Cette fic est écrite dans le cadre de la 161ème nuit écriture du FoF (Forum Francophone) pour le thème "Dernier". Le FoF est un forum regroupant tous les francophones de ffnet où l'on peut discuter, demander de l'aide ou s'amuser entre nous. Le lien se trouve dans mes favoris. Rejoignez-nous !
Quand marcher sans autre but,
Plus de passé, demain fourbu
Harry percuta le mur du placard de l'escalier dans lequel son oncle venait de le jeter. Il se sentit à peine retomber mollement sur le matelas qui lui servait de lit et se fut instinctivement qu'il se recroquevilla dessus. Il avait presque accueilli avec soulagement le fait d'être soulevé par le col et traîné en direction de ce placard – cela signifiait que l'indifférence de son oncle allait enfin remplacer les coups qui tombaient depuis une demi-heure. Le silence et l'obscurité qui l'avaient si longtemps rendu fou étaient aujourd'hui accueillants, réconfortants. Ses yeux étaient restés fermés, son corps fourbu et replié sur lui-même. Mais son cerveau pouvait enfin gérer autre chose que la douleur et, sans s'en rendre compte, quelques mots d'une chanson se dessinèrent dans son esprit.
Les derniers s'ront les premiers,
Dans l'autre réalité
Nous serons princes d'éternité
Il ne connaissait pas cette chanson, n'avait aucune idée d'où elle lui venait. Tant pis, il s'en soucierait plus tard. Ces vers tournaient en boucle dans sa tête, comme une mélodie apaisante que l'on n'arrête pas de chanter tant que la personne pour qui l'on chante ne s'est pas endormie.
Les derniers s'ront les premiers,
Dans l'autre réalité
Nous serons princes d'éternité
La douleur refluait lentement, il avait un peu plus d'énergie pour analyser ces mots qui chantaient dans sa tête. Signifiaient-ils que dans un autre monde, dans une autre vie, il pourrait devenir heureux ? Que fallait-il faire pour accéder à cette autre réalité où il serait heureux, aimé, adulé, considéré comme un prince ou un être élu ?
Les derniers s'ront les premiers,
Dans l'autre réalité
Nous serons princes d'éternité
La première réponse lui apparut comme une évidence. Mourir. S'endormir et se réveiller dans un autre corps, un autre monde. Mais cette idée lui paraissait inconcevable. Surtout, bien qu'il sache que cette certitude ne s'appuyait sur rien de fiable, il se persuadait qu'il pouvait devenir heureux dans cette même vie. Ses parents étaient morts, c'était une certitude, et son oncle et sa tante le haïssaient. Mais il y avait bien d'autres personnes, des amis, de la famille de son père, qui l'avaient connu ? Souvent, trop souvent pour que ce soit une coïncidence, il rêvait d'un oncle, un frère de son père qui viendrait le chercher sur une moto volante pour l'emmener avec lui. Alors, faute d'autre chose, faute d'autre espoir, il se persuadait qu'il ne l'avait pas rêvé, qu'il avait effectivement connu étant bébé une telle personne qui voudrait venir le chercher et s'occuper de lui.
Les derniers s'ront les premiers,
Dans l'autre réalité
Nous serons princes d'éternité
Il arriverait à Privet Drive, l'emmènerait avec lui sur cette moto et le conduirait vers cette autre réalité. Celle où il serait aimé. Celle où des personnes ayant connu ses parents lui parleraient d'eux, de qui ils étaient, de son histoire. Celle où il aurait une importance, un rôle à jouer. Où il serait effectivement devenu le premier, quelqu'un d'important sur qui on compterait. Celle où il aurait des amis toujours là pour lui comme il serait lui-même là pour eux et avec qui ils franchiraient tous les obstacles pour finalement vaincre le plus terrible des dangers ensemble et devenir des légendes. Devenir ces premiers, reconnus et acclamés, aimés, des personnes sans qui l'univers entier aurait été radicalement différent.
Les derniers s'ront les premiers,
Dans l'autre réalité
Nous serons princes d'éternité
Il s'était finalement endormi. Mais son cerveau avait conservé ces images en tête, trop précieuses pour accepter de s'en détacher. Et, le même rêve revint, celui de l'homme qui venait le chercher sur une moto volante. Il n'avait jamais pu voir son visage, mais pour la première fois, au moment où celui-ci le prenait dans ses bras pour l'emmener avec lui, il entendit distinctement un éclat de rire semblable à un aboiement de chien. Et ce rire qui résonna en lui et le fit rire également le persuada qu'il ne pourrait effectivement qu'être heureux dans cette autre réalité.
Non, la chanson n'existait pas à l'époque de l'enfance d'Harry et oui, elle est présente uniquement parce que le thème me l'évoquait trop pour parvenir à écrire sans l'avoir en trame de fond.
En espérant que ça vous ait plu !
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