Cette fic est écrite dans le cadre de la 157ème nuit écriture du FoF (Forum Francophone) pour le thème "Refuge". Le FoF est un forum regroupant tous les francophones de ffnet où l'on peut discuter, demander de l'aide ou s'amuser entre nous. Le lien se trouve dans mes favoris. Rejoignez-nous !
Sirius bâillait pendant que Fleamont remplissait devant James et lui d'immenses mugs de café.
- James, tu ramènes les toasts s'il te plaît ?
James acquiesça en bâillant autant que Sirius et agita sa baguette pour que les toasts sortent du grille-pain et viennent se poser dans la corbeille posée sur la table devant lui. Il allait jeter un accio sur la marmelade quand un hibou grand-duc noir s'engouffra par la fenêtre et se posa devant Sirius. Le regard endormi de celui-ci devint aussitôt alerte et Fleamont s'étonna :
- Tu attendais du courrier, Sirius ?
- C'est le hibou de mon père… répondit-il, la voix légèrement nouée.
James se redressa également et, devant le regard légèrement tremblant de Sirius, proposa :
- Tu veux que je lise ce qu'il te veut et que je brûle la lettre quand on saura le ramassis d'idioties qu'il aura encore écrites ?
La proposition arracha l'ombre d'un sourire à Sirius qui secoua négativement la tête avant de s'emparer du parchemin qu'il déroula. Il le parcourut rapidement et, s'il paraissait légèrement pâle, sa voix ne trembla pas quand il résuma :
- Il m'ordonne de rentrer à la maison.
- On aurait dû se douter que ça ne valait pas la peine de le lire et brûler la lettre dès le début, confirma James. Donne-moi ça.
Sirius ne bougea pas mais laissa James lui arracher la lettre des mains. James la parcourut rapidement et déchiffra quelques phrases de l'écriture fine et penchée d'Orion. Je ne te laisserai pas déshonorer notre famille et notre nom plus longtemps. Que tu le souhaites ou non, tu seras prochainement de retour dans cette maison et dans le droit chemin. Prouve ta bonne volonté en rentrant dès maintenant et je serai disposé à me montrer clément lors de ta reprise en main. Fleamont avait lu par-dessus son épaule et fut le premier à réagir.
- James a raison, mon grand, oublie ces idioties. Tu es un membre de notre famille à présent et il est hors de question qu'il s'approche de toi. Je ne le permettrai pas.
Il gratifia Sirius d'une légère pression amicale sur l'épaule qui parut le rassurer mais le regard de celui-ci était toujours grave quand il releva la tête vers lui.
- Mais vous vous mettrez en danger, tous ! protesta-t-il. Ma cousine et son mari font partie des plus fidèles mangemorts de Voldemort, mon père aura les appuis nécessaires s'il décide de s'en prendre à vous ! Il est hors de question que…
- Tu crois que nous t'avons attendu pour nous opposer ouvertement à Voldemort ? protesta Fleamont aussitôt. Euphemia est la cheffe d'une brigade d'aurors chargés de leur traque et je fais partie du bureau de coopération avec le monde moldu ! Nous sommes des cibles prioritaires depuis bien avant ton arrivée ici, ta présence n'y change absolument rien !
- Il a raison Patmol, il est hors de question que tu retournes là-bas.
Fleamont arracha la lettre des mains de James et la jeta dans l'évier avant de jeter un Incendio dessus.
- Finis ton petit-déjeuner, mon grand. Et sois assuré que si ton père se pointe ici, nous saurons l'accueillir.
Sirius avait sursauté et pâli dès que des coups avaient été frappés à la porte d'entrée, l'après-midi même. Il ignorait s'il s'y attendait en raison de la lettre ou s'il avait trop entendu ce bruit contre la porte de sa propre chambre, mais il était persuadé de reconnaître le frappement caractéristique du pommeau de la canne de son père. Il en eut la confirmation quand Fleamont alla ouvrir, James et Sirius restant quelques mètres derrière lui.
- Monsieur Black, salua Fleamont froidement. Que nous vaut l'honneur ?
- Monsieur Potter. Je suppose que vous vous en doutez. J'ai été surpris de ne pas recevoir de réponse à ma lettre de ce matin et j'ai pensé que nous gagnerions tous du temps si je me déplaçais personnellement pour ramener Sirius avec moi.
Son regard passa par-dessus l'épaule de Fleamont pour foudroyer Sirius du regard et, si celui-ci ne se déroba pas, une vague glacée lui parcourut subitement le dos. Il connaissait ces yeux glacials, cette main crispée sur cette canne qui s'était trop souvent abattue sur son dos.
- Sirius ne partira pas d'ici, trancha Fleamont, je ne le permettrai pas.
- Et je ne permettrai pas qu'il salisse l'honneur de ma famille plus longtemps. Il est encore mineur et sous ma responsabilité jusqu'à ses dix-sept ans, dans trois mois. A cet âge il sera libre de faire ce que bon lui semblera. Mais d'ici là, sa place est dans mon foyer et sous ma surveillance.
Cette fois, ce fut James qui fut parcouru d'un frisson glacé. Connaissant Orion, il se doutait que même majeur, il n'aurait pas toléré l'affront que Sirius s'en aille et renie leur famille. Pour qu'il affirme avec autant de désinvolture que la seule chose l'intéressant était de récupérer Sirius dès à présent, il n'y avait que deux raisons possibles. Soit il essayait d'amadouer Fleamont – et James se doutait qu'Orion n'était pas du genre à sous-estimer quelqu'un de la sorte. Soit il savait pertinemment que dans trois mois, Sirius ne serait plus en état de s'enfuir à nouveau. Il était parti de chez eux depuis près d'un an, seule la volonté d'Orion de laver définitivement l'affront que son fils avait fait à sa famille pouvait le motiver à souhaiter le voir revenir à présent. Fleamont semblait être arrivé à la même conclusion que lui et il se retourna vers eux.
- Montez dans vos chambres le temps que nous en discutions.
Sirius parut hésiter sous le regard noir de son père mais James passa fermement un bras autour de ses épaules et l'entraîna vers l'étage sans lui laisser le temps de protester. Il ne le lâcha que lorsqu'ils furent tous les deux dans la chambre de James et celui-ci verrouilla la porte d'un coup de baguette.
- Cornedrue, ton père…
- Saura gérer le tien bien mieux que nous ne l'aurions fait, trancha James. On te l'a dit quand tu es arrivé et on te l'a redit ce matin, quiconque voudra te faire partir d'ici aura affaire à nous trois d'abord. Tu crois quoi, qu'on allait le laisser t'embarquer les yeux fermés en sachant qu'il te tuera probablement sous les coups ?
- Il vaut mieux ça que…
- Ne me ressors pas le couplet de notre mise en danger ! coupa James. Mon père te l'a dit ce matin, ils sont déjà des cibles prioritaires du point de vue de ces tarés ! Rajoute que leur fils unique en pince pour une née-moldue, avec ou sans toi on était déjà catalogués comme les pires traîtres à leur sang d'Angleterre ! Notre maison est bardée de protections magiques et fait l'objet d'une surveillance active de la part du ministère. S'il y a bien un endroit où tu as bien fait de te réfugier c'est ici, il ne pourra rien t'arriver !
Sirius parut chercher des arguments à lui opposer mais, à défaut d'en trouver, il se laissa tomber sur le lit de James avec un air renfermé. Ils ne purent pas comprendre les éclats de voix qui jaillissaient de l'entrée et auxquels Euphemia s'était mêlée mais, quelques dizaines de minutes plus tard, Fleamont remonta les voir.
- Il est parti et je pense qu'il a compris qu'il n'avait pas intérêt à revenir, assura-t-il d'une voix douce. Ça va Sirius ?
Sirius acquiesça d'un pâle hochement de tête qui ne convainquit personne et Fleamont sourit :
- Prends le temps de te remettre mon grand. Et ne te fais pas de souci. Personne ne viendra te déloger d'ici, je te le promets.
- Merci m'sieur, souffla-t-il avec un sourire.
- Je t'ai déjà dit de ne pas m'appeler monsieur, lança-t-il en ressortant.
La fin de la journée s'écoula sans que Sirius ne trouve la force de sortir de la chambre de James et il fallut que celui-ci le traîne jusqu'à la cuisine quand ils furent appelés pour manger. Ils y remontèrent aussitôt après le dîner et à nouveau, cette chambre dégagea auprès de Sirius une impression de sécurité, de refuge inviolable dans lequel son père ne pourrait jamais l'approcher. James parut comprendre que, malgré ses airs assurés, Sirius redoutait le moment où il se retrouverait seul et ce fut lui qui proposa en premier :
- Tu veux rester dormir ici cette nuit ?
A cette proposition, Sirius réalisa à quel point le simple fait de sortir de la pièce pour rejoindre sa propre chambre lui paraissait insurmontable et il accepta en tentant de masquer son soulagement que ce soit James qui l'ait suggéré. Alors que James ronflait déjà, Sirius réalisa que c'était probablement la dernière fois de sa vie qu'il croisait son père, que celui-ci ne pourrait plus l'approcher tant qu'il resterait dans cette famille et cette maison qu'il avait envisagée comme le seul refuge possible après sa fuite. Et seule cette pensée lui permit d'également trouver le sommeil.
En espérant que ça vous ait plu !
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