Cette fic est écrite dans le cadre de la 115ème nuit écriture du FoF (Forum Francophone) pour le thème "Cauchemar". Le FoF est un forum regroupant tous les francophones de ffnet où l'on peut discuter, demander de l'aide ou s'amuser entre nous. Le lien se trouve dans mes favoris. Rejoignez-nous !

Note de l'auteur : Je n'ai encore rien relu :D En vrai, je poste à l'arrache faute de temps et je passerai relire après, mais n'hésitez pas à crier si vous voyez une aberration. En espérant que ça vous plaise !


Les tables des Gryffondor et Serdaigle avaient rarement été aussi animées par les bruits de conversations, surtout pour le soir d'une journée dont l'emploi du temps était particulièrement chargé. Pourtant, le cours de Défense Contre les Forces du Mal que les troisième année de ces deux maisons avaient eu en commun alimentait tous les débats. Non pas pour la frayeur d'avoir affronté un épouvantard et donc leur pire cauchemar. Mais pour l'épouvantard des autres. De quatre autres élèves. James, Sirius, Remus et Peter étaient quatre icônes de leur année, quatre meneurs qui mettaient de l'ambiance à chaque seconde qui passait dans le château, pour la plus grande distraction des uns et le plus grand malheur des autres. Personne ne pouvait honnêtement dire qu'il n'avait pas attendu avec impatience de voir quelle était leur plus grande peur. Mais la réponse avait suscité beaucoup trop de questions. Plusieurs Serdaigle avaient commencé à établir une liste de leurs épouvantards et de toutes les significations possibles. D'une oreille, les maraudeurs avaient écouté leurs conversations et s'en étaient désintéressés en constatant à quel point ils étaient loin de la réalité.

Face à James, l'épouvantard avait pris la forme d'un ours en peluche. Même pas animé, même pas déformé ou éborgné. Juste un simple doudou comme n'importe qui en a un jour eu dans son lit. Les Serdaigle avaient conclu qu'il avait un jour dû avoir affaire à un doudou enchanté ou amplifié par magie qui l'aurait attaqué. Aucun d'eux n'avait soupçonné la véritable signification de ce doudou. Bien sûr qu'il l'adorait. Il avait été dans son lit, dans le manoir Potter, depuis aussi longtemps qu'il s'en souvenait. Dans son lit, dans ses bras, assis à côté de lui pour jouer, posé sur la table de la salle à manger pendant qu'il déjeunait. Pendant onze ans, ce doudou avait été son compagnon, son confident, le seul qui avait été présent à ses côtés quand ses parents étaient trop occupés par leur travail ou conviés dans des réceptions mondaines. Quand il avait fait sa rentrée à Poudlard, il n'avait pas résisté au besoin de glisser ce seul ami dans sa valise. Dans le train, il avait rencontré Sirius, puis Remus et Peter dans leur dortoir, et l'ours était finalement resté dans sa valise. Il l'avait laissé chez lui à son retour, et il affectionnait quand même de le retrouver sur son lit quand il rentrait en vacances chez lui. Pourtant, au fond de lui, il continuait à redouter un hypothétique jour où ce doudou redeviendrait son seul ami et la seule personne qu'il avait dans sa vie.

Face à Sirius, l'épouvantard lui avait montré Regulus. Un Regulus adulte, habillé avec les mêmes vêtements que leur père, la même canne portée par le patriarche de la famille Black. C'était ce que tout le monde avait cru. Ils se ressemblaient tellement… Sirius avait été le seul à comprendre que ce n'était pas Regulus que l'épouvantard lui montrait. C'était lui-même. Lui, Sirius, adulte, habillé comme son père, se tenant fier et droit comme son père, portant comme son père la canne significative de son rang et de son statut. Il savait qu'il le haïssait. Qu'il les haïssait tous, et qu'il passerait probablement la plus grande partie de son adolescence à lutter contre ces standards et ce rôle que ses parents voulaient lui imposer. Il savait qu'il ferait de son mieux pour rester celui qu'il était, avec ses propres valeurs et son propre sens de l'honneur. Pourtant, regarder en face un futur dans lequel il aurait échoué et où il se serait finalement plié aux exigences de la famille Black n'en restait pas moins terrifiant.

Face à Remus, l'épouvantard avait pris la forme de cadavres. Deux adolescents, étendus sur le sol, éventrés et baignant dans leur sang. Cet épouvantard avait probablement été celui qui avait le moins surpris l'assemblée. C'était une vision d'horreur, et Remus, si calme, si posé, si rationnel devait certainement être impressionné par cette scène de sang et d'enfants morts. Seuls James, Sirius et Peter avaient vu ce que lui-même voyait : son œuvre. Le résultat d'une nuit de pleine lune où la porte de la cabane hurlante aurait cédé, où il n'aurait pas eu le temps de s'enfermer solidement, où il aurait échappé à tout contrôle, se serait rué dans Poudlard et aurait massacré les élèves qui auraient croisé sa route.

Face à Peter, l'épouvantard avait représenté la Marque des Ténèbres. Seuls les élèves lisant régulièrement la Gazette du Sorcier l'avaient reconnue. Parfois, un meurtre avait lieu, revendiqué par un groupe qui se faisait appeler les mangemorts. Revendiqué par un homme qui se faisait appeler Voldemort. Ce nom revenait de plus en plus souvent au fil des agressions de moldus ou de sang-mêlés, et, si les sorciers avaient dans un premier temps cru à un illuminé avide des idées de pureté du sang, les aurors commençaient à prendre la question au sérieux. A se demander jusqu'où il irait, combien de cadavres il laisserait derrière lui et combien de sang-purs il rallierait progressivement à ses idées. Les interrogations des Serdaigle concernant cet épouvantard n'avaient pas duré longtemps : Ils avaient conclu que Peter était un sang-mêlé inquiet de l'action de Voldemort. Personne, pas même les autres maraudeurs, n'avait vu ce que Peter avait vu dans cette marque. Le futur. Un futur où Voldemort aurait pris la puissance à laquelle il aspirait, aurait répandu sa terreur aux quatre coins de la Grande-Bretagne, aurait condamné les sorciers à choisir entre le rallier ou mourir. Un futur où le courage de James, Sirius et Remus aurait cessé de l'inspirer et de lui donner envie de les imiter. Un futur où son envie de survivre et sa peur des représailles auraient eu raison des valeurs dont il essayait de s'inspirer sans pour autant réussir à les épouser complètement. Un futur où il aurait effectivement choisi entre sa vie et cette marque – et où il aurait choisi la marque.


En espérant que ça vous ait plu !

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