Note : Hello !
Petit OS un peu comme "What a Bug", sauf que cette fois, le Yullen est nettement envisageable.
J'ai pas mis l'histoire en M parce qu'il n'y a rien de sexuel qui le justifie à mes yeux, mais j'avoue que je suis un peu hésitante, vu qu'il y a quand même des blagues sur une érection (toujours pas avec un contexte sexuel), ça reste très "Teen & up audiences" pour moi et pas r18, après, je peux me gourer. Sait-on jamais, dites-moi à la lecture du texte si ça le justifie pour vous, auquel cas, je m'y plierai.
C'est surtout une histoire rigolote avec un Allen qui découvre sans le savoir ses premiers émois amoureux et un Kanda totalement dans son monde qui pige rien à ce qui se passe. En conséquence, pas mal de déni autour de l'homosexualité.
Petit TW quand même, parce que je pense que c'est important, rien n'est drama dans cette fic, mais il y a tout de même des références à des problèmes de prise de poids/de la taquinerie entre les personnages à ce sujet sans que ça soit foncièrement méchant. C'est logique avec le fandom, mais si ça vous dérange, vous connaissez le chemin !
Bonne lecture :D
Ça lui était encore arrivé.
Allen Walker avait coutume de s'endormir aux bains. Aujourd'hui, ça n'avait pas coupé.
Ce n'était pas un problème. L'eau était chaude, il y était bien, Timcanpy, qu'il polissait gentiment, était contre lui. Allen était vraiment détendu. Ça le relaxait. Jamais quelque chose ne lui avait autant fait du bien. Il était à l'aise. Il oubliait tout, même le fait qu'il n'était quand même pas seul et qu'il monopolisait peut-être un peu l'espace — il prenait la meilleure place, juste là où l'eau chauffait, ça lui brûlait les fesses mais c'était extra —, qu'il aurait tout à fait pu glisser et se noyer dans la flotte. Le bain commun était assez grand pour 6 ou 8 personnes, mais, hé, il n'avait jamais eu de souci et au moins, quand il sortait de là, Allen se sentait propre, frais, heureux.
Alors bien sûr, bercé par la chaleur intense qui l'entourait, Allen avait fini par fermer les yeux, serrant Timcanpy contre lui, tous deux immergés dans l'eau.
Il avait fini par battre des paupières en entendant que quelqu'un se glissait dans le bassin avec lui, un bruit de barbotage le réveillant. Le temps que le jeune homme émerge — il manquait de sommeil, après tout, il réfléchit.
Il ne sut qui il allait trouver. Lavi, peut-être, ils auraient pu discuter, ça aurait été sympa. Marie, Krory, ou Link, avec qui il aurait pu faire la conversation. Un traqueur, qui que ce soit d'un petit peu agréable qui décidait de prendre son bain aux alentours de 16h30.
Allen sourit, ouvrant les yeux, pour tomber sur nul autre que Kanda Yû.
Merde.
Ce n'était pas à lui qu'il pensait quand il s'imaginait quelqu'un de sympa.
Il se renfrogna, hésitant entre se rendormir — mais avec le Bakanda à côté, vraiment ? À tout moment, ce dernier voudrait se venger des blagues que Lavi et lui faisaient régulièrement et il en profiterait pour lui faire un sale coup, tel que lui piquer sa serviette, ou quelque chose de stupide du genre — ou, alors, rester éveillé, à faire une moue agacée.
Il opta pour la moue agacée. Bon, c'était peut-être un peu exagéré et pas très gentil, Kanda n'avait encore rien dit. Il ne le cherchait pas, Allen non plus n'avait pas de raison de l'embêter. Ils pouvaient s'ignorer, ils étaient deux grands garçons, après tout — bien qu'Allen ait toujours du mal à croire que Kanda soit plus vieux, il était largement aussi gamin que lui !
Toujours est-il que le silence serait agréable.
Allen soupira, se remettant à frotter Timcanpy avec une petite serviette qu'il prenait exprès.
Kanda choisit ce moment pour parler.
—Si tu te rendors, Moyashi, tu me feras le plaisir de pas ronfler. On aurait dit un ours.
Allen avait voulu être sympa avec Kanda.
L'ignorer. Ne rien dire.
Mais Kanda venait de le chercher, alors il ne se retint pas. Grimaçant, clairement agacé, il darda un oeil furieux sur son camarade :
—Je m'appelle Allen et je n'ai rien d'un ours ! Je me reposais, Bakanda !
Kanda étouffa un ricanement cynique.
—Ouais, en faisant l'ours.
—Laisse ton ours tranquille ! Entre Lavi que t'appelles le lapin, et moi maintenant, tu veux ouvrir une ferme ? Vas-y, on ne te retient pas ! Tu nous feras des vacances !
Fier de sa petite répartie, Allen croisa les bras sur sa poitrine. Il était vraiment agacé.
Kanda rit, et ça choqua presque Allen, avant qu'il ne réponde, goguenard :
—T'as déjà vu une ferme avec des ours ? Je vois que monsieur est un connaisseur de la campagne.
—Kanda, je te déteste !
S'étirant dans l'eau, le torse de Kanda se bomba en avant, et Allen ne put s'empêcher de détailler ses muscles avec une certaine... jalousie. Kanda était bâti comme un dieu grec, c'était juste rageant qu'un gars avec une personnalité aussi merdique soit si bien foutu et si beau ! Il avait un visage plus joli que celui d'une fille, Allen n'avait jamais vu ça chez quelqu'un. Ce tatouage sur son torse, aussi. Allen avala sa salive, et il ne put s'empêcher de penser que le Bakanda l'avait peut-être fait un peu exprès pour qu'il regarde.
La pensée lui sembla tordue et bizarre car il n'y aurait pas de raison, à part celle de faire son prétentieux qui était tout à fait plausible.
Par contre, il se rendit compte que oui, il fixait Kanda.
Il le fixait drôlement bien.
Et ce dernier s'en était aperçu, vu comme il lui lançait un oeil irrité.
Cette fois, Allen sentit qu'il rougissait.
Il détourna le regard, entendant Kanda soupirer.
—Pleurniche autant que tu veux, j'ai raison.
Allen grinça des dents, prêt à rétorquer, lorsque Kanda le fit à sa place :
—Ton idée de ferme, c'est pas une mauvaise idée. Tu ferais un merveilleux cochon. J'ai déjà mon premier animal.
—Je te demande pardon ?
Allen avait littéralement bondi, oubliant sa nudité, se mettant debout, menaçant Kanda de lui en coller une en le surplombant.
Il n'avait pas du tout pensé au fait que son corps avait tendance à avoir certaines réactions gênantes dans l'eau. En plus du fait que là, il avait l'impression que sa gêne d'avoir été pris sur le fait en train de détailler son rival n'était pas en reste dans ce qui lui arrivait.
Kanda écarquilla les yeux en le regardant, Allen suivant son regard et retournant dans l'eau plus vite qu'il n'y était jamais entré en devenant cramoisi.
Le kendoka éclata de rire, moqueur, tandis qu'Allen était pétrifié, espérant vraiment qu'il ne se ferait pas de fausses idées.
—Putain, mais tu bandes !
—L'eau est chaude, Bakanda ! Je... Ça m'arrive, parfois, va pas me dire que toi non, t'es aussi un garçon !
À ce qu'il paraît, avec tes cheveux longs et ta jolie gueule, pensa-t-il. Mais ça, il ne le dit pas. Ça aurait été un peu bas. Allen évitait d'être trop bas. Il ne voulait pas être méchant. Puis, quant à vérifier, il refusait de poser son regard entre les jambes de son camarade, bien que ce dernier ne fasse absolument rien pour cacher ce qui était là.
Normal, ils étaient entre mecs.
Allen plaqua Timcanpy contre son ventre, espérant que ça cache ce qui... devait l'être. Il était vraiment rouge et il savait que Kanda le voyait. Il était humilié. Là, il avait du mal à voir comment il allait rebondir. Ça lui fit se sentir honteux, vraiment très honteux. Kanda l'avait pris au piège.
Le plus vieux soupira.
—Ça m'arrive, ouais.
En d'autres circonstances, Allen lui aurait lâché un « ravi de le savoir » sarcastique entre dégoût et choc, parce que ça ne le regardait pas du tout, mais là, étant donné leur échange, il se sentit étrangement réconforté dans son sentiment d'humiliation.
Il leva les yeux vers Kanda, toujours aussi gêné.
Au moins, ce dernier n'avait pas mal interprété sa réaction corporelle. Ça le soulageait. Sans savoir pourquoi, parce qu'il n'y avait pas de réelle raison que ça soit mal compris, n'est-ce pas. Allen n'était même pas sûr que regarder Kanda en soit la cause, ça avait été une coïncidence, c'était tout.
—Détends-toi, gamin. C'est pas dramatique.
Allen hoqueta.
—Je suis pas un gamin ! Et c'est ce que je disais, c'est pas dramatique ! Tu t'es quand même moqué de moi en regardant, c'est gênant !
Kanda grogna entre ses dents qu'il était un foutu « bébé pleurnichard », ce à quoi Allen répondit en tempêtant qu'il était, quant à lui, un rustre mal élevé. Ça ne toucha pas Kanda, bien sûr.
Les deux garçons avaient encore raté une occasion de tranquillement s'ignorer. Kanda avait cherché. Allen savait que parfois, il n'était pas en reste, mais là, il n'y pouvait rien, il l'avait traité d'ours, quand même ! C'était vraiment exagéré. Il ne ronflait pas, en plus. Link ne s'en était jamais plain. Il avait peut-être quelques fois des poches sous les yeux au réveil, mais, ça, ça ne voulait pas dire qu'Allen était responsable.
Il avait simplement trop de travail.
Ils arrêtèrent de se chamailler. Allen en fut, quelque part, satisfait. Kanda ferma les yeux, s'étirant de nouveau en arrière et étendant ses jambes. Allen, quant à lui, fit un effort pour détourner le regard — pas de sa faute, le mouvement avait retenu son attention malgré lui, ce n'était pas sa faute du tout !
Allen se remit à frotter Timcanpy, faisant de même.
C'était un peu gênant d'être tout seul avec le Bakanda aux bains, en vérité. Allen n'aimait pas trop le fait de ne pas discuter quand il y avait quelqu'un d'autre, mais avec Kanda, les discussions, comme celles qu'ils venaient d'avoir, ne finissaient pas bien. Fait chier.
D'un autre côté, qu'aurait-il pu dire à Kanda ? Rien.
Ils n'étaient pas amis, Kanda l'avait méchamment rabroué les rares fois où Allen avait voulu se montrer amical. Pour Allen, l'accord était signé, Kanda serait son éternel ennemi — pas au point de lui vouloir du mal ou rien de ce genre, Kanda ne lui avait rien fait d'horrible, mais ils ne s'apprécieraient jamais. C'était tout.
Il fut quand même un peu morose, et le sentiment de gêne gonfla.
Est-ce qu'un jour, Kanda et lui arriveraient à avoir une conversation sympa ? Au moins un peu ?
Il regarda ailleurs, en poussant un soupir.
Kanda rouvrit ses yeux à ce moment-là, Allen réagissant encore au mouvement, et ils eurent un contact visuel duquel le maudit se déroba très vite, affectant un visage contrarié.
Agacé lui aussi, Kanda lâcha un 'tch'.
Allen boudait toujours, pour sa part, son malaise grossissant davantage. Il se pinça la lèvre entre ses doigts, et se la gratta nerveusement, tournant son visage du côté opposé à celui de Kanda. Il n'arrivait pas à dépasser ce sentiment.
C'était chiant.
Peut-être qu'il avait passé assez de temps dans le bain ?
Il n'avait pas envie que le Bakanda lui gâche son moment préféré de la journée, de partir plus tôt par sa faute, mais...
Kanda choisit ce moment pour soupirer de nouveau.
—T'as un problème, Moyashi ?
Allen beugla sans attendre :
—Je suis Allen, et non, pas du tout, je vois pas de quoi tu veux parler !
Kanda eut un reniflement moqueur.
—À d'autres, je vois bien que tu t'en remets pas.
—Je m'en suis remis, c'était juste... Aaah, tu m'énerves ! Insiste pas !
Kanda ricana face à son visage déconfit.
—Sois tranquille, j'ai vu suffisamment d'horreur pendant la guerre. J'oublierai celle-là sans problème.
Comment ça, « celle-là » ?! Il n'y avait rien d'horrible dans son... enfin, Allen le présumait. Il réfréna son envie de renâcler, n'ayant pas envie d'avoir une conversation comme ça avec Kanda.
Allen aurait bien aimé oublier aussi. Il ne put s'empêcher de rebondir en haussant un sourcil, légèrement vexé :
—T'as une façon de dire les choses, Kanda, je te jure...
Mais s'ils pouvaient oublier tous les deux, et peut-être aussi discuter un peu plus calmement, ça lui allait de faire l'effort de passer outre en changeant subtilement de sujet.
Allen Walker était disposé à faire une tentative d'apaisement. Kanda semblait aussi sur la même longueur d'ondes que lui, puisqu'il avait engagé la conversation le premier. Étrange, mais notable.
Kanda haussa les épaules, comme pour dire que sa façon de parler était simplement la sienne. Il toisa cependant Allen, le détaillant avec un regard qui fit enflamma le concerné. Allen ne comprit pas pourquoi Kanda le regardait comme ça. C'était étrangement intense. Il eut comme qui dirait l'envie de s'enterrer.
—T'as... un problème, toi, Bakanda ?! Me mate pas comme ça !
Comme dépité, Kanda grogna.
—J'te mate pas. Je remarquais que t'étais juste devenu une crevette. T'as perdu du poids. Je vois tes côtes.
—Qu-quoi ? Allen rougit — encore, plaquant les deux bras autour de son corps, gêné au possible. Mais attends, pourquoi tu r-regardes ça ?!
Il y avait trop de choses qui le rendaient fou. Kanda avait décidé de le taquiner, mais ce n'était pas juste de la taquinerie ! Il le brimait et il allait trop loin ! Alors certes, Allen lui aussi avait regardé, c'était quand même plus gênant quand Kanda le faisait, surtout pour lui dire ça.
Il fallait dire que si Allen avait partagé ses propres pensées avec Kanda, à part gonfler son égo, ça n'aurait rien fait. Ça le rendit furieux.
—Je suis pas une crevette ! Arrête de me chercher ! Entre ça et tes yeux qui trainent entre mes jambes, je vais me poser des questions !
Kanda lui offrit un haussement de sourcil insolent.
—Même pas en rêve, Moyashi.
—Parce que tu crois que j'en rêve ? Tu veux qu'on se batte ?
Un sourire vicieux se peignit sur les lèvres de son camarade.
—Ça dépend. Je me battrais pas avec toi tant que tu seras encore dur.
Allen baissa les yeux sur son entrejambe, la honte reprenant possession de lui.
—K-Kanda, arrête ! C'est faux ! T'as dit qu'on oubliait, en plus !
Et pourtant, si. Il bandait encore. L'eau était chaude, ça ne dégonflerait pas tant que l'eau serait chaude comme ça. C'était trop agréable. Allen ne pouvait pas s'en empêcher.
—C'est toi qui veux te battre. Je te dis juste que je le ferai pas dans ces conditions.
—J'y peux rien, je te jure, l'eau me fait ça... à chaque fois.
C'était gênant de discuter de ça avec Kanda. Mais ce dernier, à sa grande surprise, se contenta de ricaner à moitié gentiment.
—Que ça m'manque pas, d'avoir un corps de 16 ans.
—Tu dis ça comme si t'en avais 40 ! T'as quel âge, exactement ?
Il semblait à Allen que Lavi lui avait déjà donné l'âge précis de Kanda. Sauf qu'il l'avait oublié. Il savait juste que Kanda était plus vieux. Mais qu'il avait trois ans d'âge mental.
—19 ans.
—Oh, ça va ! T'es pas si vieux !
Kanda secoua la tête.
—C'est pas ça. C'est qu'à ton âge, les hormones, c'est super chiant.
—Sauf que c'est pas les hormones, c'est la flotte, papy ! Puis, tu dois en avoir aussi, Lavi a un an de moins que toi, il arrête pas de reluquer les filles ! Ça passe pas comme ça !
Bon, Lavi semblait être un cas très particulier. Ni Allen ni Kanda n'auraient pu être à son niveau. Non, Allen avait même l'impression que là-dessus, ils étaient pareils. Assez sobres, quant à leurs attirances. Allen par pudeur, de plus qu'il n'en ressentait pas tant que ça. Quant à Kanda, Allen aurait été surpris que qui ce soit lui ait procuré de tels sentiments... À part peut-être son épée, Lavi avait déjà blagué là-dessus. Ce n'était pas très sympa, en y repensant.
Allen était toutefois énervé.
Pour sa part, Kanda haussa les épaules, ne rebondissant plus là-dessus.
Le maudit était tout de même intrigué, quant à savoir pourquoi Kanda lui faisait cette réflexion sur ses côtes.
—Sinon, je peux savoir pourquoi tu me traites de crevette ? À part pour m'insulter ?
Le kendoka lui coula un regard de biais.
—Pour que tu fasses gaffe à toi. T'as grandi, récemment, mais ton poids suit pas du tout. C'est pas bon.
Allen se sentit rosir, mais pour une autre raison. Kanda... s'inquiétait pour lui ?
Non, pas possible. Il était dans une autre dimension. Ce Kanda n'était pas Kanda mais un extraterrestre qui était devenu Kanda et avait tué l'ancien Kanda. Ou alors, son oeil gauche ne le voyait pas mais Kanda était un Akuma. Allen n'en savait rien, ce n'était juste pas possible.
—Qu'est-ce que t'en as à faire ? T'es pas ma mère ! Je te ferai dire que je mange beaucoup !
Il mangeait beaucoup, oui. Mais en ce moment, il stressait beaucoup, combattait beaucoup, donc... le ratio était difficile à maintenir.
—Tu seras plus capable de suivre les entraînements. Je veux pas me battre contre une brindille.
—Je suis pas une brindille ! De plus, si je grandis, faudra arrêter de m'appeler Moyashi !
Kanda rit.
Cette fois, cela sembla presque... agréable. Avant qu'il ne réponde.
—Même pas en rêve, pour ça aussi.
—Va te faire voir ! Tu verras, un jour, je serai plus grand ! Et là, tu seras humilié !
—On verra bien. J'y crois pas trop.
Cela acheva d'énerver Allen pour de bon.
Au diable les efforts, Kanda et lui se chamaillèrent un long moment, avant qu'Allen, énervé, ne prenne Timcanpy et ne parte du bain.
—Hé, Moyashi, lui lâcha Kanda alors qu'Allen attrapait sa serviette. Je suis sérieux.
—Par rapport à quoi ? s'agaça le blandin. Tu penses vraiment que je serai incapable de te dépasser en taille ?!
Kanda soupira entre ses dents.
—Non, idiot. Quand je te dis de faire gaffe à toi.
Oh, Kanda jouait vraiment à le tourmenter.
C'était vicieux. Très vicieux.
Allen ignora le sentiment étrange qui l'envahissait. Il attacha solidement sa serviette sur ses hanches.
Il mit Tim sous son bras, et coula un regard à Kanda. Entre ses dents, il marmonna qu'il n'y comprenait rien. Puis, forcé de reconnaître que c'était tout de même sincèrement gentil de la part de Kanda, il murmura doucement :
—Je te remercie, je suppose.
Et il partit.
Que Kanda s'inquiète pour lui, c'était définitivement bizarre. Il faudrait sérieusement qu'il parle avec les autres de ses hypothèses quant au fait qu'il soit un Akuma ou un extraterrestre déguisé...
Quelque jours plus tard, Allen était beaucoup plus content. Il avait demandé à Jerry un peu plus de nourriture que d'habitude lors de ses repas, se montrant tout de même soucieux de ne pas épuiser leurs réserves à lui seul, et ça avait fini par payer.
D'une certaine façon, il gardait une forme d'orgueil mal placé à se sentir agacé de suivre les conseils de Kanda. Malgré tout, ça avait marché et Allen se sentait effectivement un peu mieux. En sortant de la cafétéria, Allen aperçut Kanda qui passait dans le couloir, se rendant peut-être à la salle de méditation ou une des salles d'entraînements pour s'occuper comme il n'était pas en mission lui non plus.
Spontanément, Allen ne pensa même pas au fait que c'était le stupide Bakanda qui l'énervait et qui l'avait franchement fait passer par toutes les émotions lorsqu'ils avaient pris un bain ensemble. Non, il était tellement content que ça ait finalement marché, qu'il ne ressemble plus à une crevette — ça l'avait plus travaillé qu'il n'aurait aimé l'admettre, qu'il déboula devant lui, un grand sourire aux lèvres, teinté d'une fierté vengeresse.
—Hé, Kanda ! J'ai pris trois kilos. Je ne suis plus la brindille que tu ne voulais pas affronter !
On aurait dit un gamin qui annonçait qu'il savait faire ses lacets tout seul. En s'en rendant compte, Allen fut, bon sang, très gêné. Il se sentit idiot. Comme s'il avait besoin de l'approbation de l'autre garçon !
Surtout que Kanda cligna des yeux, les sourcils froncés, l'air de se demander sérieusement ce qu'il lui voulait.
Il avait dû oublier.
En venant de lui-même dire tout ça, Allen venait de montrer d'un que lui non, et de deux, que ça l'avait touché.
Il avait montré qu'il était un parfait crétin. Il s'était vendu tout seul. Et sa fierté en prenait un coup. Il n'y avait nul autre personne à blâmer que lui-même.
Allen souhaita encore une fois que le sol s'ouvre sous ses pieds pour l'avaler.
Pourquoi s'humiliait-il devant Kanda ?!
Ce dernier parla enfin :
—... C'est bien, Moyashi.
Sa voix monotone, son visage neutre, donnèrent à Allen l'impression qu'il était le dernier des abrutis. Kanda semblait se moquer, encore, et il y avait de quoi, franchement, comme si c'était normal entre eux, qu'Allen soit aussi... content de le voir, d'une part, et qu'il vienne lui parler de choses somme toutes personnelles !
Allen bégaya :
—Je, je... Laisse tomber, je sais pas pourquoi je te parle de ça, tu t'en fiches, je... vais te laisser...
Il fit demi-tour, définitivement honteux.
Kanda parla derrière lui.
—C'est pas du sarcasme. C'est bien que t'aies réussi.
—Oh...
Allen se retourna.
Il regarda Kanda dans le blanc des yeux un moment. Il ne savait plus quoi dire, il était rouge comme une tomate et ça l'énervait de se montrer comme ça devant Kanda. Pourquoi l'avait-il lui-même interpelé comme si c'était son pote ou... autre chose, car les amis ne se souciaient pas tant que ça des histoires qui concernaient son poids. C'était gênant.
Encore plus quand Allen comprit ce qu'il y avait réellement d'embarrassant.
Il avait l'impression de voir Cross avec ses maîtresses leur dire qu'elles devaient manger un peu plus, pour prendre soin d'elles, et qu'elles étaient victorieuses d'annoncer qu'au contraire elles avaient perdu un kilo ou qu'elles en avaient gagnées mais que ça partirait bien vite — là-dessus, Allen plaidait aussi coupable, pas de sa faute, mais avec le stress et son corps de symbiotique, son poids ne resterait pas le même longtemps. Les compagnes de son maître, elles, en tiraient une sacrée fierté dès que ça arrivait, alors qu'Allen se battait pour garder le moindre kilo qu'il prenait pour avoir assez de masse musculaire et être tout bonnement en bonne santé.
Les femmes étaient des créatures intéressantes mais étranges, parfois. En tant qu'homme, Allen peinait à comprendre. Il peinait aussi à comprendre que ce n'était pas vraiment leur faute, mais il entrevoyait bien une forme de pression quant à leur tenue physique. Plus grande que celle qu'il subissait lui-même au quotidien, qui lui était surtout imposée par lui-même.
Ce qu'il comprenait mieux, maintenant, c'était le mélange de gêne, d'agacement, et une certaine forme — bien qu'il détesta l'admettre — de contentement à ce que quelqu'un fasse attention à son physique, à son bien-être, car ça signifiait qu'on lui accordait de l'importance. Seulement, bon sang, entre tous, pourquoi c'était le Bakanda ?! Il n'était ni son ami, ni... il refusait de penser à ça, ça ne risquait pas et ça ne pouvait pas arriver. Ils étaient deux garçons, ça aurait été vraiment... invraisemblable. Bref, pourquoi Kanda lui faisait des coups pareil ? Pourquoi s'intéressait-il à lui comme ça ?
Allen voulait réellement s'enterrer, maintenant.
Kanda fit volte-face à son tour, s'arrachant à cette conversation absurde qu'ils partageaient, sans chercher à discourir.
Allen resta en arrière, avec sa timidité mal contrôlée, à se sentir plus que débile. Il ressassait les mêmes pensées en ne comprenant strictement rien à ses interactions avec Kanda.
—Moyashi.
—Euh... quoi ?
Kanda était revenu sur ses pas, finalement. Il s'était retourné, lui faisant cette fois un sourire en coin qui déstabilisa Allen. Au point qu'il ne râla même pas contre le surnom.
Le maudit le sentit arriver, gros comme une maison. Il allait dire quelque chose qui allait l'énerver, ou le mettre dans tout ses états.
Ça ne manqua pas.
—T'es mignon quand tu rougis.
Il était ironique, il se moquait de lui, mais avec la façon dont il le regardait... quelque chose dans ses yeux suggérait qu'il le pensait.
Allen sentit qu'il allait littéralement exploser lorsqu'il s'étouffa avec sa salive et qu'il ne put que bégayer quelque chose d'inintelligible, entre un « Bakanda, qu'est-ce que... ! » absolument outré, et qu'il resta quelques instants, même après que Kanda soit parti définitivement pour de bon en le laissant derrière, à revoir son visage, et ses paroles.
La question qui l'inquiéta le plus fut pourquoi, merde, merde, merde, pourquoi, son bas-ventre avait fait quelque chose de bizarre qu'il n'avait encore jamais ressenti en entendant ses mots.
Il comprit en revanche quelque chose.
Il détestait ce crétin de Kanda. Pour de vrai.
Note : Un avis sur le OS ?
Si vous faites partie des rares esprits errants sur ce fandom (XD), n'hésitez pas à laisser un petit commentaire, si ça vous a plu, si ça vous a pas plu, ou si vous voulez d'autres thèmes en particulier un peu dans cette vibe là. x3
Merci d'avoir lu !
