Cette fic est écrite dans le cadre de la 152ème nuit écriture du FoF (Forum Francophone) pour le thème "Maigre". Le FoF est un forum regroupant tous les francophones de ffnet où l'on peut discuter, demander de l'aide ou s'amuser entre nous. Le lien se trouve dans mes favoris. Rejoignez-nous !


Remus s'était endormi dès qu'il s'était assis dans le compartiment du Poudlard Express. Il s'était brièvement inquiété de ce que penseraient les élèves en voyant un professeur emprunter ce train avant que son épuisement n'emporte ses dernières préoccupations. Ce n'était de toute façon pas comme s'il avait le choix. La pleine lune de la veille, renforcée par le déluge d'émotions que l'évasion de Sirius et son retour à Poudlard provoquaient en lui, avait été particulièrement atroce et il avait rapidement compris qu'il se tuerait ou se désartibulerait gravement s'il tentait de transplaner dans son état. Son stock de poudre de cheminette était vide et, tant qu'il n'avait pas reçu son premier salaire, les deux mornilles que coûtaient un sac de poudre lui paraissaient impossibles à réunir. Même le magicobus n'était pas abordable, et il s'était finalement résigné à rejoindre King's Cross à pied depuis la chambre sous les toits dans laquelle il habitait à Londres. Alors que le train s'ébranlait, il entendit les conversations de quelques élèves qui s'étaient installés dans le compartiment mais il fit rapidement le constat qu'ils ne comptaient pas le déranger avant de se rendormir.

Ce fut le froid qui le réveilla. Le froid, et les cris des étudiants paniqués dans les ténèbres tombées dans le compartiment.

- Ouille !

- Ginny ?

- Qu'est-ce qui se passe ?

Il tendit l'oreille pour confirmer sa première impression mais, tant qu'ils continueraient à crier, il ne pourrait pas entendre le râle si caractéristique qu'il redoutait.

- Silence ! lança-t-il de la voix la plus autoritaire qu'il puisse.

Un silence de mort tomba dans le compartiment et confirma sa première impression sur les élèves en question. Ils l'avaient laissé dormir sans l'ennuyer, ils avaient obéi, ils étaient donc soit très jeunes, soit très disciplinés. L'espace d'un instant, il s'estima heureux de ne pas être tombés sur de dignes successeurs de James ou Sirius. Il alluma sa baguette pour tenter d'y voir clair mais, à cet instant précis, la porte du wagon s'ouvrit. Il s'était attendu à faire face à un détraqueur dès que le froid l'avait réveillé, mais ses effets le surprirent. En une seconde, il revit défiler devant ses yeux le jour de la mort de James et Lily, ses renvois successifs de ses emplois lorsque ses patrons découvraient sa condition, la trahison de Sirius, la mort de Peter, ses journées et ses nuits passées à tenter de récupérer de ses nuits de pleine lune alors qu'il était trop affamé et trop faible pour trouver les ressources pour aller mieux.

Le détraqueur s'avança dans le compartiment et un bruit sec retentit lorsque l'un des élèves glissa sur le sol, évanoui. Il baissa les yeux sur lui et sa baguette éclaira son visage fin, ses lunettes et ses cheveux noirs de geais en bataille. Un autre souvenir le frappa soudainement. Il était assis dans ce même compartiment, aussi affaibli et maigre qu'aujourd'hui. Aussi seul. Mais il y avait ce garçon qui était entré, avec un visage fin, des lunettes et des cheveux noirs de geais. Il l'avait salué et lui avait tendu la main.

- Je m'appelle James Potter. Ravi de te rencontrer.

James avait semblé hésiter quelques secondes en le dévisageant et Remus avait compris rapidement qu'il était choqué par sa pâleur et sa maigreur.

- Tu veux du chocolat ? avait proposé James. Ma mère dit que ça guérit tout.

Il avait accepté et ce chocolat lui avait paru être le meilleur qu'il n'ait jamais goûté.

- SPERO PATRONUM !

Son patronus, bien plus net qu'il ne l'avait redouté, apparut aussitôt et chassa le détraqueur. La lumière de compartiment se ralluma et une jeune fille aux cheveux touffus et emmêlés étouffa une exclamation de peur en voyant le garçon au sol.

- Harry !

Il n'avait pas eu besoin d'entendre son prénom pour le reconnaître, ni de voir sa cicatrice en forme d'éclair. Harry ouvrit les yeux et de nouveaux flash-backs rejaillirent dans l'esprit de Remus quand ses deux prunelles vertes se posèrent sur lui. Remus ne mit qu'une seconde à prendre sa décision. Depuis le jour de sa rencontre avec James, il avait toujours veillé à garder du chocolat sur lui pour les jours plus difficiles que les autres. Il le rationnait, lui jetait de multiples sorts de dédoublement pour qu'il dure plus longtemps, et le réservait aux situations d'extrême urgence, mais il savait qu'il était précisément dans une situation et avec les personnes pour lesquelles il le gardait. Il sortit une grande tablette de chocolat de sa valise et la divisa en plusieurs morceaux qu'il distribua entre les élèves autour de lui qui le regardaient presque avec admiration à présent.

- Ça va Harry ? demanda-t-il en voyant l'air perdu et terrorisé du garçon.

Harry acquiesça lentement pendant qu'un garçon roux l'aidait à se rasseoir et Remus lui découpa un plus grand morceau de chocolat.

- Tenez, ça vous fera du bien, assura-t-il.

Remus nota l'air soulagé et le regard plus étincelant d'Harry à la seconde où il croqua dans le chocolat et lui-même se sentit subitement mieux. Il était toujours affamé, plus qu'amaigri, trop affaibli et pauvre pour avoir d'autre choix que de prendre le train pour rejoindre Poudlard. Mais il était dans le train où il avait vécu les premiers véritables instants de bonheur de sa vie, entouré de personnes qui semblaient l'apprécier et lui être reconnaissant de ce qu'il faisait, et, à cet instant, il se persuada que l'année qui allait venir serait la plus belle de toute la décennie qui venait de s'écouler pour lui.


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