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ATTENTION !
VIOLENCE PSYCHOLOGIQUE !

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CHAPITRE 14

Quand Stiles est tiré du camion, personne ne prend la peine de le rattraper, et il trébuche à genoux dans une allée en gravier.

Il regarde autour de lui rapidement. Il fait sombre, mais il distingue les arbres. Ils sont peut-être de l'autre côté d'une clôture grillagée, mais Stiles n'en est pas sûr. Il n'y a pas de lampadaires, ici. Les phares du camion éclairent un bâtiment trapu et laid.

L'un des hommes remet Stiles sur ses pieds, et le tire vers le bâtiment. Stiles a du mal à suivre le rythme de l'homme.

Qu'est-ce que son père disait toujours ? Tu coopères pour te faciliter la tâche, pas pour eux. Ne sois jamais complice de ton propre meurtre.

Stiles est un enfant de flic. Les conversations du dîner entre son père et lui auraient soulevé beaucoup de questions, dans n'importe quel autre foyer...

Mais la plupart du temps, son père essayait juste de remettre la conversation sur ses rails après que Stiles ait regardé trop de films d'action du genre "Shoot'em-up"(*), et se mettait à penser que tout ce qu'il fallait pour échapper à toute la cabale de terroristes armés, c'était juste une arme de poing et quelques blagues.

[(*) NDT :Un shoot'em up est un genre de jeu vidéo dérivé du jeu d'action, dans lequel le joueur dirige un véhicule ou un personnage devant détruire un grand nombre d'ennemis à l'aide de projectiles, au fur et à mesure des niveaux, tout en esquivant les projectiles adverses pour rester en vie. (Wikipedia)]

Ce qui n'était pas du tout, selon son père, le moyen de survivre à une prise d'otages !

Stiles ne pense pas qu'aucun d'eux aurait jamais pensé qu'il aurait besoin de savoir ce genre de choses...

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La première étape consiste à ouvrir un dialogue, pas vrai ? Pour leur montrer qu'il est aussi une personne, avec des pensées et des sentiments, et une vie aussi précieuse qu'une autre...

« C'est quoi, cet endroit ? » demande Stiles, forçant les mots malgré sa panique.

« Ferme ta gueule. » répond le gars.

Autant pour l'établissement d'un rapport. Stiles hoche la tête immédiatement pour montrer qu'il comprend, et se concentre pour ne plus trébucher.

Le gars déverrouille le cadenas sur la porte, et pousse la porte ouverte.

C'est une porte en métal, et elle s'ouvre vers l'intérieur sur une pièce propre mais délabrée. Les murs semblent être en béton. Il n'y a pas de fenêtres apparentes, juste une série de conduits de ventilation traversant le plafond, avec des grilles, pour permettre à l'air de circuler. Les sols sont carrelés. Il y a une table, un vieux frigo, des étagères. Sur le mur opposé, il y a une autre porte métallique. Elle est peinte en rouge.

L'endroit a l'air vieux, comme la Guerre Froide. Stiles se demande si c'est une sorte d'abri antiaérien, ou de bunker désaffecté.

« Assis. » dit le gars, et il pousse Stiles vers une chaise en métal.

Stiles s'assoit. Il se penche un peu en avant pour essayer de soulager ses épaules. Les menottes commencent à devenir inconfortables. Stiles décide de se concentrer là-dessus, au lieu de penser que l'homme qui les lui a mis vient juste d'être incinéré, par une collègue en qui il croyait pouvoir faire confiance...

Il regarde fixement ses chaussures, qui sortent des extrémités de son jean emprunté trop court. Il ne lève pas les yeux pendant que Kate et les hommes se déplacent dans la pièce. Il garde son regard fixe. Il garde la bouche fermée, comme l'a ordonné le gars.

« Tu as besoin de nous pour autre chose ce soir, Kate ? » questionne l'un des hommes avec un ton bourru.

Et Stiles se demande, d'une manière extravagante, qui diable sont ces gens...

J'ai juste mis le feu à un flic et enlevé un gosse, mais tout ça c'est une journée de travail ordinaire, pas vrai ?

Quel genre de personnes sont-ils, si l'idée de ce qu'ils viennent de faire ne les fait pas flipper ?

« Vous partez maintenant. » leur répond Kate. « Allez voir ailleurs si j'y suis. »

Les deux hommes marmonnent leurs bonsoirs.

La porte métallique claque derrière eux, laissant Stiles seul avec Kate Argent...

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L'air siffle dans les bouches d'aération.

Les talons des bottes de Kate claquent sur le sol.

Elle s'adosse à la table, et croise les bras sur sa poitrine. « Je dois dire, Grande Asperge, que tu n'as pas l'air de grand-chose. »

Stiles croise son regard avec méfiance, et souhaite pouvoir dire la même chose. Malheureusement, Kate Argent a l'air capable de manger des bébés au petit-déjeuner...

Elle penche la tête pour le regarder. Un sourire narquois tire les coins de sa bouche. « Je vais être gentille avec toi, et enlever ces menottes. Tu seras gentil avec moi, en retour ? »

Sa peau se hérisse, mais il hoche la tête. « Oui. »

Kate se redresse. Elle se déplace derrière lui. Elle bouscule un instant les menottes, puis elles s'ouvrent.

Stiles déplace soigneusement ses mains sur ses genoux, et s'assoit plus profondément. Il sait qu'il vaut mieux ne pas faire de mouvements brusques, lorsque Kate porte suffisamment d'armes pour créer sa propre milice...

Kate retourne à la table, et s'y appuie à nouveau. « Enlève tes chaussures et tes chaussettes. »

Stiles cligne des yeux vers elle.

« Tes chaussures et tes chaussettes. » répète Kate.

Stiles enlève ses chaussures, puis se penche pour retirer ses chaussettes. Les carreaux poussiéreux sont froids contre ses pieds nus.

« Je ne suis pas un "risque de suicide". » déclare-t-il.

« Ce n'est pas du tout le but de cet exercice. » répond Kate.

Son sourire narquois s'agrandit. « Lève-toi. »

Stiles se lève.

« Enlève tes vêtements. » demande Kate.

« Pou-pourquoi ? » demande Stiles, son cœur se glaçant.

« Enlève-les. » Toujours souriante, elle laisse tomber sa main sur le côté, et déclipse l'étui sur sa ceinture.

Stiles a le sentiment qu'il n'y a rien de gratuit dans les menaces de Kate Argent...

Il retire son sweat à capuche. Le T-shirt qu'il porte est aussi à Scott. C'est la publicité d'un duo d'une radio du matin, dont Stiles n'a jamais entendu parler. Il tire le T-shirt par-dessus sa tête, et le laisse tomber sur le sol avec son sweat à capuche.

Ses mains tremblantes s'arrêtent sur le bouton de la braguette de son jean.

Kate hausse les sourcils.

Stiles essaie de ne pas frissonner pendant qu'il baisse son jean et ses sous-vêtements, puis qu'il en sort...

Le regard de la femme le scrute, et Stiles a soudain une peur mortelle !

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Étrange, comment cette peur le frappe différemment de la peur qu'elle le tue...

Pourquoi cela importerait-il à Stiles, le pourquoi diable elle le veut nu ?

À ce stade, quand Stiles regarde fixement sa mort imminente en face... Puisqu'il a vu Kate tuer son partenaire, il sait qu'il ne s'en sortira pas... Alors pourquoi diable cela importerait-il à Stiles... ?

Sauf qu'ensuite il pense à ce que dira le rapport d'autopsie, et comment son père le lira un jour, et que cela lui brisera le cœur... Et il veut que quelqu'un puisse lui dire : « C'est arrivé vite. Stiles n'aurait rien ressenti. »

C'est ce qu'il veut. Il veut que son père puisse s'y accrocher...

Il ne veut pas qu'il sache qu'il a d'abord été blessé. Qu'il a été humilié...

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« Les bras en l'air. » reprend Kate. « Fais demi-tour pour moi. Lentement. »

Stiles combat l'envie de fermer les yeux, comme si cela le protégerait de son examen minutieux. Le protégerait de tout ce qu'elle a prévu pour lui en ce moment même...

« Mouais. » soupire-t-elle lorsque Stiles a bouclé la boucle. Elle hoche la tête vers ses vêtements. « Remets-les. »

Stiles est trop choqué pour bouger.

« Tu peux te rhabiller. » lui dit Kate lentement, en haussant les sourcils. « À moins que tu aimerais faire un spectacle ? »

Stiles cherche ses vêtements et s'autorise à respirer à nouveau, juste pour le moment. Elle le vérifiait pour les armes...

« Sans offense, Grande Asperge, » reprend Kate, « mais je préfère mes garçons avec un peu plus de muscle. Un peu plus de viande sur leurs os. Et dans d'autres endroits aussi. »

Stiles ne mord pas à l'hameçon. Il enfonce ses mains dans les poches de son sweat à capuche, et baisse la tête.

« Jésus. » relance Kate après un certain temps. « Tu sais, Jamie, je n'arrive tout simplement pas à comprendre. Pourquoi toi, hein ? Qu'est-ce que tu as de si spécial ? »

« Rien. » répond Stiles d'une voix rauque. « Rien de spécial. »

« Oh, mon mignon, » rétorque Kate, « j'espère vraiment, vraiment, que c'est un mensonge. J'espère vraiment que tu es quelqu'un, Jamie. » Elle soupire. « Je veux dire, j'aimais bien Parrish, bon sang. »

« Bien. » dit Stiles, parce que parfois il ne peut tout simplement pas s'en empêcher. « Désolé pour ta perte. »

Le rire de Kate est terrifiant dans son éclat pur.

« Je t'aime bien, Jamie. » déclare-t-elle en inclinant la tête pour le regarder. « Tu vas rendre ça intéressant, pas vrai ? »

Et juste comme ça, son sang se glace !

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« Assieds-toi. » lance Kate.

Il s'assoit.

Il tord ses doigts sur ses genoux. Les compte. Les tord à nouveau.

Il se force à ne pas penser aux choses qui comptent.

Ne pas penser à Parrish. Ne pas penser aux McCall.

Ne pas penser à son père.

Cela pourrait être des minutes, cela pourrait être des heures. Des tremblements le traversent. Sa peur et son agitation travaillent sous sa peau, même s'il essaie très fort de rester immobile.

Un peu d'Adderall serait vraiment bien en ce moment. Il fait plus froid aussi, tant il est resté assis longtemps. Et même si Stiles déteste la tension croissante, il n'est pas assez stupide pour la briser intentionnellement et lancer la prochaine phase de son enlèvement, quelle qu'elle soit...

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Il lève les yeux une fois, pour trouver Kate qui le regarde attentivement.

« Quel est ton nom ? » lui demande-t-elle. « Ce n'est pas Jamie Williams, n'est-ce pas ? Tu ne corresponds à aucun rapport de personne disparue. »

« Peut-être qu'ils ne m'ont pas dénoncé. » suggère Stiles.

Kate rit. « Oh, mon mignon ! Pense-tu vraiment que Parrish n'a pas essayé de retrouver tous les foutus Jamie Williams entre 14 et 18 ans sur la Côte Ouest ? Quelle que soit l'histoire pathétique que tu lui as racontée, elle l'a amené ici. » Elle lève la main sur son propre cœur. « Alors que je sais que tu es un menteur. Donc, pourquoi ne pas t'épargner de la douleur, et me dire la vérité ? »

Comment... ?

Comment peut-elle ne pas savoir qui il est ? Comment cette femme, qui a ruiné toute sa vie, peut-elle ne même pas savoir qui il est ?

« Mon nom est Mieczysław. » lui confie Stiles, parce qu'il veut voir l'expression sur son visage. « Mieczysław Stilinski. »

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Le moment ne semble pas aussi important qu'il le devrait...

Stiles regarde le visage de Kate. Il voit le moment où la réalisation se fait. Le moment où elle place le nom "Stilinski". Le moment où son franc tombe. Et puis le moment où elle s'en débarrasse...

« Le gosse du Shérif. » dit-elle comme si ce n'était pas la révélation à laquelle elle s'attendait. Elle le regarde avec curiosité. « Mouais. »

« Vous avez piégé mon père. »

« C'était un effort d'équipe, Grande Asperge. » répond Kate.

Elle hausse les épaules. « Ton père aurait dû faire ce qu'on lui disait. »

Il y a une douleur dans la poitrine de Stiles. Il ne sait pas à quoi il s'attendait de ce moment, mais ce n'était pas ça...

Il s'attendait à ce que cela signifie quelque chose. Il s'attendait à ce que ce moment soit grave...

« C'est tout ce que tu as ? » demande Kate, et elle lit son expression avec un rire triste. « Holy shit. Je ne le crois pas. Tu n'es rien du tout. »

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Kate le tire sur ses pieds, et garde une main sur son épaule pendant qu'elle le dirige vers la porte de l'autre côté de la pièce. « Maintenant, je vais être honnête avec toi mon mignon : je ne sais pas ce qu'il y a de l'autre côté de cette porte en ce moment, mais je parie qu'il sera content de te voir. »

« Qu-Quoi ? »

Kate ouvre la porte, et pousse Stiles à l'intérieur.

La porte claque derrière lui.

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La seule lumière ici provient d'une ampoule vacillante, placée haut dans le coin du plafond. Le sol est carrelé, comme dans l'autre pièce. Les murs de béton sont peints d'une sorte de vert pâle. Il y a des chaînes boulonnées dans les murs.

Il y a...

L'estomac de Stiles se noue.

Il y a un homme nu recroquevillé sur le sol, avec une chaîne autour de la gorge. Ses yeux sont à moitié ouverts, mais Stiles ne peut même pas dire s'il est réveillé ou non. Il n'est peut-être même pas vivant...

Stiles s'avance vers lui. Il respire fort. Son cœur bat fort.

L'homme a l'air... Familier ?

Stiles s'agenouille sur le sol, à moitié effrayé de tendre la main et de toucher l'homme, et à moitié effrayé de ne pas le faire...

Ce n'est pas parce que Kate est un monstre que ce type n'est pas fou ou quelque chose comme ça, n'est-ce pas ?

Ce n'est pas parce qu'il est clairement détenu contre son gré qu'il n'est pas dangereux, n'est-ce pas ?

Et si Kate avait jeté Stiles ici juste pour voir ce que le gars lui ferait... ?

Mais aussi : et s'il n'était pas un psychopathe ?!

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Stiles tend la main, ses doigts planant sur la gorge du gars.

Le gars est pâle. Mince. Stiles peut compter ses côtes...

Il peut compter ses muscles aussi, donc il est en meilleure forme que Stiles. Ce qui ne veut pas dire grand-chose, probablement.

Il ressemble...

Stiles se rapproche.

Holy shit.

Il ressemble au garçon que Stiles a vu sur la photo du Beacon Herald. Le garçon avec un uniforme de basket-ball et un beau sourire. Ajoutez six années et un enfer à vivre à ce garçon, et...

« Derek ? » chuchote Stiles, ses doigts froids trouvant un pouls faible dans la gorge de l'homme.

Les yeux de l'homme s'ouvrent complètement.

Ses sourcils se froncent, pendant qu'il tourne la tête pour regarder Stiles.

Ses yeux s'écarquillent dans quelque chose comme de l'horreur, et sa bouche s'ouvre et se ferme plusieurs fois, mais il ne semble pas être capable de prononcer un mot...

« Derek Hale ? »

La bouche de l'homme bouge à nouveau.

« St... Stiles. »

Stiles recule, le cœur battant. Il atterrit sur le cul sur les dalles crasseuses.

« Comment tu peux connaître mon nom ? »

Derek Hale le regarde. Il cligne des yeux, et des larmes coulent.

« Mon Stiles. »

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