Note : Désolée pour la longue attente... Et bonne lecture !
Chapitre 13 : Carnaval
Tamao n'eut aucun mal à repérer les deux jeunes gens qui l'avaient appelée à l'aide. Ils étaient sur le bord de la route, l'un d'eux agenouillé à côté d'un Mystherbe qui avait l'air mal en point.
- Là, fit Tamao sans oser indiquer les dresseurs de la main de peur de tomber si elle lâchait le conducteur de la moto.
Hao dut toutefois comprendre car il ralentit et s'arrêta pile devant les garçons. Tamao descendit en se tenant au véhicule pour ne pas perdre l'équilibre et les dresseurs se précipitèrent aussitôt sur elle. L'infirmière dut commencer par les calmer, leur assurant que tout irait bien à présent, avant de pouvoir soigner le pokémon.
Elle s'agenouilla à côté du Mystherbe et lui administra un antidote et une potion. Il sembla aller un peu mieux et accepter de retourner dans sa pokéball, au grand soulagement de son dresseur.
Tamao se redressa et s'aperçut que Hao était déjà reparti. Avec un pincement au cœur à l'idée de ne pas l'avoir remercié, elle le chassa de son esprit.
- Venez, il vaut mieux que nous retournions au centre pokémon. Je pourrai l'examiner et le rétablir complètement là-bas.
Les deux garçons hochèrent la tête et la suivirent.
- Vous pourriez peut-être en profiter pour passer à la boutique pokémon et acheter quelques potions, non ? proposa Tamao d'une voix douce.
Le dresseur du Mystherbe fit une grimace et ses joues se colorèrent du rouge soutenu qu'ont les petits garçons fautifs quand ils sont réprimandés. Tamao n'ayant pas eu l'intention de lui faire des reproches mais juste de lui donner un conseil, elle n'insista pas davantage.
Tamao détourna la conversation en se forçant à leur demander où ils allaient quand ils avaient quitté Parmanie et les dresseurs se lancèrent dans de longues explications. Au bout de quelques minutes, le dresseur du Mystherbe commença à expliquer comment son pokémon s'était blessé, agrémentant son discours à force de grands gestes et d'exclamations. A côté de lui, l'autre garçon hochait frénétiquement la tête et ponctuait le discours de « ouais » et de « c'est ça ». Tamao resta silencieuse et se contenta de les écouter attentivement.
Ils finirent par arriver au centre pokémon de Parmanie et, deux heures plus tard, les deux garçons repartaient avec le sourire. Personne n'était passé au centre pendant l'absence de Tamao, au grand soulagement de cette dernière, à l'exception du facteur qui lui avait laissé une lettre sur le comptoir.
Tamao l'ouvrit après le départ des dresseurs sans reconnaître l'écriture mais comprit assez vite que c'était Nichrom qui lui écrivait.
…
« Bonjour Tamao,
J'espère que tout se passe bien pour toi à Parmanie. Pour ma part je travaille à Azuria, qui n'est pas très loin de la Centrale. Ils avaient besoin de renforcer l'équipe médicale du centre pokémon. J'aurai préféré travailler au centre pokémon à côté de la Centrale mais l'infirmière qui y est en place peut s'occuper toute seule du peu de personnes qui y passent.
Porte-toi bien,
Nichrom »
…
Tamao s'installa à sa chaise, sortit papier et stylo et rédigea rapidement une réponse. Elle lui disait qu'elle était contente qu'il lui ait écrit, que tout se passait bien et qu'elle espérait qu'ils se reverraient bientôt.
Quand elle eut fini, elle glissa la lettre dans une enveloppe qu'elle rangea dans un tiroir. Elle irait l'amener au facteur quand elle descendrait en ville.
…
Tamao ne revit pas le groupe de motards pendant les trois semaines qui suivirent. Souvent sollicitée, en particulier pour s'occuper des pokémons au parc safari, elle ne vit pas le temps passer jusqu'à ce que la période du carnaval n'arrive. Le nombre de dresseurs dans la ville s'accrut brusquement et Tamao dut installer des matelas dans le hall du centre pour tous les accueillir.
Elle travailla dur toute la journée, répondant aux questions de ses pensionnaires, soignant leurs pokémons, arrangeant les lits, nettoyant la cafétéria, stoppant les batailles d'oreillers et régulant les disputes qui éclataient autour du PC quand plusieurs dresseurs voulaient stocker ou retirer leurs pokémons en même temps. Elle n'eut qu'un peu de répit lorsque la nuit fut tombée et que la majorité des dresseurs fut partie à la fête. Elle pouvait entendre les vivats et apercevoir les lumières depuis la fenêtre et s'effondra sur une chaise, pensive.
- Rondou, fit doucement son premier pokémon en s'approchant d'elle. Rondoudou ?
Tamao regarda son compagnon avec tendresse et le prit sur ses genoux.
- Non Rondoudou, je ne peux pas aller au carnaval, je dois m'occuper du centre pokémon.
- Doudou, protesta vivement Rondoudou et levant un regard agacé vers elle. Rondou dou doudou, enchaîna-t-il en battant ses petits bras puis en montrant les matelas dans le hall et la fête par la fenêtre.
Tamao se mordit la lèvre, comprenant où voulait en venir son pokémon. Il lui faisait remarquer qu'elle passait tout son temps à s'occuper des dresseurs et qu'elle avait aussi le droit à du temps libre.
Hésitante, la jeune fille ne tint plus quand Leveinard arriva d'un air guilleret et joignit ses encouragements à ceux de Rondoudou.
- D'accord, vous avez gagné, on va aller à la fête.
Les deux pokémons lancèrent des exclamations joyeuses et accompagnèrent Tamao dans sa chambre. Elle essaya de ne pas faire de bruit pour ne pas réveiller Mélo qui sommeillait sur sa couette mais il ouvrit un œil et, après avoir compris où se rendait Tamao, se mit à pépier et à sautiller en tout sens jusqu'à ce que la jeune fille accepte qu'il vienne aussi.
Après avoir troqué sa tenue de travail pour un pantalon noir et un T-shirt blanc, Tamao prit donc le bébé pokémon dans les bras et quitta le centre, Rondoudou et Leveinard à ses côtés. Auparavant elle avait bloqué l'accès de toutes les zones sécurisées, interdisant à quiconque d'y entrer, et fermé la cafétéria. Seules les chambres et le hall étaient encore accessibles et les téléphones utilisables.
…
Lorsqu'elle arriva au cœur de la ville, Tamao jeta des regards ravis autour d'elle alors que Mélo dans ses bras ouvrait de grands yeux pour tout voir. Des banderoles étaient agitées en tout sens, des stands brillant de mille feux proposaient gaufres, crêpes et barbe à papa, des guirlandes courraient sur les toits des maisons et une foule compacte aux tissus bariolés et portant des masques souriants avait envahi les rues. Sur la place principale, un groupe de musiciens jouaient une musique endiablée, accompagnée par un M. Mime qui jonglait devant de petits enfants émerveillés. Les gens dansaient, riaient, chantaient, formant une mêlée dense sur la place aux jupons se levant et aux jambes virevoltant. Rondoudou et Leveinard se mirent également à danser et Mélo tapa dans ses mains avec ravissement.
Subjuguée, Tamao se laissa entraîna sans vraiment s'en rendre compte par la foule et se retrouva à tournoyer au milieu des personnages masqués, serrant fort dans ses bras son pokémon de peur qu'il ne lui arrive malheur.
Elle réussit à s'écarter du cœur dansant, essoufflée et échevelée, ses trois pokémons près d'elle s'amusant comme des petits fous. Mélo manifesta l'envie de descendre et Tamao la posa précautionneusement à côté de Leveinard qui promit à sa maîtresse de veiller sur lui.
La jeune fille commençait à avoir chaud et cherchait un vendeur de glaces ou de boissons des yeux quand un jeune homme masqué vint l'attraper par la main pour l'attirer de nouveau au milieu des danseurs. Elle voulut résister mais le sourire enjôleur et le regard brûlant de son cavalier auto-désigné la firent craquer. Persuadée d'avoir déjà croisé cet inconnu masqué quelque part, elle le laissa la faire virevolter un peu avant qu'ils ne se serrent l'un contre l'autre pour éviter d'être séparés par la foule.
Les longs cheveux bruns du jeune homme vinrent chatouiller son visage et elle eut soudain un éclair de lucidité.
- Merci pour la dernière fois, murmura-t-elle.
Son interlocuteur lui fit signe qu'il n'avait pas entendu et Tamao dut s'y reprendre à trois fois avant de réussir à parler assez fort pour qu'il la comprenne. Il lui sourit alors, du sourire qui l'avait fait paraître menaçant lors de leur première discussion au centre pokémon, et la transperça des yeux à travers son masque noir constellé d'étoiles dorées.
Quand la musique changea, il l'entraîna à l'écart où Tamao put respirer plus librement.
- Joli masque, déclara-t-il.
Tamao vira au rouge brique mais Hao éclata d'un grand rire et abaissant le sien.
- Tu ne dois pas souvent avoir l'occasion de t'amuser si tu es en charge du centre pokémon, poursuivit-il.
- En effet, acquiesça l'infirmière.
- Nard !
Tamao tourna la tête sur le côté et vit Leveinard venir vers eux, Mélo dans ses bras, Rondoudou derrière lui. Ce dernier s'accrocha aux jambes de sa maîtresse mais son regard resta perdu vers le bord de la piste où jouaient les musiciens.
- Tes pokémons ont l'air de t'aimer, tu dois bien t'occuper d'eux, remarqua Hao d'une voix légère. En même temps tu ne serais pas infirmière pokémon sinon.
La jeune fille lui rendit son sourire, rosissant légèrement mais pour d'autres raisons que précédemment.
- Je quitte Kanto dans cinq jours, déclara nonchalamment le dresseur en passant une main dans ses cheveux. Le croiseur part à midi de Carmin-sur-Mer.
Tamao hocha la tête pour montrer qu'elle l'avait entendu, se demandant pourquoi il lui racontait ça.
- Seigneur Hao ?
Tamao chercha du regard la voix qui venait d'interpeler le frère de Yoh quand elle aperçut un tout petit garçon vêtu d'un poncho orange apparaître près d'eux.
- Opachô peut avoir une gaufre ?
Tamao vit un éclat de tendresse passer dans le regard d'Hao alors que ce dernier répondait par l'affirmative au nouveau venu. Il salua Tamao de la tête et s'éloigna dans la foule. Quelques secondes plus tard la jeune fille l'avait perdu de vue.
- On rentre ? proposa Tamao en voyant Mélo dodeliner de la tête.
Leveinard approuva et ils prirent la direction du centre pokémon, Mélo réclamant que Tamao le porte.
