Une absence douloureuse

St Paul, le 7 janvier 2012

Bobby était perdu dans un tourbillon d'angoisse et de frustration depuis que Buck était parti.

Cette nuit-là, lorsque Buck avait claqué la porte derrière lui, Bobby avait cru que ce n'était que temporaire, qu'il reviendrait une fois que la colère se serait dissipée. Mais les jours avaient passé sans aucune nouvelle de son fils aîné.

Deux mois déjà que Buck était parti.

Bobby et Marcy avaient contacté les autorités, déposé des rapports de disparition, mais Buck semblait avoir complètement disparu des radars.

Aucune trace, aucun indice de son lieu de destination ou de ses intentions.

La maison était devenue un lieu empreint de silence et de tension, chaque pièce résonnant du vide laissé par l'absence de Buck. Les enfants posaient des questions auxquelles Bobby et Marcy avaient du mal à répondre, leur inquiétude grandissant de jour en jour.

Buck avait laissé un trou béant dans leurs cœurs et dans leur vie.

Ray et Dana étaient tout aussi préoccupés. Buck était comme un fils pour eux, et son absence pesait lourdement sur leurs cœurs. Bobby avait pourtant espéré qu'il irait trouver refuge chez son parrain mais Buck avait couru vers une destination inconnue.

La vie semblait s'être figée, suspendue dans une attente angoissante et impuissante. Bobby se torturait l'esprit, se demandant ce qu'il aurait pu faire différemment, comment il aurait pu empêcher cette rupture dans leur famille.

Il savait qu'il aurait dû parler à Buck de son adoption bien avant. Il en avait eu l'occasion, plusieurs fois mais il n'avait pas su saisir sa chance et il avait perdu son fils. Il continuait pourtant d'espérer. Buck ne pouvait pas quitter sa vie de cette façon, il allait forcément revenir.

Il devait revenir.

Dans l'attente, chaque son de la porte d'entrée le faisait sursauter, chaque appel téléphonique lui faisait espérer que ce serait enfin des nouvelles de Buck. Mais chaque fois, ses espoirs étaient brisés, laissant place à un vide encore plus profond.

Bobby était assis dans le commissariat, alors qu'il attendait avec impatience son tour pour parler à l'officier de police. Ray était à ses côtés, son expression mêlant inquiétude et soutien à son meilleur ami.

Lorsque leur tour arriva enfin, Bobby se leva avec une hâte palpable, son cœur battant la chamade dans sa poitrine.

– Monsieur Nash, Monsieur Ross, je suis désolé pour votre situation, commença l'officier de police d'une voix grave, son regard empreint de compassion. Mais vous comprenez, Buck est majeur. À vingt ans, il est en mesure de prendre ses propres décisions.

Bobby sentit une vague de frustration monter en lui, l'injustice de la situation pesant lourdement sur ses épaules.

– Mais vous ne comprenez pas, ça fait deux mois, il lui est forcément arrivé quelque chose, insista-t-il, sa voix tremblant légèrement avec l'émotion contenue. Vous devez nous aider. Je vous en prie.

Ray posa une main réconfortante sur l'épaule de Bobby, partageant son sentiment d'impuissance face à cette situation.

– Nous avons besoin de votre aide pour le retrouver, implora-t-il, sa voix empreinte de supplication. S'il vous plaît, nous avons besoin de savoir qu'il va bien.

L'officier de police baissa les yeux, une expression de regret traversant son visage.

– Je comprends votre détresse, mais nos ressources sont limitées, expliqua-t-il, sa voix empreinte de sincérité. Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour suivre les pistes, mais nous ne pouvons pas garantir de résultats.

Bobby sentit son cœur se serrer douloureusement, il comprenait ce que l'officier ne disait pas, à savoir qu'il ne pourrait rien faire.

– Appelez-nous à la moindre nouvelle, lui demanda Ray.

– Je le ferai, promit-il.

– Merci, murmura-t-il avant de le prendre pas les épaules et de le faire sortir du poste.

– Ils ne feront rien, n'est-ce pas ?

– J'en ai peur.

– Mon fils peut mourir et tout le monde s'en fout.

– Buck ne va pas mourir, Bobby. Tu l'as bien élevé ce gamin, il sait ce qu'il y a savoir. Il est fort et il t'aime. Il a juste besoin de temps pour se calmer mais il va revenir.

Bobby acquiesça silencieusement, apercevant au fond des yeux de son ami un mélange de tristesse et de frustration voilant son expression.

Les jours s'écoulèrent, et chaque jour sans Buck semblait écraser un peu plus l'espoir qui restait dans le cœur de Bobby. Il était hanté par les souvenirs de son fils, par les moments passés ensemble, par les sourires et les rires qui semblaient maintenant si lointains.

Les nuits étaient les pires.

Bobby s'allongeait dans son lit, luttant contre les pensées sombres qui menaçaient de l'engloutir. Il se demandait où était Buck, s'il allait bien, s'il était en sécurité. La culpabilité le rongeait, lui rappelant chaque erreur qu'il avait commise en tant que père.

Souvent, il entendait Marcy pleurer et il la prenait dans ses bras en silence pour la réconforter du mieux qu'il pouvait mais il savait tout aussi bien qu'elle qu'il avait échoué en tant que père.

Malgré tous leurs efforts, Buck restait introuvable.

Il n'avait pas repris ses cours, et ses demandes d'intégration à l'académie des pompiers étaient restées sans réponse.

C'était comme s'il avait disparu de la surface de la terre.

Bobby sentait au plus profond de lui que quelque chose de grave était arrivé à son fils. Rien ne pouvait expliquer ce silence horrible. Ray le rassurait comme il pouvait mais Bobby savait que c'était la période la plus longue de sa vie où il avait été séparé de Buck, lui aussi.

– Je ne comprends pas, murmura Marcy, sa voix empreinte d'amertume.

Ils se trouvaient dans le salon.

Bobby junior et Brooke dormaient à poings fermés et Bobby ne savait pas comment briser la tension palpable entre son épouse et lui, alors qu'ils passaient leurs soirées enveloppées par le silence pesant de l'absence de leur fils ainé.

Marcy détourna le regard de la fenêtre, ses yeux brillant d'une immense tristesse.

– Qu'avons-nous fait de travers pour que Buck choisisse de partir sans un mot ? De nous laisser dans cette incertitude ? Je ne sais pas si je pourrais le supporter encore longtemps.

Bobby soupira, le poids de la culpabilité d'avoir été un mauvais père pesant lourdement sur ses épaules.

– Je ne sais pas, avoua-t-il honnêtement, son regard se perdant dans les fils de laine du tapis du salon. Nous avons tout donné pour lui. Nous lui avons offert tout notre amour, tout notre soutien.

Marcy baissa les yeux, une larme solitaire glissant sur sa joue.

– Peut-être que nous avons été trop protecteurs, suggéra-t-elle doucement, sa voix tremblant de sanglots retenus. Peut-être que nous aurions dû lui laisser plus de liberté pour explorer le monde à sa manière.

Bobby secoua la tête, son expression empreinte de chagrin.

– Je ne sais pas si cela aurait fait une différence, admit-il sincèrement, sa voix teintée de regret. Nous avons essayé de lui inculquer les bonnes valeurs, de lui apprendre à être responsable et autonome. Mais quelque part en chemin, nous avons perdu le fil. Peut-être que j'aurais dû être honnête au sujet de son adoption. Peut-que j'ai été égoïste de vouloir qu'il ne soit qu'à moi, qu'à nous. J'ai toujours tellement eu peur de voir ses parents revenir dans sa vie.

Marcy posa doucement sa main sur la sienne.

– Nous sommes ses parents, lui rappela-t-elle. Nous l'avons aimé et protégé.

– Peut-être trop.

– Nous avons fait de notre mieux, murmura-t-elle, ses yeux cherchant les siens. Nous l'aimons toujours autant, peu importe où il est ou ce qu'il fait. Nous l'aimerons pour le reste de notre vie, même s'il doit passer tout ce temps à nous détester.

Bobby acquiesça lentement, le poids de la culpabilité et de l'inquiétude toujours présent dans son esprit.

– Nous resterons une famille, quoi qu'il arrive, affirma-t-il.

Ils se serrèrent l'un contre l'autre, trouvant un réconfort fragile dans leur union face à l'angoisse de l'absence de Buck. Ils étaient déterminés à rester forts ensemble, prêts à affronter les défis qui se dressaient sur leur chemin avec la force de leur amour et de leur solidarité.

Et pendant que le monde continuait de tourner, Bobby ne pouvait s'empêcher de se demander s'il reverrait un jour son premier enfant.