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Note de la traductrice : Hello, je suis encore et toujours debout !
Il semble que j'arrive au bout du tunnel, et désormais la vie ne m'obligera plus à ralentir mon plaisir de traduire les histoires que j'aime.
Vous pouvez donc savourer ce nouveau chapitre de "La Faim". Bonne lecture à tous !

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CHAPITRE 7

Il n'y a aucune chance que Stiles puisse simplement entrer dans le Département du Shérif avec une histoire à dormir debout sur un portefeuille perdu ou un iPod volé, et espérer juste que Kate Argent soit de service pour prendre sa plainte.

Premièrement, il a l'air d'un sans-abri et cela va sonner l'alarme. Secondement, il est presque sûr que ce serait juste sa chance d'être reconnu à la seconde où il entrerait à l'intérieur. Ce qui signifie qu'il serait de nouveau sous la garde des Services à l'enfance avant même de pouvoir cligner des yeux.

Stiles surveille le restaurant à la place, en se cachant juste au coin où il peut regarder l'arrivée des Cruisers des Adjoints, de jour comme de nuit.

Il ne voit pas Kate Argent le lendemain, ce qui n'est pas anormal. Elle est probablement en congé, ou quelque chose comme ça. Par contre il revoit Parrish, et Tara aussi.

Jésus.

Tara.

Quand Stiles avait douze ans, il avait un énorme béguin pour Tara. Elle était magnifique - elle l'est toujours - et cela le bouleverse d'une manière difficile à expliquer, même à lui-même, de la revoir.
Parce qu'il veut croire qu'elle est toujours sa Tara. Il veut croire que son magnifique sourire n'a jamais rien caché.

Il veut jaillir de la ruelle et se jeter sur elle avec tout l'enthousiasme du Stiles de douze ans, mais le Stiles de douze ans n'existe plus. Il est parti et a laissé ce spectre pâle, maigre et vengeur à la place.

Tara est le premier visage familier qu'il voit, mais pas le dernier. Il voit aussi Ramirez et Haigh, et les larmes lui brûlent les yeux quand il pense aux barbecues que son père organisait, et à la façon dont les gars lui lançaient des ballons de football et le portaient dans la cour.

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C'est aux premières heures de ce qui est peut-être vendredi matin, lorsqu'il vérifie le parking pour les Cruisers, qu'il réalise qu'il a dormi en voyant quelqu'un arriver. Il vérifie sa poche pour des pièces de monnaie. Il en a assez pour une tasse de café, ce qui signifie également qu'il peut utiliser les toilettes avant que la serveuse ne le jette dehors. Il regarde par les fenêtres avant du restaurant, et son cœur s'emballe quand il voit l'Adjointe blonde assise dans une alcôve.

C'est elle.

Kate Argent.

« Reste là. » dit-il au chien, et celui-ci grogne son mécontentement. « Ils ne vont pas te laisser entrer, mon grand. »

Le chien essaie de serrer ses mâchoires autour de son poignet. Stiles se dégage, essuie la bave sur son sweat à capuche, et évite le chien pour entrer dans le restaurant.

Il fait chaud à l'intérieur. Ça s'infiltre dans la peau de Stiles. Mon Dieu, il fait tellement meilleur qu'à l'extérieur...

Il se dirige vers le comptoir, et s'assied à l'un des tabourets.

« Un café noir. » demande-t-il à la serveuse, puis il s'incline légèrement pour pouvoir regarder Kate Argent.
On dirait qu'elle est là juste pour un café noir elle aussi, mais Stiles parie que le personnel ne lui montre pas la même attitude qu'à lui. Ce qui est assez normal, après tout : elle n'empuantit pas l'endroit juste en étant ici, n'est-ce pas ?

Stiles se demande s'il peut engager la conversation avec elle, ou s'il ferait mieux d'essayer d'interroger le personnel à son sujet quand elle partira. Il pense qu'il n'est pas assez adroit pour tenter de voler son portefeuille. Ou peut-être qu'il a juste besoin d'entendre à nouveau sa voix, pour voir si elle correspond vraiment à celle dans sa mémoire.

Il boit son café bon marché puis se dirige vers l'alcôve de l'Adjointe, le cœur au bord des lèvres. « Salut. » dit-il.

Elle lève les yeux, puis le regarde de haut en bas. « Je peux t'aider ? »

Tu peux me dire pourquoi tu as menacé mon père.

« Euh... » Stiles essaie un simple sourire. « Désolé, c'est bizarre et tout ça. Mais je voulais dire merci. De faire votre travail, je veux dire. Servir et protéger. Tout ça. »

Elle hausse les sourcils. « Okaaaay. »

« Et je ne veux pas vraiment vous déranger pendant votre pause, » continue Stiles en poussant, « mais personne ne se souvient jamais de remercier la police, n'est-ce pas ? Alors, euh, c'est ce que je fais. »

Elle lui sourit comme s'il était légèrement crétin. Ce qui, pour être juste, est l'ambiance qu'il dégage en ce moment.

« Eh bien, j'apprécie ça. Merci beaucoup. »

Stiles déplace son poids d'un pied sur l'autre.

C'est elle.

Il est sûr que c'est elle.

C'est ce même ton sucré. Trop doux pour paraître entièrement vrai, avec cette malveillance hérissée qui se cache juste derrière.

C'est elle.

« Okay. » conclut-il, car il sait qu'il a épuisé l'instant de bonté de la femme. « Merci. Passez une bonne soirée, Adjointe. »

Le regard de la femme le suit vers la porte. « Toi aussi, mon mignon. »

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Le garçon du loup est nerveux quand il revient dans la ruelle. Il sort son couteau de sa poche et le déplie. Puis il s'assoit sur le carton et y enfonce le couteau, encore et encore. Il secoue sa jambe.

Il est comme l'électricité dans le ciel avant un orage.

Il est énergie, et mouvement, et anticipation.

Il est le tonnerre avant qu'il ne gronde, et l'éclair avant qu'il ne craque.

Il est une force de la nature, plus fort, plus fort, toujours plus fort.

Ses yeux sont creusés. Sa bouche est serrée en une fine ligne. Il poignarde le carton encore et encore.

« C'est elle. » dit-il au loup. « C'est elle. Je sais que c'est elle. »
Il rit, à bout de souffle, la gorge à vif. « Dieu. J'aimerais pouvoir la tuer, tu sais ? Je pourrais. Je parie que je pourrais. »

Le loup ne doute pas du tout de la méchanceté de son garçon.

« Mais si je le fais, en quoi cela aidera-t-il mon père ? »
Il fronce les sourcils et mordille sa lèvre inférieure. « Je n'ai qu'une seule chance pour ça. Je ne peux pas tout foutre en l'air. »

Son garçon sent aigre et âcre. Il sent la peur.

« Mais je dois... je dois agir. »

Il y a une autre odeur à présent. Arôme doux de peau douce. Le loup comprend avant même d'entendre les pas de la femme, le craquement de sa botte sur du verre brisé.

Son odeur frappe le loup dans ses tripes. Viscérale. Vicieuse. Le flot de souvenirs menace de le déchirer, de déchirer sa peau et sa chair de ses os, et de ne laisser derrière lui que son hurlement d'angoisse.

Elle était son tout autrefois.

Et puis elle l'a trahi.

Le loup lève la tête et s'interpose entre son garçon et la femme dont il a besoin de goûter le sang.

Kate.

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Le chien grogne soudainement, et Stiles se fige.

Toujours assis, il s'agite pour se trouver face à l'entrée de la ruelle. La seule entrée.

L'Adjointe, Kate Argent, se tient là, éclairée par la faible lumière du réverbère.

« Tu t'es précipité dehors comme si tu avais le cul en feu, n'est-ce pas, mon mignon ? »
Elle pointe son arme sur lui. « Je suppose que je sais pourquoi maintenant, pas vrai ? »
Elle sourit. « Re-bonjour, Derek. Tu n'as pas l'air très bien. »

Quoi ? Stiles cligne des yeux. Ce n'est pas son nom.

Elle se met à rire.

Stiles est figé.

Le chien ne l'est pas.

Il se jette sur elle, en claquant des crocs.

Elle tire.

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Le visage de Stiles est enfoncé dans l'asphalte, et les genoux de Kate Argent sont enfoncés dans son dos. Ses bras sont forcés tellement haut qu'il pense que ses épaules sont sur le point de craquer. La douleur lui fait voir des éclairs blancs.

Il ne peut pas respirer, et à travers ses larmes, il peut voir le chien allongé dans la ruelle, du sang recouvrant sa fourrure, et qui ne bouge pas...

« Qu'est-ce qu'il t'a dit, gamin ? » demande Kate en se penchant sur lui.

Stiles ne peut pas respirer.

« Qu'est-ce qu'il t'a dit ? »

Est-ce qu'elle parle de son père ? À propos de l'appel téléphonique ? Stiles essaie de secouer la tête. Il cligne des yeux et les larmes l'aveuglent.

Une fraction de seconde plus tard, des phares l'aveuglent quand un Cruiser de la police arrive à l'entrée de la ruelle.

Des bottes claquent sur l'asphalte.

« Kate ? » quelqu'un appelle et c'est l'autre Adjoint, celui qui a le visage sérieux. Parrish.

« Qu'est-ce qui s'est passé ? »

« Ce gamin a jeté son chien sur moi. » lui répond Kate. « J'ai dû lui tirer dessus. »

« Jésus ! »

Stiles essaie de reprendre son souffle et échoue. Il commence à s'étouffer à la place.

« D'accord. » dit Parrish. « D'accord, lève-le. »

Stiles glisse dans une attaque de panique totale lorsque les Adjoints le remettent sur ses pieds. Il remarque à peine le claquement des menottes autour de ses poignets. Sa joue saigne d'avoir été frottée contre l'asphalte. Il le remarque à peine aussi.

Il ne peut pas respirer. La pression sur sa poitrine s'accroît toujours plus, comme si ses côtes étaient dans un étau, serrant ses poumons à plat. Sa vision devient déjà grise sur les bords.

Pourquoi a-t-elle... ?

Pourquoi a-t-elle juste tiré sur le chien comme ça ?

Stiles ne peut pas voir à travers ses larmes.

« Fiston ? » demande Parrish. « Fiston, tu es avec moi ? »

Stiles ne peut pas respirer. Il essaie d'aspirer une simple bouffée d'air dans ses poumons inutiles, et il s'étouffe à la place. La panique lui serre la gorge, et il essaie de s'éloigner de l'Adjoint.

Rien n'a de sens.

Qu'est-ce qui vient juste de se passer ?

Il ne peut pas respirer.

« Fiston ? » Parrish à nouveau. « Hé, fiston ? »

Stiles avance et atterrit sur ses genoux. Ça secoue tous les os de son corps. L'éclair de douleur est blanc.

« Il hyperventile. » dit Parrish, mais ça ne peut pas être uniquement parce que Stiles ne respire pas assez. « Ralentis, fiston. Ralentis. »

Stiles sanglote et essaie de s'arracher à sa poigne, mais avec ses mains menottées derrière son dos, il ne peut aller nulle part. Il avance sur ses genoux cuisants, en essayant d'atteindre le chien, mais Parrish l'arrête facilement.

Kate se tient au-dessus du chien, un étrange demi-sourire sur le visage.

Stiles est au milieu d'une crise de panique, privé d'oxygène et sur le point de s'évanouir, et dans cet espace étrange entre la conscience et l'inconscience, il a une pensée claire et surprenante : Kate Argent est un monstre.

Un démon.

Elle est chaque pensée cruelle que Stiles ait jamais eue, chaque mauvais choix qu'il ait jamais fait. Elle est chaque tache noire personnifiée qui ait jamais terni son âme, et elle veut détruire tout ce que Stiles a toujours aimé.

Elle l'écrase comme s'il était un insecte sous ses pieds.

Son père, sa maison, toute sa vie, et à présent le chien.

Et elle n'est même pas arrivée à comprendre son putain de nom.

Stiles s'étouffe dans ses sanglots.

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Le loup regarde à travers ses yeux mi-clos, alors que son garçon est traîné par l'Adjoint et placé à l'arrière du Cruiser. Un instant plus tard, le véhicule repart avec son garçon à l'intérieur.

Le loup regarde la Mort approcher. Au début elle une forme noire plus loin du coin de l'œil, mais elle serpente de plus en plus près. Sa bouche est ouverte.

La Mort a toujours faim.

Kate se tient au-dessus de lui. Elle presse le bout de sa botte dans son ventre, poussant fort contre l'une des blessures par balle. Le loup est trop faible pour même gémir.

La bouche de Kate s'incurve en un sourire. « C'est bien toi, n'est-ce pas, Derek ? Regarde-toi, sale putain de cabot. »

Le loup soupire, alors que la Mort s'agenouille à côté de lui.

Laura.

« Tu as essayé de m'attaquer, Derek. » dit Kate, les yeux brillants d'un rire à peine contenu. « Je serais bien dans les limites du code pour te remplir d'aconit et te regarder mourir. »
Elle penche la tête. « Je crois qu'une partie de toi aimerait ça, pas vrai ? »

Le loup essaie de grogner.

Non. Il a son garçon, désormais. Il doit vivre, protéger son garçon.

« Mais je pense que je peux faire mieux que ça, pas vrai, mon chéri ? » poursuit Kate. « Je pense que j'aimerais revoir ton joli visage avant que tu meures. »

La Mort se rapproche. Son souffle est froid.

Kate sort son téléphone de sa poche. Elle compose un numéro et, souriant au loup, elle attend une réponse.

« Papa ? Tu ne devineras jamais qui je viens de rencontrer après toutes ces années. »

Le loup ferme les yeux, tandis que la Mort tend la main et passe ses doigts fins dans sa fourrure. Son toucher est comme de la glace.

Au loin, il croit entendre quelqu'un hurler.

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