Cette fic est écrite dans le cadre de la 152ème nuit écriture du FoF (Forum Francophone) pour le thème "Désolé". Le FoF est un forum regroupant tous les francophones de ffnet où l'on peut discuter, demander de l'aide ou s'amuser entre nous. Le lien se trouve dans mes favoris. Rejoignez-nous !


Avant que James n'ait ouvert les yeux, il sut que sa tête exploserait s'il essayait de remuer une seule paupière. Il prit plusieurs longues inspirations en essayant de rassembler ses souvenirs. La veille, Dumbledore avait décidé d'organiser un bal de Noël pour changer les idées de ses élèves en ces temps de guerre. Après de longues négociations avec les préfets, les professeurs avaient accepté que des saladiers d'alcool soient présents tant que les dits saladiers ainsi que chaque verre en contenant étaient ensorcelés pour ne pas pouvoir être approchés par les élèves de moins de dix-sept ans. Ils s'étaient donc retrouvés à une poignée de septième année suffisamment âgés pour se partager les verres de punch avec quelques professeurs plus raisonnables, et ses souvenirs avaient commencé à devenir flous. Il soupira longuement. Sa gorge était desséchée et il savait d'expérience que sa gueule de bois ne passerait pas tant qu'il n'aurait pas bu d'eau. Il ouvrit les yeux et fut soulagé de constater que le dortoir était plongé dans une semi-pénombre, à peine éclairé par la fenêtre qui lui laissait voir un ciel grisâtre. Sur sa table de chevet, une grande carafe d'eau ainsi qu'un verre déjà rempli étaient posés à côté d'une fiole de potion et d'un message. Il mit ses lunettes pour pouvoir déchiffrer l'écriture de Sirius : « C'est une potion contre la gueule de bois, ça te fera du bien mais n'oublie pas de boire quand même ». Adressant en pensées sa reconnaissance éternelle envers son meilleur ami, il s'empara de la potion qu'il avala d'une traite et son mal de crâne disparut aussitôt. Sa bouche était à peine moins asséchée et il prit le temps de boire trois ou quatre verres d'eau avant de parvenir à s'asseoir au bord de son lit.

Il observa rapidement sa tenue. Il portait encore la robe d'uniforme qu'il avait lors du bal, seules sa cravate et ses chaussures avaient été enlevées. Il trouva rapidement ses chaussures au pied de son lit mais, après avoir vérifié partout deux fois, renonça à trouver sa cravate. Il n'avait pas cours aujourd'hui, il aurait bien le temps de descendre en récupérer une à la laverie de l'école. Le dortoir était désert. Il descendit dans la salle commune et, au moment où il posait le pied sur la dernière marche de l'escalier, son regard se posa sur Lily qui passait à quelques mètres de lui. La jeune fille s'immobilisa, l'air soudainement gêné.

- Oh, Potter… le salua-t-elle. Je… Pas trop mal à la tête ?

- Ça va, Sirius m'avait laissé une potion.

Lily acquiesça d'un hochement de tête et un silence pénible s'installa quelques secondes avant qu'elle ne le rompe :

- Oh tiens ! J'ai ta cravate…

Elle sortit une cravate de Gryffondor de sa poche et James la prit en la dévisageant d'un regard dubitatif. Il n'avait toujours aucun souvenir de la soirée de la veille mais il se doutait qu'il n'avait pas dû se conduire de façon particulièrement glorieuse pour qu'une partie de ses vêtements se retrouve en possession d'Evans. La seule chose qu'il comprenait encore moins que cette situation, c'est pourquoi elle ne lui hurlait pas dessus pour la façon lamentable dont il avait dû se conduire la veille. Il remarqua qu'un silence embarrassant était à nouveau tombé entre eux et il bafouilla :

- Merci. Je… Écoute, je suis désolé pour hier soir, OK ?

Lily fronça les sourcils d'incompréhension. Il y avait autre chose dans son regard, quelque chose qui avait semblé presque blessé ou trahi. De la déception, peut-être ?

- Tu es… Désolé ? répéta-t-elle.

- Oui. Enfin je…

- Hey, Cornedrue ! lança la voix de Sirius en le rejoignant.

Sirius lui passa un bras autour des épaules.

- Excuse-le, Evans, je n'ai entendu que la fin de la conversation mais n'y fais pas attention. Il est encore bourré il ne sait pas ce qu'il dit, assura-t-il. Je te l'emprunte deux secondes !

D'une poigne qui ne permit pas à James de protester, Sirius l'entraîna vers un canapé où Remus et Peter étaient déjà assis.

- Pardon de t'avoir arraché de là, mon vieux, lança Sirius, j'ai bien cru que tu allais réussir à plomber toute la soirée d'hier avec un seul mot. Désolé, sérieusement ? Notre langue possède des millions de mots et c'est le seul que tu trouves à dire alors que c'est celui qui convient le moins à la situation ?

James soupira longuement.

- Est-ce que l'un de vous pourrait avoir l'amabilité de m'expliquer ce qu'il s'est passé hier soir, à la fin ?

- Quoi, tu ne te souviens de rien ? demanda Peter.

- Hmmm, réfléchit James en rassemblant ses souvenirs. Un peu du début. Jusqu'à la fin du buffet, à peu près. Je revois les tables rangées sur les côtés pour libérer la piste de danse mais… Aucune idée de ce qui s'est passé.

- Je n'y crois pas, rigola Remus, tu n'es même plus au courant du plus intéressant !

- On va être obligés de tout te raconter du début, confirma Peter.

- Si déjà vous pouviez m'expliquer comment ma cravate s'est retrouvée en possession d'Evans…

- Ah non ça c'est la fin ! coupa Sirius. Laisse-nous raconter dans l'ordre ! Donc, la soirée dansante… Les musiciens qui sont arrivés, la piste libérée, tout le monde regroupé autour de la scène pour sauter et danser… Et puis d'un seul coup, tu as arrêté de danser et tu as fendu la foule en interrompant tous ceux sur ton passage.

- Quoi ? s'étonna James. Mais…

- Un peu plus loin, il y avait un gosse de deuxième année de Poufsouffle qui était en train de faire une attaque de panique, probablement un combo de la chaleur et de la foule, reprit Peter. Personne n'y avait fait attention, on n'avait même pas compris mais… Enfin tu as tracé jusqu'à ce gamin, tu l'as pris par les épaules et tu as joué des coudes pour l'embarquer à l'écart de la foule, jusqu'à une chaise où tu lui as amené du jus de citrouille et où il a pu se calmer un peu.

- Co… Alors ça ne m'étonnerait qu'à moitié d'agir comme ça même sobre, mais comment j'ai pu voir un gosse en souffrance au milieu de cinquante personnes ? s'étonna James.

- On comptait sur toi pour nous l'expliquer, avoua Remus. Il était tellement petit au milieu de cette foule, personne ne l'avait vu ! Même les préfets, on était sous le choc de n'avoir rien remarqué !

- Bref, reprit Sirius, une fois que ce gosse a été pris en charge par les profs, tu es revenu avec nous mais le groupe était passé sur des musiques plus calmes.

- Des slows pour être exact, précisa Peter. On était d'accords pour s'arrêter de danser et boire un coup faute de partenaires mais… Enfin quand on est arrivés devant le buffet, on a vu Marlene McKinnon et Rebecca Cunningham qui étaient assises ensemble et qui regardaient les couples danser avec envie.

- M'étonne pas, nota simplement James.

- Elles semblaient crever d'envie d'aller également danser un slow, mais enfin, même si tout le collège est au courant pour leur couple, elles veulent quand même être discrètes et… Ouais, ça se voyait qu'elles n'osaient pas y aller.

- C'est ce qu'elles t'ont confirmé quand tu as été leur demander pourquoi elles ne dansaient pas, continua Remus. Qu'elles ne voulaient pas s'afficher seules au milieu de tous ces couples hétéros. Du coup… Tu leur as répondu qu'elles ne seront pas seules, et tu as attrapé Sirius par le bras pour l'embarquer danser un slow avec toi.

- C'était la meilleure danse de ma vie, je te jure, assura Sirius, mais sois gentil, préviens la prochaine fois.

Cette fois, James éclata de rire et, même si sa voix restait enrouée suite à l'abus d'alcool de la veille, il mit plusieurs secondes à se calmer et à reprendre :

- Je vous en prie, dites-moi que vous avez des photos animées de ça ?

- On n'a pas voulu rater ça en allant chercher un appareil, mais McGonagall m'a promis qu'elle m'aiderait à extraire mon souvenir de ça pour qu'on puisse se le repasser de temps en temps ! assura Remus.

- Bref, on a dansé tous les deux, Marlene et Rebecca aussi, et on est revenus vers le bord de la salle en même temps qu'elles, quand le groupe de musique a fait une pause. La quasi-totalité des profs étaient partis se coucher, les plus jeunes aussi… Il ne devait plus rester que des sixième et septième année. On a mangé un morceau, tu as continué à descendre le saladier de punch à toi tout seul… Et c'est vers quand la musique a repris qu'il y a eu des éclats de voix. Lily s'engueulait avec John Davies.

- Le sombre crétin qui l'avait invitée ? Qu'est-ce qui se passait ?

- On ne sait pas, avoua Peter. Il criait, il semblait l'accuser de regarder d'autres mecs que lui ou je ne sais quoi…

- Ça en était gênant pour lui, Lily répondait sur le même ton et ça l'énervait qu'elle ne s'excuse pas alors qu'elle n'avait trop rien à se reprocher. Et puis… Il l'a traitée de salope de sang-de-bourbe et s'est apprêté à lui coller une baffe.

- QUOI ? s'offusqua James.

- Tu as été plus réactif hier soir, nota Sirius. Avant qu'il n'ait eu le temps de la toucher, il y a eu une explosion et il a été projeté à l'autre bout de la salle et toi tu avais ta baguette brandie sur lui… Tu as voulu aller vers lui mais Flitwick et Hagrid étaient encore là et ils l'ont rejoint. Flitwick lui a passé le savon de sa vie et Hagrid l'a jeté hors de la grande salle. Et c'est là que tu as vu que Lily n'avait pas bougé pendant ce temps, elle était restée debout, clairement en état de choc. Du coup tu es revenu vers elle et… Tu l'as invitée à danser.

- QUOI ? répéta James. Je… J'ai pas été con et insensible à ce point ?

- Non non ! protesta Remus. C'est pas ce que tu penses, c'était… Enfin tu paraissais… Inquiet pour elle. Sincèrement. A la fois navré et préoccupé et inquiet et… D'abord tu lui as demandé ce que tu pouvais faire pour elle, si elle voulait boire quelque chose ou une chaise… Tu lui as ramené un jus de citrouille et elle a paru se remettre du choc en le sirotant. Elle était toujours désespérée mais… C'est là que le groupe s'est mis à jouer du rock et tu lui as demandé si ça la dirait de danser un peu, en tout bien tout honneur, juste pour se changer les idées. Mais…

Remus paraissait encore hésitant et contrarié de ne pas trouver les bons mots et Peter reprit :

- Tu étais tellement prévenant et inquiet, ça se voyait, même sans te connaître, que ta proposition de danse ne cachait rien d'autre que ce que tu disais : Une tentative qu'elle se change les idées. Ta sincérité et ton inquiétude en étaient presque effrayantes, quand on te connaît un peu.

- Sérieusement mec, reprit Sirius, si tu as besoin de boire pour parvenir à ne pas te comporter comme un crétin en sa présence, je suis prêt à te payer une bouteille de whisky pur feu par jour jusqu'à la fin de ta vie. Tu as été tellement parfait avec elle, rien n'aurait pu lui faire plus de bien que ta sollicitude et cette danse dans laquelle vous avez eu l'air de vous amuser finalement. Et quand vous êtes revenus une demi-heure après, tu lui as servi un verre de punch, tu as toi-même vidé le reste du saladier, et autour de ton quatrième verre tu as déclaré que la danse t'avait donné chaud et que ta cravate t'étouffait et tu as entrepris de l'enlever.

- Dans ton état d'alcoolémie, tu as juste réussi à t'emmêler les mains dedans et Lily a fini par t'aider et te l'enlever.

- Tu as bafouillé un remerciement, tu t'es levé pour je ne sais quelle raison, puis tu t'es cassé la gueule, conclut Sirius.

- Je… Je me suis évanoui ?

- Oh non, tu étais conscient, assura Remus. Juste trop bourré pour tenir sur tes jambes. Lily a conseillé qu'on rentre se coucher et a ajouté qu'elle allait faire pareil de toute façon. Sirius et elle se sont relayés pour te faire léviter devant nous jusqu'à avoir remonté tous les escaliers jusqu'à la tour des Gryffondor, puis elle nous a souhaité bonne nuit et Sirius t'a porté jusqu'à ton lit. Mais on était tous tellement inquiets pour toi que du coup, on avait pas remarqué qu'elle avait gardé ta cravate.

James acquiesça lentement, digérant encore toutes ces révélations, et Sirius conclut :

- Tout cela pour dire, Cornedrue. Quand, pour la première fois en six ans et demi de scolarité, tu parviens à ne pas te conduire comme un crétin arrogant et ridicule en sa présence et lui montrer le véritable toi… Ne conclus pas cette soirée en disant à la demoiselle en question « Désolé pour hier soir » !


En espérant que ça vous ait plu !

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