Cette fic est écrite dans le cadre de la 141ème nuit écriture du FoF (Forum Francophone) pour le thème "Douleur". Le FoF est un forum regroupant tous les francophones de ffnet où l'on peut discuter, demander de l'aide ou s'amuser entre nous. Le lien se trouve dans mes favoris. Rejoignez-nous !


Harry, Ron et Hermione lâchèrent le portoloin en s'effondrant sur le plancher du hall du 12 square Grimmaud.

- DE RETOUR LA BANDE D'IGNOBLES MORVEUX INSOL…

- LA FERME !

Pendant que Sirius s'échinait à refermer le portrait de sa mère, Harry se fit la réflexion que même ses hurlements lui avaient manqué, en un sens. Ils se relevèrent difficilement et, quand Sirius eut achevé de se battre avec le tableau, il revint vers eux.

- Vous allez bien ?

Son regard s'était arrêté une seconde de plus sur Harry. La dernière fois qu'ils s'étaient parlés, c'était au travers de la cheminée d'Ombrage, quand Rogue avait jeté Harry en dehors de son bureau après qu'il se soit infiltré dans sa pensine. Ses pensées étaient toujours confuses, son esprit plus assailli que jamais par les visions tirées de l'esprit de Voldemort, son quotidien rythmé par la pression qu'Ombrage exerçait sur eux. Mais il avait tout de même pu rentrer ici pour les vacances de Pâques et, pour la première fois depuis cinq ans, il était content d'avoir pu partir de Poudlard, d'avoir eu quelqu'un qui l'attendait dans un autre endroit pour lui permettre de récupérer de ses émotions. Il acquiesça d'un hochement de tête en même temps que Ron et Hermione et Sirius les entraîna vers la cuisine.

- Vous devez être affamés ? Venez, tout est prêt.

Le repas se déroula dans un silence modéré, parfois rompu par les récits de Ron sur l'ambiance à Poudlard depuis la fuite de Dumbledore et les commentaires de Sirius. Harry pouvait deviner à son regard qu'il était heureux de les retrouver, d'avoir quelqu'un pour rompre la monotonie du quotidien dans ce quartier général, et il écouta plus qu'il ne participa à la conversation. Quand ils eurent fini les assiettes et que Sirius eut envoyé la vaisselle se faire d'un coup de baguette, Ron et Hermione lui souhaitèrent bonne nuit et remontèrent dans leurs chambres. Harry s'apprêtait à les suivre mais Sirius le retint :

- Attends, Harry. Si tu as deux minutes… Tu es sûr d'aller bien ?

D'abord surpris, le regard vrillant d'inquiétude de Sirius acheva de convaincre Harry qu'il ne pourrait pas lui mentir – il avait deviné à son silence que quelque chose clochait, il ne parviendrait pas à le tromper en tentant de le rassurer. Il haussa légèrement les épaules.

- Je ne sais pas ? Je… Enfin, entre Ombrage, Dumbledore qui est parti, les cauchemars de Voldemort… Oui c'est difficile, avoua-t-il. Mais… Enfin, je ne sais pas trop ce qu'on peut y faire ?

- En parler est déjà un bon début, assura Sirius. Viens.

Sirius passa un bras autour de ses épaules et nota qu'Harry eut un minuscule tressaillement avant de se ressaisir. Il le conduisit jusqu'à un salon et, une fois confortablement assis dans un canapé, Sirius reprit :

- Alors ? Raconte-moi. Ça ressemble à quoi, ton quotidien à Poudlard ?

Surpris par sa formulation, Harry soupira doucement :

- A des cours et des devoirs à faire. Qui se répètent à l'infini. Plus de Quidditch depuis qu'Ombrage nous en a privés. Plus d'AD. Juste… Des cours et des repas et des nuits de cauchemars et ça recommence le lendemain ?

- Et tes cours ils se passent comment ?

- Ça dépend lesquels. Et des profs. Hagrid est sous la pression d'Ombrage donc c'est stressant. Ombrage est Ombrage… Les autres ça va à peu près.

Sirius avait noté qu'Harry avait laissé une minuscule hésitation avant de conclure et devina rapidement :

- Et Rogue ?

Harry resta silencieux. Il aurait pu se contenter de lui dire qu'il l'ignorait royalement en cours… S'il n'y avait pas tout le reste. Ses fioles de potions qu'il cassait pour lui octroyer un nouveau 0 pointé, ses commentaires lapidaires devant les Serpentards… Et son épaule.

- Harry, insista Sirius. Comment ça se passe avec Rogue ?

Harry haussa les épaules.

- Comment tu veux que ça se passe, Sirius ? finit-il par demander. Tu connais comme moi le souvenir que j'ai vu dans sa pensine. Comment veux-tu qu'il l'ait bien pris ?

- Ça ne lui donne pas le droit de t'en faire baver Harry, souffla Sirius d'un air fermé. Tu as dit qu'il était furieux quand il t'a retrouvé…

Les sourcils de Sirius se haussèrent légèrement et Harry devina qu'il avait en tête le moment où un tressaillement lui avait échappé quand il lui avait touché l'épaule. Son regard se ferma plus que jamais et, pendant une seconde, Harry crut revoir l'homme qu'il avait pris pour un meurtrier deux ans plus tôt dans la cabane interdite.

- Harry, souffla-t-il avec une étincelle de rage dans les yeux. Il t'a frappé ? Il continue encore ?

- Non… Enfin oui mais… Il était furieux et il m'a jeté contre une de ses étagères. Donc oui ça m'a fait mal mais… Il avait des raisons d'être dans cet état et non il n'a plus recommencé après et…

- Et rien ne justifiait qu'il te brutalise de cette façon, termina Sirius. Tu permets ?

Harry enleva son sweat, lui laissant un tee-shirt à manches courtes qui révélait un hématome noir sur le bas de son épaule et des bleus en forme de doigts autour de son avant-bras. Sirius eut un tremblement de rage en imaginant brièvement Rogue maltraiter son filleul avec une telle violence mais ses doigts effleurèrent le plus délicatement possible les marques pour les examiner. Après s'être assuré que ça ne l'empêchait pas de mobiliser son bras, il souffla :

- Je dois avoir un baume en haut pour faire passer ça plus vite. Ça te fait mal ? Tu veux quelque chose contre la douleur ?

- Ça…

Harry s'était apprêté à répondre que ça allait. Mais la proximité et l'attention de Sirius avaient fait s'effondrer ses dernières preuves de courage. L'espace d'une seconde, il se sentit incapable de ressentir encore une fois la douleur, les tiraillements, les bousculades qui lui heurtaient le bras dans les couloirs. Et il se rendit à l'évidence :

- C'est sûrement stupide mais oui, si tu as, je prends volontiers.

- Pourquoi ce serait stupide ? s'étonna Sirius.

- Je… Queudver m'a enfoncé un couteau dans le bras et Voldemort m'a lancé deux doloris coup sur coup. Et… Oui c'est stupide que je supporte moins de vulgaires bleus.

- L'adrénaline face à Voldemort a pu en inhiber une grande partie et te permettre de faire face, nuança Sirius. Ici tu l'as dit, tu n'as plus rien d'autre à Poudlard pour te changer les idées. Et surtout, tu as subi cela dans un lieu et avec des personnes avec lesquelles tu es censé être en sécurité. C'est bien plus difficile à supporter.

Harry parut surpris par ses paroles mais finit par acquiescer d'un léger hochement de tête.

- Je suppose qu'il doit y avoir de ça aussi oui.

- Tu es à bout de nerfs c'est normal que tu ressentes la douleur plus violemment, confirma Sirius. Viens là.

En faisant attention à ne pas appuyer sur ses bleus, Sirius l'attira contre lui et Harry ferma les yeux en savourant son étreinte. Et, soudainement, la pression qu'Ombrage exerçait sur lui et la violence de Rogue lui parurent aussitôt moins pesantes et plus supportables.


En espérant que ça vous ait plu autant que j'ai moi-même aimé réécrire sur Harry sur Sirius :)