TW: Troubles du comportement alimentaire, crise d'hyperphagie, dépréciation.


"Mon père fut invivable pendant tout l'été qui suivit ma quatrième année. L'ambiance était lourde, il empêchait ma mère et moi de faire quoi que ce soit et j'étais interdit de sortir du manoir. Je ne voyais plus mes amis et je n'avais pas beaucoup de nouvelles d'eux. Ils pensaient que je leur en voulais pour des bêtises d'adolescent et seuls Crabbe et Goyle me prêtaient attention, par pur intérêt. C'est là que j'ai réalisé que les choses devenaient plus sombres, plus difficiles pour nous trois. Je n'étais plus seulement le fils du "grand Lucius Malefoy", mais aussi et surtout le fils d'un mangemort.

J'avais déjà vu la Marque de mon père bien sûr, il ne la cachait jamais au manoir, mais je n'avais jamais réussi à savoir ce dont il s'agissait. J'avais eu vent des affaires frauduleuses de mon père, mais ce n'était que des suppositions. On ne me disait rien. Je voyais les tatouages des visiteurs sur leur bras, mais je n'avais aucun moyen de les comprendre. Ma mère n'en avait pas, je m'étais donc imaginé que c'était pour les hommes. Après tout, certains amis proches de mon père la portaient aussi. Peut-être était-ce idiot de ma part, mais j'étais encore jeune et la tête pleine de clichés. Je savais que cela n'augurait rien de bon, mais c'était tout.

Goyle et Crabbe sont passés quelques fois avec leurs pères respectifs durant l'été, mais je n'étais pas proche d'eux, nous n'avions rien à nous dire. J'essayais de leur tirer les vers du nez quant aux activités de leurs parents, voire même à propos de ce tatouage qu'ils avaient tous au bras, mais ils n'ont jamais rien voulu me dire. Ils avaient trop peur des représailles, on leur avait interdit d'en parler.

Mes parents ont attendu la veille de ma rentrée en cinquième année pour tout m'expliquer. Je n'ai jamais su si le ton étrange dans la voix de mon père avait été de la peur ou bien de l'autorité. Je suis resté muet jusqu'à la fin du dîner, ce soir-là. Il venait de passer deux longues heures à m'expliquer qui était vraiment Voldemort et à quel point il était important pour notre famille et pour le monde magique de le suivre.

J'avais déjà entendu le nom de Voldemort. Des tas de fois, en réalité. Je savais que le monde magique le craignait, qu'il avait déclenché une guerre à l'époque de mes parents, et je savais que Harry Potter l'avait vaincu. Mais cela s'arrêtait là. Chaque fois que j'avais eu l'idée d'en demander plus à mère, dont j'étais le plus proche, elle avait toujours refusé de répondre. Elle disait que j'étais trop jeune, ou bien que ça n'avait plus lieu d'être. Je…"

Drago reposa son stylo et se passa une main sur le visage en soupirant. Cela faisait déjà deux heures qu'il était installé au bureau de la bibliothèque et il avait besoin de faire une pause. Le prochain passage qu'il écrirait ne serait pas aussi simple que les précédents et il ne se sentait pas prêt à le faire tout de suite.

Il se rappelait parfaitement de ses premiers jours à Poudlard après cela. Du poids dans son estomac lorsqu'il s'imaginait les horreurs auxquelles son père avait participé avant même sa naissance. Après cela, il avait eu la sensation constante d'être fixé, comme si les autres savaient.

Il referma le carnet dans lequel il écrivait son récit et attrapa le roman qu'Hermione lui avait rapporté la veille. Il s'installa dans le canapé de la pièce et se plongea dans sa lecture.

L'ouvrage était une romance assez récente, une histoire d'amitié qui tournait à l'amour. Un journaliste, une correctrice, somme toute une romance légère qu'il se savait capable de lire dans la journée.

Ce n'était pas la première fois que Hermione lui rapportait ce type de lecture. Elle avait même fini par lui confier que c'était ce qu'elle préférait lire pour se détendre. Bien sûr, elle était très friande des autres types de littérature, mais la romance était son péché mignon. Elle la savourait et s'en servait comme échappatoire à ses longues journées.

Drago, lui, n'avait pas ce même goût pour ces ouvrages. Il les appréciait de temps à autre, bien sûr, mais il préférait largement la poésie pour se sortir de son quotidien. Il avait ses recueils préférés, qu'il rangeait même dans sa chambre et qu'il relisait parfois avant de dormir.

Dormir. Une semaine était passée depuis qu'Hermione l'avait sorti de son cauchemar, depuis qu'elle l'avait serré contre son cœur jusqu'à ce qu'il se calme. Il dormait mieux, du moins, il y avait de l'amélioration.

Hermione avait tenu sa promesse. Il l'avait retrouvée à son chevet à chaque réveil de ses cauchemars, à quatre reprises depuis la dernière fois. Elle avait été là pour lui, elle n'avait manqué aucune occasion. Parfois, elle lui amenait un verre d'eau, lui caressait les cheveux, ou bien se contentait de lui chuchoter que tout allait bien.

Drago n'arrivait pas à savoir ce qu'il en pensait, comme il se sentait face à tout cela. Il était reconnaissant, bien sûr, comment pourrait-il ne pas l'être alors qu'elle le soutenait chaque matin à travers ses cauchemars ? Mais cela ne l'empêchait pas de se sentir mal, d'une certaine façon.

Quelque chose clochait, forcément. Tout ne pouvait pas être si simple, n'est-ce pas ? Ils étaient amis, ils partageaient des choses ensemble, mais jamais il n'aurait cru que cela puisse aller jusque-là. Qu'est-ce que cela voulait dire ? Et que devait-il faire en retour ? Elle attendait sûrement qu'il agisse, d'une manière ou d'une autre, il ne pouvait pas juste profiter de ce qu'elle faisait pour l'aider. Peut-être qu'il n'avait pas compris les signes, peut-être qu'il était censé faire quelque chose, dire quelque chose.

Drago secoua la tête pour se reconcentrer sur sa lecture. Les ruminations des personnages de son livre déteignaient sur lui. Ne pouvaient-ils pas être des amis normaux ? Sans se poser la moindre question ?

Une heure plus tard, il tourna la dernière page du livre et le ferma aussitôt, sautant sur ses pieds pour sortir de la bibliothèque. Il se rua aussitôt vers la chambre d'Hermione, un sourire aux lèvres.

– Hermione ! s'exclama-t-il en ouvrant la porte. J'en étais sûr, non mais franchement, c'était évident que…

– Aargh !

Drago s'immobilisa aussitôt l'entendit-il crier. Il tourna vivement les yeux vers elle et la vit debout près de son lit, à moitié nue, occupée à enfiler un jean.

Il se tourna brusquement et sortit de la chambre, une main sur les yeux.

– Merlin, je suis désolé ! s'écria-t-il, désormais tout aussi paniqué qu'elle.

Son visage était en feu, il avait chaud et son cœur battait la chamade dans sa poitrine. Non mais quel idiot ! Depuis quand entrait-il dans la chambre de quelqu'un d'autre sans frapper ? Il était mortifié. Il n'arrivait pas à croire ce qui venait de lui arriver.

– Je suis désolé, je suis désolé, répéta-t-il en se laissant glisser contre un mur jusqu'à s'asseoir sur le sol. Je suis désolé, Hermione, je suis désolé.

Il avait si honte, il se sentait mal. Il se passa plusieurs fois de suite une main sur le visage, alors qu'il essayait de calmer les battements de son cœur. Il avait envie de disparaître dans un trou, de remonter le temps, de tout faire pour que cela ne soit jamais arrivé. Il était un parfait idiot, il avait tout gâché.

Il revoyait Hermione, habillée d'une simple culotte et d'un soutien-gorge, en train d'enfiler un jean. Il n'arrivait pas à sortir ces images de son esprit. L'espace de quelques dixième de secondes, il avait vu son corps, ses formes. Il avait vu la beauté de chaque parcelle d'elle, de chaque centimètre de peau découverte. Il en avait encore le rouge aux joues.

Mais ce n'était pas tout. Il sentait au creux de son ventre une chaleur qu'il était incapable d'identifier. Peut-être était-ce la honte, cela ne pouvait être que ça. N'est-ce pas ?

Il avait vu ses jambes qu'elle cachait toujours sous des longs jeans ou salopettes, ses hanches larges, et même un aperçu de sa poitrine. Il avait chaud. Il se sentait mal. Elle allait le détester.

Il se le répétait en boucle, il n'arrivait pas à se sortir tout ça de la tête. Il était misérable, idiot. Il avait rompu leur confiance, il avait tout gâché.

Finalement, Hermione sortit de sa chambre alors qu'il s'insultait intérieurement avec des tas de noms d'oiseaux. Sa tête tournait à force de se morigéner et de se promettre de ne plus jamais la regarder dans les yeux. Il se leva aussitôt et faillit même tomber en arrière tant il était allé vite. Ses résolutions étaient bien vites envolées.

– Je suis désolé, Hermione, s'empressa-t-il de dire d'un air paniqué. J'aurais dû toquer, je suis désolé, je ne pensais pas que… Je suis désolé, pardonne-moi, je n'aurais pas…

– Drago, l'interrompit-elle en rougissant. Drago.

– Hermione, je t'assure que… Je suis désolé, Merlin, je suis tellement…

– Drago, répéta-t-elle plus fortement. Ce n'est rien.

Elle avait parlé à voix basse, semblant tout aussi mal à l'aise que lui. Elle se mordait la lèvre inférieure et ne le regardait pas dans les yeux, elle préférait fixer le col de sa chemise. Drago ne put s'empêcher de le remettre inutilement en place en la voyant faire.

Il hocha la tête plusieurs fois, pour intégrer ce qu'elle venait de dire. Ce n'était rien. Ce n'était rien. Ce n'était rien.

– Qu'est-ce que tu voulais me dire ? demanda-t-elle après un silence des plus embarrassants.

Drago se passa une main dans les cheveux et expira tout l'air qu'il avait retenu dans ses poumons. Il détourna les yeux à son tour. Il se trouvait tellement idiot.

– Rien de spécial, marmonna-t-il en jouant inconsciemment avec son alliance. J'ai fini le livre que tu m'as rapporté et…

– Alors ? le coupa-t-elle aussitôt avec des yeux écarquillés. Qu'est-ce que tu en as pensé ?

Il leva les yeux vers elle et sourit en la voyant si impatiente. La boule de honte qui lui barrait la gorge disparut. L'éclat de joie qu'il voyait dans son regard effaçait tout. L'ambiance était légère à nouveau. Il était tout aussi content de lui parler de littérature. Son cœur ne battait plus de honte, mais de joie. C'était bien.

– Pas mal, répliqua-t-il alors avec un rictus en coin de bouche. Un peu prévisible, je savais dès le début que les deux personnages finiraient ensemble.

Elle leva les yeux au ciel et lui retira l'ouvrage des mains.

– Évidemment que tu le savais ! Tout le monde le comprend dès le début, mais on s'en moque ! Ce qui importe c'est le récit de leur histoire, pas vraiment le fait que ça soit évident.

– Je ne suis pas d'accord, contra-t-il en secouant la tête. Si la fin de l'histoire est devinable dès les premières lignes, alors ça n'a pas d'intérêt !

– C'est une romance, Drago, les lecteurs savent dans quoi ils se lancent avant de la lire, c'est d'ailleurs pour ça qu'ils lisent ce genre de bouquins !

Il croisa les bras sur son torse. Ils se fixaient avec un air de défi dans les yeux. Il adorait cela. Il sentait l'excitation d'un débat grandir dans sa poitrine et il n'y avait rien de plus agréable. Il se sentait vivant.

– Eh bien je trouve que ça n'a pas de sens, répliqua-t-il avec verve. Si un livre doit dévoiler sa fin pour être apprécié, c'est qu'il n'est pas si intéressant que ça !

Hermione leva les yeux au ciel et poussa un soupir exaspéré.

– Bien sûr que si ! Ce n'est pas la fin qui nous intéresse, c'est la façon dont les deux protagonistes se mettent ensemble ! C'est ça qui fait rêver !

– Ça te fait rêver ? lui demanda-t-il en haussant les sourcils, surpris.

Il la vit rougir et détourner les yeux.

– Non, ce… ce n'est pas ce que j'ai dit. Et puis, ne change pas de sujet !

Il éclata de rire alors qu'elle le dépassait pour rejoindre les escaliers.

– Tu ne l'as pas dit, mais tu le pensais très fort, Granger ! s'exclama-t-il dans son dos.

Elle se tourna juste avant de disparaître dans le coin du couloir et lui tira la langue. Le cœur de Drago battait si fort dans sa poitrine qu'il s'en inquiéta presque. Il se sentait bien, il se sentait en paix.

oOo

Il avait vu son corps. Tout son corps. Il avait vu ses hanches, son ventre, son dos, ses sous-vêtements… Il avait même vu les marques sur sa peau.

Hermione n'arrivait pas à dormir. Elle n'avait pas pris sa potion. Elle était bien trop concentrée à ressasser ce qu'elle avait vécu quelques heures plus tôt. Elle en gardait un horrible souvenir. Elle s'était sentie si vulnérable, si faible et… hideuse. Elle avait dû prendre sur elle pour revenir vers lui, pour lui parler et ne serait-ce que le regarder dans les yeux.

Elle revivait ce souvenir comme un cauchemar. Son regard sur elle, sur son corps déformé par ses obsessions et abîmé par sa santé médiocre. Il avait tout vu, il la trouvait horrible. Elle avait été si proche de lui qu'il avait vu tous les détails, elle en était certaine. Elle n'était même pas épilée.

Allongée en travers de son lit, Hermione ne put empêcher quelques larmes de s'écouler de ses yeux. Elle se détestait. Elle ne se supportait plus, elle n'arrivait plus à se regarder dans un miroir.

Pourquoi s'était-il retenu de se moquer d'elle ? Il aurait dû rire de la voir ainsi, de découvrir ce qu'elle cachait tous les jours sous ses vêtements. Il aurait dû se moquer de la trouver dans cette position, si faible et vulnérable. Il aurait dû. Elle le méritait.

Comment pouvait-il supporter sa présence ? Comment pouvait-il l'apprécier ? Et dire qu'elle avait un jour osé l'embrasser. Elle lui infligeait sa présence. Elle devait probablement le dégoûter désormais.

Son corps était hideux, elle ne méritait pas d'être regardée. C'était ce qu'elle se répétait chaque jour. Elle avait pris tellement de poids récemment que sa peau en devenait marquée. Des traces rouges étaient apparues sur ses hanches, ses cuisses, ses seins et même l'intérieur de ses bras. De quoi lui rappeler chaque jour à quel point elle se maltraitait.

Elle essuya rageusement ses larmes et se redressa sur son matelas pour entourer ses jambes de ses bras. Elle posa son menton sur ses genoux et se balança doucement d'avant en arrière. Il fallait qu'elle se calme, qu'elle reprenne le contrôle. Elle était encore plus misérable ainsi. Elle s'imaginait qu'il la trouve dans cette position. Pitoyable. Elle avait l'impression de devenir folle. Le regard de Drago sur elle était comme cloué devant ses yeux. Elle n'arrivait pas à penser à autre chose.

Tout l'y ramenait. Elle ne pouvait pas ne pas penser à lui. Dès qu'elle regardait sa chambre, elle le voyait. Dès qu'elle fermait les yeux, elle le voyait. Il était partout. Elle frappait très légèrement son front sur le haut de ses genoux, comme si cela pouvait suffire à retirer ce souvenir de sa tête. En vain.

Elle se leva et commença à faire des allers-retours devant son lit. Elle voulait éteindre son cerveau, éteindre ses pensées obsessives. Elle avait la nausée.

Il avait tout vu. Tout. Il avait vu son corps, sa peau. Il la détestait. Elle se détestait. Elle ne méritait même pas qu'il la regarde.

Elle plaça ses mains de chaque côté de son crâne et attrapa ses cheveux. Cela recommençait. C'était comme la dernière fois. Elle se sentait déjà suffoquer.

Elle était folle. Folle. Sa conscience lui criait de tout arrêter, de dormir, d'étouffer ses ruminations. Elle ne pouvait pas se laisser aller, elle devait combattre ça, se divertir l'esprit. Elle ferma les yeux et inspira longuement. Elle pouvait dépasser ça. Elle pouvait se calmer, penser à autre chose. Elle le pouvait. Elle en était capable. Il n'y avait qu'un seul moyen.

Elle s'empressa de quitter sa chambre et se rendit jusqu'aux escaliers. Elle ne put empêcher d'autres images du regard de Drago sur elle de s'implanter une nouvelle fois dans son esprit en passant devant sa chambre.

Il avait tout vu. Tout.

Elle accéléra le pas en conséquence.

Elle dévala les marches de l'escalier comme si sa vie en dépendait. Elle devait penser à autre chose. Elle devait s'occuper l'esprit, s'occuper les mains.

Elle entra dans la cuisine et se rua vers le frigo. Elle devait s'occuper l'esprit, s'occuper les mains. Elle devait se distraire. Il fallait qu'il sorte de sa tête, qu'elle oublie tout ça.

Elle attrapa le reste de knafeh que Drago avait préparé quelques heures plus tôt. Il restait plusieurs parts. Hermione les avala toutes.

Son estomac était déjà plein. Elle avait la nausée. Mais les démons sur son épaule étaient de retour. Cette fois-ci, les anges n'avaient même pas pointé le bout de leur nez. Elle devait s'occuper l'esprit, s'occuper les mains.

Elle sortit un second plat du frigo, qui contenait cette fois-ci une salade de chou. Elle la termina en quelques bouchées.

Encore. Encore.

Elle revoyait les yeux clairs de Drago sur elle. Son regard surpris, choqué. Elle se força à avaler autre chose. Encore.

Elle en avait partout. Elle mangeait avec les doigts, sa bouche débordait. C'était trop.

Il avait vu sa peau. Son corps. Ses sous-vêtements. Ses formes. Ses hanches. Tout.

Elle laissa tomber le plat en verre qu'elle tenait lorsqu'une soudaine nausée la prit aux tripes. Les éclats jonchaient le sol, mais elle se précipita vers la baie vitrée de la cuisine. Elle l'ouvrit en grand juste à temps et se plia en deux, la gorge en feu et l'estomac douloureux.

Elle ne pensait plus à lui.

Jusqu'à ce que deux mains entourent ses cheveux et les dégage de son visage. Jusqu'à ce que des doigts glacials entrent en contact avec la peau de sa nuque. Elle ferma les yeux alors que les dernières gouttes de bile s'échappaient de sa bouche. Elle n'en pouvait plus. Son corps était épuisé.

– Je suis là, chuchota-t-il en caressant son dos. Tout va bien.

Tout n'allait pas bien, mais elle se conforta dans cette idée. C'était plus simple.

Des larmes coulaient sur ses joues lorsqu'elle se redressa. Elle essuya sa bouche avec le revers de sa manche, d'une main tremblante. Elle se sentait mal, faible. Elle tenait à peine debout.

Il passa un bras autour de ses hanches et elle s'accrocha à lui comme si sa vie en dépendait. Peut-être était-ce le cas. Elle se sentait au bord du malaise. Elle avait mal au crâne, mal à la gorge, mal au ventre. Elle se sentait même fiévreuse.

Elle pensa ironiquement que cela n'avait même pas fonctionné. Elle pensait toujours à lui. Et il était là, tout contre elle.

– Allons à la salle de bains, murmura-t-il.

Elle n'eut pas la force de dire non. Elle se laissa guider, elle n'était qu'à peine consciente des pas qu'elle faisait. Albert aboyait à côté d'elle, mais elle ne répondit pas. Elle se concentra sur le bras qui entourait sa hanche, sur le corps qu'elle touchait. C'était bien.

Personne n'avait jamais été là pour elle à un tel moment. Elle n'était plus seule. Elle se laissait enfin aller, elle ne contrôlait plus rien. C'était bien.

Il alluma la lumière une fois arrivés dans la salle de bains et Hermione ferma aussitôt les yeux. Elle avait mal au crâne.

– Est-ce que…

Elle l'entendit se racler la gorge, hésiter.

– Je pense que tu devrais prendre une douche, chuchota-t-il sans la lâcher. Tu es brûlante, il faut faire descendre ta fièvre.

Elle hocha la tête, du moins, elle essaya. Elle était allée trop loin. Elle ne sentait plus ce qui l'entourait. Elle flottait.

– Est-ce que je peux t'aider à enlever tes vêtements ? Je te laisse en sous-vêtements, ajouta-t-il aussitôt. Je ne veux pas te laisser seule.

Elle se tenait encore à lui. Elle serrait son avant-bras comme si elle risquait de chuter si elle le lâchait. Elle avait mal partout.

Il allait la voir nue à nouveau. C'était ironique. Elle en aurait ri si elle avait été en état de le faire. Il allait voir son corps. Encore.

– Je te promets de ne pas regarder, souffla-t-il. Je suis désolé, Hermione, je… Tu ne vas pas bien, j'ai… j'ai peur pour toi.

Il avait peur pour elle. Elle avait du mal à y croire. Toute cette situation était irréelle. Ce devait être un rêve. Un rêve où il ne fuyait pas face à son apparence. Un rêve où il s'intéressait à elle au point de s'inquiéter.

Elle hocha la tête. Elle n'avait pas la force de refuser quoi que ce soit. Elle avait été trop loin. Ce n'était qu'un rêve, de toute manière.

Il la fit s'asseoir sur le bord de la baignoire et l'aida à retirer ses vêtements un à un. Il tira sur les manches de son cardigan et le lui ôta avec délicatesse. Elle ne portait plus qu'un simple t-shirt à manches courtes. Elle se sentait flotter, encore. C'était un rêve.

Il lui enleva ensuite son short de pyjama et elle se retrouva en culotte. Elle avait chaud. Elle avait mal partout. Mais c'était un rêve.

– Je vais t'aider à t'allonger dans la baignoire, la prévint-il ensuite.

Elle ne sut si elle avait hoché la tête.

Il tira juste assez sur ses bras pour l'aider à se mettre debout, puis l'accompagna jusque dans le bain. Elle tremblait, de froid ou de chaud, elle n'en savait rien. C'était un rêve. Juste un rêve.

L'eau froide entra en contact avec sa peau et Hermione frissonna. C'était glacial.

– Je suis désolé, c'est presque fini, entendit-elle.

Elle se sentait s'endormir. Il posa sa main sur son front et elle se blottit contre celle-ci.

– Ne me laisse pas, murmura-t-elle avant de s'endormir.

C'était un rêve. Un joli rêve.

oOo

Hermione fut réveillée par du mouvement autour d'elle. Du mouvement sur elle, en fait.

Elle papillonna des paupières et tomba directement sur le torse de Drago. Elle écarquilla les yeux. Que se passait-il ? Où était-elle ? Elle avait du mal à se souvenir de ce qu'il s'était passé, du mal à comprendre.

Drago sembla réaliser qu'elle était éveillée puisqu'il se stoppa en baissant les yeux vers elle. Ceux-ci étaient emplis de crainte, d'hésitation. Il la fixait, dans l'attente de sa réaction.

Devait-elle dire quelque chose ? Il la portait contre lui, il l'avait soulevée dans ses bras. Elle se demanda comment cela était possible. Elle était bien trop lourde pour lui. Elle sentit sa gorge se serrer à cette pensée.

Il la tenait dans ses bras, il l'amenait quelque part. Elle aurait dû avoir peur, elle aurait dû craindre qu'il ne lui fasse du mal. Ce ne fut pas le cas. Elle était en confiance. Elle n'avait pas peur. Elle le fixait en retour, avec calme. Elle était bien.

Elle se sentait bien contre lui. Sa peau était chaude, même à travers ses vêtements. La peau de ses bras était douce sous ses cuisses.

Elle le vit entrouvrir la bouche, prêt à parler, mais elle l'en empêcha. Elle sourit et laissa tomber sa tête sur son torse. Elle n'avait pas la force de parler, elle était encore épuisée.

Drago resta figé quelques secondes, avant de comprendre qu'elle ne dirait rien de plus. Il reprit sa marche et Hermione se permit de fermer les yeux. Elle avait confiance.

Une minute plus tard, elle le sentit la déposer sur son lit et reconnut aussitôt l'odeur de ses draps. Elle s'y sentait si bien. Elle ne pensait plus à son estomac et sa gorge douloureux. Il l'aida à se caler sous les couvertures, elle le sentit même déposer ses lèvres sur son front. Elle en frissonna.

Lorsqu'elle l'entendit s'éloigner, elle se tendit et rouvrit aussitôt les yeux.

– Drago ? murmura-t-elle dans le noir de sa chambre.

Il s'arrêta et se tourna vers elle. Elle ne voyait pas son regard ni l'expression sur son visage.

– Reste, se contenta-t-elle de dire.

Il ne se fit pas prier, il n'hésita pas une seule seconde contrairement à la dernière fois. Il s'allongea à ses côtés et, cette fois, Hermione se tourna jusqu'à lui faire face. Elle hésita quelque peu, avant de finalement se blottir contre lui, la tête posée sur son torse.

– Tu veux bien ? murmura-t-elle dans le silence de la pièce.

– Oui, répondit-il en passant un bras autour d'elle.

– Merci, souffla-t-elle en fermant les yeux. Pour tout.


Merci à Lyra et Damelith pour leur soutien depuis le début !
On se retrouve à la fin du mois de juin avec un chapitre illustré ;) (restés connectés sur mon discord pour plus d'infos !)
Nova