Chapitre 8
Les semaines suivantes, Peter et Wendy installèrent une petite routine bien agréable dans leur quotidien. Tous les matins, ils allaient faire leur tournée, en volant, puisque le dos de Wendy était plutôt bien cicatrisé a présent et que Peter pouvait de nouveau la porter. Ensuite, ils rentraient à la maison, ou Wendy avait insisté pour que Peter lui installe un petit potager. L'après midi, Wendy s'occupait donc avec amour de ses légumes , et Peter la regardait faire en lui parlant de tout et de rien, assis sur une branche. Clochette venait voir Peter parfois, en prenant bien soin d'ignorer Wendy. Tous les soirs Peter et Wendy dormaient ensemble, le dos de Wendy contre Peter, parce que, je cite « tu fais trop de bruit sinon impossible de fermer l'œil ! ». C'était la seule solution pour que Wendy ne fasse pas de cauchemars, évidemment, ce n'était pas du tout parce que Peter y avait prit goût. Quelle idée!
Ce jour là, Peter et Wendy s'étaient arrêtés dans une petite crique ensoleillée. Wendy jouait paresseusement dans le sable tandis que Peter faisait des ricochets dans l'eau.
- J'ai une question.
- Hmm
En vérité, Peter n'aimait pas les questions de Wendy. Il adorait discuter avec elle, mais à chaque fois qu'elle commençait à l'interroger, il finissait par devoir trop réfléchir à ses émotions et ça ne lui plaisait pas beaucoup.
- Dis toujours, finit il par céder.
- C'est à cause de Clochette que tu n'es jamais revenu me voir à Londres?
- Je ne vais pas répondre à cette question.
- A bon? Et pourquoi ça?
- Parce que techniquement elle n'est pas correcte.
Peter souriait. Pour une fois il pensait avoir réussi à piéger Wendy.
- Comment ça ?
- Je ne suis pa « jamais » revenu te voir à Londres.
Wendy se leva, poings sur les hanches, l'air mécontente.
- Peter Pan, tu as intérêt à t'expliquer mieux que ça et rapidement avant que je me fâche !
- J'ai pas vraiment envie d'en parler… c'est un peu gênant , en fait.
- Un peu gênant ? Je vais t'en donner moi du gênant ! S'esclaffa Wendy.
Elle retroussa sa robe et avança vers Peter dans l'eau. Ce dernier fit mine de s'enfuir, mais Wendy le rattrapa sans peine. Elle voulut l'arroser mais tout ne se passa pas comme prévu. Elle trébucha et s'étala de tout son long sur Peter. Lorsqu'ils sortirent de l'eau, trempés et hilares, Wendy n'avait toujours pas lâché l'affaire, mais elle tremblait de froid.
Ils s'assirent dans le sable et Peter, voyant Wendy transie de froid, enroula galamment son bras autour de ses épaules pour la réchauffer un peu.
C'était le genre de chose que Peter était à présent capable de faire tout naturellement, sans même y réfléchir. Wendy se blottit contre lui, et murmura:
- Tu voulais dire quoi tout à l'heure ?
- Tu laches jamais l'affaire pas vrai ?
Wendy sourit.
- promets que tu te moqueras pas !
- Promis !
Wendy lui tendit son petit doigt, qu'il crocheta du sien.
- Je suis revenu te voir plusieurs fois depuis ton retour à Londres. Clochette ne voulait pas que je me montre mais j'étais là.
- Quoi? Quand ??
- Presque tous les soirs…
Wendy réfléchis.
- J'en étais sûre !! Certains soirs je sentais une présence! J'ai cru que je devenais folle mais en fait c'était toi!
Peter sourit avant d'ajouter,
- Apres qu'on se soit disputés , quand tes parents sont morts, j'ai arrêté de venir pendant quelques temps. Quand j'ai changé d'avis, ta chambre était vide.
- J'étais en grenier.
- Oui je le sais maintenant.
- Mais tu as continué de venir quand même, devina Wendy.
- Oui.
- Pourquoi ?
Peter haussa les épaules. Wendy tenta une autre question.
- Pourquoi Clochette ne voulait pas que tu te montres ?
Peter répondit en riant,
- Elle est persuadée que je vais tomber amoureux de toi si on passe trop de temps ensemble!
Wendy en resta bouche bée.
- Évidemment je lui ai dis qu'il n'y avait aucun risque ! Moi, amoureux, impossible !
- Ce serait vraiment si terrible que ça ? Osa Wendy d'une petite voix. Elle avait quitté le bras de Peter pour se recroqueviller sur elle même.
- On en a déjà parlé Wendy. Tu nous imagine, toi et moi ?? Ce serait ridicule ! On est amis ! Toi j'imagine que tu te marieras et que tu auras des enfants un jour, c'est sûrement ce que tu veux!
- Bien sûr.
- En venant ici, tu t'attendais quand même pas à ce que ce soit avec moi, si ??
Wendy détourna le regard, elle n'y avait pas vraiment pensé à vrai dire, mais le fait qu'il en parle comme si vraiment cette idée le répugnait.. c'était juste vexant.
Voyant que Wendy ne répondait pas, Peter enchaîna.
- Et puis l'amour c'est juste bon à faire souffrir les autres, je vois aucun intérêt à éprouver ça, pour personne.
- Tu te trompes.
- A oui? Je t'en prie explique moi!
- Imagine, d'être suffisamment à l'aise avec quelqu'un pour pouvoir enfin être toi même, et que cette personne fasse ressortir tout ce qu'il y a de meilleur chez toi! Imagine être heureux comme jamais auprès de cette personne, comme si tu étais enfin complet. Que chaque fois que tu la quitte tu n'aies qu'une envie, de la revoir, de pouvoir la toucher, être près d'elle. C'est ça l'amour, c'est se soutenir dans les épreuves et partager des moments de bonheur. Si tu te fermes à ce qui fait mal, tu te fermes aussi à tout ce qui est agréable.
Peter ne bougeait plus, il regardait Wendy avec de grands yeux comme si un éclair venait de le frapper. Finalement il dit:
- Tu as déjà ressenti tout ça pas vrai?
Wendy ne repondit pas, elle ne pouvait pas, tout son visage avait prit une teinte rouge pivoine. Peter s'était approché, leurs visages penchés l'un vers l'autre. Il murmura:
- Est ce que c'est ce que tu ressens en ce moment ?
Il continua d'approcher, leurs lèvres se frôlant presque, Wendy pouvait sentir son souffle sur sa peau. Wendy avança pour réduire à néant l'espace qui les séparait, quand Peter se leva brusquement en jurant.
- NON non non non non! Wendy!! Tu peux pas me faire ça !! On était d'accord !! Tu peux pas me demander ça !
Peter était en pleine crise de panique . Il avait laissé à Wendy une chance de nier la vérité et de sauver leur amitié, mais elle était prête à l'embrasser !! Pourtant elle savait bien qu'il ne voulait pas de ça! Pourquoi toujours vouloir créer des problème avec des sentiments ?? N'étaient ils pas heureux tous les deux ? Sans réfléchir , Peter dit:
- Clochette avait raison! J'aurais jamais du te ramener ici !
Cette fois, s'en était trop. Wendy se leva, les larmes aux yeux, et partit en courant vers la forêt. Il l'avait piégée. Il l'avait piégée et elle s'était faite avoir. Est ce qu'elle pensait vraiment que Peter avait pu vouloir ce baiser? Qu'il avait pu l'aimer ? Soyons honnêtes, oui, elle le pensait. Qu'il ne sache pas l'exprimer était une chose, mais Wendy était persuadée qu'il ressentait quelque chose pour elle. Enfin, jusqu'à maintenant.
Il ne fallu pas plus dequatre minutes à Peter pour regretter ce qu'il avait dit à Wendy. Il continua à jurer sur la plage pendant un long moment, jetant des galets à la mer avec un air agacé. Il marmonnait au sujet des filles qui le fatiguent avec leurs émotions et que si ça continue il irait vivre tout seul dans une grotte. Il finit par se convaincre que c'était une trop grande proximité physique avec Wendy qui avait créé cette série de problèmes. En toute logique, s'il prenait bien garde à ne plus la toucher , elle devrait bien finir par reprendre ses esprits et leur vie reprendrait son cours normal. Peu être même n'était elle déjà plus amoureuse de Peter, avec ce qu'il lui avait dit. C'est ça,sûrement qu'elle aurait compris ses limites et aurait retrouvé la raison lorsqu'ils se reverraient. C'est donc confiant et soulagé, que Peter prit le chemin de leur cabane. Tout allait pour le mieux, ce n'était qu'une petite prise de tête comme il en avait eu souvent avec Clochette.
Lorsque Peter passa la porte de la chaumière, tout lui hurlait l'absence de Wendy, du bol de fruits qu'elle n'avait pas ramassé sur le chemin du retour, au feu que Peter n'avait pas allumé pour elle parce qu'elle avait froid. Tout était sinistre.
- Wendy?
Pas de réponse. Il sortit près du potager et hurla cette fois ci.
- WENDY!
Elle n'était pas là. Il chercha dans la maison tout d'abord, puis autour, il alla à la cascade. Elle n'était plus là. Toutes ses affaires étaient encore là, mais elle, n'y était plus. Peter tourna en rond pendant plusieurs heures, pestant en se demandant ce qui avait bien pu lui passer par la tête de disparaître comme ça. Finalement, il commença à s'inquiéter, et le ciel se couvrit de nuages noirs.
Il avait été bête, il avait fait de la peine à Wendy en lui disant tout ça. Il aurait juste dû lui dire qu'il n'était pas prêt, et elle aurait attendu. Un jour peu être qu'elle aurait fini par comprendre qu'il ne serait jamais prêt. Et si tout bêtement il avait dit oui ? Peu être qu'il aurait fini par s'habituer et oublier ses craintes ? Elle aurait été contente au moins, Peter aimait bien faire plaisir à Wendy.
Peter tournait en rond comme un lion en cage. A quoi bon se torturer la tête, Wendy n'était plus la ! Qu'est ce qu'il allait devenir sans elle ? Il sortit en courant de la bâtisse en alla interroger les sirènes, qui déclarèrent qu'elles ne l'avaient pas vue, mais qu'elles la noieraient volontiers si c'était le cas.
Les fées, informèrent Peter qu'elles avaient vu Wendy passer et que celle ci avait demandé s'il existait une manière de retourner à Londres autrement qu'en volant. Les fées lui avaient indiqué de se renseigner auprès des pirates.
Les pirates se moquèrent de Peter qui avait "perdu sa donzelle". Ça ne le fit pas rire du tout et il failli sabrer la moitié de l équipage avant de se rappeler que Wendy était peu être perdue ou morte quelque part.
Lorsqu'il arriva chez les indiens, Mamake lui flanqua une bonne taloche sur la tête en le traitant d'imbécile et en lui indiquant de continuer a chercher.
Les semaines passèrent. Peter n'était plus que l'ombre de lui même. De grosses cernes noires étaient apparues sous ses yeux et une pluie torrentielle le suivait ou qu'il aille. A certains endroit de l'île, il avait même commencé à neigé. Il s'en voulait tellement qu'il était prêt à n'importe quoi pour faire revenir Wendy, même à l'épouser sur le champ si c'était ce qu'elle exigeait de lui. Malheureusement avait retourné chaque rocher de cette maudite île et il devait se faire une raison, Wendy s'était volatilisée.
