jeune femme maintenait son fils contre elle zieutant par trois fois les deux hommes avec eux. Elle ne les connaissait pas, mais savait d'ors et déjà dans quel camp ils étaient. Ils la voulaient enfermer, ou morte de préférence, tout ça à cause des articles de la maudite Rita Skeeters ! Un lycanthrope n'avait rien à faire au poste de ministre, tant mieux, elle n'était pas un loup-garou, malheureusement peu de gens la croyait. Une partie des Weasley étaient désormais de son côté, la partie n'ayant pas été snappé, certains de ses collègues ayant eu le courage de la croiser une journée de pleine lune également.

L'ascenseur s'arrêta à un étage supérieur au hall, laissant Colin Crivey entrer, un sourire illumina ses traits lorsqu'il aperçut son amie et le petit garçon qu'elle trimballait partout avec elle.

Salut Hermione ! Comment tu vas ?

Bien et toi Colin ? Ta journée était agréable ?

Très ! J'ai été plutôt productif je crois, tu as prévu quoi de beau ce soir ?

La routine tu sais, ne pas avoir Ted à la maison fais bizarre mais on s'y habitue.

Ils discutèrent ainsi jusqu'au hall, sans le savoir Colin devient un obstacle entre les contre-loups et Hermione. Ils se dirigeaient tranquillement vers les cheminettes, très heureux de pouvoir rentrer chez eux lorsque soudain un sort effleura la super-sorcière. Celle-ci bondit sur le côté, Colin cria, Severus pleura. Tout partit en vrille. Les sortilèges rebondissaient partout. Comme autrefois Colin se battait à ses côtés, ils échangeaient des sortilèges puissant contre les hommes et les femmes souhaitant la tuer. Ils étaient une vingtaine, une bonne vingtaine contre deux héros de guerre et un enfant. Merde. Hermione n'avait aucune chance de s'en sortir.

Le secrétariat était vide à cette heure, tous les employés du ministère étaient encore dans leur bureau et il leur faudrait bien dix minutes pour descendre s'enquérir du vacarme dans l'atrium. Blessée, du sang sortant de nombreux sortilège de découpe l'ayant effleuré, Hermione se battait avec toute l'ardeur de son statut de super-sorcière, augmentant l'idée des sorciers qu'elle était une hybride.

Cette fois-ci malheureusement, elle ne put s'interposer entre ses adversaires et Colin. Cette fois-ci le jeune homme tomba raide mort à côté de Severus. Pire encore, ses opposants c'étaient approchés du petit alors qu'elle ne regardait pas, levant sa baguette dans sa direction pour le tuer également.

Alors Hermione laissa sa magie agir pour elle, elle déverrouilla chacune des barrières qu'elle s'était construite pour ne pas tuer, baissa totalement son masque d'occlumencie permettant à ses pensées mais également à sa magie de se rebeller. En un mot son énergie posséda son corps ne laissant aucune parade à son humanité pour se manifester.

Changeante, le carrelage froid sous ses pattes ne la dérangeait pas, de même que le sang maculant sa truffe et ses dents. Un à un, Hermione arracha la tête de ses adversaires. Un à un, elle les défigura. Un à un, leurs cœurs s'arrêtèrent. Une pile de corps s'entassait dans l'atrium.

Les cris résonnaient encore lorsque la louve se tourna vers la petite chose pleureuse, elle ignorait ce que c'était, qui il était mais savait une chose : c'était son petit et elle devait le protéger. Protectrice, la louve se roula autour de l'enfant qui agrippa immédiatement encolure pour pleurer, près de lui un jeune homme demeurait mort, il tenta de protéger l'enfant alors elle lui léchouilla la joue dans l'espoir qu'il se réveille. Un espoir vain.

Lorsque Nott réussit enfin à descendre après avoir vu l'interaction entre la Ministre et ses agresseurs il ne s'attendait sans doute pas à un tel carnage. Derrière lui, les employés du ministère horrifiés gardaient la bouche fermée. Malgré tout ce qu'ils tentèrent, ces hommes n'avaient sans doute pas mérité de voir leurs membres à quelques dizaines de mètre les uns des autres, leur cœur arraché, ou leur tête roulant encore sur le carrelage froid.

Granger qu'est-ce que t'as fait ? demanda Nott hésitant malgré lui à avancer.

Grrrrrr...

Elle ne le reconnaissait pas. Il le comprit en un instant, ça et que Colin Crivey était mort. Pas à pas, Nott s'avança doucement de peur de se faire arracher la tête.

Granger tu te souviens de moi ? C'est Nott, on était ensemble à l'école. Il faut que tu reprennes ta forme humaine, je ne peux pas comprendre ce que tu me dis comme ça.

Grrrr…

Tu étais à gryffondor, ma partenaire d'étude. Souviens-toi princesse déchue, tu es la putain de Ministre de la Magie, tu es la marraine d'Edward Remus Lupin et la mère de Severus Potter-G. Tu n'es pas une lycanthrope, tu n'es pas un monstre, tu es une protectrice. Tu es la louve noire. Si tu ne reviens pas pour nous, fais-le pour le gamin.

La jeune femme reprit alors peu à peu connaissance, se changeant à nouveau elle ne comprenait pas ce qu'elle faisait là au milieu du hall, nue, entourée de cadavre. Elle ne se souvenait de rien.

Que s'est-il passé ? demanda-t-elle perdue.

De quoi te souviens-tu ?demanda Nott en déposant une cape sur ses épaules.

On discutait avec Colin et il est… Il est mort. Ils l'ont tués, désigna-t-elle d'une voix blanche.

Et après ?

Rien. Plus rien, ma tête est complètement vide.

Mme la Ministre si je peux me le permettre, vous devriez peut-être aller faire un tour à St Mangouste pour vous soigner, vous êtes bien amoché, intervient une gentille femme du service des créatures magiques en lui tendant un mouchoir.

Ignorant les regards, ignorant les rumeurs, Hermione attrapa Severus et s'enfuit avec Nott. Si elle restait avec lui, ils ne leur arriveraient rien, c'était un sang-pur et bien qu'elle détestait l'admettre ces gens ne s'attaquaient pas entre eux. Elle laissa alors la main de l'homme se balader sur sa hanche alors qu'ils s'enfuyaient à toute vitesse. »

Sans un mot, que ce soit pour Sam ou Walker, le brun serra sa sorcière contre lui et s'enfuit très vite des lieux en entendant les sirènes. Ils regagnèrent ensembles l'appartement de Zemo où pour la première fois depuis leurs retrouvailles Hermione se confia sur les évènements traumatiques des cinq dernières années.

James lui frottait le dos avec une éponge propre. L'eau rouge de sang partit dans l'évacuation de la baignoire peu avant, Hermione était incapable d'esquisser le moindre mouvement, recroquevillée dans l'eau chaude et bulleuse. L'odeur discrète des savons moussant emplissait l'espace, pourtant elle ne sentait rien.

— Non.

La voix sèche claqua dans l'air, fouettant la brune avec force. Elle redressa à peine la tête. Une main froide vient d'autorité relever son menton. James plongea son regard dans le sien, ignorant sa nudité et se concentrant uniquement sur elle.

— Non Ved'ma, tu n'es pas un putain de monstre. Je te défends de le penser.

— Mais j'ai…

— J'ai entendu mais ça ne me fera pas changer d'avis sur toi.

Un sanglot déchira la pièce, des vêtements s'entassèrent sur le sol et bientôt, Bucky se retrouva en caleçon derrière sa sorcière, la serrant étroitement dans bras et parsemant son cou de mille baiser.

— Tu. N'es. Pas. Un. Monstre, articula-t-il.

— Ne me laisse plus.

— Jamais.

Le trio de « super-héros » se réunit deux heures plus tard, sur un lieu neutre ou le fameux Torres discutait avec Sam. Ce type était absolument surexcité de rencontrer Hermione, et si le noir ne savait pas mieux, il jurerait voir un filet de bave couler de ses lèvres. La brune était en effet assise sur le plan de travail, vêtue de ses vêtements tactiques et moulant à souhait, sa crinière formait une couronne autour de sa tête alors qu'elle jouait négligemment avec un couteau. Buck grognait pas loin derrière, il n'aimait pas Torres, du moins il n'aimait pas le regard qu'il portait à « sa » sorcière.

— Karly s'est envolé, jamais on la retrouvera, admit Sam. Tu vas faire quoi Buck, poursuivre Zemo ?

Il ne répondit pas, se contentant de la loi du silence. Le regard qu'il échangea avec l'ancienne ministre n'échappa pas à Sam, il commençait à assez bien les connaître pour savoir qu'ils préparaient un plan foireux. Dépité, Falcon soupira en entendant le super-soldat le saluer et partir. Leur si belle équipe éclatait en morceau.

Heureusement Hermione était encore là… Elle soupira longuement, et rangea son arme à sa cuisse.

— Je veille sur lui Sam. Rentre vite chez toi voir ta sœur, elle a besoin de toi.

— Prend soin de toi aussi, Bucky est peut-être un abruti avec ses sentiments mais il tient à toi ok ?

— Ne t'inquiète pas pour moi, je le connais, je sais comment il est. Torres, salua-t-elle.

La dernière chose que Sam vit d'elle fut le léger balancement de ses hanches, tournant la tête, il n'hésita pas à donner un coup de coude à Torres pour lui faire refermer la bouche.

— Elle te tuerait en un dixième de seconde si tu essayais.

— L'espoir fait vivre ?

— Son copain est le soldat de l'hiver…

— J'aurais essayé, tenta le pauvre homme avec un sourire penaud.

Hermione rattrapa rapidement James, elle savait exactement où est-ce qu'il se rendait, leur voyage se déroula sans anicroche. Ni l'un, ni l'autre ne souhaitait prendre la parole, après tout ils s'étaient tout dit plus tôt dans l'après-midi : elle avait failli avaler Walker.

Pire, James connaissait l'histoire cachée derrière les cinq années de snap. Tous les meurtres qu'elle commit, tous les assassins envoyés pour elle qu'elle décapita, toutes les lois qu'elle passa, tout l'amour qu'elle donna à ses deux louveteaux, sa famille. C'était sans doute une faiblesse de sa part de pleurer. Mais avec son sergent elle n'avait pas peur d'être jugé, il s'était contenté de la serrer étroitement dans ses bras, presque jusqu'à l'en étouffer pour lui donner un sentiment de sécurité.

Maladroitement, comme s'il en avait perdu l'habitude, Bucky lui prit la main. Un sourire s'étendit sur ses lèvres lorsqu'il sentit sa brune la lui serrer en retour, il s'attendait au minimum à une pique mais heureusement la venue de Severus leur donna assez de cran pour confier tout ce qu'ils avaient sur le cœur.

Ils marchaient à rythme similaire, Hermione faisant un pas de plus lorsque lui en faisait deux, mais ils arrivèrent finalement au bord de la Lettonie où une statue honorée l'ancienne Sokovie et ses défunts habitants. Un morceau de cailloux n'aidait pas vraiment à cajoler les survivants et ça la sorcière le savait mieux que quiconque, le mémorial sorcier ne l'aida guère à faire son deuil, à rappeler au monde un évènement peut-être mais il ne témoignerait jamais de la violence du dit évènement.

Zemo se trouvait là, observant la statue sans bouger. Il pensait sans doute à sa famille décédée, à sa femme, à son fils, à tous ses amis. Dans un sens Hermione comprenait qu'il ait vrillé.

— Je m'attendais à vous voir plus tôt. Soyez tranquille, j'ai décidé de ne pas vous tuer finalement, déclara le baron.

— Imaginez mon soulagement, ironisa James.

— Cette jeune femme s'est trop radicalisée, j'ai essayé de prévenir Sam mais il est trop têtu comme Rogers… Mais vous, vous avez littéralement été programmé pour tuer, vous pouvez remédier à la situation.

— Je vous remercie du conseil, mais on va faire ça à notre manière.

Bucky sortit son pistolet, le pointa vers Zemo et retira la sécurité.

— James… le prévient Ved'ma.

— Laissez miss Granger, c'eut été un honneur de vous revoir en personne.

Un air soulagé passa sur le visage du baron, James était déterminé à le tuer, déterminé à ce qu'il n'existe plus aucune menace contre eux. Il pressa alors la détente. Aucune balle ne partit. Un Tic sonore se fit entendre et Hermione soupira de soulagement en voyant la prothèse du sergent lâcher toutes les munitions.

Les Dora Milaj arrivèrent alors, attachant l'assassin de leur roi.

— J'ai pris la liberté de rayer mon nom de votre carnet, au revoir James. Ma chère, j'espère avoir de vos nouvelles de temps à autre !

— On verra, vous n'essayerez plus de nous tuer ?

— Comment le pourrais-je de prison ?

Ved'ma levait les yeux aux ciels, plus amusée qu'agacée. Elle savait : Zemo avait énormément de moyen et s'il voulait les faire tuer de prison, il y arriverait sans aucun mal. Enfin… Il arriverait à donner l'ordre.

— Nous le conduisons à la prison Raft où il passera le reste de ses jours. À votre place loups, j'éviterai de me montrer au Wakanda pendant quelque temps, déclara Ayo.

— Compte sur nous, certaine chose sont très loin d'être pardonné, piqua Hermione lorgnant la Dora Milaj avec un regard mortel. Je te laisse dire au revoir James, je n'ai plus rien à faire ici.

Bucky attendit que la super-sorcière soit hors de vue avant de se retourner vers son amie, il lui demanda alors :

— Ayo, tu pourrais me rendre un dernier service ?

Baltimore Maryland.

Dans la nuit, les lampadaires miteux de la rue illuminaient à peine le trottoir de ce quartier de Baltimore. Deux jeunes adolescents discutaient encore, et Sam connaissait l'un d'eux.

— Il est dans le jardin, le rassura le petit fils d'Isaiah Bradley.

Inspirant à fond, Sam s'arma de beaucoup de courage, il voulait des réponses à ses questions, il voulait comprendre et ça seul l'homme afro-américain et super-soldat pouvait lui apporter. Autant qu'il les adorait, Hermione et Bucky ne pouvaient pas l'aider. À peine Falcon tenta d'ouvrir le sac contentant le bouclier du Capitaine, que l'homme le rembarra légèrement amer.

— C'est bien ce que je crois ? Non laisse-le dedans. Des bandes et des étoiles ne m'évoque plus rien de bon.

— J'ai besoin de comprendre.

— Tu n'en as pas besoin, tu le comprends déjà comme tout homme noir. Si tu n'es pas amer, c'est que tu es aveugle !

— J'arrive pas à vous comprendre. Qu'est-ce qui a mal tourné ?

— J'étais comme toi avant, et puis ça m'a sauté aux yeux le jour où j'ai vu les pilotes du célèbre 332ème se battre pour son pays et rentrer chez eux pour trouver des croix en feu dans leur jardin.

— Vous étiez aussi un super-soldat comme Steve, vous auriez pu être le prochain.

— Le prochain quoi ? Le porte bannière du drapeau étoile, blond aux yeux bleus ?

— Ce n'est pas Steve qui vous a jeté en prison.

Le vieil homme acquiesça prudemment, et demanda à Sam d'entrer à sa suite. Au fur et à mesure de la conversation, Falcon comprit pourquoi Isaiah ne voulait pas de ça, pourquoi il ne voulait ne rien avoir à faire avec le symbole patriotique. Son pays lui a volé des années de sa vie, son pays lui a volé la chance d'avoir une famille, ou de la connaître. Sa femme éleva seule leur fils, il n'avait jamais pu le voir grandir, ni ses premiers pas, ni ses premiers mots, encore moins son premier rencard ou son mariage.

— Tu voulais savoir ce qui a mal tourné ? On nous a injectés à un petit groupe d'entre nous des versions différentes du sérum sans qu'on nous dise ce que c'était. Ils nous ont fais croire que c'était contre le tétanos, même si les autres soldats n'étaient pas trop en état. Puis j'ai entendu les chefs parler, ils allaient faire bombarder les prisonniers pour faire disparaître les preuves, mes frères. Alors je me suis échappé du camp et j'ai ramené nos soldats, même si cela n'a rien changé à leur sort.

Des cicatrices comme ça Sam n'en avait jamais vu, bien sûr il avait vaguement regardé le corps de la super-sorcière, la soi-disant « colocataire » de Bucky mais la torture sorcière ne laissait pas autant de trace qu'une trentaine d'année dans des prisons moldus. D'autant que les « gardes » essayaient de pousser Isaiah à bout pour connaître les limites du super-sérum. Sans détourner le regard ou éprouver une once de pitié pour l'homme, Sam se doutait qu'il détesterait ça.

— Je leur ai servi de cobaye pendant les trente années qui ont suivit, ils voulaient comprendre pourquoi le sérum avait marché sur moi. Jusqu'à ce que l'une des infirmières est pitié et me fasse passer pour mort. C'est elle qui m'a remis la boite, elle qui m'a mis en relation avec la petite. Vous n'aviez pas le droit de la jeter dans vos ennuis, elle a déjà bien assez fait pour autrui, soupira-t-il. Elle mérite d'être heureuse.

— Mr Bradley, le monde doit savoir. Vous avez le droit d'être heureux aussi, de vivre.

— Non laisse-moi dans ma tombe. Si tu révélais mon existence, je serais aussitôt assassiné. Ils avaient peur que l'on découvre ce qui m'était arrivé, alors ils ont effacé toute trace de moi, après tout c'est ce qu'ils ont toujours fais depuis cinq cents ans. Un homme noir ne sera jamais Captain America, ils ne le permettront pas.

Dépité Sam fut reconduit à l'extérieur et Isaiah lui souhaita bonne chance. Bonne chance pour son combat, bonne chance pour le choix qu'il avait à faire, bonne chance pour supporter « la petite » comme il surnommait affectueusement Granger. Faisant un petit tour sur lui-même, le téléphone à l'oreille, Sam déclara alors :

— Sarah, je rentre pour de bon.

Devant la camionnette de Carlos, heureux de voir autant de monde pour les aider, Sam demanda aux amis de ses défunts parents :

— Comment on fait pour tout décharger ?

Un boucan gigantesque retentit alors, Buck soulevait le lourd paquetage et le déposa sur le quai sans problème. Étonné, Sam le regarda faire sans rien dire.

— Il y a pas de quoi. Je suis juste venu te déposer ça, tu signes le reçu et je repars. J'ai demandé un service au Wakandai.

— T'as semé ta femme en route ? Je croyais que vous vous quittiez plus, le taquina Sam.

Bucky désigna le bout du quai où Sam reconnu la volumineuse chevelure de la louve noire, portant dans ses bras trois caisses de poissons pleine qui détruiraient sans doute le dos de la pauvre Mme Nilborn.

— La petite dame avait besoin d'aide.

— Alors Mione cache un cœur derrière sa carapace de reine des glaces ? J'aurai jamais cru, plaisanta l'homme noir.

— J'ai les oreilles qui sifflent Pigeon ! l'appela-t-elle au loin.

— Je suis pas un pigeon louve du dimanche !

Déposant les caisses à bon port sous l'abondance de remerciement de la vieille dame, Hermione se présenta devant « Falcon » et lui lança un regard noir. À croire qu'elle allait ressortir un couteau de sa poche pour l'attaquer. Soudain un tuyau de se mit à fuir sur le bateau et une belle femme ressemblant beaucoup à Sam se mit à hurler :

— Sam ! cria Sarah.

En moins de temps qu'il n'en faut pour dire bouclier, Sam grimpa à bord de leur bateau et analysa la fuite en essayant de la réparer. Derrière lui Bucky l'accompagna :

— Salut, lança-t-il à sa sœur vivement dépassé par la sorcière.

— Arrête c'est vers le haut andouille ! l'apostropha-t-elle.

Sam galérait tant que Bucky vient à sa rescousse pour fermer l'arrivée d'air, mon dieu ce type possédait un bateau et ne savait même pas comment ouvrir et fermer une valve.

— Pourquoi t'a pas utilisé ton bras en métal ?

— Je suis droitier, j'ai pas toujours le réflexe de m'en servir. C'est le fameux bateau ?

Frimeur, pensa Sam.

— Ouai.

— Il est chouette, besoin d'un coup de main ?

— Bien sûr, ce vieux machin a besoin de toute l'aide disponible.

Un sourire aux lèvres, Hermione vit les deux hommes discuter des travaux à faire tout en analysant les alentours. Normalement elle était en sécurité ici, personne ne la reconnaîtrait, personne ne viendrait la jeter en prison pour ses problèmes administratifs. Trop occupés à vérifier les dangers, elle ne s'aperçut pas tout de suite que Sarah Wilson se présentait à James.

— Moi c'est Bucky, déclara-t-il avec un sourire à en faire s'évanouir les figures des marques de dentifrices.

— Sarah.

Le sourire de la femme retomba, elle lutta très fort pour ne pas mordiller sa lèvre inférieure et se contenta de saluer la sœur de Sam avec son fameux air de reine des glaces. Le même avec lequel elle accueillit les deux supers-héros chez elle la première fois.

— Hermione, ravie.

— De même…

Les sourcils froncées Sarah lança un regard à son frère, ce dernier regardait Bucky de travers, avait-elle manqué un épisode ? Sûrement. Pourquoi la collègue de Sam semblait vouloir l'étriper ? Vu les histoires qui se racontaient sur la louve noire partout dans le monde cette vague idée n'était sûrement pas éloigné de la vérité.

— Hey Mione viens m'aider avec le moteur s'te plaît, l'appela Sam au plus grand soulagement de Sarah et à l'incompréhension totale de Bucky.

Cet idiot se demandait pourquoi sa Ved'ma réagissait ainsi. Il n'était pas un imbécile, il savait reconnaître l'ombre de la jalousie mais il ne comprenait pas pourquoi elle se sentait menacée par Sarah, ils venaient à peine de se rencontrer ! Malheureusement il n'eut pas le temps de lui demander des comptes, elle s'éloignait déjà à pas vif vers Wilson frère pour réparer le moteur dans la cabine.

Hermione ne sût combien de temps elle passa à trifouiller ce moteur, du cambouis plein les mains, le visage et sans doute les cheveux, elle disséquait méthodiquement la technologie, la soignait avec un peu de magie et replaçait les pièces tels un puzzle.

— Je savais pas que tu t'y connaissais en mécanique, admit Sam en plaçant un à un les morceaux de moteurs devant ses yeux.

— J'ai aidé mon frère à retaper sa voiture avant la naissance de Ted, ça m'a aidé à faire le vide.

— Tu as un frère ?

— Remus n'était pas vraiment mon frère, soupira Hermione.

D'un geste négligeant de la main, elle appela son sac à elle et sortit une belle bouteille de whisky pur feu. Elle se l'était dégotée en rentrant en Amérique plusieurs jours plus tôt, la brûlure du liquide dans sa gorge apaisa ses nerfs à vif.

— C'était mon ancien professeur de défense contre les forces du mal, un type génial quand on prenait le temps de le connaître. Il était atteint de lycanthropie.

— La maladie que tout le monde penses que t'as ?

— Oui… Après… Après le Manoir, quand j'ai réussis à m'enfuir, j'ai couru à l'aveuglette pendant cinq jours. Sans rien manger, en dormant très peu, en buvant dès que je trouvais une source. En cinq jours ma magie a décuplé. Pour une née-moldus, les autres me trouvaient déjà puissante, après le manoir tout à changé. C'était devenu… Instinctif.

Je laissais ma magie guider mes pas. Et c'est à lui qu'elle m'a menée. Quand je l'ai vu je me suis immédiatement sentie en sécurité, j'ai enfin tout lâché. Il a compris que je n'avais pas envie de parler des expériences ou de la torture, alors il m'a emmené dans son vieux garage et on a retapé sa voiture, pièce par pièce. Tonks devenait totalement folle, on passait tout notre temps là-bas, rit Hermione au souvenir.

« Encore un. Encore un cauchemar. Elle devenait totalement folle. Le cœur battant, les membres collés aux draps par la sueur, la jeune femme de dix-huit ans renia le sommeil encore une nuit. Dehors il faisait sombre, à la lueur de la lune elle apercevait à peine la lisière des bois.

Debout sur ses deux pieds, Hermione usa de sa nouvelle agilitée pour être silencieuse et quitta sa chambre. Pas à pas, elle descendit les escaliers grinçant et se maudit de ne pas être passée par la fenêtre devant les bruits évidents que ses pieds produisaient sur le vieux parquet. Heureusement elle arriva rapidement au garage. Concentrée sur son geste, fixant les bougies une à une, à la seule force de sa volonté elle parvient à faire briller de douce flamme sans sa baguette.

Là se trouvait une vieille voiture, le genre que son père adorait. Une bonne partie du moteur se trouvait sur une table d'établis en attendant de voir ce qu'ils allaient faire d'elle.

Retroussant les manches de la chemise prêtée par Tonks, Hermione se mit au travail, dévissant un à un chaque écrou pour le poser sur l'établis dans une désordre méthodique. D'aussi loin elle entendit les escaliers grincer à nouveau, et sans relever la tête elle reconnut l'entrée de Remus à son odeur. Sans rien dire il lui tendit une clef anglaise et ils se mirent au travail ensemble. »

D'un coup de tête, Hermione proposa à Sam sa boisson et celui-ci l'a pris, recrachant presque aussitôt ce qu'il avait dans la bouche.

— Putain c'est quoi ce truc !? J'ai la bouche en feu !

— Ça mon ami c'est du whisky pur feu, le seul et unique alcool terrien permettant au super-soldat de finir ivre.

— Je croyais que t'avais pas d'ami, la taquina-t-il.

Un mince sourire réapparut alors sur les lèvres de la sorcière et Sam estima sa mission accomplie. Il n'aimait pas la voir broyer du noir, c'était dangereux.

— Bon je vais aller aider ton homme avec l'extérieur, tu nous rejoins quand tu as fini ? Je réessaierais peut-être de boire ton truc qui arrache le gosier !

Sur ceux Sam rejoignit Buck, laissant la sorcière à ses doux souvenirs en compagnie des Lupins.

Le soir commençait à tomber, le ciel devenait plus sombre, et assis sur une caisse Bucky et Sam discutaient en buvant une bière. Ils avaient terminé leur boulot du jour sur le bateau et sans mentir le super-soldat était fier de lui, cela faisait longtemps qu'il n'avait pas utilisé ses deux mains pour autres choses que se battre.

— Ah te voilà miss assassine, ta guerre contre le moteur c'est bien passé ? demanda Sam en apercevant Hermione remonter le premier.

Son état était pire que quelques heures auparavant, les joues rougies, du cambouis collait certaine mèche de ses cheveux ensembles, ses fringues méritaient d'être jeté à la poubelle et elle paraissait littéralement épuisée.

— Le moteur a gagné, même avec ma magie certaine pièce refuse tout bonnement d'obéir, je t'ai fais une liste.

Elle n'était pas si longue. Bucky s'attendait à pire, et apparemment son ami ailé également, ce dernier remercia abondamment Ved'ma qui s'échoua sans élégance sur une caisse près de lui. Attendez… Pourquoi s'asseyait-elle à côté de Sam ? Elle le fuyait ? Bucky retient une moue et une réflexion désagréable, se souvenant de sa promesse sur ses efforts de « non-jalousie ».

— Bon, j'ai mon vol demain matin, faut que je me trouve une chambre d'hôtel histoire de dormir un peu, changea-t-il de sujet.

— Attend tu vas m'obliger à te le demander ? Mione toi aussi ?

— On ne voudrait pas te déranger Sam, ta famille et toi méritez un peu de temps en paix, le coupa Hermione.

— Restez. Les gens sont accueillant ici, ils se fichent si t'as des t-shirt trop moulant, six orteils à chaque pied, des verrues sur le nez ou si ta mère à épouser ton oncle.

Passant une main dans ses cheveux, la brune grimaça en sentant la substance collante, elle donna la bouteille entre ses mains à Sam et regagna rapidement l'intérieur du bateau à la recherche de son sac de perler et d'une brosse.

— Ok, ok j'ai compris, les gens sont sympa c'est vrai, admit James.

— Mais tu dragues pas ma sœur ! Sinon je convoque Carlos, et Hermione l'aidera à te transformer en appât pour poisson.

— Quoi ? Mais j'ai pas…

— Mec, elle te fait la gueule depuis tout à l'heure et elle s'est faite le tiers de sa bouteille d'alcool bizarre toute seule, à quoi tu pensais ?

— Mais je…

— Évite les sourires Colgate vieux, crois-moi ça vaut mieux.

— Colquoi ?

Bucky soupira, complètement dépité, si même Sam s'était fait des idées sur ses intentions envers sa sœur il était normal qu'Hermione se soit montrée aussi froide qu'une capsule de crio.

— Je reviens, j'en ai pour cinq minutes, énonça-t-il.

Sam le vit bondir sur ses pieds comme s'il avait le feu au cul, malheureusement Hermione revient à ce moment là et vu sa tête, elle devait croire qu'il la fuyait.

— Il revient, la rassura-t-il.

— Ouai, il m'a dit ça aussi à Bucarest quand il voulait ranger les courses et nous rejoindre au parc.

— Fais lui confiance un peu.

— J'essaie… C'est la première fois qu'on se revoit depuis l'histoire de Walker tu sais ? Il devait passer à New York deux jours mais on s'est retrouvé débordé par le travail, lorsque j'étais disponible il ne l'était plus et inversement.

— Vous vous mettez des bâtons dans les roues tout seul les gars. Attend, attend, attend… Tu vas me dire que tu es retournée vivre dans ton taudis à Baltimore ? Mais Mione c'est pas sérieux ça. J'y étais j'aurai pu venir te chercher…

— Mon taudis t'emmerde Wilson.

— Et tu sais il y a un truc magique qui s'appelle la « communication », un truc que les couples normaux utilisent, sinon vous pouvez toujours essayer de vous tuer mais ça marche un peu moins. En plus faut cacher le corps après, effacer les preuves, se trouver un alibi,…

Leur discussion les mena à quitter le navire. Ils marchaient à présent aussi lentement que possible pour que Bucky puisse les rattraper, au cas où Sam pensa à lui envoyer l'adresse de Sarah sur son portable.

— Comment t'as réussi à considérer ton prof comme un frère ? demanda-t-il pour changer de sujet.

— Lors de ma quatrième année d'école, il y a eu un grand tournoi. Seul trois champions pouvaient y participer et les épreuves étaient mortelles. Littéralement mortelle, précisa-t-elle. Avec sa chance, Harry, le père de Severus, fut le quatrième champion. Comme chaque année quelqu'un essayait de le tuer, et toute l'école lui tourna le dos en l'accusant de tricherie. J'étais la seule à ses côtés, comme toujours, sauf que j'étais une ado tu sais, j'avais besoin d'un peu de soutient et mes parents ne devaient rien savoir de ce qu'il se passait.

— Pourquoi ?

— Ils m'auraient changé d'école et Harry n'aurait jamais survécu au-delà de ses onze ans sans moi.

Bizarrement Sam ne pensa pas une seule seconde qu'elle exagérait. Il l'écouta lui raconter comment sa correspondance avec son ancien professeur s'était transformée en une amitié solide, ce type était devenu un réel pilier pour la née-moldus.

Des pas de courses se firent entendre derrière eux, tendus comme un arc Hermione s'attendit à voir le coureur les dépasser mais cela n'arriva jamais. À la place Sam se retourna, leva les yeux au ciel et maudit les « décongelé du troisième âge au romantisme rouillée ».

— Ved'ma ?

James la contourna pour lui faire face, un bouquet étincelant entre les mains. Sans le vouloir, Hermione échappa un gloussement devant l'ironie de la situation, cet imbécile aurait pu lui prendre des fleurs, des roses, des lys, des orchidées, des tulipes, elle n'était pas très regardante mais ça ? Elle hésitait entre le frapper avec son bouquet et le laisser s'excuser. Consciente qu'ils se mettaient « eux-mêmes des bâtons dans les roues », elle lui laissa sa chance.

— Je ne draguais pas Sarah, je souriais c'est tout.

— Chose rare avouons-le.

— Ouai… Désolé poupée, j'étais juste content de te voir.

Penaud, James lui tendit son bouquet et Hermione l'attrapa laissant un minuscule sourire prendre place sur ses lèvres en sentant les pommeaux neufs à travers l'emballage verts imitant une composition florale.

Un rayon de soleil se répercuta alors sur une lame, produisant un éclat violet sur le métal. Cette fois, Ved'ma lui adressa un rire heureux. Merde elle ne pouvait pas lui en vouloir de sourire, quel genre de femme serait-elle pour interdire à son « ami » de sourire ?

Tu avais bien dis qu'un seul couteau ne suffirait pas, mais je n'en imaginais pas une dizaine !

En seulement deux pas elle fut contre lui pour apposer un doux baiser sur sa joue, le bouquet de couteau en vibranium entre eux.

— Merci Jamie, et pardon d'avoir sur-réagis.

Les mains unies, ils ricanèrent comme des enfants en rattrapant Sam, Hermione n'hésita d'ailleurs pas à crier : « Sur ta gauche Wilson ! »

— Oh putain je vais les tuer. Vous trichez les mecs !

Le dîner en compagnie de Sarah et des enfants se passa beaucoup mieux que dans l'imaginaire de la femme. D'abord Sam, Bucky et Hermione étaient rentrés en riant, du moins pour les deux derniers, Sam ne cessait de ronchonner comme un enfant. Le sourire sur les lèvres de la brune étonna un peu Sarah, mais en avisant la proximité physique entre elle et le sergent Barnes, elle comprit aussitôt ce qu'il se passa plus tôt : un énorme quiproquo. Hermione ne tarda d'ailleurs pas à s'excuser de sa froideur, lorsqu'elles furent seules dans la cuisine. Sarah la congédia avec un sourire, lui assurant que ce n'était pas grave et lui autorisant l'accès à sa salle de bain.

Sam avait pris le relai avec le dîner, ils discutaient tous ensemble avec les enfants, lorsqu'Hermione réapparut une serviette sur la tête et de nouveau vêtement sur le dos. Le plus étonnant selon elle, était le miroir dans sa main et ses paroles : « Attends-une seconde louveteau… James c'est Ted est-ce que tu veux lui… ».

Mais elle n'eut pas le temps de finir sa phrase, le sergent avait sauté sur le miroir et parler à présent tout seul… Ou pas. Car il s'avérait que c'était un miroir enchanté, Hermione était une sorcière. Et en y réfléchissant Sarah la reconnut enfin, elle faisait partie des ministres magiques en faveur du dévoilement du monde magique au moldus durant le snap. Une ministre mangeait à sa table ce soir ! Elle n'imaginait pas ça en se levant ce matin.

Pendant le repas, Sarah participa activement à la conversation essayant d'en apprendre le plus possible sur ses invités et amis de son frère. Cass et Aj adoraient les deux nouveaux venus, et lorsqu'ils apprirent qu'ils étaient tout deux des supers-soldats ils bondirent presque au plafond d'excitation.

En sommes. Cela s'était relativement bien passé. La vaisselle était faîtes et Sarah s'apprêtait à aller se coucher mais avant cela elle devait régler le problème du couchage.

— Le canapé vous ira ? Je suis désolée nous n'avons pas d'autre lit d'appoint.

— Tu parles ! Ils vont adorer, tant qu'ils restent ensemble ils dorment aussi bien sur le sol que dans un lit, se moqua Sam assit dans un fauteuil.

Un oreiller trouva le visage de son frère très intéressant et le percuta de plein fouet, un sourire en coin naissait sur les lèvres des supers-soldats, Hermione désigna James comme coupable et bien sûr celui-ci la désigna elle. De vrais enfants.

— Votre relation « platonique » va me tuer un jour les gars, embrassez-vous qu'on en cause plus ! Avec Zemo on avait ouvert des paris et on a tous les deux lamentablement perdu !

— Sam ! s'indigna Sarah. Ça ne se fait pas.

— Tu devrais écouter ta sœur Wilson, Ved'ma n'aime pas trop qu'on parle dans son dos.

— Ved'ma peut parler pour elle-même James, déclara-t-elle en levant les yeux au ciel. Merci Sarah, le canapé ira très bien.

Ils discutèrent tous encore quelques minutes avant d'aller se coucher, la journée fut longue et éprouvante. Allongée sur le canapé Hermione manqua de tomber par terre lorsque James la poussa pour se faire une place. Il ne fallait pas se leurrer l'ancien soldat était un homme imposant, beaucoup moins que son meilleur ami Steve mais il n'en restait pas moins large d'épaule pour le pauvre canapé déplié.

— Fais attention !

— Viens sur moi.

— James…

Non ! Son cerveau lui criait encore et encore, inlassablement depuis qu'il la retrouva à Baltimore quelques semaines plus tôt. Or Hermione n'avait aucune envie de se battre contre son cerveau à cette heure-ci. Lançant un résonnant : « Tais-toi », à sa conscience, elle leva un sourcil vers le ciel et attendit un argument valable.

— On arrivera jamais à dormir à deux sur ce truc sinon.

— Je peux utiliser ma magie.

Devant la mine complètement sceptique de James, Hermione soupira, c'est vrai qu'il faudrait déménager la moitié du salon pour pouvoir agrandir magiquement le canapé et il était vraiment tard. Ne voulant déranger personne, elle se releva laissant le brun s'allonger en premier.

Bucky à peine fut-il confortablement installé, la tête contre un oreiller, ouvrit les bras pour accueillir sa Ved'ma. Le métal cliqueta un peu, mécontent de ne pas avoir eu droit à un nettoyage complet et il lui lança un regard peu amène. Bien sûr Buck aimait mieux ce bras que l'ancien, cependant il vivait aussi très bien sans prothèse au Wakanda, la seule et unique raison pour laquelle il l'avait mise fut à cause du combat imminent contre Thanos.

— Tu peux l'enlever si tu veux, l'invita Hermione.

— Ça ne te dérange pas ?

— James c'est ton bras pas le mien, s'il te gêne enlève-le.

Hésitant sur la marche à suivre une seconde, il réussit pourtant à poser la prothèse au pied du canapé avant que Ved'ma ne s'installe sur lui pour dormir. Ses cheveux lui chatouillaient le nez. Il se demanda un instant si ses plaques militaires ne la dérangeait pas mais retient ces paroles : son souffle était lent et régulier, il n'avait pas fallu plus d'une minute à Hermione pour s'endormir contre lui apaisée par les battements de son cœur.

— Je t'aime ma louve, murmura-t-il.

La dernière chose que Bucky fit ce soir là avant de sombrer fut d'embrasser le front de la demoiselle.

Bonjour, bonsoir, bon week-end ! J'espère que ce chapitre vous a plu. N'hésitez pas, laissez un commentaire ! Prenez soin de vous, bisous.

Ericaly