{{{[[[]]]}}} {{{[[[]]]}}} {{{[[[]]]}}}
Note de la traductrice : Hello, je suis toujours vivante !
C'est juste qu'il y a tellement de tuiles qui me sont tombées sur la tête, tous ces temps derniers, que je commence seulement à émerger...
Mais j'ai maintenant le plaisir de vous présenter le nouveau chapitre de "La Faim". Bonne lecture à tous !
{{{[[[]]]}}}
CHAPITRE 6
La clinique vétérinaire est fermée lorsque Stiles se glisse à la porte, le soir suivant. Il frappe, puis fourre ses mains dans ses poches pendant qu'il attend. Scott ouvre la porte quelques minutes plus tard, avec un grand sourire qui lui fend le visage.
« Stiles ! Je suis vraiment content que tu sois revenu, mec ! » Son sourire s'efface. « Je suis désolé pour la dernière fois, avec ma mère. »
« Ça va. »
Scott les laisse entrer, le chien et lui, et verrouille la porte derrière eux. C'est alors que Stiles se rend compte qu'ils ne sont pas les seuls visiteurs de Scott : Allison apparaît de derrière le comptoir.
« Stiles ! »
« Salut. » dit-il en haussant les sourcils. « Est-ce que j'interromps quelque chose ? »
Ils prennent tous les deux des tons de rouge intéressants.
« Euh, non. » répond enfin Scott. « Allison et moi travaillons sur un projet, et nous avions pensé que nous pourrions lancer quelques idées pendant que je nettoyais et nourrissais les animaux. »
« Je voulais aussi voir les chatons. » ajoute Allison, des fossettes apparaissant pendant qu'elle sourit.
Stiles essaie de l'imaginer tenant des chatons, et pense que son cerveau fondrait à quel point ce serait putain d'adorable.
Une partie de lui veut lui dire ça, pour en faire une blague, mais il ne les connaît ni elle, ni Scott. Pas vraiment. Il n'est pas leur ami. Il est un enfant qui vit dans la rue. Il est un cas de charité, ce qui est probablement le mieux qu'il puisse espérer.
« Puis-je utiliser l'ordinateur ? » demande-t-il, en désignant de la tête celui qui se trouve sur le comptoir.
« Tu peux à nouveau utiliser le mien. » propose Allison, en tirant son mince ordinateur portable de son sac.
« Merci. »
Stiles s'installe dans la salle d'attente, assis par terre en utilisant l'une des chaises comme une table. Le chien se laisse tomber à côté de lui, et pose la tête sur ses genoux.
Allison et Scott les laissent faire. Stiles est conscient qu'ils parlent et rient en arrière-plan. C'est agréable de ne pas avoir à sursauter à chaque son. C'est agréable d'être avec des gens dont il n'a pas peur.
Scott réapparaît une fois, et dépose une boîte Tupperware : des sandwichs au poulet.
« Merci, mec. » dit Stiles. « Tu es une bouée de sauvetage. »
Le sourire de réponse de Scott faiblit un peu, et Stiles pense qu'il n'est pas habitué à ce que cette phrase soit aussi littérale.
Stiles se rend sur le site Web du Beacon Herald. Il effleure l'histoire de la Une sur certaines attaques d'animaux dans la Réserve, où un gars a été déchiqueté par un lion des montagnes (Stiles n'ira plus errer là-bas à nouveau), et va à leur moteur de recherche.
Heureusement, le Herald ne fait pas partie de ces journaux où tout ce qui mis est en ligne est payant. Stiles obtient quatre coups sûrs avec le nom de Kate Argent.
Deux de ces articles sont liés à certains incidents auxquels elle a assisté : un gros accident de la circulation l'année dernière, et l'évacuation du centre commercial de Beacon Hills en raison d'un risque de fumée, qui s'est avéré être un climatiseur défectueux.
Le troisième succès est l'une de ces histoires communautaires douces, où elle est allée à la maternelle et a parlé aux enfants du danger de parler à un étranger. Le quatrième coup sûr parle des quatre nouveaux Adjoints employés par le Département du Shérif, après ce que le journal appelle le récent scandale de corruption.
L'article est vieux de trois ans.
Kate n'était pas Adjointe quand le père de Stiles était Shérif.
D'accord. Cela explique donc pourquoi il ne reconnaissait pas sa voix.
Cela n'explique pas comment quelqu'un a planqué ces drogues dans son bureau.
Stiles ferme les yeux, et respire profondément pendant un moment.
Il y avait de la drogue trouvée dans le bureau de son père, et de la drogue et de l'argent trouvés dans la maison. La maison aurait été assez facile à pénétrer, suppose Stiles.
Mais son bureau à la Station du Shérif ? Ça ne pouvait être qu'un travail de l'intérieur. L'un des hommes ou des femmes, avec qui son père a travaillé pendant des années, lui a fait ça...
Et apparemment, ce n'était pas Kate Argent.
Ni Jordan Parrish non plus. Stiles le reconnaît comme l'Adjoint sérieux et frais du restaurant. D'après sa photo souriante dans le Herald, il a été embauché en même temps que Kate Argent.
Stiles ouvre une autre page, et cherche Kate Argent sur Google. Les liens vers le Herald sont les meilleurs succès, et il n'y a pas grand-chose dans le reste.
Il n'y a pas de liste pour elle sous les Pages Blanches, ou quoi que ce soit. Bien sûr qu'il n'y en a pas. Les flics ne publient pas leurs adresses ou leurs numéros de téléphone en ligne...
Il y a cependant un "G. Argent" à Beacon Hills, et un "C. & V. Argent". Stiles prend un papier à la réception, et note leurs adresses et numéros de téléphone. Il y a aussi un Christopher Argent, probablement la même personne que "C. Argent", qui possède quelque chose appelé Argent Tactical Solutions.
De l'arrière-boutique, une sonnerie retentit. Un instant plus tard, Stiles entend Allison.
« Oh mon dieu, papa, non ! Tu n'as pas besoin de venir rencontrer Scott ! Je sortirai quand tu seras là, d'accord ? »
Elle sort dans la salle d'attente, et roule des yeux vers Stiles.
« Parce que nous sommes partenaires de projet, c'est tout ! Très bien. À plus. Bien. »
Elle met fin à l'appel.
« Mon père est un abruti total, ces temps derniers. »
Le sourire de Stiles vacille, et son cœur se serre. Mon père, pense-t-il, et il souhaite que ces mots puissent tomber de sa bouche sans ouvrir un trou béant dans l'univers...
Il veut un père qui est parfois un crétin. Il veut un père qui l'appelle au téléphone. Il veut un père qui met son nez dans ses affaires.
Il veut un papa...
Le chien mord doucement ses doigts.
« Il vient me chercher parce que ma mère a emprunté ma voiture aujourd'hui, et apparemment un gars s'est manger par un puma [lion des montagnes] au milieu des bois, et mon père pense soudain que la ville est envahie par eux. »
Elle soupire. « Pouah. »
Stiles ferme son ordinateur portable et se lève. « On dirait aussi qu'il pense que Scott et toi n'êtes pas que des copains d'étude. »
Allison lui fait un sourire effronté, et baisse la voix. « Vraiment ? Et s'il lui fait peur trop tôt, nous ne serons jamais autre chose que des copains d'étude ! »
Stiles sourit, mais il est en décalage avec cette conversation. Il ne se souvient pas de ce que c'est, de jouer le rôle d'un ami ou d'un confident. D'un partenaire égal.
C'est ce que c'est, non ? Une confidence ? Une ouverture d'amitié ?
Stiles a été dans beaucoup d'écoles au cours des quatre dernières années, il a rencontré beaucoup d'enfants. Mais il a toujours été le nouveau-venu, l'étranger, l'enfant qui est là une semaine et qui est parti la suivante, oublié...
Le sourire encourageant d'Allison faiblit.
Stiles est en décalage avec l'amitié. Il baisse le regard. Il rend à Allison son ordinateur portable, plie son morceau de papier et le glisse dans sa chaussure, pour le garder en sécurité.
{{{[[[]]]}}}
Le loup va et vient dans la salle d'attente de la clinique, pendant que Stiles finit les sandwichs.
Le loup a faim aussi, mais il y a des rats dans la ruelle, qui lui rempliront le ventre plus tard. Son garçon doit manger à l'instant présent, s'il ne mange pas les rats plus tard. Le loup veut que son garçon soit fort. Il ne veut plus qu'il soit malade.
Il va et vient, écoutant son garçon parler avec Allison et Scott.
Écoutant les battements de cœur de son garçon.
Ses oreilles pointent quand il entend une voiture dehors.
Il y a un gémissement dans la transmission.
Les Chasseurs.
{{{[[[]]]}}}
Les phares de la voiture traversent les murs de la salle d'attente.
« C'est mon père ! » annonce Allison. « Je te verrai demain, Scott ! À bientôt, Stiles ! »
Elle sort par la porte d'entrée.
Scott lui fait signe. Il a un sourire maladroit, aussi attachant que gênant, et Stiles pense que c'est une chance qu'Allison sache ce qu'elle veut, parce que Scott est bien trop maladroit pour faire un geste...
Le chien tire sur la manche de Stiles, en grognant et en essayant de l'éloigner de la porte ouverte.
Stiles voit un SUV noir garé dehors. Un homme sort par la portière du côté conducteur, alors qu'Allison s'approche.
Il a peut-être la quarantaine, mais il est en pleine forme. Meilleure forme que Stiles, probablement. Il porte un jean, et un T-shirt noir qui lui serre la poitrine lorsqu'il bouge. Il a les cheveux grisonnants, et une expression sévère.
Le cœur de Stiles se serre.
C'est l'homme de la Réserve. Celui avec l'équipement tactique et les fusils. Celui qui a vu Stiles et le chien, et les a regardés, avant de reculer dans la rangée d'arbres.
C'est le père d'Allison.
Pour le moment, il se concentre sur Allison. Il la regarde s'approcher avec un froncement de sourcils, comme s'il ne savait pas ce qu'elle faisait ce soir, mais qu'il n'approuve pas par principe.
Stiles recule de la porte avant que l'homme ne le voie.
{{{[[[]]]}}}
« Comment savoir si je ne deviens pas fou ? » demande son garçon, pendant qu'ils retournent vers la ruelle derrière le restaurant. « Ça peut arriver. Devenir fou. »
Les oreilles du loup s'agitent alors qu'il écoute le SUV du Chasseur, mais il ne peut pas distinguer le son du reste du bruit de la circulation lointaine.
Le garçon et lui restent dans les ruelles. Un chien leur aboie derrière une clôture. Un chat traverse la route en trombe devant eux. La nuit sent les voitures, et les gens, et la pourriture.
« Une fois, c'est un accident. Deux fois, c'est une coïncidence. » Son garçon expire fortement, et frotte ses jointures sur sa tête. « C'est deux fois. Juste deux fois. Coïncidence. Synchronicité. Cela ne signifie pas quoi que ce soit. »
Le loup gémit.
Chasseurs.
Cela signifie "Chasseurs".
« Mais aussi, je pourrais devenir fou. » Son garçon mordille les ficelles de son sweat à capuche. « Peut-être que je fais des liens qui n'existent pas. Comme avec l'appel téléphonique. Et si ce n'était pas sa voix ? Et si c'était juste qu'elle disait la même chose ? Ce n'est pas un flingue fumant, n'est-ce pas ? »
Le loup souffle.
« Mais aussi, je ne devrais pas ignorer l'instinct, n'est-ce pas ? » Son garçon crache les ficelles. « J'ai juste d'abord besoin d'une preuve. Ou d'un aveu. » Son expression s'assombrit. « Mais aussi, elle est une flic. Les chances de tout foutre en l'air et de me faire tirer dessus sont plus élevées que je ne le voudrais. » Il rit, mais le son est aigre.
Le loup grogne doucement dans sa gorge.
« J'aimerais pouvoir l'appeler, tu sais ? » Son ton vacille, et sa gorge claque pendant qu'il déglutit.
Le loup lève les yeux vers le ciel. La lune est un minuscule éclat de lumière, montant au-dessus des volutes grises des nuages qui traversent le ciel.
La Mort marche avec eux, silencieuse et pâle. Elle sent les cendres. Elle a marché si longtemps à côté de lui, en portant le visage de Laura, que le loup pense qu'il la pleurerait si elle partait.
Mais il voit le chemin qu'ils suivent, son garçon et lui.
La Mort ne les quittera pas.
« Je dois agir. » dit le garçon du loup. « Je dois agir. »
Le loup lui donne un coup de museau pendant qu'ils marchent.
« Ils m'ont menti. » Sa voix est à présent celle d'un garçon plus jeune. Un enfant. « Ils ont dit qu'il pouvait m'appeler. Ils ont dit que je pouvais visiter. Ils ont dit que si j'étais gentil, alors je pourrais le voir. »
Sa bouche se tord. « Mais ensuite ils ont dit "Non, tu t'es battu à l'école. Non, ton conseiller dit que ce n'est pas le bon moment. Non, ce sera trop bouleversant pour toi." Alors, qu'ils aillent se faire foutre, pas vrai ? Qu'ils aillent se faire foutre. »
Le loup gémit.
« Je veux juste mon père. » murmure Stiles, et sa voix fond en larmes.
Le loup marche à côté de lui, la tête penchée.
Le garçon et lui sont "Meutes", mais ils ne peuvent pas remplir tous les trous noirs laissés par leurs pertes. Le trou noir du loup, et celui du garçon, ont été causés par une blessure perçante dans leur cœur.
Ça ne guérira jamais. Ça fera toujours mal. Le loup et le garçon ont appris à respirer malgré la douleur, mais elle est toujours là. Elle est aussi présente que la lune, que le murmure du vent, que la mort.
Le loup ne sait pas quelle blessure est la plus grave. Sa meute est morte. "Morte" veut dire "partie pour toujours". Mais le père de son garçon ? Vivant, mais tenu à l'écart du garçon ?
Le loup comprend désormais la lumière dans les yeux du garçon. Il comprend le besoin du garçon de déchirer et de détruire, de brûler le monde. Toute cette rage, qui attend juste une cible.
Et, pense-t-il, le garçon est sur le point d'en trouver une.
Il aura alors besoin d'un loup à ses côtés.
La Lune avait raison de conduire le loup à son garçon.
Le loup, et la Mort.
{{{[[[]]]}}} {{{[[[]]]}}} {{{[[[]]]}}}
