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- Qu'est-ce qu'il t'a fait ? lança sèchement Lily.

James ne se départit pas de son air arrogant et fier d'avoir suspendu Rogue dans les airs en provoquant l'hilarité générale des élèves autour d'eux. Pourtant, il réfléchit plus sérieusement à la question de Lily qu'il ne le laissa voir. Qu'est-ce qu'il t'a fait ? Il avait l'impression que seulement quelques semaines s'étaient écoulées depuis que ce garçon maigre et pâle aux cheveux gras s'était assis dans le même compartiment que lui en première année. Il ne l'avait pas remarqué à ce moment-là, c'était quand il avait expliqué à Lily que seule la maison Serpentard valait la peine d'être rejointe qu'il avait été interpellé. Il n'avait pas pu s'empêcher de ricaner. Voldemort n'était pas encore connu en tant que tel à l'époque, mais les journaux regorgeaient d'informations plus effrayantes les unes que les autres sur un groupe de mages noirs qui se faisaient remarquer en torturant et tuant tout ce qui passait devant eux. Ils étaient encore peu connus, mais la Gazette du Sorcier avait déjà affirmé que le seul point commun parmi tous ceux qui avaient pu être identifiés était leur passage par la maison Serpentard. Il était jeune, il faisait des rapprochements rapides et certainement stupides, et il avait décrété que tout ce qui passait par Serpentard ne pouvait qu'être haï profondément.

Pourtant il ne haïssait pas tous les Serpentards, il ne connaissait même pas les trois quarts d'entre eux, ceux qui ne se faisaient jamais remarquer. Mais Rogue, lui, se faisait remarquer. Dans le cours de potions où le professeur Slughorn ne tarissait pas d'éloges sur son talent, bien sûr, mais surtout en défense contre les forces du mal. Dans ce cours où ils devaient juste repousser un strangulot et qu'un sortilège informulé de Rogue l'avait pulvérisé en ne laissant qu'une tache sanglante et des morceaux de chair sur le sol. Dans celui de sortilèges où l'armure dont il devait faire léviter l'épée avait pris vie pour attaquer sauvagement Sirius. Il avait juré que c'était un accident et le professeur Flitwick l'avait cru, mais James n'avait pas pu manquer son sourire satisfait quand l'épaule de Sirius s'était brisée sous le coup d'épée porté par l'armure et que son hurlement de douleur avait résonné dans la classe. En dehors des cours également. Lorsque la jeune fille qui s'était moquée de ses cheveux gras la veille avait été retrouvée le lendemain sur le terrain de Quidditch, suspendue dans le vide et uniquement retenue par ses poignets attachés à un but. Lorsqu'il était passé à côté d'eux avec un rictus satisfait une seconde avant que Peter ne s'effondre de douleurs que Madame Pomfresh n'avait pas réussi à expliquer.

Bien sûr, James et Sirius n'étaient pas les seuls à avoir repéré ses agissements. Au fil des années et de ses méfaits que personne ne parvenait à prouver, Rogue s'était attiré la sympathie des autres Serpentard de son année, Rodolphus Lestrange, Bellatrix Black, Avery, Rosier, Nott… Sirius l'avait longuement renseigné sur les familles et les convictions de chacun d'eux et c'est en voyant sa fierté de les fréquenter que James avait achevé de décréter que rien de bon n'existait chez lui, que ce garçon bizarre aux cheveux gras et imbu de magie noire ne méritait qu'une haine sans nom. Rogue éclatait de rire lorsqu'une attaque violente à base de magie noire de leur part blessait des nés-moldus dans les couloirs, il acquiesçait vigoureusement quand Lestrange débitait ses grands discours sur le sort que mériteraient les traîtres à leur sang, il couvrait ou justifiait auprès des professeurs les trois quarts de leurs méfaits.

Et, enfin, il y avait la fascination morbide que Rogue leur vouait à eux, aux maraudeurs, et à leurs secrets. Il y avait tous ses passages devant l'infirmerie à chaque fois que Remus y était, toutes ces interrogations qu'il lançait aux autres Gryffondor sur le ton de la conversation concernant ses absences, toutes ces fois où ils avaient remarqué qu'il les suivait plus ou moins discrètement quand ils sortaient pour rejoindre le saule cogneur. James devait lui reconnaître que l'idée de créer la carte du maraudeur leur était venue de lui, quand ils avaient cherché un moyen de s'assurer qu'il ne serait pas caché dans les parages au moment où ils se glisseraient dans le passage secret. Pourtant, il retentait, inlassablement, à chaque pleine lune, et James connaissait trop bien les conséquences qui les attendraient tous s'il parvenait à percer leur secret. Le renvoi assuré de Remus quand il aura révélé sa condition de loup-garou aux autres élèves. Tant pis si Remus ne lui avait jamais rien fait, tant pis s'il ne serait rien d'autre qu'une victime dans cette affaire, Rogue avait décrété qu'il le détestait donc il n'hésiterait pas une seule seconde à détruire publiquement sa réputation et sa vie. Sans compter leur sort à eux, ses trois amis qui avaient couvert son secret et avaient enfreint la moitié des lois du ministère de la magie dans le seul but de lui venir en aide et de le soutenir. Rogue prendrait un plaisir malsain à les voir être détruits, tous les quatre, renvoyés sans aucune possibilité d'avenir à l'extérieur de Poudlard.

James soupira légèrement. Il aurait aimé pouvoir expliquer tout ça à Lily, la convaincre, même, que ses attaques – outre le fait de distraire Sirius – n'avaient jamais eu aucun autre but que celui d'attaquer en premier. Il aurait pu lui faire remarquer que ses propres sortilèges d'attaque ou d'humiliation n'avaient jamais visé les personnes irréprochables, celles comme Lily ou ses amies qui n'avaient jamais critiqué, insulté ou dénigré personne. Qu'il méritait ce traitement et qu'il n'hésiterait pas à le lui infliger encore et encore jusqu'à ce qu'il comprenne qu'il ferait mieux de se tenir le plus éloigné possible d'eux – et notamment de Remus. Mais il ne pouvait pas lui dire ça. Déjà parce que sa colère actuelle ne la laisserait pas en entendre la moitié. Mais également à cause de tous les élèves autour, tous ceux devant qui il ne pouvait pas risquer de laisser entrevoir que Remus cachait un secret trop gros pour eux tous et qui valait bien toutes les attaques au monde. Il ne pouvait que résumer grossièrement toutes les idées qui venaient de lui traverser l'esprit en priant pour que son air sûr de lui parvienne à faire passer ça pour une plaisanterie.

- Eh bien voilà… Le plus gênant chez lui, c'est le simple fait qu'il existe, si tu vois ce que je veux dire ?


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